L'Ordre du Temple
est sans aucun doute celui qui a le plus intrigué dans
l'Histoire, non pas pour ses actions et sa vie propre, mais surtout
pour sa fin tragique.
Depuis plus de 7 siècles, l'Ordre du Temple intrigue,
c'est un vrai mystère, une énigme que l'histoire
nous résume entre une lutte d'un roi et/ou d'un pape pour
s'emparer d'une richesse et d'une puissance.
C'est sans doute un peu court et depuis 7 siècle, on veut
résoudre une énigme dont on n'a pas posé
les bases et surtout retrouver le fameux, célèbre
et énigmatique trésor des Templiers.
La destruction de l'Ordre par Philippe
le Bel ressemble un peu pour Jacques de Molay et ses compagnons
au sort de Jacques Cur lâché par Charles VII.
Des destins un peu identiques, des fortunes, des influences politiques
et "un Roy en besoin d'argent".
Pourtant l'Ordre du Temple à Bourges,
c'est un peu "aux abonnés absents", comme pour
les Alchimistes, c'est un peu souvent occulté, et pour
certains, c'est "un gros mot". Tout ce qui est en dehors
du correcte en histoire est prohibé.
Aucun article sur ce Thème pour
Bourges dans aucune publication et cela dure depuis 800 ans.
Parfois une allusion, une hypothèse en face d'un bâtiment,
mais pas plus.
Les Templiers, à Bourges plus qu'ailleurs sont-ils maudits
tout comme les Alchimistes.
L'Ordre du Temple
L'Ordre du Temple a été fondé
par Hugues de Payns en 1119 après la première croisade,
ils étaient en fait 9 chevaliers qui voulaient rester
en Terre Sainte afin d'assurer la sécurité des
chrétiens et défendre les lieux Saints.
En 1127 lorsqu'il revient de Jérusalem. Il veut, une fois
rentré, obtenir deux choses, la première, c'est
une reconnaissance de l'Ordre par la Pape, une seconde, c'est
de recruter de nouveaux adhérents, donc de nouveaux Templiers.
Il va donc parcourir la France et, de ville en ville jouer les
sergents recruteurs.
Ce n'est pas simple car la règle est sévère.
Ce seront des moines soldats et il n'est pas simple de concilier
le combat avec les préceptes de la religion.
C'est en 1128 que Saint Bernard rédige
et diffuse la règle pour l'Ordre du Temple.
La même année, le pape Honorius III les dote d'un
grand manteau blanc et la pape suivant Eugène III ajoute
une belle croix rouge sur ce beau manteau, ce sera désormais
leur uniforme.
Le 18 mars 1314, le Grand maître de l'Ordre du Temple est
brûlé vif avec plusieurs de ses compagnons.
La malédiction des Templiers qui a produit tant d'écrits,
de films et autres uvres commençait, la même
année, il est vrai que le pape et le roi moururent.
Les Croisades
Les croisades commencent en Occident à
la fin du XI e siècle.
C'est le 27 novembre 1095 que le Pape Urbain II ( Chro p 193)
appelle tous les chrétiens à défendre l'Occident
et en particuliers ceux qui sont en Terre Sainte face aux invasions
musulmanes.
Le discours est particulièrement enflammé :
"Je vous en avertis et vous en conjure au nom du Seigneur,
aux Francs de tout rang, gens de pied et chevaliers, pauvres
et riches à s'empresser d'aller secourir les adorateurs
du Christ."
Et le pape de poursuivre pour bien se faire comprendre et donner
une contrepartie :
"C'est le Christ qui l'ordonne. A tous ceux qui partiront
là-bas, si, soit en luttant soit sur le chemin ou sur
la mer, soit en luttant contre les païens, ils viennent
à perdre la vie, une rémission immédiate
de leurs péchés leur sera faite".
La première croisade lancée
aussi par Pierre Lhermite se forme en Berry se déroule
de 1096 à 1099, elle est l'uvre de Godefroy de Bouillon
et de Raimond Saint Gilles, elle aboutit à la prise de
Jérusalem le 15 juillet 1099.
La seconde croisade avec Louis VII se déroule
un demi-siècle plus tard, de 1147 à 1149. Le point
de départ en est le renouvellement du couronnement du
roi à Bourges en 1145.
Elle fait suite à une victoire des
musulmans de Zanki à Edesse en 1144. Cette croisade part
de Vézelay, elle a reçu l'accord de Bernard de
Clairvaux qui a prêché pour cette croisade le 31
mars 1146.
