Pierre Antoine Jean
REMOND
Cet article fait suite au courrier reçu
par E mail :
Je suis chercheur-éditeur aux
_Papers of Benjamin Franklin_, edition complete et critique de
la correspondance de Franklin, les lettres qu'il a recues ainsi
que celles qu'il a ecrites. Parmi celles-la se trouvent deux
lettres de Pierre-Antoine-Jean Remond, maitre particulier des
eaux et forets du Berry, du 18 et du 21 septembre 1783 ou il
s'agit de prendre rendez-vous.
Voici quelques éléments de
réponse réalisé par l'équipe de l'Encyclopédie
de Bourges sur Rémond :
Il y a 2 Rémond, le père
Pierre Antoine Jean REMOND et le fils Charles REMOND (qui fut
aussi franc-maçon)
Pierre Antoine Jean REMOND est né
en Suisse à Locarno le 22 avril 1736. Il vient à
Bourges en 1784, comme Maître des Eaux et Forêt.
C'est un personnage local important qui vient juste après
le Grand Maître des Eaux et Forêts.
Il fut aussi Capitaine des chasses du comte d'Artois.
A Bourges, c'est lui qui va fonder la première
loge maçonnique Sainte Solange et dit-il " J'avais
rassemblé un petit nombre d'amis, d'anciens
maçons à qui il ne maquait que la régularité".
Il a une cinquantaine d'année, et passe pour une personne
de grande humanité.
Il est élu député suppléant aux Etats
Généraux en 1789 pour le compte du Tiers Etat mais
il n'aura pas à siéger à Paris.
Pendant la Révolution, il sera élu capitaine du
district de Saint Sulpice le
18 octobre 1789, par acclamations. Il est un vrai patriote, mais
assez modéré, bien qu'il figure en 1795 dans
la liste "des terroristes".
C'est un franc-maçon important,
il fut membre de la loge de Paris, THALIE, Orient de Paris, il
était avant de venir à Bourges Orateur dans cette
loge,
mais aussi semble-t-il de la loge Saint Laurent.
Il est le fondateur de la loge Sainte
Solange à Bourges en 1785, il reste vénérable
de cette loge jusqu'en 1787.
C'est en août 1784 que des maçons se décidant
à constituer une loge, mais il faut du temps et surtout
un maçon reconnu et qui connaît bien l'aspect
administratif d'une telle création. Il obtient les Constitutions
de la nouvelle loge le 5 juin 1785, et elle est installée
le 21 août 1785. le
frère Pierre Antoine Jean REMOND en devient le vénérable.
Puis il quitte la loge avec plusieurs autres
maçons, et s'en va fonder, toujours à Bourges une
autre loge appelée"Les Amis de la Paix".
Enfin, lors de la mise en place d'une autre
loge à Bourges, "Minerve", formée de
l'aristocratie locale, c'est Rémond qui est l'installateur
de
cette loge, ce qui montre son importance.
A Bourges, il habitait le quartier Saint
Sulpice.
Sur une demande de rendez-vous avec Benjamin
Franklin, bien entendu, je n'en ai aucune idée. C'est
un an avant les débuts de la création administrative
de Sainte Solange. Alors pourquoi un rendez-vous en septembre
1783 ?
- Benjamin Franklin était un franc-maçon
de la loge de Paris des "Neufs Soeurs", est-ce une
demande par rapport à cette loge ?
- Est-ce une demande par rapport à un changement d'affectation
de Rémond puisqu'il va venir à Bourges, à
cette période ?
-Est-ce une demande par rapport à la création ou
au parrainage d'une loge de province, comme Bourges ?
- Est-ce une relation avec le comte d'Artois, futur Charles X
?
Et pour terminer les courriers
envoyés par Rémond à Benjamin Franklin ,
qu'est ce que cela peut bien signifier ? Mystère.
Je vous remercie de votre réponse
au sujet de P-A-J Remond. Voici les deux lettres qu'il a ecrites
a B. Franklin, le 18 et le 21 septembre 1783.
Vous verrez que deja en 1783 il s'identifie comme maitre des
eaux et forets du Berry (c'est dans un inventaire des Archives
nationales que j'ai
appris qu'il etait maitre a Bourges et d'apres cet inventaire
il a ete nomme a cet office le 13 juin 1770).
J'aimerais bien savoir ce que vous pensez de ces lettres,
et surtout dela remarque "je suis en partiedepositaire de
l'objet qui peut vous mettre a porte de signaler ce zele patriotique..."
Voici les deux lettres
en question :
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Paris Le 18 7bre 1783
Monsieur
Une Nouvelle occasion D'être utile à vôtre
Patrie se Presente; Je Suis En partie Dépositaire de L'objet
qui peut vous mettre a\ Portée De signaler ce Zèle
patriotique Dont tant de fois vous avez Donné Le Courageux
Exe/mple; un quart D'heure suffira pour vous En De/tailler Les
moyens, J'ôse vous Le demander avec Confience L'heure Et
Le jour me seront absolument Egaux Et J'attendrez vos ordres
avec D'autant--plus
D'Empressement, puisqu'independament de L'objet qui m'y engage
cette occasion Me Procurera Le rare avantage de vous assurer
des entimens
D'admiration De Respect Et De Vénération avec Lesquels
J'ay L'honneur D'être Monsieur Vôtre trés
humble Et tre/s obe/issant serviteur
remond
Maître Des Eaux Et forêts du Berry
hôtel de chartres Rue De Richelieu./.
Paris Le 21 7bre. 1783
Monsieur
Je reçois Dans L'instant La Reponse que vous avez Bien
voulu faire a La Lettre qu j'ay eu L'honneur de vous Ecrire Vendredy.
Je ne pourrois pas
profiter De La faveur que vous m'accordez pour Demain a onze
heures (mettant arrivé un petot accident). Si vous n'aviez
La bonté De fixer
L'Epôque De votre audience a Jeudy ou Vendredy: au Surplus
J'attandrez vos ordres.
Je suis avec autant De Respect que De Vénération
Monsieur Vôtre tre/s humble Et Trés obéissant
serviteur./.
remond
Voilà un beau sujet de recherche.