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- Cet article
commence en 1900, avec les premières élections
municipales du XX e siècle pour se terminer en 2017 avec
des élections législatives.
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PREMIERES MUNICIPALES DU
XX e SIECLE EN 1900 :
Les premières élections municipales
du XXe siècle vont beaucoup rappeler aux "Anciens",
celles de 1888. A cette époque, pour succéder au
maire radical Eugène Brisson, en place depuis huit ans,
une coalition comprenant le Docteur Mirpied et Théophile
Lamy fut constituée. Cette liste dite de concentration
républicaine avait, aux yeux des Berruyers, une sensibilité
très socialiste.
Cette liste Mirpied-Lamy, soutenue par
le grand Pierre Brisson, cousin du maire sortant, fit une campagne
acharnée, accusant Eugène Brisson de "malversations
fantastiques", et c'est ainsi qu'en 1888, Bourges se donnait
une municipalité socialiste. Mais les accords stipulaient
que si la liste l'emportait, ce serait Mirpied qui serait élu
maire. Le vote pour le poste de premier magistrat donna lieu
à une séance rocambolesque. Au premier tour de
scrutin, Lamy avait le plus de voix, mais, les bulletins blancs
ayant été comptés pour déterminer
la majorité absolue, il y eut un second tour qui vit l'élection
de .... Mirpied. Une réclamation fut déposée
auprès de la Préfecture, et, grâce à
l'aide d'Henri Brisson qui connaissait parfaitement les rouages
électoraux, la situation fut renversée : le premier
tour de scrutin comptait et Lamy se retrouva un mois plus tard
maire de Bourges.
C'est avec un scénario à
peu près identique que vont se dérouler les
élections de Mai 1900. Il y a quatre listes en présence.
La première est nationaliste,
elle n'a pas beaucoup de chance.
La seconde est dite de "concentration",
elle comprend Achille Chédin, Grémillot, Forest,
Larchevêque, on pourrait la qualifier de "centre droit".
La troisième est dite "Mirpied",
elle comprend des républicains comme Paul Commenge, ou
encore Florentin Labbé.
Enfin la dernière est "socialiste",
elle est formée par Lamy, mais la tête de liste
est Gaston Cougny. On trouve parmi les candidats socialistes,
Lebrun, Hervier et Vaillandet.
Gaston Cougny était un des grands
personnages du début du siècle. Il était
né à Bourges le 5 décembre 1857. Au cours
d'une longue et riche carrière, il devint avocat, tout
en ayant plusieurs cordes à son arc. Ainsi, en 1878, Cougny
devint le secrétaire de Louis Blanc, et comme socialiste,
il collabore à plusieurs journaux dont "Le réveil
Social".
Son amitié pour le vierzonnais Félix Pyat le pousse
vers le Parti Socialiste Révolutionnaire, dans laquelle
il passe pour un réformiste. Son action militante dans
le domaine de la presse lui fait participer à la création
de plusieurs journaux comme "la Commune" ou collaborer
à la "vérité", un journal très
à gauche.
En dehors de son activité politique, Cougny publie un
"Dictionnaire des Parlementaires Français" et
devient professeur à l'Ecole des Beaux-Arts de Bourges.
C'est en travaillant sur ce thème de l'art que Cougny
écrit et fait publier chez Firmin-Didot une "Histoire
de l'Art" en 5 volumes.
Il n'aura pas une carrière à
la hauteur de ses ambitions. Aux élections législatives
de 1898, il frôle la victoire au second tour, mais il est
battu par d'Arenbert, cette même année, il devient
Conseiller Général socialiste, mais il vise à
la fois une place de député ou une de maire de
Bourges : il n'aura ni l'une, ni l'autre. Gaston Cougny mourra
à Bourges le 5 juillet 1908.
Au premier tour du 6 mai 1900, il n'y
a qu'un candidat élu; c'est le socialiste Cougny. Pour
tous les autres, c'est le ballottage. Pourtant
les résultats sont surprenants. La liste socialiste obtient
environ 3500 voix de moyenne, alors que celle de Mirpied n'a
que 1600 voix et celle de concentration 1200. C'est une victoire
socialiste, mais le second tour est indécis. La somme
des listes de droite ou du centre font jeu égal avec la
liste Lamy.
Comme
souvent, la désunion "des partis de l'ordre, sans
cohésion et sans chef véritable" provoque
la perte de la mairie pour la droite. La liste socialiste l'emporte
avec une moyenne de plus de 1000 voix d'avance sur celle de Mirpied.
La victoire des socialistes est connue
vers une heure du matin à l'issue du scrutin du 13 mai
1900. Aussitôt, alors que le temps est très mauvais
et que la pluie fait rage, c'est une explosion populaire dans
les rues de Bourges. Les cris de "Vive la sociale"
sont poussés par les vainqueurs. A leur tête, Monsieur Vaillandet, "presque
porté en triomphe", c'est un beau succès pour
ce professeur de lycée, qui est, en fait, un nouveau venu
à Bourges.
Il devra démissionner et sera remplacé
par un de ses colistier : Joseph Lebrun.
LES ELECTIONS MUNICIPALES
DE 1904 :
Lebrun est battu comme maire aux Municipales
du 8 mai 1904, bien qu'il soit
élu Conseiller Municipal. Le 15 mai, c'est Henri Ducrot
qui hérite du poste.
La campagne est très dure. La liste
des candidats de la majorité municipale sortante, s'intitule
"Liste Socialo-Révolutionnaire" elle a Lebrun
comme tête de liste. Avec lui, Vaillandet, toujours
lui, Hervier, Rougeron et Laudier.
Face à Lebrun, se présente Henri Ducrot,
un ancien avoué, avocat à la cour d'appel. Il est
entouré d'hommes comme Paul Commenge, Labbé, Margueritat
ou Groussot qui font une liste dite "d'Union Républicaine".
Ce sont essentiellement des avocats, commerçants
et industriels de Bourges. Elle est composée d'hommes
nouveaux, et leur profession de foi est essentiellement anti-socialiste
:
Nous estimons qu'il y a un danger pour notre ville à
laisser plus longtemps son administration confiée aux
socialo-révolutionnaires, représentants sans attache
ni intérêt dans le pays, trop enclins, pour satisfaire
des utopies, à compromettre le patrimoine commun.
.... Il est d'usage que les candidats fassent beaucoup de promesses,
sauf à n'en tenir aucune une fois élus"
.
A côté de ces deux listes principales, il y avait
la liste radicale emmenée par M. Larchevêque, alors
que M. Mitterrand était à la tête de la liste
radicale-socialiste.
Au premier tour, ce 1er Mai 1904, il faisait si beau et si chaud qu'à 8 heures
du matin, il fut difficile de mettre en place les bureaux de
vote, "personne ne s'offrait" pour les tenir. Finalement
tout va rentrer dans l'ordre, avec l'ouverture avec retard des
sections de vote comme l'on disait à l'époque.
Les résultats sont sans trop de surprise. La liste
socialiste-révolutionnaire obtient en moyenne 2800 voix,
Lebrun tête de liste ayant pour sa part 3485 voix, un exploit.
A l'opposé, la liste d'Union Républicaine"
obtient 2600 voix en moyenne et seul Paul Commenge avec 3077
voix dépasse les 3000. Pour sa part, Ducrot a 2789 voix.
Les deux autres listes sont balayées.
La campagne du second tour est une lutte assez classique Droite-Gauche.
Le "Journal du Cher" soutient la liste de Commenge-Ducrot-Labbé.
Le vote demandé est essentiellement "contre les socialo-révolutionnaires"
et le programme est assez léger et décousu.
Le 8 mai, les résultats
tombent : la liste de l'Union Républicaine l'emporte très
largement avec une moyenne de 4200 voix face aux 3900 de la liste
opposée. Sur la première
liste, 27 candidats sont élus, et ils sont seulement trois
dans la seconde : Lebrun, Hervier et Migeon pour ce qui va être
désormais l'opposition municipale. Vaillandet, avec 3578
voix est totalement désavoué par les électeurs.
Après la victoire de la liste de l'Union Républicaine,
le 15 mai 1904, le nouveau conseil municipal se réunit.
L'accueil fait par l'ancien maire, Lebrun est glacial, et l'on
procède à l'élection du maire. Les résultats
sont sans surprise. Henri Ducrot obtient 26 voix contre 3 à
Lebrun qui cède sa place. Le discours de Ducrot est plein
de bon sens et de simplicité. Après les remerciements
d'usage, il dira :
"Nouveau venu dans la politique, hier inconnu dans
notre parti, je n'aurais pas osé accepter la situation
sans l'aide de deux vieux Républicains, élus avec
moi, Labbé et Brochard.
... Je souhaite la bienvenue parmi nous, aux trois élus
socialistes; j'estime que leur présence aura, au moins,
ce résultat de les forcer à constater que nous
ne sommes pas ce qu'ils croient.
... Nous ne sommes pas des hommes de parti pris. Nous sommes
avant tout des administrateurs".
LES ELECTIONS MUNICIPALES
DE MAI 1912
Ducrot demeure à son poste jusqu'en
novembre 1912, il meurt en fonction.
Au lendemain de sa seconde réélection
du mois de mai 1912, Henri Ducrot est atteint d'une grave affection
intestinale et il doit subir une opération chirurgicale.
Il venait tout juste d'être réélu avec
l'ensemble de sa liste contre les socialistes emmenés
par Lebrun Hervier et Laudier. Au niveau des voix, au second
tour, Ducrot en obtiendra plus de 5 000, alors que Laudier, un
des meilleurs de sa liste, plafonnera à 4 300 voix. Dans
la séance qui suivit, c'était le 20 mai 1912, Henri
Ducrot est réélu maire avec 29 voix, contre 1 seule
à celui qui deviendra son premier adjoint : Commenge.
Dans son discours, il remerciera ses collègues et terminera
ainsi :
" ... Comme par le passé, la municipalité
assurera par tous les moyens en son pouvoir, la tranquillité
de la rue : elle estime, en effet que s'il convient d'accorder
à chacun le maximum de libertés, le devoir primordial
de toute administration sérieuse est de n'autoriser des
manifestations quelconques que si l'on a la certitude absolue
que l'ordre public ne sera pas compromis".
LES ELECTION DE NOVEMBRE
1912
Pour succéder à
ce maire, Henri Ducrot, et nous sommes à la veille de
la Grande Guerre, c'est Paul Commenge qui est élu ; il
restera pour l'Histoire le maire de Bourges de la Guerre, dans
une ville qui comprendra plus de 100 000 habitants.
Paul Commenge est élu le 26 janvier 1913, il bat le socialiste
antimilitariste Henri Laudier. En fait, la mort d'Henri Ducrot
à la fin de l'année 1912 provoque une élection
partielle le 19 janvier pour élire un conseiller municipal,
puis le maire de Bourges. Deux candidats restent en présence,
c'est Georges Forest le Président du Syndicat des commerçants,
"l'inventeur des forestines", il est soutenu par le
"Journal du Cher". Il est opposé à Henri
Laudier qui est aidé par "L'Emancipateur", son
journal.
La presse locale se déchaîne, et le "Journal
du Cher" écrit sur Laudier et Forest :
"L'élection oppose d'une part un homme aux
idées larges, rompu aux affaires, .... et d'autre part
un politicien, un représentant de ce parti collectiviste
et révolutionnaire, qui a été heureusement
chassé de l'Hôtel de Ville il y a huit ans, où
son passage a été des plus funestes".
C'est sans surprise que Monsieur Forest est élu et installé
au conseil municipal, le 26 janvier pour l'élection du
successeur d'Henri Ducrot.
Le scrutin pour l'élection du maire se déroule
sans surprise, le premier adjoint, Paul Commenge est élu
maire de Bourges par 28 voix sur 30 votants, il y a deux bulletins
nuls.
Paul Commenge est un républicain, il se retrouve presque
par hasard au fauteuil de premier magistrat de la cité,
il ne se doute pas, lorsqu'il prononce son allocution après
sa mise en place, qu'il va gérer pendant 7 ans une ville
en guerre qui va doubler sa population en quelques mois.
Son discours de maire est émouvant, car il a toujours
refusé cette charge, laquelle lui avait été
proposée plusieurs fois :
"... Nous
avons trois ans et demi pour réaliser notre programme,
nous allons tenter de mener à bonne fin les grands travaux
esquissés et donner à notre vieille cité
berruyère le lustre et la renommée auxquels elle
est en droit de prétendre.
Depuis plus de 30 ans, je me suis consacré à l'étude
des grandes questions d'édilité.... Je suis inébranlablement
attaché au gouvernement de la République".
Ainsi se termine cette première allocution de Paul Commenge
alors que se calment en 1913, les oppositions entre les Républicains
et les Réactionnaires, parmi ces derniers se trouvent
les milieux Catholiques, même si Bourges, avec son Archevêque
fidèle à la République est en France une
exception.
LES ELECTIONS DE L'APRES
GUERRE
La guerre est terminée,
c'est "la der des der", et la politique reprend le
dessus. En 15 jours de temps vont se dérouler dans tout
le pays, les élections Législatives, puis les Municipales.
C'est l'effervescence à Bourges
où les listes s'établissent. Du côté
des socialistes, la tendance des modérés emporte
les suffrages des militants lors du congrès départemental
d'octobre. Laudier, secrétaire de la Fédération
devient pour les deux cas, tête de liste, il est suivi
d'Emile Dumas député sortant, puis Charles Migraine,
Pierre Hervier, secrétaire de la Bourse du Travail et
enfin Augustin Durand, marqué "négociant à
Bourges", et qui "représentait la Loge de Bourges".
Deux autres listes lui sont opposées, l'une conduite par
Breton, avec Plaisant Valude et Foucrier, ils sont appelés
"Concentration Républicaine" et bénéficient
de l'appui du grand journal local "La Dépêche
du Berry". Enfin, une troisième liste dite "d'Union
Nationale", avec Dubois de la Sablonnière est inscrite.
Pierre Hervier est né le 13 septembre
1868 à Bourges. Jusqu'à la guerre, c'est lui qui
va organiser l'action syndicale dans tout le département
du Cher. Antimilitariste notoire, Hervier n'était pourtant
pas un des plus extrémistes. Aussi, lorsqu'il fut arrêté
en juillet 1913 pour avoir organisé "le sou du soldat",
les protestations du monde syndical tout entier furent retentissantes.
Il était parmi les socialistes de la première heure,
mais pendant tout le conflit, lui, l'anti-militariste entra dans
"l'Union Sacrée". Il resta à Bourges
pendant la guerre et fut le principal rédacteur du journal
"La Défense", organe des socialistes, remplaçant
à la fois "L'Emancipateur" et "Le Syndiqué
du Cher". Il eut en cette occasion à concilier les
positions les plus extrêmes. Il s'opposa au pacifisme qui
se développait aux Etablissements Militaires, tout en
soutenant la grève du 1er mai 1918, pour ne pas être
débordé par les minoritaires.
Au moment où il se présentait
aux Législatives, il faisait une demande pour entrer dans
la Loge maçonnique de Bourges. Les rapports d'enquête
furent très favorables, même si quelques F.°.
demandèrent au récipiendaire de s'expliquer sur
certaines attaques contre les Francs-Maçons qu'il avait
faites avant-guerre. Hervier s'en tira bien et fut initié
en juillet 1920.
Les relations entre les adeptes de la Franc-Maçonnerie
et les partisans de la IIIe Internationale passeront par des
phases difficiles. Ainsi, en novembre 1922, au Congrès
de Moscou, les Francs-Maçons durent choisir entre leur
appartenance à l'Ordre Maçonnique ou au Parti Communiste.
Ils étaient en quelque sorte "excommuniés".
Au cours d'une réunion publique contradictoire, comme
cela était courant alors, il y avait à la tribune,
Breton, Plaisant, Foucrier, Dubois, Laudier et Migraine. C'était
à Vierzon devant 2000 personnes, essentiellement des ouvriers.
Laudier va s'exprimer à la suite
de Breton, "dans un calme absolu" signale le journaliste,
et il évoque les suites de ce qui est la victoire :
"La victoire militaire n'est rien par rapport à la
défaite financière... Si les Unifiés arrivent
au pouvoir, les fortunes seront abattues par le sommet et par
le monopole bien organisé, on établira l'ordre."
En 1919, cela fait deux ans que Lénine
est au pouvoir en Russie, chacun se demande ce qui se passe là-bas,
Laudier parle de ce qu'il sait :
"Les Soviets en Russie fonctionnent bien, "
Mais il ajoute, prudent comme un vrai Berrichon
:
"On ne peut pas se baser ni en bien, ni en mal, vu
qu'on ne sait rien de positif. Je suis reconnaissant qu'on ait
aboli le gouvernement Tsariste."
Et il termine ainsi son propos à
la tribune:
"On veut le pouvoir pour remplacer la Société
actuelle par une Société meilleure".
La campagne électorale n'est pas
très animée, il faut relever le pays, on parle
des 1 million 700 000 morts, des 500 000 mutilés et de
la ruine économique, le pays a 240 milliards de dettes.
Laudier sur ses affiches électorales insiste sur l'enseignement,
"un enseignement intellectuel et physique, classique, technique
et agricole en un service unique d'Education Nationale gratuit
et obligatoire". Son programme contient un mot sur le désarmement
général de tous les peuples, et sur la lutte contre
la tuberculose.
Et il signe avec cette formule très courageuse :
" Républicains, libre-penseurs, ouvriers, paysans,
votez rouge le 16 novembre pour la République Sociale".
Le scrutin en France voit les Socialistes traités d'internationalistes
et les radicaux tenus responsables de l'impréparation
de 1914 en difficulté. Inversement, la droite et le centre,
rassemblés dans un "Bloc National" sont en bonne
position. C'est aussi la défaite des anciens parlementaires.
A Bourges c'est l'inverse, seul Laudier est élu pour les
Socialistes. La liste Dubois obtient un élu alors que
Breton entre à la chambre avec deux autres de ses colistiers.
Il faut dire que cette liste formée de Radicaux avait
de quoi plaire à la population. Ainsi Valude est revenu
du front amputé de la jambe droite, Breton est le promoteur
en France du Tank, Plaisant a été captif pendant
plus de trois ans, enfin Foucrier a perdu à la guerre,
son fils unique. Les radicaux battent les socialistes largement,
Breton obtient environ 32 000 voix et Laudier 21 000.
Jules Louis Breton est né dans le Nord un 1er avril 1872,
son père était maire d'une petite ville et exerçait
la profession de brasseur. Le jeune garçon fit de solides
études et devint ingénieur-chimiste, il mènera
avec une égale réussite ses travaux scientifiques
et son action sociale. Car il s'engage très vite aux côtés
des socialistes, et sera un disciple de Vaillant. En 1894, il
publie un article dans "Le Parti Socialiste" et se
retrouve inculpé selon les lois de l'époque sur
la presse. Il est condamné à deux ans de prison,
malgré la défense exercée par son avocat
: Viviani.
