Histoire des Foires de Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

 

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L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

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Version 2015
 

Le SOMMAIRE
 
L'Histoire lointaine
1920 La 1 ière Foire
1921 à 1924
 
La Foire dans la Ville
 
La visite présidentielle
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIs
Monuments Historiques Classés
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

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 LA FOIRE DE BOURGES

Pourquoi la 100 ieme Edition en 2019 ?

La réalité est drôle, la première édition est de 1920, la seconde de 1921 et ainsi de suite... A la veille de la guerre en 1939, c'est la 20 ieme et comme il n'y a pas de foire en 1940 ni pendant l'occupation, et qu'elle ne reprend qu'en 1946, on se retrouve avec la 21 ieme et ainsi de suite..... Et aujourd'hui, ce serait la 94
1939 = 20 / 1940 = 21 / 1941 = 22 / 1942 = 23 / 1943 = 24/ 1944 = 25/ 1945 = 26 ième
Il manque 1940, 41, 42, 43, 44, et 45.

Mais pourquoi c'est la 100 ?
Parce qu'en 1956 alors que le programme indique la 31 ieme édition, l'année d'après en 1957 c'est la 38ieme ! Et aujourd'hui la centième.
L'explication a été laborieuse, en réalité, la Foire de Laudier au XX ieme siècle était une des plus anciennes, et il y avait de la concurrence, aussi lorsque Strasbourg et d'autres villes ajoutèrent les années sans Foire pour cause de guerre, c'est à dire 6 ans, les responsables de Bourges se sentirent floués, et à leur tour ajoutèrent les 6 ans sans foire.

article en construction


L'Histoire lointaine des Foires de Bourges

Les Foires sont des manifestations commerciales qui sont accompagnées généralement de divertissements, et les origines lointaines sont dans les fêtes religieuses qui rassemblaient des foules souvent considérables.

Les premières foires remontent aux "Gaulois" avec la fête du soleil pour le solstice d'hiver

Dans la lointaine période gallo-romaine, la cité d'Avaricum servait de trait d'union nous dit Jongleux, entre les foires des villes de Lyon et de Tours. Et Avaricum était devenue une ville considérable, et la réputation de son marché avait atteint les contours du pays.

La plus ancienne Foire connue par des écrits est celle de Saint Ambroise au XI ° siècle, elle durait selon La Thaumassière 7 jours et … 7 nuits.

Avec le christianisme, c'est la fête de Noël qui prit de l'importance et la Foire des Innocents qui suit cette date.
A Bourges, les documents montrent que les premières foires étaient dans la grande salle du Palais du duc Jean de Berry, c'était 'près de la place du Poirier" nous dit E. Breton.
La Foire durait 15 jours, dans cette salle de 50 mètres de long (hauteur de 25 mètres !), elle était internationale et elle fit l'objet de lettres patentes de Charles VII, le "petit roi de Bourges", et cela va se poursuivre jusqu'en 1487, date du "grand embrasement".

Plus tard, en 1629, les Foires vont renaître et Bourges devient le siège de 7 Foires franches annuelles, le jour des cendres, de Saint-Lazare, de Saint-Aoustrille, de Saint Laurent, de Saint Barthélémy, de Saint Martin et enfin de Saint-Ursin.

En 1678, c'est Jean Toubeau qui écrit que :
" Bourges est la plus propre et la plus commode du royaume pour le commerce, puisqu'aux Etats convoquez et assemblez à Tours en 1484, elle fut non seulement soumise pour cela en parallèle avec la ville de Lyon, mais même après….

A partir de cette date, c'est le marasme, rien ou presque au XVI ième siècle, et il faut attendre le XVII ième siècle pour retrouver des foires. Elles sont faites dans des boutiques avec des concessions à vie et un arrêt de 1672 recommande de donner les préférences aux marchés forains, c'est à dire aux "foreign", les étrangers qui étaient préférés aux locaux. Cela n'empêcha pas les petits marchands locaux de venir au palais, comme les fourbisseurs, verriers, lanterniers, pâtissiers ... etc .
Après le grand incendie, de la Sainte Chapelle en 1693, la Foire est transférée à l'Hôtel Jacques Coeur et dans la salle du Jeu de Paume située place des 4 Piliers, le nom de la foire deviendra, "foire du petit palais".
En 1770, dans les galeries de la Grand Maison de monseigneur l'Argentier, il y a des boutiques fermées et l'on peut alors trouver des pâtissiers, des marchands de faïences, et aussi des juifs, ce qui donnera le nom de "Foire des Juifs", même si il n'y avait que très peu de marchands juifs.
Vers 1785, des emplacements sont tracés entre le palais Jacques Coeur et la place des 4 Piliers avant un transfert en 1806 dans l'Eglise des Carmes située place Cujas.
C'est en 1832 que le duc d'Orléans pose la première pierre de la grande halle de Bourges où doit se tenir la foire, c'est l'actuelle Halle au blé.
Par la suite, cette foire du palais va se retrouver au gré du temps place Saint Pierre le Puellier puis place Bourbon (place de la Nation actuelle) en 1856

Mais peu à peu, les Foires générales vont disparaître, ceci est du à une certaine centralisation accentuée par les progrès des moyens de communication. Aussi, ces rendez-vous du commerce n'ont laissé survivre que des amusements …

Et puis le 11 février 1882, le conseil municipal décide de faire une foire d'été du 24 juin au 14 juillet, analogue à celle du Palais, ce sera la Foire Jacques Coeur.

C'est le prélude aux grandes foires exposition à partir de 1920, sachant que le nom de foire Jacques Cœur est toujours utilisé pour la fête foraine d'été sur la place Séraucourt. A cela sera ajouté le Concours Hippique qui eut un énorme succès.

Et la vraie foire va commencer en 1921, c'est la Foire Exposition. Telle que nous la connaissons aujourd'hui.


LES 5 PREMIERES FOIRES EXPOSITIONS DES ANNEES 20

1920 :La Foire N° 1

A Bourges, dans les années 1920, il était possible de se distraire, sans que cela ne coûta trop cher, alors que la municipalité commençait à organiser des loisirs à grande échelle. Ce sera l'étude des dossiers sur la Foire Exposition. Pour la première fois, une foire aux automobiles est organisée à la Halle, entre le 3 et le 6 juillet 1920.
La Foire de Bourges a eu des débuts biens difficiles.

Première Foire moderne de Bourges aux Automobiles, tracteurs et moteurs industriels, neufs et d'occasion. à la Halle au Blé.

Inaugurée le 4 juillet, par M. Rischmann, Préfet du Cher

Avec 45 voitures de tourisme, 2 tracteurs agricoles, 4 châssis, 16 camions, 11 motos side-cars, 35 bicyclettes et une trentaine de moteurs divers… et des objets du camp de Beauvoir, des stocks laissés par l'armée américaine.
Inaugurée par Henri Laudier avec Marcel Pillivuyt, président de l'automobile Club du Centre, Groussot président du SI du Berry.
Jean Foucrier, alors 1 er adjoint présidait la commission exécutive.
Concours hippique a un grand succès.

Cette manifestation se déroulera dans une Halle au blé aménagée d'une décoration sobre, avec, toutefois, des drapeaux tricolores et des oriflammes aux couleurs du Berry. A l'intérieur du hall central, des sapins avaient été placés : "un ornement de bon goût sans grand apparat".
L'exposition est très importante, elle réunit 45 voitures de tourisme, 2 tracteurs agricoles, 16 camions, 11 motos side-cars, 35 motocyclettes et quelques dizaines de moteurs. On peut aussi trouver des accessoires, des objets de voyage, des outils et des stocks laissés par l'armée américaine.
L'inauguration s'effectue le dimanche, à 15 heures, avec un cortège impressionnant. Le maire est là, il ouvre la route, aux côtés du préfet, Monsieur Richsmann ; derrière, M. Marcel Pillivuyt, Président de l'Automobile Club du Centre, puis M. Albert Hervet président de la Chambre de Commerce, et M. Théophile Groussot, Président du Syndicat d'Initiative. La foule est considérable, la musique, après une "Marseillaise" de circonstance, exécute un second morceau, avant de faire place aux discours. C'est d'abord Henri Laudier qui parle, il remercie les personnalités locales présentes, constate l'importance du public, et annonce :
" que cette initiative de la Municipalité doit rendre à nos foires Jacques-Coeur toute leur importance et leur éclat, mais aussi qu'elle s'attachera à redonner au commerce et à l'industrie de notre ville, tout le lustre d'antan que l'on n'aurait jamais dû voir péricliter".

La Foire de 1921 : 2 ième édition

La visite inaugurale se déroule en présence du sous-secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique.
Compte tenu du succès de cette première foire, il fut décidé, en mars 1921 qu'une nouvelle Foire Exposition serait organisée par la Municipalité, avec le concours des groupements économiques de la XIXe région. C'est ainsi que se tiendra du 1er au 10 juillet 1921 la Foire, première invention de Laudier à Bourges pour réveiller la vie économique.
Un certain nombre de commissions vont travailler à cette préparation, avec édition d'un livret-guide, des articles de presse, des avis "répétés à la Chambre de Commerce". Il s'agissait de rassembler pendant une semaine "les regroupements industriels, économiques et agricoles". 380 lettres furent envoyées, et Laudier constata que 100 exposants seulement répondirent à l'appel du Comité. Beaucoup donc, se dérobèrent, sur des problèmes de délais qui étaient assez courts, mais la plupart ne croyaient pas à la réussite de cette nouvelle manifestation. La nouveauté n'a jamais été un point fort de Bourges ! Laudier écrira :
" n'y faudrait-il pas voir plutôt la manifestation d'un des côtés du caractère berrichon, cette prudence un peu craintive qui préfère, avant de se lancer dans une affaire, que d'autres aient essuyé le premier feu".
Laudier est très dur avec ses compatriotes, mais il se veut aussi pédagogue. Il croit à ce qu'il dit, il prêche, il "attire l'attention du Commerce et de l'Industrie de la région sur l'utilité incontestable des réunions de cette nature". Très près de ses sous, il donne un bilan financier, il ressort un surplus de 19 303 francs.

Il fait aussi une étude économique sur le gain réalisé par les commerçants, il calcule que durant la période de la Foire, la Gare a pointé un minimum de 10 000 voyageurs en dehors des prévisions habituelles. Si donc, comme l'écrit le Maire, " nous estimons, non sans raison, que chacun d'eux a dépensé une somme supplémentaire de 10 francs, nous pouvons dire que pendant 10 jours, le commerce local a bénéficié d'une somme de 100 000 francs, grâce à la tenue de la Foire-Exposition".

 

1922 : 3 ième Foire

Et Laudier de parler de la Foire pour l'année suivante, 1922, pour laquelle, il demande que le Commerce et l'Industrie n'apportent plus aucune réticence à la Foire Exposition. Pour atteindre ses objectifs, en février 1922, une Association dite "Le Comité de la Foire de Bourges" est instituée "en vue de favoriser l'expansion du Commerce et de l'Industrie française par l'utilisation de la meilleure des ressources régionales". Dans une vingtaine d'articles, toute l'organisation des futures Foires est consignée. Le Président du Comité est le Maire, alors que le Président du Comité exécutif est le Premier Adjoint : Jean Foucrier.
Statuts dans Bulletin Municipal Officiel de 1922 p101.

Le meeting de 1922 Foire et aviation :

Le meeting de Bourges de 1922 se déroule les 4 et 5 juin. La guerre est encore toute proche, quatre ans seulement, mais les berruyers songent à nouveau aux avions. Ils en ont vu beaucoup du côté d'Avord, mais cette fois ils désirent admirer des " avions pour la paix ", et les responsables de l'aéroclub organisent un meeting, avec la présence de M. Laurent-Eynac, le sous-secrétaire d'Etat de l'Aéronautique et des Transports Aériens, et de Pierre-Etienne Flandin, député et président de l'aéroclub de France, et futur président du Conseil.

 

1923 Cette 4 ième Foire commence le 23 juin pour se terminer le 2 juillet.

" Ne perdons rien du Passé, ce n'est qu'avec le Passé qu'on fait l'avenir " d'Anatole France est dans l'en-tête du fascicule de la seconde Foire de Bourges.

Ils sont 4 dans ce qui est le Comité d'organisation, avec en tête, le maire Henri laudier, qui est député du Cher, puis son premier adjoint Jean Foucrier, qui est Conseiller Général et Président du Comité Exécutif. A ses côtes, Théophile Groussot délégué du Synduicat d'Initiative il est commissaire général, et enfin Edmond Jongleux dont les titres est Secrétaire Général de l'Hôtel de Ville.

Et dans cette plaquette de la Foire figure une étude très complète d'Edmond Jongleux sur " le commerce et l'industrie à Bourges " un texte tout à fait remarquable.

Le centre de la Foire est toujours situé à la Halle au blé, alors que de nombreuses manifestations se déroulent dans d'autres lieux. Ainsi une grande exposition sur l'Art du Livre peut être vue à l'Hôtel de Ville, et elle fut inaugurée le 24 juin par Paul Léon, directeurs des Beaux Arts.

C'est une année et une période d'inaugurations que nous pouvons qualifier de massive. Ainsi outre les inaugurations propres à la Foire, c'est l'occasion de couper le ruban traditionnel pour le tout nouveau jardin public du nouveau Palais de Justice.

La Foire devient le point fort de l'année en Berry, car se greffent les Foires Jacques Cœur qui sont place Séraucourt, avant deux retraites aux flambeaux dans les rues de la ville.

Le dimanche c'est un cortège historique de plus de 300 personnages en costumes du moyen Age qui défilent dans les rues tout l'après midi. Et il est signalé que cette manifestation sera filmée par Gaumont et Pathé. C'est toujours le succès assuré.

Avec la Foire, c'est le théâtre qui est à l'affiche et trois pièces sont proposées à la population : Manon, La fille de madame Angot et enfin Carmen.

Quant à la Foire commerciale, on note les Fonderies de Rosières, et la Grange Saint Jean, le Central Hôtel, et le clou, ce sont les hangars agricoles et les maisons démontables en bois, c'est assez moderne.
Il y aura 43 exposants contre 35 en 1921., ils viennent de la Seine, de l'Indre-et-Loire, du Morbihan, de la Nièvre, de l'Allier… etc il y a 312 lots ou stands comprenant 507 animaux, aussi divers que des coqs, poules, lapins, pintades, oies, canards et pigeons qui occipaient toute la parie ouest de la halle.

1924 : 5 ième Foire toujours à la Halle au blé, du 21 au 30 juin.

Les oriflammes et autres drapeaux tricoloressont sur la cathédrale….
Dans le livret de la Foire de cette année, figure une étude sur les " Foires du palais " ainsi que le Compte tenu de la Foire précédente avec le du chiffre d'affaire que le commerce local a pu réaliser " du fait de la venue à Bourges des étrangers pendant la période du 24 juin au 8 juillet ", c'est à dire pendant 15 jours consécutifs, il est permis pour les responsables et les élus, de une somme considérable de 1,5 millions de francs de l'époque et le nombre de visiteurs n'a pas été inférieur à 100 000 personnes !

Dans l'en-tête, une citation de La Thaumassière :
" La Ville de Bourges a été autrefois célèbre par le commerce qui s'y faisait, qui la rendait une des plus riches et marchandes villes du toyaume ".

Aussi, pour Edmond Jongleux et son maire Henri Laudier, la formule de cette foire telle qu'elle fut en 1923 et qui a été reconduite en 1924 offre de grands espoirs.

L'inauguration est faite par le Préfet du cher et le prix d'entrée est de 1 franc, et chaque jour, un concert symphonique est proposé dans l'enceinte de l'Exposition.

Il est intéressant d'examiner ce que le chaland pouvait venir voir et acheter dans les toutes premières foires de Bourges, et on retrouve aujourd'hui encore des marques qui existent depuis 1 siècle.

On note la brasserie de Pignoux, les bougies Gaïtta, et les stands comme celui des frères St Supéry, mais aussi Jean Malnou et fils, et Aubrun avec de grandes affiches dans la presse locale.

On trouve un grand stand Ford, avec, une voiture de tourisme de 5 places, et l'embrayage et le démarrage sont électriques, le prix est de 12500 francs. les tracteurs " Fordson " , les machines agricoles d'Abel naveau de Trouy

Pour la seconde fois, c'est une exposition à l'Hôtel de Ville, elle est axée sur l'Art du Livre, avec de belles reliures de la bibliothèque municipale, et sur le Berruyer Geoffroy Tory.
La Foire reçoit aussi un concours d'Aviculture, et une exposition canine qui ouvre le 28 juin. Et curieusement, une expérience de motoculture entre Germigny et Mazières se déroule dans le sud de la Ville.


LA VITESSE DE CROISIERE DES FOLLES ANNEES : 1925 - 1939

La Foire pendant ces années, et en particulier à partir de 1928 jusqu'à la Guerre sera très imbriquée dans l'aviation, école Hanriot, Aéroport, meetings, Aérogare etc.
Il y a pendant une bonne dizaine d'années, un lien très fort entre la Foire exposition et la présence des avions et de la fabrication aéronautique à Bourges sans qu'il soit possible de dire si la présence de cette manifestation commerciale a été un élément fondateur de l'industrie aérospatiale.

La Foire dans la Ville

La Foire dans ces années, à partir de 1925, se trouve à l'étroit dans la Halle au blé, et elle cherche en permanence à se développer en intégrant davantage d'autres lieux, et en créant des animations ou des expositions complémentaires.
C'est ainsi que si le centre de la Foire, laquelle est payante, déborde de plus en plus de la Halle au blé, progressivement, l'Hôtel de Ville, puis le Palais Jacques Cœur, l'Ecole Nationale des Beaux Arts et bientôt l'Aéroport et les Prés-Fichaux sont mis à contribution.

La Foire a une durée d'une huitaine de jours, du vendredi au dimanche de la semaine suivante, et de nombreuses animations, musique, théâtre ou sports sont intégrés à l'aspect commercial et industriel de la Foire. Il s'agit d'avoir, comme aujourd'hui, davantage d'exposants et encore plus de visiteurs que l'année précédente.

La 6 ième Foire se déroule du 20 au 28 juin 1925 à la Halle au blé et dans les places environnantes.


Une tenue d'une exposition florale dans la cour de la Maison de Jacques Cœur et la clôture de la Foire est effectuée en présence du Ministre des Pensions Louis Antériou, qui est le délégué du Gouvernement de la République.
Louis Antériou est un homme politique français (1887 - 1931) à La Voulte-sur-Rhône (Ardèche). Il appartenait au Parti républicain socialiste. Il fut appelé à la tête du Ministère des Pensions par Painlevé (17 avril-29 octobre et 30 octobre-25 novembre 1925). En cette qualité, il intervient au cours de la discussion du budget de l'exercice 1925, en faveur des sépultures des victimes de la guerre et des orphelins de la guerre.
La Ville est encore dans les années qui suivent la Grande Guerre, et le nombre de pensionnés qui ont été des poilus dans les tranchées est considérable.
C'est la musique du 95ième Régiment d'Infanterie qui ouvre la Foire en présence du Préfet du Cher, et de deux fanfares, la Biturige et la Vaillante.

