Quelques visites de personnalités
à Bourges,
LEON BLUM CHEZ LES SOCIALISTES DE
BOURGES
La France a virée à gauche
aux législatives de 1932, avec 356 élus, dont 160
radicaux-socialistes,et 132 S.F.I.O., mais seulement 10 communistes,
pas de quoi faire basculer le pays dans le collectivisme. Tardieu
est battu et bientôt, le radical Daladier est à
la tête du gouvernement. Cela ne va durer que jusqu'au
23 octobre 1933, à trois heures du matin où le
ministère est renversé par Blum et ses amis. Les
socialistes et Blum reprochent au gouvernement "de s'être
obstinés à la recherche d'un équilibre,
alors qu'il y a d'autres choses à faire en temps de crise".
Léon Blum est alors le grand leader
que la gauche attendait depuis la mort de Jaurès. Il est
aimé et admiré par tout un peuple, alors qu'il
est haï par une frange importante du reste de ce peuple.....
C'est le 25 mars 1933 que Blum vient dans le Cher et à
Bourges pour fêter le succès de Cochet et Castagnez
aux législatives de l'année précédente.
Dans son discours d'accueil, Blum situe le socialisme dans le
Cher :
"Dans ce département où Laudier détenait
déjà un siège sénatorial et la Mairie
de Bourges, nous avons été profondément
heureux de voir conquérir deux sièges législatifs....
par cette vieille Fédération du Cher, celle de
Vaillant et Bodin".
Mais Blum ne reste pas très longtemps sur le thème
local, il évoque avec gravité les événements
internationaux, avec les progrès du fascisme qui vient
d'Italie et gagne l'Allemagne :
" Pas plus que le fascisme italien, nous n'avons ménagé
et ménageront jamais le racisme hitlérien : la
formule de ces deux dictatures est la même : mort au marxisme,
mort au socialisme !
Je vous en supplie Chers Camarades, que le sentiment naturel
et légitime du danger que le racisme hitlérien
peut faire courir au monde, ne vous entraîne pas à
cette faute : combattre le nationalisme allemand en excitant
le nationalisme français."
Le problème du monde, c'est alors
le réarmement de l'Allemagne et Blum termine ainsi son
discours :
"Hitler, par la fatalité des choses, voudra réarmer
l'Allemagne; il voudra que l'Allemagne ait à nouveau une
armée..... Si nous disons : soyons forts et laissons réarmer
l'Allemagne, c'est la course aux armements et à la guerre".
Après ces paroles prophétiques,
Blum va parler du parti Communiste envers lequel il ne prononce
aucune parole blessante, alors que l'inverse affirme-t-il est
chose courante. D'autres orateurs en cette journée se
succéderont. Et Laudier qui reçoit Blum donne le
fond de sa pensée : "Je pense que cette manifestation
aura sa véritable signification, elle prouvera que le
parti de la classe ouvrière, que le parti de la démocratie
est sur la voie de la libération. J'aime à constater
qu'en dépit des clameurs bolchevistes, les applaudissements
sont unanimes. Cette réunion prouvera que malgré
le fascisme, qu'il soit de droite ou de gauche, le socialisme
international suivra sa route et triomphera".
Avec de telles paroles, et de nombreux communistes dans la salle,
Laudier fut souvent interrompu, et coupé par "des
cris divers", visiblement, il n'était pas à
l'aise, et la volonté d'accord à gauche pour les
socialistes n'était pas dans sa stratégie.
Cornavin pour le Parti Communiste s'exprimera pour évoquer
l'unité ouvrière, ainsi que les revendications
comme la semaine de 40 heures ou les assurances sociales.
La France suit la monté des périls,
par les dictatures de Mussolini et d'Hitler, tout en poursuivant
à l'intérieur de l'hexagone une guerre politique
franco-française. Pourtant, d'autres préoccupations
sont au fait des berruyers, c'est le cas du Muséum de
Bourges qui ouvre ses portes.
