K comme
Kiosque, musique, théâtre et art
Si la cité de Jacques Cur
est devenue à partir de la fin des années 1970,
la capitale française de la chanson, avec le Printemps
de Bourges, il ne semble pas que la musique et la chanson aient
été un point fort dans l'Histoire plus lointaine
de la ville.
La musique, pour ce que l'on en sait, et les chroniqueur du passé
ne sont pas très prolixes en la matière, n'est
pas un élément marquant pour les Berruyers. Les
archives locales montrent les processions avec la cathédrale
en point de mire, et les chants liturgiques.
C'est la présence des militaires à partir de la
fin du XIX ième siècle, qui apporte une certaine
forme de musique en ville. Chaque régiment possède
sa fanfare. Et chacune joue pour la population dans les jardins
publics.
Le kiosque du jardin de l'archevêché
La musique militaire fut donc pendant de
longues années une animation prisée et surtout
gratuite. Aussi, il fallait qu'un lieu soit dédié
à ce type de prestation, et le jardin de l'archevêché,
situé à deux pas de la cathédrale pouvait
recevoir un kiosque à musique.
Le Kiosque à musique du jardin de
l'Archevêché.
La première étape du projet d'un kiosque apparaît
vers 1875, mais il faut du temps pour se décider, et vingt
ans vont passer
. En attendant que le maire de l'époque,
Henri Ducrot, accepte le plan du nouvel architecte municipal,
monsieur Petitjean, c'était en 1908.
Quelques colonnes de métal sont
alors élevée au dessus d'un vaste coffre en béton,
avec d'importantes fondations puisque le terrain avait été
comblé et aplani autrefois par un remblais.
Une toiture posée sur les colonnes,
quelques grilles en fer forgé et le 8 septembre 1908,
c'est une grande fête qui va servir d'inauguration. Plus
de 600 musiciens sont présents, selon Christian Roth,
ils venaient de la France toute entière. On jouera Rossini,
Verdi et Saint Saëns, pour terminer par une Marseillaise
qui va enflammer la foule
Le patriotisme était
très présent dans cette ville de garnison.
La guinguette à Janine du dimanche
Par la suite, le kiosque ensuite a accueilli
des chorales qui proposaient des concerts, comme celle "
d'Accroche Cur ", du Val d'Auron, alors que dans les
années 1995, Janine Auclair se lança dans l'animation
dominicale avec une guinguette. Et le kiosque se mit à
revivre tous les dimanches après midi, devant 500 à
1000 papy et mamy qui viennent faire quelques tours de piste
au son de l'accordéon, buvant un thé, un café
ou un jus de fruits, et trouvant face à la cathédrale
un vrai plaisir " à l'ancienne ".
En septembre 2008 avec l'association K
Danse et les danses du XIX ième siècle, sera célébré
pour la journée entière, le centenaire du kiosque,
avec présence de M le maire de Bourges, Serge Lepeltier,
en grand habit du début du XX ième siècle,
arrivant dans une voiture de
1908.
Louis Lacombe et Charles Brown
Parmi les musiciens qui ont, un temps,
eut du succès, citons Louis Lacombe, né à
Bourges le 26 novembre 1818, non loin de la place qui porte son
nom. Il quitte Bourges dès sa première jeunesse.
A moins de 13 ans, il obtient le premier prix au concours du
conservatoire.
Lacombe composa plusieurs centaines d'uvres, dans tous
les genres, mais particulièrement dans les pièces
courtes.
Fétis signale que " Parmi le grand nombre de morceaux
de piano publiés par cet artiste estimable, on a distingué
particulièrement les uvres qui ont pour titre Deux
nocturnes (op. 50) ; Marche turque ; Simples mélodies
; Larmes et sourires ; douze Lieder pour voix seule, avec accompagnement
de piano "
On notera une symphonie dramatique intitulée Sapho, qui
fut sélectionnée pour être exécutée
lors de l'exposition universelle de Paris de 1878. Il meurt en
1884, son buste a été réalisé par
le sculpteur Jean Baffier.