Breton sera élu dès 1898 au parlement dans la seconde
circonscription de Bourges incluant Vierzon, une brillante carrière
politique commençait.
Sur le plan scientifique, il utilise ses résultats de
laboratoire pour faire avancer son action sociale. En 1908, à
la suite de travaux sur le plomb, Breton obtient la prohibition
de la peinture au blanc de céruse, quelques années
plus tard, il fait publier la loi sur les maladies professionnelles
qui prendra le nom de "loi Breton". Breton deviendra
membre de l'Institut, Ministre et Directeur des Inventions.
Autre personnage élu au cours des
élections de 1919 : Henri Laudier se retrouve député
du Cher, il entre dans la Chambre dite "bleu horizon".
Sur sa lancée il va prendre la mairie de Bourges au cours
de ce même mois de novembre 1919, il a 41 ans.
LES MUNICIPALES DE BOURGES
DE 1919
La campagne électorale à
Bourges sera très curieuse. Les élections doivent
se dérouler le 30
novembre 1919, et trois jours auparavant,
un journal local écrit :
"Nous
sommes à 4 jours des élections municipales et les
électeurs s'étonnent de n'avoir vu aucune affiche
ni aucune annonce de candidature. C'est qu'ils ignorent encore
les manoeuvres de toute sorte et les tractations pénibles
des partis de droite pour jeter la confusion dans le corps électoral."
Ce quotidien n'a pas tort, car des manoeuvres,
il y en a !
Alors qu'au Grand Palais, à 20 H
30 se joue une grande représentation théâtrale
: "Médor ou je ne trompe pas ma femme", un vaudeville
en 3 actes, sur la scène politique tout se joue en quelques
heures. Le 28 novembre, la liste dite "d'Union Républicaine
et Socialiste" est publiée ; c'est la surprise. Elle
comprend en effet, côte à côte, les anciens
ennemis politiques, qui se sont durement affrontés quelques
jours auparavant aux législatives : Foucrier et Laudier.
Le Journal du Cher, qui patronnait la liste de "Concentration
à Droite" est furieux, il parle de cette liste contre
nature Laudier / Foucrier comme d'une liste de bolcheviks. Avec
les deux leaders, dont on ne sait pas trop qui prendra le dessus,
il y a Boyron, Bonnard, Augustin Durand, Georges Lamy et Galopin
; ils sont soutenus par la puissante "Dépêche
du Berry" qui appartient toujours à Jean Foucrier.
La campagne électorale, en fait, n'aura duré que
quelques heures. On retiendra un discours de Laudier, le 29 novembre
:
" Citoyens,
" Acceptez-vous que l'Hôtel de Ville soit à
nouveau livré aux partis de la réaction, alors
que le résultat des législatives commande impérativement
un coup de barre à gauche ?",
Et il termine par:
" L'heure est particulièrement grave, Vive
la République laïque, démocratique et sociale".
L'affrontement entre les deux listes est
brutal, il y a des airs de tragédie et de trahison, et
quelques heures avant le vote, dernier coup de théâtre
: le maire Paul Commenge invite à voter pour la liste
Foucrier / Laudier. "L'affiche Commenge" ne suscitera
aucune contre-partie de la part de Pierre Dubois.
"Le Journal du Cher" ne sait plus que penser. Après
le triomphe de la droite aux Législatives, l'élection
municipale ne pouvait être qu'une réplique fidèle
de la quinzaine précédente. Mais l'éclatement
de la coalition Breton / Foucrier, et de l'alliance de ce dernier
avec le parti extrémiste, va brouiller les cartes. Comme
le rédacteur l'écrira : "Sans prévoir
une défaite aussi complète et aussi écrasante
à Bourges, nous la redoutions...".
Les résultats
sont en effet surprenants ; la liste Foucrier / Laudier obtient
la victoire avec une majorité de 1700 voix de plus en
moyenne, et tous les inscrits de la liste sont élus. Laudier
est en 22e position avec 4675 voix, Foucrier arrive en tête
avec 4992 voix.
Le "Bloc de droite" qui comprenait
Achille Chédin, de Grossouvre, Cassier, Magdelena, Potier,
De Saint Venant, est écrasé, elle était
pourtant formée d'hommes de valeur qui possédaient
et géraient des entreprises parfois importantes, la déception
est grande dans la droite classique. Lorsque Chassin, "ex-conseiller"
proclame les résultats, il est une heure du matin. C'est
une immense acclamation et "un triple ban" qui accueille
la proclamation. Un millier de berruyers crient leur joie, et
ce sont les chants comme "l'Internationale" ou les
slogans du type : "Vive le Bolchevisme !" qui sont
entendu devant la salle des fêtes du lycée.où
se déroulait le dépouillement.
Il n'est pas certain que les électeurs
de cette liste "Républicaine" aient voté
pour Laudier le Socialiste, mais qu'ils se soient davantage prononcés
pour Foucrier comme maire. Les rayures sur Laudier montrent qu'il
avait quelques problèmes avec certains électeurs....
En fait, tout s'est joué en coulisse et Laudier sera élu
Maire.
Son discours de victoire sera dans la ligne de l'époque
:
"
Citoyens,
" La victoire a couronné nos efforts, je demande
de l'accueillir dans le calme et la dignité. Je remercie
ce vieux Républicain Paul Commenge.... Je demande à
tous de ne pas oublier la leçon de cette victoire. Confiance
et discipline. Demain, de nouvelles batailles nous appelleront.
J'espère qu'elles nous amèneront de nouvelles victoires.
"Vive la République laïque démocratique
et sociale".
Alors que Vierzon s'est aussi donnée
un Maire de gauche, Emile Perraudin, et que la France soigne
ses plaies et se délecte dans l'affaire Landru, Laudier
se met au travail dans son Hôtel de Ville, il y restera
près de 24 ans !
LES LEGISLATIVES DE MAI
1924 : LAUDIER PERD SON SIEGE DE DEPUTE
Alors que l'on prépare les Jeux
Olympiques pour le mois de juillet 1924 - ils doivent se tenir
à Paris - c'est à une autre confrontation que les
hommes politiques français se préparent : les élections
législatives du 11 mai 1924. Il s'agit de choisir les
députés qui remplaceront la "Chambre bleu
horizon" de 1919.
Ces élections se déroulent à la proportionnelle
par arrondissement. Dans le Cher, pour l'arrondissement de Bourges,
4 listes sont en contact :
- la liste de Concentration Républicaine, emmenée
par Foucrier et Massé.
- la liste du Bloc Ouvrier Paysan, d'obédience communiste
avec le cordonnier Emile Lerat et un ajusteur : Gaston Cornavin.
- la liste d'Union Républicaine et Socialiste, avec deux
des députés sortants : Henri Laudier et Marcel
Plaisant. Cette liste comprend aussi Emile Perraudin, Pierre
Valude et Gustave Vinatel.
Enfin dernière liste, celle d'Union Nationale Républicaine
; elle est conduite par Pierre Dubois.
La campagne électorale est terrible,
c'est un affrontement entre les communistes et les socialistes
de la S.F.I.O. Les communistes sont les hommes à battre,
ils sont perçus par les gens du gouvernement comme des
esprits malfaisants. On retrouve dans les notes de la Préfecture
du Cher, en face du nom de Gaston Cornavin, trésorier
de la Fédération communiste du Cher, ces phrases
: "Exalté, ayant un mauvais esprit, est un propagandiste
acharné du PC... un des principaux orateurs des tournées
de propagande du PC." quant à Emile Lerat, son sort
est encore plus vite réglé : "aucune valeur
personnelle, peu intelligent". Ces derniers mots étaient
signés du sous-préfet de Sancerre.
Le journal du Parti Communiste l'Emancipateur
ne fait pas, lui non plus dans la dentelle, il écrit le
6 avril 1924 sur le député-maire de Bourges :
" Monsieur Laudier, dont le discrédit est déjà
grand, vient de sombrer pour toujours dans la fange. Qu'attend
le parti S.F.I.O. pour prononcer son exclusion ?".
Les arguments contre Laudier "le beau parleur" sont
connus, il devient modéré, lui le révolutionnaire.
Pour le PC, il y a eu manoeuvre, "à la grande satisfaction
de certains fonctionnaires bien en cour à la Loge de Bourges,
qui ont eu à certaines heures une attitude moins équivoque."
Ainsi, Laudier sur la même liste que les radicaux et autres
modérés, c'est à dire les Valude et autres
Plaisant, "cela ne se faisait pas", il est traité
de "grand renégat". A la fin du mois d'avril,
c'est le point final de la campagne du P.C. avec ces mots :
"Mais Laudier, pour lequel nous avons lutté,
et que nous avons sorti de la misère en l'élisant
député ?"
Dans le journal, l'Avenir du Cher, le 20
avril 1924, Laudier , avec son équipe dévoile son
programme. En fait, la liste comprend de fortes personnalités
mais les articles qui se multiplient sont plus souvent signés
de Plaisant qui évoque "le chemin vers la Paix définitive"
que de Laudier qui semble beaucoup plus discret. Le Maire de
Bourges préconise un allégement des charges militaires,
la laïcité de l'école et de l'Etat, et la
liberté de conscience. Il exige un enseignement accessible
à tous les enfants du peuple sans aucune distinction que
celles fondées sur l'intelligence et le travail. Il insiste
aussi sur la liberté syndicale, la réforme fiscale,
et enfin le développement des institutions de Crédit
Agricole. On trouve aussi, dans le vocabulaire de Laudier et
de ses amis, la référence à un "Programme
Commun".....
Il y a 95 955 électeurs inscrits, et 80 680 votants.
La liste Foucrier obtient 17000 voix, la droite classique de
Dubois est en baisse à 12000, et les listes communistes
d'un côté et socialo-radicales de l'autre arrivent
dans un mouchoir de poche : 23 884 pour la première, 24724
pour la seconde. A la "moyenne de liste" sont élus,
Massé, Perraudin et Cornavin, alors que Valude et Plaisant
sont élus à "la plus forte moyenne".
Laudier a perdu son siège de député.
Ce système qu'il qualifiera de "représentation
proportionnelle mensongère" ne lui a pas été
favorable. Sur sa liste, il arrive derrière Plaisant,
Perraudin et Valude, il a 201 voix de moins que son colistier,
cela signifie qu'il a souffert de ratures. A Bourges, il n'a
pas que des amis, même dans son propre camp.
Laudier sortira très dépité
de ces élections. Il va dès lors se consacrer à
sa ville. Il poursuit son action sur le plan politique et social,
et il propose, au nom de la Commission des Finances de la Municipalité
de voter une somme de 1000 francs pour une participation "à
l'oeuvre humanitaire de secours aux populations affamées
de Russie". Les informations sur la situation économique
de ce premier pays dirigé par des communistes sont donc,
dès le début des années 1920, largement
connues en Berry. Laudier le socialiste n'oublie pas le chômage
en France. Il fait aussi voter la même somme "en faveur
des grévistes du Nord qui sont en lutte pour empêcher
la réduction de leurs salaires.."
Sur le plan national, la gauche gagnera les élections,
avec une coalition que l'on appellera "le cartel des gauches",
un regroupement des radicaux, des socialistes S.F.I.O. et des
républicains socialistes.
1929 : LAUDIER SENATEUR-MAIRE
:
- élections sénatoriales
partielles
- élections municipales
- élections sénatoriales
Les élections sénatoriales
sont prévues pour le mois d'octobre 1929, avec le renouvellement de trois sièges,
ceux de Pajot, Breton et Mauger. Mais le 5 février 1929,
le doyen Radical du Sénat Christophe Pajot, âgé
de 85 ans meurt.
Il y aura donc des élections
sénatoriales partielles, elles se dérouleront le
7 avril 1929.
Laudier se présente, il n'est pas
seul en liste, d'autres, comme Plaisant, Soubirant et Durand
le communiste sont aussi sur les rangs. Dans sa profession de
foi, Laudier dramatise la situation locale :
"Notre département a été ces temps-ci
très touché et il est grand temps que des hommes
énergiques se dressent pour lui faire reprendre un rang
qu'il n'aurait jamais dû perdre.
Sans fausse modestie, je pense être un de ces hommes là..."
Dans cette campagne, le Maire de Bourges
met l'accent sur son action municipale, en particulier il insiste
sur la Première Ecole Nationale Professionnelle pour Jeunes
Filles, qui doit ouvrir en octobre. Son programme électoral
comprend :
- une nouvelle législation en matière d'accidents
du travail
- des lois laïques selon l'esprit de la Révolution
Française
- la mise en grande section du canal du Berry
- l'extension de l'Aéroport de Bourges
Et Laudier termine ses propos par un vibrant :
"Je suis un enfant du peuple".
A l'issue du premier tour de ces Sénatoriales,
Plaisant arrive en tête avec 314 suffrages, loin devant
Soubirant, Laudier avec 142 voix n'a aucune chance de gagner.
Pour le second tour, il se désiste pour Marcel Plaisant
et La Dépêche du Berry écrira à ce
propos :
"Plaisant est élu à une majorité
considérable, le citoyen Laudier n'a pas obtenu le chiffre
qu'il escomptait, il est vrai qu'il n'avait pour ainsi dire pas
fait de campagne électorale".
Une défaite
de plus pour Laudier, mais il pense qu'il lui faut un mandat
national. Ce sera une constance pour les "Grands" Maires
de Bourges, il est inconcevable, dans un pays jacobin et centralisé
comme la France de bien gérer une municipalité
importante sans un mandat national... et donc parisien, c'est
un triste constat.
En attendant, quelques jours après
cette élection sénatoriale, Laudier se représente pour un mandat de
Maire. C'est en quelque sorte l'épreuve
de vérité. Il va être jugé sur ses
réalisations concrètes, et le vote de ses berruyers
est de la première importance.
La liste du Maire sortant est Socialiste S.F.I.O., elle est
opposée à deux listes de droite emmenée
par Autrand et Foucrier, alors que le Parti Communiste présente
la sienne.
L'électeur a d'ailleurs de quoi se perdre dans les appellations.
Laudier se présente comme "Républicain
et Socialiste", avec Vatan, Lamy, Rougeron et Monard
ses fidèles au Conseil Municipal sortant, on note la présence
d'un "petit nouveau" : Charles Cocher, alors que Jean
Foucrier, le patron de la Dépêche emmène
une liste appelée officiellement "Union des Gauches",
il y a Dumarçay, Magdalena Augustin Durant et Griffet,
c'est en fait une liste de "centre-gauche" à
tendance radicale et elle s'oppose à la liste de Jean
Autrand dite "de Concorde Républicaine et Sociale".
Foucrier évoquant cet adversaire écrira qu'il s'agit
d'une liste de "l'Union des Droites". Il y a de quoi
se perdre. Le Parti Communiste est emmené par Gaston Cornavin,
avec Alexandre Guillot, Pierre Hervier, Louis Buvat et Marcel
Cherrier. Pour sa part, Maurice Boin se présente en candidat
isolé. Trois listes de "gauche" et une "sociale",
en fait, l'électeur ne retiendra que le premier de liste.
Au soir du 5 mai 1929, la liste Laudier
est largement en tête. avec une moyenne d'environ 3500
voix contre 2700 à celle de Jean Autrand, l'Union des
Gauches de Foucrier arrive loin derrière avec 1200 voix.
Quant aux Communistes ils sont eux aussi les grands perdants,
ils ne font que 1800 voix. Maurice Boin, à lui tout seul
obtient 3196 voix, une belle revanche. Il sera élu au
second tour, alors que la liste Laudier est élue en entier
moins 1 siège, celui d'Etienne Desmoulières.
Au nombre des suffrages obtenus, Laudier arrive à la 29e
place sur 32, il a eut 500 voix de moins que ses deux adjoints,
sa forte personnalité ou son autoritarisme ne plaisent
pas à tous les berruyer. Les électeurs de Foucrier
se sont portés massivement sur la liste du Maire sortant,
ils ont fait la décision.
Laudier peut poursuivre son action de constructeur.
Dans "Terre de Lutte", l'analyse du Parti Communiste
est bien analysée. Le P.C. perd 50% de ses voix, et l'exclusion
du Parti de Boin, ancien Rédacteur en Chef du journal
communiste L'Emancipateur, le 3 janvier 1929, a eu une fâcheuse
influence sur les militants assez désorientés.
A l'élection du Maire, Laudier
obtient 30 voix, et il y a deux bulletins blancs. Dans son discours
d'installation, Laudier revient indirectement sur son faible
score personnel :
"Je vous sais gré de cette nouvelle désignation
qui, sauf accident imprévu, me portera à quinze
années consécutives de Mairat, car à la
vindicte aveugle et implacable dont m'ont poursuivi nos adversaires
au cours de la campagne électorale, vous devez mesurer
l'étendue de vos responsabilité.... Il est vraiment
fâcheux que la passion politique puisse égarer des
citoyens jusqu'à les faire s'abaisser à l'emploi
de moyens aussi vils et aussi méprisables"
Les sénatoriales
d'octobre 1929
Vainqueur des Municipales, mais défait
en avril 1929 pour aller siéger au Palais du Luxembourg,
Laudier se représente aux Sénatoriales normales
du 20 octobre de cette même année.
Au premier tour, ils sont 11 candidats,
les plus crédibles sont Plaisant, Mauger, Laudier, Gestat,
Peraudin et Breton ; il y a trois sièges à pourvoir.
Les "Grands Electeurs" sont au nombre de 700, et des
trains spéciaux ont été mis en place par
la Compagnie d'Orléans, afin de venir voter à Bourges,
en provenance de tous les villages du département du Cher.
La campagne électorale généralement calme
est assez violente. Dans une réunion du 21 septembre,
Breton peut difficilement s'exprimer, il est interrompu par des
militants communistes venus en nombre à ce meeting du
parti Républicain Socialiste. Breton est traité
de "mal élu" et d'arriviste", et lorsque
Gaillard du P.C. s'exprime, ses paroles sont assez conformes
aux discours de l'époque :
"le pouvoir sera renversé à coups de fusils,
quant aux partis politiques, sauf, bien entendu, le parti révolutionnaire,
ils ne sont que pourriture parlementaire et donnent leur appui
à Tardieu, l'homme crapule et voleur".
Au premier tour, seul Plaisant est élu.
Pour le second tour, alors que beaucoup attendent l'élection
de Gestat, c'est Laudier qui l'emporte. Il a récolté
409 voix, et arrive juste derrière le sénateur
sortant Mauger. A la surprise presque générale,
le candidat Henri
Laudier, encore sous l'étiquette Socialiste S.F.I.O. se
retrouve sénateur. Il reprend un mandat national.
