Les Templiers a Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie -

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LES TEMPLIERS A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, ville royale, avec des énigmes et des mystères, mais est-elle une ville où évoluèrent les Templiers ?

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Version 2009

 

L'Ordre du Temple est sans aucun doute celui qui a le plus intrigué dans l'Histoire, non pas pour ses actions et sa vie propre, mais surtout pour sa fin tragique.
Depuis plus de 7 siècles, l'Ordre du Temple intrigue, c'est un vrai mystère, une énigme que l'histoire nous résume entre une lutte d'un roi et/ou d'un pape pour s'emparer d'une richesse et d'une puissance.
C'est sans doute un peu court et depuis 7 siècle, on veut résoudre une énigme dont on n'a pas posé les bases et surtout retrouver le fameux, célèbre et énigmatique trésor des Templiers.

La destruction de l'Ordre par Philippe le Bel ressemble un peu pour Jacques de Molay et ses compagnons au sort de Jacques Cœur lâché par Charles VII. Des destins un peu identiques, des fortunes, des influences politiques et "un Roy en besoin d'argent".

Pourtant l'Ordre du Temple à Bourges, c'est un peu "aux abonnés absents", comme pour les Alchimistes, c'est un peu souvent occulté, et pour certains, c'est "un gros mot". Tout ce qui est en dehors du correcte en histoire est prohibé.

Aucun article sur ce Thème pour Bourges dans aucune publication et cela dure depuis 800 ans. Parfois une allusion, une hypothèse en face d'un bâtiment, mais pas plus.
Les Templiers, à Bourges plus qu'ailleurs sont-ils maudits tout comme les Alchimistes.

L'Ordre du Temple

L'Ordre du Temple a été fondé par Hugues de Payns en 1119 après la première croisade, ils étaient en fait 9 chevaliers qui voulaient rester en Terre Sainte afin d'assurer la sécurité des chrétiens et défendre les lieux Saints.
En 1127 lorsqu'il revient de Jérusalem. Il veut, une fois rentré, obtenir deux choses, la première, c'est une reconnaissance de l'Ordre par la Pape, une seconde, c'est de recruter de nouveaux adhérents, donc de nouveaux Templiers.
Il va donc parcourir la France et, de ville en ville jouer les sergents recruteurs.
Ce n'est pas simple car la règle est sévère. Ce seront des moines soldats et il n'est pas simple de concilier le combat avec les préceptes de la religion.

C'est en 1128 que Saint Bernard rédige et diffuse la règle pour l'Ordre du Temple.
La même année, le pape Honorius III les dote d'un grand manteau blanc et la pape suivant Eugène III ajoute une belle croix rouge sur ce beau manteau, ce sera désormais leur uniforme.
Le 18 mars 1314, le Grand maître de l'Ordre du Temple est brûlé vif avec plusieurs de ses compagnons.
La malédiction des Templiers qui a produit tant d'écrits, de films et autres œuvres commençait, la même année, il est vrai que le pape et le roi moururent.



Les Croisades

Les croisades commencent en Occident à la fin du XI e siècle.
C'est le 27 novembre 1095 que le Pape Urbain II ( Chro p 193) appelle tous les chrétiens à défendre l'Occident et en particuliers ceux qui sont en Terre Sainte face aux invasions musulmanes.
Le discours est particulièrement enflammé :
"Je vous en avertis et vous en conjure au nom du Seigneur, … aux Francs de tout rang, gens de pied et chevaliers, pauvres et riches à s'empresser d'aller secourir les adorateurs du Christ."
Et le pape de poursuivre pour bien se faire comprendre et donner une contrepartie :
"C'est le Christ qui l'ordonne. A tous ceux qui partiront là-bas, si, soit en luttant soit sur le chemin ou sur la mer, soit en luttant contre les païens, ils viennent à perdre la vie, une rémission immédiate de leurs péchés leur sera faite".

La première croisade lancée aussi par Pierre Lhermite se forme en Berry se déroule de 1096 à 1099, elle est l'œuvre de Godefroy de Bouillon et de Raimond Saint Gilles, elle aboutit à la prise de Jérusalem le 15 juillet 1099.

La seconde croisade avec Louis VII se déroule un demi-siècle plus tard, de 1147 à 1149. Le point de départ en est le renouvellement du couronnement du roi à Bourges en 1145.

