l'Histoire de l'Industrie a Bourges - Roland Narboux - Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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HISTOIRE

L'HISTOIRE DE L'INDUSTRIE A BOURGES
Par Roland NARBOUX

L'histoire industrielle de Bourges, avec ses réussites et ses difficultés.

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Version 2009

 

On dit que les Gaulois utilisaient des aciers de toute première qualité pour réaliser leurs armes. Les Bituriges sont de très habiles travailleurs du fer.

Pourtant pendant tout le Moyen Age, Bourges, ville des rois et parfois capitale de la France n'est pas connue pour le travail du fer. Pendant toute cette période, avec :

- la construction de la cathédrale
- Louis XI
- Jacques Coeur
- les bâtiments de la Renaissance


Bourges n'est pas à cette époque une cité très industrielle.

Elle doit pourtant sa renommée à une activité dont on parle peu aujourd'hui :


L'INDUSTRIE TEXTILE

Pendant tout le Moyen Age, et il dure longtemps, la richesse de Bourges et du Berry passe par une fabrique de draps.
Les matières premières sont abondantes, on trouve du bois, de l'eau mais aussi du chanvre de bonne qualité, du lin et de la laine.

Cette activité décline avec le grand incendie de 1487 et le transfert d'un certain nombre d'activités vers la région Lyonnaise.
C'est un lent déclin, je dis souvent que Bourges s'assoupit. Et pendant plusieurs siècle, c'est une ville qui vivote, sans projet, lorsque le roi veut exiler des parlementaires trop encombrants à Paris, il les envoie à Bourges.
La ville a perdu ses splendeurs passées et ne se renouvelle pas.

L'interventionnisme de Colbert permet à l'industrie du drap d'avoir une seconde jeunesse. Et le gouvernement royal finance cette activité. Bourges se lance dans les fabrications d'Indiennes, très en vogue à Paris. Dans le Berry, il y a près de 1000 personnes qui travaillent dans la fabrique de draps. Mais lorsque l'aide de l'Etat s'arrête, et c'est en 1789, et bien l'industrie sombre. L'industrie est vendue comme propriété nationale, sans doute à un Tapis de l'époque, son nom est Lemonnier, mais faute de fond, il ne peut relever la fabrique.

Dans le cadre d'autres industries textiles de ce style, signalons, le chanvre qui permettait la fabrication des voiles de bateau. Bourges fournissait une partie de la Marine Française. C'est Butet, en 1792 qui relance à grande échelle cette activité, avec en particulier un accent mis sur la qualité du chanvre du Cher. Mais il ne résistera pas à la concurrence de La Rochelle et déjà d'Orléans.

En 1835, on ne trouve presque plus d'industrie textile à Bourges et seules quelques blanchisseries ou fabriques très artisanales, de draps quelconques sont encore en place, ce sont des "produit grossiers" écrit l'ingénieur Gallicher.

En savoir plus : Le TEXTILE A BOURGES avec les INDIENNES DE BOURGES.

 

LA METALLURGIE

Retour sur la métallurgie, avec une très longue tradition que nous faisons remonter aux Gaulois. Mais on ne peut dissocier dans ce domaine, la ville de Bourges de ce qui est aujourd'hui le département, avec les centres de Vierzon.

Pourquoi la métallurgie dans le Cher, pour de simples raisons de matière première. Il faut en effet :
- du bois et les forêts autour de Bourges sont remarquables
- du fer
- de l'énergie tirée des rivières.
Il y a donc une petite industrie du fer au 14 ° et 15° siècle.

Pour l'ensemble du Berry, on peut estimer la production du fer national à 10% .

Un fait important se produit un peu avant la Révolution.
Le comte d'Artois qui possède l'apanage du Berry veut mettre en valeur son territoire, et utiliser les belles forêts de Vierzon. A partir de 1777, un complexe sidérurgique s'installe à Vierzon-Village.
Vierzon devient à la veille de la Révolution, un des principaux centres du royaume.
Pendant la révolution et sous le premier Empire, les usines sont mises au service de la fabrique de canons, c'est ainsi que Saint-Amand produit des canons, et Bourges aurait du en faire autant. On sent déjà l'industrie de l'armement dans notre région.

La métallurgie du Cher occupe au début du XIX e siècle près de 3000 personnes. C'est le 7 e rang dans les producteurs de fer.
En 1802, Luçay écrit que "les fers produits sont reconnus pour être de première qualité " et " le département possède 14 fourneaux et 18 forges à plusieurs feux".

LES PIONNIERS

Il faut noter aussi que les chiffres sont importants, mais la métallurgie de Bourges et du Cher se mesure aussi par l'importance des ingénieurs locaux.

Les noms les plus célèbres de cette industrie sont :
Jean Aubertot, une des grandes figures de la métallurgie berrichonne. Il est à l'origine de plusieurs grandes inventions. (à partir de 1799)
le soufflet à Piston
la récupération des flammes perdues

d'autres noms comme
Duffaud qui installe en 1818 le premier laminoir à façonner le fer, le premier du genre en France.
Et puis il y a la dynastie des Martin, Pierre et Emile dont il faut dire un mot.