Dans les exposants, c'est une extraordinaire variété de produits, puisque l'on peut trouver des automobiles, des corsets, des plantes aromatiques, des vins et liqueurs ou encore du petit outillage agricole et des aiguilles à broder. Mais la voiture est un point fort de la Foire de ces années,
comme les camionnettes et voitures de livraison des Ets Sellier. Les bières de la Meuse sont à l'honneur mais aussi les Fonderies de Rosières avec les appareils de chauffage et de cuisine ; et comme Bourges reste une grande cité industrielle, c'est aussi la présence des Usines de Mazières, avec de grandes pages de publicité dans le Livret-guide de la Foire.

" On trouve tout à la Foire de Bourges " un slogan qui fonctionne bien, c'est le nouveau rendez-vous incontournable de la population du Berry tout entier.

Comme il faut attirer la population à Bourges vers les stands commerciaux, le Comité d'organisation avait mis sur pied une Exposition florale et du meuble d'Art ancien qui se tient au Palais Jacques Cœur.
Mais l'événement réside dans de départ d'un ballon appelé " le Ville de Bourges " piloté par M. Bailleau et la présence d'un commissaire sportif. C'est une organisation de l'Automobile-Club du centre et de l'Aéro-Club du Berry place de Juranville.

Dès 14 heures, c'est le gonflement du ballon, et une heure plus tard, ce sont les petits ballons des enfants qui sont lâchés avec le concours de la plus grande distance. Mais le concours est intéressant, car il s'agit d'aller avec une automobile, une motocyclette ou un vélo qui partent plus tard que le ballon et de le retrouver le vainqueur est celui qui aura touché le premier la nacelle ou la corde servant à l'atterrissage.
On notera des retraites aux flambeaux, et des concerts pendant toute la Foire.

Le ministre des Pensions va visiter la Foire le dimanche 28 juin, puis ce sera le grand banquet et la visite des chars fleuris au jardin de l'Hôtel de Ville suivi d'une bataille de fleurs, le prix d'entrée est de 1 franc.

Et à 16 heures se déroule la cérémonie de la pose de la Première Pierre du groupe des HBM, les Habitations à Bon Marché, ancêtre des H.L.M et dus à Henri Sellier, c'était rue du Cardinal Dupont à proximité de la rue Carnot et à la limite du secteur des Ets Militaires.

Les deux foires suivantes, 7 ième et 8 ième édition, de 1926 et 1927 comportent des études historiques sous la plume d'Edmond Jongleux dans le Livret de la Foire, elle porte sur " Bourges et ses monuments ". ou l'année suivante sur " l'Histoire du Lycée de Jeunes Filles de Bourges ", et sur " La Draperie à Bourges ".

La Foire outre ses stands principaux à la Halle au blé s'est aussi portée sur l'Ecole des Arts Appliqués à l'Industrie avec une exposition régionale du Travail.
En plus, une exposition d'art céramique au Palais Jacques Cœur et en plus une exposition florale.
Le prix d'entrée est de 1 franc le matin et à partir de midi, le prix double et passe à 2 francs.

On note aussi la présence de l'autre Foire, appelée Jacques Cœur, elle est installée place Séraucourt et c'est une Fête Foraine comme aujourd'hui !

La Foire-Exposition se déroule jusqu'en 1932 dans 4 lieux principaux :
- La partie commerciale et industrielle avec les stands à la Halle au blé.
- Le Palais Jacques Cœur avec une grande exposition comme celle de Guy Babault, en liaison avec le Muséum, ainsi qu'une présentation des Arts.
- Et dans un lieu différent chaque année, comme au Champ de Foire du Prado, en bordure du canal, avec l'ouverture des journées des Rémanents, comprenant des tracteurs, des moteurs à " gaz des forêts " et même des fours à carboniser.

Chaque année, c'est donc la recherche d'un point fort qui va faire venir la foule. Ce sont des Congrès, des inaugurations et la présence de hautes personnalités.

La Foire se diversifie avec par exemple le Congrès de la Pomme, organisée par le syndicat des agriculteurs.

Un Préfet pour ouvrir cette foire et pour la clôture, un ministre, et pas n'importe lequel : celui du Commerce, de l'Industrie et des PTT qui s'appelait Daniel Vincent pour la clôture de la Foire.
Un remaniement ministériel du 23 juin 1926 change le ministère de D Vincent qui passe aux Travaux Publics.

Mais le maire, Henri Laudier avait bien fait les choses puisque le dimanche 27 juin, dernier jour de la Foire de 1926 se déroule l'inauguration de la Poste de la rue Moyenne, un projet qui aboutit enfin après une dizaine d'années d'études et de construction.
Le cortège qui avait procédé à la visite de la Foire, avec la présence de M. Drouets, Directeur de la Propriété Industrielle se retrouva Salle du Duc Jean pour un banquet dans le plus pur style de la 3e République. Le Menu de ce banquet préparé par le Berrichon Vatet comprenait :

Les Gondoles à la Condé
Le Saumon de Loire à la Néva
Les Gigots d'Agneau du Berry
Le Chevreuil à la Grand Veneur
Les Poulardes rôties au diamant
La Salade de cœur de laitue Charles VII
Les Petits Pois du Jardin à l'étuvée
Entremets
Parfait Agnès Sorel
Gaufres de la Maison de Jacques Cœur
Fruits
Mignardises et friandises

Dans les discours le Directeur de la Poste du Cher déclare :
"... Bourges va se doter d'un nouveau monument qui ne déparera pas ses joyaux : la Cathédrale, Jacques Coeur, l'Hôtel Lallemand, la Maison de Cujas. Aujourd'hui, cet Hôtel des Postes ne sera pas seulement un autre fleuron artistique, mais à un point de vue utilitaire, il remplira le but que doit atteindre un moderne Hôtel des Postes. Il procurera au public toutes les commodités que celui-ci est en droit d'exiger des services postaux, télégraphiques et téléphoniques."

En 1927, du 24 juin au 3 juillet, c'est le Congrès des Rémanents qui se déroule à la Chambre de Commerce, place Mirpied actuelle. Les rémanents sont les restes de branches ou de troncs mal conformés abandonnés en forêt par les bûcherons et les agriculteurs pour leur faible valeur commerciale.
Et le dernier jour de cette même année, c'est le ministre de l'Agriculture qui vient clôturer la Foire.

Ce sont des années où se multiplient les lieux de présentations de toute sorte, et avec le livret, les organisateurs fournissent un plan de la Ville montrant ce qu'il ne faut pas manquer, ainsi, pour cette édition 1927, outre la Halle au blé qui reste le centre de la Foire Exposition.
On peut voir ce que sont les Rémanents sur le Champ de Foire du Prado, il s'agit de l'utilisation des fagots et de la charbonnette pour la production de gaz de forêts,

Le matériel agricole ne tient plus dans la Halle au blé et passe place de la Nation, les expositions vont au palais Jacques Cœur, la musique et les fêtes alsaciennes dans le jardin de l'Hôtel de Ville, enfin, comme de tradition, nul ne doit manquer la Foire foraine Jacques Cœur, place Séraucourt.
Comme les années précédentes, il y a des expositions permanentes sur l'agriculture, le Commerce, l'Industrie, l'Alimentation et l'Aviculture, ainsi que l'Exposition canine.
Pour les Arts, c'est la Tapisserie, les dentelles, la peinture et des broderies sur soie, ainsi que l'éventail comme le montre la couverture et l'affiche de la Foire.
Enfin, lexposition Régionale du travail est comme toujours à l'Ecole des Arts appliqués à l'Industrie.

 

La Foire, les avions et l'Aéroport

Un grand cru avec cette 9 ième édition qui va du 23 juin au 1 er juillet 1928.
Le programme est copieux :
- Des expositions permanentes : Agriculture, Commerce, Industrie , Alimentation et une Ferme électrique, le tout à la Halle au blé.
- Une exposition de Pisciculture toujours à la Halle au blé.
- Un concours et une exposition de lingerie à la Chambre de Commerce.

Les animations sont nombreuse, c'est chaque fin d'après midi, vers 17 heures un Concert Symphonique dans le grand hall central, et à21 heures un concert de la musique municipale, place Cujas.
C'est aussi l'ouverture des Foires Jacques Cœur dans les allées de Séraucourt.

L'inauguration est faite par le Préfet.

Dès le dimanche c'est la louée, c'est à dire une sorte de bureau d'embauche pour les " domestiques de ferme des deux sexes " pour les travaux agricoles de l'été. Et cela se termine par une grande fête.
C'est aussi le grand prix de Vertu Béraud avec la remise solennelle des récompenses par la municipalité.
Et comme on ajoute de tout à la Foire, c'est un tournoi d'échecs du Centre qui est organisé à l'Ecole des Beaux Arts. Alors que dans la semaine outre des concerts par Armand Huret et sa musique municipale, le théâtre est mis à contribution avec une opérette : les Cloches de Corneville sous la direction de Louis Zucca. Et le lendemain un Grand Gala Lyrique avec Mireille, l'opéra de Gounod dans le jardin de l'Hôtel de Ville.
Enfin, une grande fête nautique avec des joutes lyonnaises dans le quai du bassin d'Auron et la présence des Jouteurs et Sauveteurs de Roanne.

1928, se présente donc comme une Foire ordinaire, très dense et aux animations multiples, comme les années précédentes, et pourtant elle va entrer dans l'Histoire locale, car c'est le dernier jour de cette IX ième Foire que se déroule l'inauguration de l'Aéroport de Bourges.

 

Et les Berruyers découvrent la " Maison Hanriot " ce dimanche 1er Juillet 1928. Dès 9 heures du matin, place d'Issoudun se retrouvent les différentes sociétés musicales, les fanfares et les sociétés de gymnastique qui s'en allèrent par la route de Saint-Florent avec en tête, les trompettes à cheval du 105ième Régiment d'Artillerie, mais aussi " le Réveil Berruyer ", " La Biturige " ou encore " La Vaillante ". C'est une longue marche vers l'Aéroport, et la foule est impressionnante. Les Berruyers s'y rendent à pied au son des fanfares.

En fait, l'Aéroport, est une vaste étendue de 90 hectares de terrain herbeux, sans piste, mais avec déjà trois bâtiments " en dur " pour que les cours de l'Ecole de Pilotage puissent commencer dès le mois d'août. Laudier ouvrit le feu, par un discours historique, juché sur un " cuvier ".
Son propos fut précis et lucide :

" Quiconque se serait permis d'affirmer, il y a un peu plus de six mois, que nous verrions aujourd'hui, en ce beau premier jour de juillet, l'inauguration de l'aéroport de Bourges, eut bien surpris nos concitoyens qui - il faut bien le reconnaître, et c'est du reste un peu la vertu de la race - ne se décident à agir qu'après avoir mûrement réfléchi ".
La conclusion de Laudier est tout aussi pertinente par rapport à ce qu'il pense de ses concitoyens :

" Pour une fois, la vieille force d'inertie berrichonne a été vaincue par la ténacité et j'ose m'en féliciter, au nom même de tous nos concitoyens, car ils ont maintenant compris les bienfaits que peut attendre la ville de Bourges de son aéroport. C'est un lustre nouveau pour notre cité antique, un lustre qui lui revenait de plein droit, à la croisée des routes internationales. Mais c'est surtout du point de vue de son activité commerciale et de sa prospérité économique que notre ville, un peu trop morte, peut être appelée à bénéficier de la création de cet aéroport. La cité des Bituriges et coeur de la France peut s'enorgueillir de doter le pays non point d'un des premiers, mais d'un des plus importants aéroports qui, demain, jalonneront les routes aériennes. Bourges vient de marquer sa place sur la carte aérienne mondiale ".

Puis la cérémonie s'achève, et c'est le retour vers le Central-Hôtel pour un déjeuner qualifié d'intime, avec le préfet, la municipalité, et les représentants de la maison Hanriot.
Un banquet typique des menus de la III ième République, ils savaient bien manger nos anciens, la gastronomie n'était pas un vain mot pour une certaine partie de la population.

Il ne faut pas perdre de vue les nombreux stands de la Foire, avec le Bière de Pignoux, les carillons Wesminster, les pépinières Gillet-Depigny, les fourures " Au Castor, spécialiste de Skungs… ou encore les crics de la Société Industrielle de Saint-Florent.

Le livret-guide de cette édition est copieux, il fait près d'une centaine de pages !

En 1929, pour la 10 ième édition de la Foire, du 22 juin au 1 er juillet, alors que les finances pour l'Aéroport sont en difficultés, le maire Henri Laudier qui a " ses entrées " à Paris, demande au ministre de l'Air, M. Laurent-Eynac de venir inaugurer la Foire de Bourges. Le maire veut recevoir du ministre une aide afin de rentabiliser l'aéroport avec un aspect commercial, et un autre industriel. Il est nécessaire un an après la création de l'école Hanriot, de faire sur cet espace un complexe beaucoup plus important.

Le 30 juin 1929, le ministre vient donc, un an jour pour jour après l'inauguration de l'Aéroport, il inaugure la Foire de Bourges puis visite la nouvelle Ecole de Pilotage Hanriot, et il s'en suit un meeting aérien, assez proche de celui qui s'était déroulé en 1922.
Laurent-Eynac
Laurent-Eynac avait d'ailleurs prit l'avion pour venir en Berry, son appareil était piloté par Dieudonné Costes, futur héros de l'Atlantique et des raids aériens.
Et Laudier va insister pour que l'aide de l'Etat se poursuive :

" L'Aéroport moderne… doit devenir le plus rapidement possible un port aérien doté de relations postales et commerciales qui s'imposent par sa position géographique ".
Et d'insister sur la possibilité de voir cette cité devenir une plaque tournante des voies aériennes françaises et même internationales.

Henri Laudier a été réélu Maire de Bourges dans cette année 1929, et il devient sénateur du Cher avec Marcel Plaisant, fonction qu'il exercera jusqu'à sa mort.

Les dernières années à la Halle au blé

1930, c'est la 11 ième édition de la Foire de Bourges, une grande année pour la Foire, avec un déferlement d'animations et d'inaugurations, à la fois à ma Halle au blé, et dans la Ville. Le summum étant l'inauguration du jardin des Prés-Fichaux attendue depuis 10 ans.

Cette Foire comprend aussi :
- la troisième Exposition canine qui fonctionne encore bien. C'est une organisation Berry-Nivernais.
- Un concours international de modèle réduits de machines volantes qui, quoique improvisé par l'Aéro-club du Berry aura un grand intérêt dit Laudier ainsi que des démonstrations qui se dérouleront sur notre Aéroport au cours de la semaine.
Le maire souligne que tout n'est pas parfait, même si nous avons mis toute notre intelligence et tout notre cœur … mais ajoute-t-il " nos moyens actuels sont limités ".
Et le maire de poursuivre que " Nous devons nous acheminer vers une formule nouvelle… je ne vous en dis pas davantage "… L'avenir nous apprend qu'il songe à un transfert du lieu de la Foire, mais il n'en dit pas plus.

Le centenaire de la Révolution française est le thème de la Foire avec une fête de nuit le 22 juin 1930.

Henri Laudier lorsqu'il accède à la mairie de Bourges en 1919 veut modifier et embellir sa ville. Cette zone nauséabonde est une entrée de Bourges, aussi bien par la route que le chemin de fer. Il décide de remplacer ces marais par un jardin. Ce sera un jardin à la française. Mais les difficultés techniques sont considérables, et les finances de la ville souffrent de cette volonté municipale. Pendant les travaux qui dureront 10 ans, ce sera " le gouffre des Prés-Fichaux ". Car le lieu est un immense trou, et le gouffre concerne aussi les finances des Berruyers qui n'apprécient guère le projet. Le jardin, œuvre du paysagiste local Paul Marguerita, sera terminé en 1930 et inauguré un 30 juin. La population boude le maire !
Il faut attendre le soir, avec un feu d'artifice, les Berruyers viendront en masse, et ils découvriront un espace magnifique, de verdure de fleurs et de sculptures.

Le discours de Laudier est intéressant :

" Monsieur le préfet, Mesdames, Citoyens,
A supposer qu'un Berrichon revenant d'un lointain voyage, et après plusieurs années d'absence, s'aventurât dans ces parages, ne pensez-vous point qu'il y trouverait un certain changement ?
Au lieu et place des marécages qui déshonoraient un des coins, cependant des plus agréables de notre belle cité, voici que s'élève maintenant ce magnifique jardin à la française, qui, comme toute œuvre humaine d'ailleurs a été tant critiquée par d'aucuns, et qui, demain sera prisée par tous ".

La Foire déborde de la Halle au blé, c'est le cortège commémoratif des " Trois Glorieuses " le 29 juin 1930 avec des cavaliers, des gendarmes, un hommage de Bourges aux Combattants de juillet 1830.
Des jeunes filles avec des fleurs, la garde nationale à cheval. Les vieilles rues sont décorées, comme la rue de Minerve ou celle des cerisiers ou des Bonnets-Rouges.
Une exposition de lingerie…. Qui est assez traditionnelle dans ces années d'avant-guerre, donnant un peu de légèreté à la Foire-Exposition.

C'est aussi l'inauguration des bains douches du Moulin de la Chaîne le lundi 23 juin.

1931 et la 12 ième Foire, laquelle comporte une fois encore une liaison forte avec les avions. avec un grand meeting d'aviation et la présence du Ministre de l'Air.

En 1931, le dynamisme inculqué par Henri Hervet et Albert Duchereux conduit l'aéroclub à amplifier son rayonnement sur le plan local tant en matière de communication que de participation à toutes les activités aéronautiques locales et d'évolution nécessaires à ses structures.

Albert Duchereux est un des personnages essentiels dans les milieux de l'aéronautique dans le Cher. Berrichon d'adoption, dès 1909, il va mettre au point la maquette volante d'un autogire, très en avance sur son temps, Il avait l'aviation dans le sang, et c'est sans doute un gène qui va se transmettre de père en fils. Albert Duchereux était chef mécanicien à l'école Hanriot et professeur de mécanique. Il était actif dans le domaine de la Foire de Bourges et du Syndicat d'Initiative.

Comme cela s'était déroulé deux ans auparavant, les autorités locales décidèrent que l'on pourrait coupler à nouveau la Foire traditionnelle de Bourges avec un meeting aérien.
Et ce fut le " Grand Meeting d'Aviation " du dimanche 28 juin 1931, en clôture de la XIIème Foire-Exposition de Bourges. Il présentera à un public très nombreux, (près de 20 000 spectateurs), un programme complet avec le vol d'un autogire, une exhibition d'un planeur remorqué par une automobile, des loopings à l'envers et une figure en forme de 8 vertical par le Dr Gullmann. La presse évoque la " fête des ailes ", et insiste sur l'autogire, qui était à l'époque, promis à un très grand avenir.
Pendant toute la durée de la Foire-Exposition de Bourges et du meeting, des vols avec passagers sur avion Nieuport-Delage 6 places étaient organisés.

