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LES VISITES DE PERSONNALITES A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges a reçu de nombreuses visites de personnalités autres que les rois et les Présidents de la République. En voici quelques unes. Léon Blum, Maurice Thorez, le futur Jean XXIII, De Gaulle, Giscard D'Estaing, Raymond Barre, Ségolène Royal, Roseline Bachelot...

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Version 2009

 

Quelques visites de personnalités à Bourges,

LEON BLUM CHEZ LES SOCIALISTES DE BOURGES

La France a virée à gauche aux législatives de 1932, avec 356 élus, dont 160 radicaux-socialistes,et 132 S.F.I.O., mais seulement 10 communistes, pas de quoi faire basculer le pays dans le collectivisme. Tardieu est battu et bientôt, le radical Daladier est à la tête du gouvernement. Cela ne va durer que jusqu'au 23 octobre 1933, à trois heures du matin où le ministère est renversé par Blum et ses amis. Les socialistes et Blum reprochent au gouvernement "de s'être obstinés à la recherche d'un équilibre, alors qu'il y a d'autres choses à faire en temps de crise".

Léon Blum est alors le grand leader que la gauche attendait depuis la mort de Jaurès. Il est aimé et admiré par tout un peuple, alors qu'il est haï par une frange importante du reste de ce peuple..... C'est le 25 mars 1933 que Blum vient dans le Cher et à Bourges pour fêter le succès de Cochet et Castagnez aux législatives de l'année précédente.
Dans son discours d'accueil, Blum situe le socialisme dans le Cher :
"Dans ce département où Laudier détenait déjà un siège sénatorial et la Mairie de Bourges, nous avons été profondément heureux de voir conquérir deux sièges législatifs.... par cette vieille Fédération du Cher, celle de Vaillant et Bodin".


Mais Blum ne reste pas très longtemps sur le thème local, il évoque avec gravité les événements internationaux, avec les progrès du fascisme qui vient d'Italie et gagne l'Allemagne :
" Pas plus que le fascisme italien, nous n'avons ménagé et ménageront jamais le racisme hitlérien : la formule de ces deux dictatures est la même : mort au marxisme, mort au socialisme !
Je vous en supplie Chers Camarades, que le sentiment naturel et légitime du danger que le racisme hitlérien peut faire courir au monde, ne vous entraîne pas à cette faute : combattre le nationalisme allemand en excitant le nationalisme français."

Le problème du monde, c'est alors le réarmement de l'Allemagne et Blum termine ainsi son discours :
"Hitler, par la fatalité des choses, voudra réarmer l'Allemagne; il voudra que l'Allemagne ait à nouveau une armée..... Si nous disons : soyons forts et laissons réarmer l'Allemagne, c'est la course aux armements et à la guerre".

Après ces paroles prophétiques, Blum va parler du parti Communiste envers lequel il ne prononce aucune parole blessante, alors que l'inverse affirme-t-il est chose courante. D'autres orateurs en cette journée se succéderont. Et Laudier qui reçoit Blum donne le fond de sa pensée : "Je pense que cette manifestation aura sa véritable signification, elle prouvera que le parti de la classe ouvrière, que le parti de la démocratie est sur la voie de la libération. J'aime à constater qu'en dépit des clameurs bolchevistes, les applaudissements sont unanimes. Cette réunion prouvera que malgré le fascisme, qu'il soit de droite ou de gauche, le socialisme international suivra sa route et triomphera".
Avec de telles paroles, et de nombreux communistes dans la salle, Laudier fut souvent interrompu, et coupé par "des cris divers", visiblement, il n'était pas à l'aise, et la volonté d'accord à gauche pour les socialistes n'était pas dans sa stratégie.
Cornavin pour le Parti Communiste s'exprimera pour évoquer l'unité ouvrière, ainsi que les revendications comme la semaine de 40 heures ou les assurances sociales.

La France suit la monté des périls, par les dictatures de Mussolini et d'Hitler, tout en poursuivant à l'intérieur de l'hexagone une guerre politique franco-française. Pourtant, d'autres préoccupations sont au fait des berruyers, c'est le cas du Muséum de Bourges qui ouvre ses portes.