A partir de 1837, c'est l'achèvement du canal de Berry qui permet d'importer la houille de Commentry et d'exporter des produits finis. Ce canal, malgré ses défauts est tout de même un atout important pour la ville et la région.
C'est à cette date, 1840 pour simplifier, que l'industrie renaît à Bourges. On a le canal, on annonce l'arrivée du Chemin de Fer, et donc des possibilités d'enrichissement.
Les points clés :
- des matières premières de qualité
- une énergie abondante
- des machines performantes et déjà une technologie de pointe, avec un savoir-faire des ingénieurs locaux.

Les sites se multiplient :
- Mazières entre 1839 et 1850
- Rosières à partir de 1836.
Ainsi Gallicher écrit en 1841 :
" C'est une véritable révolution qui s'opère aujourd'hui dans notre industrie.... à côté des anciennes usines s'en élèvent de nouvelles apportant avec elles tous les perfectionnements dont l'art s'est enrichi...." et il parle de l'organisation et des conditions de production.
En 1840, le Cher possède 24 hauts fourneaux et 30 forges. Il y a près de 5000 personnes qui travaillent dans ce secteur.
On exporte beaucoup de fonte.

FORGES ET FONDERIES DE BOURGES

C'est en 1838 que furent créées les Forges et Fonderies de Bourges sur l'emplacement du Moulin de Messire-Jacques et sur le quel se trouve aujourd'hui le Palais d'Auron. Il s'agit d'une vraie création, les fondateurs étant séduits par la présence du canal de Berry qui permettait d'acheminer le charbon.

Parmi les principaux actionnaires se trouve Michonnet qui commence l'aventure industrielle avec un capital assez peu important , les actionnaires sont des investisseurs et les banques locales (600 actions de 1000 F selon C. Delevaux. Mais l'initiative de cette entreprise vient de Travenet le patron d'une banque locale ( Caisse Départementale).

Dans un premier temps, les investissements sont considérables et le terrain avec l'Auron est difficile à utiliser, augmentant les frais d'installation.

D'ailleurs cette entreprise aura des difficultés financières permanentes, et les propriétaires se succéderont sans règler le problème qui est un manque de financement. Après Travenet, il y aura Gassot en 1841 puis, Violette, Gallicher et de Saint-Phalle, et aussi Dupenois.

En 1848, la Société Anonyme des Forges-Fonderies est rachetée par la "Société des Créanciers réunis de la Caisse Générale du Commerce et de l'Industrie" ( Laffite et Gouin) puis en 1860, c'est "la Communauté de biens" (Plomba et Gallicher ).. L'entreprise est modeste puisqu'en 1861, il n'y a que 30 personnes en ouvriers.

C'est en 1875 que le patron de Mazières, le Marquis de Voguë, achète les Forges et Fonderies et réoriente l'entreprise vers les produits finis à la place de la métallurgie lourde,

Par la suite cette entreprise s'appelera la Société Métallurgique du Tarn et Garonne, avec un siège situé à Paris, puis la Société Métallurgique du Centre, c'est ce nom (SMC) qui est la plus connue des Berruyers.

 

En 1875, cette usine de Forges et Fonderie comprend :

- une forge anglaise
- deux hauts fourneaux
- une tréfilerie
- un bâtiment de pointerie

A cela il faut ajouter des ateliers divers, mais aussi des des habitations dans la cour pour les ouvriers et employés, et un dépôt de laiterie, ainsi que des jardins et des marais.

On connait mal les fabricatiosn réalisées au cours du temps, une tréfillerie (fabrique de fil métallique), mais aussi semble-t-il une usine de pointes d'où le nom parfois utilisé, "la Pointerie".

La Société Métallurgique du Centre partira en 1974 à Saint Doulchard et l'usine est alors détruite, la municipalité rachète le terrain et sur cet emplacement sera construit le Palais des Congrès devenu le palais d'Auron, inauguré par la municipalité de Jacques Rimbault en décembre 1983.

 

 

LE DECLIN DE LA METALLURGIE

C'est un déclin par les matières premières. Le minerai de fer s'épuise et il faut creuser davantage. Le bois aussi. Il y a bientôt un déficit de bois.
L'industrie est victime de son succès.
Second élément, la concurrence d'autres centres de la région, comme Montluçon et le Nivernais.

Les maîtres des forges ont besoin du Chemin de Fer pour prospérer à nouveau. Il faut en effet remplacer le bois par la houille et donc la faire venir.

A partir de 1848, en pendant tout le second Empire, il y a une expansion, mais beaucoup voient venir la crise. A cette époque des établissements "imprudemment élevés pour la production du fer au bois furent mis au chômage".

1860, c'est la concurrence des produits anglais.


LA PORCELAINE

C'est aussi une des grandes industrie du département, mais pas de Bourges.
Mr Klein s'installe à Foëcy en 1799. C'est un Suisse de Paris.


1860 L'ANNEE CHOC

C'est un changement considérable qui se produit dans le pays. Pour la première fois de son histoire, la France ouvre ses frontières à la suite du traité de janvier 1860, traité de libre-échange avec la Grande Bretagne.
Les produits anglais sont moins chers, et en particulier les articles de la métallurgie.

