le lycée Alain Fournier de Bourges par Roland Narboux - encyclopédie

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LE LYCEE ALAIN FOURNIER DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges possède de nombreux lycées, voici le début d'une série d'articles avec aujourd'hui, le lycée Alain Fournier.

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Version 2009

 

Parmi les nombreux lycées de Bourges, Marguerite de Navarre, Pierre Emile Martin, Jean de Berry... etc il en est un qui a une valeur historique particulière par son nom "Alain Fournier", et aussi par sa géographie symbolique de plusieurs époques.


C'est à partir de 1558 que la ville de Bourges décide la construction d'un collège dans un bâtiment utilisé par le prieuré Notre-Dame-la-Comtale, situé tout au nord de la Ville, sur l'ancien rempart gallo-romain, tout proche de ce qui était alors la mairie.

C'est Jean Niquet, qui acquiert ce lieu en 1573, il était abbé de Méobecq et de Saint Gildas en Bas Berry, et ce Niquet confie l'établissement aux Jésuites.

Les Jésuites agrandissent le lieu et en confient les grosses modifications au père Martellange.

ancien lycée Alain FournierCe Bâtiment a donc été conçu par un des plus célèbres architectes Jésuites, le père Etienne Martellange au début du XVII ième siècle, à partir de 1615.
Les Jésuites étaient installés à Bourges depuis 1572, ils prendront possession de cet édifice sobre doté d'une beauté classique. Les élèves des Jésuites afflueront, on trouve sur les listes de présence le Grand Condé et le célèbre prédicateur Louis Bourdaloue.



Les jésuites partis, c'est en 1803 qu'est institué le lycée Impérial. L'arrêté date du 16 floréal de l'an XI, c'est à dire le 6 mai 1803.

 

Après l'Empire il devint Collège royal en 1815, puis collège de 2 ° classe en 1828. Ce n'est qu'en février 1_48 qu'il prit le nom de lycée.

A noter à titre d'exemple que l'année scolaire 1860-1861 comptait pour le lycée Impérial 280 élèves dont 155 internes ou demi-pensionnaires. En 1907, il compte 301 élèves, internes et externes.

La plaque commémorative rappelant que Edouard Branly fut professeur dans ce lieu fut apposée sur la façade le 29 juillet 1942. Edouard Branly , né à Amiens en 1844, occupa le poste de professeur de physique dans ce lycée à l'âge de 24 ans, au sortir de l'Ecole normale supérieure. C'était son premier poste, mais il ne resta qu'une saison !

On doit à ce savant le "cohéreur" qui va permettre tout simplement l'invention de la TSF.

C'est en 1937 que le lycée de la rue de Paradis (rue Branly actuelle) prend le nom d'Alain Fournier lequel fut en effet un des élèves de cet établissement.

Le nom fut proposé et donné en 1937 nous dit Robert Lechêne " à l'initiative et sur proposition de M. Henri Gillet, qui était professeur de lettres (pour la classe de première en 1943 - 1944). Ce professeur était un homme de grande culture et de grandes qualités pédagogiques et humaines, passionné d'Alain Fournier sur qui il publiera un livre en 1948 ("Alain-Fournier", 348 pages, aux éditions Emile Paul).".

Au cours de cette cérémonie officielle du 23 mai 1937, présidée par M. Marcel Abraham, représentant le ministre de l'Education nationale et en présence de Mme Isabelle Rivière, la soeur d'Alain Fournier.

A côté, l'Hôtel des Echevins fut appelé le "Petit lycée", avec des classes de la 10° à la 8 °.

Ce lycée, nous confie Robert Lechêne, dans lequel j'ai fait mes études de la 7ème à la philo (année 1944/45), et même fait ma communion solennelle en 1938 dans sa chapelle, puisque ce lycée avait encore un aumônier (l'abbé Jacquart).

Détail de l'Histoire relatif à mon lycée, c'est au petit lycée, actuel Musée Estève, que furent retenus pour interrogatoire pendant les deux ou trois jours suivant la Libération les gens soupçonnés de collaboration. Comme il faisait très beau en ce début de septembre, on pouvait les voir aux grilles de la rue Branly

Puis le lycée Alain Fournier est déplacé aux Gibjoncs au milieu des années 1970.


GEORGES POMPIDOU INAUGURE LE LYCEE ALAIN-FOURNIER

La renaissance de l'Université de Bourges est une des grandes préoccupations de Boisdé. Un comité départemental d'Action a été créé par M. Blaise, il se réunira le 3 mai 1965, et à l'ordre du jour : l'Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs. Le maire vient de passer quelques jours à Orléans, et il s'insurge contre le fait que la région "Centre" comporte deux grandes métropoles de plus de 100 000 habitants. Il demande que l'on pense à Bourges, car sa ville a 75 000 habitants et Saint-Doulchard 5000, si l'on ajoute Mehun, Saint-Florent et Vierzon, "on peut considérer près de 120 000 habitants".
Boisdé termine en parlant de l'enseignement technique, dont nous serions la capitale. Il rêve d'une grande université, il le dit volontiers "c'est mon rêve familier".
En attendant des projets qui vont "traîner" encore une trentaine d'années, le Maire fait face au quotidien et à l'enseignement dans les nouveaux quartiers de la ville.