LA VISITE DE MAURICE THOREZ
La France est gouvernée par un gouvernement
appelé "tripartite" depuis la signature d'une
charte le 24 janvier 1946. C'est à dire qu'après
la démission du général de Gaulle, de la
Présidence du Gouvernement Provisoire, le pays sera dirigée
par une coalition des trois partis du M.R.P., de la S.F.I.O.
et du P.C.F. De plus, les élections de représentants
ou les référendum vont se succéder toute
l'année. Les Chefs de gouvernement ne restent pas très
longtemps en place, c'est Félix Gouin, puis Georges Bidault
et enfin Léon Blum.
La venue à Bourges de Maurice
Thorez, le dimanche 15 Septembre 1946
va être l'occasion d'une passe d'arme orale importante
entre le Maire et les représentants du Parti Communiste.
Tout commence avec la décision d'inaugurer l'avenue Pierre-Sémard,
qui remplaçait le boulevard de l'hôpital. Pierre
Sémard était un résistant, syndicaliste,
il avait été Secrétaire de la Fédération
des Cheminots.
Le Maire informe son Conseil et la population,
qu'il a appris par les journaux la prochaine présence
à Bourges du Vice-Président du gouvernement. Il
s'étonne que ni le Préfet, ni le Chef de cabinet
de Maurice Thorez ne l'ai avisé de cette venue, d'autant
qu'il était prêt à lui présenter le
Conseil Municipal et organiser une cérémonie digne
de cette haute personnalité.
M. Bardin, qui représente le P.C. est bien ennuyé
de cette affaire, il s'explique et tente de calmer le jeu. "J'estime
que nous sommes entre camarades", se défend-il, et
il termine son propos par une mise au point, insistant sur "la
réception des Ministres communistes ne ressemble pas précisément
à celle des Ministres bourgeois qui, eux, tiennent à
ce que le protocole soit respecté à la lettre.
Les Ministres communistes ont autre chose à faire que
de respecter les formes protocolaires."
Maurice Thorez arrive en gare de Bourges,
il est accueilli par l'ensemble de la classe politique locale.
Le cortège se rendit boulevard de l'hôpital et là,
ce fut l'heure des discours dont on retiendra surtout celui de
M. Sèguy, secrétaire de la Fédération
des Cheminots, qui retracera la vie de Pierre Sémard,
qui fut arrêté en 1939 sur les ordres d'un ministre
français, M. de Monzie, puis condamné le 6 avril
1940 à trois ans de prison. C'est en mai 1940, à
la débâcle, qu'il est conduit de la prison de Fresnes
à celle de Bourges. Il restera deux ans à Bourges.
En 1942, il est extrait du Bordiot pour être transféré
par les Allemands à Evreux où il sera fusillé.
Le drapeau tricolore qui recouvrait la
plaque fixée au mur est ôtée par M. Thorez.
La journée va se poursuivre par une réception à
l'Hôtel de Ville, puis à la préfecture. Charles
Cochet évoquera les problèmes du moment, et demandera
au gouvernement ce qu'il compte faire "pour améliorer
le sort des populations laborieuses, notamment dans le domaine
du ravitaillement".
Une grande kermesse accompagnée
d'un meeting a été organisée place Séraucourt,
avec un premier discours de Marcel Cherrier.
Ensuite, Thorez prend la parole en rappelant
1939 :
"..... C'est alors que, choisissant
non pas le chemin de la facilité, la politique du chien
crevé ou de la tête courbée, j'ai repris
ma place à la tête de mon parti dans la bataille".
Il axera le reste de son discours sur la politique étrangère
et plus particulièrement sur ce qu'il convient de faire
avec l'Allemagne :
" Il faut désarmer l'Allemagne
et détruire l'industrie de guerre allemande, et soumettre
au contrôle des peuples alliés ce qui resterai de
l'industrie lourde allemande. Il faut contraindre ce pays à
payer les réparations en nature ou sous forme de travail."
Le Vice-Président du gouvernement terminera son discours
en demandant l'internationalisation de la Rhur, et en refusant
de choisir entre les alliés.
Visite du futur pape Jean
XXIII, Mg Roncalli
Parmi les visites à Bourges, si
celle de Maurice Thorez ou de de Gaulle ne passeront pas inaperçues,
il en est une qui n'a pas laissé beaucoup de souvenirs,
pourtant lorsque Monseigneur Roncalli vient en la Cathédrale
de Bourges le 17 novembre 1946, bien peu de Berruyers se doutent
qu'ils ont, devant eux, le futur Pape Jean XXIII.