Elle fait suite à une victoire des musulmans de Zanki à Edesse en 1144. Cette croisade part de Vézelay, elle a reçu l'accord de Bernard de Clairvaux qui a prêché pour cette croisade le 31 mars 1146.
Louis VII et Aliénor d'Aquitaine prennent la croix et partent en Terre sainte. C'est une défaite totale et les francs sont massacrés.
Puis c'est la chute de Jérusalem prise par Saladin en 1187.

La troisième croisade est la plus célèbre, elle commence en 1189 et dure 3 ans, elle se fait sous la conduite de Richard Cœur de Lion, Frédéric Barberousse et Philippe Auguste.

Enfin la quatrième croisade date des années 1202 / 1204 et se termine par la prise de Constantinople, alors que 50 ans plus tard, c'est Saint Louis le roi un peu mystique qui reprend les armes pendant la seconde moitié du XIII e siècle.

Bourges et les croisades

Il faut noter que le vicomte de Bourges, Eudes Arpin en 1101 vend ses fiefs pour 60 000 sous-or au roi de France afin de financer sa croisade et c'est ainsi que Bourges entre dans la couronne du roi de France.

Les Templiers à Bourges

Comme le signale un excellent ouvrage sur les sites templiers de France par Jean Luc Aubarbier et Michel Binet, aux éditions Ouest-France, "la riche cité de Bourges ne pouvait manquer d'intéresser les Templiers".

Il est dit aussi que les Templiers de Bourges possédaient avant 1195, date du début de la construction de la cathédrale, une commanderie à Soulas et une maison dans le cloître Saint Etienne

Soulas du côté de Berry en allant sur La motte s'appelle aujourd'hui Solas. Ce fut en effet une ancienne dépendance des Templiers, puis à l'Ordre de Malte.
Il en reste un tout petit jardin avec un pigeonnier qui date…. De la Révolution.

 

C'est vers 1260 que l'on retrouve une charte qui règle un vieux conflit entre l'évêque et les chevaliers du temple.

Les Templiers à Bourges selon Philippe Goldman étaient propriétaires de vignes dans le secteur dit des Danjons, sans doute à l'emplacement de ce qui est aujourd'hui l'Eglise Saint Henri.

Ils avaient aussi, et cela est attesté dès 1201, une maison à l'intérieur du cloître de la Cathédrale. Il faut rappeler que la cathédrale était bien entourée et particulièrement densifiée, les grosses maisons de chanoines tout comme l'Officialité étaient des lieux prestigieux dans ce quartier privilégié de la Ville.

Cette maison des Templier leur appartenait encore en 1394, mais elle fut échangée par une autre située rue Porte Jaune, c'était en 1425.

Chez Buhot de Kersers, on évoque une maison appartenant aux Frères Hospitaliers située dans le cloître avant d'aller à l'angle de la rue Porte Jaune et de la rue du Four.

Cette maison restera dans l'Histoire comme la vraie maison des Templiers, appelée "maison de la Commanderie"

Et puis en poursuivant dans les curiosités des noms, il y a quelques semaines, j'ai reçu une demande d'une société privée d'Orléans je crois qui proposait de réaliser un lotissement du côté du quartier de Pignoux.
Je regardais le dossier et quelle ne fut pas ma surprise de constater que le nom du lotissement était "La Commanderie", je regardais plus en avant et je vis que sur les cartes et plan du service de l'Urbanisme de Bourges effectivement une zone s'appelait "la commanderie".

Or en cet endroit, aucune trace de Templiers….. le mystère continue.


Dans Buhot de Kersers, p 259, on trouve quelques écrits sur une maison des Templiers. Il s'agirait d'un sanctuaire situé dans le faubourg d'Auron et baptisé Saint-Jean-Baptiste. Les traces sont forcément anciennes, et ce serait "la principale trace que nous connaissons du séjour des templiers à Bourges". Ceci serait dans un acte retrouvé et daté de 1283.
Près de ce sanctuaire se situait une maison ( domus de ponte ultrionis) qui appartenait aux Templiers. Pour l'auteur, c'était sans doute leur résidence principale à Bourges.
Le précepteur se nommait Johannes de Landeyo si l'on en croit les archives conservées de la Sainte Chapelle.

Pour Devailly, ( Le Berry du Xe au milieu du XIII s siècle - 1973 - p262), L'Ordre des Templiers possédait dans la région de Bourges plusieurs paroisses.

