LES PREMIERS PAS DE LA FRANC-MACONNERIE
Des ancêtres bâtisseurs
de cathédrales
Du côté de Londres
Un pasteur nommé Anderson
La traversée de la Manche
DES ANCETRES
BATISSEURS DE CATHEDRALES
Lorsqu'au XIIe siècle, la construction
des monastères s'achève, celui des grandes cathédrales
gothiques commence. C'est le temps des constructions de Sens,
Noyon, Chartres, Paris et Bourges.
Ces géniaux bâtisseurs allaient de chantier en chantier,
ils étaient libre de travailler où bon leur semblait.
Ce seront les premiers Francs-Maçons, on les appellera
"des opératifs", ils possédaient le secret
des constructions et se le transmettait de maître à
apprenti.
On les appellera des Maçons, puis
des Francs-Maçons, ils bénéficiaient de
franchises pour se déplacer dans l'Europe entière.
Georges Duby écrit : "Les maîtres des maçons,
la règle et le compas en main connaissent leur métier
admirablement bien. Ils vivaient en familiarité avec des
docteurs en théologie, leurs pairs, qui leur faisaient
partager leur science des nombres et des ordonnances dialectiques.
Leurs victoires consistaient à dominer la résistance
du matériau, ceux qui avaient l'esprit incliné
vers la logique plaçaient leur réussite dans la
rigueur des géométries".
Les Francs-Maçons bénéficiaient
de privilèges, ils étaient libres et vivaient dans
un local, sur le chantier, tout proche de la cathédrale
en construction, ce sera la Loge. Les ouvriers y mettent leurs
outils et s'y réunissent alors que les apprentis reçoivent
leur formation. Dans la loge, dirigée par un maître,
l'apprenti y entre à l'issue d'une cérémonie,
il doit respecter les devoirs qui lu sont donnés et il
doit prêter serment de ne rien révéler des
secrets de construction qui lui dont fournis.
Ainsi, au XIIIe siècle, les Francs-Maçons
sont sur les chantiers, il y a la Loge, les apprentis, le secret
et le travail bien fait.
Mais cette Franc-Maçonnerie ne va
pas franchir ainsi les siècles, il n'y a plus beaucoup
de cathédrales à construire, et au fil du temps,
cette Franc-Maçonnerie opérative va péricliter.
DU COTE
DE LONDRES
Ces maçons vont faire évoluer
leur profession, au plan des droits et des devoirs qui seront
codifiés, en 1397 à Trèves puis en 1459
à Ratisbonne, des statuts sont adoptés, et parmi
les obligations, figurent "une prière, un éloge
de la géométrie et l'histoire du métier".
Il s'agit donc de cercles très fermés, et une osmose
se pratique entre ces Maçons et le milieu extérieur.
Les nobles invitent ces artistes à leur table alors que
les maçons de leur côté reçoivent
les seigneurs mais aussi bourgeois qui sont "acceptés",
et peuvent participer aux réunions dans les Loges.
Ainsi, progressivement,
les maçons passent de l'étude du travail concret
à l'étude plus intellectuelle de l'art, avec parfois
quelques déviations du côté de l'alchimie.
Strasbourg sera la dernière des grandes cathédrales
qui verra l'intervention des maçons, ensuite, ils travailleront
sur des édifices civils comme des palais, mais la transmission
des secrets des bâtisseurs ne sera plus utile. La confrérie
en tant que maçons constructeurs disparaît. C'est
par les loges ayant "accepté" des hommes hors
de la profession que se poursuit l'oeuvre des Francs-Maçons.
C'est en 1717, très exactement le
24 juin que va renaître la Franc-Maçonnerie moderne,
elle s'appellera "spéculative", ses membres
ne construiront plus d'édifices, mais ils tenteront de
bâtir une humanité meilleure. En attendant, les
réunions de loges sont l'occasion de faire d'excellents
banquets. Il semble que de tout temps, les francs-maçons
aient toujours été de "joyeux convives et
de francs buveurs".
Tout se passe à Londres, on raconte
que quatre petites loges, rescapées des maçons
opératifs se réunirent dans une taverne, au pied
de la cathédrale Saint-Paul et il fut décidé
d'avoir des réunions régulières et de se
fédérer en créant "La Grande Loge de
Londres". Pour la première fois, la confrérie
se dote d'une autorité centrale et bientôt de règles
nouvelles que l'on va appeler "des Constitutions".