LA VISITE DE MAURICE THOREZ

La France est gouvernée par un gouvernement appelé "tripartite" depuis la signature d'une charte le 24 janvier 1946. C'est à dire qu'après la démission du général de Gaulle, de la Présidence du Gouvernement Provisoire, le pays sera dirigée par une coalition des trois partis du M.R.P., de la S.F.I.O. et du P.C.F. De plus, les élections de représentants ou les référendum vont se succéder toute l'année. Les Chefs de gouvernement ne restent pas très longtemps en place, c'est Félix Gouin, puis Georges Bidault et enfin Léon Blum.

La venue à Bourges de Maurice Thorez, le dimanche 15 Septembre 1946 va être l'occasion d'une passe d'arme orale importante entre le Maire et les représentants du Parti Communiste. Tout commence avec la décision d'inaugurer l'avenue Pierre-Sémard, qui remplaçait le boulevard de l'hôpital. Pierre Sémard était un résistant, syndicaliste, il avait été Secrétaire de la Fédération des Cheminots.

Le Maire informe son Conseil et la population, qu'il a appris par les journaux la prochaine présence à Bourges du Vice-Président du gouvernement. Il s'étonne que ni le Préfet, ni le Chef de cabinet de Maurice Thorez ne l'ai avisé de cette venue, d'autant qu'il était prêt à lui présenter le Conseil Municipal et organiser une cérémonie digne de cette haute personnalité.
M. Bardin, qui représente le P.C. est bien ennuyé de cette affaire, il s'explique et tente de calmer le jeu. "J'estime que nous sommes entre camarades", se défend-il, et il termine son propos par une mise au point, insistant sur "la réception des Ministres communistes ne ressemble pas précisément à celle des Ministres bourgeois qui, eux, tiennent à ce que le protocole soit respecté à la lettre. Les Ministres communistes ont autre chose à faire que de respecter les formes protocolaires."

Maurice Thorez arrive en gare de Bourges, il est accueilli par l'ensemble de la classe politique locale. Le cortège se rendit boulevard de l'hôpital et là, ce fut l'heure des discours dont on retiendra surtout celui de M. Sèguy, secrétaire de la Fédération des Cheminots, qui retracera la vie de Pierre Sémard, qui fut arrêté en 1939 sur les ordres d'un ministre français, M. de Monzie, puis condamné le 6 avril 1940 à trois ans de prison. C'est en mai 1940, à la débâcle, qu'il est conduit de la prison de Fresnes à celle de Bourges. Il restera deux ans à Bourges. En 1942, il est extrait du Bordiot pour être transféré par les Allemands à Evreux où il sera fusillé.

Le drapeau tricolore qui recouvrait la plaque fixée au mur est ôtée par M. Thorez.
La journée va se poursuivre par une réception à l'Hôtel de Ville, puis à la préfecture. Charles Cochet évoquera les problèmes du moment, et demandera au gouvernement ce qu'il compte faire "pour améliorer le sort des populations laborieuses, notamment dans le domaine du ravitaillement".

Une grande kermesse accompagnée d'un meeting a été organisée place Séraucourt, avec un premier discours de Marcel Cherrier.

Ensuite, Thorez prend la parole en rappelant 1939 :

"..... C'est alors que, choisissant non pas le chemin de la facilité, la politique du chien crevé ou de la tête courbée, j'ai repris ma place à la tête de mon parti dans la bataille".
Il axera le reste de son discours sur la politique étrangère et plus particulièrement sur ce qu'il convient de faire avec l'Allemagne :

" Il faut désarmer l'Allemagne et détruire l'industrie de guerre allemande, et soumettre au contrôle des peuples alliés ce qui resterai de l'industrie lourde allemande. Il faut contraindre ce pays à payer les réparations en nature ou sous forme de travail."
Le Vice-Président du gouvernement terminera son discours en demandant l'internationalisation de la Rhur, et en refusant de choisir entre les alliés.


