place Cujas - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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LA PLACE CUJAS DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges et l'histoire d'une place, à l'intérieur de l'enceinte gallo-romaine, elle a une importance considérable, la place Cujas.

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Version 2012

 

Cette place Cujas a fait l'objet d'importantes études archéologiques depuis des décennies, pour des constructions, comme l'école des Beaux Arts, pour sa démolition, pour le parking en surface et ... pour le parking souterrain qui ne s'est jamais fait.

C'est en 1996 que les études seront réalisées par les archéologues, (SRA, avec Pascal Joyeux, Michel Philippe et Oliver Ruffier) qui vont nous renseigner sur cette place avec une belle histoire que va durer plus de 2000 ans.

Et c'est dans ces recherches que l'on a la vie de cette place :

- période pré-romaine :
On n'a pas de traces directes, car la stratification antique est entre 2,5 à 3 mètres, et " il parait hautement probable que les niveaux protohistoriques soient présents même s'il est impossible de les mieux caractériser ".

- période romaine : un îlot urbain :
On peut pense qu'il y a en ce lieu, une partie monumentale importante, comme le portique de la rue d'Auron ou la fontaine monumentale.
Il devait y avoir un édifice public important précédé d'un espace dallé permettant les circulations ou les accès vers le " decumanus " qui est la rue Moyenne actuelle.

- période du haut Moyen Age au 13 ° siècle :
C'est la présence d'édifices religieux comme Notre Dame la Comtale et de nombreux hôtels construits sur celliers semi-enterrés, c'est un îlot particulièrement dense.

- période du XIV e au XVII ième siècle :
C'est l'installation des Carme qui marque cette période, dans les années 1374 avec l'implantation d'une église et d'un couvent. Cette présence va durer 4 siècle et ce sera une grande abbaye de Bourges.
L'espace du couvent va s'organiser progressivement avec des dortoirs, réfectoires mais aussi cloître, et aussi des étables. Les constructions sont en pierre ou parfois en bois.
L'îlot forma alors le triangle appelé la place du Noyer que l'on connaît actuellement.
Et c'est là, avant le grand incendie de 1487 que l'on trouve la présence de vignes à proximité du cloître, un surface modeste mais existante.
On trouve d'ailleurs dans les documents de l'époque, la présence de petits artisans du fer, du bois ou du textile mais aussi des vignerons et des tonneliers.
L'incendie de la Madeleine de 1487 détruit l'îlot, même si tout n'est pas détruit.

- période de 1487 aux guerres de religion :
Il est intéressant de noter que des aides seront apportées pour la reconstruction, mais ce ne sera pas suffisant, et les reconstructions se font tardivement au cours du XVI ième siècle, les finances des Carmes vont servir à reconstruire leur église, et les bâtiments du reste de la place ne seront pas prioritaires.
Pendant les 25 ans, après l'incendie, ce ne sont que 2 sur 5 maisons qui sont reconstruites.

- période des XVI e et XVII ième siècle : le marasme
Au XVII ième siècle, changement de destination des maisons de cette place, ce sont des marchands boutiquiers qui s'implantent. Environ 13 boutiques occupent cet espace.
mais les Carmes veulent essentiellement ne s'occuper que de leurs propres bâtiments, pour l'entretien ou l'agrandissement au détriment des maisons qu'ils possèdent sur l'îlot.
On voit aussi sur les plans successifs que l'emplacement des vignes existe toujours mais le vignoble n'est pas évoqué, il y a semble-t-il à la place un verger.
la vigne a donc disparu avec l'incendie, une vigne ça brûle bien et à la place les moines ont planté des arbres fruitiers.

- période du XVIII ième siècle : seconde reconstruction
Entre la fin du XVII ième siècle et jusqu'à la Révolution, la plupart des maisons sont reconstruites.
On trouve alors une population " intellectuelle " avec les imprimeurs comme Christo, des professeurs mais aussi des artisans et des marchands, un perruquier, un tailleur d'habits,
Avec la révolution, c'est la fin de l'ordre mendiant, après l'élimination des Jésuites qui étaient en face de la place.
Les biens des Carmes et ceux des Jésuites sont saisis, administrés quelque temps puis venus aux enchères. Le petit peuple devient propriétaire... Christo, locataire des Carme devient ainsi propriétaire.

- période de la Révolution à .... 1932

La Révolution passée, on trouve plusieurs phases, comme la ré-appropriation ecclésiastique d'une partie importante de l'espace par les religieuses Ursulines.
En suite, c'est le transfert des propriétés à la Ville de Bourges et une modification de la place.
Enfin, c'est la situation actuelle que nous connaissons, avec le dégagement systématique de la place des bâtiments qui s'y trouvent afin de créer de 1932 jusqu'en 1978 un vaste espace libre qui deviendra un parking.

C'est la vente par la communauté des Dames Ursulines à la ville de Bourges de tous leurs terrains et bâtiments le 28 août 1860.
L'Eglise des Carmes est démolie en 1878 et la construction sur une parcelle sensiblement identique des locaux de l'école des Beaux Arts entre 1880 et 1882.
L'ancien couvent et le cloître sont démolis, il y a aussi la construction d'une petite école de filles.
A une date inconnue ( entre 1860 et 1881) un gymnase est construit par la ville

- période contemporaine :

Le projet d'aménagement et d'embellissement de la Ville par le maire H. Laudier prévoit la création " d'une belle et grande place ". Et la ville va acquérir progressivement les bâtiments qui s'y trouvent.
Dès 1935, les premières maisons sont achetées.
Mais la guerre arrête les projets.
C'est en 1955 / 56 que les premiers immeubles sont démolis, et l'espace dégagé est tout de suite utilisé comme stationnement des voitures automobiles.
En 1960, la Chambre de Commerce veut construire son Hôtel consulaire, cela ne se fera pas.
Le gymnase (appelé Gaston Hemery) les ateliers du service des eaux de la rue Michel Servet sont détruits dans les années 1966.

L'Ecole Nationale des Beaux Arts est démolie à partir de 1969 et se termine .... en 1978.
Un parc souterrain de voitures de 500 à 600 places est envisagé en 1969 avec un tunnel passant sous la nouvelle Ecole des Beaux Arts qui vient d'être réinstallée.

Ce projet de parking souterrain sera repris en 1996 et ... abandonné.

 

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