A cette époque, Mgr Roncalli est Nonce Apostolique à
Paris et il est venu en Berry pour présider en la Cathédrale,
la "solennité de Saint Ursin", qui fut le premier
évêque de Bourges et qui est "patron"
du diocèse.
Arrivé par la route, le prélat fait une visite
de courtoisie au Préfet du Cher, et, vers 10 heures du
matin, devant une affluence considérable nous disent les
témoins, il dit une messe pontificale. Il est entouré
de l'Archevêque de Bourges, Monseigneur Lefèvre,
mais aussi des évêques de Troyes, Clermont, Saint
Flour... etc... Aux Grands Orgues de la Cathédrale, M.
Claparède joue la 6e symphonie de Widor.
Le future "bon Pape Jean" parlera aux Berruyers :
" Je suis venu au nom du pape
pour saluer le diocèse de Bourges, encourager et bénir
ses habitants". Il poursuit par un propos qui est un éloge
de la Cathédrale qui l'impressionne beaucoup, "c'est
un miracle de la foi chrétienne, pourrions-nous rebâtir
des cathédrales ? Nous sommes nés trop tard"
affirme-t-il. Enfin, dans ces temps difficiles, il s'adresse
"aux absents, à ceux qui ont été éprouvés
et dont le coeur saigne".
Il termine ce discours par un appel à
retrouver la foi :
"Nous devons être des
déffricheurs d'âmes afin de redonner à toute
la masse laborieuse de notre pays, la foi qu'elle n'a plus".
Visite du général
De Gaulle (sans mandat officiel)
Ce même mois de novembre 1946, la
politique bat son plein en France et à Bourges. Les élections
se succèdent. L'année avait commencée avec
la démission du Général de Gaulle le 20
janvier, quelques jours avant la charte du tripartisme.
La constitution préparée par le M.R.P., la S.F.I.O.
et le P.C.F. est repoussée par les français lors
d'un référendum le 5 mai. Le 2 juin les élections
à la seconde assemblée Constituante se déroulent,
et le Cher envoie à la Chambre, deux communistes, Lozeray
et Cherrier, un socialiste Coffin, et un M.R.P.Boisdon. Le parti
communiste est le premier parti de France.
La Constitution de la IVe République est acceptée
par référendum le 13 octobre, plus par lassitude
que par conviction et un mois suivant, le 10 novembre 1946 se
déroulent les premières élections législatives
de la IVe République.
Au plan national, c'est un peu le renforcement des extrêmes,
et le P.C.F. reste le premier parti de France, il envoie 165
députés à la chambre, contre 161 pour le
M.R.P., les socialistes n'ont que 90 représentants et
les gaullistes 82, le rassemblement des gauches obtient 46 sièges.
Dans le Cher, cette élection ne change rien à la
représentation précédente, les 4 sortants
de la Constituante retrouvent leurs sièges à la
nouvelle Assemblée. Le M.R.P. a perdu pourtant beaucoup
de voix, au profit des gaullistes.
VISITE DE M. LE MINISTRE GISCARD
D'ESTAING
Le 10 juin 1961, comme chaque année,
les responsables de la foire exposition de Bourges recherchent
une personnalité afin de venir couper le ruban symbolique.
Cette année, Raymond Boisdé fait appel à
un jeune secrétaire d'état aux finances, peu connu
du grand public.
Lors de l'inauguration, Boisdé se doit de présenter
ce jeune ministre inconnu des Berruyers, il emploie alors des
mots prémonitoires :
"Valéry Giscard d'Estaing
est un homme d'une grande compétence, malgré sa
jeunesse, un très grand talent, qui fera une éblouissante
carrière au sommet de notre pays, telle qu'il l'a déjà
commencée et qu'il est très loin d'avoir terminé.....
Je me félicite que ce soit un homme de cette taille, car
il est très grand, qui vienne inaugurer notre foire".
Et pour davantage situer le jeune homme,
il ajoutera un côté local : "il n'est pas très
éloigné, il est du Puy de Dôme".
