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LE PILIER BUTANT DE LA CATHEDRALE DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges et sa cathédrale classée au Patrimoine mondial, eut quelques problèmes avec ses tours, dont celle située au sud, qui nécessita un contrefort gigantesque appelé le Pilier butant.

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Version 2012

Comme le dit Buhot de Kersers, il s'agit "d'un appendice lourd et disgracieux, qui augmente encore une façade déjà démesurément large".

Il ajoute ensuite que ce pilier butant est bien approprié avec une réelle intelligence à la fonction qu'il avait à remplir.

Tout commence à la fin du XIII ième siècle, lorsque les chanoines découvrent des désordres inquiétants qui se produisent sur la tour sud de la cathédrale Saint Etienne. Cette tour repose en fait sur des fondations peu solides comme tout le reste de la façade.

Cette tour sud comporte quatre étages à galeries, ses ouvertures étroites ont été bouchées. Elle mesure 58 mètres de hauteur contre 65 à la tour nord.

Amédée Boinet signale que lors de la construction, le sol n'avait pas été reconnu dans toute sa profondeur. Il ajoute "qu'il y a dans cette partie de la ville de Bourges des galeries, peut être des souterrains - refuges, quelquefois sur trois étages, qui sont d'âge pré-romain, car elles passent sous le mur gallo-romain qui coupe la cathédrale de Bourges.

Il semble bien que les voûtes situées à l'intérieur de la cathédrale commençaient à se fissurer et des pierres tombaient de temps à autre....

On renonça à monter plus haut la tour sud, (ainsi que celle au nord) et la cathédrale était inachevée, il y eut aussi des infiltrations dues à des intempéries. Aussi dès 1313, le roi en personne va intervenir, Philippe le Bel va faire un don de 400 livres pour consolider l'édifice et éviter la chute des voûtes.

Et c'est pour éviter une catastrophe que l'on va construire dans les dernières années du XIII ième siècle, c'est à dire vers 1295, sous la direction semble-t-il d'un architecte nommé Michel, à 7 ou 8 mètres du pied de la tour qui pouvait d'écrouler un puissant massif de maçonnerie comprenant 2 étages.

 

le pilier butant de la cathédrale de BourgesLe massif de maçonnerie est particulièrement impressionnant avec une dimension de 10 mètres sur 15 mètres, et les fondations furent établies sur le sol vierge.

C'est donc un énorme parallélépipède de maçonnerie de largeur égale à celle de la tour qu'il doit solidifier.

Ce pilier est épaulé par de solides et saillants contreforts ornés à l'étage supérieur, des colonnettes assez fines sont réunies par des arcs tréflés.

Il y a 3 arcs-boutants sur chaque face et deux à l'extrémité.

Ce massif est relié à la tour sud de la cathédrale par deux étages d'arcs-boutants entre lesquels on va ménager une salle voûtée d'ogives dont les fenêtres, à trois lancettes tréflées, sont surmontées chacune de roses à trois ou quatre lobes, le style semble pourtant postérieures à la construction du pilier.

 

On accède à cette salle très éclairée au second étage, qui fut utilisée par le grand peintre de Bourges Jean Boucher au XVII ième siècle, par un escalier pratiqué sur le côté nord du pilier et qui s'ouvre dans le passage laissé libre sous les arcs-boutants inférieurs.

Jean Boucher qui possédait la maison actuelle dite de la Tournelle était donc proche de son atelier, lequel bénéficiait de fenêtres.

Ce peintre, qui fut le professeur de Mignard avait "grande renommée" et il réalisait d'immenses toiles, aussi, comme l'escalier était étroit, il faisait son tableau, puis enlevait le cadre en bois, roulait la toiles comme une vulgaire moquette... et descendait l'escalier en colimaçon. Une fois sur le parvis, il remontait sans doute la toile sur son cadre pour la livraison dans une église ou une abbaye, car c'était sa spécialité.

En ce qui concernent les deux fenêtres, les "remplages" identiques, de style rayonnant sont gravées dans le dallage dans une épure à l'échelle de ce qui a été réalisé. C'est le plan des fenêtres.

Au premier étage du pilier boutant, étaient les anciennes prisons du chapitre de la cathédrale, éclairées par d'étroites fenêtres et munies de latrines ...

 

Les latrines de la prison

 

 

Le tout était couvert d'un comble en ardoise à quatre versants.

Les fenêtres de l'atelier de Jean Boucher.

 

Aucune cloche malgré ce contrefort appelé pilier butant n'a été mise sur la tour Sud de la cathédrale, par peur que les vibrations ne provoquent la chute de la tour.
On a alors appelé cette tour "tour sourde" ou encore "tour muette".

 

Et c'est après ce "rafistolage" comprenant le pilier butant, les travaux de consolidations des voûtes intérieures et le calfeutrement de la façade, l'archevêque Guillaume de Brosse estima que l'on ne pouvait pas faire mieux, et il décidé enfin de "célébrer la dédicace de la cathédrale le 5 mai 1324".

la cathédrale était enfin terminée et consacrée.

Mais Bourges aura d'autres soucis avec la cathédrale puisque le 31 décembre 1506, la Tour Nord qui n'avait pas eu de pilier butant s'écroula !

Il faudra 30 ans pour la reconstruire dans un style et une ornementation Renaissance.

 

Cet article fait suite à la demande de deux internautes, Sabine et Julie

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