Louis VII et Aliénor d'Aquitaine prennent la croix et
partent en Terre sainte. C'est une défaite totale et les
francs sont massacrés.
Puis c'est la chute de Jérusalem prise par Saladin en
1187.
La troisième croisade est la plus
célèbre, elle commence en 1189 et dure 3 ans, elle
se fait sous la conduite de Richard Cur de Lion, Frédéric
Barberousse et Philippe Auguste.
Enfin la quatrième croisade date
des années 1202 / 1204 et se termine par la prise de Constantinople,
alors que 50 ans plus tard, c'est Saint Louis le roi un peu mystique
qui reprend les armes pendant la seconde moitié du XIII
e siècle.
Bourges et les croisades
Il faut noter que le vicomte de Bourges,
Eudes Arpin en 1101 vend ses fiefs pour 60 000 sous-or au roi
de France afin de financer sa croisade et c'est ainsi que Bourges
entre dans la couronne du roi de France.
Les Templiers à
Bourges
Comme le signale un excellent ouvrage sur
les sites templiers de France par Jean Luc Aubarbier et Michel
Binet, aux éditions Ouest-France, "la riche
cité de Bourges ne pouvait manquer d'intéresser
les Templiers".
Il est dit aussi que les Templiers de Bourges
possédaient avant 1195, date du début de la construction
de la cathédrale, une commanderie à Soulas et une
maison dans le cloître Saint Etienne
Soulas du côté de Berry en
allant sur La motte s'appelle aujourd'hui Solas. Ce fut en effet
une ancienne dépendance des Templiers, puis à l'Ordre
de Malte.
Il en reste un tout petit jardin avec un pigeonnier qui date
.
De la Révolution.
C'est vers 1260 que l'on retrouve une charte
qui règle un vieux conflit entre l'évêque
et les chevaliers du temple.
Les Templiers à Bourges selon Philippe
Goldman étaient propriétaires de vignes dans le
secteur dit des Danjons, sans doute à l'emplacement de
ce qui est aujourd'hui l'Eglise Saint Henri.
Ils avaient aussi, et cela est attesté
dès 1201, une maison à l'intérieur du cloître
de la Cathédrale. Il faut rappeler que la cathédrale
était bien entourée et particulièrement
densifiée, les grosses maisons de chanoines tout comme
l'Officialité étaient des lieux prestigieux dans
ce quartier privilégié de la Ville.
Cette maison des Templier leur appartenait
encore en 1394, mais elle fut échangée par une
autre située rue Porte Jaune, c'était en 1425.
Chez Buhot de Kersers, on évoque
une maison appartenant aux Frères Hospitaliers située
dans le cloître avant d'aller à l'angle de la rue
Porte Jaune et de la rue du Four.
Cette maison restera dans l'Histoire comme
la vraie maison des Templiers, appelée "maison de
la Commanderie"
Et puis en poursuivant dans les curiosités
des noms, il y a quelques semaines, j'ai reçu une demande
d'une société privée d'Orléans je
crois qui proposait de réaliser un lotissement du côté
du quartier de Pignoux.
Je regardais le dossier et quelle ne fut pas ma surprise de constater
que le nom du lotissement était "La Commanderie",
je regardais plus en avant et je vis que sur les cartes et plan
du service de l'Urbanisme de Bourges effectivement une zone s'appelait
"la commanderie".
Or en cet endroit, aucune trace de Templiers
..
le mystère continue.
Dans Buhot de Kersers, p 259, on
trouve quelques écrits sur une maison des Templiers. Il
s'agirait d'un sanctuaire situé dans le faubourg d'Auron
et baptisé Saint-Jean-Baptiste. Les traces sont forcément
anciennes, et ce serait "la principale trace que nous connaissons
du séjour des templiers à Bourges". Ceci serait
dans un acte retrouvé et daté de 1283.
Près de ce sanctuaire se situait une maison ( domus de
ponte ultrionis) qui appartenait aux Templiers. Pour l'auteur,
c'était sans doute leur résidence principale à
Bourges.
Le précepteur se nommait Johannes de Landeyo si l'on en
croit les archives conservées de la Sainte Chapelle.
Pour Devailly, ( Le Berry du Xe
au milieu du XIII s siècle - 1973 - p262), L'Ordre des
Templiers possédait dans la région de Bourges plusieurs
paroisses.
Il semble bien que les relations entre
le pape, alors Honorius III et l'Ordre des Templiers en Berry
ne fut pas des plus faciles. En 1220, le pape évoque les
abus des Templiers à Villefranche dur Cher, car ces derniers
construisaient des édifices religieux qui arrivaient en
concurrence avec les paroisses installées. C'était
un peu de la concurrence déloyale.