L'invité est arrivé avec trois quarts d'heure de
retard, à cause d'un problème technique sur son
avion de liaison. La chaleur à Bourges était tropicale,
les personnalités lorgnaient pour tromper leur impatience,
la charmante baigneuse de pierre dont les flancs généreux
connaissaient le bonheur d'être à cette époque
inondés d'eau fraîche..
Le cortège n'arrivera qu'à
11 H 45, le jeune secrétaire d'Etat prendra la parole,
et dans un style qui est bien connu aujourd'hui, mais qui était
alors très nouveau, il dressera une vue de la situation
économique, que tous les Berruyers n'ont sans doute pas
compris.
Giscard va parler économie, comme
on lui a appris dans les cabinets ministériels :
".... Le problème est
dans la recherche de la stabilité et les réformes.
La valeur du franc comparée à celle du dollar,
depuis plus de 2 ans, cette valeur n'a pas varié de plus
de 2%."
Puis, il s'attache à démontrer ce que doit être
la future réforme relative à la taxe sur le chiffre
d'affaires, avant de conclure sur des phrases générales,
comme le passage de l'industrie française du XIXe au XXe
siècle, et il conclut ainsi :
"La France doit se pencher sur
les perspectives d'avenir, si nous voulons être un exemple
de vie et de civilisation".
Nul ne sait si il y a eu incompréhension
entre Giscard et les paysans berrichons, et si même il
y a une quelconque relation, mais quelques jours plus tard, le
3 juillet 1961, une manifestation de 300 paysans paralyse totalement
la ville de Bourges.
Le Centre-Ville est totalement occupé
par les tracteurs en un important carrousel, et à la périphérie,
ce sont des barrages tournants qui bloquent la circulation.
Le Président de la F.D.S.E.A., le syndicat des agriculteurs,
est M. Lelarge, il dira en direction de ses troupes :
"Les agriculteurs sont fermement décidés
à défendre leur dignité. Ils n'entendent
pas être méprisés, bafoués, ridiculisés....
Les jeunes surtout n'acceptent plus désormais qu'ayant
choisi la profession de leurs parents, ils soient mis dans l'impossibilité
de l'exercer"
Un discours qui restera d'actualité
pour une trentaine d'années encore !
GEORGES POMPIDOU PREMIER MINISTRE INAUGURE LE LYCEE ALAIN-FOURNIER
La renaissance de l'Université de
Bourges est une des grandes préoccupations de Boisdé.
Un comité départemental d'Action a été
créé par M. Blaise, il se réunira le 3 mai
1965, et à l'ordre du jour : l'Ecole Nationale Supérieure
d'Ingénieurs. Le maire vient de passer quelques jours
à Orléans, et il s'insurge contre le fait que la
région "Centre" comporte deux grandes métropoles
de plus de 100 000 habitants. Il demande que l'on pense à
Bourges, car sa ville a 75 000 habitants et Saint-Doulchard 5000,
si l'on ajoute Mehun, Saint-Florent et Vierzon, "on peut
considérer près de 120 000 habitants".
Boisdé termine en parlant de l'enseignement technique,
dont nous serions la capitale. Il rêve d'une grande université,
il le dit volontiers "c'est mon rêve familier".
En attendant des projets qui vont "traîner" encore
une trentaine d'années, le Maire fait face au quotidien
et à l'enseignement dans les nouveaux quartiers de la
ville.
La construction de Bourges-Nord s'est accompagnée de la réalisation
de plusieurs groupes scolaires. Ainsi, au début de l'année
1965, un avant-projet est proposé pour édifier
les "groupes scolaires Chancellerie IV, dits Les Merlattes".
Il s'agit d'un premier ensemble de 10 classes primaires et de
2 classes maternelles, étudié par le système
chevalet de M. Blanchot, l'architecte. C'est le 31 juillet 1963
que le Ministère de l'Education nationale avait autorisé
cette construction. Plus tard, des compléments seront
apportés afin de doubler le nombre d'élèves.
La concrétisation de l'enseignement
dans le nord de Bourges se fera à travers les constructions
de deux édifices assez considérables : le lycée
Alain-Fournier et le lycée agricole. Le premier verra
la présence à Bourges du Premier Ministre lui-même.
Georges Pompidou gouverne la France,
dans cette période de prospérité que sont
les "30 glorieuses". De
Gaulle, légèrement contesté l'année
précédente dans les présidentielles, s'est
remis et son premier ministre parcourt la France, tandis que
le général est empêtré dans "l'affaire
Ben Barka".