1932 : LES LEGISLATIVES
Avec l'année 1932, commencent les
années noires, c'est la fin de "la Belle Epoque",
désormais, les préoccupations politiques prendront
le pas sur les frivolités, bien que ....
Dès 1930, la prospérité américaine
s'était effondrée, les palliatifs habituels auxquels
recourut le président Hoover n'avaient pu enrayer le mouvement
de récession. En 1932, puis 1933, c'est le point culminant
de la crise, les salaires diminuent de 25 à 60%, le nombre
de chômeurs augmente, ils sont 4 millions en 1930, 7 l'année
suivante et 17 millions en 1933. Le pays semble vivre un cauchemar.
Du côté de l'Allemagne, la crise économique
se double d'une grave crise politique. Les Allemands, en détresse,
seront rejetés vers le communisme, et surtout le nationalisme.
Les intrigues de la bourgeoisie allemande et des conservateurs
monarchistes espèrent utiliser Hitler à leur profit.
Ils facilitent son accession à la Chancellerie le 30 janvier
1933. Mais, en quelques mois, Hitler impose sa dictature. Le
parti Nazi, le Fürhrer, le Troisième Reich : l'Allemagne
sombre dans l'ignominie, ce sera la honte de l'espèce
humaine.
En France, le malaise économique
arrive plus tardivement. Dans un premier temps, le pays fait
figure d'un "ilôt de prospérité",
le franc se porte bien, et lorsque les premiers symptômes
de récession se manifestent, l'Etat réagit aisément
pour soutenir les secteurs en difficulté.
Les responsables politiques, ne sont pas inquiets, pourtant,
le chômage augmente, le malaise des campagnes s'accroît,
les élections de 1932 approchent. Le corps électoral,
lui, est plus conscient de la situation et les résultats
montrent un premier glissement du corps électoral des
modérés vers les radicaux et socialistes.
Le département du Cher va réagir
comme le reste du pays. Bourges, pour sa première circonscription
s'était dotée en 1928, d'un député
modéré, le Pasteur Autrand. Il se représente,
mais c'est un autre socialiste qui prend la place de Laudier
: Charles Cochet. Car de son côté, Henri Laudier
est sénateur depuis 3 ans, et la question se posera de
savoir s'il briguera ou non un mandat pour le Palais Bourbon.
En fait, Laudier est très satisfait de sa situation, et
il ne prend pas beaucoup part à la lutte.
Charles Cochet est un nivernais, né
à Saint-Léger-des-Vignes le 20 juillet 1867. Après
des études à l'Ecole Normale de Nevers, il exerce
pour la première fois sa profession à Bourges en
1885. Il restera dans le Berry près de Saint-Florent-sur-Cher
jusqu'à la fin de sa carrière en 1907. Il va beaucoup
militer dans le domaine des oeuvres sociales, étant même
vice-président de l'Université Populaire de Bourges.
Claude Pennetier écrit de lui : " il n'était
pas un dirigeant brillant, il parlait peu dans les congrès
et les réunions, mais ses qualités d'administrateur
le firent élirent maire-adjoint de Bourges en 1929".
En fait, c'est après avoir subit des épreuves familiales
très douloureuses qu'il remontera la pente en se jetant
dans l'action politique à un âge où les berrichons,
en temps ordinaires s'adonnent à la lecture ou à
la pêche à la ligne.
Charles Cochet
Se présentent aux suffrages des
berruyers :
- Cocher pour la S.F.I.O.
- Le Pasteur Autrand, Député sortant comme Républicain
U.D.R
- Lacroix pour les radicaux socialistes
- Lamy comme Républicain Socialiste.
- Gatignon pour les communistes
Louis Gatignon est un berrichon de l'Indre,
né en janvier 1902. Il commença sa vie professionnelle
dès l'âge de 13 ans, comme apprenti à la
Compagnie des Chemins de Fer P.O. (Paris-Orléans). C'est
en 1919 qu'il vint à Bourges travailler aux Ets. Merlin
dont il fut licencié en 1920 pour faits de grève.
Devenu Communiste, il créa à Vierzon les Jeunesses
du même nom, avant de faire plusieurs aller-retour avec
la capitale. Dans son livre à peine romancé, "Les
Cellulards" Maurice Boin le décrit ainsi :
"le type d'ouvrier jeune, bien bâti et qui le sait.
Des cheveux drus,.... au total, une physionomie qui aurait pu
être sympathique, n'eut été le regard oblique,
pesant, soupçonneux, éclairé par moment
de lueurs méchantes". On ne peut être plus
caustique.
Le mercredi 27 avril, quelques jours avant le premier tour de
scrutin, une grande réunion publique et contradictoire
est organisée à la Halle au Blé. Il y a
là une foule énorme, plus de 8000 personnes qui
sont venues écouter les différents candidats. La
Dépêche du Berry commente cette soirée en
signalant "que parmi les spectateurs, il y avait des dames....
nos suffragettes font leur éducation politique pour le
jour où elles seront nanties de ce bulletin de vote qu'elles
réclament depuis si longtemps".
C'est le sénateur-maire de la Ville de Bourges, Henri
Laudier qui ouvre la séance, il en assure la Présidence.
Il donne la parole au citoyen Jean Autrand député
sortant. Ce dernier, très minoritaire dans cette assemblée
"de gauche", va développer son programme, et
si son discours commence dans le calme, il est souvent interrompu
lorsqu'il critique le programme socialiste. Il cite les paroles
de Blum, ce dernier étant favorable à un désarmement
unilatéral de la France. Autrand s'écriera à
la fin de son propos : "Le désarmement seul de la
France, ce serait demain l'invasion, ce serait la guerre et vous
seriez les premiers à demander des comptes douloureux
aux hommes politiques qui auraient marché dans cette voie".
Une belle lucidité dans un discours haché d'interruptions.
C'est Charles Cochet qui sera le second orateur. Il attaque durement
le gouvernement Tardieu, et se fait applaudir lorsqu'il affirme
que des subventions ont été refusées pour
le sanatorium de Sancerre, "parce que le budget de la guerre
englobe tout". Dans la fin de son propos, le tumulte est
général lorsque Cochet fait allusion à certains
"arrosages". Des gratifications de 100 000 francs auraient
été données à un colonel, d'autres
sommes à un capitaine....Les spectateurs réagissent
:
- Des noms ! Des noms ! crie-t-on dans la salle.
- Monsieur Tardieu voit grand... avec l'argent des contribuables
réplique Cochet.
- Comme Laudier ! hurle un groupe compact d'interrupteurs.
- Voter Autrand, c'est le chômage, la guerre peut-être
conclu Cochet.
Le troisième candidat sera le citoyen Gatignon, présenté
par le Parti Communiste. La Dépêche du Berry, dans
son compte rendu est assez peu objective, le journaliste "relève
les lieux communs habituels contre la bourgeoisie, le capitalisme,
la lutte des classes, les beautés du paradis soviétique..
etc. "Il fait aussi la joie du public par de fréquents
"Camarades ! Voyez-vous !" que l'assistance n'apprécie
pas toujours. Dans sa profession de foi, Louis Gatignon s'élève
contre le Pari Socialiste, principal soutien social de la bourgeoisie,
pour lui "il n'a plus de socialisme que le nom". Et
il termine par un appel au Bloc des Ouvriers et Paysans par ces
mots : "Au bloc des exploiteurs, au bloc des hobereaux,
au bloc des riches, opposez le bloc des exploités, classe
contre classe".
D'autres candidats montent à la
tribune. C'est Lacroix, Plaisant, Lamy, Pichon, Cornavin.. etc.
La démocratie fonctionnait relativement bien en 1932,
et ces réunions contradictoires locales étaient
sans aucun doute d'une efficacité supérieure aux
campagnes électorales des années 1980. Programmes
et idées se sont ainsi confrontés jusqu'à
une heure du matin, Laudier tirant la conclusion par ces mots
: "à l'exception d'un seul, tous les candidats et
tous les orateurs ont fait le procès de la Chambre et
du gouvernement actuel... à l'exception du seul Parti
Communiste, tous les partis de gauche sont d'accord pour faire
l'Union.... "
Ainsi, comme Secrétaire Fédéral S.F.I.O.,
Henri Laudier lance un appel à voter pour les candidats
socialistes dans le Réveil Socialiste du Cher, dont le
Rédacteur en Chef est le candidat Lazurick qui se présente
à Saint-Amand. Dans cet appel, Laudier écrit :
"Citoyens, les pouvoirs de la Chambre de Réaction
élue en 1928 sont révolus, le peuple souverain
va, une fois de plus avoir la parole....
votez pour Cochet, dans la 1°er circonscription de Bourges,
René Boin pour la seconde, Jean Castagnez pour Sancerre
et Lazurick pour Saint Amand.
Votez Socialiste pour assurer le Salut de la Civilisation."
Laudier n'avait pas peur des mots, cela allait jusqu'à
la caricature.
Il n'était pas le seul à
manier l'outrance verbale, son ancien journal, L'Emancipateur
écrivait de son côté :
" L'Humanité, le seul quotidien libre de la
classe ouvrière a eu l'excellente idée d'éditer
à l'occasion des élections, une magnifique brochure-album
se rapportant à la construction du socialisme victorieux
en URSS. En vente au 8 Place Malus."
Au soir du 1er mai, c'est Autrand qui
arrive en tête avec 6567 voix, il devance Cochet qui en
obtient 5 144, les autres candidats sont loins. Les résultats
du second tour tombent à 21 H 30, une semaine plus tard,
c'est Charles Cochet qui est élu avec 10 502 voix, il
bat Autrand de 2 500 voix. Gatignon qui s'est maintenu est désavoué,
il ne recueille que 706 suffrages.
Ainsi, Cochet remporte la victoire, il peut être un concurrent
pour la Ville de Bourges, et Laudier a sans doute regretté
sa non-participation. Il va pourtant se consacrer avec davantage
de coeur à la vie de la cité.
1935 : LAUDIER REELU MAIRE
DE BOURGES
C'est au mois de mai 1935 que vont se
dérouler les élections municipales. Alors que les berruyers s'intéresse à
l'équipe qui va à nouveau gérer leur ville,
une information dramatique arrive dans les rédactions
des journaux locaux. Un terrible accident vient de se produire
dans le polygone d'artillerie.Malgré les précautions
prises, un obus de 320, au lieu-dit "le point 700"
a explosé à 14 H 30. Il y a quatre morts. Les circonstances
de l'accident sont encore mystérieuses, il apparaît
que des ouvriers travaillaient à la réfection d'un
obus de 320, et ils se disposaient à le sortir de l'abri
souterrain leur servant d'atelier quand une formidable explosion
retentit. Quand les collègues de travail accoururent sur
les lieux, le spectacle était désolant : les restes
déchiquetés des quatre victimes gisaient sur le
sol, "Ici un membre, là une partie du tronc, plus
loin une tête mutilée.... " telle fut le compte
rendu de La Dépêche du Berry.
Le général Maurin, Ministre de la guerre ordonna
une enquête, mais cet accident démontrait une fois
encore que la pyrotechnie dans un Etablissement Militaire peut
tuer à tout moment.
C'est dans cette atmosphère triste
que se déroula la campagne électorale. Cinq listes
se présentèrent aux suffrages des 12 520 électeurs
inscrits :
- L'Union Républicaine et Socialiste avec Laudier et
son équipe
- La liste de Concentration Républicaine avec Charles
Sainmont
- La liste Socialiste et de Défense Républicaine
emmenée par Charles Cochet et représentant les
Socialistes de type S.F.I.O.
- La liste Communiste avec Louis Gatignon, Albert Keyser et Marcel
Cherrier.
- La liste radicale socialiste avec Louis Alfroi.
Malgré le fait
que Laudier ne soit plus socialiste, qu'il ait en face de lui
ses anciens amis de la S.F.I.O., il arrive en tête au premier
tour, le 5 mai 1935. Il devance la droite de 1500 voix, , les
socialistes de 1600 et les communistes de 2000 voix.
Au second tour, le scénario est le même qu'en 1925
et 1929, la liste Laudier est élue en entier sauf un siège
qui va au socialiste Cochet, lequel deviendra "l'ennemi
intime" de Laudier jusqu'à la guerre de 39/40. Les passes d'arme entre Laudier et Cocher au
Conseil Municipal feront la joie des gazettes. Les résultats
pour la première fois à Bourges sont connus par
"une émission diffusée par haut-parleur"
en direct de La Dépêche du Berry", rue des
Arènes à partir de 20 heures, l'installation étant
faite par la maison Billaudeau. Les radios locales n'étaient
pas présentes à Bourges.
Laudier a donc parfaitement en main les
destinées de la Ville de Bourges, son parcours politique,
pour le moins sinueux ne joue pas sur les électeurs qui
reconnaissent la valeur de l'administrateur.
1936 : LES LEGISLATIVES
DU FRONT POPULAIRE
Et en 1936, ce sont les élections
qui amèneront le Front Populaire au pouvoir. A Bourges,
dans la première circonscription, se présentent
:
- Charles Cochet pour la S.F.I.O. il est député
sortant élu en 1932, puis
- Jean Autrand, toujours Pasteur et homme
politique de premier plan.
- Maurice Boin qui est un néo-socialiste, exclu du Parti
Communiste, et soutenu par Henri Laudier,
- Massé est présent dans cette course importante
- Gatignon le communiste a une véritable chance de l'emporter.
Autant la campagne de 1932 du Parti Communiste
avait été terne, autant celle-ci, en 36 est dynamique.
Le 25 mars, à 20 H 30, 700 personnes sont rassemblées
pour écouter les orateurs du P.C. dont Gosnat, un adjoint
au Maire d'Ivry, ancien ouvrier révoqué des Etablissements
Militaires de Bourges. Le rapport de Police, écrit à
la suite de ce meeting, notera : " Le Parti veut une France
libre, heureuse et forte, pouvant seul, éviter une guerre
avec l'Allemagne..... Au cours de cette réunion, il n'y
eut aucun contradicteur, et aucun incident".
Au soir du premier tour, les résultats font l'effet d'une
bombe. Le député
sortant Charles Cochet est "sorti", il se retrouve
avec 4 193 voix, 95 de moins que le Communiste Louis Gatignon,
de son côté, Massé obtient 3 838 voix. Et
Cochet doit se désister pour le communiste, il écrira :
" Tous s'inspireront de l'appel
lancé par les trois partis: radicaux et radicaux socialistes,
communistes et socialistes afin que la victoire du rassemblement
populaire soit plus complète.
Vive le rassemblement populaire".
Le second tour oppose Massé à Gatignon, ce dernier,
malgré la vague de gauche est battu de 300 voix. Le P.C.
prendra sa revanche dans la seconde circonscription de Bourges
avec Cornavin qui sera élu très largement.
Gaston Cornavin est un berruyer né en 1894. Ce fut, d'après
Pennetier, "le militant communiste le plus important du
Cher pendant l'entre-deux-guerres". Issu d'une famille de
militants, il quitte l'école après avoir obtenu
le brevet élémentaire. En 1910, il entre comme
apprenti aux Etablissements Militaires, "à la Pyro",
pour reprendre le langage d'alors. Il fait du syndicalisme avant
et pendant la Grande Guerre, puis en 1920, devient membre de
la majorité socialiste et devient communiste. Cornavin
se révèle un très grand orateur et aux législatives
de mai 1924, Cornavin est propulsé, à la surprise
générale à la Chambre des Députés.
Cornavin deviendra après l'exclusion de Boin, et la dérive
de Laudier, le grand homme de la gauche dans le département
du Cher.
A Saint Amand et Sancerre, ce sont deux socialistes S.F.I.O.
qui s'en vont siéger au Palais Bourbon : Lazurick et Castagnez.
L'APRES SECONDE
GUERRE MONDIALE
LES PREMIERES ELECTIONS MUNICIPALES
DE L'APRES-GUERRE
Les premières élections municipales
se déroulent le 29 avril 1945. Elle intéresse
les Berruyers, car il s'agit de s'adresser au peuple pour la
première fois depuis très longtemps. Les experts
en élections, parlent de "l'inconnue des municipales"
car les résultats ne se compareront qu'à celles
de 1935 ! La campagne n'est pas très active, les français
ont des préoccupations plus matérielles, et certains
craignent des abstentions massives.
"Il faut voter" dira Jean Mauger, alors que la presse
locale reprend les paroles de de Gaulle qui qualifie ces élections
d'un choix "librement, dignement, tranquillement" consenti.
La veille du scrutin, Marcel Plaisant termine un discours par
ces mots : "la parole est au peuple français".
Mais les français sont encore inquiets, car la guerre
n'est pas terminée, et le programme du front national
de Fernand Sochet fait des mots "il faut gagner la guerre",
le slogan des élections.
Trois listes sont en présence, celle
de l'Union Républicaine, Démocratique et antifasciste,
emmenée par Charles Cochet, Marcel Cherrier, et Mme Affouart,
La seconde est une liste du M.R.P., Mouvement des Républicains
Populaires, avec Marcelle Appert et René Bobo.
Enfin une troisième liste dire "Démocratie
et Sociale" qui comprend des membres de l'ancienne équipe
de Laudier. A noter que cette liste comprend aux 7 premières
places, des femmes dont madame d'Ambert et Jeanne Chaussade.
C'est en effet un des premiers votes des femmes en France. C'est
ce qui explique le nombre important de votants par rapport à
l'avant-guerre.
Le dépouillement fut des plus laborieux,
outre les nombre d'électeurs, le panachage ne facilita
pas la comptabilisation des voix et ce n'est qu'à 5 heures
du matin que Charles Cochet annonça les résultats
:
- la liste de Cochet, Cherrier, et autres gens de gauche ou de
la résistance obtint une moyenne de 12900 voix sur les
22 600 suffrages exprimés, et tous les membres furent
élus. Elle devançait largement le M.R.P. qui n'obtenait
que 5000 voix en moyenne, la troisième liste ne faisant
que de la figuration.
Il y avait donc confirmation par les électeurs,
des rapports de force en présence, et du soutien populaire
aux personnes qui venaient de prendre le pouvoir quelques mois
auparavant alors que la guerre durait encore.
Les élections du maire et de
ses adjoints se déroulèrent sans surprise quelques
jours plus tard. Au premier tour, Charles Cochet obtint 30 voix
sur 31 votants, un bulletin étant blanc. Les adjoints, Romain Bardin, René Ménard
et Charles Mayault seront élus avec la même unanimité.
Charles Cochet remerciera les Berruyers pour avoir soutenu la
liste "républicaine, démocratique et antifasciste".