Visite du futur pape Jean XXIII, Mg Roncalli

Parmi les visites à Bourges, si celle de Maurice Thorez ou de de Gaulle ne passeront pas inaperçues, il en est une qui n'a pas laissé beaucoup de souvenirs, pourtant lorsque Monseigneur Roncalli vient en la Cathédrale de Bourges le 17 novembre 1946, bien peu de Berruyers se doutent qu'ils ont, devant eux, le futur Pape Jean XXIII.
A cette époque, Mgr Roncalli est Nonce Apostolique à Paris et il est venu en Berry pour présider en la Cathédrale, la "solennité de Saint Ursin", qui fut le premier évêque de Bourges et qui est "patron" du diocèse.
Arrivé par la route, le prélat fait une visite de courtoisie au Préfet du Cher, et, vers 10 heures du matin, devant une affluence considérable nous disent les témoins, il dit une messe pontificale. Il est entouré de l'Archevêque de Bourges, Monseigneur Lefèvre, mais aussi des évêques de Troyes, Clermont, Saint Flour... etc... Aux Grands Orgues de la Cathédrale, M. Claparède joue la 6e symphonie de Widor.
Le future "bon Pape Jean" parlera aux Berruyers :

" Je suis venu au nom du pape pour saluer le diocèse de Bourges, encourager et bénir ses habitants". Il poursuit par un propos qui est un éloge de la Cathédrale qui l'impressionne beaucoup, "c'est un miracle de la foi chrétienne, pourrions-nous rebâtir des cathédrales ? Nous sommes nés trop tard" affirme-t-il. Enfin, dans ces temps difficiles, il s'adresse "aux absents, à ceux qui ont été éprouvés et dont le coeur saigne".

Il termine ce discours par un appel à retrouver la foi :

"Nous devons être des déffricheurs d'âmes afin de redonner à toute la masse laborieuse de notre pays, la foi qu'elle n'a plus".


Visite du général De Gaulle (sans mandat officiel)

Ce même mois de novembre 1946, la politique bat son plein en France et à Bourges. Les élections se succèdent. L'année avait commencée avec la démission du Général de Gaulle le 20 janvier, quelques jours avant la charte du tripartisme.
La constitution préparée par le M.R.P., la S.F.I.O. et le P.C.F. est repoussée par les français lors d'un référendum le 5 mai. Le 2 juin les élections à la seconde assemblée Constituante se déroulent, et le Cher envoie à la Chambre, deux communistes, Lozeray et Cherrier, un socialiste Coffin, et un M.R.P.Boisdon. Le parti communiste est le premier parti de France.
La Constitution de la IVe République est acceptée par référendum le 13 octobre, plus par lassitude que par conviction et un mois suivant, le 10 novembre 1946 se déroulent les premières élections législatives de la IVe République.
Au plan national, c'est un peu le renforcement des extrêmes, et le P.C.F. reste le premier parti de France, il envoie 165 députés à la chambre, contre 161 pour le M.R.P., les socialistes n'ont que 90 représentants et les gaullistes 82, le rassemblement des gauches obtient 46 sièges.
Dans le Cher, cette élection ne change rien à la représentation précédente, les 4 sortants de la Constituante retrouvent leurs sièges à la nouvelle Assemblée. Le M.R.P. a perdu pourtant beaucoup de voix, au profit des gaullistes.


VISITE DE M. LE MINISTRE GISCARD D'ESTAING

Le 10 juin 1961, comme chaque année, les responsables de la foire exposition de Bourges recherchent une personnalité afin de venir couper le ruban symbolique. Cette année, Raymond Boisdé fait appel à un jeune secrétaire d'état aux finances, peu connu du grand public.
Lors de l'inauguration, Boisdé se doit de présenter ce jeune ministre inconnu des Berruyers, il emploie alors des mots prémonitoires :

"Valéry Giscard d'Estaing est un homme d'une grande compétence, malgré sa jeunesse, un très grand talent, qui fera une éblouissante carrière au sommet de notre pays, telle qu'il l'a déjà commencée et qu'il est très loin d'avoir terminé..... Je me félicite que ce soit un homme de cette taille, car il est très grand, qui vienne inaugurer notre foire".