De même l'année suivante, la querelle portait sur
la construction d'oratoires et surtout de cimetières,
ce qui était semble-t-il encore plus grave.
Il fut demandé aux Templiers ( AD Cher G1) de n'enterrer
dans leurs cimetières, que les membres de l'Ordre et non
pas les paroissiens.
Les "jardins de la commanderie"
étaient-ils route d'Issoudun ? vers Saint Henri ? C'est
possible.
Bulletin mensuel de la Société Historique du cher
d'avril 1952 et décembre 1955)
Il y aurait eu un sanctuaire gallo-romain puis une chapelle détruite
en 1930, et des sarcophages auraient été découverts,
on évoque d'ailleurs parfois ce lieu comme "le champ
des cercueils".
C'est au début du XIV e siècle
que les biens des Templiers sont confisqués, donc la vigne
et les maisons de Bourges et ces biens sont alors confiés
aux Hospitaliers.
C'est aussi ce qui explique la difficulté de dénombrer
les biens appartenant aux uns et ceux appartenant aux autres.
Comme depuis, les archives de la Ville sont parties en fumée
en 1487, les hypothèses sont plus importantes que les
certitudes.
Pour Roger Richer, dans son Bourges pas
à pas, on trouve page 166, une allusion aux Templiers.
Il est évoqué une portion de la rue Mirebeau qui
s'appelait "passage des Templiers", il allait de la
rue de la Frange à la place Gordaine. La raison de cette
appellation tenait semble-t-il à la présence d'un
monastère qui était au numéro 73 rue Mirebeau.
Il est aussi indiqué qu'à
la suite de la commission rogatoire donnée au bailly de
Bourges par Philippe le Bel, il était indiqué de
procéder à l'arrestation des tous les Templiers
et d'instruire leur procès.
C'est alors que le couvent des Templiers passa aux mains des
Augustins et que la ruelle s'appellera alors rue des Augustins.
A Bourges de manière traditionnelle,
le couvent des Augustins est qualifié de maison des Templiers.
Mais où est la réalité ou est la légende
?
Si l'on en croit les historiens, aucun
document n'évoque les chevaliers du temple en cet emplacement.
Ce qui semble certain, c'est la présence en 1270 des frères
de la pénitence, un ordre religieux qui va disparaître
soit en 1296 soit plus tard en 1313.
L'archevêque de l'époque récupéra
le domaine, c'était Gille de Rome, que Philippe le bel
lui remis, pour y établir les Hermites de Saint Augustin,
un ordre peu connu certes, mais dont l'archevêque avait
été général !
Un nouveau monastère est alors construit
et détruit
dans l'incendie de 1487.
Ce qui semble curieux, et c'est peut être
un hasard, mais cela a servi à développer la légende
des Templiers en ce lieu, c'est la date de 1313, correspondant
à la fin des Templiers, et c'est Philippe le bel qui donne
le couvent.
COMPLEMENTS
Les Templiers en Berry
On connaît assez peu de commanderies
dans le département du Cher et en Berry. Quelques ouvrages
et aujourd'hui Internet dressent des listes de lieux, mais la
littérature en la matière est assez pauvre. Comme
souvent en Berry, mais surtout dans le Cher, a-t-on été
aussi peu curieux sur ce passé ?
Même Buhot de Kersers affirme à
propos de la Commanderie des Bordes "Nous avons trouvé
en général peu de documents directs sur les maisons
du temple en Berry".
C'est une question de base, les Templiers
sont une réalité, avec une médiatisation
qui dure depuis des centaines d'années et nous, ici, à
Bourges nous ne savons même pas où ils habitaient
et ce qu'ils représentaient.
C'est assez affligeant.
Pour avoir parcouru quelques ouvrages sur
le sujet, en recoupant des informations existantes, il semble
bien, en Berry comme dans toutes les provinces, que les Templiers
étaient présents, ni plus ni moins qu'ailleurs.
Jussy le Chaudrier
Parmi les plus célèbres,
notons la commanderie des Bordes à Jussy le Chaudrier,
près de Sancergue.
Chaudrier est à lui tout seul un mystère, nom d'une
famille qui a beaucoup donné, au milieu du XIII e siècle,
on trouve plusieurs gentilshommes qui ont ce patronyme.
C'est peut-être aussi une déformation de chaudronnier,
ou encore le nom d'un moine qui possédait ces terres.
On trouve des traces de cette commanderie
dans des documents datant de 1170.