C'est la dernière édition à la Halle au blé, avec le commerce et l'industrie, l'aviculture, l'alimentation et l'aviculture.

A l'Ecole Nationale des Beaux Arts c'est encore la lingerie à laquelle on a ajouté la céramique, alors que rue Moyenne, dans l'ancien Quartier Général est organisée une Exposition d'art.
Il faut ajouter le Parc des Prés Fichaux, comme on l'appelait alors, et les Foires Jacques Cœur.
et enfin dans le stade Séraucourt un grand concours de gymnastique.

La majeure partie des femmes en Berry font de la lingerie, soit dans des ateliers, soit à domicile, pour les entrepreneurs livrant à l'exportation où à nos grands magasins parisiens ; c'est une industrie qui apporte dans notre région plusieurs millions par an.

C'est M Magdelenat, qui était alors président de la Chambre de Commerce qui, dès la 9 ième Foire réunit des échantillons de cette production pour la première présentation de lingerie.
" L'ouvrière trouve l'idée, couleur, forme, décor qui placera sa pièce en première ligne et la fera rechercher comme un modèle heureux, capable d'obtenir un grand succès auprès

du public féminin ", tels sont les propos de M. Duneufgermain, directeur de l'Ecole Nationale des Beaux Arts.
Il y aura pendant plusieurs années, un concours à la Foire pour les " modélistes " pour des ouvrières de plusieurs départements limitrophes du Cher, et le Comité Central de Paris apporte une subvention.

La Foire s'en va au Parc Saint-Paul

13 ième Foire du 24 juin au 3 juillet : grand changement pour cette édition 1932 car la Foire Exposition est transférée dans ce qui s'appelle désormais " le Parc des Expositions, alors qu'elle avait débuté dans la Halle au blé, d'une façon très modeste ".

Il y a un recentrage de la Foire - Exposition avec dans ce nouveau Parc des Expositions de Saint Paul, c'est le nom de cette première édition en ce lieu, dans la Vallée Saint-Paul, à proximité de l'Auron.
Le visiteur peut trouver dans cette " nouvelle Foire " :

Le commerce, l'industrie, l'agriculture et l'alimentation.
Mais aussi le nouveau Muséum
Et à nouveau la lingerie et la céramique toujours intimement liées.

L'Exposition du Travail est à découvrir à l'Ecole Nationale des Beaux Arts, alors que le Parc des Prés-Fichaux et les Foires Jacques Cœur sont toujours présentes.

 

Le livret de cette année est consacré à " l'Histoire de la Vallée Saint Paul et à la Cartoucherie ".
Cette inauguration se déroule de manière traditionnelle avec le Préfet du Cher, et elle est payante, le prix d'entrée est de 2 francs.
Le soir, la ville se pare de mille lumières puisque les grands monuments de Bourges sont illuminés, ainsi que les artères principales, tout comme les Prés-Fichaux.

Parmi les stands, celui des biscuits Dubois avec le célèbre " sablé Berrichon ", et des gaufrettes.

Le Muséum d'histoire naturelle de Bourges fondé en 1928 par la Municipalité, a été transféré en ce lieu et avec le nouveau Parc Zoologiques, ils sont inaugurés officiellement ce dimanche 26 juin 1932 par le Ministre de l'Education nationale, M. de Monzie, que l'on appelait à cette époque, ministre de l'Instruction publique.

 

14 ième Foire de Bourges du 23 juin au 2 juillet 1933 et comme il faut avoir des idées originales, le Comité d'organisation, dans lequel se trouvent quelques intellectuels propose de célébrer Louis Lacombe, " un artiste méconnu ". Ce compositeur né à Bourges le 26 novembre 1818 qui fut aussi un pianiste renommé composa plusieurs centaines d'œuvres, dans tous les genres, des nocturnes , une Marche turque des mélodies et des Lieder pour voix seule, avec accompagnement de piano. Il ne manque que des sonates pour piano. Son œuvre la plus connue est une symphonie : Sapho qui fut sélectionnée pour être exécutée lors de l'exposition universelle de Paris en 1878.

Laudier voulait des crédits, car il était en train d'agrandir le Muséum pour créer un Parc Zoologique, lequel sera présenté au public pour la XIV ° Foire-Exposition de 1933. Cette fois, les animaux ne seront pas naturalisés, mais vivants et bien vivants.

En février 1933, les premières informations sur ce zoo commencent à parvenir au public. Ce sera comme à Vincennes, les animaux seront dans des cages avec des grillages solides, on trouvera des fauves comme des lions, 2 puis 3, un chacal, deux renards, une hyène, six singes et une panthère, mais aussi des antilopes. Comme l'on est au bord de l'Auron, on installera des bassins pour mettre des phoques et otaries "dont les jeux pleins d'adresse et d'agilité retiendront l'attention des curieux". Il reste deux problèmes à résoudre, l'inconvénient des rugissements, la nuit de ces fauves, pour le voisinage et aussi le coût de la nourriture.
Mais Bourges disposera bientôt, dans le Parc Saint-Paul de son Zoo. Les berruyers viendront contempler Athos, Porthos et Aramis dans leur cage, ces lions étaient assez dangereux, l'un d'entre eux attaquera un ouvrier serrurier venu réparer la porte de la cage lequel devra subir l'amputation de l'avant-bras.

Parmi les exposants de cette année 1933, se trouve en vrac les cuisinières de Rosières, mais aussi les machines à coudre Narcy, et les Ets Billant.
Les monuments funéraires de Blavier sont aussi de la partie !

1934, c'est la 15 ième Foire qui se déroule dans la dernière semaine de juin. Il y a 211 exposants contre 151 en 1933. (ou325 exposants contre 275 en 1933… les chiffres ne seraient-ils pas fiables ?
Une large place est faite à l'agriculture, aux automobiles, à l'alimentation, à la lingerie et à la céramique.
Dans le compte rendu d'après Foire, le maire va dire :
" En un mot, on fait à Bourges du travail sérieux. On y a traité des affaires intéressantes, et les organisateurs ont recueilli les fruits d'un labeur méthodique et avisé ".

Après l'Aéroport, installé en 1928, tout ira très vite, et le 15 juillet 1934, c'est un autre grand moment pour la Ville de Bourges et le Berry tout entier : Le Ministre de l'Air, le Général Denain vient inaugurer l'Aérogare de Bourges. C'est en effet un nouveau bâtiment qui a surgi dans ce quartier. Il évolue à tout instant et se transforme semaine après semaine. On avance la somme de 20 millions de francs d'investissements pour l'ensemble des installations. Avec cet Aérogare, c'est la promesse d'avoir des liaisons régulières aériennes. Bourges est parfaitement situé entre Paris et Toulouse d'une part, entre l'Atlantique et l'Europe Centrale d'autre part. Pourtant certains, en ce mois de juillet 34, s'interrogent : "Peut-être que l'on a mis la charrue devant les bœufs et que le futur Chef de Gare risque fort de n'avoir pas de train". C'est une belle vision qui s'avérera malheureusement prophétique pour le Berry.

C'est à cette époque que les " Journées des Vins et des Fruits " sont instituées dans la Foire, avec beaucoup de succès, compte tenu des cépages locaux qui commencent à avoir une renommée nationale.

C'est aussi le Parc Zoologique qui fut une attraction intéressante pour l'époque, la Foire ne reçoit pas de haute personnalité, elle fut inaugurée par le Préfet du Cher.
Plein feu sur le Tourisme régional. Le SI, Syndicat d'Initiative, a été réorganisé et installé à l'Hôtel de Ville, ce sera un organisme moteur très influent à Bourges pendant des décennies.
Une 16 ième Foire qui se déroule du 22 au 30 juin 1935, et dans la plaquette qui deviendra une tradition, on trouve les membres du Conseil d'Administration, avec des noms comme celui du Maire, Henri Laudier qui est maire de Bourges, Sénateur du Cher et Conseiller général, et donc en la circonstance Président du Comité de la Foire.
Il est donc totalement impliqué dans cette manifestation.
Autour de lui, M. Lamy son 1 er adjoint mais aussi M Chénon de Léché, délégué de la société hippique, Duneufgermain, directeur de l'Ecole des Beaux Arts, Mgr Foucher, président de la société de pisciculture… et de nombreux élus.

Et nous avons le budget prévisionnel de cette Foire :

Dans le Comité exécutif, outre le Président Lamy, c'est Edmond Jongleux, il est le secrétaire général et c'est l'homme de la Foire, un travailleur inépuisable, qui rédige le livret-guide qui peut avoir près d'une centaine de pages avec des articles originaux, Le trésorier n'est pas un inconnu, il est banquier, c'est Henri Hervet, le patron de la banque éponyme, ce " grand patron ", héros de la Guerre 14 - 18 ce fut un aviateur d'une escadrille avec Marcel Haegelen, il deviendra banquier à " l'insu de son plein gré ", et développera la banque Hervet.
On notera la présence de M. Roger Richet qui s'occupe de la … presse.
Laudier inaugure la Foire :
" Nous voici à nouveau réunis pour la seizième grande manifestation de la Foire de Bourges, et vous avez pu, au cours de la visite constater sa vitalité et sa croissance. "
Il est accompagné de Henri Moulonguet, Préfet du Cher.
Un enclos a été ajouté pour l'Aviculture, mais la place fait défaut, et " il faudra envisager d'autres mesures ".

Le terrain a une surface qui est passée de 21000 à 24000 mètres carrés, la surface couverte ou non des emplacements étant passée de 10400 à 11000 mètres carrés.
Le nombre d'exposant de l'édition précédente fut de 325., mais nous n'avons pas pu en accueillir davantage par manque de place.
Malgré la crise, le chiffre des visiteurs s'est bien maintenu, avec 77 000 entrées payantes en 1934 et un chiffre identique l'année précédente en 1933 (76 900 et 76400)

C'est la plus ancienne Foire du centre de la France.

Et on trouve des placards dans le journal local, avec un avertissement : la Foire ne dure que 8 jours, ne dites pas " j'irai demain ", et " Allez-y aujourd'hui ".

C'est le meilleur moyen de voir, de comparer à loisir et de faire son choix à l'abri des bousculades des derniers jours.

Dans le journal local, c'est Pierre Laval qui est en vedette car il est Président du Conseil chef du gouvernement il déclare à la Chambre des députés que le gouvernement fera respecter l'ordre public par tous ; et le rapport sur les manifestations est adopté par 335 contre 250

Le 23 juin, dans le cadre de cette XVI ième Foire se déroula au théâtre de verdure des Prés Fichaux un festival Louis Lacombe, avec Sapho, l'égérie antique de Lamartine, et Sapho est interprétée par Fanny Robiane de l'Odéon, la musque étant de Louis Lacombe le berruyer.

Il y aura aussi un ballet de Winkelried….

Le clou de cette édition, c'est encore l'aviation, comme ce sera souvent le cas. Cette fois c'est la foule qui est allée vers l'Aéroport pour faire la fête aux " brillants équipages de la firme Caudron-Renault "
Et la presse d'écrire :
" L'Aviation est pour notre ville un gage d'avenir, et tout ce que nous aurons pu faire pour elle nous sera rendu au quintuple par elle.

Le Conseil général, la Chambre de Commerce, l'Aéro-Club et tous les organismes dont le Comité des Foires, qui était cette semaine aux côtés des représentants de la Ville pour la constitution et la mise en route de cette Société de gestion de notre Aéroport… Nous attendons beaucoup pour la création d'une activité aéronautique qui ne pourra que favoriser la prospérité de la Grande cité berruyère.
Et de poursuivre avec ce discours dont on retiendra aussi les fortes paroles du maire Laudier :

" L'apathie berrichonne, qui en a parfois besoins et alors elle devient créatrice des plus grands enthousiasmes, a été secouée profondément par le passage de l'escadrille Caudron-Renault et nous a convaincu que nous sommes dans la bonne voie et que notre aéroport doit grandir. Et prospérer ".

La Foire : un enjeu politique ?

Les années qui précèdent la guerre sont à la fois très politiques, c'est l'arrivée du Front populaire à l'issue des élections législatives, et par la suite les nationalisations dont la Maison Hanriot qui devient la SNCAC.
La Foire ne semble pas avoir été affectée, et elle poursuit jusqu'à l'édition 1939 incluse à être le point fort de l'activité de la Ville de Bourges.

17 ième Foire du 20 au 28 juin 1936, une édition avec 45 160 visiteurs et pour la cinquième fois au Parc Saint Paul. Et il y a 2500 visiteurs de plus que l'année précédente.

Comme dans les années précédentes, c'est la partie traditionnelle de la Foire qui attire le public qui vient pour acheter, et faire des affaires. A la partie Agriculture, Alimentation, Commerce, Industrie a été ajoutée un salon de l'automobile dans lequel la présence des véhicules à gazogènes obtient le succès de la Foire.

Concours interfédéral de Boules, car c'est " la grande vogue des boulistes en Berry ", car le jeu de boules renaissait à Bourges en 1930, avec " l'Amicale bouliste de Bourges ", et tout cela s'intègre à la Foire-Exposition.

Chaque fois on note l'inauguration avec le Préfet, et donc les visites des stands et du parc Zoologique.

Cette année, outre les automobiles, un retour aux sources, ce sont aussi un retour à l'élevage avec une exposition de la race Ovine berrichonne.
Et toujours une exposition Régionale du Travail c'est la 12 ième du genre, comprenant trois concours, le premier sur la Lingerie, le second pour la céramique et le troisième concerne la menuiserie d'Art et l'ébénisterie.
A cela s'ajoute une exposition aéronautique à l'Aérogare de Bourges qui a été construite deux ans auparavant, c'est au rond point Guynemer !

C'est ainsi qu'une grande fête aérienne se déroule le samedi 27 juin à 20 h 45 à l'Aéroport, avec un festival aérien par les pilotes de la Société Hanriot.

Et après les ballets Borguès, et un bal gratuit, ce sera l'embrasement de l'Aéro-Gare.
Et pendant toute la Foire des concerts symphoniques en fin d'après midi.

 

L'édition N° 18, en 1937 réunit 224 exposants et reçoit 50 000 visiteurs entre le 19 et le 27 juin au parc Saint-Paul et dans toute la Ville.

Une exposition canine, une autre sur le Travail et un Rallye - expo ainsi que des Véhicules à Gazogènes.

Les articles du livret portent sur les Monuments et demeures historiques de Bourges, une trentaine de pages donnent ce que le Cher possède en patrimoine historique.

Un grand stand Rosières et la présence de l'automobile avec les Ets Moindrot un nom bien connu à Bourges concessionnaire des marques Salmson et Licorne.

Laudier n'est jamais à cour d'idées pour renouveler la Foire et en faire l'événement de l'année. Et le summum, c'est la présence du Président de la République pour inaugurer la Foire de Bourges.
Au mois de novembre 1937 fut décidé le principe de faire inaugurer la Foire Exposition, XIXieme du genre, par le Président de la République en personne, c'est alors Albert Lebrun qui occupe cette fonction. Après plusieurs péripéties, demandes d'audiences et autres entrevues, la visite fut fixée au 25 juin 1938. Mais l'emploi du temps du premier personnage de l'Etat n'est jamais très flexible. Aussi, le 16 avril 1938, un communiqué de l'Elysée informa le pays et le Berry, que Monsieur Albert Lebrun "répondant à l'invitation qui lui avait été faite, se rendrait à Bourges le 18 juin prochain". Le 18, ce n'est pas le 25 ... et il fallut, dans ces conditions, après avoir écarté l'erreur de frappe, modifier les dates d'ouverture et de clôture de la Foire Exposition de Bourges.

" LA "visite présidentielle

Et c'est pour la Foire -Exposition de 1938, la 19 ième édition que vient à Bourges pour l'inauguration le Président de la République Albert Lebrun.

L'affiche et couverture du Livret-Guide montre le Bourges de l'époque, la bergère tient dans ses bras le célèbre mouton du Berry, au-dessus, la devise de Jacques Cœur " A Vaillant cœur, Rien Impossible ", et au loin, la Cathédrale Saint Etienne et le Palais de l'Argentier de Charles VII.
Et puis les armoiries du Berry avec ses trois béliers et ses trois fleurs de lys, Bourges Ville royale d'autrefois reçoit un Président de la République.

A la Cathédrale, le Président de la République est accueilli par Monseigneur Fillon, l'Archevêque de Bourges, avant de s'en aller inaugurer la Foire Exposition. Là, les discours sont plus concrets, Laudier dira par exemple :

" Il nous faudra bientôt songer à créer un Palais de la Foire, à souder le Parc des Expositions, le Parc Zoologique et le Muséum d'Histoire Naturelle au Parc des Sports projeté, présentant ainsi un ensemble harmonieux où se conjugueront toutes les manifestations créatrices du génie français ; d'un côté le commerce, l'industrie, l'agriculture, le travail, les métiers et la technique, de l'autre les sports et l'éducation physique ".

Laudier à la Foire devant le Président de la République

Le programme de la Foire-Exposition, même avec la venue de la plus haute personnalité française reste assez classique, outre l'Agriculture, le Commerce, l'Industrie et l'alimentation, on trouve le Salon de l'Automobile, et une Exposition Aéronautique.

De même les ovins sont à l'honneur avec le concours spécial de la Race Ovine Berrichonne pendant 4 jours. Alors que la lingerie, la céramique et l'ébénisterie sont présents à la 14 ième Exposition Régionale du travail à l'Ecole Nationale des Arts Appliqués à l'Industrie.
Et pendant toute a durée de la Foire, des concerts symphoniques.
Le vendredi 17 juin, c'est une retraite aux flambeaux avec la musique des Fanfares militaires.

Dans le compte rendu de cette Foire, Laudier évoque les difficultés de la Foire avec " les restrictions qu'imposent à certains la crise qui traverse le pays ; elle ne semble pas, pour le moment s'atténuer, bien au contraire ; je ne vous parlerai pas non plus de l'élévation constante et progressive du coût de la vie favorisée par une déficience de rendement qui s'accentue et dont beaucoup ignorent ou veulent ignorer l'importance ".

Sur ce thème, c'est Fernand Gentin, le Ministre du Commerce qui va répondre en insistant sur la nécessité pour les industries d'exporter.
Fernand Gentin un homme politique qui fut imprimeur avant de devenir à trois reprises ministre des Postes, puis de la santé avec Léon Blum et enfin du commerce dans le gouvernement de Daladier.
Ce discours avait une connotation très moderne.

Un point important dans la visite présidentielle avec la visite de l'usine Hanriot récemment nationalisée, et on peut voir le Grand Marcel Haegelen expliquer au Président le dernier avion sorti des ateliers de Bourges à l'Aéroport.

