people et cathédrale de bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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CATHEDRALE ET "PEOPLE" A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges avec sa cathédrale attire des stars, des vedettes ou des people. Une ballade de plusieurs siècles.

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Version 2009

 

Depuis plusieurs siècles, la cathédrale de Bourges fascine ceux qui s'en approchent et entrent pour l'admirer. Il y eut des visiteurs de tous ordre et de toute condition. Aujourd'hui, L'Encyclopédie propose de s'intéresser à des personnalités que certains magazines traduisent cela par ce mot horrible de " people ".

Aliénor d'Aquitaine et Jeanne d'Arc

Parmi les premières célébrités à être entrées dans la cathédrale, ou l'édifice qui la précéda, signalons Aliénor d'Aquitaine qui est couronnée reine de France à la Noël de l'an 1137. Son mari était le roi Louis VII et il vint à Bourges tous les ans ou presque de 1137 à 1179 ! Ce fut une belle cérémonie et un beau mariage.
Comme plus tard, avec Agnès Sorel, la nouvelle reine déplaît à la cour de France, par ses tenues jugées indécentes, elle achète beaucoup de bijoux et de robes
La cathédrale Saint Etienne actuelle est consacrée le 5 mai 1324, événement considérable, par l'archevêque de l'époque , Mgr Guillaume de Brosse

Autre célébrité qui ferait aujourd'hui la couverture de Paris-Match, Jeanne d'Arc en 1429 lorsqu'elle se trouve à Bourges. Elle loge chez Marguerite la Touroulde, qui est l'épouse d'un fonctionnaire des finances royales, cette dame s'occupa avec beaucoup d'attention à Jeanne.
La jeune pucelle, ce que l'on sait moins, était déjà très célèbre et chacun de ses déplacements en ville donnait lieu à des attroupements. Elle allait prier dans la cathédrale de Bourges et chaque fois, c'était une intense curiosité de la part de la population. Les femmes, selon de témoignage de La Touroulde, apportaient leurs enfants pour que Jeanne les bénissent. " Des commères l'assiégeaient pour lui faire toucher leurs patenôtres, et la jeune fille repoussait tout ce monde, avec un peu d'agacement, sans doute de colère ". Elle répondait assez souvent par : "Touchez-les vous-même, ça fera le même effet". Sa vie à Bourges devait lui peser, elle n'aspirait qu'à poursuivre le combat et l'inaction ne devait pas être dans son tempérament. A-t-elle appréciée la cathédrale nul ne le sait mais elle a comme un peu partout en France sa statue, en armure, dans une des chapelles.

A la même époque, Jacques Cœur s'est beaucoup intéressé à la cathédrale de Bourges, il était comme le reste de la famille, très pieux, et ses rapports avec le pape étaient excellents.
Pour lui, la cathédrale est un moyen de se racheter de ses fautes et autres péchés, car il va faire construire une sacristie avec son argent et surtout un vitrail d'une extraordinaire beauté. C'est une Annonciation avec la représentation de plusieurs symboles propres à l'Argentier. Il fera de son fils Jean, à 25 ans, l'archevêque de Bourges !

Parmi les grands personnages, qui viendront visiter la cathédrale, Louis XI qui est baptisé en face de " son horloge astronomique ", puis Charles IX et Louis XII, accompagné d'Anne de Bretagne.

Louis XIV, en 1651 fait une entrée solennelle dans la ville de Bourges, c'était le 5 octobre, il avait 13 ans. Il était accompagné de sa mère Anne d'Autriche et du vieux Chancelier de Laubespine, lequel était propriétaire du palais Jacques Coeur.
Ce Laubépine a laissé un magnifique ensemble sculptural dans une chapelle.
C'est au cours de ce séjour que fut décidée la démolitions de la Grosse Tour.
Le roi restera à Bourges au Palais Jacques Coeur jusqu'au 27 octobre. On raconte que le jeune roi, majeur depuis 1 mois, fit l'ascension de la tour Nord de la cathédrale le 9 octobre avec ses 396 marches.

Pendant ces siècles, la cathédrale souffre d'un déficit de notoriété, par rapport à Paris, Chartres ou Reims, et lorsque Victor Hugo écrit un roman avec pour personnage principal une cathédrale, il choisit celle de Notre Dame de Paris. Il évoque pourtant sa soeur berruyère , alors qu'il ne l'a jamais vue.

George Sand

C'est au XIX ième siècle que Bourges et sa cathédrale deviennent un lieu incontournable, et une des premières personnalité à écrire sur l'édifice fut George Sand. Entre Musset et Chopin, il n'y a pas plus " people " que la maîtresse de Michel de Bourges.
En 1831, elle avait alors 27 ans et elle écrit à Emile Regnault qui avait fait une partie de ses études à Bourges : " Savez-vous que votre cathédrale est une des plus belles choses qui soient au monde ? " et la dame de Nohant de poursuivre : " L'intérieur est ce que j'ai vu de ma vie de plus admirable dans ma vie. J'y suis entrée pendant la grand messe, et j'ai fait des exclamations à scandaliser tous les fidèles … Mon Dieu les belles colonnes, la belle voûte, les beaux vitrages … "

On peut effectivement imaginer cette jeune femme, très libre de tenue et de parole dans la cathédrale, s'exclamant sans vergogne à tout ce qu'elle voyait de surprenant.