Et pour davantage situer le jeune homme, il ajoutera un côté local : "il n'est pas très éloigné, il est du Puy de Dôme".
L'invité est arrivé avec trois quarts d'heure de retard, à cause d'un problème technique sur son avion de liaison. La chaleur à Bourges était tropicale, les personnalités lorgnaient pour tromper leur impatience, la charmante baigneuse de pierre dont les flancs généreux connaissaient le bonheur d'être à cette époque inondés d'eau fraîche..

Le cortège n'arrivera qu'à 11 H 45, le jeune secrétaire d'Etat prendra la parole, et dans un style qui est bien connu aujourd'hui, mais qui était alors très nouveau, il dressera une vue de la situation économique, que tous les Berruyers n'ont sans doute pas compris.

 

Giscard va parler économie, comme on lui a appris dans les cabinets ministériels :

".... Le problème est dans la recherche de la stabilité et les réformes. La valeur du franc comparée à celle du dollar, depuis plus de 2 ans, cette valeur n'a pas varié de plus de 2%."
Puis, il s'attache à démontrer ce que doit être la future réforme relative à la taxe sur le chiffre d'affaires, avant de conclure sur des phrases générales, comme le passage de l'industrie française du XIXe au XXe siècle, et il conclut ainsi :

"La France doit se pencher sur les perspectives d'avenir, si nous voulons être un exemple de vie et de civilisation".

Nul ne sait si il y a eu incompréhension entre Giscard et les paysans berrichons, et si même il y a une quelconque relation, mais quelques jours plus tard, le 3 juillet 1961, une manifestation de 300 paysans paralyse totalement la ville de Bourges.

Le Centre-Ville est totalement occupé par les tracteurs en un important carrousel, et à la périphérie, ce sont des barrages tournants qui bloquent la circulation.
Le Président de la F.D.S.E.A., le syndicat des agriculteurs, est M. Lelarge, il dira en direction de ses troupes :

"Les agriculteurs sont fermement décidés à défendre leur dignité. Ils n'entendent pas être méprisés, bafoués, ridiculisés.... Les jeunes surtout n'acceptent plus désormais qu'ayant choisi la profession de leurs parents, ils soient mis dans l'impossibilité de l'exercer"

Un discours qui restera d'actualité pour une trentaine d'années encore !


GEORGES POMPIDOU PREMIER MINISTRE INAUGURE LE LYCEE ALAIN-FOURNIER

La renaissance de l'Université de Bourges est une des grandes préoccupations de Boisdé. Un comité départemental d'Action a été créé par M. Blaise, il se réunira le 3 mai 1965, et à l'ordre du jour : l'Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs. Le maire vient de passer quelques jours à Orléans, et il s'insurge contre le fait que la région "Centre" comporte deux grandes métropoles de plus de 100 000 habitants. Il demande que l'on pense à Bourges, car sa ville a 75 000 habitants et Saint-Doulchard 5000, si l'on ajoute Mehun, Saint-Florent et Vierzon, "on peut considérer près de 120 000 habitants".
Boisdé termine en parlant de l'enseignement technique, dont nous serions la capitale. Il rêve d'une grande université, il le dit volontiers "c'est mon rêve familier".
En attendant des projets qui vont "traîner" encore une trentaine d'années, le Maire fait face au quotidien et à l'enseignement dans les nouveaux quartiers de la ville.

La construction de Bourges-Nord s'est accompagnée de la réalisation de plusieurs groupes scolaires. Ainsi, au début de l'année 1965, un avant-projet est proposé pour édifier les "groupes scolaires Chancellerie IV, dits Les Merlattes".
Il s'agit d'un premier ensemble de 10 classes primaires et de 2 classes maternelles, étudié par le système chevalet de M. Blanchot, l'architecte. C'est le 31 juillet 1963 que le Ministère de l'Education nationale avait autorisé cette construction. Plus tard, des compléments seront apportés afin de doubler le nombre d'élèves.

La concrétisation de l'enseignement dans le nord de Bourges se fera à travers les constructions de deux édifices assez considérables : le lycée Alain-Fournier et le lycée agricole. Le premier verra la présence à Bourges du Premier Ministre lui-même.