Elections à l'Assemblée
constituante de 1945
Les élections à l'Assemblée
Constituante se déroulèrent le dimanche 21 octobre
1945. Il y eut 2500 candidats pour 522 représentants.
Dans le Cher, 5 listes sont en présence et il y a eu 188
000 votants.
Les résultats sont édifiants. Sur les 4 représentants
du département, il y a 2 communistes, Henri Lozeray et
Marcel Cherrier, un élu pour le M.R.P., il s'agit de Daniel
Boisdon et un élu pour les socialistes de la S.F.I.O.,
Lucien Coffin.
Les socialistes sont déçus,
ils sont très loin des communistes, 54 887 pour ces derniers
contre seulement 31897 pour la S.F.I.O. En fait le grand vainqueur
se trouve être le mouvement du M.R.P. qui fait 39890 voix.
Ainsi, les communistes se présentent comme le premier
parti du département du Cher, loin devant les socialistes
et radicaux. Ces deniers reçoivent les résultats
comme un camouflet : Marcel Plaisanr se sentant désavoué
démissionne de la Présidence du C.D.L.
Ce même jour d'élection des
représentants à la Constituante, un référendum
avec deux questions est proposé aux français :
le Cher vote OUI pour les deux questions.
CHANGEMENT DE CAP AUX MUNICIPALES
DE 1947
De mai 1945 à octobre 1947, c'est
à dire pendant deux ans et demi, la Ville de Bourges sera
gérée dans l'esprit de la Résistance et
de la Libération. Toutes les sensibilités, des
communistes aux gaullistes et passant par les radicaux, les socialistes
et les chrétiens du M.R.P., étaient représentés
et travaillaient en bonne intelligence. Les accrochages étaient
peu nombreux, et la résolution des problèmes passait
avant les tactiques politiques.
Charles Cochet, par son prestige était
un maire incontesté. Lui, l'opposant à Laudier
dans l'entre-deux-guerres, le conseiller municipal refusé
par Pétain avait tenu les reines de la Mairie dans une
situation difficile.
En homme sage, et compte tenu de son âge, il ne sollicitera
pas de nouveau mandat. C'est un cas rarissime à Bourges,
il se retire de la vie politique, sa mission étant accompli,
il va "rentrer dans la vie calme d'un administré
qui comprend que pour lui l'heure a sonné de passer la
barre à d'autres mains".
Cochet rappelle qu'il a été dans l'enseignement
pendant 42 ans, et 18 ans comme Adjoint au maire avant de devenir
député et maire de Bourges.
Il dira à ses collègues avant de quitter ce fauteuil
si convoité :
"Nous terminons notre mandat,
et cela ma fait énormément plaisir, dans un accord
complet, dans une atmosphère d'amitié sincère,
et c'est pour moi une réelle satisfaction que j'apprécie,
ensemble, nous pouvons dire que nous avons bien servi les intérêts
de la Cité".
L'union qui était perçue,
de manière sincère, comme une véritable
camaraderie pour reprendre les termes d'un conseiller communiste,
va s'interrompre, les problèmes internationaux prenant
le pas sur les aspects locaux.
Le 14 avril 1947, à Strasbourg,
une ville symbole comme il les aime, le Général
de Gaulle fonde officiellement le R.P.F., Rassemblement du Peuple
Français. Aussitôt, les communistes du Conseil Municipal
de Bourges, par la voix d'Henri Perrier "condamne le discours
de de Gaulle" et parle d'un "groupement de factieux
pour diviser la nation". Il poursuit par un survol de l'histoire,de
"la France, depuis les Bonaparte, Mac-Mahon, Boulanger et
Pétain, elle sait trop ce que lui ont coûté
les expériences de pouvoir personnel".
Le 2 mai 1947, c'est la fin d'une idyle,
le gouvernement Ramadier se sépare de ses Ministres communistes.
C'est une longue histoire qui prend fin, par la double injonction
de l'américain Truman qui demande aux gouvernements européens
d'exclure les communistes de leur gouvernement, et par le comportement
des députés communistes qui s'abstiennent dans
le vote des crédits pour l'Indochine, ou s'opposent à
la politique des prix de Ramadier.
La guerre froide commence et les élections
municipales de Bourges vont montrer de manière précise
cette rupture.
Aux Municipales, prévues le 19
octobre 1947, 5 listes sont en
présence, comme dans les années 30. S'opposent
:
- la liste d'Union Républicaine et Résistante pour
le Parti Communiste, elle est emmenée par Henri Perrier,
Marcel Cherrier et Romain Bardin.
- La liste Socialiste de la S.F.I.O., avec Albert Buisson, Charles
Mayault et le docteur louis Delamarre
- la liste des radicaux-socialistes emmenée par René
Ménard, Gustave Sarrien et Marcel Soubret.
Ces trois listes sont représentatives
de la gauche traditionnelle, celle du Front Populaire. Elles
sont opposées à deux listes dites de droite :
- la liste de défense des intérêts
municipaux présentée par le M.R.P., avec Henri
Chaulier, Jeanne Lebrun et René Bobo.
- la liste du Rassemblement du Peuple Français, le parti
de de Gaulle avec Louis Roy, Henri Sallé et André
Cothenet.
Les résultats donneront, après
le dépouillement, et les calculs sur le nombre de siège
au quotient, puis à la plus forte moyenne, les résultats
suivants : 13 sièges au R.P.F., 11 sièges au P.C.,
puis 4 à la SFIO, 3 au M.R.P. et enfin 2 aux radicaux.
Il y avait donc sensiblement une égalité
entre gaullistes et communistes, mais dans le clivage gauche
- droite, les amis de Marcel Cherrier, avec l'aide de la SFIO
et des radicaux devait l'emporter, avec une voix d'avance.
C'était sans compter avec les arrières pensées
des uns et des autres.
Au premier tour de scrutin, le communiste Perrier arrive en tête
avec 15 voix, il a visiblement fait "le plein" des
voix du P.C. et de la S.F.I.O., alors que le gaulliste Galande
a les 13 voix de son groupe, le radical Sarrien obtenant les
suffrages des radicaux et du MRP.
Il y a déjà, à ce niveau une alliance que
certains qualifient "contre nature".
Après une suspension de séance pour permettre aux
différents groupes de se concerter, le second tour de
scrutin est organisé. C'est une dispersion des voix, au
lieu du rassemblement attendu. Galande a ses 13 voix et Perrier
ses 11, les autres vont sur trois autres candidats.
Nouvelle suspension de séance et
c'est l'affrontement. Marcel Cherrier, pour la liste communiste
parle des "factieux du R.P.F., et de la volonté des
Berruyers de faire barrage aux tentatives qui visent à
faire de la mairie une base d'opérations contre le peuple,
et qui conduirait le pays au pouvoir personnel, c'est à
dire au désordre, à l'aventure et à la guerre".
Le député du Cher rappelle
que des accords entre communistes et socialistes avaient été
conclus le lundi précédent, le parti radical avait
été saisi des propositions communes le lendemain
matin.
Mais en parallèle, des tractations entre socialistes et
gaullistes se poursuivaient, et les radicaux agissaient de même.
Alors, dans un dernier sursaut, Cherrier adjurait les socialistes
et radicaux de se ressaisir, et de bloquer leurs voix sur Henri
Perrier. Il débordait sur la politique nationale : "Après
avoir évincé les communistes du gouvernement, on
veut maintenant battre les communistes désignés
par le suffrage universel et, au besoin, partager avec les factieux
du R.P.F. les directions municipales".
L'utilisation du terme de factieux sera
reprise sous forme d'une ferme protestation de M. They, qui fut
un ancien combattant des Forces Française Libres. Le troisième
tour de scrutin allait commencer, et à la surprise générale,
c'est Henri Sallé,
second de la liste R.P.F. qui est élu maire de Bourges
avec 16 voix contre 15 au communiste Henri Perrier, il y aura
2 bulletins blancs.
On peut penser que les radicaux se sont abstenus, et à
partir de ce moment, le vieux clivage droite-gauche est réapparu,
et l'alliance R.P.F. plus M.R.P. l'a emportée. Les communistes,
dépités, quitteront la salle des séances.
Les élections législatives
du 17 juin 1951
Vinrent alors les élections législatives
du 17 juin 1951. Elles avaient un mode de scrutin relativement
complexe que le troisième cabinet Queuille avait fait
voter : la loi électorale des "apparentements".
La proportionnelle restait la règle, mais les listes qui
"s'apparentaient" à l'avance se comportaient
alors comme pour un scrutin majoritaire. En cas de majorité
absolue, par exemple, ces listes auraient tous les sièges
qu'elles se répartiraient ensuite de manière proportionnelle
aux suffrages de chacune d'elle. Cette loi fut très controversée
et relativement complexe dans sa compréhension.
La campagne fut âpre, dans le Cher, il n'y avait pas
moins de 8 listes. Parmi ces listes, il restait les traditionnelles,
comme le P.C.F., le M.R.P. ou la S.F.I.O., mais il apparaissait
aussi une liste gaulliste appelée R.P.F. A côté,
l'électeur avait le choix entre l'U.D.S.R., le R.G.R.,
les Indépendants et Paysans et même un parti des
contribuables.
P.C.F. = Parti Communiste Français
- M.R.P. = Mouvement Républicain Populaire - S.F.I.O.
= Section Française de l'Internationale Ouvrière
- R.P.F = Rassemblement du Peuple Français - U.D.S.R.
= Union Démocratique et Sociale de la Résistance-
R.G.R = Rassemblement des Gauches Républicaines
Deux faits sont à noter dans une
campagne électorale qui ne faisait pas souvent la "une"
des journaux locaux. Le premier, fut la présence le 13
juin 1951 d'André Malraux, venu soutenir l'homme qui avait
pris la tête des gaullistes locaux : Raymond Boisdé.
A 21 heures, dans la grande salle Séraucourt,
Malraux a attiré la grande foule. Il est présenté
comme le Secrétaire Général à la
Propagande et ancien ministre. Boisdé commence le meeting,
présidé par le général Challe, assisté
de madame Weil, conseillère municipale.
M. Boisdé commence en se situant, lui et son "parti",
dans la vie politique. Il assure que le R.P.F. n'est pas un parti,
qu'il n'est pas apparenté et qu'il a un programme original.
En guise d'originalité, il déclare vouloir "assainir
les finances, faire des économies, restaurer la santé
de l'Etat" et enfin "il souhaite un apaisement social".
Il développe l'ensemble de ces points, avant de conclure
:
"Pour être respecté,
notre pays doit être respectable, craint et fort".
Il passe alors la parole à André
Malraux qui, dans le style inimitable qu'il conservera toujours,
déclare :
"Il faut juger de Gaulle, non
sur le plan des politiciens, mais sur celui de l'histoire. Le
gaullisme n'est pas une garantie mais peut être une chance
pour la France".
Le second événement de la
campagne électorale fut une réunion publique qui
opposait 6 responsables des listes du Cher. C'était à
la Halle et André Cothenet présidait cette réunion
qui avait attirée la foule des grands jours.
Il y avait Coffin pour la S.F.I.O. qui reviendra dans ses interventions
plusieurs fois sur la politique du R.P.F. et sur son chef de
Gaulle qui veut faire revivre une sorte de néo-bonapartisme
: "Son système de gouvernement est basé sur
un seul homme".
Autre orateur, second dans l'ordre de prise de parole, c'est
justement le représentant du R.P.F., un nouveau en Berry
: Raymond Boisdé. Il sera, semble-t-il, assez court dans
son propos :
"Les électeurs devront choisir
entre une politique d'assainissement et un amalgame de politiques
contraires".
D'autres responsables s'exprimeront, dont Jacques Genton pour
le R.G.R. qui déclare : "Nous ne représentons
personne, si ce n'est nous-mêmes et nos idées".
C'est à la fois plein de bon sens,
et typiquement berrichon.
D'autres orateurs montent à la tribune, c'est Lanote pour
les Paysans et Indépendants, puis Monsieur de Hautecloque,
un cousin du Général Leclerc, pour l'U.D.S.R. et
enfin Boisdon du M.R.P. Chacun défendra une partie de
leur programme, car il ne fallait pas lasser les auditeurs. Les
autres listes, dont celle du Parti Communiste emmenée
par Marcel Cherrier et Mme Chevrin, n'ont pas assisté
à ce meeting.
Les résultats vont surprendre la
classe politique. C'est, sur le plan national, la victoire des
extrêmes. Le R.P.F. d'un côté avec 4 millions
de suffrages soit 22% est opposé au P.C. qui conserve
ses positions avec près de 5 millions de votants.
Par contre, c'est la "dégringolade" pour le
M.R.P. et le lent déclin pour la S.F.I.O. Ils sont tous
les deux victimes de la percée gaulliste.
Mais le système des "apparentements", à
la grande fureur des gaullistes et des communistes, va envoyer
à la Chambre un nombre de députés très
différent d'un vrai système proportionnel. Ainsi,
P.C et R.P.F. avec 48% des voix ont 224 sièges, les 4
autres formations, dites de la troisième force, avec 52%
des suffrages ont 383 sièges et.... la majorité.
Dans le Cher, Marcel Cherrier est élu, mais il est
le seul pour le P.C. qui perd un siège, alors que son
nombre de voix est sensiblement identique à celui obtenu
aux élections précédentes de 1946. Ainsi,
M. Lozeray, député sortant, ne se représentait
pas et Mme Chevrin ne sera pas élue.
Les socialistes de la S.F.I.O., bien que
perdant beaucoup de voix, puisqu'ils passent de 22 862 à
16 741, conservent un siège, celui de Coffin.
Le M.R.P. n'a plus de député, c'est la déconfiture,
il avait obtenu 26 667 voix, il lui en reste 7598. Alors les
deux sièges vont à deux "nouveaux" :
le premier, Jacques Genton, il commence une carrière politique
à haut niveau et est élu sur une liste R.G.R..
Le second, élu sur une liste R.P.F. est un "parachuté",
il s'agit de Raymond Boisdé qui monte en flèche
et se retrouve à l'Assemblée. Le R.P.F. qui
avait en 1946, avec l'embryonnaire Union Gaulliste, obtenu 18
877 voix, en a cette fois 34 402. Il a presque doublé
ses voix, et devient en France et dans le Cher, le second parti
de France, après le Parti Communiste.
LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1953
Les élections municipales se déroulent
le 26 avril 1953, on compte 30 620 inscrits pour la ville
de Bourges et 6 listes sont en présence, avec des appellations
locales qu'il n'est pas simple de déchiffrer. Les résultats
au soir de ce dimanche de printemps ne permettent pas de connaître
l'équipe qui dirigera la municipalité à
venir. Il n'y a pas de majorité nette et les alliances
vont être nécessaires.
Les résultats de chacune des
listes sont les suivants :
- la liste S.F.I.O.(Union Socialiste et Républicaine pour
la rénovation de la Cité) obtient 3 élus,
dont Albert Buisson et le docteur Delamarre.
- la liste de l'Union Progressiste (Union Républicaine,
Laïque, Sociale) est formée de gens de gauche, certains
diront très à gauche. Elle envoie deux élus
à la mairie, dont Jacques Mitterrand, une des personnalités
les plus fortes et les plus discrètes de la IVe République,
au plan national.
- la liste du P.C.F. (Union Ouvrière et Démocratique
pour la Défense des Intérêts Communaux dans
la Paix et l'Indépendance Nationale), a le plus de conseillers
élus, puisqu'ils sont 10 avec en tête Marcel Cherrier,
Henri Perrier et Robert Chaton.
- la liste d'Union Berruyère n'est patronnée par
aucun grand parti, mais André Cothenet, maire sortant
et gaulliste, figure en tête de liste. Elle obtient 9 élus,
dont Germaine Lebrun et René Bobo. Sera aussi élu
Henri Thoulouze, un ancien qui figurait sur les listes de Laudier
en 1935.
En fait, comme me le rappelait Jean Cothenet
son fils, il ne semble pas qu'André Cothenet ait eu des
ambitions nationales, il aurait pu devenir député,
mais, homme de convictions, il préférait un mandat
très local au niveau de la ville.
- la liste d'Entente Professionnelle, Industrielle
et Commerciale, formée, comme son nom l'indique, d'un
certain nombre de responsables professionnels berruyers. Elle
n'aura que 2 élus, Marcel They et Maurice Girard. Il est
assez rare que ces listes qui s'apparentent souvent à
du Poujadisme fassent un score important.
- enfin, la liste d'Action Municipale pour la Défense
de Bourges, emmenée par Jacques Genton, obtiendra 7 élus
dont René Ménard et Louis Mallet arrivé
en quatrième position.
Les professions de foi des divers postulants
concernent, pour les communistes, "l'abrogation des lois
anti-laïques" ou la "fin de la guerre d'Indochine",
alors que sur un plan plus local, les tracts demandent "l'achèvement
de l'Hôtel-Dieu et de la Salle des fêtes", ou
encore "l'assainissement de l'Yèvrette".
De son côté, Jacques Genton veut "activer la
construction de logements", mais aussi "aider à
la formation intellectuelle, morale et physique de la jeunesse",
tout en "atténuant certaines misères".
A la comptabilisation des résultats, il est difficile
de se retrouver, car si la "gauche" peut totaliser
15 voix sur 33, il n'est pas aisé de savoir comment vont
se situer les voix des listes "d'intérêt communal".
C'est Louis Mallet, en tant que doyen d'âge,
qui préside la séance de mise en place du maire
et de ses adjoints. Sont en lice pour le poste de premier magistrat,
Mrs Cherrier, Delamarre, Cothenet, They et Genton. Dès
le départ, l'Union Progressiste de Jacques Mitterrand
indique qu'elle votera pour le communiste Cherrier. Effectivement,
Cherrier a 12 voix, Cothenet les 9 de sa liste tout comme Genton
They et Delamarre qui sont soutenus par leurs amis respectifs.
Le second tour n'apportera rien de significatif. Mais après
ce vote, il y aura un intermède de plus de trois heures
! La foule est impatiente, c'est une atmosphère de kermesse,
et les gardiens de la paix doivent être appelés
pour calmer un public en effervescence.
Soudain, monsieur Cothenet entre. Le bruit court que l'entente
des modérés s'est enfin faite sur le nom du maire
sortant.....ce sera une fausse rumeur. Il est alors 1 heure trente
du matin.
Pour ce troisième tour, les tractations iront croissantes.
Les socialistes de la S.F.I.O. ne veulent pas donner leur voix
à un communiste, et les radicaux et autres modérés
ne veulent plus de Cothenet comme maire. M. Jacques Mitterrand
déplore, de sa voix forte de tribun, qu'il y ait encore
deux candidats de gauche en lice.