Sur le plan industriel, les industries d'armement fonctionnent parfaitement, mais la lente crise de la métallurgie dans le Cher a des répercutions à Bourges. Le Berry ne peut pas rivaliser avec la région Lorraine et peu à peu, les forges du Cher périclitent et s'éteignent. C'est le cas en 1901 de l'usine de Mazières qui arrête son premier haut-fourneau alors que le dernier matériel de ce type, toujours à Mazières s'est éteint en 1908. Entre-temps, les activités des forges de Rosières sont stoppées, et cet ensemble permettra une première reconversion. Le Cher, et dans une moindre mesure Bourges et sa périphérie verront le développement d'industries de mécaniques par transformation de métal, avec comme point fort, le décolletage. Ainsi les villes de Saint Florent et de Vierzon deviendront des centres de fabrication de pièces mécaniques, aussi bien pour l'armement que pour l'automobile ou les machines agricoles.


L'ARMEMENT A BOURGES S'IMPLANTE

Il y a souvent eu confusion à Bourges dans la dénomination des Etablissements militaires, depuis un demi-siècle, les noms et sigles, comme la DFA, l'ETBS, l'ABS, le GIAT, la DEFA, sont pour le moins confus dans l'esprit de beaucoup et il n'est pas simple de s'y retrouver.

LES PREMISSES

A l'origine, il y a une position géographique favorable, par rapport à Paris, les autorités pensant que le Berry et Bourges pouvaient constituer une excellente zone de replis. Lorsqu'en 1793, il y eut, en pleine Révolution des tensions à la Convention, pour éviter de subir les pressions de la rue parisienne, plusieurs Conventionnels demandèrent que la Convention, c'est à dire les Députés soient à Bourges et non à Paris.
Plus tard, en 1815, c'est à dire à la fin, Napoléon premier, qui n'est jamais venu à Bourges dira de la ville : "c'est un important centre stratégique".

Cette notion de réduit stratégique va occuper plusieurs hommes politiques à partir de 1830. Deux noms sont à mettre en avant :
- le colonel Marnier, chef de cabinet du ministre de la guerre, originaire de Bourges, il voit cette région du et la frontière de la Loire, comme un bienfait.
- le maire Mayet Génétry, mobilise la population pour avoir le financement d'un polygone de tir. Son objectif est de permettre l'installation à Bourges d'un régiment d'artillerie. Il faut construire un réduit naturel et stratégique au centre de la France disent ces deux hommes.
La municipalité intervient pour le financement, et Bourges, en 1837 se retrouve avec un Régiment d'Artillerie, avec 1400 hommes et 1300 chevaux.

LES ETABLISSEMENTS MILITAIRES EN 1914-1918

LA BASE D'AVORD

LA DIFFICILE RECONVERSION DE L'APRES-GUERRE

L'ENTRE-DEUX-GUERRE

LA BATAILLE POUR UN AEROPORT


L'ECONOMIE BERRUYERE

L'économie de Bourges et du Cher traverse entre 1926 et 1929 une période de relative prospérité. Les difficultés ne vont commencer qu'à partir de 1930 et s'accroître vers 1932 avec la crise générale et la fermeture de nombreux marchés mondiaux. Les raisons spécifiques au Berry sont dans les produits fabriqués : la porcelaine et la petite industrie manufacturière ne peuvent plus s'exporter aisément. De plus, les structures industrielles existantes sont d'essence familiale et les investissements en hommes et en matériel sont insuffisants.
Le commerce local voit son développement dans le Centre Ville de Bourges avec de nombreuses interrogations. Les hôtels de la rue Moyenne font place progressivement à des magasins, petits ou grands ; c'est à nouveau le coeur de Bourges.

Avec ce commerce, les banques se donnent de l'air. La plus illustre du Berry, la Banque Hervet prend le statut de Société Anonyme en 1930. Son patron, Henri Hervet, entre une cérémonie à la mémoire de Mermoz disparu et un déplacement à Paris, devient un très grand gestionnaire dans le domaine financier.
Henri Hervet est le second des fils du philanthrope et banquier : Albert Hervet. Cette banque fut créée vers 1830 par Domont, lequel la transmet à Grenouillet avant que Bureau en 1859 en devienne le patron.

M. Bureau dont l'établissement commence à bien s'implanter en Berry y fait entrer son neveu Albert Hervet en 1882. A partir de cet instant, la banque devient celle d'Albert Hervet et elle prend son envol régional. A la mort de ce dernier, qui aura eu d'importantes fonctions locales, c'est le fils aîné qui devait lui succéder, c'est à dire Georges, une tradition dans le milieu des affaires. Le sort ne voudra pas de cette solution et Georges meurt en 1918 de la grippe espagnole. La banque échoit alors à Henri, le cadet ....qui ne demandait rien! Il était tout le contraire d'un banquier, comme l'écrit Jean Dutour dans une plaquette consacrée à la dynastie Hervet. Henri, c'est en premier lieu un aviateur ; héros de la Grande Guerre, il volera dans l'escadrille de Guynemer. Puis c'est un artiste, il veut devenir comédien ou, à la rigueur journaliste. Il ne sera ni l'un, ni l'autre : tradition familiale oblige, en 1919, il devient Directeur de la banque de feu son père. A sa mort en 1971, Henri Hervet aura fait de sa banque une des plus puissantes de la région.

