l'autoroute a Bourges - Roland Narboux , encyclopedie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

L'AUTOROUTE EN TERRE BERRICHONNE
Par Roland NARBOUX

Bourges est en fête, enfin, l'autoroute A71 arrive de Paris à Bourges, un premier désenclavement, c'était en 1989.

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Version 2009

Bourges a perdue au milieu du XIX e siècle, la "bataille du chemin de fer", mais cette ville pouvait prendre sa revanche sur la route et sa position centrale dans le pays pouvait en faire un noeud routier de toute première importance.

vue aérienne de l'autorouteIl n'en sera pas ainsi, une fois encore la bataille sera perdue et il faudra attendre une cinquantaine d'années pour que progressivement la situation évolue dans le bon sens.

Mais en 2003, si l'autoroute Paris-Clermont via Bourges est une réalité, le manque de moyens moderne en transversale de type Tours - Auxerre via Bourges est un vrai problème.

LA BATAILLE DES AUTOROUTES

L'automobile, dans ces années 50, commence à prendre une importance considérable, et deux problèmes se posent alors à la ville de Bourges. L'un intérieur, avec les difficultés de la circulation en centre ville, avec pour corollaire le manque de parking, l'autre relatif au réseau routier extérieur.

En juillet 1953, le maire de Bourges, Louis Mallet visite "sa" ville afin d'étudier sur le terrain les nouveaux problèmes de circulation. Il remarque que les automobiles encombrent les rues étroites de la cité, et "qu'il faut multiplier les parkings". Quelques projets sont élaborés : un parking dans le jardin du Palais Jacques Coeur, un autre dans le jardinet du Palais de Justice, et un troisième autour de l'église Saint-Pierre le Guillard.

Certains crient au sacrilège, ils craignent de voir disparaître la verdure et les fleurs dont la ville, disent-ils, "a bien besoin". Le maire, conscient de la difficulté de mettre tout le monde d'accord, déclare qu'il "a l'intention de faire quelque chose de bien".
Il veut que sa ville devienne "moderne et vivante", et, à la veille de 1954, Louis Mallet annonce "un programme de grands travaux indispensables, qui sera incessamment présenté". Il a beaucoup à faire, car la place Planchat qui vient de se refaire une beauté est critiquée par 8 Berruyers sur 10, lesquels réclament en coeur : "moins de fleurs et plus de commodités".

En ce qui concerne la circulation à l'extérieur de la cité, le problème paraît encore plus difficile à résoudre d'autant que le maire n'a, dans ce domaine, pas beaucoup de pouvoir.
Comme l'idée de faire de Bourges le centre d'un vaste réseau aérien avait été à l'origine de l'implantation, puis du développement de l'industrie aéronautique, il en fut de même pour le réseau routier.

La France était en retard sur d'autres pays voisins quant à la mise en place d'un véritable réseau autoroutier. En 1948, un projet national, appelé rapport Laine-Pigellet faisait figurer Bourges au carrefour de 5 autoroutes qui quadrillaient le pays. La Ville devenait la plaque tournante de l'Europe et c'était en quelque sorte le schéma directeur qui devait être appliqué.
Concrètement, les choses n'avançaient pas très vite.

 Monsieur Legrand, conseiller municipal de Bourges, en 1955, présente une carte avec deux tranches de travaux autoroutiers :
- une première tranche avec Lille-Bourges directement, et à Bourges, une bifurcation, à l'ouest sur Hendaye, et à l'est sur Lyon puis Marseille.
- une seconde tranche, plus transversale, avec un tracé La Rochelle-Bâle en passant par Châteauroux, Bourges, Nevers et Dijon.

Le réseau ne manquait pas de logique puisqu'il était question d'ajouter aussi une liaison Le Havre-Metz par Paris, puis Bordeaux-Marseille par Toulouse.

Et le Conseiller Municipal d'ajouter :

"Après avoir été oubliée pour le chemin de fer et le tracé des canaux, Bourges se doit de prendre une position vigoureuse sur les futures autoroutes, il ne faut pas reprendre le tracé anachronique des chemins de fer avec Paris".