Il semble bien que les relations entre le pape, alors Honorius III et l'Ordre des Templiers en Berry ne fut pas des plus faciles. En 1220, le pape évoque les abus des Templiers à Villefranche dur Cher, car ces derniers construisaient des édifices religieux qui arrivaient en concurrence avec les paroisses installées. C'était un peu de la concurrence déloyale.
De même l'année suivante, la querelle portait sur la construction d'oratoires et surtout de cimetières, ce qui était semble-t-il encore plus grave.
Il fut demandé aux Templiers ( AD Cher G1) de n'enterrer dans leurs cimetières, que les membres de l'Ordre et non pas les paroissiens.

Les "jardins de la commanderie" étaient-ils route d'Issoudun ? vers Saint Henri ? C'est possible.
Bulletin mensuel de la Société Historique du cher d'avril 1952 et décembre 1955)
Il y aurait eu un sanctuaire gallo-romain puis une chapelle détruite en 1930, et des sarcophages auraient été découverts, on évoque d'ailleurs parfois ce lieu comme "le champ des cercueils".


C'est au début du XIV e siècle que les biens des Templiers sont confisqués, donc la vigne et les maisons de Bourges et ces biens sont alors confiés aux Hospitaliers.
C'est aussi ce qui explique la difficulté de dénombrer les biens appartenant aux uns et ceux appartenant aux autres. Comme depuis, les archives de la Ville sont parties en fumée en 1487, les hypothèses sont plus importantes que les certitudes.


Pour Roger Richer, dans son Bourges pas à pas, on trouve page 166, une allusion aux Templiers. Il est évoqué une portion de la rue Mirebeau qui s'appelait "passage des Templiers", il allait de la rue de la Frange à la place Gordaine. La raison de cette appellation tenait semble-t-il à la présence d'un monastère qui était au numéro 73 rue Mirebeau.

Il est aussi indiqué qu'à la suite de la commission rogatoire donnée au bailly de Bourges par Philippe le Bel, il était indiqué de procéder à l'arrestation des tous les Templiers et d'instruire leur procès.
C'est alors que le couvent des Templiers passa aux mains des Augustins et que la ruelle s'appellera alors rue des Augustins.

A Bourges de manière traditionnelle, le couvent des Augustins est qualifié de maison des Templiers. Mais où est la réalité ou est la légende ?

Si l'on en croit les historiens, aucun document n'évoque les chevaliers du temple en cet emplacement. Ce qui semble certain, c'est la présence en 1270 des frères de la pénitence, un ordre religieux qui va disparaître soit en 1296 soit plus tard en 1313.
L'archevêque de l'époque récupéra le domaine, c'était Gille de Rome, que Philippe le bel lui remis, pour y établir les Hermites de Saint Augustin, un ordre peu connu certes, mais dont l'archevêque avait été général !
Un nouveau monastère est alors construit… et détruit dans l'incendie de 1487.

Ce qui semble curieux, et c'est peut être un hasard, mais cela a servi à développer la légende des Templiers en ce lieu, c'est la date de 1313, correspondant à la fin des Templiers, et c'est Philippe le bel qui donne le couvent.


COMPLEMENTS

Les Templiers en Berry

On connaît assez peu de commanderies dans le département du Cher et en Berry. Quelques ouvrages et aujourd'hui Internet dressent des listes de lieux, mais la littérature en la matière est assez pauvre. Comme souvent en Berry, mais surtout dans le Cher, a-t-on été aussi peu curieux sur ce passé ?

Même Buhot de Kersers affirme à propos de la Commanderie des Bordes "Nous avons trouvé en général peu de documents directs sur les maisons du temple en Berry".

C'est une question de base, les Templiers sont une réalité, avec une médiatisation qui dure depuis des centaines d'années et nous, ici, à Bourges nous ne savons même pas où ils habitaient et ce qu'ils représentaient.
C'est assez affligeant.

Pour avoir parcouru quelques ouvrages sur le sujet, en recoupant des informations existantes, il semble bien, en Berry comme dans toutes les provinces, que les Templiers étaient présents, ni plus ni moins qu'ailleurs.

Jussy le Chaudrier

Parmi les plus célèbres, notons la commanderie des Bordes à Jussy le Chaudrier, près de Sancergue.
Chaudrier est à lui tout seul un mystère, nom d'une famille qui a beaucoup donné, au milieu du XIII e siècle, on trouve plusieurs gentilshommes qui ont ce patronyme.
C'est peut-être aussi une déformation de chaudronnier, ou encore le nom d'un moine qui possédait ces terres.