Comme dans toute réception à ce niveau sous la Troisième République, il y a un temps pour les discours, un autre pour le banquet. Celui-ci se déroule à la Halle au blé et sont invités 687 convives, dont 44 à la table officielle afin de déguster le menu suivant :

Les Petits pâtés berrichons
La Galantine de Volaille Truffée
Le jambon à la Gelée
Le Brochet de la Loire
Sauce Hollandaise
Le Gigot du Berry à la Printanière
Les Asperges Sauce Mousseline
Le Poulet de Grain Roti Charles VII
La Salade des Ribauds
Les "Crottins" de Chavignol
Les Gauffrettes Vanillées
Les Fruits Divers
Les Mignardises Berriaudes
Café-Liqueurs
Les Vins Régionaux:
Le Blanc de Quincy
Le Rosé et le Rouge du Sancerrois
Le Chavignol (cuvée spéciale)

 


Malgré la présence du Président, il n'y a eu que 227 exposants, le même chiffre que l'année précédente, et un nombre de visiteurs en baisse, 45 000 visiteurs, c'est à dire 5000 de moins !
C'est la crise économique qui frappe dit-on le pays.et puis il y a eu une augmentation du prix d'entrée. Et puis le jour de la venue du président, les Berruyers ont évité de venir à la Foire, compte tenu des difficultés d'accès dans un tel cas, vis à vis déjà de la sécurité.
Et puis dans le bilan qui sera fait, la dispersion des animations dans d'autres lieux de la ville, gratuits ou payants ne furent pas favorable à l'activité commerciale. Il faudra revoir cet aspect là écriront les responsables de la Foire.

 

1939 La dernière Foire de l'avant guerre

C'est un grand moment que cette vingtième Foire de Bourges avec ce mot d'Emile de Girardin : " Les progrès sont les Victoires de la Paix ", alors que nous sommes à 6 semaines de la guerre.

Depuis son arrivée au Parc Saint-Paul, en 1935, c'est un nouveau départ pensent les responsables, avec davantage d'exposants et une ampleur encore plus grande.

Il fut demandé d'améliorer la publicité avec pour chaque foire, une affiche différente avec des disques aux entrées de la ville qui rappelleront les dates, et sous le " signe du plus grand commerçant du Moyen-Age : Jacques Cœur, citoyen de Bourges ".
Pour M Laroche-Joubert, qui préside la Foire de Paris, " Une Foire est une vaste entreprise de publicité collective dans laquelle les commerçants trouvent de nécessaires facilités et les producteurs, de nouveaux clients ".


La Foire est inaugurée par le Préfet du Cher, On ne peut pas avoir un Président de la République chaque année, et c'est donc François Taviani qui passera avec le sénateur-maire Henri Laudier dans les allées de la Foire. Le commissaire général de la Foire étant Eugène Paillard. Suivent Marceline Laudier, en bonne place, mais aussi les deux députés Mrs Massé et Cornavin, précédant une trentaine de personnes….

Laudier rappelle que " notre Foire est si ancienne qu'elle remonte au 14 ième siècle et que son parrain fut le duc Jean de Berry ".

Ils sont 5 personnalités à cette inauguration, dont M Paillard, qui est alors Commissaire général de la Foire, Laudier le sénateur-maire, le colonel Compagnon, le Préfet du Cher et M. Ribeyre le Procureur général.

Un des titres de la presse locale évoque " Le commerce et l'Industrie qui font une juste place au tourisme et à l'Empire français ".
Et le titre des journaux porte sur " Sous le signe du Vintenaire et des Journées révolutionnaires de 1789, s'est ouverte l'annuelle foire industrielle, commerciale et touristique de Bourges ".
Au Parc Saint-Paul, le dimanche 25 juin, une Exposition canine internationale, et le concours fédéral de Trompes de chasses, la Grande fête folklorique limousine, et le soir au Prés Fichaux à 21 h 30, une grande fête féerique lumineuse et le gala de la chanson française….

" Notre foire va déplacer les foules, au moment où le sentiment national doit d'exalter encore à l'appel de la grande devise révolutionnaire ".

Jean Foucrier homme politique et directeur de la Dépêche du Berry, il s'impliquera beaucoup dans la Foire, il vient de mourir, un hommage lui est rendu.

Le ministère des colonies est présent :

" Sa visite permettra d'apprécier le chemin parcouru et les résultats obtenus depuis 1910 dans ces territoires de notre vaste empire où la population indigène apprécie à juste titre nos méthodes de colonisation et reconnaît les sentiments de justice, d'humanité et de tolérance qui ont toujours été les bases de notre action. D'esclaves, nous e avons fait des hommes libres….. " et Laudier parle d'une nation mégalomane et de l'idéal de violence, c'est pour l'Allemagne non nommée.

L'accent est mis sur le tourisme avec un salon du tourisme de luxe et la collaboration de la SNCF, et des clubs automobiles

On notera le chiffre de 16000 entrées au Parc des Expositions, et 3500 à l'Exposition canine contre 11 000 l'année précédente.

Il pleuvait le soir aux Prés Fichaux, et beaucoup moins de monde !

Il n'y aura pas de Foire en 1940. Depuis le 3 septembre 1939, c'est la Guerre, après un ultimatum demandant le retrait des troupes allemandes qui ont envahies la Pologne, l'Angleterre puis la France déclare la guerre au IIIème Reich: c'est le début de la Seconde Guerre Mondiale.


LA DIFFICILE APRES GUERRE AVANT DU MIEUX

1940 - 1960

Pas de Foire pendant l'occupation allemande

1940
Depuis le 3 septembre 1939, c'est la Guerre, après un ultimatum demandant le retrait des troupes allemandes qui ont envahies la Pologne, l'Angleterre puis la France déclare la guerre au IIIème Reich: c'est le début de la Seconde Guerre Mondiale.
Après une longue attente dite " la drôle de guerre ", les troupes allemandes passent à l'Offensive, Paris est occupée le XX mai et bientôt au milieu du mois de juin 1940, a l'heure où se serait tenue la Foire de Bourges, c'est l'entrée des troupes allemande dans la cité de Bourges, dont le maire est toujours Henri Laudier

1941
Il n'y a pas de Foire, la ville est occupée.

1942
Au pire de la guerre et de l'Occupation à Bourges.

1943
L'Occupation de plus en plus dure.
Henri Laudier meurt en fonction.
Il est remplacé par son premier adjoint M. Lamy qui fait fonction de maire sans en avoir le titre.

1944
Des bombardements avant la Libération du 6 septembre 1944.
Charles Cochet maire par acclamation, puis élu aux élections municipales de Bourges

1945
La guerre est terminée, Bourges est libre, mais la fin de la guerre en Europe a été signée le 8 mai 1945, aussi il ne fut pas question de faire la Foire Exposition de 1945.

Aux élections municipales de 1945, Charles Cochet est élu maire, il a Romain Bardin et René Ménard comme adjoints, ce dernier va devenir le grand homme de la Foire -Exposition de Bourges.

8 mai 1945 : l'Allemagne capitule, la guerre est terminée en Europe.

Aux élections municipales du 19 octobre 1947, Henri Sallé, RPF, est élu Maire le 6 novembre, mais il meurt quelques mois plus tard, et c'est André Cothenet qui le remplace en juin 1948.


1946 : Timide Renaissance de la Foire de Bourges

Mais en 1946, cette Foire va renaître du 22 au 30 juin et on trouve ces mots dans le livret de cette 21 ième Foire :

" Quand il fut décidé que la Foire aurait lieu fin juin, on ne manqua pas de nous faire remarquer, non sans raison d'ailleurs, combien allait se révéler difficile la tâche que nous nous proposions d'entreprendre ".

Les installations du Parc Saint-Paul utilisées par divers services depuis 1939 avaient subi des transformations et des mutilations et des travaux de réfections étaient indispensables, et ceci dans un temps très limité, et dans des circonstances économiques dramatiques.

Les usines tournaient au ralenti, les transports étaient lents, irréguliers et très coûteux.

On trouve aussi des bâtiments qui étaient occupés par la SNCAC, l'usine d'aviation laquelle avait des activités au Parc Saint-Paul et à la Halle au blé, avec les assemblages des avions Siebels allemands bientôt transformés en Martinet français.

Et puis la reprise de l'économie était encore trop faible, les obstacles étaient considérables.

Bien entendu, les commerçants pouvaient prendre des commandes lors d'une reprise de la Foire, mais pour les exécuter, c'était une autre paire de manche !
Alors on retrouve les exposants traditionnels comme les liqueurs de Georges Monin, ou encore la banque Hervet ou la BNCI de la rue Moyenne.
La SMC, Société Métallurgique du Centre quai Messire Jacques est venue, en voisin, tout comme les Ets Billaudeau pour l'électricité.

Mais il faut " meubler ", alors, c'est une sorte de fourre tout qui compose cette Foire, comme un tournoi d'escrime, l'Assemblée générale des Sapeurs pompiers du Cher, ou encore au Théâtre de Verdure des Prés-Fichaux, " Les Saltimbanques " une opérette en 3 actes et 4 tableaux.
On découvre aussi un concert par l'orchestre symphonique de la Foire-Exposition, le mercredi 26 juin, et Georges Dandin de Molière le soir.

Le samedi 22 juin, c'est l'ouverture des Foires Jacques Cœur dans les allées de Séraucourt, alors que le même jour à 10 heure se déroule l'inauguration officielle de la Foire avec la visite des stands, puis du Muséum, de l'exposition de Wittelsheim et, des travaux scolaires de l'Ecole Nationale Professionnelle, de l'Office des Métiers et de la SNCAC

On découvre aussi dans le livret de la Foire une photographie du Semeur d'Ivraie, cette sculpture qui a disparu, volée par les Allemands…
Le Semeur d'Ivraie
Au sortir de la guerre, on retrouve des stands très officiels, comme le Lycée de Jeunes Filles, l'Ecole Nationale Professionnelle, mais aussi la SNCAC, l'Ecole Centrale de Pyrotechnie ou les Ateliers de Constructions (future EFAB).
Et pour corser le tout, on organise pendant toute la Foire la Semaine Nationale de Sécurité sur le Champ de Manœuvres de Séraucourt, alors qu'au dessus, dans les allées, les Foires Jacques Cœur recommencent à fonctionner.

Le prix d'entrée de la Foire est de 20 francs et 5 francs au Muséum.

On remarque aussi, après une Occupation de 4 ans l'importance des journaux locaux qui se sont multipliés dans le département du Cher, avec en tête, Le Berry Républicain qui a été repris par des Résistants francs-maçons à la place de La Dépêche du Berry.

Et la guerre étant à peine terminée, à minuit, le samedi 22 juin passe sur le Champ de Manœuvre de Séraucourt le Relai pédestre Oradour-sur-Glane - Paris, organisé par le Conseil national de la Résistance.

Et le Maire, Charles Cochet invite ses concitoyens à illuminer et à pavoiser pendant la durée de la Foire.
Et ce fut une réussite.

1947, c'est la 22 ième Foire de Bourges du 21 au 29 juin 1947

Il a été nécessaire de remettre en état l'ensemble et plusieurs millions de travaux ont été débloqués pour permettre de retrouver le plateau de la machine agricole.

Le Conseil d'administration de la Foire avait depuis l'année précédente de maintenir et développer la Foire, une gageure pour certains, " à la vérité, d'inquiétants problèmes justifiaient la crainte de beaucoup d'entre nous. Mais le succès d'affluence et le succès des affaires a permis d'entreprendre notre 22ième Foire avec la plus absolue confiance ".

Le pays redresse la tête, et la Foire en est un des symboles.

Le plateau de la Machine Agricole a été entièrement reconstitué.
La buvette est aménagée avec une terrasse avec autour des jets d'eau et des fleurs, dans un cadre de verdure artistique et reposant.
L'extension s'est faite aussi jusqu'à la tour ancienne du boulevard Lamarck.

Parmi les innovations, dans les salons de l'Hôtel de Ville, une exposition Fernand Maillaud, le grand maître berrichon.
Cette exposition est placée sous le haut patronage de M. Pierre Bourdan, Ministre des Arts et des Lettres, qui vient à Bourges à titre officieux,

La SNCAC présente la diversification de ses activités en attendant les avions nouveaux.

Au Palais Jacques Cœur, une rétrospective a été conçue par l'Union des Sociétés Savantes : " Bourges, il y a cent ans " rappelant la vie politique, économique et sociale, les arts, les sciences et les lettres, dans la première moitié du XIX ième siècle.
Et à la Salle des fêtes, une exposition de peinture du Mouciau, car c'est la reprise des formules d'avant-guerre que Laudier avait utilisées.
Alors cette année, c'est l'ajout d'animations diverses et culturelles, comme la pièce de Jean Anouilh, " Antigone ", alors que le grand prix Bouliste de la Foire Exposition se déroulera toute la journée du samedi 21 juin, sous la présidence du populaire et ancien maire Charles Cochet.

Et puis une opérette " Valses de Vienne " de Johann Strauss qui est jouée au théâtre de Nature des Prés Fichaux..

L'inauguration se déroule le samedi 21 juin 1947, avec le préfet Maxime Roux, le Maire est encore pour quelques semaines Charles Cochet. C'est la visite des stands, du Muséum et du Parc Zoologique. Le prix d'entrée est de 20 francs.
On note la présence des personnalités de cette année, très représentatives de " ceux qui ont participé à la Résistance ", c'est Gustave Sarrien, René Cherrier, Claude Genton ou Mgr Lefèvre., le colonel Gangneron, Marcel Haegelen, mais aussi Mrs Soubret, Rossignol et Magnon, du CDL,
Et puis Mrs Hervet, Duchereux, Verglas, … etc
Le préfet déclarera :
" Une manifestation de cet ordre nous rend le courage et anime notre foi en la France ",

Dans les stands, on remarque ceux consacrés aux pierres tombales l'art du marbrier est intéressant, mais " non franchement si ce sont des chefs d'ouvres dans leur genre, … le le plus tard possible ! ".

Peu de voiture de tourisme, mais de gros véhicules, alors qu'en vedette, une Jeep trône, et les curieux regardent ce véhicule, surpris car " cette trouvaille américaine est devenue pacifique, et retapée, peinte, elle a fière allure " rapporte le Berry Républicain.
Des meubles anciens et d'autres modernes dans plusieurs stands, mais on sent le manque d'argent, … Quelques postes de T.S.F. et de nombreux stands sur les appareils ménagers, cuisinières ou apprareils frigorifiques.

La Foire 1946 avait été une tentative heureuse de renouveau. La Foire 1947 apporte la preuve que Bourges, loin d'être une ville morte, entend retrouver son rang de capitale régionale.
Et la presse revient sur le dernier dimanche et la grande journée d'escrime alors que l'après midi, un concert est organisé par l'Union Municipale d'Asnières.

Seule fausse note, le " Carmen " prévu en plein air aux Prés-Fichaux le samedi soir a été victime d'un bel orage alors qu'il avait fait beau le reste de la semaine. D'où un repli au théâtre municipal pour cette représentation.
Bourges est replacé au rang des grands centres du commerce et de l'Industrie !

La foule est venue en masse, avec 30 000 visiteurs dans le premier week-end, et le jour de l'inauguration se déroule la grande course cycliste Paris- Bourges " placée sous les auspices de la Foire-Exposition et c'est le grand Albert Bourlon, un Berruyer qui deviendra célèbre dans le Tour de France, qui l'emporte en haut de la rampe Marceau.

Il a fait très chaud dans ce début d'été, une température de 36° certains après midi, mais les visiteurs sont venus en nombre, et parfois des délégations entières viennent voir cette sorte de résurrection de la Foire, comme celle de la Chambre de Commerce de l'Indre.
Succès aussi des conférences, avec le thème de la poésie, et du poète berrichon Gabriel Nigond.
Enfin, une soirée de clôture " inoubliable ", basée sur l'élégance avec une présentation de couture parisienne avec la soirée dansante du Commerce.
Les Foires Tricolores : 1948, 1949 et 1950

En 1947 : Henri Sallé est maire de Bourges depuis octobre 1947, mais au Printemps 1948, malade, il meurt et il n'inaugurera aucune Foire-Exposition et c'est André Cothenet qui le remplacera.
C'est la même affiche tricolore que lors de l'édition de 1947, cela se produira plusieurs fois dans les 100 ans, on prend pour plusieurs années le même logo et le même format.

En 1948, pour cette 23 ième édition de la Foire, André Cothenet qui exerce la profession d'Avoué, est un numismate de renommée mondiale, et il devient maire de Bourges, c'est lui qui inaugure la troisième Foire-Exposition depuis la fin de la Guerre, et progressivement, l'activité économique reprend même si les entreprises aéronautiques sont à l'agonie, avec la faillite de la SNCAC, la chute de l'avion Cormoran et la mort de Jean Brivot.

Ainsi en 1948 l'inauguration se déroule le samedi 19 juin, et il n'y a plus de ministre, mais le Préfet du Cher. La Foire est toujours au Parc Saint-Paul, mais on lui a ajouté … la Halle au blé, comme un retour aux premières éditions.
Le prix d'entrée est de 20 francs et ce sont des expositions comme celle de l'Art Breton qui se déroule dans les salons du Grand Café, rue Moyenne.

De plus, le Salon du Mouciau, 23 ième du nom avec des peintures, des dentelles des sculptures et des gravures a pris place à la Salle des Fêtes de Séraucourt.
Et puis retour à la Halle au blé pour l'exposition Nationale du travail avec des œuvres des élèves de l'ENP de Vierzon.

C'est l'arrivée de la course Paris-Bourges qui devient l'événement phare du sport pour la Foire et un grand festival de gymnastique.

Le Comité exécutif de la Foire est présidé par René Ménard, adjoint au maire et on retrouve dans la liste, Robert Verglas, le secrétaire général de la Mairie, et deux personnages importants, Albert Duchereux et Henri Hervet tous deux des fervents partisans de l'aéronautique à Bourges, aussi bien pour l'Aéro-club que pour l'industrie de fabrication de la rue Le Brix !

La Foire, 4 ans après la Libération de Bourges reprend des couleurs, c'est une forme de frénésie des achats, la population du Berry a tant souffert pendant que " Bourges était sous la botte allemande ", qu'il y a un vrai besoin d'acheter, ce qui répond à un besoin dans tous les secteurs de la vie courante.

La publicité insiste sur Bourges par sa situation centrale, trait d'union commercial entre Lyon et la Touraine, grâce à sa situation aérienne et routière est au carrefour de vastes courants économiques.

Du 18 au 26 juin 1949, c'est la 24 ième Foire Exposition et toujours la même affiche, le même logo avec cette cocarde tricolore.
Le prix d'entrée est de 30 francs…

Et le slogan " Bourges Centre de la France et Centre des Affaires "., qui a de l'allure et reste d'actualité aujourd'hui encore.

Le 18 juin, l'inauguration se fait avec le préfet Raymond Vivant, le maire est toujours André Cothenet.

C'est une sorte de retour aux sources avec le Premier Salon de la Machine Agricole du Centre, afin d'envisager " un nouvel et vaste développement de notre manifestation annuelle de juin ".
Mais une fois encore, les organisateurs se plaignent du manque de place dans un Parc des Expositions trop étroit.

La Halle au blé ayant été encore ajoutée cette année, avec la Place de la Nation qui servira aux exposants et Robert Verglas, Secrétaire Général de la Foire cherche par une étude à trouver des solutions nouvelles.