Georges Pompidou gouverne la France, dans cette période de prospérité que sont les "30 glorieuses". De Gaulle, légèrement contesté l'année précédente dans les présidentielles, s'est remis et son premier ministre parcourt la France, tandis que le général est empêtré dans "l'affaire Ben Barka".

Le 26 octobre 1966, à 9 h 30, accompagné d'Olivier Guichard, il atterrit sur la piste de Bourges à bord d'un Mystère XX. Il vient à Bourges afin de procéder à une visite et à quelques inaugurations, comme cela est courant sous toutes les Républiques.....

Tout commence avec une visite détaillée de la Maison de la Culture, avec Raymond Boisdé et Pierre Potier, ce dernier étant vice-président du Conseil d'Administration de ladite "Maison". Le Premier Ministre est d'abord attiré par le Stabile de Calder, avant de s'arrêter longuement devant le panneau donnant la programmation de la saison 66-67, l'importance des manifestations proposées le surprend, c'est vrai que les Berruyers ont beaucoup de chance dans ces années-là.
Puis le circuit se poursuit avec la visite du "Petit Théâtre", la salle de lecture et quelques salles annexes, avant de voir l'exposition du peintre Yves Brayer : "hommage à une enfance". Le peintre est présent, et la discussion s'engage, car le Premier Ministre est très féru d'art contemporain. Raymond Boisdé explique que c'est à Bourges qu'Yves Brayer a passé une partie de son enfance.
Comme toutes les visites de ce type, il faut aller vite, et le cortège ne peut pas poursuivre d'intéressantes conversations qu'il faut déjà s'en aller plus avant. Et l'ensemble des personnalités se retrouve dans le "Grand Théâtre", alors que Boisdé demande à chacun le silence :
" je vous ai préparé une surprise"

dit-il à l'adresse de M. Pompidou, les lumières s'éteignent et la voix de Malraux retentit dans la salle, forte et belle. Il s'agit d'une partie de l'enregistrement réalisé lors de la venue de De Gaulle et de son ministre de la culture, c'était l'année précédente.
La lumière revenue, Raymond Boisdé propose à M. Pompidou d'essayer les sièges pour lui montrer le confort des spectateurs..... Il n'est pas certain que le chef du gouvernement ait beaucoup affectionné ces fauteuils... qui sont loin d'être d'un confort appréciable.

En fait, Georges Pompidou n'était pas venu à Bourges que pour visiter la célèbre "maison", il devait aussi procéder à deux inaugurations situées toutes deux dans le nouveau quartier nord de Bourges, Chancellerie et Gibjoncs.
Les personnalités se dirigèrent alors au Centre socio-éducatif, annexe de la Maison de la Culture, situé derrière la tour centrale et dont le responsable est Bernard Delagrange. Il est entouré de l'architecte, Guy Pison qui déclare :

"Le loisir est une invention récente : de tout temps l'homme fatigué devait se reposer, et aux journées de travail succédaient les fêtes religieuses ou profanes.
Aujourd'hui, il ne suffit plus de se soucier du loisir dans sa durée, il faut en prévoir l'emploi et son organisation collective".

Ce Centre socio-éducatif prendra des noms comme Maison des Jeunes et de la Culture, avant de devenir, plus simplement, "une maison des jeunes" et aujourd'hui un Centre Culturel. On y pratique toute sorte d'activités, et parmi les plus originales comme le ski, la plongée, la bande dessinée, l'art floral japonais, sans oublier un club du 3e âge et les ateliers d'enfants du mercredi. Cette Maison des Jeunes est prospère, et les responsables locaux espèrent en créer une autre aux Gibjoncs.

Et puis, le grand moment arriva, avec l'inauguration très officielle du nouveau Lycée de Bourges qui portait le nom de Lycée Alain-Fournier, rappelant par là-même que le père du Grand Meaulnes avait fait ses études à Bourges.