Plus récemment, Charles Brown, laissera
sa marque dans la ville. Il est né un 9 avril 1898 à
Boulogne sur Mer, sa mère est laveuse et son père,
anglais, travaille aux douanes comme interprète, d'ou
ce nom typiquement britannique. Le jeune Charles fait ses premières
études musicales dans sa ville natale, au Conservatoire
de Boulogne, il en sortira avec le prix d'excellence.
Son père refuse qu'il fasse le métier de musicien,
synonyme de saltimbanque, et Charles Brown apprend le violon
en cachette.
En 1914, il a 16 ans, et Charles Brown part à Paris, à
pied, avec son violon. Ce sont des années de vaches maigres.
Il vit de petits boulots. D'un naturel chaleureux et généreux,
il sait attirer à lui des professeurs remarquables qui
ont décelé son talent.
A partir de 1938, Charles Brown fait une carrière de violoniste
au prestigieux orchestre Lamoureux puis il cherche un emploi
de chef de conservatoire, ce qui lui assurerait une sécurité
financière. Charles Brown arrive à Bourges en 1948
pour prendre la direction de l'Ecole Nationale de Musique et
de Danse. Il y restera 22 ans, jusqu'en 1970.
Outre l'école qui l'absorbe beaucoup,
il dirige une douzaine de concerts par an. Au théâtre
municipal bien sûr dans les établissements scolaires,
dans les usines, mais même à la prison et dans le
milieu rural.
Son action contribue grandement à la renommée de
l'école de musique de Bourges dont le nombre d'élèves
augmente considérablement. Charles Brown a été
compositeur jusqu'en 1977, il laisse plus de 160 uvres,
dans tous les genres, excepté l'opéra.
Elles ont presque toutes été jouées de son
vivant, ce qui est assez exceptionnel.
Une rue a été inaugurée
en octobre 2006, le maire Serge Lepeltier conclura son discours
ainsi :
"Aussi je suis heureux de pouvoir rendre hommage aujourd'hui
à cet homme remarquable Charles Brown, en donnant son
nom à une rue de Bourges. Dans ce quartier Vauvert où
se côtoient déjà Mozart, Ravel et Messager".
L'école de musique
Les grands bâtiments que chacun admire
à Bourges datent généralement de plusieurs
siècles, la grande époque de la ville, comme la
cathédrale, le palais Jacques Cur, ou les hôtels
particuliers du centre-ville. Quant aux réalisations du
XX ième siècle, elles ne sont pas souvent, sur
le plan architectural ou patrimonial d'une grande valeur.
La Maison de la Culture et son style " venu de l'est "
est curieuse mais nul ne s'extasie en la voyant. La nouvelle
Mairie a davantage de détracteurs que de partisans, quant
aux bâtiments publics, Chambre de Commerce et d'Industrie
ou Trésorerie générale, ils sont quelconques.
Une rare exception : les Archives départementales du Cher
dues au cabinet d'architectes de Jean Marie Nunez, Jean-Paul
Martin, Karen Derisbourg et Jacques Boyer, en 1986.
Le seul bâtiment nouveau et au-dessus
du lot est très récent, c'est l'Ecole de Musique
et de Danse de la Ville.
La nouvelle Ecole de musique
L'école de musique était
" hébergée " dans l'immeuble de la Maison
de la Culture, mais le développement de l'activité,
avec près de 1000 élèves, ne permettait
plus à cet enseignement de se dérouler dans des
conditions acceptables. Parents d'élèves et professeurs
se firent pressants auprès des élus de la ville
pour obtenir une nouvelle école de musique et de danse.
Les projets sur cette école vont
évoluer au cours des années car il fallait trouver
un terrain disponible et constructible, situé en centre-ville.
Une des premières idées consista à vouloir
implanter l'école sur le versant ouest de la place Séraucourt,
à l'opposé de la Maison de la Culture. La vue aurait
été remarquable avec, au loin, le château
d'eau, à gauche la Maison de la Culture, et à droite
la nouvelle école de musique. Le projet va avorter suite
à des discussions avec l'Architecte des Bâtiments
de France
Par la suite, l'emplacement de l'école de musique sera
étudiée sur la grande parcelle du Bon Pasteur,
jusqu'à ce que les délais de vente de ces terrains
par la justice, alors propriétaire, deviennent incompatibles
avec les promesses électorales faites par le maire.