Parmi les ajouts et en particulier pour les expositions, l'une est au Palais Jacques Cœur intitulée " Au temps de la Gaule indépendante ", à l'occasion du bi-millénaire de la défense d'Avaricum par la Ville de Bourges. Les anciens de l'époque ont de la mémoire, car cela faisait très exactement 2000 ans que s'est déroulé la bataille d'Avaricum par les légions de César, avec le massacre de la population gauloise des Bituriges et la destruction de la cité.

Dans les salons de l'Hôtel de Ville, c'est une exposition d'art contemporain mise en œuvre par un expert, M. Van Ryck.
Ajoutons une exposition du Mouciau et les travaux des élèves de Henri Malvaux.

Et puis deux manifestations sportives dans le cadre de la Foire avec le Grand Prix bouliste aux Prés-Fichaux, et l'arrivée de la course Paris - Bourges le lundi 20 juin prévue vers 16 heures à la rampe Saint-Paul.

Sur les spectacles, au Théâtre de la Nature des Prés-Fichaux, l'Opéra comique Lakmé de Léo Delibes est joué devant les mélomanes.
Des concerts et en particulier le 68 ième concert de l'Ecole Nationale de Musique, qui joue " La cantate d'Avaricum ", une œuvre de Charles Brown, un grand compositeur, aujourd'hui méconnu, même si il a donné son nom à une rue de Bourges. Il est à cette époque le directeur de l'Ecole de Musique de Bourges, C'était à la Salle des Fêtes de Séraucourt, future Maison de la Culture.

Et le 26 juin, encore du cyclisme avec Avenue de Saint-Amand un championnat contre la montre de 80 km, et en restant dans le domaine sportif, une journée d'escrime.

Ainsi cette Foire-Exposition dans ces années est très largement ouverte sur la culture et le sport et la partie Foire commerciale ne semble pas être mise au premier plan dans la communication, les organisateurs estimant que " cela va de soit ".

Parmi les exposants, beaucoup sont de Bourges, mais d'autres viennent de Tours, Troyes, Angers, Bellegarde ou Paris. On remarque 2 chapeliers et plusieurs marchands de chaussures.

1950, c'est la 25 ième Foire, et toujours la même affiche tricolore, c'est désormais l'arrivée de la course Paris - Bourges, une importante partie théâtre, avec " Un tour au paradis " de Sacha Guitry, des concerts, et dans les rues de la ville, des retraites aux flambeaux avec la fanfare.

Et c'est le maire et le préfet M. Vivant qui font l'inauguration… A priori, il n'y a plus de ministre, ce n'est pas dans la vision du maire qui reste très Berrichon, et qui a peu de contact avec les hommes politiques parisiens, même si il va recevoir le Général de Gaulle, alors patron du RPF.
Un élément change, c'est le prix d'entrée qui passe à 50 francs, quant au livret il est désormais vendu 20 francs, ce qui fait environ 1,5 euros d'aujourd'hui.

Dans ces années d'après guerre, nous sommes en 1950, il y a de grands magasins à Bourges, comme Aubrun ou Les Dames de France, et ils ont des stands à la Foire de Bourges, sachant qu'il n'y a pas encore de supermarché en périphérie de la ville.

Parmi les idées d'exposition, le Comité des Foire présente la collection des insectes à l'Hôtel de Ville, c'est l'œuvre de Gabriel Fouchet qui vient de mourir l'année précédente et qui est le fondateur du Muséum de Bourges.

Ce fut aussi l'occasion de découvrir Robert Barriot, un grand artiste local qui s'était spécialisé dans la dinanderie et l'émail.

Comme le montre la publicité, les expositions de meubles et d'électro-ménager sont à la Foire et la livraison à domicile est gratuite.
Les grands magasins de l'époque, qui sont en centre-ville comme Aubrun et les Dames de France participent activement à la Foire de Bourges.

Dans le domaine de l'alimentation, comme le montre une liste d'exposants, on trouve ceux venant de Tours, Paris ou La Charité, ce sont les régionaux qui sont très présents comme les " Croquets de Charost ", la biscuiterie Néron ou les pâtisseries de Mehun.

1951 et la 26 ième Foire de Bourges qui se déroule du 23 juin au 1 er juillet,

L'affiche officielle change, et c'est en fait, le " Salon de la machine Agricole ", comme ce fut autrefois la " Foire aux Autos ". Un changement qui est peut-être du au maire André Cothenet, qui était très actif vis à vis du milieu paysan et agricole du Cher.

Une semaine avant l'ouverture de la Foire, se déroulent les élections législatives du 17 juin 1951. Raymond Boisdé est venu à Bourges pour terminer une carrière politique déjà bien fournie. C'est, pour reprendre le vocabulaire de l'époque, un " parachuté ", Il s'intéressait sans doute à la mairie. Il avait préparé sa venue en Berry, par une série de conférences, en particulier sur la fiscalité, il avait été parmi les membres fondateurs du "Comité directeur du centre national d'action et de liaison des classes moyennes".

C'est l'ambassadeur des Pays Bas qui inaugure la Foire, il s'appelle le baron Van Beotzelaer, en compagnie du maire et du Préfet du Cher

Et la Ville reprend des animations qui fonctionnent bien comme l'illumination de la Cathédrale pendant toute la durée de la Foire ou le III ième Salon de la Machine agricole.

Le prix d'entrée est de 50 francs, des " anciens francs ", et à 21 heures, le jour de l'inauguration, les Comédiens du centre régional d'Art Dramatiques présentent au théâtre municipal, du théâtre, avec " L'habit vert " de Musset, et " l'Ours " de Tchekhov.
Côté musique, le Jazz Berry Club, et le mardi 26 à la Salle des Fête est proposée le Messie de Haendel, par la Schola Saint Etienne, un oratorio en trois parties.

Le lundi, c'est l'arrivée de la course cycliste Paris - Bourges sur la rampe Saint-Paul, face au Parc des Expositions.

Mais comme souvent, la municipalité profite de la Foire pour placer des évènements, et ce juin, c'est l'inauguration de la rue Henri Laudier, en présence de sa veuve, Marceline. Ce fut un dur combat, le mythique fondateur de cette manifestation commerciale et industrielle, même si à ce moment il n'est plus en " odeur de sainteté " dans la capitale du Berry méritait une rue à son nom.

Dans cette édition, se situe une journée consacrée à l 'agriculture avec une conférence de M. Deribère sur " La lumière et les Radiations en Agriculture ", alors que dès la matinée sur la Champs de manœuvre de Séraucourt une démonstration d'extinction d'une cuve d'huile lourde et de paille pressée avec la société Minimax, la publicité ajoute qu'il y aura " une attaque d'une plaque parcourue par un courant de 5000 volts, avec de l'eau pulvérisée ".

C'est aussi le trentenaire des Cours Professionnels Municipaux le dimanche 1er juillet dès 9 heures au théâtre municipal, en présence du Directeur de l'Enseignement Technique.

Sur un plan culturel, une exposition à l'Hôtel Cujas présente les miniatures et enluminures de Bourges à l'époque du duc Jean de Berry.

1952 et la 27 ième Foire, du 21 au 29 juin la dernière sous le mairat de M. André Cothenet dont c'est la dernière année comme premier magistrat de la commune.

L'inauguration est faite par le préfet, M. Vivant, et par le baron Guillaume, ambassadeur des Pays-Bas, sans que l'on sache trop pourquoi !

Cette édition est placée sous le signe du centenaire de la Médaille militaire, d'où un Congrès des médaillers et un grand banquet.
Sur le podium seront placés des délégations symbolisant la guerre de 1870, mais aussi 1914 - 1915 et enfin 1939, le tout avec la fanfare du 13 ième RA avant un grand concert.

Sur le plan culturel, au théâtre, une conférence sur Montmartre, terre des artistes par Paul Yaki.
Pour les concerts, nombreux, c'est le 83 ième concert de l'Ecole de Musique avec un jeune prodige, Gérard Jarry, 15 ans un grand violoniste qui participe à l'œuvre de Charles Brown, " la Cantate d'Avaric ".

Et puis deux manifestations traditionnelle, le Congrès des Maires du Cher et la course Paris-Bourges.
Ajoutons l'escrime au jardin des Prés-Fichaux et le Grand prix bouliste placé sous la présidence d'André Cothenet.


Sur le plan commercial, c'est l'alimentation, mais aussi l'électro-ménager et deux produits phares : la machine à laver et le réfrigérateur. On remarquera l'évolution de la machine à écrire chez Dactyl Buro par rapport aux premières années de la Foire.

1953, élu maire de la Ville de Bourges le 26 avril, Louis Mallet inaugure cette 28 ième Foire quelques semaines après les municipales. Cette édition se déroule entre le 20 et le 28 juin , avec une inauguration par le préfet, Raymond Vivant.

C'est encore une Foire de transition avec comme les deux ou trois années précédentes, le Congrès des Maires du Cher, la course cycliste Paris-Bourges, et des Concertes et autres chorales comme celle appelée " Mixte Lugdunum " comprenant 85 participants.

Cette année, peu de surprise, sinon un match international de Ping-pong à la Halle au blé, avec la présence du champion de France de la discipline : Amouretti.

Dans la recherche de nouveauté, le camping et le caravaning entrent en scène, avec un premier rallye intergroupe du Centre.

Deux expositions de photos avec " Notre Berry " et les " Thiaulins de Lignières " et du théâtre par la troupe " Le Statontin " qui propose une pièce de Dominique Bosco, " La Dame de Beauté ".

1954 et la 29 ième édition de la Foire du 19 au 27 juin, et le Maire Louis Mallet qui cède la place dans l'éditorial du guide - foire à son secrétaire général, Robert Verglas.

L'inauguration est curieuse, car elle est faite par un personnage que Bourges commence à bien connaître, c'est Raymond Boisdé, Ministre Secrétaire d'Etat au Commerce et il est accompagné de M. Abderhaman Farès, qui est un homme très connu à cette époque, ancien Président de l'Assemblée Algérienne.

L'entrée de la Foire est toujours payante, 70 francs, et le livret est à 50 francs, alors que le banquet officiel se déroule à l'Hôtel Central.

Sur le plan sportif, c'est toujours le cyclisme et Paris - Bourges, et cette année, un parcours sportif des Sapeurs Pompiers.
Un second rallye camping et une seconde grande course cycliste, le Grand Prix cycliste de la Foire qui est une course de 100 Km derrière de grosses motos, c'était très en vogue dans les années 1950.

Une conférence sur le Tourisme au Pays- Bas, (au sans x) par M. Van Der Stap, avec la question qui se pose depuis 3 ans, pourquoi ce pays à l'honneur à Bourges ?
Robert Verglas écrit que " le visiteur peut aisément confronter les produits en présence, il a sous ses yeux un échantillonnage très vaste des produits les plus ré, tant de consommation que d'équipement… C'est un Centre d'affaires unique au cœur de notre pays.

La course d'Edgar Faure à la Foire en 1955

C'est la 30 ième édition de la Foire du 18 au 26 juin 1955, et le maire Louis Mallet a fait les choses en grand : il a invité le Président du Conseil, M. Edgar Faure, très populaire en France sous la IV ième République, c'est le " patron " du gouvernement, le régime n'étant pas encore présidentiel.

Les animations vont se multiplier, comme " La Reine d'un Jour ", , un rallye-Camping, un challenge d'escrime et une ascension d'un ballon libre, alors que sur le podium de la Foire, se dérouleront plusieurs concerts par la musique municipale d'Asnières.
Enfin, une grande Fantasia camarguaise avec une douzaine de chevaux ….

Edgar Faure Président du Conseil vient inaugurer la Foire de Bourges. C'est un personnage essentiel de la vie politique, c'est le grand homme du moment, et c'est vers 11 heures que son avion, un "SO Bretagne", se pose à Avord. Il est accueilli par le Préfet, Raymond Vivant, et le Président du Conseil Général, M. Jacquet, ils sont accompagnés du patron de la base, le commandant Bouyer. En voiture, ils rejoignent le chef-lieu du Cher et, devant la Cathédrale, le "tout-Bourges" attend le Président qui est reçu à l'Hôtel de Ville par le maire Louis Mallet qui prononce des paroles d'accueil :
" Pour la première fois de son histoire, la Ville de Bourges a la fierté de recevoir dans sa maison commune le chef du Gouvernement de la République".
Puis le maire évoque Avaricum, Charles VII et d'autres "anciens célèbres". Il termine par le classique cliché de :
"Bourges, une bonne ville du royaume demeurée une bonne ville de la République".
La réponse d'Edgar Faure est tout aussi classique, car après avoir dit qu'il "était heureux d'être ici", il poursuivit cette fois avec humour sur la personnalité de "Jacques Cœur qui était ministre des finances de Charles VII, je viens ici un peu en collègue".

Une journée de course dans Bourges, aussi, Edgar Faure traverse la Foire-Exposition très rapidement, mais il s'arrête quelques instants au stand " labourier ", chacun se demandant pourquoi, et la réponse arrivera assez vite, c'est le stand d'une usine qui est située sur le territoire d'une commune du Jura, à Port-Lesney, dont Edgar Faure est le Maire ! Et c'est M. Guillon de Vignoux-sur-Barangeon, qui représente cette entreprise et cette marque.

Les maires se sont déplacés en nombre, un sur deux pour le grand banquet de type IV ième République.
Plusieurs de personnes viennent aussi assister à l'envol de l'aéronaute Kayser et une demi-heure plus tard, il se posera à Plaimpied à bord d'un ballon libre, il volera à 600 mètres de haut, avec l'arrivée d'un orage.il était le gendre de Dolfuss.

Marcel Plaisant :
" Donnez nous une place dans votre programme d'investissements publics. Il dénonce cette ceinture industrielle qui étouffe la capitale pour installer des conversions et relais au centre de la France… ", des propos qui sont toujours d'actualité.

1956 et la 31 ième Foire du 23 juin au 1 er juillet


Elle ouvre ses portes à 10 h 15 avec le ministre Gérard Jacquet Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil, chargé de l'Information. Et la Foire est ainsi placée sous le signe de la télévision.
Il est accueilli par le maire Louis Mallet, son 1 er adjoint René Ménard et par le préfet ; M. Michel Virenque, on note la présence de M Deponge, commissaire général de la Foire.
Charles Durant et Marcel Plaisant sénateurs sont présents.

Et le ministre inaugure un pont : le nouveau pont en charpente de bois qui permet de doter le Parc Saint-Paul d'un grand espace au-delà de l'Auron déjà rempli d'énormes tracteurs, c'est le Plateau de la Machine Agricole.

Comme l'écrit Robert Verglas :
" Depuis plusieurs années, le problème très ardu de l'extension du Parc Saint-Paul se posait avec acuité. Enserré dans l'enceinte du XIII ième siècle, constitué aujourd'hui par le boulevard Lamarck, l'impasse Messire Jacques ert l'Auron, le parc ne pouvait être agrandi de façon substantielle qu'en franchissant cette rivière. Cette solution fut adoptée malgré les importants crédits qu'elle réclamait et les courts délais impartis pour sa résolution ".

Le ruban rouge et vert est coupé par les personnalités
Garde à vous, hymne national et c'est parti pour la visite des 400 stands.

Dans les discours, on notera l'ameublement, les réfrigérateurs et les machines à laver….
Et puis le ministre est venu en Berry pour inaugurer l'émetteur de Neuvy Deux Clocher, car la Foire est placée sous le signe de la Radio-Télévision, laquelle selon le ministre " doit être une révolution dans les campagnes, car la science accomplit des miracles ".

Faut-il rétablir la censure ? car les vraies nouvelles s'accompagne parfois de nouvelles déformées, grossies, dramatisées qui n'ont qu'un rapport très lointain avec la réalité.
Et d'évoquer l'information qui vient d'Algérie où ce sont les " évènements ", c'est à dire la Guerre !

Au palais Jacques Cœur, une exposition sur " les mécènes et amateurs d'art berrichon du Moyen Age et de la renaissance ", avec les conservateurs des Musées et de la Bibliothèque de Bourges, et l'aide du Musée du Louvre, de la bibliothèque Mazarine et d'autres encore.
Puis le 31 ième Salon du Mouciau

1957 : après la 31 ième, voici la 38 ième Foire

C'était la 38 ième ° édition de la Foire, juste un an après la 31 ième… cherchez l'erreur.

Le Secrétaire général de la Foire est alors M. Robert Verglas, il a remplacé Edmond Jongleux, c'est en fait l'organisateur de la Foire

Il répond à des questions, indiquant que la superficie est passée de 2,5 hectares au début à désormais 4 hectares et qu'il y a désormais 5 halls, la dernière extension est la Plateau de la Machine Agricole de 7000 M2

Depuis les années 1950, le nombre moyen d'exposants est de 360, avec des pointes à 400. Quant au nombre d'entrées, comme souvent, c'est une approximation avec une moyenne de 65 000 personnes, et comme dans toutes les Foires, le point culminant fut en 1947, avec 94000 entrées.

Sur le chiffre d'affaire, c'est encore plus difficile, on cite la réflexion d'un exposant, " en 9 jours de Foire de Bourges, et compte tenu des contacts qu'il y a après, je fais autant d'affaires que dans toute mon année ".

Pour M. Verglas, c'est une des plus cotées, d'autant que le cout des stands est un des plus faibles de France.

M. Mallet est maire de Bourges, et comme le rapporte la presse :
" il pleuvait, à 10 h 15, heure initialement prévue pour l'inauguration, on attendait quelques personnalités … retardées par la recherche d'un imperméable.
Tous étaient blottis dans les étroits abris des portiques de l'entrée, certains prévoyants ouvraient de grands parapluies…. ".
10 H 30, la DS 19 du préfet, M. Virenque stoppa et il fut accueilli par M. Mallet. On se salua et la Musique Municipale entonne " La Marseillaise ".tandis que le ciel de Bourges envoyait sa copieuse bénédiction.

Le Temps est un humoriste, ou bien il ignore le protocole.
Après plus d'une heure et demi de pluie, c'est le retour vers la retraite dans les halls.

Puis ce fut " Notre Berry ", puis les " Sonneurs Nérondais ", et le temps des discours au pied du podium…et enfin, " après tant d'eau, on versa un peu de vin que l'on but au succès de la foire… puis le traditionnel banquet, le temps de changer de costume.

Discours : le Cher va croître jusqu'en 1969 ".

La Foire peut, être l'occasion de grands discours des élus :
M Mallet :
" L'exceptionnelle richesse de nos minerais d'uranium place notre pays dans une position remarquable à l'approche de ce que l'on commence à appeler l'ère atomique industrielle… Dans l'immédiat, l'activité économique entraîne, contrairement à ce qui se passe chez la plupart de nos voisins, un plein emploi ".

Quant au Préfet, un discours plein de chiffres :
Le volume des opérations en chambre de compensation est plus élevé de 6%. On note 14% d'effectifs en plus dans les entreprises, une consommation d'électricité de + 14%, un progrès de 23% dans le textile… Le produit de la taxe locale a augmenté de 24% etc… que de chiffres.

