Cette place Cujas a fait l'objet d'importantes
études archéologiques depuis des décennies,
pour des constructions, comme l'école des Beaux Arts,
pour sa démolition, pour le parking en surface et ...
pour le parking souterrain qui ne s'est jamais fait.
C'est en 1996 que les études seront
réalisées par les archéologues, (SRA, avec
Pascal Joyeux, Michel Philippe et Oliver Ruffier) qui vont nous
renseigner sur cette place avec une belle histoire que va durer
plus de 2000 ans.
Et c'est dans ces recherches que l'on a
la vie de cette place :
- période pré-romaine
:
On n'a pas de traces directes, car la stratification antique
est entre 2,5 à 3 mètres, et " il parait hautement
probable que les niveaux protohistoriques soient présents
même s'il est impossible de les mieux caractériser
".
- période romaine : un îlot
urbain :
On peut pense qu'il y a en ce lieu, une partie monumentale importante,
comme le portique de la rue d'Auron ou la fontaine monumentale.
Il devait y avoir un édifice public important précédé
d'un espace dallé permettant les circulations ou les accès
vers le " decumanus " qui est la rue Moyenne actuelle.
- période du haut Moyen Age au
13 ° siècle :
C'est la présence d'édifices religieux comme Notre
Dame la Comtale et de nombreux hôtels construits sur celliers
semi-enterrés, c'est un îlot particulièrement
dense.
- période du XIV e au XVII ième
siècle :
C'est l'installation des Carme qui marque cette période,
dans les années 1374 avec l'implantation d'une église
et d'un couvent. Cette présence va durer 4 siècle
et ce sera une grande abbaye de Bourges.
L'espace du couvent va s'organiser progressivement avec des dortoirs,
réfectoires mais aussi cloître, et aussi des étables.
Les constructions sont en pierre ou parfois en bois.
L'îlot forma alors le triangle appelé la place du
Noyer que l'on connaît actuellement.
Et c'est là, avant le grand incendie de 1487 que l'on
trouve la présence de vignes à proximité
du cloître, un surface modeste mais existante.
On trouve d'ailleurs dans les documents de l'époque, la
présence de petits artisans du fer, du bois ou du textile
mais aussi des vignerons et des tonneliers.
L'incendie de la Madeleine de 1487 détruit l'îlot,
même si tout n'est pas détruit.
- période de 1487 aux guerres
de religion :
Il est intéressant de noter que des aides seront apportées
pour la reconstruction, mais ce ne sera pas suffisant, et les
reconstructions se font tardivement au cours du XVI ième
siècle, les finances des Carmes vont servir à reconstruire
leur église, et les bâtiments du reste de la place
ne seront pas prioritaires.
Pendant les 25 ans, après l'incendie, ce ne sont que 2
sur 5 maisons qui sont reconstruites.
- période des XVI e et XVII ième
siècle : le marasme
Au XVII ième siècle, changement de destination
des maisons de cette place, ce sont des marchands boutiquiers
qui s'implantent. Environ 13 boutiques occupent cet espace.
mais les Carmes veulent essentiellement ne s'occuper que de leurs
propres bâtiments, pour l'entretien ou l'agrandissement
au détriment des maisons qu'ils possèdent sur l'îlot.
On voit aussi sur les plans successifs que l'emplacement des
vignes existe toujours mais le vignoble n'est pas évoqué,
il y a semble-t-il à la place un verger.
la vigne a donc disparu avec l'incendie, une vigne ça
brûle bien et à la place les moines ont planté
des arbres fruitiers.
- période du XVIII ième
siècle : seconde reconstruction
Entre la fin du XVII ième siècle et jusqu'à
la Révolution, la plupart des maisons sont reconstruites.
On trouve alors une population " intellectuelle " avec
les imprimeurs comme Christo, des professeurs mais aussi des
artisans et des marchands, un perruquier, un tailleur d'habits,
Avec la révolution, c'est la fin de l'ordre mendiant,
après l'élimination des Jésuites qui étaient
en face de la place.
Les biens des Carmes et ceux des Jésuites sont saisis,
administrés quelque temps puis venus aux enchères.
Le petit peuple devient propriétaire... Christo, locataire
des Carme devient ainsi propriétaire.
- période de la Révolution
à .... 1932
La Révolution passée, on
trouve plusieurs phases, comme la ré-appropriation ecclésiastique
d'une partie importante de l'espace par les religieuses Ursulines.
En suite, c'est le transfert des propriétés à
la Ville de Bourges et une modification de la place.
Enfin, c'est la situation actuelle que nous connaissons, avec
le dégagement systématique de la place des bâtiments
qui s'y trouvent afin de créer de 1932 jusqu'en 1978 un
vaste espace libre qui deviendra un parking.
C'est la vente par la communauté
des Dames Ursulines à la ville de Bourges de tous leurs
terrains et bâtiments le 28 août 1860.
L'Eglise des Carmes est démolie en 1878 et la construction
sur une parcelle sensiblement identique des locaux de l'école
des Beaux Arts entre 1880 et 1882.
L'ancien couvent et le cloître sont démolis, il
y a aussi la construction d'une petite école de filles.
A une date inconnue ( entre 1860 et 1881) un gymnase est construit
par la ville
- période contemporaine :
Le projet d'aménagement et d'embellissement
de la Ville par le maire H. Laudier prévoit la création
" d'une belle et grande place ". Et la ville va acquérir
progressivement les bâtiments qui s'y trouvent.
Dès 1935, les premières maisons sont achetées.
Mais la guerre arrête les projets.
C'est en 1955 / 56 que les premiers immeubles sont démolis,
et l'espace dégagé est tout de suite utilisé
comme stationnement des voitures automobiles.
En 1960, la Chambre de Commerce veut construire son Hôtel
consulaire, cela ne se fera pas.
Le gymnase (appelé Gaston Hemery) les ateliers du service
des eaux de la rue Michel Servet sont détruits dans les
années 1966.
L'Ecole Nationale des Beaux Arts est démolie
à partir de 1969 et se termine .... en 1978.
Un parc souterrain de voitures de 500 à 600 places est
envisagé en 1969 avec un tunnel passant sous la nouvelle
Ecole des Beaux Arts qui vient
d'être réinstallée.
Ce projet de parking souterrain sera repris
en 1996 et ... abandonné.
à suivre