Le coup de théâtre survient alors avec cette déclaration
du maire sortant :
"le résultat
des élections du 26 avril qui m'a placé en tête
des 198 candidats conseillers municipaux m'autorisait à
présenter ma candidature. L'exclusive dont j'ai été
frappé par le parti radical et d'autres personnalités
m'oblige à la retirer, bien que je n'ai aucunement conscience
d'avoir démérité dans l'accomplissement
de ma tâche de Maire de Bourges pendant les 5 années
passées. J'invite donc mes colistiers à voter pour
M. Louis Mallet."
Le vote qui suivra sera sans surprise, monsieur Mallet aura 17
voix, c'est-à-dire celles de sa liste emmenée par
Genton, plus les voix des 2 autres listes de droite, à
une exception près, on peut penser que le bulletin blanc
est celui de Cothenet..... Et
Louis Mallet devient Maire de Bourges.
Il fait aussitôt la déclaration suivante :
"Je
suis le premier surpris de cette élection que rien ne
m'avait fait prévoir. Je vous remercie de m'avoir accordé
ce témoignage de confiance. C'est une charge très
lourde qui m'échoit; j'essaierai, avec votre concours
à tous, sans distinction, de m'en montrer digne".
Il devient plus politique en revenant sur ces élections
et cette folle nuit :
"Je regrette que les socialistes
aient décliné l'offre de M. Genton. Devant l'impossibilité
de rallier la majorité sur le maire sortant, les deux
groupes m'ont désigné. Mon premier souci sera l'urbanisme
et le logement".
Louis Mallet était né 7 avril
1885, il était négociant en matériaux à
Dun-sur-Auron, et c'est en 1919 qu'il vint à Bourges où
il s'établit quai du bassin, puis route de Marmagne. Associé
à François, son père, et à sa soeur,
Mme Bourneau, il montre dans sa gérance "de grandes
qualités". Il fera la guerre de 14/18.
Quant à André Cothenet, il
restera conseiller municipal de Bourges et surtout conseiller
général du département du Cher, dans lequel
il aura une grande influence. L'ancien maire, père de
5 enfants, dont l'un devint l'abbé Edouard Cothenet, collaborait
chaque semaine à la "Vie Catholique du Berry".
Les élections législatives
de 1956
La France vote dans les tous premiers jours de 1956. Ce fut à
la fois une surprise et une déception. Les communistes
retrouvent leurs électeurs avec 26% des suffrages, le
M.R.P. continue à baisser, alors que les gaullistes s'effondrent
de manière spectaculaire, ils ont moins de 5% des suffrages.
Mais le phénomène curieux, c'est l'arrivée
de Pierre Poujade qui envoie 51 députés à
la Chambre. Les radicaux et les socialistes résistent
bien ce qui leur permet de constituer le Front Républicain,
avec la neutralité du M.R.P.
Dans le Cher, pas moins de 10 listes sont
en présence, et le lundi 2 janvier, comme tous les Français,
les Berruyers s'en vont massivement voter pour élire leurs
4 députés.
Le choix se fait entre :
- les communistes : Marcel Cherrier, René Mariat, Mme
Léa Peronnet, Léo Mérigot
- les socialistes S.F.I.O. emmenés par René Henry,
avec Robert Cocu, Edmond Ratillon et Georges de Vandègre.
- l'U.D.S.R. de Georges Lelarge, avec André Boulay, André
Gaté et Edmond Gonnet.
- les radicaux-socialistes qui font une liste avec le R.G.R.
de Jacques Genton député sortant. Dans cette liste
figurent Charles Lefèvre, Gaston Portugale et Roland Degré.
- le M.R.P. comprend Claude Thoral, René Bobo et René
Minault.
- les Républicains Sociaux avec Maurice They et Maurice
Cherrier
- les Indépendants comprenant Raymond Boisdé, député
sortant, il est entouré de Georges Mauguin, René
Malleret et André Cothenet.
- enfin trois listes apparentées, comprenant l'U.D.C.A
pour le milieu agricole, commerçants et consommateurs.
Il y a en particulier M. Lainé, il représente le
mouvement poujadiste.
Les résultats vont tarder à
venir, entre les calculs arithmétiques et la nouvelle
loi des apparentements, rien n'est simple. Si les communistes ont rapidement le nom de leur
premier député, Marcel Cherrier, les Indépendants
emmenés par Raymond Boisdé obtiennent très
vite un élu.
Pour les deux autres sièges, la lutte est rude, les socialistes,
avec René Henry perdent de justesse le siège de
Lucien Coffin, par la faiblesse de l'U.D.S.R. à laquelle
la S.F.I.O. était apparentée, et pour la même
raison, Jacques Genton perd son siège. Ce dernier
n'ayant pas fait "le plein" des voix dans les campagnes.
Les deux autres députés sont
donc un communiste, René
Mariat, et un poujadiste, M. Lainé.
Le P.C.F. gagne 5 000 voix et emporte deux sièges, c'est
le parti vainqueur des élections dans le Cher. Le poujadisme,
comme partout en France tire son épingle du jeu. Les vaincus
sont du côté des socialistes, René Henry
aurait dû passer.
René Mariat se retrouve député, il est né
à Lunery en 1911. Avant guerre, en octobre 1939, il fut
révoqué par Daladier. Mobilisé, il est bientôt
fait prisonnier en Allemagne, il n'en revient qu'en mai 1945.
Pendant cette triste période, sa famille prend une part
active à la Résistance, en particulier son frère
et sa mère.
Depuis 1948, monsieur Mariat a une activité publique intense
à Lunery, village dont il devient maire.
BOISDE ELU MAIRE DE BOURGES DE MARS
1959
C'est dans une ambiance morose que se préparent
les élections municipales prévues pour le mois
de mars. Le maire sortant est Louis Mallet, il est âgé,
et avait été élu, contre toute attente six
ans plus tôt. La logique politique voulait qu'il se représente
au suffrage, comme tous ses prédécesseurs depuis
un siècle, à l'exception de Charles Cochet.
Le 24 février, le Maire informe ses concitoyens qu'il
renonce à former sa liste, et il diffuse un communiqué
dans lequel se retrouve une certaine amertume :
"Je constate avec regrets que
certains collègues et personnalités ont, à
la suite de décisions contraires, délibérément
compromis le principe même de mon entreprise et empêché
la poursuite de l'élaboration de cette liste".
Il poursuit sur le même ton qu'il ne lui est plus possible
de se représenter à la magistrature municipale,
mais il laisse une porte de sortie en écrivant :
"Je reste néanmoins convaincu
que la solution d'une large union dépolitisée était
la seule à oeuvrer pour la cité".
Jacques Chouard, qui était
encore le collaborateur du député du Cher Raymond
Boisdé dans les Fédérations textiles et
de l'habillement, lui suggéra de devenir Maire de Bourges.
Il semble que cette fonction ne le tentait pas et madame Boisdé
pas plus, trouvant que son mari était déjà
suffisamment occupé.
Alfred Depège confirme ces propos, la carrière
de monsieur Boisdé se tissait dans les mailles de l'industrie
de l'habillement. Jacques Chouard était d'ailleurs le
secrétaire administratif de la Fédération
de l'Habillement, et les mauvaises langues, lors des campagnes
électorales, ne se privaient pas d'affirmer "que
M. Boisdé était l'homme de Boussac", ce dernier
représentant le capitalisme pur et dur de l'après-guerre.
Pour Boisdé, devenir maire était une opportunité
politique, il s'en aller la saisir.
M. Chouard m'affirmera :
" Je suis celui qui l'a convaincu,
compte tenu que je lui répétais sans cesse que
la population de Bourges le réélirait Député
s'il était son Maire, et alors que le RPF présentait
quelqu'un contre lui. J'ai gagné mon pari et ma suggestion
se réalisa".
Une quinzaine de jours avant le scrutin,
la presse annonce que Monsieur Boisdé s'est retiré
à Paris avec une liste de 68 noms qui se sont déclarés
disponibles, il va choisir les 35 candidats qu'il emmènera
"au combat", sous le nom de "liste d'Union Municipale
d'Action sociale pour Bourges Grande Ville". Avec M. Boisdé,
se retrouvent des anciens, comme René Ménard ou
André Cothenet.
Au premier tour de scrutin
qui se déroule le 9 mars,
outre la liste de Raymond Boisdé, il y a 4 autres listes
en présence :
- celle de Marcel Cherrier pour le Parti Communiste.
- la liste du docteur Roy, dite d'Union pour l'expansion et le
renouveau de Bourges, elle comprend aussi Mrs Chanoine et Maréchal.
- la S.F.I.O. emmenée par un autre docteur, Louis Delamarre,
avec Buisson en second.
- enfin la liste de M. Gillet, appelée "liste d'Union
des forces démocratiques", avec Mrs Albrard, Rémy
et Buvril.
Les résultats
du premier tour donnent les listes Boisdé et Cherrier
au coude à coude, loin devant
les autres postulants elles se retrouveront une semaine plus
tard pour une bataille à deux.
Le docteur Delamarre a retiré sa liste sans donner de
mot d'ordre.
Au second tour, la liste
Boisdé avec 12 831 voix sur les 33 597 inscrits devance
la liste "d'Union des Gauches" de 1500 voix en moyenne.
Le système électoral majoritaire à deux
tours permet à Raymond Boisdé d'obtenir pour sa
liste, les 35 sièges du Conseil Municipal.
Tête de liste, le député
du Cher est toutefois contesté dans son propre camp, son
nom arrive dernier au nombre de suffrages, puisqu'il a 12 204
voix, contre 13 062 pour Alfred Depège qui décroche
la première position. Comme
pour Laudier dans l'entre-deux-guerres, les fortes personnalités
sont assez souvent rayées..... par leurs électeurs.
Les lendemains d'élection sont difficiles. Pour la première
fois depuis les années 30, il n'y a aucune dose de proportionnelle,
selon les grands principes de la Ve République. Contrairement
aux élections précédentes, c'est une liste
homogène qui entre au Conseil Municipal. neuf Conseillers
sortants de gauche ne sont pas réélus.
L'élection au poste de maire
ne pose pas de problème majeur, sur les 35 votants, il
y a 34 voix pour Raymond Boisdé et 1 bulletin blanc. Les 6 adjoints sont élus de la même
façon, les quatre premiers adjoints exigés par
la loi réglementaire sont Mrs Ménard, Lantier,
Depège et Clémençon. Mais le nouveau maire
propose deux nouveaux postes d'adjoints, et M. Rouzé est
appelé "adjoint supplémentaire", alors
que M. Pasdeloup se retrouve adjoint spécial d'Asnières.
Les élections municipales
de 1965
La politique en 1965 se porte bien en France
et dans le Cher. L'année sera fertile en consultations
populaires et autres visites de ministres de la Ve République.
Le premier événement se
déroule en mars 1965 avec les élections municipales. A Bourges, il n'y a
que deux listes en présence, et le décret du 9
décembre 1964 a modifié la loi électorale.
Désormais, chaque électeur ne peut voter que pour
l'ensemble de la liste, sans panachage ni rayure, sous peine
de nullité du bulletin.
Au cours du conseil municipal du 18 février
1965, le maire évoque sa prochaine liste pour les municipales,
et si, en homme politique de grande expérience, il précise
qu'il choisira ses équipiers pour le seul intérêt
de la gestion municipale, il ajoute qu'à Paris, il a rencontré
d'autres collègues maires qui sont "depuis 8 jours
assaillis de sollicitations, et également d'offres de
combinaisons", il termine par un "c'est incroyable
!". Il est en effet certain que dans le contexte national
et local, en 1965, Boisdé est indéracinable.
Le 9 mars, comme maire sortant, Raymond
Boisdé annonce que sa liste, dont les noms ont été
dévoilés le vendredi 26 février, se caractérise
par deux éléments. Le premier, c'est "qu'il
ne reste pas beaucoup de place" car, parmi l'équipe
sortante, peu d'éléments sont disposés à
laisser leur place d'autant plus qu'ils ont toutes les chances
d'être élus. Le second événement sur
cette liste est la présence de socialistes, et de jeunes.
Cette volonté d'ouverture correspond à l'idée
de la "troisième force" en France, avec des
hommes du centre droit au centre gauche en repoussant les extrêmes.
Comme me le rappelle Bernard Gourdon, alors
secrétaire fédéral des Jeunesses Socialistes,
et fondateur du club local "Léo Lagrange", il
n'y avait "rien pour les jeunes sur Bourges, et Raymond
Boisdé voulait des gens venant d'horizons différents,
alors je représentais la jeunesse et j'y suis allé".
Bernard Gourdon représentait, à
travers le SNI (Syndicat National des Instituteurs), et ses liens
au socialisme, une ouverture intéressante pour Raymond
Boisdé. En outre, cet instituteur était à
l'origine de la première Maison des Jeunes de Bourges,
celle de la place Malus, qui regroupait alors plus de 350 adhérents,
avec des activités très diversifiées comme
le théâtre, la photo, le ciné-club ou les
rallyes.
Opposée à cette liste "Boisdé",
appelée aussi : Union Municipale et Action Sociale, une
seule autre liste emmenée par le Parti Communiste est
présente. Elle a pour nom : l'Union Démocratique
et comprend Henri Perrier, Marcel Cherrier, Robert Chaton,
Lucien Petit, Louis Baraton, Jacques Bastard, Gilbert Camuzat,
Marguerite Renaudat et quelques autres comme Rose Desserin et
Louise Belleray.
Les résultats
sont sans surprise, si ce n'est l'ampleur de la victoire. Sur
28 078 votants, la liste Boisdé obtient 16 504 suffrages
et celle d'Henri Perrier, moitié moins, soit 8612 voix.
La liste qui l'emporte est élue
en entier, et il n'y aura aucune opposition. Elle est donc
composée de Raymond Boisdé, député-maire
sortant, avec Roger Clémençon, Alfred Depège,
André Cothenet et.... René Henry.
La municipalité se met en place,
elle a une curieuse connotation puisque des socialistes de la
S.F.I.O., emmenée par René Henry, un technicien
de Nord-Aviation, gèrent la ville avec les hommes du centre
ou de droite, comme Alfred Depège, pharmacien, Roger Clémençon,
ingénieur et André Cothenet, l'ancien maire.
Les socialistes de René Henry comprennent des hommes comme
François Baboulène, René Robert ou Bernard
Gourdon, le benjamin de la liste. Sur les 35 conseillers municipaux,
28 appartenaient à l'équipe sortante de Raymond
Boisdé. C'est une équipe de notables. Hormis les
"jeunes loups " socialistes, la moyenne d'âge
de la liste est assez élevée.
Les élections législatives
de 1967
Les législatives de 1967 s'avèrent
délicates pour la majorité gaulliste au pouvoir.
A Bourges et dans le Cher, il n'y a pas de réelle surprise,
c'est un scrutin majoritaire à deux tours. Dans la
première circonscription du Cher, Raymond Boisdé
conserve son siège au premier tour dès le 5 mars,
avec une étiquette "UD. Ve", son suppléant
est Alfred Depège, pharmacien à Bourges.
Le
député-maire sortant obtient 52,88% des suffrages,
alors que le candidat communiste ne "fait" que 27%
et A. Duchereux, pour "l'extrême gauche", réalise
14,5%.
De son côté, Jean Boinvilliers
l'emporte dans une circonscription découpée d'une
drôle de façon, avec Vierzon, Sancerre et la Chapelle
d'Angillon.
Jean Boinvilliers est né à Paris le 16 juillet
1921, il est diplômé de l'Université de Pittsburgh
et maire de Brinon-sur-Cher. Il a épousé Béatrix
de Sieyes de Veynes qui lui a donné 4 enfants. Gaulliste
de toujours, il avait été décoré
de la médaille de la France libre. Sa profession, sur
l'annuaire de l'Assemblée Nationale, est "journaliste".
Boinvilliers a en effet été Chef de Service au
groupe de presse "Réalités" dès
1947, puis secrétaire général du groupe
avant d'entrer dans la vie publique sous les couleurs de l'U.N.R.
Il est alors chargé de mission au cabinet de Jacques Soustelle,
puis élu député du Cher le 30 novembre 1958,
dans la vague gaulliste de l'après 13-mai.
Le troisième élu, pour la circonscription comprenant
Dun, Saint-Amand et Sancoins, est le communiste Laurent Bilbeau
qui l'emporte de justesse avec 50,21% des suffrages. Il est alors
conseiller municipal de Bruère-Allichamps, il est né
le 23 mai 1911 à Chalivoy-Millon. M. Bilbeau exerçe
la profession d'instituteur et est membre du S.N.I. Ce 12 mars
1967, il se retrouve sur les bancs de l'Assemblée Nationale.
Sur le plan national, si la majorité
a recueilli au premier tour 38% des suffrages, les communistes
ont 22% et la gauche socialiste 19%, les jeux ne sont pas faits,
la gauche peut devenir majoritaire.
Ces élections montrent une France plus divisée
que jamais, avec une lassitude de la population, mai 68, que
nul n'avait prévu, n'est pas loin.
C'est à la suite de
ces élections législatives que des dissensions
se font jour au conseil municipal de Bourges.
Les "jeunes turcs socialistes" supportent de moins
en moins bien les méthodes de travail du maire de Bourges
ou des membres de son cabinet. Pour Bernard Gourdon, le refus
de Raymond Boisdé pour un développement industriel
devenait un point de rupture. Il y avait en effet, semble-t-il
une volonté des édiles berruyères de promouvoir
Bourges "comme une ville de qualité, de loisirs.....
un petit Vichy en quelque sorte".
Michelin et Bourges-Nord avec une population
dont le bulletin de vote "virait progressivement au rouge"
affolait Boisdé qui "ne voulait pas faire de sa ville
"une cité industrielle". Bernard Gourdon et
ses amis François Baboulène et René Robert
en désaccord sur les objectifs du maire vis à vis
de la ville, en opposition sur les méthodes de travail
quitteront le conseil municipal en donnant leur démission
le 23 juin 1967. Les autres socialistes, comme Henry, Arquinet
et Touraine resteront..... quelques mois supplémentaires.
La goutte d'eau qui fera déborder
le vase sera d'ordre nationale avec le vote sur les pleins pouvoirs
après les législatives de 1967. Le 26 avril, le
gouvernement de Georges Pompidou demande au Parlement l'autorisation
d'agir par ordonnances en matière économique et
sociale. Edgard Pisani, ministre de l'équipement, démissionne.
En mai, une grève générale est organisée
contre les "pouvoirs spéciaux".
Pendant deux ans, des tentatives d'alternatives municipales se
feront jour avec la constitution de GAM (Groupes d'Action Municipale)
sur le modèle d'Hubert Dubedout à Grenoble. Robert,
Couveigne et Gourdon créeront un GAM qui ne donnera pas
de résultat significatif. La France et plus tard Bourges
s'apprêtent à jouer sur d'autres terrains et dans
d'autres coins de rue..... Mai 68 est proche.
