Le diocèse de Bourges
Le premier évêque de Bourges
fut saint Ursin. Dans la " légende dorée "
de ce saint homme, certains historiens estiment que sa vie fut
largement enjolivée. Pendant longtemps, la tradition locale
affirma que saint Ursin était en fait Nathanaël,
un des compagnons du Christ, et ainsi l'arrivée de la
religion nouvelle en Berry serait parmi les toutes premières
du pays, la situant dès le premier siècle de notre
ère.
Par la suite, la prudence s'imposa et saint Ursin ne serait venu
qu'au second siècle, ce qui n'est pas négligeable
dans la recherche de l'ancienneté du futur diocèse
de Bourges.
La réalité historique est encore floue, mais il
semble bien que ce premier évêque de Bourges ne
soit venu évangéliser la contrée que vers
350 ou 400 après JC.
La course à l'ancienneté n'est aujourd'hui qu'un
mauvais souvenir, d'autant que le Berry ne passa pas aisément
d'une religion animiste, avec une diversité de dieux,
au monothéisme et à la religion de Jésus.
Les deux concepts vont coexister un certains temps.
Par la suite, Bourges se retrouve au centre
du diocèse appelé Aquitaine Première, et
de nombreux et puissants archevêques vont se succéder
à cette fonction.
Au cours des siècles des personnalités
puissantes seront présentes à Bourges comme Sulpice
ou Guillaume.
Saint Sulpice
Sulpice a été un grand évêque
pendant une vingtaine d'années, de 626 à 646 à
l'époque où Bourges était une importante
métropole religieuse. Il a fait édifier une basilique
funéraire sur ce lieu, laquelle fut agrandie plusieurs
fois. Après la mort de l'évêque Sulpice,
canonisé, la sépulture de ce saint attirait de
nombreux pèlerins. On évoque d'ailleurs l'existence
d'un " port " sur ce confluent de l'Yèvre et
de l'Auron.
Sulpice
aura son heure de gloire au
début du
XXI ièècle lorsque le "
Da Vincy Code " de Dan Brown fera de son église parisienne
une des clés de ce roman populaire.
A Bourges, une abbaye bénédictine
portant le nom de Saint Sulpice, dédiée aux hommes,
s'était établie dans ce quartier éloigné
du centre de la ville. Elle comprenait probablement plusieurs
édifices de culte, dont une église qui a aujourd'hui
disparue. Les églises Sainte-Croix et Saint-Médard
proche du centre-ville dépendaient de cette abbaye Saint-Sulpice.
Sulpice avait fondé également un monastère
de femmes situé intra muros, identifié comme étant
Saint-Pierre le Puellier.
Saint Guillaume
En 2009, les Berrichons vont découvrir
un personnage dont l'existence était ignorée de
la majorité d'entre eux : un ecclésiastique nommé
Guillaume. Ce moine eut
une existence peu commune, et par un heureux hasard il se retrouva
à la tête d'un des plus grands diocèse du
pays, celui de Bourges, avec en prime la continuation des travaux
d'une gigantesque cathédrale.
C'était un homme de solide vertu
en un temps ou cette qualité n'était pas très
développée dans le clergé. Il s'appelait
Guillaume de Danjon, issu d'une famille illustre. Il fut cistercien,
sans doute par goût de l'ordre et du sacrifice, et il devint
bé de Châlis, avec d'être élu, en 1200
archevêque de Bourges.
On lui doit semble-t-il les éléments essentiels
de l'iconographie de la cathédrale. Saint Guillaume aurait
conçu ou validé la composition des vitraux et une
partie des sculptures.
Homme de son temps, cet archevêque suivra les principes
du pape et il prêcha en 1208 la croisade contre les Albigeois.
L'idéologie cathare se développait dans son diocèse
et l'archevêque voulait la stopper, car plusieurs paroisses
du sud de sa primatie regardaient avec bienveillance cette nouvelle
manière de vivre sa foi chrétienne.