L'AEROGARE DE BOURGES

Voir l'article spécifique sur la création de l'aérogare


LA GUERRE DE 1940

 

L'INDUSTRIE BERRUYERE TRAVAILLE POUR L'ALLEMAGNE

Si les Allemands ont tracé la ligne de démarcation au sud de Bourges, c'est sans aucun doute pour placer sous leur autorité l'ensemble des industries d'armement. Il s'agissait là d'une richesse qu'il était nécessaire de bien maîtriser.
L'Atelier de Construction de Bourges que chacun appelle l'A.B.S., s'est spécialisé, depuis sa création sous le Second Empire dans la fabrication des canons, et son heure de gloire fut atteinte pendant la Grande Guerre, entre 1914 et 1918.
Lorsque le second conflit du siècle apparaît en 1939, l'Etablissement, placé sous la direction de l'Ingénieur Général Brochard, accroît ses effectifs qui passent de 2000 à plus de 5000 employés, civils et militaires. Les productions du canon de 75 SA 35 et de 105 C 35 B s'accentuent, mais les stratèges français constatent que nos forces sont dépourvues de batteries antiaériennes. Comme le signale Bernard de Pirey, "en quatre jours, le bureau d'études de l'Atelier de Construction de Bourges met au point un projet d'affût monté sur une plate-forme et permettant le tir à la verticale". Ce sera le canon 75 CA 39, qui sortira des chaînes berruyères à partir d'octobre 1939.

C'est donc une usine en pleine capacité que les Allemands découvrent à la mi-juin 1940, elle a été évacuée par le personnel le 17 juin pour un repli sur Guéret.
Dans les premiers mois de l'Occupation, trois cents ouvriers travaillent à des tâches "civiles", comme la fabrication de fendeurs de bois pour gazogènes, d'extincteurs d'incendie, de ruches ou de clapiers.....
L'Ingénieur en Chef Brochard restera en place jusqu'au 20 août 1940, puis cédera sa place à son collègue Gentil. Les bureaux et services sont dispersés dans Bourges, en particulier rue de l'Equerre, alors que l'Ecole d'Apprentissage est rouverte, au bord de l'Auron. En 1942, cette école recevra 57 élèves.

Lorsque les Allemands pénètrent dans l'Etablissement, ils sont totalement surpris par le "colossal butin" laissé par les Français. Il y a en effet des stocks considérables de matières premières, des barres d'étain, des plaques de zinc, de l'acier, de l'argent..... du matériel pour 8 ans de guerre comme l'écrit une revue allemande "Der Sieg". Et puis il y avait 3700 machines pour fabriquer les canons !
D'une manière méthodique, avec leur grand sens de l'organisation, les Allemands vont déménager machines et matières premières pour les envoyer outre-Rhin. Même les charpentes des bâtiments furent démontées, cataloguées puis chargées pour satisfaire l'industrie de guerre en Allemagne.

Comme dans de nombreuses régions, des ouvriers de l'Atelier de Construction furent réquisitionnés et envoyés dans la région de Berlin. L'Etablissement berruyer, privé des éléments parmi les plus jeunes et les plus compétents, sans machine de production, va péricliter et les seuls employés restant seront affectés à l'exploitation forestière. Beaucoup, pour échapper au S.T.O., s'en iront dans la clandestinité.

L'autre Etablissement berruyer produisant de l'armement, la S.N.C.A.C., Société Nationale de Construction Aéronautique de Centre, appelée "Le Centre", devient la plus importante entreprise de la région, avec 2000 employés. Les Allemands découvrent immédiatement la valeur des installations capables de fabriquer des avions parmi les plus modernes de l'époque.
Après le départ de la firme d'outre-Rhin Arado, c'est une autre entreprise de construction aéronautique allemande, la Siebel Flughwerke qui prend possession de l'usine située rue Le Brix. Les Allemands ne sont pas très nombreux, ils ont les postes de direction, et les employés sont français, la plupart ont repris leur travail d'avant-guerre.

Les ingénieurs de Siebel arrivent au milieu de l'année 1941 avec les plans de deux types d'appareils, les Siebel 204A et 204 D. Ce sont des avions de liaison qui devaient être fabriqués en grande série, Hitler voulait que le transport aérien se développe de la même manière que l'automobile, d'où ce choix du Siebel qui pouvait transporter une douzaine de passagers.

Les premières fabrications commenceront en 1941 et 21 avions sortiront des chaînes l'année suivante. Au total, ce sont 170 avions environ qui seront produits pendant la guerre.
Les Allemands ne vont pas se contenter de faire fabriquer les avions, ils vont aussi investir dans les installations et même construire la piste en béton de 1260 mètres de long et de 60 mètres de largeur .... qui existe toujours.