Le 26 octobre 1966, à 9 h 30, accompagné d'Olivier Guichard,
il atterrit sur la piste de Bourges à bord d'un Mystère
XX. Il vient à Bourges afin de procéder à
une visite et à quelques inaugurations, comme cela est
courant sous toutes les Républiques.....
Tout commence avec une visite détaillée
de la Maison de la Culture, avec
Raymond Boisdé et Pierre Potier, ce dernier étant
vice-président du Conseil d'Administration de ladite "Maison".
Le Premier Ministre est d'abord attiré par le Stabile
de Calder, avant de s'arrêter longuement devant le panneau
donnant la programmation de la saison 66-67, l'importance des
manifestations proposées le surprend, c'est vrai que les
Berruyers ont beaucoup de chance dans ces années-là.
Puis le circuit se poursuit avec la visite du "Petit Théâtre",
la salle de lecture et quelques salles annexes, avant de voir
l'exposition du peintre Yves Brayer : "hommage à
une enfance". Le peintre est présent, et la discussion
s'engage, car le Premier Ministre est très féru
d'art contemporain. Raymond Boisdé explique que c'est
à Bourges qu'Yves Brayer a passé une partie de
son enfance.
Comme toutes les visites de ce type, il faut aller vite, et le
cortège ne peut pas poursuivre d'intéressantes
conversations qu'il faut déjà s'en aller plus avant.
Et l'ensemble des personnalités se retrouve dans le "Grand
Théâtre", alors que Boisdé demande à
chacun le silence :
" je vous ai préparé une surprise"
dit-il à l'adresse de M. Pompidou,
les lumières s'éteignent et la voix de Malraux
retentit dans la salle, forte et belle. Il s'agit d'une partie
de l'enregistrement réalisé lors de la venue de
De Gaulle et de son ministre de la culture, c'était l'année
précédente.
La lumière revenue, Raymond Boisdé propose à
M. Pompidou d'essayer les sièges pour lui montrer le confort
des spectateurs..... Il n'est pas certain que le chef du gouvernement
ait beaucoup affectionné ces fauteuils... qui sont loin
d'être d'un confort appréciable.
En fait, Georges Pompidou n'était
pas venu à Bourges que pour visiter la célèbre
"maison", il devait aussi procéder à
deux inaugurations situées toutes deux dans le nouveau
quartier nord de Bourges, Chancellerie et Gibjoncs.
Les personnalités se dirigèrent alors au Centre
socio-éducatif, annexe de la Maison de la Culture, situé
derrière la tour centrale et dont le responsable est Bernard
Delagrange. Il est entouré de l'architecte, Guy Pison
qui déclare :
"Le loisir est une invention récente
: de tout temps l'homme fatigué devait se reposer, et
aux journées de travail succédaient les fêtes
religieuses ou profanes.
Aujourd'hui, il ne suffit plus de se soucier du loisir dans sa
durée, il faut en prévoir l'emploi et son organisation
collective".
Ce Centre socio-éducatif prendra
des noms comme Maison des Jeunes et de la Culture, avant de devenir,
plus simplement, "une maison des jeunes" et aujourd'hui
un Centre Culturel. On y pratique toute sorte d'activités,
et parmi les plus originales comme le ski, la plongée,
la bande dessinée, l'art floral japonais, sans oublier
un club du 3e âge et les ateliers d'enfants du mercredi.
Cette Maison des Jeunes est prospère, et les responsables
locaux espèrent en créer une autre aux Gibjoncs.
Et puis, le grand moment arriva, avec l'inauguration
très officielle du nouveau Lycée de Bourges qui
portait le nom de Lycée Alain-Fournier, rappelant par
là-même que le père du Grand Meaulnes avait
fait ses études à Bourges.
Dans un premier temps, ce Lycée
fut appelé "Lycée de garçons des Gibjoncs",
et le projet fut accepté par le conseil municipal de Bourges
le 29 janvier 1962. Quelques mois plus tard, le 22 novembre 1962,
une Convention liait l'Etat et la Ville de Bourges, qui agissaient
en qualité de maîtres de l'ouvrage.