Daniel Legrand, tailleur au 3 rue Montchèvre, poursuivra avec obstination sa campagne puisqu'en 1959, il renouvelle ses propositions. Il rappelle que Bourges doit devenir le croisement des 5 autoroutes "qui permettrait à la France de retrouver l'équilibre économique, industriel et politique qui lui manque". Depuis le 14 novembre 1955, les dossiers se succèdent et la lettre du Ministre de l'Industrie et du Commerce du 4 février 1956 était intéressante et encourageante, mais trois années venaient de s'écouler et rien de concret ne sortait de ces dossiers.

L'autoroute Paris-Clermont via Bourges sera inaugurée en ...... juin 1989, c'est-à-dire après 35 ans de palabres.

Ce conseiller municipal avait beaucoup d'idées et de constance dans d'autres domaines. Ainsi, il réclame une radio régionale, comme Limoges ou Lyon. Les émissions locales, écrit-il, "dont l'intérêt n'échappe à aucun de nous, seraient facilement assurées par des journalistes locaux qui m'ont donné depuis longtemps leur accord de principe".

Dernière idée de M. Legrand, elle concerne l'aérodrome de Bourges. Il signale que l'aérodrome est équipé pour recevoir des avions de grandes lignes, et "nous apprenons périodiquement que l'aérodrome d'Orly est fermé à cause du brouillard. Dans ce cas, les avions sont détournés sur Lyon ou Marseille, alors que Bourges possède un aérodrome de dimensions suffisantes où le brouillard est très rare et en tout cas jamais assez dense pour empêcher un atterrissage sur une piste bien balisée". Et le conseiller de demander une intervention énergique du maire pour amener au centre de la France une partie du trafic aérien international.

Legrand terminait ainsi son propos par ces mots qui sont toujours d'actualité :

"La réalisation de ces trois projets (autoroute, radio régionale et aérodrome international) aiderait au décongestionnement de la Capitale et contribuerait à faire de Bourges une grande ville".

Il a sans doute manqué à Bourges d'hommes de cette trempe, avec des idées originales, parfois utopiques, quelquefois erronées, c'est le cas de la faiblesse du brouillard à Bourges par rapport à Orly...... et de relais politiques forts à Paris pour en faire une capitale régionale.

Projet sur les autoroutes du 14 novembre 1955
Bulletin Municipal Officiel de Bourges de mars 1959


L'AUTOROUTE ARRIVE EN BERRY

"Tout arrive pour qui sait attendre", tel est la maxime de cette année, à propos de l'Autoroute A 71. C'est d'abord à la mi-juin 1989, l'ouverture d'une portion de la rocade de Bourges. La rocade sud-est de 4,8 kilomètres et la rocade sud-ouest de 4,7 kilomètres, cela permet de relier la N 76, route de Moulins à la N 151 route de Châteauroux.
Bourges avait "raté" l'arrivée du Chemin de Fer dans les années 1840, et depuis cette date, il n'y avait pas un homme politique pour fustiger cette erreur fatale de "nos anciens". La réalité fut plus nuancée. Les Berrichons avaient pêché par insouciance plus que par refus !
Alors pour l'autoroute, ils vont se battre pour obtenir enfin cette "Autoroute à Giscard", construite pour désenclaver le Massif Central cher à l'ancien Président de la République, il faudra l'attendre tout de même.…. de nombreuses années, 14 ans !

L'Autoroute s'appelle A 71, elle met Paris à 2 heures de Bourges, et on espère que très vite, 8000 véhicules par jour utiliseront le tronçon Vierzon-Bourges.
Pour venir ou aller à Orléans, il en coûtera 40 francs, et pour Paris, le coût prévu est de 75 francs. Avec l'autoroute et les premières rocades, ce sont plus de 3000 poids lourds qui vont être déviés de la ville. Comme le dit une habitante du boulevard Auger, " enfin, nous allons pouvoir ouvrir la fenêtre l'été" .

