La franc-maçonnerie a Bourges - Roland Narboux - Encyclopédie

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LA FRANC MACONNERIE A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges et les premier spas de la Franc Maçonnerie en Berry

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Version 2009

 

LES PREMIERS PAS DE LA FRANC-MACONNERIE

Des ancêtres bâtisseurs de cathédrales
Du côté de Londres
Un pasteur nommé Anderson
La traversée de la Manche

DES ANCETRES BATISSEURS DE CATHEDRALES

Lorsqu'au XIIe siècle, la construction des monastères s'achève, celui des grandes cathédrales gothiques commence. C'est le temps des constructions de Sens, Noyon, Chartres, Paris et Bourges.
Ces géniaux bâtisseurs allaient de chantier en chantier, ils étaient libre de travailler où bon leur semblait. Ce seront les premiers Francs-Maçons, on les appellera "des opératifs", ils possédaient le secret des constructions et se le transmettait de maître à apprenti.

On les appellera des Maçons, puis des Francs-Maçons, ils bénéficiaient de franchises pour se déplacer dans l'Europe entière. Georges Duby écrit : "Les maîtres des maçons, la règle et le compas en main connaissent leur métier admirablement bien. Ils vivaient en familiarité avec des docteurs en théologie, leurs pairs, qui leur faisaient partager leur science des nombres et des ordonnances dialectiques. Leurs victoires consistaient à dominer la résistance du matériau, ceux qui avaient l'esprit incliné vers la logique plaçaient leur réussite dans la rigueur des géométries".

Les Francs-Maçons bénéficiaient de privilèges, ils étaient libres et vivaient dans un local, sur le chantier, tout proche de la cathédrale en construction, ce sera la Loge. Les ouvriers y mettent leurs outils et s'y réunissent alors que les apprentis reçoivent leur formation. Dans la loge, dirigée par un maître, l'apprenti y entre à l'issue d'une cérémonie, il doit respecter les devoirs qui lu sont donnés et il doit prêter serment de ne rien révéler des secrets de construction qui lui dont fournis.

Ainsi, au XIIIe siècle, les Francs-Maçons sont sur les chantiers, il y a la Loge, les apprentis, le secret et le travail bien fait.

Mais cette Franc-Maçonnerie ne va pas franchir ainsi les siècles, il n'y a plus beaucoup de cathédrales à construire, et au fil du temps, cette Franc-Maçonnerie opérative va péricliter.

DU COTE DE LONDRES

Ces maçons vont faire évoluer leur profession, au plan des droits et des devoirs qui seront codifiés, en 1397 à Trèves puis en 1459 à Ratisbonne, des statuts sont adoptés, et parmi les obligations, figurent "une prière, un éloge de la géométrie et l'histoire du métier". Il s'agit donc de cercles très fermés, et une osmose se pratique entre ces Maçons et le milieu extérieur. Les nobles invitent ces artistes à leur table alors que les maçons de leur côté reçoivent les seigneurs mais aussi bourgeois qui sont "acceptés", et peuvent participer aux réunions dans les Loges.

Ainsi, progressivement, les maçons passent de l'étude du travail concret à l'étude plus intellectuelle de l'art, avec parfois quelques déviations du côté de l'alchimie. Strasbourg sera la dernière des grandes cathédrales qui verra l'intervention des maçons, ensuite, ils travailleront sur des édifices civils comme des palais, mais la transmission des secrets des bâtisseurs ne sera plus utile. La confrérie en tant que maçons constructeurs disparaît. C'est par les loges ayant "accepté" des hommes hors de la profession que se poursuit l'oeuvre des Francs-Maçons.

C'est en 1717, très exactement le 24 juin que va renaître la Franc-Maçonnerie moderne, elle s'appellera "spéculative", ses membres ne construiront plus d'édifices, mais ils tenteront de bâtir une humanité meilleure. En attendant, les réunions de loges sont l'occasion de faire d'excellents banquets. Il semble que de tout temps, les francs-maçons aient toujours été de "joyeux convives et de francs buveurs".

Tout se passe à Londres, on raconte que quatre petites loges, rescapées des maçons opératifs se réunirent dans une taverne, au pied de la cathédrale Saint-Paul et il fut décidé d'avoir des réunions régulières et de se fédérer en créant "La Grande Loge de Londres". Pour la première fois, la confrérie se dote d'une autorité centrale et bientôt de règles nouvelles que l'on va appeler "des Constitutions".