Ce qui se passe à Bourges s'est reproduit dans l'ensemble du pays. Pendant 4 ans, selon Emmanuel Chadeau, 12000 moteurs et 3600 avions ont été livrés de France en Allemagne. Rares seront ceux qui refuseront, en France, de produire ces matériels. Il y aura Marcel Dassault, lequel sera déporté à Buchenwald, ou Marcel Haegelen, à Bourges, qui entrera dans la Résistance. La majorité du personnel acceptera de travailler pour les Allemands, il n'y avait sans doute pas beaucoup d'autres choix. Certains cadres et ouvriers seront déportés, comme l'équipe du bureau d'étude de la S.N.C.A.C., dirigée par l'Ingénieur Montlaur ; ce dernier reviendra après la guerre. D'autres, comme Breuzin, chef de piste, mourront dans les camps nazis.

"De la Fonderie Impériale de canons à l'Atelier de Construction de Bourges" par B. de Pirey
De Hanriot à l'Aérospatiale par Roland Narboux

L'ECHEC DES RECONVERSIONS DE L'APRES-GUERRE

LA DECONFITURE : L'ESAM ET LA SNCAC ?

Il s'agit, après avoir remis en marche l'ensemble des rouages qui permettent un bon fonctionnement de l'administration, de faire redémarrer la vie économique de Bourges. Des nuages apparaissent, chacun a bien conscience que la reconstruction de certaines régions dévastées est indispensable, mais l'industrie d'armement n'est pas dans les priorités du moment. Les difficultés pour le maintien à Bourges de l'Ecole du Matériel, et pour redonner des charges de travail à la SNCAC apparaissent..
Le 16 mai 1946, une importante visite sur l'armement se déroule à Bourges. Le ministre des armées, M. Michelet, accompagné du ministre de l'armement, M. Tillon, vient assister à des expériences sur du nouveau matériel. Les deux hommes politiques se sont adjoints un des militaires français les plus prestigieux : De Lattre de Tassigny.
Dans les discours, chacun affirme que Bourges restera la capitale de l'armement, "les Etablissements militaires continueront de fonctionner, nous chercherons évidemment à augmenter leur activité selon les possibilités". Mais le sort de l'Ecole du Matériel de Bourges est au centre des préoccupations de tous. Monsieur Michelet n'est guère rassurant, puisqu'il dit :
"Quant à l'Ecole du Matériel, la chose n'est pas encore définitivement réglée, il est très probable qu'elle sera transférée à Fontainebleau".

Cela s'appelle une douche froide !

La visite se poursuit, avec des essais sur le polygone de tir. Il s'agit d'expériences sur la perforation des blindages, grâce à un appareil nouveau découvert par un savant allemand et, après une saisie par la 1ère armée française, il a été perfectionné par les ingénieurs français. C'est un nouvel obus à charge creuse, explosant dans le blindage et capable de perforer une épaisseur d'acier de 18 centimètres.

Au cours du repas, les discours vont bon train, et les questions des journalistes concernent plus les relations entre les deux ministres présents, le chrétien et le communiste. Edmond Michelet, dans ses déclarations, signalera qu'aucun conflit ne s'est élevé entre les deux hommes, "parce que notre objectif est de donner à notre industrie française l'occasion et les moyens de participer d'une manière efficace à la réalisation de l'armement français". Et le ministre des armées termine par ces mots :

"Je bois à l'espérance française"

Pour la ville de Bourges, c'est assez rassurant pour l'ensemble des Etablissements Militaires, mais Charles Cochet est inquiet quant au maintien à Bourges de l'Ecole du Matériel.
Il écrit une lettre aux deux ministres responsables de ce sujet : Charles Tillon et Edmond Michelet, à propos des informations qui se précisent sur le départ possible de cette Ecole à Fontainebleau. Il noircit la situation de sa ville avec "la suppression de sa subdivision, des unités installées dans ses casernes et de sa base aérienne".

Le maire développe ensuite une argumentation sur l'Ecole du Matériel en voie d'achèvement. Des crédits considérables ont déjà été investis, et les réalisations obtenues seraient perdues. Il insiste sur la présence d'importants établissements militaires comme l'Atelier de Construction, l'Ecole Centrale de Pyrotechnie et l'Etablissement d'Expériences. Enfin, un polygone de tir long de 30 kilomètres, permet de donner à Bourges tous les atouts pour l'implantation de cette école.

La réponse du ministre des armées sera un exemple de la volonté centralisatrice de Paris. Elle parvient le 9 juillet à la mairie de Bourges, on peut lire :

"J'ai l'honneur de vous faire connaître que les locaux occupés par l'Ecole à Bourges sont de construction ancienne, ils ne conviendront jamais à l'installation d'une grande Ecole du matériel de conception moderne. Les locaux de Fontainebleau et ses annexes offrent par contre des possibilités d'installation très satisfaisantes."

Le ministre développe des arguments qui seront toujours repris, décennie après décennie, de la même façon, en signalant les avantages d'être en région parisienne :

".....ce sera moins onéreux pour les nombreux déplacements des inspecteurs, conférenciers militaires ou civils.... d'organiser, au profit des élèves, des visites d'usines en plus grand nombre et dans de meilleures conditions que dans la région centre."

Et le ministre termine en précisant que pour ces raisons, il envisage de rapprocher l'Ecole du matériel de la capitale du pays, sans donner toutefois de date pour ce transfert.