On trouve des traces de cette commanderie dans des documents datant de 1170.
Elle est située à l'Ouest du village dans un lieu-dit appelé "Les Bordes" d'où le nom que l'on rencontre parfois avec ce nom de "commanderie des Bordes".

La première mention date de 1170

Elle comprend encore deux éléments distincts :
Une chapelle comprenant une unique nef, avec une abside . La salle basse est formée d'ogives avec au centre un pilier hexagonal.

Une Tour correspondant au corps de logis de la commanderie, elle est située à l'ouest de la chapelle.
Elle est assez typique de l'architecture imposante et grossière de cette époque.

La commanderie des Bordes était de la province d'Auvergne et possédait sous sa dépendance, d'autres établissements comme Vireville à Mornay ou Francheville à Brécy, mais aussi à Bourges et La Guerche.

Brécy (Francheville)

Dans ce village se trouve une autre commanderie qui a pour nom "Francheville" laquelle semblait dépendre de Jussy.
Elle fut fondée en 1288. On dit qu'elle ne comprenait que 7 membres de la confrérie dont un seul Chevalier.
Il reste encore quelques bâtiments, dans une zone appelée "La Chapelle". Ainsi la chapelle justement du XIII e siècle dont le bénitier est actuellement dans la chapelle de l'église de Brécy. Elle dépendait de la commanderie des Bordes.
Cette chapelle est dédiée à Saint Jean Baptiste.

Villeville

Au sud de la commune de Mornay, une autre commanderie, assez ancienne, elle daterait du début du XII e siècle. Elle dépendait aussi de Jussy.

Cornusse

Dans cette commune il existe un lieu connu sous le nom de "Les Templiers".

Vierzon

Une commanderie est installée à Vierzon dans les années 1150, alors que la cité dépendait alors du seigneur de Villefranche sur Cher.

Blancafort

Autre commanderie à Blancafort, elle avait pour nom, commanderie des Fresnes, et fut sans doute une des plus anciennes du Berry. (appelé encore Lieu-Dieu).
On trouve de nombreux actes qui se situent entre 1150 et 1160. On trouve d'ailleurs des formes intéressantes, comme Domus Templi apud Fraxinum en 1176, ou encore Templarii de Frausino…..

Les Templiers établissent une préceptorerie dans un lieu qui s'appelait Fresne ou Frayne et qui changea de nom sous leur influence pour s'appeler Lieu-Dieu.
Les Templiers restèrent jusqu'en 1321 et furent remplacés par les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem ou de Malte, prieuré d'Auvergne.
Cela dura jusqu'à la révolution.

Elle fut ensuite fortifiée par les Hospitaliers. C'était sans doute en 1469, date où jean de Bridiers était commandeur de l'Hospital du Lieu-Dieu du Fresne. C'est lui qui fit réparer et fortifier l'ancienne maison avec l'accord du roi Louis XI.

On retrouve un Goddefroy en 1145 qui épouse Bilehelde et donne aux Templiers de l'hôpital du Fresne son cheval et ses armes…. Et lui ! (Buhot de Kerser).

On trouve encore des décors dans les fenêtres et les sculptures de Templiers dans la Chapelle du château.

Farges-Allichamps

Cette commanderie ne résistera pas à la Révolution, mais elle a gardé une église Saint-Jean remaniée au XVII e siècle.

Pour Buhot de Kerser, la commanderie se résout en quelques masures dès 1639. A la révolution, les bâtisses qui restent sont vendues et deviennent les supports du château reconstruit alors par le comte de Jouffroy.

L'église, est l'ancienne chapelle de la commanderie, rectangulaire, sans beaucoup d'intérêt.

le château du Coudray.

Deux internautes nous ont transmis les éléments suivants :

Suite à votre articke sur les templiers en Berry, Je me permet de vous signaler qu'il y aurait un lieu qui aurait appartenu aux templiers qui se trouve sur la commune de Luçay le libre(près de Vatan et de Graçay: dans l'Indre à la limite du Cher)
Ce lieu est le chateau du Coudray.
signé : arnaud branger

 

Le château du Coudray dépendait de la Commanderie de l'Ormeteau, situé sur la commune de Reuilly
Cette commanderie a son apogée (17è-18è s.), sous tutelle des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem de Rhodes et de Malte (Ordre Souverain de Malte), avait autorité sur 3000 hectares dans une zone allant de Massay à Châteauroux et de Vatan à Lazenay.
Dominique de La Rochefoucauld

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