Les dernières recherches des archéologues
montrent que la cité berruyère dont le nom "Avaric" signifiait "la
Ville des eaux", était déjà importante
vers l'an 800 avant Jésus-Christ avec la civilisation
des Hallstatt. Ils avaient construits une cité sur un
promontoire entouré de marais. Les Gaulois étaient
d'habile forgerons, sans doute à l'origine de l'invention
de l'étamage, ce qui leur permettait, déjà,
d'être des fournisseurs d'armes.
Cité florissante, Jules César " écrira
" qu'il s'agit d'une des plus belles ville de la Gaule.
En 52 av J.C. il en fera le siège, et les légions
romaines viendront à bout des Gaulois au cours d'un véritable
massacre. La Ville comprenait dit-on 40 000 habitants, moins
de 800 habitants en réchapperont.
Les
Romains reconstruiront la cité qu'ils avaient détruite,
et la " Paix gallo-romaine "
durera plusieurs siècles. Ce sera l'époque
des grandes constructions, un Théâtre, situé
sous la place de la Nation, un Capitole, des rues, une Fontaine
monumentale, des sculptures somptueuses et un rempart encore
visible aujourd'hui.
Au IIIe siècle une religion nouvelle se développe
avec saint Ursin qui évangélise les Bituriges,
nouveau nom des habitants de la région. Les premières
Eglises à la Gloire du Dieu nouveau commencent à
s'édifier.
Pourtant, Avaricum ne va pas résister
au Ve siècle à l'arrivée des Wisigoths.
Devenue Bourges, la cité subit des fortunes diverses.
C'est la lutte contre la peste, contre les barbares comme les
Normands, le tout accompagné de famines meurtrières.
Une des périodes, de 380 à 987 parmi ce qui est
très mal connu, et c'est un chapitre appelé "les carolingiens".
Les siècles passent, avec ce
Moyen Age si mal connu. Vers 1180, sous Philippe Auguste, Bourges
construit une nouvelle enceinte, avec une grosse Tour, haute
de 38 mètres et d'un diamètre de 24 mètres.
Il s'agissait de se défendre contre les Anglais qui occupaient
l'Aquitaine, et venaient piller les faubourgs de la Ville.
Les
Grandes Heures de Bourges peuvent se situer à partir de
1195. A cette époque, le clergé local avait commencé
à édifier une Eglise, les travaux stagnaient et
le style de l'édifice n'était pas très original....
c'était du " Roman vieillissant ". A Paris,
à Chartres, ou dans la vallée de la Somme, de grandes
Cathédrales se construisaient. L'évêque de
Bourges, Eudes de Sully, décida alors de remplacer l'Eglise
Romane existante par une cathédrale résolument
gothique, avec des ogives, des arcs-boutant extérieurs,
des fenêtres encore plus ajourée, c'est le début
de la construction de la Cathédrale
de Bourges, sous l'impulsion du Premier Maître Maçon
de Bourges. Ce sera un Chef d'Oeuvre, une des plus belles réussite
du monde occidental.
Au
XIVe siècle, le fils de Jean le Bon devient duc de Berry.
Ce personnage fascinant se révèle un mécène
de qualité. Il fait construire un Palais, puis une Sainte
Chapelle et favorise toutes les formes d'arts. On lui doit les
"Très Riches Heures du Duc de Berry", une oeuvre
unique d'une beauté rare.
C'est
le début de la grande Epoque de Bourges. La France est
réduite à une peau de chagrin et le roi Charles
VII se réfugie en Berry. Il devient le "Petit Roi
de Bourges". C'est tout de même lui qui boutera hors
de France les Anglais. Son fils, Louis XI naîtra en 1423
dans le centre ville.
Deux
personnages fabuleux apparaissent à cette époque.
C'est d'abord un Berruyer : Jacques
Coeur, c'est ensuite Jeanne d'Arc. Le premier devient un
grand commerçant. Il est l'inventeur des multinationales.
Son Palais qui porte son nom nous rappelle à son souvenir,
c'est le héros berruyer par excellence.
Jacques Coeur devenant le Grand Argentier du Roi Charles
VII, prêtera beaucoup d'argent et.... suscitera la
jalousie de toute une partie de la Cour. Accusé d'avoir,
entre autres méfaits empoisonné la belle Agnès
Sorel, il est arrêté, emprisonné et torturé.
Le Roi, ingrat, ne viendra pas à son secours, mais lui
prendra sa fortune !
Autre figure monumentale de cette époque : Jeanne d'Arc.
Sa vie "publique" ne durera que 2 ans, et elle passera
environ une année en Berry chez " dame Touroulde
", à Bourges. Puis elle ira délivrer Orléans
et sera capturée quelques mois plus tard. Le roi, toujours
le même, ne fera rien non plus pour la sauver des flammes.