Elle est située à l'Ouest du village dans un lieu-dit
appelé "Les Bordes" d'où le nom que l'on
rencontre parfois avec ce nom de "commanderie des Bordes".
La première mention date de 1170
Elle comprend encore deux éléments
distincts :
Une chapelle comprenant une unique nef, avec une abside . La
salle basse est formée d'ogives avec au centre un pilier
hexagonal.
Une Tour correspondant au corps de logis
de la commanderie, elle est située à l'ouest de
la chapelle.
Elle est assez typique de l'architecture imposante et grossière
de cette époque.
La commanderie des Bordes était
de la province d'Auvergne et possédait sous sa dépendance,
d'autres établissements comme Vireville à Mornay
ou Francheville à Brécy, mais aussi à Bourges
et La Guerche.
Brécy (Francheville)
Dans ce village se trouve une autre commanderie
qui a pour nom "Francheville" laquelle semblait dépendre
de Jussy.
Elle fut fondée en 1288. On dit qu'elle ne comprenait
que 7 membres de la confrérie dont un seul Chevalier.
Il reste encore quelques bâtiments, dans une zone appelée
"La Chapelle". Ainsi la chapelle justement du XIII
e siècle dont le bénitier est actuellement dans
la chapelle de l'église de Brécy. Elle dépendait
de la commanderie des Bordes.
Cette chapelle est dédiée à Saint Jean Baptiste.
Villeville
Au sud de la commune de Mornay, une autre
commanderie, assez ancienne, elle daterait du début du
XII e siècle. Elle dépendait aussi de Jussy.
Cornusse
Dans cette commune il existe un lieu connu
sous le nom de "Les Templiers".
Vierzon
Une commanderie est installée à
Vierzon dans les années 1150, alors que la cité
dépendait alors du seigneur de Villefranche sur Cher.
Blancafort
Autre commanderie à Blancafort,
elle avait pour nom, commanderie des Fresnes, et fut sans doute
une des plus anciennes du Berry. (appelé encore Lieu-Dieu).
On trouve de nombreux actes qui se situent entre 1150 et 1160.
On trouve d'ailleurs des formes intéressantes, comme Domus
Templi apud Fraxinum en 1176, ou encore Templarii de Frausino
..
Les Templiers établissent une préceptorerie
dans un lieu qui s'appelait Fresne ou Frayne et qui changea de
nom sous leur influence pour s'appeler Lieu-Dieu.
Les Templiers restèrent jusqu'en 1321 et furent remplacés
par les Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem ou de Malte,
prieuré d'Auvergne.
Cela dura jusqu'à la révolution.
Elle fut ensuite fortifiée par les
Hospitaliers. C'était sans doute en 1469, date où
jean de Bridiers était commandeur de l'Hospital du Lieu-Dieu
du Fresne. C'est lui qui fit réparer et fortifier l'ancienne
maison avec l'accord du roi Louis XI.
On retrouve un Goddefroy en 1145 qui épouse
Bilehelde et donne aux Templiers de l'hôpital du Fresne
son cheval et ses armes
. Et lui ! (Buhot de Kerser).
On trouve encore des décors dans
les fenêtres et les sculptures de Templiers dans la Chapelle
du château.
Farges-Allichamps
Cette commanderie ne résistera pas
à la Révolution, mais elle a gardé une église
Saint-Jean remaniée au XVII e siècle.
Pour Buhot de Kerser, la commanderie se
résout en quelques masures dès 1639. A la révolution,
les bâtisses qui restent sont vendues et deviennent les
supports du château reconstruit alors par le comte de Jouffroy.
L'église, est l'ancienne chapelle
de la commanderie, rectangulaire, sans beaucoup d'intérêt.
le château du Coudray.
Deux internautes nous ont transmis les
éléments suivants :
Suite à votre articke sur les
templiers en Berry, Je me permet de vous signaler qu'il y aurait
un lieu qui aurait appartenu aux templiers qui se trouve sur
la commune de Luçay le libre(près de Vatan et de
Graçay: dans l'Indre à la limite du Cher)
Ce lieu est le chateau du Coudray.
signé : arnaud branger
Le château du Coudray dépendait
de la Commanderie de l'Ormeteau, situé sur la commune
de Reuilly
Cette commanderie a son apogée (17è-18è
s.), sous tutelle des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem
de Rhodes et de Malte (Ordre Souverain de Malte), avait autorité
sur 3000 hectares dans une zone allant de Massay à Châteauroux
et de Vatan à Lazenay.
Dominique de La Rochefoucauld