religion - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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LES RELIGIONS A BOURGES
Par Roland NARBOUX

La religion a toujours été importante dans la province du Berry. Bourges fut capitale d'Aquitaine première.

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Version 2010

 

 

Le diocèse de Bourges

Le premier évêque de Bourges fut saint Ursin. Dans la " légende dorée " de ce saint homme, certains historiens estiment que sa vie fut largement enjolivée. Pendant longtemps, la tradition locale affirma que saint Ursin était en fait Nathanaël, un des compagnons du Christ, et ainsi l'arrivée de la religion nouvelle en Berry serait parmi les toutes premières du pays, la situant dès le premier siècle de notre ère.
Par la suite, la prudence s'imposa et saint Ursin ne serait venu qu'au second siècle, ce qui n'est pas négligeable dans la recherche de l'ancienneté du futur diocèse de Bourges.
La réalité historique est encore floue, mais il semble bien que ce premier évêque de Bourges ne soit venu évangéliser la contrée que vers 350 ou 400 après JC.
La course à l'ancienneté n'est aujourd'hui qu'un mauvais souvenir, d'autant que le Berry ne passa pas aisément d'une religion animiste, avec une diversité de dieux, au monothéisme et à la religion de Jésus. Les deux concepts vont coexister un certains temps.

Par la suite, Bourges se retrouve au centre du diocèse appelé Aquitaine Première, et de nombreux et puissants archevêques vont se succéder à cette fonction.

Au cours des siècles des personnalités puissantes seront présentes à Bourges comme Sulpice ou Guillaume.

Saint Sulpice

Sulpice a été un grand évêque pendant une vingtaine d'années, de 626 à 646 à l'époque où Bourges était une importante métropole religieuse. Il a fait édifier une basilique funéraire sur ce lieu, laquelle fut agrandie plusieurs fois. Après la mort de l'évêque Sulpice, canonisé, la sépulture de ce saint attirait de nombreux pèlerins. On évoque d'ailleurs l'existence d'un " port " sur ce confluent de l'Yèvre et de l'Auron.

Sulpice aura son heure de gloire au début du … XXI ièècle lorsque le " Da Vincy Code " de Dan Brown fera de son église parisienne une des clés de ce roman populaire.

A Bourges, une abbaye bénédictine portant le nom de Saint Sulpice, dédiée aux hommes, s'était établie dans ce quartier éloigné du centre de la ville. Elle comprenait probablement plusieurs édifices de culte, dont une église qui a aujourd'hui disparue. Les églises Sainte-Croix et Saint-Médard proche du centre-ville dépendaient de cette abbaye Saint-Sulpice.
Sulpice avait fondé également un monastère de femmes situé intra muros, identifié comme étant Saint-Pierre le Puellier.


Saint Guillaume

En 2009, les Berrichons vont découvrir un personnage dont l'existence était ignorée de la majorité d'entre eux : un ecclésiastique nommé Guillaume. Ce moine eut une existence peu commune, et par un heureux hasard il se retrouva à la tête d'un des plus grands diocèse du pays, celui de Bourges, avec en prime la continuation des travaux d'une gigantesque cathédrale.

C'était un homme de solide vertu en un temps ou cette qualité n'était pas très développée dans le clergé. Il s'appelait Guillaume de Danjon, issu d'une famille illustre. Il fut cistercien, sans doute par goût de l'ordre et du sacrifice, et il devint bé de Châlis, avec d'être élu, en 1200 archevêque de Bourges.


On lui doit semble-t-il les éléments essentiels de l'iconographie de la cathédrale. Saint Guillaume aurait conçu ou validé la composition des vitraux et une partie des sculptures.
Homme de son temps, cet archevêque suivra les principes du pape et il prêcha en 1208 la croisade contre les Albigeois. L'idéologie cathare se développait dans son diocèse et l'archevêque voulait la stopper, car plusieurs paroisses du sud de sa primatie regardaient avec bienveillance cette nouvelle manière de vivre sa foi chrétienne.

En plein hiver, la cathédrale n'étant pas terminée, l'archevêque Guillaume lança une expédition militaire vers le sud, et lors du grand sermon des adieux, il prit froid dans sa cathédrale et mourut en quelques jours, le 10 janvier 1209.

L'émotion fut considérable et les miracles aidant, il fut canonisé dix ans plus tard, ce qui lui a permis d'être représenté dans un vitrail supérieur de " sa " cathédrale avec l'auréole du saint. C'est avec l'argent de nombreux pèlerinages qui furent organisés pour le prier, que la construction de la cathédrale fut poursuivie. C'était l'époque des reliques, et la vie économique de Bourges " fut revivifiée ".

En 2009, 800 ans après sa mort, pour commémorer cet archevêque, plusieurs manifestations se déroulèrent, comme la messe de l'Ascension télévisée dans la cathédrale en Eurovision devant près de 4 millions de fidèles téléspectateurs.

Quelques archevêques

Parmi les archevêque de Bourges, des hommes de grande valeur occupèrent ce siège particulièrement convoité, c'est le cas de monseigneur de La Rochefoucault ou de Phellipeau de la Vrillère ou encore de monseigneur Michel Poncet de la Rivière.
Un coup de projecteur sur deux archevêques qui laisseront leur nom dans l'Histoire de la ville, Mgr Servonnet, Mgr Lefèbvre.
Mgr Servonnet en ce XIX ième siècle, passait pour avoir " une tendance républicaine " très prononcée, et il avait suivi les préconisations du pape Léon XIII. En 1897 Mgr Servonnet fut nommé à Bourges, avec l'accord d'un gouvernement pourtant peu enclin à la conciliation. Il reçut une lettre de Léon XIII demandant de " s'unir plus que jamais sur le terrain de l'adhésion loyale à la République ". Face à ce dévouement, le gouvernement, et en particulier Waldeck-Rousseau se battirent pour faire obtenir à Mgr Servonnet, le titre de cardinal. Ce parrainage était sans doute un handicap, et il ne recevra pas le chapeau convoité.