Elections législatives
des 4 et 11 mars 1973
à traiter
LES ELECTIONS MUNICIPALES
DE 1977
en savoir plus (avec la liste complète
des 37 conseillers municipaux) : voir l'article complet Cliquer
ici
La fin de la campagne est très
dure à Bourges, à l'approche du 13 mars, date du
premier tour. Au Parc Saint-Paul, ils sont 1500 à écouter
les leaders de la gauche locale. Jacques Rimbault, observant
les divisions de la droite, sent la victoire possible. Il s'exprime
ainsi : "l'espoir et l'union sont à notre côté",
alors que Charles Parnet donne une idée très critique
de ce que furent les réalisations de Boisdé. Boiché
parle de son cas, lui, le gaulliste de gauche, qui n'est "l'otage
de personne".
Le premier tour est une surprise à Bourges. Si Papon est
réélu à Saint-Amand et Léo Mérigot
à Vierzon, le résultat de Bourges ne permet pas
de se prononcer.
La liste de gauche de Rimbault arrive
largement en tête avec 14 246 voix, suivie des deux listes
"de droite", celle de Boisdé avec 7792 suffrages
bat de 300 voix celle de Bourges-Espoir qui obtient un très
bon score avec 7497 suffrages. La liste de Lutte Ouvrière
fait un bon résultat avec 1478 voix. Les abstentions ont
été importantes, avec un taux de 27%.
Les premiers commentaires et analyses portent sur la chute de
Boisdé. Lui, qui fut élu au premier tour en 1965,
avec 65% des suffrages et près de 60% en 1971, se retrouve
avec un score de 25%. C'est un rejet de l'homme et de sa liste.
Au soir de ce premier tour, René Henry affirme vouloir
se maintenir, car seule sa liste peut battre celle de M. Rimbault.
De son côté, Raymond Boisdé dit la même
chose, il se trouve "désigné naturellement"
car il est arrivé en tête des deux listes de droite...
Il n'a pas compris le vu des électeurs : le désire
d'un réel changement.
Les résultats du second tour
des élections à Bourges font l'effet d'une bombe
pour tous les Berruyers qui n'étaient pas familiers avec
la politique locale. La liste emmenée par Jacques Rimbault
l'emporte très largement avec près de 56% des suffrages,
très exactement 55,91%, et Raymond Boisdé a perdu,
il est loin derrière, à 4000 voix de son vainqueur
de gauche.
On note peu d'abstentions, puisque le taux n'a été
que de 20%. Comme Boisdé a obtenu 55 voix de moins que
la somme des listes de Bourges-Union et de Bourges-Espoir, cela
signifie qu'il n'a pas fait le plein des voix de droite, et de
nombreux abstentionnistes du premier tour n'ont pas voté
pour lui.
C'est une défaite sévère, mais ce qui est
encore plus difficile, ce n'est pas d'avoir été
battu par ses adversaires, mais par ses amis. Il ne fait aucun
doute que la perspective de remettre à la première
place de la ville une équipe ancienne et usée,
a amené beaucoup de rancur dans les rangs de la
droite locale.
Beaucoup de femmes et d'hommes n'ont pas
compris que Raymond Boisdé n'ait pas laissé la
place à l'équipe de Bourges-Espoir, qui pouvait
être une alternative intéressante. Alors, de nombreux
Berruyers, pas plus communistes que socialistes, ont avant tout
voté contre l'équipe du maire sortant, en voulant
lui faire comprendre qu'il devait laisser la place. Ils ne supportaient
plus que leur maire soit continuellement entre Paris et la Côte
d'Azur, où il séjournait longuement pour des raisons
de santé, et que la gestion municipale soit assurée
par "l'entourage" du maire.
Raymond Boisdé part, sans doute
avec beaucoup d'amertume et d'incompréhension. Il laisse
flotter sur la mairie "le drapeau rouge", pour reprendre
l'expression de plusieurs de ses amis au soir de la défaite,
ils sont "sonnés" et se laissent aller à
beaucoup de fantasmes, ne comprenant pas ce qui leur arrive.
Les élections municipales
de 1983
Au mois de janvier 1983, Jean François
Deniau annonce qu'il ne sera pas candidat pour conduire la liste
municipale de l'opposition à Jacques Rimbault. Il évoque
une incompatibilité entre le fait d'être Président
du Conseil Général du Cher et la fonction de maire
d'une grande ville comme Bourges. Il signale en outre qu'il soutient
Camille Michel, pour l'UDF, qui devient chef de file de l'Opposition
de droite.
Camille Michel est bien connu à Bourges, il fut préfet
du Cher de 1978 à 1981 et sa démission alimenta
de bien nombreuses conversations.
Il aimait à répéter ce que disait Napoléon
1er qui avait écrit "que les préfets étaient
chargés d'assurer le bonheur des Français. C'est
ce que j'ai essayé de faire, dans toutes mes fonctions".
Il connaît bien Bourges, un physique tout en rondeur, le
visage souriant, il est jovial, c'est un débatteur de
première. Et les différentes listes électorales
apparaissent.
A droite, Camille Michel emmène la liste, il a à
ses côté des gaullistes du RPR comme Jean Claude
Péan et François Deschamps, à gauche, pas
de surprise, les vainqueurs de 77 sont présents, autour
de Jacques Rimbault, Gilbert Camuzat, Jean Pierre Saulnier, Marguerite
Renaudat et Edmond Boiché mais aussi un nouveau, Jean
Claude Sandrier.
Le 23 février 1983, le Conseil Municipal se réunit
en pleine campagne électorale à 10 jours du premier
tour, Jacques Rimbault en profite pour évoquer les aspects
financiers de la ville entre la situation actuelle et ce qu'il
a trouvé 6 ans auparavant :
"Je veux rappeler simplement deux éléments
de l'héritage trouvé à cette époque.
Nous avons trouvé un milliard 737 millions d'AF de travaux
ou d'acquisitions
.sans financement. Par ailleurs la situation
des opérations confiées par la Ville à la
SOBEREM faisait apparaître une déficit de un milliard
517 millions d'AF.
Nous sommes loin de cette mauvaise passe. La situation financière
de la Ville est saine et nous maîtrisons une politique
budgétaire de croissance et de rigueur
.".
La campagne électorale est un duel
entre deux hommes. Dans un article du Berry Républicain,
du 1er mars 1983, le journal local interroge chacun des candidats.
Jacques Rimbault est confiant, car pour lui, "Bourges n'a
jamais répudié un maire qui, avec son Conseil,
a fait son travail". Et lorsqu'on lui demande ce qu'il regrette
le plus depuis 1977, il répond :"c'est d'avoir subit
au cours des 4 premières années de mon mandat,
un préfet autoritaire qui nous a fait perdre un temps
considérable", il prend pour exemple la mise en cause
de la subvention municipale au Comité des uvres
Sociales de la Ville
et ce préfet avait pour
nom Camille Michel.
Dans ce premier mandat, il n'y a pas
eu de "grands travaux spectaculaires", aussi le maire
de Bourges insiste sur les actions en matière piétonnière,
avec le Haut de la rue d'Auron et Gordaine qui seront bientôt
traités.
Pour les logements, Jacques Rimbault veut " agir au sein
de l'Office HLM pour une accélération des travaux
d'entretien et de rénovation des logements".
Enfin, devant la grogne et l'inquiétude des commerçants
de la rue d'Auron, il réplique de manière assez
optimiste, et défend son projet. En conclusion, lorsque
qu'est évoqué son adversaire de droite, il utilise
cette formule " Tout ce qui est excessif est insignifiant
".
Lorsque le journal se tourne vers le candidat
de droite, pour le même type d'interview, c'est un Camille
Michel particulièrement offensif et plus anti communiste
que jamais qui répond : "Une municipalité
communiste n'attire pas les entreprises, si elle ne les fait
pas fuir", et il ajoute sur un autre terrain, "et il
y a des " ardoises " cachées". Il développe
ce thème évoquant une gestion réalisée
dans l'intérêt du Parti Communiste, sur le personnel,
le choix des entreprises, la subvention aux associations. Et
Camille Michel critique "la propagande autour de la plus
petite réalisation, même lorsque la municipalité
n'y est pour rien".
Il admet comme positif, les rues piétonnes
et le boulevard de l'Avenir, mais ajoute "grâce aux
subventions que j'ai obtenu lorsque j'étais préfet".
Dans ses nombreuses critiques, le chef de file de la droite demande
l'élimination du trafic des poids lourds en ville, la
réalisation d'un troisième parking, et il trouve
que l'on a acheté des autobus trop grands qui contribuent
à ralentir la circulation par des manuvres difficiles.
En conclusion Camille Michel affirme :
"qu'il n'attaque pas Jacques Rimbault personnellement,
mais il est membre du Comité Central du Parti Communiste,
il applique à Bourges les procédés habituels
des communistes, c'est le sommet qui décide, la base discute
dans le secret et approuve à l'unanimité, les socialistes
l'ont dit à haute voix".
Tel est le style Camille Michel et de la
droite de l'époque. Ce discours plaisait à une
petite minorité un peu extrémiste et en attente
de revanche, mais ne permettait pas de rassembler une forte majorité
de la population, surtout en 1983, avec une gauche triomphante
et porteuse de beaucoup d'espoirs.
C'est au début de la campagne électorale
à la fin de l'année 1982, que se déclenche
la bataille du nouveau Prado. A la place des abattoirs, entre
l'Auron et le canal de Berry, sur un site "à la périphérie
du centre ancien", comme le dit Serge Lana, architecte en
chef du projet et qui a toute la confiance de J. Rimbault.
L'opération est prise en charge
par la ville de Bourges et les organismes d'HLM, afin de devenir
"une zone d'appui et de renforcement du centre-ville".
Le programme est basé sur l'habitat social avec plusieurs
centaines de logements et sur un centre commercial de 1500 mètres
carrés de surface de vente. Un Hôtel 2 étoiles
est prévu, il comprendra 80 chambres, enfin des magasins
et des bureaux termineront cet ensemble.
Le triomphe de Rimbault aux municipales
de 1983
A la veille du scrutin, la confiance règne
dans les deux camps. L'équipe de gauche se sent soutenue
par ses partisans, et pense que son travail de dialogue et de
concertation va " payer ", et entraîner des Berruyers
qui votent davantage pour une équipe fut-elle communiste
ou socialiste que pour une étiquette. Chacun se dit persuadé
que la liste de droite, conduite par un ancien préfet,
particulièrement hargneux n'est pas un atout, les Berruyers
n'aiment pas ce type d'attitude.
Inversement, chez Camille Michel, beaucoup pensent que 1977 a
été un accident, que les Berruyers ont voté
contre Boisdé et pas pour des communistes. Les "stratèges"
se disent persuadés que "la bourgeoisie du Centre
Ville" va revenir au bercail et voter à droite.
Le 6 mars 1983, c'est le premier tour de ces municipales avec
trois listes en présence : l'Union pour Bourges de Jacques
Rimbault, à droite, Camille Michel, et enfin Colette Cordat
est leader de la liste Lutte Ouvrière.
A 19 heures, à la permanence de Camille Michel, rue Messire
Jacques, " on y croit ". Le journaliste Alain Fourgeot
retrace cette soirée pour le Berry Républicain,
il constate que certains les pronostics : une droite à
56%,et pour les plus pessimistes, un score un peu au dessus de
50%!
Vers 19 heures 15, Jean François Deniau rentre sur Paris,
afin d'assister à une émission de télévision
sur Antenne 2. Il n'a pas les chiffres et dit simplement "je
suivrais les résultats à la radio".
A même moment, à gauche, c'est la sérénité.
Marguerite Renaudat calcule qu'en Centre Ville c'est le même
écart qu'en 1977, c'est bon signe
.. Mais à
Auron, Camille Michel est en tête
très
vite d'autres chiffres sont donnés. Les militants passent
par toutes les couleurs, ils ne se prononcent pas, puis "
c'est foutu " dit l'un d'entre eux.
A 20 H 15, les chiffres tombent, la liste de Jacques Rimbault
obtient 54% des suffrages, le nom du maire de Bourges est scandé,
alors qu'à 21 heures, l'Internationale éclate dans
les salons de la Mairie.
Les chiffres précis sont communiqués, ils sont
sans bavure :
Rimbault 18 537 voix 54,04%
Cordat 733 voix 2,13%
Michel 15032 voix 43,83%
Il y a davantage d'électeurs inscrits,
mais globalement, les résultats ce ces élections
sont proches de ceux du second tour de 1977.
Jacques Rimbault est heureux et satisfait, et en annonçant
le prochain Conseil Municipal pour le dimanche suivant à
11 heures, il poursuit :
" Nous serons à quelques jours de 2 printemps, celui
des saisons et celui de la chanson".
Les élections législatives
de mars 1986
Les élections législatives
se déroulent le 16 mars 1986 et elles inaugurent une grande
première en France, la cohabitation. En effet, François
Mitterrand dans son désire de "limiter la casse"
lors des législatives selon le mode de scrutin habituel
sous la Ve République, qui aboutirait selon les sondages
par un raz de marée de la droite, a décidé
que le scrutin serait réalisé à la proportionnelle
à un tour.
Alain Calmat arrive en Berry pour ces élections législatives
avec une étiquette "apparenté PS", c'est
un sportif de haut niveau dont la carrière professionnelle
fut exemplaire.
Il est entré récemment en politique et occupe la
fonction de ministre délégué à la
Jeunesse et aux Sports depuis 1984 dans le gouvernement socialiste
de Laurent Fabius.
Alain Calmat, en France, est une référence. Il
est né en 1940, et a su concilier des études supérieures,
il sort médecin de la faculté de Paris, et sportives,
il est au plus haut niveau du patinage artistique dans le monde
pendant 10 ans, de 1955 à 1965, date à laquelle
il quitte la compétition, devenu Champion du Monde de
patinage artistique.
C'est un des hommes les plus populaires du pays et son arrivée
à Bourges est assez bien perçue car il s'agit d'un
personnage sympathique, qui exerce encore la chirurgie au centre
hospitalier Pitié-Salpétrière. Pourtant,
comme Boisdé ou Deniau, ce " parachutage " en
terre berrichonne d'un ministre n'est pas bien perçue
par tout le monde
surtout chez les socialistes locaux.
Il était venu au Printemps de Bourges l'année précédente,
en 1985, et avait découvert la cité berruyère.
La campagne n'a pas la pugnacité
d'autrefois, dans le Cher, les trois leaders des partis politiques,
Jean François Deniau, Alain Calmat et Jacques Rimbault
sont, par le mode de scrutin, " presque certains d'être
élus". C'est ainsi que le 2 février 1986,
ils sont présents tous trois à la pose de la première
pierre de la " Maison du Baciste ", au stade Jean Brivot,
à l'invitation de Jean Michel Récapet, président
du BAC, Bourges Athlétique Club, le " club omnisports
de l'Aérospatiale ", comme le répètent
les Berrichons.
Ainsi, ce dimanche matin, sous une fine pellicule de neige, les
trois postulants se trouvent ensemble devant trois pierres, avec
truelle et ciment. Et nos trois maçons occasionnels de
poser trois premières pierres ce qui est assez exceptionnel
!
Ce jour-là, la représentante du préfet est
en petite chaussures basse, il s'agit de Marie Hélène
Bahisson qui défrayera la chronique nationale dans "
l'Affaire du carrefour du Développement ".
Les résultats modifient la couleur de la majorité
gouvernementale puisque, la coalition RPR-UDF obtient la majorité
absolue avec 291 sièges sur 577. La conséquence
immédiate, c'est la nomination de Jacques Chirac comme
premier ministre, il s'entoure de Pasqua, Balladur et Léotard
Les élections législatives
de 1988
C'est un scutin à la proportionnelle,
F Mitterrand voulant limiter la casse.
Dans le Cher, le changement de type de scrutin change peu les
élus qui vont aller au parlement. Jacques Rimbault
est réélu sans problème, avec 41400 voix,
il est accompagné par Jean François Deniau, 64
642 voix et par Alain Calmat, 39700 voix.
Par la victoire de la Droite et de Jacques Chirac, le nouvel
élu du Cher, Alain Calmat perd son portefeuille de ministre.
Ainsi, au printemps 1988, le paysage berruyer
se recompose. Jacques Rimbault reste en place plus solide
que jamais.
La victoire nationale de la droite de Jean
François Deniau, présent à Bourges depuis
une dizaine d'année ouvre des perspectives. Il semble
promis à un retour au plus haut niveau, ne parle-t-on
pas régulièrement de lui comme d'un possible Premier
ministre.
Quant à la présence d'Alain
Calmat elle pose problème. Le Parti Socialiste rêve
de reprendre la ville de Bourges, et une personnalité
comme Calmat, c'est l'espoir des socialistes, agacés par
l'hégémonie du Parti Communiste dans une ville
qui est perçue comme "très bourgeoise".
Alain Calmat sera élu Conseiller
régional de la région Centre en 1992, puis quittera
Bourges après son échec aux législatives
de 1993.
Deux ans après il est élu
maire de Livry-Gargan puis député de Seine Saint
Denis en 1997.
La campagne des municipales
de mars 1989
Pour les élections municipales de
1989, c'est presque un " remake " de celles de 1983.
En effet, si la majorité municipale retourne devant les
électeurs avec l'équipe qui fait son succès
depuis 12 ans, à droite, " on reprend les mêmes,
ou presque et on recommence"
. à perdre.
Surprise toutefois avec l'arrivée de deux autres listes,
l'une emmenée par Jacques Grégoire pour les Ecologistes
et la quatrième représente le Front National avec
Jean d'Ogny. Ce dernier intitule sa liste " Bourges ville
française " il affirme : "grâce à
la proportionnelle, nous aurons des élus". Camille
Michel conduit la liste " Un nouvel essor pour Bourges ",
alors que Jacques Rimbault propose la sienne " Bourges union
pour notre Ville " .
En préliminaire à la campagne, Camille Michel interpelle
le Maire de Bourges sur la fraude électorale et M. Rimbault
réplique : " Il n'est pas besoin d'être préfet
de police honoraire pour condamner toutes les fraudes électorales
d'où qu'elles viennent" et de terminer à l'usage
de tous qu'il ne faut pas cultiver la suspicion
..
La Nouvelle République publie dans les jours précédent
le scrutin, une série de reportages et d'articles sur
les principaux thèmes de la campagne.
Gilles Bigot traite la Culture, titrant
sur " la bonne image culturelle de la Ville, avec son Printemps,
sa Maison de la Culture, mais certains équipements ont
été négligés".