La construction de Bourges-Nord s'est accompagnée de la réalisation de plusieurs groupes scolaires. Ainsi, au début de l'année 1965, un avant-projet est proposé pour édifier les "groupes scolaires Chancellerie IV, dits Les Merlattes".
Il s'agit d'un premier ensemble de 10 classes primaires et de 2 classes maternelles, étudié par le système chevalet de M. Blanchot, l'architecte. C'est le 31 juillet 1963 que le Ministère de l'Education nationale avait autorisé cette construction. Plus tard, des compléments seront apportés afin de doubler le nombre d'élèves.

La concrétisation de l'enseignement dans le nord de Bourges se fera à travers les constructions de deux édifices assez considérables : le lycée Alain-Fournier et le lycée agricole.

Le premier verra la présence à Bourges du Premier Ministre lui-même.

Georges Pompidou gouverne la France, dans cette période de prospérité que sont les "30 glorieuses". De Gaulle, légèrement contesté l'année précédente dans les présidentielles, s'est remis et son premier ministre parcourt la France, tandis que le général est empêtré dans "l'affaire Ben Barka".

Le 26 octobre 1966, à 9 h 30, accompagné d'Olivier Guichard, il atterrit sur la piste de Bourges à bord d'un Mystère XX. Il vient à Bourges afin de procéder à une visite et à quelques inaugurations, comme cela est courant sous toutes les Républiques.....

Tout commence avec une visite détaillée de la Maison de la Culture, avec Raymond Boisdé et Pierre Potier, ce dernier étant vice-président du Conseil d'Administration de ladite "Maison". Le Premier Ministre est d'abord attiré par le Stabile de Calder, avant de s'arrêter longuement devant le panneau donnant la programmation de la saison 66-67, l'importance des manifestations proposées le surprend, c'est vrai que les Berruyers ont beaucoup de chance dans ces années-là.
Puis le circuit se poursuit avec la visite du "Petit Théâtre", la salle de lecture et quelques salles annexes, avant de voir l'exposition du peintre Yves Brayer : "hommage à une enfance". Le peintre est présent, et la discussion s'engage, car le Premier Ministre est très féru d'art contemporain. Raymond Boisdé explique que c'est à Bourges qu'Yves Brayer a passé une partie de son enfance.
Comme toutes les visites de ce type, il faut aller vite, et le cortège ne peut pas poursuivre d'intéressantes conversations qu'il faut déjà s'en aller plus avant. Et l'ensemble des personnalités se retrouve dans le "Grand Théâtre", alors que Boisdé demande à chacun le silence :
" je vous ai préparé une surprise"

dit-il à l'adresse de M. Pompidou, les lumières s'éteignent et la voix de Malraux retentit dans la salle, forte et belle. Il s'agit d'une partie de l'enregistrement réalisé lors de la venue de De Gaulle et de son ministre de la culture, c'était l'année précédente.
La lumière revenue, Raymond Boisdé propose à M. Pompidou d'essayer les sièges pour lui montrer le confort des spectateurs..... Il n'est pas certain que le chef du gouvernement ait beaucoup affectionné ces fauteuils... qui sont loin d'être d'un confort appréciable.

En fait, Georges Pompidou n'était pas venu à Bourges que pour visiter la célèbre "maison", il devait aussi procéder à deux inaugurations situées toutes deux dans le nouveau quartier nord de Bourges, Chancellerie et Gibjoncs.
Les personnalités se dirigèrent alors au Centre socio-éducatif, annexe de la Maison de la Culture, situé derrière la tour centrale et dont le responsable est Bernard Delagrange. Il est entouré de l'architecte, Guy Pison qui déclare :

"Le loisir est une invention récente : de tout temps l'homme fatigué devait se reposer, et aux journées de travail succédaient les fêtes religieuses ou profanes.
Aujourd'hui, il ne suffit plus de se soucier du loisir dans sa durée, il faut en prévoir l'emploi et son organisation collective".

Ce Centre socio-éducatif prendra des noms comme Maison des Jeunes et de la Culture, avant de devenir, plus simplement, "une maison des jeunes" et aujourd'hui un Centre Culturel. On y pratique toute sorte d'activités, et parmi les plus originales comme le ski, la plongée, la bande dessinée, l'art floral japonais, sans oublier un club du 3e âge et les ateliers d'enfants du mercredi. Cette Maison des Jeunes est prospère, et les responsables locaux espèrent en créer une autre aux Gibjoncs.

Et puis, le grand moment arriva, avec l'inauguration très officielle du nouveau Lycée de Bourges qui portait le nom de Lycée Alain-Fournier, rappelant par là-même que le père du Grand Meaulnes avait fait ses études à Bourges.