Le débat à Bourges sur le départ possible de l'Ecole se poursuit, les plus optimistes pensent que si l'Ecole part, ce ne sera pas avant deux ou trois ans, la preuve est donnée par de nombreux militaires qui continuent à faire à Bourges des demandes de logement. Autre raison d'espérer, la présence à Fontainebleau des Américains qui y sont parfaitement installés et il ne peut être question de les exclure. Pour les pessimistes, persuadés que les jeux sont faits, il faudra "demander une compensation pour la Ville".

Du côté de l'usine de fabrication d'avions de la SNCAC, la situation n'est guère brillante. A la sortie de la guerre, la reprise est difficile. Les bureaux et ateliers ont été dispersés dans tout Bourges, et 2678 personnes sont employées dans l'usine.
La réorganisation prend plusieurs voies, sur le plan national, c'est le communiste Charles Tillon qui devient responsable du secteur aéronautique, alors que l'usine de Bourges se donne comme directeur, monsieur Girard, dans des circonstances rocambolesques. Les productions reprennent, et comme il n'y a pas d'avions à construire..... autres que les Siebel allemands, ce sont ces derniers avions qui sortent alors des chaînes d'assemblage, situées à la Halle au Blé.
Pour oublier la triste période, les Siebel subiront quelques modifications et changeront de nom : on les appellera des "Martinet". En même temps, les ingénieurs berruyers, sous la conduite de l'ingénieur Montlaur, étudieront des avions nouveaux comme les NC 820 et 840.
La période qui suit va être un véritable feuilleton qui se terminera par la faillite de l'usine de la rue Le Brix. C'est d'abord la diversification des fabrications. A partir de 1946, alors que l'A.B.S., Atelier de Construction de Bourges, construit des machines à coudre, à la place des canons, et que la Pyrotechnie fabrique des "bancs de jardin", la S.N.C.A.C. se tourne vers les accessoires de cuisine, c'est-à-dire des casseroles, buffets métalliques et autres écumoires.

Plus sérieuse, une chaîne de trolleybus est mise en oeuvre, mais toutes ces productions ne permettent pas d'occuper des milliers de personnes. Alors, très vite, on parle de la fermeture de la S.N.C.A.C.
En 1948, les bureaux d'études conçoivent un avion extraordinaire, un avion-cargo, le plus gros du monde, et les assemblages de fuselages de ces monstres commencent à Bourges. Malheureusement, le 20 juillet 1948, lors de son premier vol vers Toussus-le-Noble, l'avion, pique du nez et s'écrase, il y a 5 morts. Cet accident, et les tergiversations du gouvernement sur la politique en matière d'aviation vont précipiter la fin de la S.N.C.A.C.

Les premiers licenciements se produiront en 1949 et l'été s'annonce dramatique. Lorsqu'une délégation de syndicalistes se présente à l'Hôtel de Ville dans la première semaine de juillet 1949, pour trouver des solutions, le maire, André Cothenet, qui a succédé en 1947 à Charles Cochet, est absent.... Il distribue les prix au lycée de jeunes filles. La délégation est reçue par un adjoint.

Les meetings se succèdent devant l'usine, avec la présence des députés communistes Lozeray et Cherrier. Rien n'y fait, et c'est la liquidation de la société. Le départ en vacances des employés au mois d'août est un point de non-retour. L'aventure de l'aéronautique à Bourges semble bien être terminée en cette fin de décennie.

De Hanriot à l'Aérospatiale par Roland Narboux

LES TRENTE GLORIEUSES DE L'ARMEMENT

 


LA SNCAC REVIT

Contre toute attente, la S.N.C.A.C. se relève après avoir été "rachetée" par la S.N.C.A.N. (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord). La société entame quelques démarches discrètes pour acquérir certaines parcelles de terrain appartenant à la ville, afin de construire.... c'est un signe encourageant. André Cothenet informe son Conseil Municipal, que la S.N.C.A.N. a "commencé à embaucher 6 invalides, c'est un commencement, et l'usine semble assurée d'avoir des commandes de réparations et de fabrications d'appareils Marcel Dassault".

Ce sont des marchés de réparation qui redonnent des charges à l'établissement de la rue Le Brix. Ce sont les NC 701 et 702, mais aussi des Goélans de chez Caudron. Très rapidement un marché de fabrication sera signé avec Dassault, afin de produire 120 plans centraux de l'avion MD 315, un bi-moteur qui volera sur la base d'Avord jusque dans les années 1980.

Ainsi, petitement mais sûrement, l'usine de Bourges, sous la direction de Raymond Puisségur, recommence effectivement à embaucher, avec une préférence pour les personnes licenciées en août 1949.

Et puis, même dans le monde industriel, il faut de la chance, celle-ci s'appelera Noratlas, un avion-cargo conçu par la S.N.C.A.N. Au milieu de l'année 1952, les premières pièces sortent des ateliers, le Noratlas va voler et il en sera fabriqué 221 exemplaires pendant toute la décennie. L'usine était sauvée et elle allait se développer d'une manière considérable, devenant le premier employeur industriel du département.
Toutes les idées pour relancer l'économie locale sont étudiées, plus ou moins en profondeur. C'est ainsi que la crise du logement incite plusieurs responsables à envisager que la S.N.C.A.N. se mette à faire des maisons préfabriquées. La firme, avec sagesse, restera dans l'aéronautique, puis dans les missiles.