Autre monarque, Louis XI, n'aura jamais
beaucoup d'égards pour sa ville natale. Il installera
pourtant en 1463, à Bourges, une Université comprenant
cinq sections. C'était moins par amour de la cité
que pour lutter contre la puissance de l'Université de
Paris. Bourges recevra pendant plusieurs siècles les plus
grands esprits de l'Europe. Des Maîtres comme Alciat, Wolmar,
Cujas ou Amyot viendront enseigner dans cette Université.
Le réformateur Calvin sera un temps berruyer, il suivra
des cours à l'Université et c'est sans doute à
Bourges qu'il élaborera sa pensée pour la Réforme.
De nombreux lieux évoquent aujourd'hui encore son passage.
La
puissance de Bourges va s'achever dans les flammes. Le 22 juillet
de l'année 1487. Le jour de la Sainte Madeleine, un incendie
gigantesque se déclare, les maisons de bois ne résistent
pas. Attisées par un vent violent, plus de 2000 maisons
auraient été détruites. Il faudra des siècles
pour que les Berruyers s'en remettent.
Le
XVIe siècle est celui de belles constructions. L'Hôtel
des Echevins pour la municipalité qui avait vu partir
en fumée tous ses documents. l'Hôtel Cujas, datant
de 1515, et édifié par un riche marchand transalpin,
mais aussi les chapelles de la Cathédrale, tout cet apport
est placé sous le signe d'une architecture de style gothique
avant de faire place à un style "Renaissance"
lors de la seconde campagne des travaux de l'Hôtel Lallemant,
ce paradis des alchimistes.
Les
guerres de religion ne vont pas épargner Bourges. Une
partie des statues de la cathédrale fut détruite
lors d'une incursion des protestants du Comte de Montgoméry,
et certains de ses soudards voulurent même dynamiter les
tours du prestigieux édifice.
Sous le "Grand Siècle" de Louis XIV, Bourges
est de plus en plus pauvre. Les manufactures ne s'implantent
pas et les seuls travaux à retenir concernent l'édification
d'une grande place par un parent de Colbert, M. Dey de Séraucourt.
Il fera faire ce travail en employant des chômeurs et donnera
son nom à l'esplanade.
A cette époque le Palais du duc Jean tombe en ruine, et
le roi fait démolir la Grosse Tour de Bourges, il avait
quelque ressentiment après la Fronde de Condé.
Quelques constructions vont survenir, comme le Palais Archiépiscopal,
situé juste en face de la Cathédrale, le Grand
Séminaire et le Couvent des Ursulines.
La Révolution de 1789 arrive. Les Berruyers voient passer
la tourmente. Ils restent calmes et toujours très "légalistes".
Quelques manifestations très symboliques mais jamais de
débordement. La Cathédrale ne sera pratiquement
pas abîmée, et la Terreur ne fera à Bourges
que trois malheureuses victimes.
Le temps passera, Napoléon ne
viendra jamais à Bourges, lui qui est passé partout
! et c'est son neveu qui redonnera à la Ville une chance
nouvelle : il amène ce qui manquait : l'industrie. Napoléon III sera en effet à
l'origine de l'installation des Etablissements Militaires. Le
Bourges nouveau date du milieu du XIXe
siècle
C'est
donc avec des atouts mitigés que Bourges aborde le XXe siècle. Une industrie
du domaine militaire s'affirme dans un environnement berrichon
resté très agricole. Plus tard, en 1928, une entreprise
de production d'avions s'implante, elle deviendra Aérospatiale,
une des toutes premières firmes de fabrication de missiles
avec les célèbres Exocet ou les missiles nucléaires.
La guerre de 14/18 fera de la cité,
un point stratégique important par la présence
des fabrications d'armements, la ville comprend alors 100 000
habitants, et la présence toute proche de la base aérienne
d'Avord.
L'entre-deux guerres sera l'époque des grandes constructions,
Bourges s'éveille.
La triste période de 1940
place la cité en zone occupée, à deux pas
de la ligne de démarcation. C'est le temps du " Franciscain
de Bourges ", ou des maquis du colonel Colomb, alors que
se déroulent des drames comme celui des puits de Guerry
et du sinistre Paoli.
Depuis
un demi-siècle, les responsables locaux modifieront constamment
la ville, tout en respectant son patrimoine. Des monuments seront
restaurés, d'autres construits dans une fonctionnalité
nouvelle. Pendant tout ce temps apparaissent un muséum,
une Maison de la Culture, des stades, une école militaire,
et des lieux de culture et de loisirs, la manifestation annuelle
du Printemps de Bourges en étant le symbole. c'est le
XX e siècle.
Bourges retrouve patiemment son Université,
développe ses atouts culturels et touristiques, et s'ancre
dans la catégorie des villes moyennes, dans lesquelles
il fait bon vivre.