 

1958 39 ième Foire se déroule du 21 au 29 juin, , elle constitue un événement marquant de notre vie régionale, l'usage s'est établi peut-on lire sous la plume de Robert Verglas " de venir consulter dans ce grand rassemblement industriel, commercial, artisanal et agricole les dernières réalisations de la technique et du progrès ".que

C'est pour beaucoup " notre grande semaine ", car le nombre de visiteurs est souvent proche de 80 000 qui sont pour une large part des Berrichons du Cher, même si certains viennent de départements limitrophes.
Il y a toujours environ 400 stands et 350 exposants.

Mais la situation du pays en cette fin juin 1958 est loin d'être calme, M. Verglas écrit en effet :

" A une heure aussi troublée, où nous avons le sentiment de vivre une époque cruciale de notre Histoire, la Foire de Bourges, synthèse des efforts de l'entreprise française en vue d'améliorer l'existence et les travaux des hommes, apporte comme un message d'espérance et un témoignage de foi en l'avenir.

Et nous ne savons pas quel jour ont été écrites ces lignes….

L'inauguration est faite avec le préfet Michel Virenque alors que le maire Louis Mallet termine son mandat. Il s'attardera sur l'Exposition Nationale du Travail
Le programme de cette Foire est assez classique, puisque l'on trouve tous les ingrédients des Foires d'avant … et d'après, avec toutefois quelques surprises.
Et parmi celles-ci, le sport avec un tournoi d'escrime, un grand prix bouliste, et un rallye du centre automobile, et même un gala de boxe. Mais le summum, c'est le Critérium des As, une des grandes courses cyclistes de ces années, il y a en effet à Bourges le lundi 23 juin, Anquetil, Darrigade, Hassenforder, Géminiani ou Cieleska présents, du beau monde, très populaires en 1958.

On note encore les feux de la Saint Jean, une chanteuse, peu connue, c'est Jeanine Vallée, et un crochet d'amateurs.
Le final comportait le grand bal et et une fête de Nuit Polynésienne.
Le prix d'entrée est de 100 francs, des anciens francs, et le livret est à 50 francs, c'est gratuit pour les moins de 5 ans.

 

Raymond Boisdé et " sa " Foire

1959 et c'est la 40 ième Foire-Exposition de Bourges qui se déroule du 21 au 28 juin, et c'est le début de l'aventure de Raymond Boisdé comme Maire de Bourges, aujourd'hui décrié, mais qui fut un grand maire de notre Ville,
Un an est passé depuis l'avènement de la V ième République en 1958 correspond avec l'arrivée aux affaires de la Ville de Bourges, du député Raymond Boisdé, mandat qu'il obtient en 1951, qui est élu maire de cette Ville qu'il ne découvre pas. Les élections se sont passées les 8 et 15 mars aussi, c'est trois mois plus tard qu'il inaugure la Foire de Bourges.
Boisdé fut secrétaire d'Etat à l'Agriculture dans le gouvernement Laniel de juillet 1953 à juin 1954. Il était né le 15 août 1899 et il meurt en 1981 à 81 ans.

C'est son adjoint René Ménard qui va en réalité s'occuper de la Foire qui fonctionne bien, on note environ 350 exposants chaque année sur 400 stands, ils viennent de plus de 30 départements, et dans certaines années, ce sont 80 000 visiteurs qui se pressent au Parc Saint-Paul.
Même si M. Boisdé est un grand connaisseur du monde du Commerce, il ne semble pas qu'il ait cherché à réorienter la Foire, il va utiliser une autre méthode, surtout au début, puisqu'il sera en fonction pendant 18 ans, c'est d'avoir pour une inauguration une forte personnalité, un peu comme Laudier dans les années 1930. Un ministre à Bourges pour la Foire, c'était un certain prestige et cela permettait de lier la Ville à des membres du gouvernement et d'exposer les problèmes et … obtenir des subventions.

Pour 1959 et sa première inauguration M. Boisdé a trouvé M Arrighi de Casanova qui était alors le Directeur du Commerce intérieur au ministère de l'Industrie et du Commerce.

Au cours de la semaine se déroule le Congrès des Maires du Cher et sans rapport, l'élection de la reine du Tour du Cher.

On trouvera cette année encore à la Halle au blé un grand gala de boxe et de la variété avec Violette Renoir une des reines du Lido de Paris.
Mais la grande vedette, c'est Pia Colombo c'est une grande dame de la chanson, elle fait la première partie de Brassens, travaille avec Gainsbourg et en 1959, elle obtient une première récompense, le coq d'Or de la chanson française pour son interprétation de la chanson " Les flonflons du bal ". Pia enregistre 2 nouveaux disques dont La valse à mille temps que lui a donnée Jacques Brel.
Elle fera deux fois de la scène, le vendredi 26 puis le dimanche en clôture de la Foire.
Pia Colombo
Les Feux de la Saint-Jean sont multiples, ils sont allumés sur plusieurs points de la Ville, comme à la Butte d'Archelet, à Asnières les Bourges, sur la Route d'Orléans, au Champ de Foire de Séraucourt et à Pignoux. Il faut savoir que Gibjoncs, Chancellerie et Val d'Auron sont encore des quartiers vides...
Ces feux sont animés en mouvement tournant par la Société " Notre Berry ", la Société Municipale de Bourges, la Fanfare des sapeurs-Pompiers, les Scouts routiers et les Guides de France.
On remarque que la Foire utilise beaucoup le " terreau " local et le milieu associatif, sans faire appel comme cela se fera par la suite à des sociétés spécialisées, à la fois très professionnelles et très couteux, mais en laissant de côté le tissu local.

Avec le début des années, c'est un vrai tournant dans la Foire de Bourges pour les 20 ans à venir. Les raisons sont complexes, et on peut les analyser ainsi :

- La guerre semble désormais loin, et c'est un besoin de consommer, d'autant que l'industrie et le commerce proposent des matériels dont la ménagère rêvait depuis des lustres, c'est la machine à laver le linge, le réfrigérateur, l'aspirateur et peu à peu le poste de télévision. La maison individuelle ou l'automobile arriveront plus lentement et à des prix élevés.

- Mais pour acheter ces biens, il faut de l'argent et donc du travail. C'est dans ce domaine que Bourges s'affirme, c'est le début des 30 glorieuses, ces années où il n'y a pas de chômage, ou le pouvoir d'achat s'accroît chaque année, et les grandes entreprises se développent. Ce sont les Établissements militaires, appelés ainsi pour désigner selon les périodes, EFAB, ETBS, ESAM ... Etc mais aussi l'industrie aéronautique avec la construction d'avions comme le Noratlas, le Transall et bientôt les engins spéciaux appelés missiles, et puis Michelin s'implante à Saint-Doulchard. Des "usines" très techniques et qui proposent des salaires élevés. Le personnel peut aller à la Foire, il a un bon pouvoir d'achat.

- la structure commerciale est basée sur le petit commerce de centre-ville avec quelques grands magasins, Aubrun, les Nouvelles Galeries ou les Dames de France, il n'y a pas de grande surface et le premier hypermarché n'arrive qu'en 1969. Aussi, la Foire est elle un lieu magique ou l'on vient voir, comparer et faire des affaires.

Le comité des Foires vogue sur une vague commerciale au plus haut et avec l'aide du maire, fait venir des ministres inaugurer la Foire et montrer que Bourges devient une grande ville.
Outre les ministres, le Comité des Foires propos quelques expositions, fort modestes, mais il table sur des chanteurs d'envergure nationales, parfois débutants, parfois confirmés. le succès est ainsi assuré et va durer ainsi une vingtaine d'années.

On remarquera que Jacques Coeur et son Palais seront toujours très présents dans les logos et communications de la Foire, c'est le personnage phare de la Ville, et il fut un grand commerçant !


LE TEMPS DES MINISTRES ET DES CHANTEURS

1960 - 1980

 

La France est désormais en V ième République, avec le général De Gaulle au pouvoir, son premier ministre est Michel Debré, et c'est une ère nouvelle qui commence, tout comme à Bourges avec un nouveau maire, Raymond Boisdé, élu en 1959, il est " centriste " et fera 3 mandats.
C'est un ingénieur, spécialiste du commerce, il a été ministre sous la IV ième République, et la Foire comme ce milieu des commerçants et du monde industriel, il les connaît bien.

Comme il est un député influent, depuis presque une dizaine d'années, il va faire venir à " sa Foire " de nombreuses personnalités, et en particulier des ministres, lors des inaugurations.

Le temps des ministres

La décennie commence en 1960, et c'est la 41 ième édition de la Foire du 18 au 26 juin.
Le livret pour quelques années est basé sur des monuments de Bourges, ce qui permet de voir aussi dans quel mauvais état ils sont…

Le comité exécutif de la Foire a été constitué, c'est un adjoint Pierre Rouzé qui en est le président, et à ses côté, ils sont nombreux, René Ménard et Clémençon, mais aussi Robert Verglas, et Duchereux, enfin Henri Hervet et M. Legrand.

Il est intéressant de relire l'éditorial qui est signé de Robert Verglas :
" Les Foires Expositions, où qu'elles se déroulent subissent toujours le reproche, reconnaissons-le franchement de présenter toujours " du déjà vu " et de ne pas se renouveler dans des animations attrayantes et de nombreuses présentations ".
La question est souvent posée aux organisateurs de résoudre ce problème.

Mais comment y parvenir alors que le grand mérite des Foires est précisément d'offrir à leurs visiteurs une gamme de matériels, de produits et d'objets qui, d'une année sur l'autre gardent la plupart du temps leur forme … et leur couleur traditionnelle ?

Et recommence, comme autrefois le temps des inaugurations par un ministre, il s'agit de Joseph Fontanet, un des barons de la politique de l'époque, il est secrétaire d'Etat au Commerce Intérieur.
Le programme est traditionnel mais copieux :
C'est une exposition canine, ça fonctionne toujours et cela attire une autre population que celle qui vient simplement voir des stands commerciaux.
Pour le sport, toujours très présent, c'est un grand prix bouliste, un challenge d'escrime et le Chalenge départemental de la Sécurité routière.

Salle des Fêtes c'est le Salon des Techniques nouvelles.
Pour le Comité des Foires, il s'agit de lutter contre cette image de la Foire qui est perçue comme " mais c'est du déjà vu ! " et c'est souvent le cas. Alors, il faut innover.
Marc d'Eaubonne se chargera de cette action, et il faut rappeler que Raymond Boisdé était un ingénieur de formation.

Au Palais Jacques Cœur, c'est une exposition de haut niveau : " Du cubisme au néo-réalisme " organisé par le Comité de la Gravure française.

Comme l'année précédente, le Congrès des maires du Cher se déroule dans le cadre de la Foire, de quoi faire venir plusieurs centaines de maires dans la ville Préfecture du Cher.
Un concours de fanfares avec un défilé dans les rues de la Ville, et la partie chanteurs et chansons, c'est Béatrice Arnac de l'Ecole des Vedettes qui est sur le podium. Tombée aujourd'hui dans l'oubli, elle sera deux ans après son passage à Bourges l'interprète de la chanson du film de Pierre Etaix "Le Soupirant" dont la voix et le physique subjugue le héros.

Aujourd'hui, et depuis plus de 30 ans, la Foire est inaugurée par le Maire, il est parfois accompagné du Préfet, et le responsable du Comité de la Foire... et c'est la recherche de personalités marquantes du monde politique en ce début de V ième République.

En effet, la venue d'un ministre était une marque de la puissance des autorités locales réussissant à faire venir de Paris un membre du gouvernement, et pouvoir lui montrer qu'il se passait des " choses " en province.
A cette époque, et ce sera une constante pendant ce siècle de la Foire de Bourges où les maires importants seront députés ou sénateur, jusqu'à ces dernières années avec la fin du double mandat. Ainsi, Laudier et Lepeltier seront sénateurs-maires, Boisdé et Rimbault députés-maire.

On a vu Edgar Faure, alors chef du gouvernement et donc de l'exécutif .... et cette année 1960, c'est Joseph Fontanet, un centriste, qui aura une fin tragique et inexpliquée, et bientôt Valéry Giscard d'Estaing.

1961 : Giscard a la barre de la Foire

Une Foire qui restera dans la mémoire collective, c'est celle de 1961, la 42 ième édition du 24 juin au 2 juillet.
Elle paraît assez classique, avec une exposition d'Estampe contemporaine, avec des œuvres de Picasso, Braque ou Fernand Léger, et l'éternel salon du Mouciau, c'est de la peinture, et c'est le 36 ième du genre., enfin les travaux des élèves de M. Henri Malvaux, à l'Ecole des Beaux Arts.
Et en cette année 1961, un jeune homme vient, à la demande du maire Raymond Boisdé inaugurer la foire de Bourges. Il est grand, le front un peu dégarni, et totalement inconnu. C'est le secrétaire d'Etat aux Finances : il s'agit du dénommé Valéry Giscard d'Estaing.

Il parcourt les stands, très à l'aise.
Et le discours du maire Boisdé est particulièrement clairvoyant.

Raymond Boisdé, Valéry Giscard d'Estaing et le Préfet

Le 10 juin 1961, comme chaque année, les responsables de la foire exposition de Bourges recherchent une personnalité afin de venir couper le ruban symbolique. Cette année, Raymond Boisdé fait appel à un jeune secrétaire d'état aux finances, peu connu du grand public.
Lors de l'inauguration, Boisdé se doit de présenter ce jeune ministre inconnu des Berruyers, il emploie alors des mots prémonitoires :
"Valéry Giscard d'Estaing est un homme d'une grande compétence, malgré sa jeunesse, un très grand talent, qui fera une éblouissante carrière au sommet de notre pays, telle qu'il l'a déjà commencée et qu'il est très loin d'avoir terminé..... Je me félicite que ce soit un homme de cette taille, car il est très grand, qui vienne inaugurer notre foire".
Et pour davantage situer le jeune homme, il ajoutera un côté local : "il n'est pas très éloigné, il est du Puy de Dôme".
L'invité est arrivé avec trois quarts d'heure de retard, à cause d'un problème technique sur son avion de liaison. La chaleur à Bourges était tropicale, les personnalités lorgnaient pour tromper leur impatience, la charmante baigneuse de pierre dont les flancs généreux connaissaient le bonheur d'être à cette époque inondés d'eau fraîche..
Le cortège n'arrivera qu'à 11 H 45, le jeune secrétaire d'Etat prendra la parole, et dans un style qui est bien connu aujourd'hui, mais qui était alors très nouveau, il dressera une vue de la situation économique, que tous les Berruyers n'ont sans doute pas compris.

Giscard va parler économie, comme on lui a appris dans les cabinets ministériels :
".... Le problème est dans la recherche de la stabilité et les réformes. La valeur du franc comparée à celle du dollar, depuis plus de 2 ans, cette valeur n'a pas varié de plus de 2%."
Puis, il s'attache à démontrer ce que doit être la future réforme relative à la taxe sur le chiffre d'affaires, avant de conclure sur des phrases générales, comme le passage de l'industrie française du XIXe au XXe siècle, et il conclut ainsi :
"La France doit se pencher sur les perspectives d'avenir, si nous voulons être un exemple de vie et de civilisation".
Nul ne sait si il y a eu incompréhension entre Giscard et les paysans berrichons, et si même il y a une quelconque relation, mais quelques jours plus tard, le 3 juillet 1961, une manifestation de 300 paysans paralyse totalement la ville de Bourges.
Le Centre-Ville est totalement occupé par les tracteurs en un important carrousel, et à la périphérie, ce sont des barrages tournants qui bloquent la circulation.
Le Président de la F.D.S.E.A., le syndicat des agriculteurs, est M. Lelarge, il dira en direction de ses troupes : "Les agriculteurs sont fermement décidés à défendre leur dignité. Ils n'entendent pas être méprisés, bafoués, ridiculisés.... Les jeunes surtout n'acceptent plus désormais qu'ayant choisi la profession de leurs parents, ils soient mis dans l'impossibilité de l'exercer". Un discours qui restera d'actualité pour une trentaine d'années encore !

Et vint … Johnny !

Dans le cadre des animations de cette Foire, le sport est encore présent, c'est un challenge d'escrime, mais aussi du judo et rallye es 1000 bornes par les scouts. Ajoutons l'élection de la Reine du Cher, la présence sur le podium d'Annie Cordy et la grande vedette de cette époque, bien avant la 7 ième Compagnie, c'est l'humoriste Robert Lamoureux dont la chasse au canard était dans toutes les mémoires.

Et pourtant, c'est un phénomène qui arrive sur le podium de la Foire dans l'après midi, car en cette année 1961 c'est un " festival" de surprises puisque quelques jours après le passage du futur Président de la République un jeune garçon se produit sur le podium pour chanter, il est totalement inconnu de la population berruyère, et pourtant ils sont 1500 teenagers à venir l'écouter et lui faire une ovation : c'est Johnny Hallyday qui commence sa carrière, à la grande surprise des élus et adultes de la cité…
Il est 15 h 30 et c'est avec 2 heures de retard que la future idole des jeunes arrive sur le podium, il est présenté comme " celui qui électrise les foules ", et c'est effectivement un grand moment.

1962 et la 43 ième édition du 23 juin au 1 er juillet, et c'est encore un grand cru, comme on n'en voit pas souvent. C'est d'abord l'inauguration de la Foire par M. Chaban Delmas qui est alors Président de l'Assemblée Nationale, il est Maire de Bordeaux et très populaire dans le pays, car ce fut un jeune et grand Résistant ;

Il est accompagné par le Consul général de Grande Bretagne en France M. Harold Braham et ils vont, en compagnie du maire, M. Boisdé, visiter le 37 ième Salon de peinture berruyer, puis c'est un passage dans les locaux de l'Ecole des Beaux Arts, situés place Cujas et ils visiteront enfin une exposition des Maîtres-Potiers du Haut-Berry, laquelle se déroule au Musée du Berry, avec ces grands artistes que sont les céramistes de La Borne.

Un repas pour les personnalités est donné salle du duc Jean.

Des concerts et du théâtre dans le jardin des Prés-Fichaux, avec la Comédie de Bourges qui joue Don Juan.

Et puis le samedi 30 juin, alors que M. Chaban-Delmas est parti, c'est l'arrivée cette fois d'un ministre, M. Louis Jacquinot qui est ministre d'Etat du général de Gaulle.

Le soir une visite de stands, et le ministre remettra aux Ets Labbé, le diplôme du " bon goût français ". dans le cadre des prix des MOF, les Meilleurs ouvriers de France.

Sur le plan culturel, une conférence est organisée dans le cadre de la Foire avec Louis Merlin qui est simplement le fondateur de la radio Europe N° 1et Directeur général de cette radio. Le titre de la conférence est intéressante " J'en ai vu des choses, de Bourges à l'Europe ", avec le Comité, la Ville, mais aussi le Rotary-club et le Lions-club, ainsi que les Société Savantes locales.