Le 25 mai 1950, alors que l'usine d'avions semble définitivement sauvée de la faillite, les Berruyers apprennent la mort de Marcel Haegelen. Il n'était âgé que de 54 ans, et succombait à l'hôpital du Val de Grâce d'une congestion cérébrale.
Lors de ses obsèques, puis le 9 juillet 1951 pour l'hommage que lui rendait la population de Bourges, en donnant son nom à la grande avenue qui rejoignait le quartier de l'Aéroport à celui d'Auron, la carrière du grand homme sera rappelée par les nombreux intervenants.
De rappeler sa guerre de 1914 et ses 22 victoires homologuées, puis son action décisive chez Hanriot, pour implanter à Bourges une école d'aviation et une usine. Enfin, son combat pendant la dernière guerre, au cours de laquelle il abattit un avion allemand le 14 juin 1940.
Le maire de Bourges, André Cothenet, va dévoiler la plaque portant le nom du héros, en présence de madame Haegelen entourée de ses trois jeunes enfants. Une délégation de la Loge "Travail et Fraternité" rendra un hommage particulier à celui qui était aussi franc-maçon.
Cothenet dira d'Haegelen :

"C'était un grand modeste qui préférait pour se rendre utile, servir dans l'ombre ..... il avait le caractère d'un chef".
Une page de Bourges était tournée.

L'EFAB L'ETBS ET LA SNIAS AU PLUS HAUT


MICHELIN NE S'IMPLANTE PAS EN PERIPHERIE

C'est un aspect industriel important peu connu, les Ets Michelin veulent s'implanter à Bourges pour une usine de production, mais les autorités locales n'en veulent pas. Finalement, c'est en banlieue, à Saint Doulchard que l'usine va se créer. Deux articles sont consactés à cette période.

BOURGES NE VEUT PAS DE MICHELIN....

MICHELIN L'INDUSTRIEL PERSEVERE

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LES OCCASIONS MANQUEE : LE CHEMIN DE FER

C'est aussi un article sur cette période :

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LE CANAL DE BERRY A L'ABANDON

Le canal "de" Berry, car les anciens tiennent à cette appellation, a été terminé sur toute la longueur de ses trois branches en 1839. Il n'a pas été d'un coût très élevé puisqu'il a été creusé par des déserteurs et des prisonniers étrangers, aidés parfois par des gosses de 16 ans payés 1,5 francs par jour....
Ce canal, long de 320 kilomètres, comprenait 115 écluses, soit une écluse tous les 3 kilomètres. Pour les ouvrages d'art, notons 81 pont-levis, 75 aqueducs et 5 ponts canaux.
Les problèmes techniques d'abord, puis économiques ensuite, vont très vite commencer, le premier d'entre eux étant celui de l'alimentation en eau. Il faudra construire des réservoirs pour éviter que les mariniers ne soient à sec l'été, quant à l'hiver, la faible profondeur du canal et les glaces le rendaient impraticable. Enfin, le franchissement des écluses de 2,70 mètres de largeur empêcheront l'utilisation de péniches de grande capacité.
La qualité médiocre de la construction de l'ouvrage, l'économie des ingénieurs sur le "dimensionnement", et les restrictions budgétaires ne permettront jamais de considérer le canal de Berry comme un outil très performant, même s'il a joué un rôle important au XIXe siècle dans le développement économique du Cher, avec le transport du charbon et du minerai.

La France n'a jamais été un pays très porté vers les grandes voies d'eau navigables, elle a toujours préféré le chemin de fer, et aujourd'hui le camion.... Le canal de Berry va entrer dans une lente léthargie.
En 1865, on compte 890 péniches pour le transport du grain, du fourrage, du bois de chauffage et du minerai de fer, en 1939, il ne reste que 165 péniches. La guerre marque la fin réelle du canal, car la quantité de bateaux pouvant l'emprunter s'amenuise au fil des ans.

Au cours de l'année 1953, le gouvernement travaille à la mise en place de la procédure pour "déclasser" le canal, et la machine administrative se met en route. Le dossier pour permettre d'empêcher à moyen terme la fermeture de l'ouvrage ne trouve pas beaucoup de défenseurs..... sauf dans le milieu des pêcheurs.
Le 17 décembre 1953, le Conseil Général du Cher est réuni sur cette question, il est placé sous la Présidence de M. Jacquet, et doit donner son avis sur le projet de déclassement du gouvernement. Les conseillers dans leur ensemble sont favorables aux conclusions du gouvernement, même si, ajoute M. Touvet, "cet avis n'est pas pris de gaieté de coeur". Du côté des opposants, c'est plus un problème de principe sur "le manquement au sens de la conservation du patrimoine national" qui fait réagir M. Guerry, lequel qualifie cette décision de regrettable.
Pour certains, il suffirait d'éviter certains gaspillages d'eau et d'avoir quelques crédits pour faire revivre le canal. C'est l'avis de Mrs Sadrin, Ferragu et Mérigot qui voteront contre le déclassement.
Mais le vote se fait sans beaucoup de contestation, ils sont 18 à suivre le gouvernement et à admettre la fin du canal contre 7 à vouloir le maintenir en état. André Cothenet dira que ce canal depuis 40 ans est condamné, mais il demande que les sociétés de pêcheurs soient consultées avant la suppression de l'eau.
Il apparaît que le canal n'est plus utilisé par les bateaux et que sa remise en état coûterait plus de 1 milliard de francs..... et même s'il était aménagé, rien n'indique qu'il serait utilisé. C'est donc sans beaucoup de regrets que les notables berrichons du Cher "font une croix sur leur canal". La seule demande du Conseil Général consiste à exiger que des facilités soient accordées au cas où les collectivités désireraient maintenir en eau certains tronçons.