Les héritiers des constructeurs de cathédrales opèrent une mutation, du travail manuel, à la réflexion intellectuelle, en s'organisant de manière très stricte et en appliquant à ses membres des règles précises.

Dans ce qui est de la légende de la Franc-Maçonnerie et des fantasmes, aussi bien des partisans que des adversaires de cet ordre, il apparaît fréquemment des filiations parmi les plus subtiles. Il y a dans cette catégorie, l'Ordre des Templiers, les Roses Croix et autres descendants des Grands Alchimistes.

 

UN PASTEUR NOMME ANDERSON

Commencée à 4 en 1717, les Loges en Grande-Bretagne vont se multiplier. Peu à peu, des gens de toute condition vont entrer dans ces sociétés nouvelles, il y aura 20 loges en 1721, et des hommes de haut-rang vont y être admis. Des seigneurs seront maçons, mais aussi de nombreux membres de la "Société Royale", sorte d'Académie des sciences de l'époque les journaux d'alors signalent régulièrement l'entrée de tel ou tel personnage de la famille royale devenu "free-mason".

Les loges se dotèrent d'un pouvoir central sous la forme d'un "Grand Maître", et un pasteur calviniste James Anderson fut chargé de mettre de l'ordre dans les statuts de ces loges.

En 1723, le pasteur Anderson publia "Les Constitutions des francs-maçons", un ouvrage de portée universelle qui va définir et codifier la franc-maçonnerie moderne. L'ouvrage se compose d'une histoire de l'architecture, souvenirs des maçons d'autrefois, puis des règlements généraux de la nouvelle Grande Loge, enfin, et ce fut le plus important, des "Obligations du franc-maçon", avec 6 articles.

Parmi ces articles, certains peuvent aujourd'hui surprendre, comme celui qui fait obligation de croire en Dieu, il est écrit que "le maçon ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irréligieux" ou encore, sur l'allégeance au pouvoir politique en place : "un maçon, où qu'il réside et travail, est un paisible sujet des pouvoirs civils et ne doit jamais entrer dans des complots contre la paix et la prospérité de la Nation". Dans le même esprit, selon les conventions de l'époque, il est écrit que "nulle querelle privée, politique ou religieuse ne doit franchir le seuil de la loge".

Ces Constitutions qui seront par ailleurs revues en 1738, ont des aspects très modernes à l'époque. C'est la notion de tolérance et de raison qui gouvernent la loge. Celle-ci doit être par définition "le Centre de l'Union".

Ainsi, le pasteur Anderson est-il considéré comme le législateur des francs-maçons, mais que l'esprit compte plus que la lettre, il voulait faire de la franc-maçonerie "le centre de l'union sans lequel les hautes valeurs morales s'ignoreraient".

LA TRAVERSEE DE LA MANCHE

La franc-maçonnerie s'implante en France à partir de 1730, mais il n'y a aucune certitude quant à la date de leur arrivée. Des historiens sérieux font naître la Franc-Maçonnerie dans notre pays bien avant 1717, et très exactement en 1661, sous la forme d'un régiment irlandais qui suivit les Stuarts lorsque ces derniers vinrent se réfugier en France. Ce qui semble certain, c'est que les premières loges sont crées par des nobles anglais , en 1721, à Dunkerque est créée la loge "Amitié et Fraternité". Cinq ans plus tard, "la loge de Saint Thomas" est installée à Paris par Charles Radcliff, lequel devint conte de Derventwater, c'est une des premières loge crée en France. Le local était situé rue des Boucheries, en plein Faubourg Saint Germain, chez un traiteur du nom de Hure.

Dans ces mêmes années, à Bordeaux, ville "anglaise" par excellence, des marins anglais constituèrent la loge n° 204 souchée sur les tablettes de la Grande Loge de Londres. Ainsi, peu à peu, par des initiatives individuelles, quelques loges "d'obédience anglaise" sont installées en France.

C'est à cette époque que le Berry apparaît comme un des fiefs de la franc-Maçonnerie en France, très exactement à Aubigny sur Nère.

A SUIVRE : LA FRANC-MACONNERIE DANS LE CHER AU XVIIIe SIECLE

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