A son arrivée à Bourges, le nouvel évêque était âgé de 66 ans, c'était " un beau vieillard avec sa longue chevelure tombant en arrière ". Il était très cultivé et avait publié deux volumes de lettres de Saint François de Sales. Sur le plan social, Mgr Servonnet protégeait les abbés et curés démocrates, et il était très ouvert à toutes les propositions pour améliorer le sort de plus pauvres. Par contre, cette position très en pointe, et minoritaire dans la vision qu'il avait des problèmes sociaux sera largement combattue par son propre camp. Inversement, ce libéral républicain craignait le modernisme et sur le plan du dogme et de la doctrine, il était conservateur. Un personnage attachant, mais qui n'arrivera jamais à résoudre ses contradictions.

Mgr Lefèbvre, archevêque de Bourges fut élevé cardinal le 3 mars 1960. Mgr Joseph Lefèbvre était le huitième archevêque de Bourges à avoir reçu le titre de cardinal, le premier étant Henri de Sully en 1186.
Le Cardinal Lefèbvre restera à son poste pendant 26 ans, entre 1943 et 1969, année au cours de laquelle, âgé de 77 ans, il se démet de ses fonctions. Il mourra le 2 avril 1973, après plusieurs mois de souffrance.

Georges Pompidou écrira dans son message de condoléance : " Le Cardinal était respecté de tous en France où l'on admirait les qualités dont il a fait preuve durant sa longue et exemplaire carrière au service de la foi chrétienne ".
Pendant l'Occupation il prendra des positions courageuses vis à vis des Allemands. Un petit square, créé par l'architecte Bernard Huet, porte son nom depuis la fin du XX ième siècle.

Les églises de Bourges

Il existe deux types d'église à Bourges. Celles qui ont été construites avant la loi se séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, et qui sont propriétés de la ville, c'est le cas d'églises historiques et patrimoniales comme Notre Dame, Saint Pierre le Guillard ou encore Saint Bonnet.
Et celles qui ont été construite par la suite, ce sont trois églises du XIX ième et début XX ième siècle comme Saint Henri, le Sacré Cœur et Sainte Barbe ; dite église de Pignoux.

Enfin, deux églises catholiques récentes, Saint Jean et Saint Paul situées dans les nouveaux quartiers de Bourges Chancellerie et Gibjoncs.
A noter que la cathédrale est propriété de l'Etat.
Comme l'a rappelé Philippe Goldman, de très nombreuses églises ont été détruites à la Révolution.

Autres lieux de cultes et de réunions à Bourges

La communauté protestante a été importante à Sancerre et à la périphérie de Bourges, dans le quartier-village d'Asnières, partie intégrante de la commune de Bourges. Pourtant les temples protestants ne sont pas très nombreux. Il y eut autrefois une église protestante à Asnières devenue ces dernières années, un édifice occupé par … des francs maçons.
A Bourges un temple rue du vieil Saint Ambroix a été construit en 1931, au N° 3.

Il apparaît en retrait de la rue car à l'époque, les protestants de Bourges étaient à peine tolérés. Sur le fronton triangulaire, une bible ouverte a été sculptée. La sobriété du lieu est conforme avec l'esprit de cette religion. Il contient une centaine de places, car lors de sa construction, il s'agissait d'une annexe, la communauté protestante habitait et vivait à Asnières-les-Bourges.

A partir des années 1980, la communauté musulmane va aménager des " lieux de cultes ". A cette époque le mot mosquée était souvent prohibé.

La mosquée Al Fath

Depuis, l'évolution des mentalités a permis, en application des grands principes de laïcité, aux musulmans de Bourges, d'avoir leurs lieux de cultes. Il existe ainsi une mosquée aux Gibjoncs et plus récemment une autre dans le quartier de la Chancellerie.

Cette dernière mosquée appelée Al Fath a été inaugurée le 16 juin 2006, en bordure de l'avenue du général de Gaulle, sur un terrain vendu par la ville au prix des domaines. Elle remplaçait un lieu de prière situé en sous-sol du centre commercial tout proche et qui n'offraient pas la sécurité indispensable à la pratique d'un culte.
La mosquée possède une coupelle symbolisant un minaret et l'architecture de l'ensemble est de belle facture. La mosquée des Gibjoncs en bordure d'un terrain de jeu. Est plus discrète.

 

Les synagogues de la religion juive ont été construites aux temps médiévaux, dans la rue des Juifs, et si l'une a été détruite il y a fort longtemps, la seconde est semi-souterraine , avec une magnifique architecture. Elle n'est plus utilisée, étant intégrée dans une maison privée.

Loin d'être une religion, la franc maçonnerie possède elle aussi ses lieux de réunion, il y en deux : à Bourges et à Asnières. Le temple maçonnique historique, édifié par la loge Travail et Fraternité date de la première décennie du XX ième siècle. Discret, il est situé le long d'un boulevard à proximité des Marais de Bourges.
Quant aux " Clubs services ", ils se réunissent de manière très régulière, mais seul le Rotary-club a une salle dédiée, située au dessus de la caisse d'Epargne dans la maison dite de Guillaume Pelvoysin. Les autres clubs se réunissent dans un restaurant comme le Lion's club, au Saint-Ambroix, ou les Anysetiers qui vont de salle en salle pour leur réunion mensuelle.

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