En plein hiver, la cathédrale n'étant
pas terminée, l'archevêque Guillaume lança
une expédition militaire vers le sud, et lors du grand
sermon des adieux, il prit froid dans sa cathédrale et
mourut en quelques jours, le 10 janvier 1209.
L'émotion fut considérable
et les miracles aidant, il fut canonisé dix ans plus tard,
ce qui lui a permis d'être représenté dans
un vitrail supérieur de " sa " cathédrale
avec l'auréole du saint. C'est avec l'argent de nombreux
pèlerinages qui furent organisés pour le prier,
que la construction de la cathédrale fut poursuivie. C'était
l'époque des reliques, et la vie économique de
Bourges " fut revivifiée ".
En 2009, 800 ans après sa mort,
pour commémorer cet archevêque, plusieurs manifestations
se déroulèrent, comme la messe de l'Ascension télévisée
dans la cathédrale en Eurovision devant près de
4 millions de fidèles téléspectateurs.
Quelques archevêques
Parmi les archevêque de Bourges,
des hommes de grande valeur occupèrent ce siège
particulièrement convoité, c'est le cas de monseigneur
de La Rochefoucault ou de Phellipeau de la Vrillère ou
encore de monseigneur Michel Poncet de la Rivière.
Un coup de projecteur sur deux archevêques qui laisseront
leur nom dans l'Histoire de la ville, Mgr Servonnet, Mgr Lefèbvre.
Mgr Servonnet en ce XIX ième siècle, passait pour
avoir " une tendance républicaine " très
prononcée, et il avait suivi les préconisations
du pape Léon XIII. En 1897 Mgr Servonnet fut nommé
à Bourges, avec l'accord d'un gouvernement pourtant peu
enclin à la conciliation. Il reçut une lettre de
Léon XIII demandant de " s'unir plus que jamais sur
le terrain de l'adhésion loyale à la République
". Face à ce dévouement, le gouvernement,
et en particulier Waldeck-Rousseau se battirent pour faire obtenir
à Mgr Servonnet, le titre de cardinal. Ce parrainage était
sans doute un handicap, et il ne recevra pas le chapeau convoité.
A son arrivée à Bourges,
le nouvel évêque était âgé de
66 ans, c'était " un beau vieillard avec sa longue
chevelure tombant en arrière ". Il était très
cultivé et avait publié deux volumes de lettres
de Saint François de Sales. Sur le plan social, Mgr Servonnet
protégeait les abbés et curés démocrates,
et il était très ouvert à toutes les propositions
pour améliorer le sort de plus pauvres. Par contre, cette
position très en pointe, et minoritaire dans la vision
qu'il avait des problèmes sociaux sera largement combattue
par son propre camp. Inversement, ce libéral républicain
craignait le modernisme et sur le plan du dogme et de la doctrine,
il était conservateur. Un personnage attachant, mais qui
n'arrivera jamais à résoudre ses contradictions.
Mgr Lefèbvre, archevêque de Bourges fut élevé
cardinal le 3 mars 1960. Mgr Joseph Lefèbvre était
le huitième archevêque de Bourges à avoir
reçu le titre de cardinal, le premier étant Henri
de Sully en 1186.
Le Cardinal Lefèbvre restera à son poste pendant
26 ans, entre 1943 et 1969, année au cours de laquelle,
âgé de 77 ans, il se démet de ses fonctions.
Il mourra le 2 avril 1973, après plusieurs mois de souffrance.
Georges Pompidou écrira dans son
message de condoléance : " Le Cardinal était
respecté de tous en France où l'on admirait les
qualités dont il a fait preuve durant sa longue et exemplaire
carrière au service de la foi chrétienne ".
Pendant l'Occupation il prendra des positions courageuses vis
à vis des Allemands. Un petit square, créé
par l'architecte Bernard Huet, porte son nom depuis la fin du
XX ième siècle.