Le Congrès des Maires du Cher se tient le dimanche et un challenge d'escrime poursuit la partie sports de la Foire.
Côté animations, c'est un concert avec Dalibert
Il y a aussi un gros programme culturel avec Renée Gilbert mais aussi Annie Flore très populaire à cette époque, elle est " une vedette du disque et de la radio ", on ne parle pas encore de télévision même si il s'en vend à la Foire.

La Foire se termine sur le podium avec la chanteuse Paola.

Tour cela pour montrer la variété de ce qui se passe à la Foire, en plus de l'aspect commercial. Certains diraient un grand " fourre tout ".

44 ième Foire, du 22 au 30 juin 1963, avec un discours de M. Boisdé, qui évoque dans le livret " la Foire de Bourges c'est la fête des commerçants et des clients réunis "., et puis c'est l'occasion de se divertir avec bon goût et bon aloi.
Cette année encore c'est la venue d'un ministre, M Jacques Maziol qui est le Ministre de la Construction.

Cette année en particulier, le maire insiste sur les efforts réalisés par le Comité des Foires pour multiplier les " plateaux " comme l'on dit, ajoute-t-il, peu utilisateur de ce vocabulaire, et il ajoute, ce sont les scènes et les animations.

Et la plaquette insiste pour l'attractivité du Parc Saint-Paul, avec ses stands et ses allées, mais aussi pour aller voir les nouveaux équipements résidentiels, sportifs et culturels de la vielle cité.
Et le dernier slogan, c'est un " Autour de la Foire, Bourges ville ouverte vous ouvre ses bras ". C'est beau comme du … Verlaine !

Alors dès son arrivée le samedi 22 juin, il est happé par le maire pour une réunion de travail, puis une visite de la Ville.
C'est Radio Luxembourg qui assure la promotion radio de la Ville avec " La Vedette Inconnue ", alors que la Comédie de Bourges va à Saint Doulchard jouer " Vénus et les poissons ".
C'est donc une Foire " radio " avec la présence de Zappy Max, le Michel Drucker de ces années, avec une émission " Magnéto Stop " qui est offerte par " Gringoire ". C'est aussi " ça va bouillir " et la célèbre " bise à Zappy " et puis le " Quitte ou double " le jeu le plus célèbre de ces années.

Des démonstrations d'escrime, avec le BAC, et de la musique avec des fanfares, le Mouciau et plus surprenant une conférence de M. Viaut qui est Directeur de la météorologie Nationale sur " l'utilité et l'usage de la météorologie ", un sujet très porteur à Bourges depuis l'époque de l'abbé Moreux.

Le Comité exécutif comprend toujours des piliers de la Foire, avec MMs Rouzé, Ménard, Verglas et Duchereux, ainsi que M Legrand commerçant du centre-ville.

C'est la 45 ième Foire qui est inaugurée le 20 juin 1964, par un ministre, celui des Travaux publics qui arrive en avion et après une réception par le Maire, c'est Marc Jacquet, ministre des Transports publics, il est accueilli à l'Aéroport.

Le Parc Saint-Paul a été agrandi avec une grande parcelle qui s'en va jusqu'au bord du canal de Berry.

Et cette année 1964 est importante pour la Ville puisque c'est l'ouverture de la Maison de la Culture à deux pas de la Foire. Une légitime fierté du maire.

Pour Boisdé, " ce n'est peut être pas outrecuidant, ni orgueilleux à l'excès que de célébrer le caractère insigne de notre 45 ième Foire-Exposition du Parc Saint-Paul, et de situer celle-ci au cœur du Florilège et Festivités ou Festivals de notre Ville, industrieuse, laborieuse, redevenue si vivante à l'orée du XXI ième siècle ".
Du guignol pour les enfants et Richard III pour les plus grands, plus les " Joyeuses commères de Windsor de Shakespeare, ainsi que le " Roi Jean ".
Charles Brown et Guignol sont aussi de la partie.
Les variétés sont présentes et ce sont les célèbres Frères Jacques qui sont sur scène le dernier jour de la Foire, et c'est le dimanche 28 juin à 21 heures, à la toute nouvelle Maison de la Culture.

Au mois de juin 1965, du 19 au 27 juin, pour la 46 ième édition, les ministres se précipitent à Bourges. C'est d'abord Maurice Herzog, Secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, il a en charge les sports, il vient inaugurer la Foire-Exposition, au Parc Saint-Paul.

Il discute avec Boisdé une quarantaine de minutes, et à midi, il découvre la maquette de la future piscine de Bourges. Sur une phrase qui se voulait historique : "Bourges mérite son titre de Capitale régionale", mais il a peu de temps à consacrer à Bourges et il reviendra, affirme-t-il. Le vainqueur de l'Annapurna se met aux commandes d'un avion Morane de type Rallye et s'envole pour Aubigny afin ...... d'inaugurer une piscine !

Ce même jour, Bourges reçoit son second ministre, c'est Alain Peyrefitte qui vient inaugurer le premier journal télévisé du Centre.
Il passe par Neuvy-les-deux-Clochers afin de visiter les installations techniques des émetteurs. Il arrive dans Bourges à 16 h 25 et prend contact avec M. Pelloquin, le directeur et rédacteur en chef du nouveau Journal Télévisé qui s'adresse à 2 millions d'habitants.
C'est le 18 ième créé en France, et il se fera en liaison avec la presse régionale. Monsieur François Archambaut, pour la Nouvelle République, sera présent.
Pour les animations, c'est un chansonnier, Jean Lacroix, qui est sur le podium de la Foire.
Les chanteurs font la foire

Dans ces temps où la télévision était un luxe, et avec une seule chaîne en noir et blanc, la chanson était très populaire, et faire venir "une vedette" valorisait toute manifestation commerciale. Le Printemps de Bourges n'arrive qu'en 1977. C'est ainsi que l'on verra sur un podium de la Foire, Annie Cordy à deux occasions, Dave, Serge Lama, les Compagnons de la Chanson, les Frères Jacques ... et quelques autres.

1966, du 18 au 26 juin, 47 ième édition de la Foire
Et encore un ministre, c'est André Bettencourt qui est secrétaire d'Etat aux Transports qui vient inaugurer la Foire. Il est nommé ministre sans interruption de 1966 à 1973, étant en particulier simultanément ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire.
André Bettencourt

Et le mot de l'époque, qui vient d'arriver en Berry, c'est " le Marketing ". Un vocabulaire qui arrive lentement dans notre Berry traditionnel, mais il faut rappeler que Raymond Boisdé était aussi professeur d'OST, Organisation Scientifique du travail et auteur de plusieurs ouvrages.

Il écrit et dit alors :
" Faire du Marketing, cela ne veut-il pas dire, tout simplement, en bon langage français : s'ingénier à découvrir ce qui convient le mieux à telle ou telle clientèle, l'informer, l'inviter à juger et à comparer, lui rendre accessible, dans les meilleures conditions de prix, ce qui doit le mieux satisfaire ses besoins et ses goûts. Car c'est ainsi, nous le savons depuis toujours, que l'on développe un marché … et que l'on réussit une Foire ! "

Le déjeuner se passe à La Grande Pelouse, face au terrain d'aviation de Bourges.

L'arrivée d'une course cycliste Paris - Saint-Pourçain, qui remplace le Paris - Bourges, et la vedette de variétés est Patrick Raynal, qui est un grand humoriste des années 1960, et il vient de Vierzon ! Ses sketches sur le Berry font la joie des visiteurs ce dimanche 26 juin, jour de fermeture.

On note un jeu-rallye de Jean Donguès, de l'escrime et un défilé de gymnastes, alors que la Foire-Exposition est inaugurée le même jour que les Foires Jacques Cœur de la place Séraucourt.

1967 la Foire est la 48 ième et se déroule du 24 juin au 2 juillet, et cela fait plusieurs années que le livret guide officiel a la même couverture, avec le vert et le rouge qui sont les couleurs de Charles VII et de la Ville de Bourges.
Et le Ministre qui vient l'inaugurer est Louis Joxe qui est Ministre de la Justice. C'est un baron du gaullisme, signataire des accords d'Evian qui mirent fin à la guerre d'Algérie..

La continuité et l'évolution, tels sont les deux mots qui vont caractériser cette Foire, alors que le maire évoque le Marché Commun et l'Europe avec la venue d'une délégation de la ville jumelle d'Augnsbourg.

A la lecture du programme, le Comité de la Foire a fait l'impasse sur un grand chanteur, il y a comme toujours une exposition de peinture, du sport avec cette fois, du judo, mais les seules innovations concernent un petit train qui parcourt la Ville, c'est le " Far-West " alors qu'une exposition de l'armée attire quelques spécialistes dans une cité très militaire par les fabrications d'armes.

Les Foires de 1968 vers la 50 ième

La Foire de 1968 est organisée de justesse, il n'y a pas de Livret-Guide comme à l'habitude. Et ce fut mon premier contact avec cette manifestation, jeune ingénieur des Arts et Métiers je commence ma carrière à Nord Aviation le 1er juillet et quelques jours auparavant, je rencontre M Ramond qui était depuis des lustres le traiteur de la Foire il louait des chambres à des jeunes travailleurs.

Elle a eu chaud cette 49 ième Foire de Bourges qui ouvre ses portes le samedi 22 juin 1968, alors que la France commence à sortir de la " petite révolution ". Pas de livret-guide cette année, mais la Foire existe, elle a été commencée sous les auspices les plus défavorables écrit un journaliste, elle était prévue fin juin, et les préparatifs montent en puissance dans les deux derniers mois, au moment du marasme et de la grève générale qui arrête l'activité d'une partie du pays et de Bourges.
L'inauguration se fait avec le sénateur du Cher Eugène Jamain. Car ce sont les élections législatives qui envoient Raymond Boisdé le maire à nouveau à la Chambre des députés.

Et la presse de titrer que l'armée est présente à la Foire … mais aucune relation avec les évènements de mai juin 1968, ce ne sont pas des soldats qui viennent assurer l'ordre dans les allées de la Foire, mais des stands , avec la Marine, la Légion et des hussards, et aussi l'ESAM, … ainsi que ceux qui avaient été conspués dans les rues du quartier latin de Paris : les CRS, Compagnie Républicaines de Sécurité qui ont leur stand. Recrutent-ils ? Se demandent de jeunes visiteurs.

Elle a été commencée sous les auspices les plus défavorables écrit un journaliste, et alors qu'elle était prévue fin juin, et que les préparatifs montent en puissance dans les deux derniers mois, c'était le marasme et la grève générale et l'arrêt d'une partie du pays et de Bourges.

L'inauguration se fait avec le sénateur du Cher Eugène Jamain.

Car ce sont les élections législatives qui envoient Raymond Boisdé le maire à nouveau à la Chambre des députés.
Papon à Saint-Amand et de Boinvilliers à Vierzon et Sancerre.

Et la presse de titrer que l'armée est présente à la Foire … mais aucune relation avec les évènements de Mai juin 1968, ce ne sont pas des soldats qui viennent assurer l'odre dans les allées de la Foire, mais des stands , avec la Marine, la Légion et des hussards, mais aussi l'ESAM, … avec ceux qui avaient été conspués dans les rues du quartier latin de Paris : les CRS, Compagnie Républicaines de Sécurité ont leur stand, et ils recrutent se demanbdent de jeunes visiteurs ? .

La Foire sera animée par un groupe de danseurs des Maisons de Jeunes de Bourges qui vont délaisser les cortèges de revendication pour la danse d'Argentine qu'ils vont proposer aux visiteurs le samedi et le dimanche de la clôture.

C'est bien le temps des élections puisque le dimanche 30 juin se déroule l'élection de la Reine du Cher à partir de 17 heures, laquelle devra concourir ensuite pour le titre de Reine du Centre au Blanc le 15 août suivant.
La liste des personnalités permet de se remettre en mémoire, ou de découvrir les gens importants de la Ville de Bourges en 1968, juste après les évènements… C'est assez impressionnant !

Et contrairement à ce qui aurait pu se passer, le millésime juin 1968 a été bon, excellent même, autant par le nombre de visiteurs que par les acheteurs, qui ont, après une grande peur, ont retrouvé avec la Foire un besoin d'acheter, ce qui ne s'était pas fait les semaines précédentes.

Le 50 ième anniversaire de la Foire : 1969

Pour la 50 ième édition, curieusement, pas de ministre, alors qu'il s'agit d'un anniversaire qui, habituellement se fête. Nous étions au début de juin 1969, et De Gaulle, battu au référendum du 27 avril quitte le pouvoir, la situation du pays n'est sans doute pas très stable.
L'élection présidentielle française de 1969 se déroule au suffrage universel direct. Le premier tour est le 1?? juin et le second le 15 du même mois, c'est à dire le jour de fermeture de la Foire.

Lorsque ce 7 juin 1969, le maire Raymond Boisdé inaugure la Foire, il écrit dans le fascicule de cette année souvenir, que " sa création en fait l'une des plus anciennes de France ", et qui la place " sous le triple signe de l'expérience, de la vigueur et du dynamisme ".

C'est un an après les évènements de Mai-juin 1968 que la Ville de Bourges à peine remise de la " Révolution " fête la cinquantième édition de la Foire-Exposition, avec Raymond Boisdé plus en forme et plus populaire que jamais.
Côté Foire, c'est l'exposition traditionnelle du Mouciau à la Maison des Produits du Berry (Château d'eau de Séraucourt ?) et l'exposition Charles-Meryon aux Archives départementales qui sont alors rue Fernault.

La Foire est alors sur une surface de 4 hectares, à proximité immédiate du cœur de la vieille cité berruyère. Cette année, ce sont plus de 320 stands d'exposants qui sont venus de 40 départements.

C'est aussi le temps des inaugurations car outre la Foire, on inaugure à tour de bras.
C'est dès le premier jour la Maison du Tourisme qui est inaugurée ainsi que les bureaux de l'Automobile -Club du Centre.
Puis l'après midi, c'est au tour de l'Auberge de Jeunesse de recevoir le cortège officiel rue Henri Sellier.
Une heure plus tard, nouvelle inauguration : le Palais des Sports du Prado et enfin le Centre nautique des Prés-Fichaux avec sa piscine couverte et son bassin olympique de 50 mètres.

Une journée de fête avec en clôture des danses italiennes et tchécoslovaques par le groupe folklorique de la Maison des Jeunes de La Chancellerie et enfin une fête nautique de nuit au Centre nautique qui se termina vers 23 heures par un feu d'artifice.

Une page entière de photos dans le Berry Républicain résume l'ensemble des festivités de cette édition.

Les Foires de ces périodes, c'est la Palais du meuble, de l'Equipement ménager, mais aussi du salon de Camping et comme toujours depuis la création, du salon traditionnel du Machinisme agricole.

Pour cet anniversaire, avec l'aide de l'ORTF, un jeu concours permet au vainqueur un voyage au Japon pour l'Exposition Universelle d'Osaka en juillet 1970 !

C'est aussi une volonté des organisateurs de jouer sur l'International, avec des stands de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de l'Allemagne fédérale et de la Grande Bretagne, avec deux villes mises à l'honneur, Peterborough et Augsbourg.

Telle est la Foire " plus belle et plus vivante que jamais ".
Le 15 juin, ce sont des portes ouvertes dans tout Bourges…

 

Dans les années suivantes, en 1972, 73 et 74, il n'y a plus de livret de la Foire, sans que l'on ne sache trop le pourquoi ? Economie ou manque d'idées ?

1970, la 51 ième édition de la Foire et toujours la même affiche en vert et rouge.
La Foire semble se crisper sur elle-même, et c'est Raymond Boisdé seul qui l'inaugure.

Le prix d'entrée est de 2 francs…
On notera à la Maison de la Culture, " le Roi Lear " de Shakespeare par le Théâtre des Amandiers de Nanterre.
Dans le même esprit, les variétés avec Aziof Manoff et un groupe appelé " les Francs Garçons ".

Puis le dimanche 14, un grand défilé dans la Rue Moyenne d'un groupe de musique d'Augsbourg, avec les Majorettes de Bourges,

Tous les jours on peut visiter le stand France - Pologne ainsi qu'une exposition de l'Armée avec l'ensemble des administrations, ce qui est assez peu courant dans les Foires.
Un concours de photographies des monuments et châteaux de la Région.

 

La musique d'Augsbourg est venue comme souvent à la Foire, avec ou non la Fête de la bière.

1971 c'est la 52 ième édition de la Foire
C'est une drôle de Foire car il n'y a plus de livret-guide, et c'est pourtant le retour des ministres avec M. Jean Taittinger secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances depuis janvier 1971.
M. Taittinger inaugure la Foire, avec le maire Raymond Boisdé, il est accompagné de M Boinvilliers et du Préfet, M. Rudler.

La Foire organise un rallye automobile du centre prévu le jour de l'inauguration, avec le Premier salon de la Voiture neuve et d'Occasion. C'est une constante à Bourges comme ailleurs de voir dans une Foire locale, un vrai Salon de l'Auto.

 

C'est un concours du Flock Book Berrichon du Cher, c'est le retour des moutons à la Foire.

La Fête de la bière, avec la ville jumelée d'Augsbourg et un orchestre bavarois, c'est le point fort de cette Foire.

Du théâtre et une pièce, " le temps des cerises " avec Alain Meilland, un spectacle du Cabaret de la Maison de la Culture.

Côté chansons, il y a bien Manuel Ibéria et Stéphane Régiani, à ce pas confondre avec Serge ! Et aussi Dany Danièle, pas de grosses pointures dans cette édition.

Le lundi, le traditionnel Paris - Bourges cycliste.

Et comme il n'y a pas de livret, c'est le Berry Républicain qui apporte l'information avec des pages entières, comme un numéro spécial concernant les exposants, les renseignements utiles, et l'éditorial du maire qui est reproduit ci-dessous.

1972 et c'est la 53 ième Foire de Bourges
L'inauguration se déroule avec le sénateur Charles Durand, qui est Président du Conseil Général, accompagné du maire, comme si il s'agissait d'un ministre de première importance. Ils sont avec René Ménard, la cheville ouvrière de la Foire.
Dans le programme, on annonce " une semaine de liesse ", alors que des travaux ont été réalisés pour cette amélioration continue du Parc Saint-Paul. Il s'agit de l'entrée qui a été … repeinte et rénovée.
Raymond Boisdé parle de la modernisation de l'agriculture, " de son insertion dans la vie économique, qui doit toujours être le souci des responsables de la prospérité de la Nation ".

Quelques discours, une Marseillaise, et avec le commissaire général de la Foire plus le Préfet Rudler, c'est la visite traditionnelle et longue des stands, il n'y a pas de ministre pressé par le temps, les autorités sont locale et on peut entendre ces propose du maire :
" Le commerce a été trop souvent négligé et méconnu, d'où l'intérêt de manifestations comme la Foire ", et de terminer par deux vers de Victor Hugo :
" Car le Ciel Noir redeviendra bleu
Attend les promesses de Dieu ".