Pour les Berruyers, le point noir, c'est la bibliothèque
municipal qui est indigne d'une cité de 80 000 habitants,
cette situation apparaît vraiment comme critique. Quant
aux locaux pour l'Ecole de musique et de danse, ils sont trop
exigus pour les 1200 élèves inscrits. Enfin, le
manque de personnel, aussi bien dans les musées que dans
les bibliothèque est inquiétant. Pourtant, le pourcentage
du budget municipal consacré à la Culture est d'environ
12%, ce qui est considérable. Les succès sont analysés,
comme les Echevins, le CRC, le Muséum, et même les
Ballades à Bourges, " bien que les succès
de ces dernières, de 1988, ont été mitigées".
Pour la première fois dans une élection
municipale, la radio Recto Verso joue un rôle important
dans la campagne, avec l'émission " Opinion "
qui reçoit les différents candidats, avec l'aide
de la rédaction de La Nouvelle République.
Le 3 mars, Jacques Rimbault est à l'antenne, il est tendu,
moins à l'aise qu'à son habitude, ce n'est qu'en
fin d'émission qu'il retrouve son punch. Face aux critiques,
il dit : " Je ne suis pas un seigneur rouge, je travaille
pour la Ville". Et au cours de la prestation, il doit répondre
à Pierre Signargout à propos du Grand Stade. Ce
dernier dit tout haut ce que pensent alors de nombreux Berruyers
: " N'y a-t-il pas autre chose à faire qu'un stade
?" ce à quoi le Maire de Bourges qui considère
ce stade comme " son enfant " réplique : "
Il faut apporter des solutions aux problèmes immédiats,
construire une première tranche et puis se concerter pour
préparer l'avenir". Patrick Dorie, alors président
du CJMB parle du sport de haut niveau et des relations entre
la Ville et les équipes phares. C'est à cette époque
que le basket féminin monte en puissance.
Le résultat des municipales
: Rimbault " facile "
Les derniers jours de la campagne sont
consacrés aux grandes réunions publiques, celles
de la dernière heure. Au Palais des Congrès, près
de 2000 personnes écoutent et applaudissent la liste de
gauche.
A 5 jours du scrutin, Jacques Rimbault déclare en conclusion
de ce grand meeting :
" Bourges, c'est la cité aux 80 000 acteurs, dimanche,
ce sera un grand enjeu, celui de choisir entre le développement
économique et social, contre l'austérité
et la rigueur".
A droite, devant leurs militants, à la salle des fêtes
de La Chancellerie, Christine Branchu monte au créneau,
" il faut que Bourges brise son isolement économique"
alors que Jean François Deniau veut "mettre fin à
la mainmise du Parti Communiste sur Bourges".
Enfin, Camille Michel l'affirme : "Nous sommes partis pour
gagner", quant il parle de Jacques Rimbault, il le peint
ainsi :
" c'est un homme qui administre Bourges seul, qui décide
de tout".
Au soir du premier tour, le 12 mars, les
résultats tombent, la surprise est considérable
à droite. Si la liste de Jacques Rimbault l'emporte facilement,
un peu comme en 1977 et 1983, c'est l'écroulement de la
liste de Camille Michel, il n'obtient que 27,9%, c'est à
dire 16% de moins que six ans plus tôt. Ce n'est pas une
gifle, c'est une correction. Dans un bureau du Centre Ville il
n'a recueilli que 260 voix contre 708 en 1983.
Les chiffres sont en effet triomphants pour la gauche et consternants
pour la droite :
Jacques Rimbault 15071 voix 54,11% 38
sièges
Camille Michel 7773 voix 27,9% 7 sièges
Jacques Grégoire 2554 voix 9,16% 2 sièges
Jean D'Ogny voix 8,81% 2 sièges
Le nouveau Conseil municipal se réuni
comme prévu le 17 mars 1989 à 18 heures. On remarque
tout de suite l'absence de Camille Michel, le leader de la liste
de droite. Les élections se déroulent sans trop
de surprise, Jacques Rimbault est réélu maire,
et son premier adjoint, le " dauphin " se nomme Jean
Claude Sandrier, alors que beaucoup pronostiquaient Gilbert Camuzat
ou Marguerite Renaudat, ils seront respectivement 4e et 6 adjoint.
Il faut faire en effet une place aux socialistes, Jean Pierre
Saulnier et Bernard Gourdon, ainsi qu'à Edmé Boiché
qui devient troisième adjoint.
Le lendemain, Camille Michel réapparaît
et s'explique face à la presse :
" Je ne suis pas venu à la séance du
Conseil Municipal, car je ne voulais pas être soumis à
une séance humiliante comme en 1983",
il poursuit par ce qui est une petite bombe
, le leader de la droite locale annonce en effet sa démission
:
" Je considère les résultats obtenus
par la liste que j'ai conduite comme un désaveu personnel.
En démocrate je me retire du combat. La politique menée
par le Parti Communiste à Bourges entraîne la ville
sur la voie du déclin, comme c'est le cas de Vierzon depuis
30 ans, Bourges sera vierzonnalisée".
Il est aussitôt remplacé par le suivant de la liste,
un entrepreneur en travaux public, Serge Lepeltier, peu
ou pas connu des Berruyers. Quant au successeur dans le leadership
de la droite, C. Michel dit simplement " je ne peux empêcher
d'autres de prendre le relève", c'est une question
importante que se posent les Etats Major d'une droite encore
sonnée.
Lorsque Jacques Rimbault reçoit la lettre de démission,
il n'est pas très content, Camille Michel va lui manquer,
les joutes oratoires en Conseil municipal étaient de grands
moments pour l'un et l'autre. J. Rimbault déclare à
ce moment : " Cette démission n'est pas un encouragement
pour la démocratie car une semaine après l'élection,
on ne doit pas dire à son électorat " débrouillez-vous,
je me retire "".
Elections législatives de
1993 :
C'est une vague bleue qui lamine la gauche
les 21 et 28 mars 1993, et ce sont trois fortes personnalités
qui entrent au palais Bourbon :
- Franck Thomas Richard à Bourges
Vierzon pour l'UDF
- Jean François Deniau à
Bourges Sancerre pour l'UDF
- Serge Lepeltier à Bourges Saint-Amand
pour le RPR
On notera que Jacques Rimbault est battu,
mais il est alors très gravement malade.
Et on voit arriver un jeune nouveau : Serge
Lepeltier qui est chef d'entreprise et il va devenir LE personnage
important du Cher pendant plus de 25 ans.
Elections Municipale de
95 : droite et gauche sur des stratégies opposées
La mort de Jacques Rimbault a plus que
fortement déstabilisé la gauche municipale. La
stratégie était depuis le début des années
1980 basée sur le charisme du maire. "JR" était
devenu incontournable, c'était "le patron" incontesté,
menant depuis 1978 élection après élection
ses troupes à la victoire. Les socialistes, malgré
quelques velléités étaient deux rangs derrière,
bien au garde à vous.
La disparition de J. Rimbault, et sans doute, quelques querelles
internes, n'ont pas facilité la constitution de la liste
pour les municipales de juin 95. Jean Claude Sandrier devient
le nouveau leader, alors que s'efface la fidèle Marguerite
Renaudat, pour cause d'âge, alors que Gilbert Camuzat commence
à prendre quelque distance avec le local. Le Parti Socialiste
est redevenu très faible. La presse rapporte le 5 octobre
1994 que le chef de file des socialistes au Conseil municipal,
Jean Pierre Saulnier "décroche et ne se représente
pas". Dans ces conditions, Pierre Houques revient, lui qui
avait été "évincé" par
Olivier Thiais en octobre 1993
Quant à Alain
Calmat, il a eu un temps des visées sur la Ville de Bourges,
mais il retourne en région parisienne, après 7
années passées en Berry.
Comme il le dira souvent, Jean Claude Sandrier a manqué
de temps. Deux ans pour s'affirmer après 16 années
de J. Rimbault, c'est trop peu. Sa stratégie vis à
vis des Berruyers sera basée uniquement "sur le souvenir
du père", c'est à dire sur Jacques Rimbault,
avec des symboles très forts. Le nom de la rue de la mairie
ou le stade des Grosses Plantes, la référence continue
à JR, joue sur l'émotion, c'est bien vis à
vis des fidèles, mais cela n'entraîne pas de troupes
nouvelles.
A droite, la stratégie est inverse. Il y a toujours Jean
François Deniau, député, Président
du Conseil général, homme de grande stature, présent
sur de nombreux pays de par le monde. Les Berruyers le voient
souvent à la télévision, plus rarement de
leur point de vue à Bourges.
La classe politique locale est à la recherche d'un vrai
leader capable "de reprendre la ville aux communistes".
Elle trouve en la personne de Serge Lepeltier une possible opportunité.
Les notables "bourgeois" de la cité de Jacques
Cur ont beaucoup souffert de l'absence de leader à
droite dans les précédentes consultations. Cette
fois ils ont le choix entre Franck Thomas Richard, le représentant
de l'UDF, qui joue la convivialité et la tape amicale
sur l'épaule, et Serge Lepeltier, un pur produit RPR,
plus froid, mais qui fait sérieux et déterminé.
Il y a chez les Berruyers, une volonté
de changement, comme cela s'est fait dans les années 1975
avec la fin de Raymond Boisdé. Trois fois 6 ans, avec
la même équipe, c'est beaucoup. Il y a une panne
d'idées originales et un trop faible renouvellement des
personnels politiques.
Beaucoup de Berruyers n'assistent plus aux "Assises pour
Bourges", car " ce sont toujours les mêmes têtes
et le même discours". Il y a une certaine lassitude
..
Et Jacques Rimbault, avec son charisme n'est plus là.
Mais passer de gauche à droite n'est pas évident
pour les Berruyers. Ils restent légalistes et fidèles.
Les gens en place, bénéficient d'un préjugé
favorable. La droite devra se battre et surtout proposer un vrai
projet pour les 6 ans à venir. C'est ainsi que les équipes
de Lepeltier, "Bourges Projet " et celles de Thomas
Richard "Atout Cur" se mettent au travail, avant
de se retrouver dans un même combat avec la liste "Bourges
plus fort".
Jacques Chirac vient soutenir Serge Lepeltier
Article et photo du Berry Républicain
Les élections municipales sont prévues
par le calendrier électorale en juin 1995. Les Etats majors
se mettent en ordre de marche de manière assez différente.
A gauche, c'est le temps des inaugurations, du bilan, de l'action
passée et du succès de l'équipe de Jacques
Rimbault. A droite, dès 1994, les militants sont sollicités
pour réfléchir au projet pour Bourges. Puis c'est
l'automne, les négociations entre partis politiques sont
délicates, pour constituer la liste. Chacun veut en être.
Serge Lepeltier fixe, en organisateur hors pair, les règles
du jeu, il y aura un tiers de RPR, un tiers d'UDF et un tiers
pour des personnes venant "de la société civile",
sans appartenance politique.
La campagne se déroule sans anicroche particulière
entre les différentes listes. Des réunion publiques,
des distributions de tracts, un débat sur une radio locale
entre les deux têtes de listes
.. et l'attente du
résultat des élections présidentielles qui
auront sans aucun doute une influence sur le scrutin local.
Les élections présidentielles
prévues fin avril et début mai 1995
.... font
la "une" des journaux, locaux comme nationaux. Les
candidats s'affrontent pour succéder à François
Mitterrand. Ce dernier, n'a pas prévu, comme souvent les
grands hommes, un successeur. Il a rejeté Rocard, Bérégovoy
s'est donné la mort, et il est en froid avec Jospin
..
Les "Affaires" après 14 ans "de règne"
ont miné le régime. Les français recherchent
un président très différent. A gauche Jospin
entre en lisse. Il a le caractère austère du milieu
protestant, mais chacun a le sentiment, qu'il est un homme politique
irréprochable. A droite, c'est une bataille "au couteau"
entre Balladur et Chirac, "les amis de 30 ans".
Chirac est en Berry pour le Printemps de
Bourges. Ce 19e Printemps, est très coloré avec
"l'autruche au tambour" qui succède au pingouin
de l'année précédente comme image fétiche.
Le programme est attrayant, sont présents, Bashung, Souchon,
Simple Minds, le fidèle Thiéfaine et surprise,
les Chippendales à la Maison de la Culture, les berruyères
vont, avant beaucoup d'autres, découvrir ces "beaux
mâles" dont on a beaucoup parlé depuis. Autre
grand moment, la présence dans la cathédrale, un
peu froide, de Julia Megenes le mercredi 26 avril, un concert
inoubliable.
Jacques Chirac va-t-il apprécier
la programmation ? Rien n'est moins sûr. Il est en campagne
et les jeunes ne sont pas très sensibles à ce type
de présence. Le maire de Paris lorsqu'il fait le tour
des salles de spectacle est parfois sifflé, c'est dans
l'ordre des choses.
Mais devant la Maison de la Culture, il est tout simplement bousculé.
Il "ne doit son salut qu'à une porte dérobée
située dans le bâtiment", la pomme ayant été
son emblème pendant la campagne, les jeunes gauchistes
de Bourges bien organisés et le service d'ordre du Printemps
complètement dépassé lui envoient ces fruits
en quantité non négligeable.
Un mauvais moment à passer. Serge Lepeltier, député
et candidat à la mairie, accompagne Jacques Chirac, il
sort de la bousculade avec une aggravation d'une hernie discale
qui le conduit dans les jours suivants à la clinique Guillaume
de Varye pour subir une opération qui ne fut pas anodine.
Et ceci en pleine campagne électorale !
La campagne des Présidentielles se poursuit, mais la vie
municipale aussi. Lors de ce qui sera la dernière réunion
du Conseil municipal de l'équipe en place, le 30 mars
1995, il est question des taux qui sont augmentés de 1,9%
par rapport à l'année précédente,
puis du Centre de Secours, c'est à dire la nouvelle caserne
des pompiers. Le Conseil municipal approuve le programme de Jean
Claude Sandrier pour le lancement du concours d'architectes.
Cette opération importante est faite avec précipitation
une veille d'élection, disent ses adversaires, alors que
le maire joue la continuité, persuadé d'être
élu.
Des élections municipales
de 1995 aux scores serrés
Alors que se poursuivent les réunions
des listes Bourges Plus Fort d'un côté et Bourges
Union de l'autre, avec distribution de tracts sur les marchés
ou devant les super et hypermarchés, les tracts dans les
boîtes aux lettres, c'est la Présidentielle qui
occupe la scène au plan national. La gauche ne semble
pas avoir beaucoup de chances, et Lionel Jospin, fait l'effet
d'un "revenant", l'équipe Mitterrand est au
plus bas.
A droite, Edouard Balladur doit l'emporter, c'est un premier
ministre apprécié, et Jacques Chirac semble un
peu "dépassé". Mais une campagne électorale,
c'est aussi une grande bagarre et sur ce terrain, le Maire de
Paris est au mieux.
Les résultats du premier tour surprennent, Jospin fait
un excellent score : 23,7% des suffrages, il est en tête
des candidats et certains pensent qu'il va même l'emporter.
A droite, Chirac est à 20,4 % ce qui est décevant,
Balladur le suivant de prêt, avec 19,1%. Chirac, mathématiquement
a de bonnes chance de devenir président.
Le second tour se fait sans trop de passion, le débat
télévisé tant attendu est frustrant et Jacques
Chirac passe de la Mairie à l'Elysée
.. avec
pour la ville de Bourges un score de 52,6 pour Chirac et 47,4
pour Jospin.
A Bourges, ces résultats sont épluchés
à la loupe par les Etats Majors des candidats aux municipales
prévues dans 2 mois. La gauche est en bonne position pour
gagner, alors que Serge Lepeltier pense que " les résultats
de Bourges sont de bon augure".
L'équipe de Jean Claude Sandrier multiplie les "effets
bilans" et les inaugurations. Serge Lepeltier calcule. Il
trouve que la droite "classique" ne lui permettra pas
de l'emporter, c'est trop juste, il faut élargir la liste,
non pas sur l'extrême droite, il a le parti et les idées
de Jean Marie Le Pen en horreur, mais au contraire vers la frange
écologique. Il prend rapidement contact avec Alain Philippe
qui est marqué par "Bourges Démocratie",
mais aussi par Génération Ecologie. Après
un dîner chez Patrick Dorie entre Serge Lepeltier et Alain
Philippe, il réussit à convaincre ce dernier de
figurer en bonne place sur la liste.
Le premier tour des municipales du 11
juin, est serré, la liste
Lepeltier est en tête avec 45,45% des suffrages, mais le
maire de Bourges, Jean Claude Sandrier est à quelques
voix derrière, il obtient 45,17%.
Le Front National n'obtient que 5,8% et l'extrême gauche
1,8%.
Les huit jours entre les deux tours sont tendus, mais d'une extrême
correction de part et d'autre. Le sommet est un débat
organisé par le Berry Républicain et retransmis
sur les ondes d'Europe 2 le 14 juin 1995. Pour les militants
de "Bourges Plus Fort", " Serge Lepeltier était
plus à l'aise", alors que les partisans du maire
de Bourges répliquent : " Jean Claude Sandrier prend
le dessus".
Second tour, un 18 juin, les résultats arrivent dans les
permanences, bureau par bureau. Les uns favorables à la
gauche, les autres à la droite, c'est très indécis.
La défaite se déplace d'un camp à l'autre
en quelques minutes : alternativement, c'est l'abattement et
la joie. Et puis c'est le résultat, la droite l'emporte
que quelques centaines de voix, très exactement 869 voix
d'avance pour " Bourges Plus fort ", 51,36% contre
48,64%, et Serge Lepeltier sera élu dans quelques jours
maire de Bourges.
Jean Claude Sandrier, sans tristesse excessive
est déçu, il analyse à chaud sa défaite,
" Un contexte particulièrement difficile, juste après
la présidentielle, la présence sur la liste adverse
de deux députés de droite et la femme du troisième,
et le fait que je ne sois pas vraiment un maire sortant".
Battu, Jean Claude Sandrier sera conseiller
municipal, et il reste conseiller général.
Dans l'autre camp, la victoire à l'arraché, est
d'autant plus appréciée. La nouvelle majorité
comprend 37 élus contre 12 à l'Opposition.
Serge Lepeltier à la permanence de la rue Jean Jaurès
est pressé par les siens. On note la présence de
Jean François Deniau, Serge Vinçon et " d'un
Jean Rousseau radieux aux côtés de Frank Thomas
Richard " note un journaliste. Le prochain maire de Bourges
a du mal à s'exprimer dans le brouhaha, " Bourges
a changé de majorité, Merci au 38ième de
notre liste qui n'est pas élu
. Je dédie cette
victoire à mon petit fils" et Serge Lepeltier montre
cet enfant, Romain, symbole de l'avenir de Bourges.
Quelques instants plus tard, il déclare que " c'est
un très grand honneur de devenir maire. J'y mettrai toute
mon énergie.". Il a quelques mots pour son adversaire
:
" Je comprends la déception de Jean Claude Sandrier
.