Michelet et Mérimée passeront aussi par Bourges et sa cathédrale dans les années 1835, mais ce ne sont pas des " people ", au contraire, ils représentent l'Etat, même si le grand historien parle du monument " en voyant cette croupe monstrueuse ", lorsqu'il vit le chevet. Il devait avoir de drôles de pensées ! Quant au second, Prosper Mérimée, il est inspecteur des Monuments historiques, et sa perception de la cathédrale est quelque peu négative, écrivant que " la façade est décidément mauvaise ! ".

Et vint Stendhal

C'est avec cet auteur que la cathédrale de Bourges entre véritablement dans la littérature française. En 1837, il était " le " touriste de l'époque, il arrivait de La Charité sur Loire, " Cheminant à travers la plus triste des plaines, … J'ai aperçu de loin la tour de la fameuse cathédrale de Bourges ".
Il va loger à l'auberge du Boeuf Couronné, et de nuit entra dans l'édifice : " Pendant une heure, mon âme n'a plus senti tout ce qui la martyrisait à coup d'épingle depuis mon arrivée à Bourges… Le voyageur qui erre entre ses immenses piliers est saisi de respect : il sent le néant de l'homme en présence de la divinité ".

Et puis dans cette même année, de vrais " people " arrivent, il s'agit de Franz Liszt accompagné de la belle Marie d'Agoult. Couple mythique, ils feraient aujourd'hui la " Une " de " Gala " ou de " Closer ".

C'est la comtesse qui écrit : " … En y entrant, je fus saisie de respect et comme enveloppée du sentiment de l'infini. C'est bien là un temple chrétien : l'homme y est tout petit et le Dieu s'y cache dans des profondeurs mystérieuses. "

Elle poursuit, écrivant que son compagnon Franz était déjà venu 5 ans auparavant et il " comparait ces grandes nefs catholiques aux plages que la mer a délaissées. Le flot populaire s'est retiré de l'église ; elle reste là, déserte et muette ".

Lorsqu'il vint au printemps 1849 à Bourges, témoin du célèbre procès de la Haute-Cour qui jugeait Barbès, Blanqui et quelques autres, Lamartine, un vrai " people " était un fort bel homme qui plaisait aux dames. A Bourges, il fera ce qu'il sait le mieux faire , écrire un poème surprenant et un peu morbide :

" Ce triste passager du vaisseau de la terre
L'Homme, comme Noé, construit l'arche sans port.
Pour l'Océan : les jours ; pour étoile, un mystère.
Bercé par l'espérance, il sombre en criant : bord !
Et la nef en débris trace, en noir caractère,
L'image d'un cercueil sur le ciel de la mort. "

Le Prince Président ne se lasse pas de la cathédrale :

le mardi 14 septembre 1852., le futur Napoléon III, arrive à Bourges par le train, et la première étape comporte une visite de la cathédrale, où il est reçu par le Cardinal Du Pont, entouré de 150 prêtres, lesquels proposèrent à l'illustre visiteur, un Te Deum.
Le lendemain, après avoir passé les troupes en revue, il retourna visiter la cathédrale. La foule est toujours aussi dense, elle est évaluée "par les services de police" à 100 000 personnes, ils applaudissent à tout rompre et lancent, sans aucune retenue, les cris de "Vive l'Empereur".

Ainsi les visites se succèdent, c'est Henri James, puis beaucoup plus tard Albert Lebrun et après guerre, Monseigneur Roncalli, qui deviendra le pape Jean XXIII, c'était en 1946.

Mariage princier :

Le mariage du prince d'Arenberg en 1997 fut sans doute le dernier grand moment " people " de la cathédrale, avec la présence de princes et princesses. Pierre d'Arenberg épousait dans la cathédrale la comtesse Silvia de Castellane devant le gotha venu de toute l'Europe et 164 Berruyers qui avaient obtenus des billets d'entrée pour le public.
La cathédrale est intérieurement somptueuse, décorée de 6000 lys blancs en particulier sur les lustres d'époque Empire.
Parmi les invités prestigieux, Laurent de Belgique, Paul de Grèce, le prince Michel de Yougoslavie, la princesse Maria Pia de Savoie, le prince de Bourbon Parme, Hermine de Clermont-Tonnerre… etc entourant les personnalités officielles de la République, maire, préfète et sénateurs.
Silvia était dans une robe de satin brodé, avec une immense cape retenue par dix petits enfants en costume du temps des Médicis.
Et puis d'autres peoples sont présents comme Jerry Hall, l'épouse de Mick Jaeger.

Dernières visites …. D'Edouard Balladur à Julia Migenes

Dans les années 1990, c'est Georges Marchais qui fera une visite de la cathédrale en compagnie du maire Jacques Rimbault, guidé par Thérèse Legras, et il s'intéressera particulièrement aux vitraux du XIII ième siècle.
Plus tard, vers 2004, certains touristes virent un visage lui aussi connu, levant la tête dans la nef de la cathédrale, il était venu à titre privé et voulait voir le monument, accompagné d'un couple d'amis. Quelques semaines plus tard il demandera au maire de Bourges Serge Lepeltier comment nous étions passé du mot Berry à celui de Bourges.

Enfin, Julia Migenès la célèbre cantatrice viendra dans le cadre d'un Printemps de Bourges, dans une froideur polaire, elle chanta de sa voix magnifique quelques chants religieux avant d'entreprendre Carmen, de Bizet, sous le regard étonné du clergé local.
Quelques temps plus tard, toujours dans la cadre du Printemps de Bourges, Joan Baez fut pré programmée, à la cathédrale, mais cette fois, le clergé refusa…

 

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