Les églises de Bourges
Il existe deux types d'église à
Bourges. Celles qui ont été construites avant la
loi se séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, et
qui sont propriétés de la ville, c'est le cas d'églises
historiques et patrimoniales comme Notre Dame, Saint Pierre le
Guillard ou encore Saint Bonnet.
Et celles qui ont été construite par la suite,
ce sont trois églises du XIX ième et début
XX ième siècle comme Saint Henri, le Sacré
Cur et Sainte Barbe ; dite église de Pignoux.
Enfin, deux églises catholiques
récentes, Saint Jean et Saint Paul situées dans
les nouveaux quartiers de Bourges Chancellerie et Gibjoncs.
A noter que la cathédrale est propriété
de l'Etat.
Comme l'a rappelé Philippe Goldman, de très nombreuses
églises ont été détruites à
la Révolution.
Autres lieux de cultes
et de réunions à Bourges
La communauté protestante a été
importante à Sancerre et à la périphérie
de Bourges, dans le quartier-village d'Asnières, partie
intégrante de la commune de Bourges. Pourtant les temples
protestants ne sont pas très nombreux. Il y eut autrefois
une église protestante à Asnières devenue
ces dernières années, un édifice occupé
par
des francs maçons.
A Bourges un temple rue du vieil Saint Ambroix a été
construit en 1931, au N° 3.
Il apparaît en retrait de la rue
car à l'époque, les protestants de Bourges étaient
à peine tolérés. Sur le fronton triangulaire,
une bible ouverte a été sculptée. La sobriété
du lieu est conforme avec l'esprit de cette religion. Il contient
une centaine de places, car lors de sa construction, il s'agissait
d'une annexe, la communauté protestante habitait et vivait
à Asnières-les-Bourges.
A partir des années 1980, la communauté
musulmane va aménager des " lieux de cultes ".
A cette époque le mot mosquée était souvent
prohibé.
La mosquée Al Fath
Depuis, l'évolution des mentalités
a permis, en application des grands principes de laïcité,
aux musulmans de Bourges, d'avoir leurs lieux de cultes. Il existe
ainsi une mosquée aux Gibjoncs et plus récemment
une autre dans le quartier de la Chancellerie.
Cette dernière mosquée appelée
Al Fath a été inaugurée le 16 juin 2006,
en bordure de l'avenue du général de Gaulle, sur
un terrain vendu par la ville au prix des domaines. Elle remplaçait
un lieu de prière situé en sous-sol du centre commercial
tout proche et qui n'offraient pas la sécurité
indispensable à la pratique d'un culte.
La mosquée possède une coupelle symbolisant un
minaret et l'architecture de l'ensemble est de belle facture.
La mosquée des Gibjoncs en bordure d'un terrain de jeu.
Est plus discrète.
Les synagogues de
la religion juive ont été construites aux temps
médiévaux, dans la rue des Juifs, et si l'une a
été détruite il y a fort longtemps, la seconde
est semi-souterraine , avec une magnifique architecture. Elle
n'est plus utilisée, étant intégrée
dans une maison privée.
Loin d'être une religion,
la franc maçonnerie possède elle aussi
ses lieux de réunion, il y en deux : à Bourges
et à Asnières. Le temple maçonnique historique,
édifié par la loge Travail et Fraternité
date de la première décennie du XX ième
siècle. Discret, il est situé le long d'un boulevard
à proximité des Marais de Bourges.
Quant aux " Clubs services ", ils se réunissent
de manière très régulière, mais seul
le Rotary-club a une salle dédiée, située
au dessus de la caisse d'Epargne dans la maison dite de Guillaume
Pelvoysin. Les autres clubs se réunissent dans un restaurant
comme le Lion's club, au Saint-Ambroix, ou les Anysetiers qui
vont de salle en salle pour leur réunion mensuelle.