L'acte de décès du canal de Berry sera consécutif à l'article premier du décret du 3 janvier 1955 signé de Pierre Mendès-France qui stipule :

"le canal de Berry est fermé à la navigation et déclassé sur la totalité de son parcours, avec effet au premier février 1955. Les ouvrages déclassés seront remis au service des domaines".
Il est noté aussi qu'il y aura un maintien en eaux de quelques sections, les conseillers généraux avaient eu gain de cause ! Mais c'était avant tout pour maintenir l'activité du "parti des pêcheurs"..... qui sont aussi des électeurs.

Canal de Berry : La Bouinotte n° 37 (automne 1991)
Bulletin d'Information du Cher par Jean Yves Hugoniot
Bulletin Officiel Municipal de Bourges 1955.


LA BATAILLE DES AUTOROUTES

C'est un point important qui figure dans un article spécifique

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LES LABORATOIRES "DELAGRANGE" A BOURGES

Parmi les occasions perdues, si l'on peut reprocher à Cothenet l'épisode Michelin, et le "refus" du maire d'accueillir la firme de Clermont-Ferrand, on aurait pu penser que Boisdé, l'ingénieur, serait plus clairvoyant dans le domaine industriel.

Bien sûr, les Berruyers se souviennent que l'on doit à Boisdé la mise en place d'une ligne directe de chemin de fer pour se rendre de Bourges à Paris. Jusqu'alors il était nécessaire de changer de train à Vierzon..... C'est Boisdé qui réussira à obtenir un train direct tôt le matin, le Berrichon est un "lève-tôt", et un autre pour le retour, le soir en fin d'après-midi. Ce sera le "Train Boisdé".

C'est Alfred Depège qui fut à l'origine d'une opération dont, plusieurs décennies plus tard, il se lamente encore de l'échec. Depège était adjoint au maire de Bourges, et comme pharmacien, il occupait d'importantes fonctions à la Mutuelle des pharmaciens, il en était administrateur. Dans le Conseil d'Administration, se trouvait M. Delalande, le patron des laboratoires du même nom.
Au cours de conversations, M. Delalande signala qu'il devait décentraliser trois de ses usines de production. Alfred Depège proposa la ville de Bourges, située à 220 kilomètres de Paris, capable d'accueillir une telle usine. M. Delalande était intéressé et les conversations s'engagèrent, ainsi que les fiches techniques transmises aux services municipaux.
Lorsque M. Delalande voulut rencontrer Boisdé, ce fut impossible, le maire de Bourges ne donna pas suite à cette proposition.
Ainsi, ce sont 150 à 250 emplois qui pouvaient être créés.

Ce sera l'échec, et les laboratoires Delalande iront se décentraliser à Dijon quelque temps plus tard, Bourges était passée à côté d'une opportunité.

Les raisons du refus de Boisdé s'apparentent à ceux de Cothenet avec Michelin. En effet, il y a deux motifs du rejet de l'arrivée du laboratoire à Bourges. Le premier vient d'une problème de salaire. A cette époque, les Ets. Weinberg venaient de s'installer à Bourges. La Chambre de Commerce et son président, M. Clémençon, avaient participé à cette création, et Boisdé s'en était mêlé, la firme Weinberg appartenait à la fédération de l'habillement, chère au maire de Bourges. Or, les salaires des ouvrières du secteur pharmaceutique étaient supérieurs à ceux de la confection, ce qui allait provoquer des difficultés sociales au niveau local.

La seconde raison de ce refus est beaucoup plus "surréaliste". Alfred Depège est persuadé qu'il y a eu confusion dans l'esprit de Mrs Boisdé et Chouard. Ces deux responsables ont pensé que le laboratoire qui voulait venir à Bourges avec pour nom Delagrange, était celui qui avait, à ce moment-là, quelques problèmes en Suisse, et dont la presse parlait en termes très négatifs.
Delagrange/Delalande, la confusion fut totale.... et le laboratoire prendra la route de Dijon, il ne viendra pas à Bourges. Depuis cette date, il semble que les deux laboratoires aient fusionné pour former "Synthélabo", producteur entre autre de l'Aspégic !

Témoignage d'Alfred Depège (1994)

Retrouvez quelques articles de l'Encyclopédie :
Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

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