Les travaux dureront plusieurs années, avec une première
tranche comprenant les bâtiments du premier cycle, de l'administration
et des installations sportives. Plus tard, un second avenant
en date du 7 août 1964, permettra de commencer les cuisines
et réfectoires. Il faudra au total 5 avenants et un coût
total de plus de 12 millions de francs.
Le Lycée terminé, quelques
critiques apparaissent. C'est André Cothenet qui trouve
qu'il s'agit de l'oeuvre "d'un artiste", mais du côté
pratique, il y a mieux à faire.... Les cours de récréation
sont ouvertes en plein Nord, "ce n'est pas tenable",
ajoute l'ancien maire de Bourges. Il remarque aussi qu'il y a
près de 3 hectares de pelouses, mais aucun crédit
n'a été prévu pour les entretenir.
Boisdé défendra le projet, en ajoutant que plusieurs
"des inspecteurs généraux qui se sont succédés,
avaient modifié profondément ce que leurs prédécesseurs
avaient projeté, mais il a bien fallu quand même
se décider à accepter un projet".
Il salue l'architecte, M. Fayeton, qui
a conçu ce bâtiment, et termine ainsi :
"Ceux qui ont visité
ce Lycée Alain-Fournier des Gibjoncs ont eu l'impression
que c'était une réussite. Dans toute réussite,
il y a peut-être des corrections à apporter dans
certains points de détails ; je pense qu'on y parviendra".
Ce 29 octobre 1966, le froid était vif. On remarquait
parmi les personnalités, le recteur Antoine, un personnage
haut en couleur, grand amateur des médias, avec un accent
rocailleux inimitable, il était accompagné par
M. Bianchéri, inspecteur d'académie, et de M. Malaurie,
proviseur.
Georges Pompidou, descendant de voiture, entre dans une salle
pour étudier les plans de lycée, il cherche à
se repérer, il est quelque peu désorienté.
Ce n'est pas le cas du recteur Antoine, lequel est venu 5 jours
auparavant pour une visite surprise, soit pour voir si tout était
bien en place, soit pour servir de guide au Premier Ministre.
Ce jour-là, il avait fait la visite en compagnie de Mrs
Depège et Henry.
La visite est une suite de parcours entre
des couloirs et des escaliers. Au détour d'une salle,
les personnalités virent des élèves en train
de disséquer des rats. Plus loin, M. Pompidou se retrouva
à la place d'un professeur de physique dans une classe
de Mathématiques Spéciales, lui rappelant quelques
souvenirs, même si la physique n'était pas précisément
sa spécialité.....
L'inauguration officielle se traduisit par un drapeau tricolore
qui est ôté de la plaque fixée au mur. Comme
le drapeau ne se détacha pas comme prévu, Boisdé
et le préfet Escande durent venir à la rescousse.....
Et tout entra dans l'ordre.
Puis vint l'heure des discours, toujours très attendus,
et souvent importants. Georges Pompidou déclara en arrivant
:
"Un grand avenir pour le Cher,
mais il lui faut le préparer et le forger"
Monsieur Boisdé, qui avait une grande
habitude de côtoyer des ministres, premiers ou non, fit
un discours qui portait essentiellement sur l'enseignement à
Bourges. Il était persuadé que rien ne se ferait
à Bourges sans un enseignement universitaire de grande
valeur. Après avoir rappelé que les différentes
réalisations qu'il avait vu à Bourges dépendaient
de 8 ministères différents, il poursuivit par un
plaidoyer pour sa ville :
"Nous ambitionnons pour notre
ville, d'être le siège d'une Université,
la plus moderne de toutes, l'Université que j'appelle
l'Université du 21e siècle, tout en souhaitant
que l'on n'attende pas l'an 2000 pour la réaliser".
A la suite de ces paroles, le Premier Ministre
fit un discours très classique, dans lequel il évoqua
pêle-mêle, le Sancerre, le Quincy et le fromage devant
les accompagner.... en terminant tout de même par l'espérance
que tout cela doit se "doubler d'une industrialisation progressive".