Les héritiers des constructeurs
de cathédrales opèrent une mutation, du travail
manuel, à la réflexion intellectuelle, en s'organisant
de manière très stricte et en appliquant à
ses membres des règles précises.
Dans ce qui est de la légende de
la Franc-Maçonnerie et des fantasmes, aussi bien des partisans
que des adversaires de cet ordre, il apparaît fréquemment
des filiations parmi les plus subtiles. Il y a dans cette catégorie,
l'Ordre des Templiers, les Roses Croix et autres descendants
des Grands Alchimistes.
UN PASTEUR
NOMME ANDERSON
Commencée à 4 en 1717, les
Loges en Grande-Bretagne vont se multiplier. Peu à peu,
des gens de toute condition vont entrer dans ces sociétés
nouvelles, il y aura 20 loges en 1721, et des hommes de haut-rang
vont y être admis. Des seigneurs seront maçons,
mais aussi de nombreux membres de la "Société
Royale", sorte d'Académie des sciences de l'époque
les journaux d'alors signalent régulièrement l'entrée
de tel ou tel personnage de la famille royale devenu "free-mason".
Les loges se dotèrent d'un pouvoir
central sous la forme d'un "Grand Maître", et
un pasteur calviniste James Anderson fut chargé de mettre
de l'ordre dans les statuts de ces loges.
En 1723, le pasteur Anderson publia "Les
Constitutions des francs-maçons", un ouvrage de portée
universelle qui va définir et codifier la franc-maçonnerie
moderne. L'ouvrage se compose d'une histoire de l'architecture,
souvenirs des maçons d'autrefois, puis des règlements
généraux de la nouvelle Grande Loge, enfin, et
ce fut le plus important, des "Obligations du franc-maçon",
avec 6 articles.
Parmi ces articles, certains peuvent aujourd'hui
surprendre, comme celui qui fait obligation de croire en Dieu,
il est écrit que "le maçon ne sera jamais
un athée stupide ni un libertin irréligieux"
ou encore, sur l'allégeance au pouvoir politique en place
: "un maçon, où qu'il réside et travail,
est un paisible sujet des pouvoirs civils et ne doit jamais entrer
dans des complots contre la paix et la prospérité
de la Nation". Dans le même esprit, selon les conventions
de l'époque, il est écrit que "nulle querelle
privée, politique ou religieuse ne doit franchir le seuil
de la loge".
Ces Constitutions qui seront par ailleurs
revues en 1738, ont des aspects très modernes à
l'époque. C'est la notion de tolérance et de raison
qui gouvernent la loge. Celle-ci doit être par définition
"le Centre de l'Union".
Ainsi, le pasteur Anderson est-il considéré
comme le législateur des francs-maçons, mais que
l'esprit compte plus que la lettre, il voulait faire de la franc-maçonerie
"le centre de l'union sans lequel les hautes valeurs morales
s'ignoreraient".
LA TRAVERSEE
DE LA MANCHE
La franc-maçonnerie s'implante en
France à partir de 1730, mais il n'y a aucune certitude
quant à la date de leur arrivée. Des historiens
sérieux font naître la Franc-Maçonnerie dans
notre pays bien avant 1717, et très exactement en 1661,
sous la forme d'un régiment irlandais qui suivit les Stuarts
lorsque ces derniers vinrent se réfugier en France. Ce
qui semble certain, c'est que les premières loges sont
crées par des nobles anglais , en 1721, à Dunkerque
est créée la loge "Amitié et Fraternité".
Cinq ans plus tard, "la loge de Saint Thomas" est installée
à Paris par Charles Radcliff, lequel devint conte de Derventwater,
c'est une des premières loge crée en France. Le
local était situé rue des Boucheries, en plein
Faubourg Saint Germain, chez un traiteur du nom de Hure.
Dans ces mêmes années, à
Bordeaux, ville "anglaise" par excellence, des marins
anglais constituèrent la loge n° 204 souchée
sur les tablettes de la Grande Loge de Londres. Ainsi, peu à
peu, par des initiatives individuelles, quelques loges "d'obédience
anglaise" sont installées en France.
C'est à cette époque que
le Berry apparaît comme un des fiefs de la franc-Maçonnerie
en France, très exactement à Aubigny sur Nère.
A SUIVRE :
LA FRANC-MACONNERIE DANS LE
CHER AU XVIIIe SIECLE