Dans un premier temps, ce Lycée fut appelé "Lycée de garçons des Gibjoncs", et le projet fut accepté par le conseil municipal de Bourges le 29 janvier 1962. Quelques mois plus tard, le 22 novembre 1962, une Convention liait l'Etat et la Ville de Bourges, qui agissaient en qualité de maîtres de l'ouvrage.
Les travaux dureront plusieurs années, avec une première tranche comprenant les bâtiments du premier cycle, de l'administration et des installations sportives. Plus tard, un second avenant en date du 7 août 1964, permettra de commencer les cuisines et réfectoires. Il faudra au total 5 avenants et un coût total de plus de 12 millions de francs.

 

Le Lycée terminé, quelques critiques apparaissent. C'est André Cothenet qui trouve qu'il s'agit de l'oeuvre "d'un artiste", mais du côté pratique, il y a mieux à faire.... Les cours de récréation sont ouvertes en plein Nord, "ce n'est pas tenable", ajoute l'ancien maire de Bourges. Il remarque aussi qu'il y a près de 3 hectares de pelouses, mais aucun crédit n'a été prévu pour les entretenir.
Boisdé défendra le projet, en ajoutant que plusieurs "des inspecteurs généraux qui se sont succédés, avaient modifié profondément ce que leurs prédécesseurs avaient projeté, mais il a bien fallu quand même se décider à accepter un projet".

Il salue l'architecte, M. Fayeton, qui a conçu ce bâtiment, et termine ainsi :

"Ceux qui ont visité ce Lycée Alain-Fournier des Gibjoncs ont eu l'impression que c'était une réussite. Dans toute réussite, il y a peut-être des corrections à apporter dans certains points de détails ; je pense qu'on y parviendra".
Ce 29 octobre 1966, le froid était vif. On remarquait parmi les personnalités, le recteur Antoine, un personnage haut en couleur, grand amateur des médias, avec un accent rocailleux inimitable, il était accompagné par M. Bianchéri, inspecteur d'académie, et de M. Malaurie, proviseur.
Georges Pompidou, descendant de voiture, entre dans une salle pour étudier les plans de lycée, il cherche à se repérer, il est quelque peu désorienté. Ce n'est pas le cas du recteur Antoine, lequel est venu 5 jours auparavant pour une visite surprise, soit pour voir si tout était bien en place, soit pour servir de guide au Premier Ministre. Ce jour-là, il avait fait la visite en compagnie de Mrs Depège et Henry.

La visite est une suite de parcours entre des couloirs et des escaliers. Au détour d'une salle, les personnalités virent des élèves en train de disséquer des rats. Plus loin, M. Pompidou se retrouva à la place d'un professeur de physique dans une classe de Mathématiques Spéciales, lui rappelant quelques souvenirs, même si la physique n'était pas précisément sa spécialité.....
L'inauguration officielle se traduisit par un drapeau tricolore qui est ôté de la plaque fixée au mur. Comme le drapeau ne se détacha pas comme prévu, Boisdé et le préfet Escande durent venir à la rescousse..... Et tout entra dans l'ordre.
Puis vint l'heure des discours, toujours très attendus, et souvent importants. Georges Pompidou déclara en arrivant :

"Un grand avenir pour le Cher, mais il lui faut le préparer et le forger"

Monsieur Boisdé, qui avait une grande habitude de côtoyer des ministres, premiers ou non, fit un discours qui portait essentiellement sur l'enseignement à Bourges. Il était persuadé que rien ne se ferait à Bourges sans un enseignement universitaire de grande valeur. Après avoir rappelé que les différentes réalisations qu'il avait vu à Bourges dépendaient de 8 ministères différents, il poursuivit par un plaidoyer pour sa ville :

"Nous ambitionnons pour notre ville, d'être le siège d'une Université, la plus moderne de toutes, l'Université que j'appelle l'Université du 21e siècle, tout en souhaitant que l'on n'attende pas l'an 2000 pour la réaliser".

A la suite de ces paroles, le Premier Ministre fit un discours très classique, dans lequel il évoqua pêle-mêle, le Sancerre, le Quincy et le fromage devant les accompagner.... en terminant tout de même par l'espérance que tout cela doit se "doubler d'une industrialisation progressive".