Enfin, sans faire expressément des
promesses, M. Pompidou poursuit ainsi :
"....Bourges, centre d'une province
en pleine expansion, qui mérite à la fois que le
gouvernement veille à l'aider dans sa croissance et qui
mérite aussi que ses élus, ses représentants
soient écoutés dans leurs revendications".
Chacun restait quelque peu sur sa faim,
lorsque le lendemain, les députés du Cher, et plus
particulièrement Jean Boinvilliers annonça qu'il
avait eu des entretiens avec le Premier Ministre et que celui-ci
lui avait fait plusieurs promesses, dont l'élargissement
du Pont d'Auron !
Raymond Barre, Premier
ministre à Bourges
Au plan national, Jacques Chirac, Premier
ministre de M. Giscard d'Estaing démissionne le 26 août
1976, un "presque inconnu", M. Raymond Barre lui succède.
Il est qualifié par le président de la République
de "meilleur économiste de France", et depuis
janvier 1975, il assurait les fonctions de ministre du Commerce
Extérieur.
Comme il en avait l'habitude, Raymond
Boisdé invite le Premier ministre à Bourges et
lui présente les réalisations de la ville et les
grands projets qui commencent, comme celui relatif au lac du
Val d'Auron.
La partie essentielle de cette visite du 25 janvier 1977
est très axée sur l'économie. Lors d'une
réunion à la salle du Duc Jean, ils sont 200 chefs
d'entreprise autour du Premier ministre. Ils lui posent des questions.
Ainsi, à une question très technique de M. Morin
de la société UNIDIS, M. Barre répond :
"je vous avoue humblement que je ne peux pas répondre
à votre question...... Je ferai étudier ce problème,
il y a des domaines dans lesquels je n'ai pas encore, disons
accru mes connaissances". Sur d'autres terrains, Raymond
Barre montre une liberté de ton peu courante. En répondant
à M. Paul Monin, alors président de la Chambre
de Commerce et d'Industrie, le Premier ministre évoque
"le technocrate, qui est un technicien avec lequel on n'est
pas d'accord". Et puis ce sont les phrases plus classiques
sur la modération des prix et des engagements de modération,
et il conclut que "notre pays est engagé dans une
politique de redressement économique, et financier, mais
qui devra se déployer sur un temps assez long".
Ségolène
Royal ministre de l'écologie à Bourges
Peu de monde aujourd'hui à Bourges
se souviennent de la visite de Ségolène Royal en
1992, alors qu'elle est... ministre de l'environnement.
A cette époque à Bourges,
les relations sont crispées et entre Jean Claude Sandrier,
le dauphin et Jean Pierre Saulnier, chef de file du Parti Socialiste.
Ce n'est pas souvent l'entente cordiale.
Lorsque Ségolène Royale, vient à Bourges
en décembre 1992, J.C. Sandrier dit : "même
si je n'ai pas été invité au titre de premier
adjoint, je me permets de rencontrer le ministre pour lui présenter
quatre dossiers". Celui qui semble visé,
J. P. Saulnier répond : " Ce n'est pas moi
qui invite. Et s'il y a des dossiers à présenter
au ministre, ils auraient du être débattus entre
les deux groupes qui composent la majorité municipale".
Ceux qui vont avoir quelque souvenir de ce moment, sont quelques
maraîchers, puisque la ministre va digue de Voiselle, et
elle promet et donne l'argent pour faire ou refaire cette digue
qui est en très mauvais état.
C'est d'autant plus délicat que
les travaux se font sur le domaine privé ce qui est formellement
interdit....
La digue pendant quelques temps prendra
le nom de "promenade Ségolène Royal".
Roseline Bachelot , ministre
de l'écologie
Elle est venue à l'invitation du
sénateur-maire de Bourges Serge Lepeltier, un 4 décembre
de l'an 2000. Chacun a pu la voir arriver dans ses petits souliers
fin, mais "pas idiote la ministre", dès qu'elle
fut descendue de sa voiture ministérielle, dans les marais
de Bourges qu'elle était venue visiter, elle changea de
chaussures. "Je prévois toujours tout" dit-elle.
Elle se promènera dans les marais
en barque alors que le temps était assez moyen.
Puis un repas suivra dans les salons de
l'Hôtel de Ville avec la présence des présidents
des 2 associations de marais, et il fut beaucoup question des
marais et des ragondins.
à suivre avec