Le 29 juin 1989 à 14 H 30, le temps est maussade, c'est enfin l'inauguration avec l'ouverture du tronçon Salbris-Bourges d'une longueur de 53 kilomètres. Et ce tronçon est ouvert avec une avance de 6 mois….. car la météo de ces derniers mois a été clémente et la société de construction est allée plus vite que le prévoyait le dernier programme.
Les autorités sont présentes, les élus locaux, le préfet du Cher, les parlementaires, ainsi que le PDG de Cofiroute, concessionnaire du tronçon
C'est un grand moment.
Maurice Dousset, président de la région Centre déclare : " nous avons gagné la guerre contre l'enclavement", alors que Jacques Rimbault pragmatique parle ainsi : " Nous n'avons pas du tout l'intention de limiter nos ambitions à une simple retombée touristique, si importante soit-elle, du passage de l'A71". Enfin, avec beaucoup de lyrisme "Le Cher est appelé à devenir un grand carrefour de 2 axes d'importance égale pour la cohésion économique de notre pays et son rôle en Europe".

Un mois après, dans un week-end de grands départs, la fréquentation de l'autoroute " est supérieure aux prévisions ". Par contre, les poids lourds, même s'il n'y a pas de vrai comptages, ne jouent pas encore le jeu. Cela vient, du coût de l'autoroute, des kilomètres supplémentaires avec les rocades et de l'indiscipline de certains routiers.
En décembre 1989, le tronçon Clermont-Bourges ouvre à son tour.

Malgré l'euphorie ambiante, les élus et l'administration sont critiquées pour ne pas avoir prévu à Bourges 2 sorties d'autoroute. La plupart des villes, même plus petites, possèdent au moins deux sorties, améliorant de manière significative l'entrée en ville. A Bourges, tout arrive sur la route de Saint Florent, puis l'avenue Marcel Haegelen.
Jacques Rimbault est critiqué sur son accord donné à la Direction Départementale de l'Equipement pour remplacer une sortie d'Autoroute par un morceau de rocade. Dans le contrat ainsi passé, la société Cofiroute participe au financement de ce morceau de rocade, et en en contrepartie, il ne construit qu'une seule sortie d'autoroute à Bourges. Le maire de Bourges en juillet 1990 doit faire face à une fronde comprenant les habitants du quartier Haegelen, et … le maire de Saint Doulchard, M. Debord.
Jacques Rimbault, en réponse au maire de Saint-Doulchard argumente :


" L'autre échangeur était prévu au droit de la route de Saint Amand, à proximité immédiate de celui qui existe. D'autre part, et là c'est le plus important, la partie de la rocade entre la route de Saint Florent et celle de Saint Amand n'était pas programmée, ni financée. A partir de là, la circulation lourde venant de la route de Moulins ne pouvait pas rejoindre l'autoroute".


……..et allait donc continuer à traverser la ville de Bourges.

L'argument de Jacques Rimbault plus de 10 ans après, fut à courte vue. De toute façon, la rocade aurait été construite. Par contre, le maire avait raison sur le second échangeur, le placer sur une sortie de la route de Saint Amand était un non sens, même avec le quartier du Val d'Auron. Un échangeur utile devait être construit plus en amont, afin de desservir Saint-Doulchard et Bourges-Nord sans avoir à passer par la rue Marcel Haegelen.
Il y a bien eu un non-sens technocratique de la part des pouvoirs publics et une erreur d'appréciation des élus locaux sur le long terme.


En 2005, avec l'ouverture du viaduc de Millau, c'est une liaison continue de Paris à Montpellier en passant par Bourges.

Par contre, la liaison tranversalle de Bourges à Tours, dite A 85 il faudra attendre le début du XXI ième siècle pour avoir enfin un Bourges - Nantes via Tours et Angers sans quitter l'autoroute.

Reste aujourd'hui, la suite avec l'autoroute vers Auxerre, mais aucune date n'est fixée.....

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