Comme souvent, c'est une opportunité
qui se présenta, sous forme de " chaises musicales
". Dans un secteur de Bourges, un grand bâtiment de
production industrielle se libéra, il s'agissait d'un
fabricant de canapés, lequel, à l'étroit,
était parti au sud de la ville, à proximité
de l'autoroute. Ce bâtiment libéré fut acheté
par la ville afin d'y implanter le centre technique de la rue
Henri Sellier, qui devait déménager depuis plusieurs
décennies et n'avait pas trouvé de terrain intéressant.
Et c'est ainsi qu'en bordure de l'Auron,
à deux pas du centre ville et à 100 mètres
du Palais d'Auron, le Centre technique disparu, les bâtiments
détruit firent place à l'Ecole de musique et de
danse.
Le choix des architectes fut délicat
car il fallait allier à la fois les demandes des enseignants,
les normes de sécurité et surtout la volonté
municipale de construire un bâtiment moderne comportant
toutes les innovations en matière d'écologie et
de développement durable. Le cabinet Ivars et Ballet de
Tours fut choisi.
Ainsi, le choix du bois de revêtement, la présences
de panneaux solaires, les puits canadiens,
etc tout fut
conçu de manière écologique. Le résultat
fut remarquable avec une architecture quelque futuriste mais
sans excès, tout en sachant que le coût, quoiqu'en
disent certains ultra de l'écologie, ait été
augmenté d'environ 10 à 15%, l'ensemble terminé
en juillet 2007 aura coûté près de 20 millions
d'euros.
Des dizaines de pièces pour la musique,
des salles de danses de dimension impressionnante, et un auditorium
aux qualités acoustiques de tout premier ordre, comprenant
plus de 500 places et Bourges avec ses 1000 élèves
possédait son école digne du XXI ième siècle.
Le théâtre Jacques Cur
Pendant longtemps, la musique sera donnée
dans des salles comme le palmarium situé à l'emplacement
actuel de la Maison de la Culture, mais aussi dans un magnifique
petit théâtre municipal à l'italienne qui
porte un nom traditionnel à Bourges : " le théâtre
Jacques Cur ", situé à moins de 20 mètres
du palais de monseigneur l'Argentier.
C'est à la veille de la Révolution
que Bourges décide de se doter d'un vrai théâtre
sensiblement à l'emplacement actuel. Les événements
troubles de cette période ne permettront son ouverture
par le maire Calande de Clamecy que le 24 novembre 1807.
Dans ce théâtre, la population fêtera en 1814
la fin de la première épopée de Napoléon.
Quarante ans plus tard, dans la nuit du
12 mars 1856, le théâtre est totalement détruit
par un incendie, au grand dame de la population qui adorait ce
lieu.
Dans les mois qui vont suivre ce drame matériel, la municipalité
décida sa reconstruction, laquelle fut sensiblement identique
à ce que nous voyons aujourd'hui.
C'est l'architecte Bussière qui dressa les plans de l'édifice,
on lui doit aussi la Préfecture à Bourges, place
Marcel Plaisant.
Le nouveau théâtre dit " à l'italienne
", plein d'un charme désuet et pourtant très
convivial., est inauguré le 24 mars 1860 avec au programme,
un concert dont les profits sont allés aux pauvres de
la ville.
Dans les années 1930, c'est le lieu
de rassemblement des "tournées" et autres "revues"
dans lesquelles les productions locales ne sont pas absentes,
et c'est un journaliste local, Roger Rabot dit "Régor"
qui en est le maître. C'est comme dans d'autres ville une
grande revues annuelle où l'on voit sur scène des
imitateurs, des chansonniers et l'on évoque le maire de
Bourges de l'époque comme d'autres personnalités
locales.
Géré aujourd'hui par l'Agence
culturelle de Bourges il reçoit du théâtre,
du cinéma, des conférences et des concerts.
Article issu du livre Bourges de A à
Z aux éditions Sutton. |