Sur le plan culturel, on note le vernissage d'une exposition qui s'appelle " le Salon Berruyer " à la Maison de la Culture, présidé par André Jouault, c'est le 41 ième Salon de ce type, et des danses folkloriques par le groupe " Notre Berry ".
Sur le podium, apparaîtra aussi l'orchestre d'Achille Pellegrini, de France Inter.

La vraie vedette de la Foire s'appelle Marcel Amont, c'est le chanteur à la mode, avec son " Mexicain basané…. " et sera sur le podium le dernier dimanche de la Foire, la grande foule sera présente, elle l'adore, il est très populaire.

Outre ce chanteur, la " MJ Séraucourt ", Maison des Jeunes de Séraucourt, propose un poème en musique, c'est Arpèges…

Côté sports, c'est l'arrivée le premier jour de la Foire du Paris - Bourges cyclisme, qui a toujours la faveur du public

 

Et puis sur plusieurs jours, un concours des fumeurs de pipes, une organisation de la Régie des Tabacs.

Une Foire classique, sans éclat ou innovation, très moyenne, avec les ingrédients qui font toutefois venir le public.

 

1973 c'est la 54 ième Foire toujours sans le livret habituel.

Et les titres des journaux sont sans ambigüité, ils ne parlent pas trop de l'aspect commercial, mais de la venue de Jacques Martin. La grande vedette de la télévision, au somment ou presque de sa gloire.

On retrouve aussi la grande course cycliste classique, le Paris - Bourges qui arrive au milieu de l'après-midi en haut de la rampe Saint-Paul.

L'inauguration est faite avec un ministre, celui de l'Information, pour quelques mois, mais très puissant dans la Vième République de cette période, c'est Philippe Malaud. Il sera ensuite ministre de la Fonction publique dans le gouvernement de Pierre Mesmer.
On notera dans le discours du ministre une formule qui résume bien notre province, il vient d'ailleurs de la région de Mâcon :
" Bourges donne, dans tous les éléments de sa vie, une leçon d'équilibre, de bon sens et d'espoir ".
M Philippe Malaud

Le succès populaire de la Foire est indéniable, ce sont 15 000 visiteurs dans les deux premiers jours de la Foire, et cela se poursuit le reste de la semaine avec 20 000 visiteurs environ pour le dernier week-end
Ce sont les " Grandes heures de la Foire de Bourges alors qu'il n'y a aucune attraction particulière. Un ministre et un amuseur ne peuvent faire venir la grande foule, mais c'est la Foire et ses stands qui font le succès de cette manifestation.

L'Armée, comme cela arrivait de temps à autre est présente à la Foire, d'autant que les responsables du Comité de Foire insistent sur la place de l'armement dans l'économie locale.
La musique de la Swissair de Zurick défilera de la place Planchat au parc des Expositions.

Une ombre toutefois au tableau idyllique dressé par la Comité des Foires, et il n'y peut rien, c'est le temps, il a beaucoup plu et la Foire a même bénéficiée d'une petite tornade, alors que le final avec Jacques Martin s'est mieux terminé, le soleil était revenu.

Les Foires -Expositions des chanteurs et les dernières années de R. Boisdé

 

De 1974 à 1977 inclus, de la 55ième édition à la 58ième ,c'est la même couverture et on sent que Raymond Boisdé n'est pas au mieux de sa forme.
En mars 1973, malgré les débuts d'une polémique sur la construction de la CCI en face de la Cathédrale, Raymond Boisdé est élu député, ce sera son dernier mandat. Il était au palais Bourbon depuis 1951 sans discontinuité.
Il sait que la succession arrive et qu'aux prochaines élections municipales prévues en 1977, il ne devrait pas se représenter. Il cherche un successeur, et à Bourges, c'est son Chef de Cabinet, qui dirige en fait la Mairie de Bourges.

1974, 55 ième édition et toujours au Parc Saint Paul, le livret met en avant un Jacques Cœur stylisé, et cela va durer pendant plusieurs années. Même si " Notre Jacques Cœur " est le personnage emblématique de la Ville, il y a comme un manque d'imagination de la part du Comité d'Organisation et des élus, maire en tête.
La Foire devient très simple, avec des stands et des exposants bien connus et de bon niveau, c'est varié et il y a encore pour quelques dernières années, une vraie concurrence. Le visiteur peut voir les modèles dont il rêve, et il peut comparer avec le seul grand Hypermarché, Carrefour.

A cela les organisateurs ajoutent une grande vedette de la Chanson et quelques stands plus institutionnels ou touristiques font le reste. Un formule un peu simpliste mais qui fonctionne parfaitement. La Foire est plébiscitée par la population.

D'ailleurs les discours de Raymond Boisdé qui sait être un grand Maire sont assez fades, ainsi en 1974, il écrit " La Foire est une fête ", et il dit que :
" Les ombrages, la rivière, les grandes allées et les grands plateaux, permettent à une foule toujours aussi nombreuse d'évoluer de stand en stand de découvrir et d'admirer des nouveautés, des progrès et des réussites, et d'utiliser ainsi son pouvoir d'achat avec le maximum de sécurité.

Outre la partie commerciale dont il n'est pas question, l'animation est présente avec un Festival d'accordéons, et un total de 300 participants, un groupe folklorique méditerranéen, des clowns et le dernier dimanche, la vedette, c'est écrit en gras, c'est Serge Lama sur le podium N° 2.

Cette année, les Offices de Tourisme de l'Italie, d'Israël, de la Grèce et du Portugal sont présents avec un stand.

La Foire se déroule en mai et non pas en juin, et la Ville jumelée d'Augsbourg est présente avec une visite de son maire.

Dans les stands, c'est assez classique, avec du matériel frigorifique, c'est Berry-Froid, les constructions Alvès, les Ets Pivoteau et leurs cuisinières à gaz et à charbon, mais aussi le Comité départemental de lutte contre l'alcoolisme, ou le Crédit immobilier du Cher, tout comme le Crédit Agricole.
Enfin Julien Rasori a son stand de Muscat de Samos….

Dans l'édition de 1975 et de la 56 ième Foire, il y a comme un sursaut du maire, alors que la Foire reste sur un mode " plan plan ", avec des stands, quelques animations et un grand chanteur de l'époque qui fera venir la grande foule dans un tour de chant, " comme on en voit à la télé ".

Le discours et la tribune du maire Raymond Boisdé dans le livret de la Foire est d'une teneur à la fois surprenante et nouvelle par rapport à ce qu'il avait écrit l'année précédente. Ingénieur et homme politique depuis des lustres, il est en difficulté avec une partie de la population sur l'affaire SOS Cathédrale.

Aussi, l'environnement au sens large, un vocabulaire nouveau mais qui est " en vogue ", et pour cela il veut que Bourges, Ville Moyenne, n'accroisse pas sa population, mais que chacun dans sa ville trouve la possibilité " de perfectionner son propre environnement ".

Cette Foire se déroule dans les premiers jours de mai, ce qui est assez rare, du samedi 3 au dimanche 11, et l'inauguration avec Raymond Boisdé est à 16 h 15, juste après l'arrivée de la course cycliste Paris - Bourges qui doit arriver à 15 h 45 !
Cette Foire est placée sous le signe de la radio, avec RTL et la célèbre " Case Trésor ", très populaire, tout comme l'enregistrement de l'émission jeu " Quitte ou Double " de Zappy Max, alors que l'Orchestre de Gélio Py joue tous les jours en fin de matinée et vers 17 heures, alors que le Folklore tunisien anime la Foire.
Les alsaciens de Wittelshem sont venus à Bourges compte tenu des liens étroits depuis la dernière guerre. Et outre les clowns, et autres lâchers de ballons, on voit l'arrivée d'une autre radio, Radio Monte Carlo, dont les émissions sont animées par Jean Pierre Foucault et son jeu des portraits, mais aussi l'Homme aux proverbes et Fausses Nouvelles, Jean Amadou, alors que Jean Valton, propose sur l'antenne " suivez le guide.

Cette édition voit aussi la présence de Jean Pierre Morel qui assure la restauration de la Foire avec le restaurant situé à l'entrée de la Foire, il vient de Bourges, très exactement des Gibjoncs.

Le prix d'entrée du parc est de 3 francs la semaine et 5 francs les deux dimanches.

Annie Cordy assure la partie chanson sur le podium de la Foire, c'est la seconde fois qu'elle vient ainsi, et comme elle est très populaire, les Berrichons viennent en nombre passer un bon moment de fantaisie.

En première partie, et dès 15 heures, un grand spectacle qui est un cocktail de variétés, comme cela se faisait beaucoup. Un imitateur, un jongleur et un chanteur révélé par Télé-Dimanche.

Le trio Rythme, annonce Annie Cordy qui fait un triomphe par sa verve et sa gaité.

En 1976, les élections municipales sont prévues dans moins d'un an, et Raymond Boisdé est à la peine, il est malade, et ses tentatives de trouver un successeur n'aboutissent pas, ça se " déchire dure dans son camp " pour prendre une expression d'aujourd'hui.

La 57 ième Foire sera sa dernière comme maire, mais il ne va pas s'y impliquer plus que cela, il laissera à d'autres l'organisation et la stratégie.

Dans les propos du maire, il y a quelque ambigüité, le titre est curieux : " L'avenir de Bourges est-il aussi dans son passé ? " ; Or donc, (diraient nos chroniqueurs d'autrefois), la 57 ième Foire-Exposition de Bourges, comme la cité tout entière, se situe au carrefour de ces deux perspectives : Passé et Avenir.


Et de poursuivre sur " cette Société d'abondance de plus en plus raffinée et d'une civilisation qui doit être de plus en plus consacrée au service de l'Homme ".

Ce sont des vedettes et la radio qui seront la courroie d'entraînement de la population du Berry pour venir au Parc Saint-Paul.

Les exposants dont encore à cette époque très diversifiés, on trouve les constructions de Alvès, mais aussi les espaces verts, le garage des Talleries ou encore la confiserie Garcia de la rue Notre Dame de Bourges.

Il y a des émissions de RTL, qui est le véritable maître d'œuvre de la Foire, ses émissions sont en directe de Bourges comme le Hit-parade ou " La Case au trésor ", mais aussi la radio Monte-Carlo, avec un podium d'animations en liaison avec le Berry Républicain.
Et puis apparaît aussi Michel Drucker avec son émission sur RTL et la mythique " Valise ". Et la plaquette ajoute que Anne-Marie Pesson sera à la Foire de Bourges " en personne ", pour " Stop ou encore "…. en directe de Bourges.

Pour la chanson, alors que dans quelques trois mois sera lancée La halle en Fête, véritable prélude au Printemps de Bourges, ce sont des chanteurs très populaires qui sont sur le podium de la Foire. Ainsi Les Compagnons de la Chanson font un triomphe tout comme Patrick Juvet, Pierre Groscolas et Karen Cheryl, les animations sont faites par Sam Bernett.

L'animateur vedette de la Foire avec son " Hit Parade " était le célèbre André Torrent pour RTL , alors que Jean François Lépine œuvrait pour Radio monte Carlo.

Quant à la Jeune Chambre Economique, très dynamique dans ces années 1970, et dont plusieurs membres vont s'impliquer l'année suivante dans les élections municipales, elle a fait venir avec l'aide de la Nouvelle République, M. John Q Blodgett, Conseiller commercial près l'Ambassade des Etats-Unis à Paris.

 

Après 18 ans du règne de Raymond Boisdé, c'est Jacques Rimbault qui a été élu maire de Bourges, à la surprise générale, une scission à droite, laquelle était majoritaire à Bourges, et c'est finalement la gauche de Jacques Rimbault qui l'emporte au second tour, en mars 1977 à la veille de la 58 ième Foire.
Amertume pour les uns, joie pour les autres, et surprise pour la plupart des Berruyers.

1977 : Nouveau maire et nouvelle donne ?

58 ième Foire du 4 au 12 juin 1977, et l'équipe municipale n'est en place que depuis quelques semaines, la Foire a été préparée et conçue par le Comité des Foires de la majorité de Raymond Boisdé.

En conséquence, la " patte " du nouveau maire communiste n'apparaît pas dans l'organisation, pas plus sur le plan des stands, des animations ou des thèmes.
Seule évolution, et pas la moindre, c'est le nouveau maire qui rédige et signe l'éditorial de la plaquette de la Foire, dont la couverture est strictement identique aux années précédentes, et les propos sont assez différents de ceux exprimés par le maire précédent.
Un style nouveau apparaît, à la Foire, dans la rue et sur le traitement des dossiers de la Ville de Bourges, mais pour cette édition, rien de bien visible. Cela commencera l'année suivante avec Joël Chavanaz un adjoint qui va prendre cette manifestation en main.

C'est donc Jacques Rimbault qui inaugure cette Foire … Et au dernier moment il a réussit à faire venir l'Ambassadeur de Pologne en France, ce qui va permettre d'ajouter au programme du folklore polonais.

Le discours du maire est très politique, et s'il salue la 58ième Foire de Bourges, " qui reflète à sa manière l'activité générale de Bourges ", on sent bien dans ces premiers mois une réelle défiance vis à vis des commerçants qui n'avaient pas trop voté pour sa liste …

Aussi, il part assez vite dans les problèmes du moment. Nous sommes en 1977, et le nouveau maire de Bourges écrit :
" … Sur la crise globale, avec toutes ses conséquences : le chômage, en particulier celui des jeunes, l'inflation, la hausse des prix et des services, la baisse du pouvoir d'achat, et donc des chiffres d'affaire. "

Puis il est encore dans la campagne électorale :
" … les problèmes locaux viennent d'une certaine politique de prestige dont on n'avait pas les moyens. Il se pose aujourd'hui un nécessaire retour au réalisme, aux réalités concrètes… il faut aussi prendre en compte le social, l'humain, la démocratie, et donc la participation la plus large ".
Et il termine par un " La situation ne peut continuer ainsi ", ce qui jette un froid dans les allées de la Foire exposition

Le premier dimanche, c'est Dave, tout jeune et pas encore très connu qui chante sur le podium N° 1, avec Didier Chatin … alors que le dimanche suivant, l'animation est faite par Stéphane Collaro avec RTL, alors que les Chips participent à la fête.
Et c'est encore l'arrivée du Paris - Bourges cycliste en haut de la rampe Saint-Paul.

La Foire depuis le début de cette aventure est bien ancrée avec la fidélité des exposants, on retrouve d'année en année les mêmes commerçants et ce sont des noms connus de Bourges et des Berrichons.
Pour l'ameublement ou la décoration, c'est Jean Marie Guyot ou Martrou rue d'Auron, mais aussi Labarre ou Poubeau, des noms qui sonnent encore aux oreilles des gens d'ici !

Comme le montre un certain nombre de publicités dans la plaquette, le livret ou les journaux, les banques viennent avec un stand important, et il y a dans la Foire de plus en plus de jeux, permettant de gagner des voyages.

1978 et 59 ième Foire du 17 au 25 juin
Une Foire qui n'a pas encore le label de la nouvelle municipalité et qui est sensiblement identique aux précédentes de ces 5 dernières années.
Au Parc Saint Paul, une durée d'une semaine avec deux dimanches et outre la partie commerciale des exposants, des vedettes de la chanson.

Pour les aspects plus culturels, pas de difficultés, mais une première inflexion avec une exposition plus technique, ce sont des trains miniatures.
C'est toujours beaucoup de succès auprès des petits et des plus grands, c'est l'œuvre de M. Bourgeois.

Mais la " trouvaille ", c'est d'utiliser le Musée du Berry et les œuvres qui s'y trouvent. C'est pas ou peu connu, même des Berruyers et certains sont remarquables… en plus ça ne coût pas cher de les montrer au public.

L'inauguration est très simple d'autant plus que le maire Jacques Rimbault n'est pas très en forme, sur le plan politique, il a perdu en mars les élections législatives… il est " grignaux " comme on dit en Berry, mais il remontera vite la pente.

Ses propos et ses écrits dans le livret de la Foire sont très pessimistes, il parle faillites, chômage et hausse des prix, même si il salue les efforts des industriels et des commerçants, mais il en veut surtout au pouvoir giscardien.

Jacques Rimbault fait l'inauguration de la Foire, un peu seul, mais il est accompagné de Joël Chavanaz qui va bientôt se passionner pour la Foire et imprimer sa marque, au niveau des animations et des initiatives dans le domaine du commerce.
Il prenra la tête du Comité directeur de la Foire qui sera très renouvelé, tout en maintenant quelques figures particulièrement compétentes comme Guy Ducros.

Quant au programme de cette édition, il reste globalement classique, on trouve Jean Louis Boncoeur, et Serge Berry, qui sont des régionaux très aimés des Berrichons. Ajoutons les groupe folkloriques locaux comme " Notre Berry " et cela vous donne une Foire comme autrefois et pas trop coûteuse.

Cette année, il faut encore une grande vedette et c'est Nicoletta qui vient sur le podium N° 1, avec le fantaisiste Pierre Péchin, le succès est assuré.

1979 avec la 60 ième Foire de Bourges

C'est le 16 juin que s'ouvre cette Foire, la 60 ième édition, et on voit d'entrée, les initiatives de la nouvelle équipe municipale avec le maire mais aussi et surtout dans ce domaine Joël Chavanaz.
La Foire ne change pas ses dates, du 16 au 24 juin, pas plus que le Parc Saint-Paul. Mais le Comité commence timidement à revoir certains aspects.

Sur le plan commercial, pas de modifications, les exposants sont présents, parfois depuis des lustres. Mais c'est au niveau des animations commerciales que commencent certains changements.
En particulier dans le théâtre avec " La Maison de Bernarda " ou encore " les aventures du brave soldat Sweig ", on sent un côté intellectuel nouveau pour un programme de Foire.
Mais il faut aussi reste populaire , et c'est l'arrivée surprise d'une Foire aux fromages qui arrive à la Foire-Exposition sur le plateau de la Machine Agricole. Il y aura 400 sortes de fromage affirme le maire-adjoint.
A cela il faut ajouter un restaurant bavarois.

Et ce soixantième anniversaire est marqué " par la présence de nombreux maires qui viennent de villes jumelles comme Peterborought, Augsbourg ou Wittelsheim.

Pour la partie des chanteurs et chansons, les organisateurs ont vu grand puisque c'est Julien Clerc qui vient sur le podium de la Foire et dans cette même édition, Marie-Paule Bel.
Ce sont des grandes vedettes de la fin de ces années 1970, et comme toujours, le public est au rendez-vous.

Curieusement, il sera de retour à Bourges début 2019, au Palais d'Auron, se souviendra-t-il de son premier passage, il y a tout de même 40 ans.

Ainsi se termine ces 20 années de Foire, qui prend un virage, c'est le début de la fin des chanteurs vedettes et si la partie commerciale ne change pas, c'est la recherche par de nouvelles constructions d'un véritable Parc des Expositions, avec des thématiques moins futiles et ouvertes à un public plus jeune.
C'est ce que Jacques Rimbault, parfois contesté en 1978 et 79, va réussir : il sera réélu maire de Bourges aux deux élections municipales suivantes … et au premier tour !


 

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