S'il vous plait
.. je vais vous demander de rester digne
et sérieux et ne pas aller insulter les perdants comme
on l'a vu en 1977. Je veux dire qu'il ne s'est pas agi pour moi
de renier le passé de la ville, mais d'écrire une
nouvelle page de son histoire".
La Nouvelle République titre au lendemain de ce 18 juin
:
" une victoire
célébrée sans débordements ".
Serge Lepeltier a alors 42 ans, Gaulliste
de toujours, c'est en 1975 qu'il entre à l'UDR, le futur
RPR de Jacques Chirac à qui il sera fidèle en toute
circonstance. En 1978, il s'essaie aux législatives en
Moselle, est battu, mais rencontre son épouse Viviane.
Sur d'autres plan, le maire de Bourges est passionné de
plongée sous-marine, et chaque année, il s'en va
visiter les eaux profondes de notre globe.
Dans le Cher, il brigue tous les mandats qui s'offrent, conseiller
régional, conseiller général, député
du Cher, il est vainqueur à chaque élection, et
cela continuera, avec pour seul faux pas, les législatives
à venir de 1997.
C'est un peu avec de la chance qu'il devient conseiller municipal
de l'opposition en 1989, à la suite de la défaite
puis de la démission de Camille Michel.
Son parcourt, pour l'historien est voisin
de celui de Henri Laudier avant guerre, et il est à classer
dans les " grands maires " de Bourges au même
titre que Raymond Boisdé et Jacques Rimbault. Seul l'avenir
..
- Résultats
des élections municipales de 1995 :
-
- 1 er tour :
-
- Inscrits 48071 - votants 30096 - exprimés
29503
- liste PCF - PS DVG de J.C. Sandrier
= 13327 soit 45,17%
- liste RPR-UDF de S. Lepeltier = 13409
soit 45,45%
- liste LO de C. Cordat = 524 soit 1,78%
- liste FN de J. D'Ogny = 1710 soit 5,8%
- Liste Mieux vivre de V. Merceron =
583 soit 1,81%
-
- 2 ième tour
- Inscrits 48058 - votants 32598 - exprimés
31975
- liste PCF - PS DVG de J.C. Sandrier
= 15553 soit 48,64 %
- liste RPR-UDF de S. Lepeltier = 16422
soit 51,36% élue
Les élections législatives
de 1997
Après la dissolution surprise de
Jacques Chirac, afin d'obtenir une majorité plus confortable,
c'est la douche froide, et dans le Cher, après la vague
bleue de 1995, c'est une semi vague rouge / rose avec un seul
siège à la droite :
- Jean Claude Sandrier à Bourges
Vierzon pour le PC
- Yves Fromion à Bourges Sancerre
pour l'UMP
- Yann Galut à Bourges Saint-Amand
pour le PS
La campagne électorale
des municipales de 2001
C'est juste avant les vacances de l'été
2000 que commence timidement la campagne électorale. Chacun
informe les électeurs de la suite des opérations.
Serge Lepeltier distribue un journal de 4 pages avec pour thème
"Bourges avance", en reprenant l'ensemble des réalisations
effectuées en 5 ans. Au plan du concret, et en comparaison
avec le première mandat de Boisdé ou de Rimbault,
c'est le record en matière de réalisation.
Dans une courte interview, le maire de
Bourges évoque :
" Nous avons dû combler un retard important
en matière de voirie, avec de très nombreuses rues
dont les trottoirs n'avaient pas été refaits depuis
plus de 30 ans."
Et puis vient la question de l'image du
maire Serge Lepeltier. Beaucoup comparent ce comportement avec
celui de feu Jacques Rimbault, et le maire de répondre
:
"J'ai tendance à penser que mon travail est
mon meilleur discours. Mais c'est vrai j'apparais réservé.
Pourtant j'aime les gens, le contact avec les Berruyers. Je crois
que cette image un peu froide s'efface peu à peu et que
beaucoup de Berruyers ont eu l'occasion de découvrir ce
que je suis vraiment
. Un homme qui aime rire, passer des
moments chaleureux en famille
. "
L'opposition municipale, avec Jean Claude
Sandrier n'est pas en reste et la liste s'affine, emmenée
par les dirigeants locaux du Parti Communiste, les premiers tracts
"veulent redonner Bourges aux Berruyers". Dans cette
gauche plurielle, quelques tensions apparaissent du côté
des "Verts" de Joël Crotté, alors que les
socialistes emmenés par Yann Galut, Irène Félix
et Jean Pierre Saulnier en ont pris leur
. parti, les socialistes
seront une fois encore sous la coupe des communistes.
Quelques semaines avant Noël, les
groupes de travail des deux listes principales se mettent à
cogiter le Bourges de demain, c'est Serge Lepeltier qui s'affiche
sur les murs avec quelques membres de la future liste, puis seul,
avec le nom de la liste "Bourges plus loin". La gauche
travaille davantage le contact local qui lui a toujours réussi
et distribue des tracts dans les boîtes aux lettres.
Dans le foisonnement des idées, il ressort trois priorités,
l'économique, la sécurité et l'environnement.
La liste de gauche a une rôle plus facile, de critique
de ce qui a été fait, jouant, sur " l'autoritarisme
du maire et sa solitude ", insistant sur les hausses d'impôts
et les travaux " pharaoniques " réalisés
et non indispensables.
Au début de 2001 les 49 candidats de chacune des deux listes sont
dévoilés, sans réelle surprise. A droite
quelques têtes nouvelles, et beaucoup de femmes, la loi
impose qu'il y ait autant de femmes que d'hommes. Chacun note
la présence d'Andrée Depond en seconde position,
celle de premier adjoint, alors que les " politiques "
sont là, comme Alain Tanton et Philippe Gitton. A gauche
quelques retours et
. Beaucoup de femmes comme Irène
Félix en bonne place. Les députés et conseillers
généraux sont en tête de liste, mais le second
de la liste est Yann Galut devançant Jean Pierre Saulnier
et Jacqueline Jacquet. Les Verts emmenés par Joël
Crottés sont quatre.
Les cantonales dans trois cantons de Bourges
se dérouleront le même jour que les municipales,
et la droite réussit un joli coup en étant uni
aussi bien dans les municipales que pour élire les candidats
au Conseil général. C'est ainsi que Roland Chamiot
entre en lisse, il est bien le seul candidat possible pour battre
la gauche dans Bourges 3, alors que Frank Thomas Richard abandonne
sa place comme maire adjoint pour reprendre son siège
" bêtement perdu " au Conseil général.
Enfin pour Bourges 5, c'est le docteur Verdier qui se relance
dans l'aventure et dans un canton " affecté à
gauche ".
A gauche, ce n'est pas l'union, et chaque parti a son candidat,
Guérineau, Berthot, Manigot
. Et beaucoup d'autres.
A l'automne 2000, un article du Figaro
Magazine dresse la situation de Bourges, et si l'article est
très favorable au maire Serge Lepeltier, l'analyse du
journaliste Bruno Bécart directeur de la Nouvelle République
laisse pantois, il évoque simplement un score de 50 /
50 entre Lepeltier et Sandrier, ce qui n'est pas bon pour le
moral de la droite locale alors que la gauche sent la victoire
à portée de voix !
Fin de campagne et élections
des 11 et 18 mars 2001
La campagne est classique avec les distributions
de tracts sur les marchés, la présence dans la
ville des futurs élus, des futurs battus et des militants,
sans oublier la sortie des super marchés ou des usines.
Pour la première fois, des sondages locaux sont publiés.
La Nouvelle République publie le premier sondage qui donne
Serge Lepeltier très largement vainqueur, alors qu'une
semaine après , le Berry Républicain publie les
résultats du sondage CSA : c'est l'inverse du premier,
la gauche l'emporte.
Les thèmes portent sur l'économique,
la sécurité et l'environnement pour la droite,
sur la future baisse des impôts et la concertation pour
la gauche. C'est à partir des premiers jours de janvier
2001 que les équipes des deux côtés se mettent
en ordre de marche serré. Jean Claude Sandrier annonce
que la hausse des impôts des ordures ménagères
est inacceptable : "Il est anormal et injuste que la municipalité
ait procédé à une augmentation de 102% en
1999. Celle-ci a plus particulièrement touché les
4000 foyers berruyers non-imposables et qui n'ont pas bénéficiés
de la petite baisse d'impôts offerte en contrepartie".
Les journaux locaux affirment qu'après les 102% d'augmentation,
il faut s'attendre, si la droite repasse, à une nouvelle
augmentation de 15%, alors qu'inversement, lorsqu'elle sera élue,
la gauche les diminuera. Serge Lepeltier réplique rageusement,
en rappelant à propos des ordures ménagères
que l'usine de traitement "des Quatre Vents" a été
faite par la gauche et réceptionnée quelques jours
avant les élections de juin 1995, " alors qu'il y
avait des mauvaises odeurs autour de l'usine" et "il
a fallut installer un système de désodorisation
qui a coûté 11 millions de francs au contribuable
berruyer".
Le maire de Bourges est furieux des accusations
de son adversaire, utilisant des termes rares dans sa bouche,
: " M. Sandrier cherche à tromper les électeurs,
il fait tout pour fuir ses responsabilités". Au cours
d'une conférence de presse, il annonce de manière
solennelle qu'il n'y aura pas de hausse des ordures ménagères
en 2001.
La campagne est rude mais correcte. La gauche se focalise sur l'action déterminante
de ses députés et du gouvernement. Jospin ayant
fait une apparition le 5 mars, alors qu'une multitude de ministres
viennent encourager Jean Claude Sandrier. A droite, Serge Lepeltier
veut conserver à la campagne un caractère local,
les thèmes sont très concrets et " il a
refusé l'appui de Bernadette Chirac".
Le Front National ne faisant aucune liste, la droite républicaine,
pour certains observateurs "doit passer au premier tour
"
et Serge Lepeltier obtient l'appui d'Ecologie Bleue de Patrick
Hernu. La gauche plurielle compte sur la possible "vague
rose", les chiffres du gouvernement Jospin étant
très positifs, en particulier le recul du chômage.
Ce chômage à Bourges est en forte diminution, quelle
est la part du local de l'équipe de Serge Lepeltier et
celle du national du gouvernement Jospin
voir de la conjoncture
mondiale ?
Le soir du 11 mars 2001, la tension
est extrême, les chiffres tombent bureau par bureau, certains
ont basculés, d'autres non. La liste de gauche est en
avance, comme pour le dernier sondage, mais d'autres résultats
arrivent et à 20 H 45, la droite républicaine conserve
la mairie de Bourges, avec 52% des suffrages, contre 48% à
la gauche. C'est le soulagement à droite, " on va
enfin pouvoir poursuivre ce que nous avons commencé ",
alors que la gauche est sonnée. Encore 6 ans à
attendre, c'est beaucoup, Jean Claude Sandrier sait qu'il ne
sera sans doute plus jamais maire de Bourges, la prochaine bataille
sera entre une droite et les socialistes. Une ère est
passée.
- Municipales 2001
au 1 er tour :
-
- Inscrits 46351 - votants 32598 - Exprimés
26002
- Liste UMP-UDF de S. Lepeltier = 13052
soit 50,2% liste élue (37)
- Liste PCF- PS de J.C. Sandrier = 11624
soit 44,7% ( 11 élus)
- Liste LO de C. Cordat = 1325 soit 5,1%
(1 élu)
Elections présidentielles
d'avril - mai 2002
Au premier tour, alors qu'il y a 16 candidats,
- Chirac obtient 6688 voix ( 21,9%)
- Jospin 4997 ( 16,4%)
- Le Pen 4187 (13,7%)
- les autres candidats faisant 7% pur le
PC de Robert Hue, 6,2% pour Arlette Laguiller....
-
- Elections législatives de
2002
Peu de changement, sauf le PS Yann Galut
qui est battu par le maire de Dun sur Auron : Louis Cosyns.
- Jean Claude Sandrier à Bourges
Vierzon pour le PC
- Yves Fromion à Bourges Sancerre
pour l'UMP
- Louis Cosyns à Bourges Saint-Amand
pour le UMP
Elections présidentielles
d'avril - mai 2007
Ces élections à Bourges sont
paisibles, il y a peu de meeting, et l'affichage ne se voit pas.
On note que la droite locale s'intéresse à Sarkozy,
alors que les blogs de PS sont redoutables. Yann Galut s'est
lancé dès le début pour Ségolène
Royal, alors que Irène Félix , "fabiusienne"
reconnue a fait le stricte nécessaire mais pas plus.
A droite, Serge Lepeltier suivit son leader
du Parti Radical Borloo, et écrivit une tribune dans un
journal radical pour Nicolas Sarkozy, en prenant beaucoup de
précautions pour démontrer que M Sarkozy pouvait
aider les écologistes.
Une campagne mollassonnes, aucun leader
national (sauf M G Buffet pour le PC) n'est passé à
Bourges, et comme le premier tour tombait à la fin du
Printemps de Bourges, chacun s'attendait à voir les 12
candidats se croiser et se recroiser.... Personne n'est venu,
même pas Jack Lang .
- Les résultats pour Bourges sont
les suivants :
- inscrits 45 617 - votants 34 188 donc
74,9% de participations, ce qui est très bas par rapport
au reste de la France, et le vote électronique et la "grosse
pagaie" dans plusieurs bureaux en ont été
la cause.
- exprimés 35 528
- Sarkozy = 10 267 soit 30,6%
- Royal = 9 027 soit 26,9%
- Bayrou = 6663 soit 19,9%
- Le Front national avec J M Le Pen fait
7,8% et le Parti Communiste avec M G Buffet fait 3,7%.
-
- Au second tour, après un traditionnel
débat entre ROYAL et SARKOZY, alors que BAYROU ne donnait
aucune consigne de vote, c'est Nicolas SARKOZY qui l'emporte
assez largement avec 53% de votes contre 47% à Ségolène
ROYAL.
-
-
- A Bourges, sur la commune, les résultats
sont très serrés.
La droite reste majoritaire mais de très peu ( 50,05%
pour M Sarkozy contre 49,95 pour Ségolène Royal)
. le delta est de 35 voix. Il aura fallut attendre les résultats
des 2 derniers bureaux (17 et 28) pour que la droite gagne de
quelques voies.
On notera la satisfaction de Serge Lepeltier qui a déclaré
que c'était une victoire courte dans sa ville, mais identique
à ce qui s'était passé à Bourges
en 1995 et en 2001 (municipales). Du côté du PS
et d'Irène Félix et Jean Pierre Saulnier, ils voyaient
dans les résultats un espoir pour demain.
-
- Les élections législatives
des 10 et 17 juin 2007
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- Curieuses élections avec des sondages
qui donnent une forte "vague bleue" et un gouvernement
d'ouverture (Kouchner), qui doit donner une très large
majorité à la droite de Nicolas Sarkozy et à
son premier ministre M François Fillon.
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- Le premier tour de ces législatives
avec 12 à 14 candidats par circonscription à Bourges
(rappelons que la ville est coupée en 3). et c'est un
résultat sans surprise.
- Au second tour, la vague bleue est moins
importante que prévue mais dans le Cher, les candidats
favoris sont élus. Fromion assez largement, Cosyns sur
un fil et Sandrier est lui aussi largement élu. Les trois
"sortants" retrouvent le palais Bourbon !
Yves FROMION (UMP) = 55,90 % ELU -
Irène FELIX = 44,1% BATTUE
Jean Claude SANDRIER (PC) = 57,27% - ELU
Frank THOMAS RICHARD = 42,63 % BATTU.
Louis COSYNS (UMP) = 50,43% ELU -
Yann GALUT = 49,57% BATTU
Contrairement aux Présidentielles,
sur la commune de Bourges, c'est la gauche qui l'emporte, et
assez largement, du 51,5% contre 48,5% à droite. C'est
pour le maire sortant un vrai sujet de préoccupation en
vue des municipales toujours prévues en mars 2008.
Pour Bourges dès le lendemain, Irène
Félix annonce qu'elle sera candidate aux prochaines municipales,
alors que Serge Lepeltier, sans l'annoncer prépare la
campagne, a noter que le positionnement de JC Sandrier ou Yann
Galut vis à vis de Bourges reste ambigu. A droite, la
faiblesse de A Tanton et la déroute de F Thomas Richard
donne des possibilités à S Lepeltier.
- Les élections municipales
de mars 2008
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- Ces élections commencent avec une
campagne dès le début du mois de janvier 2008.
Les listes se forment et si la droite est unie, avec le MODEM
d'Alain Tanton qui rejoint la liste de droite de Serge Lepeltier,
la constitution de la liste qui est renouvelée à
50% n'est pas simple.
- A gauche, c'est la surprise avec la gauche
unie comprenant les partis traditionnels, du PS, PC... mais cette
fois à Bourges pour la première fois, la tête
de liste est PS. Les communistes ne sont plus en première
ligne. Mais Colette Cordat, de LO Lutte Ouvrière est sur
la liste en bonne place pour être élue. C'est la
première fois depuis 1900 que l'extrême gauche se
présente ainsi à Bourges.
- La campagne se déroule de manière
assez calme, les programmes sont assez proches les uns des autres,
lorsque l'autre extrême gauche celle de la LCR (Ligue Communiste
Révolutionnaire) avec M Julien forme sa ligne.
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- Les résultats :
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- 45 532 inscrits, 25 602 votants, 56,2%
de votants.
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- La liste Bourges notre force de Serge
Lepeltier obtient 12 351 voix soit 50,7% des suffrages et 37
élus.
- La liste La Gauche unie d'Irène
Félix obtient 10 638 suffrages soit 43,7% et donc 11 élus.
- La liste de A Gauche Bourges de Jean Luc
Julien a 1379 voix soit 5,7% avec 1 élu.
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- Le conseil municipal se réunit
le samedi 15 mars 2008, Serge Lepeltier est élu Maire
de Bourges pour un troisième mandat.
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- Elections législatives
de 2012
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- Pas de gros changement, Yves Fromion,
tient bien sa circonscription alors que Yann Galut pour le PS
conserve aussi son siège, et Jean Claude Sandrier décide
de ne pas se représenter, il "laisse sa place "
au maire de Vierzon Nicolas Sansu, lui aussi du parti communiste.
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- Nicolas Sansu à Bourges Vierzon
pour le PC
- Yves Fromion à Bourges Sancerre
pour l'UMP
- Yan Galut à Bourges Saint-Amand
pour le PS
Elections législatives
de 2017
- Nadia Essayan à Bourges Vierzon
pour LREM La République En Marche
- François Cormier-Bouligeon à
Bourges Sancerre pour LREM La République En Marche
- Loïc Kervan à Bourges Saint-Amand
pour LREM La République En Marche
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à suivre