Enfin, sans faire expressément des promesses, M. Pompidou poursuit ainsi :

"....Bourges, centre d'une province en pleine expansion, qui mérite à la fois que le gouvernement veille à l'aider dans sa croissance et qui mérite aussi que ses élus, ses représentants soient écoutés dans leurs revendications".

Chacun restait quelque peu sur sa faim, lorsque le lendemain, les députés du Cher, et plus particulièrement Jean Boinvilliers annonça qu'il avait eu des entretiens avec le Premier Ministre et que celui-ci lui avait fait plusieurs promesses, dont l'élargissement du Pont d'Auron !


Raymond Barre, Premier ministre à Bourges

Au plan national, Jacques Chirac, Premier ministre de M. Giscard d'Estaing démissionne le 26 août 1976, un "presque inconnu", M. Raymond Barre lui succède. Il est qualifié par le président de la République de "meilleur économiste de France", et depuis janvier 1975, il assurait les fonctions de ministre du Commerce Extérieur.

Comme il en avait l'habitude, Raymond Boisdé invite le Premier ministre à Bourges et lui présente les réalisations de la ville et les grands projets qui commencent, comme celui relatif au lac du Val d'Auron.
La partie essentielle de cette visite du 25 janvier 1977 est très axée sur l'économie. Lors d'une réunion à la salle du Duc Jean, ils sont 200 chefs d'entreprise autour du Premier ministre. Ils lui posent des questions. Ainsi, à une question très technique de M. Morin de la société UNIDIS, M. Barre répond : "je vous avoue humblement que je ne peux pas répondre à votre question...... Je ferai étudier ce problème, il y a des domaines dans lesquels je n'ai pas encore, disons accru mes connaissances". Sur d'autres terrains, Raymond Barre montre une liberté de ton peu courante. En répondant à M. Paul Monin, alors président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, le Premier ministre évoque "le technocrate, qui est un technicien avec lequel on n'est pas d'accord". Et puis ce sont les phrases plus classiques sur la modération des prix et des engagements de modération, et il conclut que "notre pays est engagé dans une politique de redressement économique, et financier, mais qui devra se déployer sur un temps assez long".


Ségolène Royal ministre de l'écologie à Bourges

Peu de monde aujourd'hui à Bourges se souviennent de la visite de Ségolène Royal en 1992, alors qu'elle est... ministre de l'environnement.

A cette époque à Bourges, les relations sont crispées et entre Jean Claude Sandrier, le dauphin et Jean Pierre Saulnier, chef de file du Parti Socialiste. Ce n'est pas souvent l'entente cordiale.
Lorsque Ségolène Royale, vient à Bourges en décembre 1992, J.C. Sandrier dit : "même si je n'ai pas été invité au titre de premier adjoint, je me permets de rencontrer le ministre pour lui présenter quatre dossiers". Celui qui semble visé, J. P. Saulnier répond : " Ce n'est pas moi qui invite. Et s'il y a des dossiers à présenter au ministre, ils auraient du être débattus entre les deux groupes qui composent la majorité municipale".
Ceux qui vont avoir quelque souvenir de ce moment, sont quelques maraîchers, puisque la ministre va digue de Voiselle, et elle promet et donne l'argent pour faire ou refaire cette digue qui est en très mauvais état.

C'est d'autant plus délicat que les travaux se font sur le domaine privé ce qui est formellement interdit....

La digue pendant quelques temps prendra le nom de "promenade Ségolène Royal".


Roseline Bachelot , ministre de l'écologie

Elle est venue à l'invitation du sénateur-maire de Bourges Serge Lepeltier, un 4 décembre de l'an 2000. Chacun a pu la voir arriver dans ses petits souliers fin, mais "pas idiote la ministre", dès qu'elle fut descendue de sa voiture ministérielle, dans les marais de Bourges qu'elle était venue visiter, elle changea de chaussures. "Je prévois toujours tout" dit-elle.

Elle se promènera dans les marais en barque alors que le temps était assez moyen.

Puis un repas suivra dans les salons de l'Hôtel de Ville avec la présence des présidents des 2 associations de marais, et il fut beaucoup question des marais et des ragondins.

à suivre avec

 

 

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