Dans un premier temps, ce Lycée fut appelé "Lycée de garçons des Gibjoncs", et le projet fut accepté par le conseil municipal de Bourges le 29 janvier 1962. Quelques mois plus tard, le 22 novembre 1962, une Convention liait l'Etat et la Ville de Bourges, qui agissaient en qualité de maîtres de l'ouvrage.
Les travaux dureront plusieurs années, avec une première tranche comprenant les bâtiments du premier cycle, de l'administration et des installations sportives. Plus tard, un second avenant en date du 7 août 1964, permettra de commencer les cuisines et réfectoires. Il faudra au total 5 avenants et un coût total de plus de 12 millions de francs.

 

Le Lycée terminé, quelques critiques apparaissent. C'est André Cothenet qui trouve qu'il s'agit de l'oeuvre "d'un artiste", mais du côté pratique, il y a mieux à faire.... Les cours de récréation sont ouvertes en plein Nord, "ce n'est pas tenable", ajoute l'ancien maire de Bourges. Il remarque aussi qu'il y a près de 3 hectares de pelouses, mais aucun crédit n'a été prévu pour les entretenir.
Boisdé défendra le projet, en ajoutant que plusieurs "des inspecteurs généraux qui se sont succédés, avaient modifié profondément ce que leurs prédécesseurs avaient projeté, mais il a bien fallu quand même se décider à accepter un projet".

Il salue l'architecte, M. Fayeton, qui a conçu ce bâtiment, et termine ainsi :

"Ceux qui ont visité ce Lycée Alain-Fournier des Gibjoncs ont eu l'impression que c'était une réussite. Dans toute réussite, il y a peut-être des corrections à apporter dans certains points de détails ; je pense qu'on y parviendra".


Ce 29 octobre 1966, le froid était vif. On remarquait parmi les personnalités, le recteur Antoine, un personnage haut en couleur, grand amateur des médias, avec un accent rocailleux inimitable, il était accompagné par M. Bianchéri, inspecteur d'académie, et de M. Malaurie, proviseur.
Georges Pompidou, descendant de voiture, entre dans une salle pour étudier les plans de lycée, il cherche à se repérer, il est quelque peu désorienté. Ce n'est pas le cas du recteur Antoine, lequel est venu 5 jours auparavant pour une visite surprise, soit pour voir si tout était bien en place, soit pour servir de guide au Premier Ministre. Ce jour-là, il avait fait la visite en compagnie de Mrs Depège et Henry.

La visite est une suite de parcours entre des couloirs et des escaliers. Au détour d'une salle, les personnalités virent des élèves en train de disséquer des rats. Plus loin, M. Pompidou se retrouva à la place d'un professeur de physique dans une classe de Mathématiques Spéciales, lui rappelant quelques souvenirs, même si la physique n'était pas précisément sa spécialité.....
L'inauguration officielle se traduisit par un drapeau tricolore qui est ôté de la plaque fixée au mur. Comme le drapeau ne se détacha pas comme prévu, Boisdé et le préfet Escande durent venir à la rescousse..... Et tout entra dans l'ordre.
Puis vint l'heure des discours, toujours très attendus, et souvent importants. Georges Pompidou déclara en arrivant :

"Un grand avenir pour le Cher, mais il lui faut le préparer et le forger"

Monsieur Boisdé, qui avait une grande habitude de côtoyer des ministres, premiers ou non, fit un discours qui portait essentiellement sur l'enseignement à Bourges. Il était persuadé que rien ne se ferait à Bourges sans un enseignement universitaire de grande valeur. Après avoir rappelé que les différentes réalisations qu'il avait vu à Bourges dépendaient de 8 ministères différents, il poursuivit par un plaidoyer pour sa ville :

"Nous ambitionnons pour notre ville, d'être le siège d'une Université, la plus moderne de toutes, l'Université que j'appelle l'Université du 21e siècle, tout en souhaitant que l'on n'attende pas l'an 2000 pour la réaliser".

A la suite de ces paroles, le Premier Ministre fit un discours très classique, dans lequel il évoqua pêle-mêle, le Sancerre, le Quincy et le fromage devant les accompagner.... en terminant tout de même par l'espérance que tout cela doit se "doubler d'une industrialisation progressive".

Enfin, sans faire expressément des promesses, M. Pompidou poursuit ainsi :

"....Bourges, centre d'une province en pleine expansion, qui mérite à la fois que le gouvernement veille à l'aider dans sa croissance et qui mérite aussi que ses élus, ses représentants soient écoutés dans leurs revendications".

Chacun restait quelque peu sur sa faim, lorsque le lendemain, les députés du Cher, et plus particulièrement Jean Boinvilliers annonça qu'il avait eu des entretiens avec le Premier Ministre et que celui-ci lui avait fait plusieurs promesses, dont l'élargissement du Pont d'Auron !

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