Depuis plusieurs siècles, la
cathédrale de Bourges fascine ceux qui s'en approchent
et entrent pour l'admirer. Il y eut des visiteurs de tous ordre
et de toute condition. Aujourd'hui, L'Encyclopédie propose
de s'intéresser à des personnalités que
certains magazines traduisent cela par ce mot horrible de "
people ".
Aliénor d'Aquitaine
et Jeanne d'Arc
Parmi les premières célébrités
à être entrées dans la cathédrale,
ou l'édifice qui la précéda, signalons Aliénor
d'Aquitaine qui est couronnée reine de France à
la Noël de l'an 1137. Son mari était le roi Louis
VII et il vint à Bourges tous les ans ou presque de 1137
à 1179 ! Ce fut une belle cérémonie et un
beau mariage.
Comme plus tard, avec Agnès Sorel, la nouvelle reine déplaît
à la cour de France, par ses tenues jugées indécentes,
elle achète beaucoup de bijoux et de robes
La cathédrale Saint Etienne actuelle est consacrée
le 5 mai 1324, événement considérable, par
l'archevêque de l'époque , Mgr Guillaume de Brosse
Autre célébrité qui
ferait aujourd'hui la couverture de Paris-Match, Jeanne d'Arc
en 1429 lorsqu'elle se trouve à Bourges. Elle loge chez
Marguerite la Touroulde, qui est l'épouse d'un fonctionnaire
des finances royales, cette dame s'occupa avec beaucoup d'attention
à Jeanne.
La jeune pucelle, ce que l'on sait moins, était déjà
très célèbre et chacun de ses déplacements
en ville donnait lieu à des attroupements. Elle allait
prier dans la cathédrale de Bourges et chaque fois, c'était
une intense curiosité de la part de la population. Les
femmes, selon de témoignage de La Touroulde, apportaient
leurs enfants pour que Jeanne les bénissent. " Des
commères l'assiégeaient pour lui faire toucher
leurs patenôtres, et la jeune fille repoussait tout ce
monde, avec un peu d'agacement, sans doute de colère ".
Elle répondait assez souvent par : "Touchez-les vous-même,
ça fera le même effet". Sa vie à Bourges
devait lui peser, elle n'aspirait qu'à poursuivre le combat
et l'inaction ne devait pas être dans son tempérament.
A-t-elle appréciée la cathédrale nul ne
le sait mais elle a comme un peu partout en France sa statue,
en armure, dans une des chapelles.
A la même époque, Jacques
Cur s'est beaucoup intéressé à la
cathédrale de Bourges, il était comme le reste
de la famille, très pieux, et ses rapports avec le pape
étaient excellents.
Pour lui, la cathédrale est un moyen de se racheter de
ses fautes et autres péchés, car il va faire construire
une sacristie avec son argent et surtout un vitrail d'une extraordinaire
beauté. C'est une Annonciation avec la représentation
de plusieurs symboles propres à l'Argentier. Il fera de
son fils Jean, à 25 ans, l'archevêque de Bourges
!
Parmi les grands personnages, qui viendront
visiter la cathédrale, Louis XI qui est baptisé
en face de " son horloge astronomique ", puis Charles
IX et Louis XII, accompagné d'Anne de Bretagne.
Louis XIV, en 1651 fait une entrée
solennelle dans la ville de Bourges, c'était le 5 octobre,
il avait 13 ans. Il était accompagné de sa mère
Anne d'Autriche et du vieux Chancelier de Laubespine, lequel
était propriétaire du palais Jacques Coeur.
Ce Laubépine a laissé un magnifique ensemble sculptural
dans une chapelle.
C'est au cours de ce séjour que fut décidée
la démolitions de la Grosse Tour.
Le roi restera à Bourges au Palais Jacques Coeur jusqu'au
27 octobre. On raconte que le jeune roi, majeur depuis 1 mois,
fit l'ascension de la tour Nord de la cathédrale le 9
octobre avec ses 396 marches.
Pendant ces siècles, la cathédrale
souffre d'un déficit de notoriété, par rapport
à Paris, Chartres ou Reims, et lorsque Victor Hugo écrit
un roman avec pour personnage principal une cathédrale,
il choisit celle de Notre Dame de Paris. Il évoque pourtant
sa soeur berruyère , alors qu'il ne l'a jamais vue.
George Sand
C'est au XIX ième siècle
que Bourges et sa cathédrale deviennent un lieu incontournable,
et une des premières personnalité à écrire
sur l'édifice fut George Sand. Entre Musset et Chopin,
il n'y a pas plus " people " que la maîtresse
de Michel de Bourges.
En 1831, elle avait alors 27 ans et elle écrit à
Emile Regnault qui avait fait une partie de ses études
à Bourges : " Savez-vous que votre cathédrale
est une des plus belles choses qui soient au monde ? " et
la dame de Nohant de poursuivre : " L'intérieur est
ce que j'ai vu de ma vie de plus admirable dans ma vie. J'y suis
entrée pendant la grand messe, et j'ai fait des exclamations
à scandaliser tous les fidèles
Mon Dieu
les belles colonnes, la belle voûte, les beaux vitrages
"
On peut effectivement imaginer cette jeune
femme, très libre de tenue et de parole dans la cathédrale,
s'exclamant sans vergogne à tout ce qu'elle voyait de
surprenant.
Michelet et Mérimée passeront
aussi par Bourges et sa cathédrale dans les années
1835, mais ce ne sont pas des " people ", au contraire,
ils représentent l'Etat, même si le grand historien
parle du monument " en voyant cette croupe monstrueuse ",
lorsqu'il vit le chevet. Il devait avoir de drôles de pensées
! Quant au second, Prosper Mérimée, il est inspecteur
des Monuments historiques, et sa perception de la cathédrale
est quelque peu négative, écrivant que " la
façade est décidément mauvaise ! ".
Et vint Stendhal
C'est avec cet auteur que la cathédrale
de Bourges entre véritablement dans la littérature
française. En 1837, il était " le " touriste
de l'époque, il arrivait de La Charité sur Loire,
" Cheminant à travers la plus triste des plaines,
J'ai aperçu de loin la tour de la fameuse cathédrale
de Bourges ".
Il va loger à l'auberge du Boeuf Couronné, et de
nuit entra dans l'édifice : " Pendant une heure,
mon âme n'a plus senti tout ce qui la martyrisait à
coup d'épingle depuis mon arrivée à Bourges
Le voyageur qui erre entre ses immenses piliers est saisi de
respect : il sent le néant de l'homme en présence
de la divinité ".
Et puis dans cette même année,
de vrais " people " arrivent, il s'agit de Franz Liszt
accompagné de la belle Marie d'Agoult. Couple mythique,
ils feraient aujourd'hui la " Une " de " Gala
" ou de " Closer ".
C'est la comtesse qui écrit : "
En y entrant, je fus saisie de respect et comme enveloppée
du sentiment de l'infini. C'est bien là un temple chrétien
: l'homme y est tout petit et le Dieu s'y cache dans des profondeurs
mystérieuses. "
Elle poursuit, écrivant que son
compagnon Franz était déjà venu 5 ans auparavant
et il " comparait ces grandes nefs catholiques aux plages
que la mer a délaissées. Le flot populaire s'est
retiré de l'église ; elle reste là, déserte
et muette ".
Lorsqu'il vint au printemps 1849 à
Bourges, témoin du célèbre procès
de la Haute-Cour qui jugeait Barbès, Blanqui et quelques
autres, Lamartine, un vrai " people " était
un fort bel homme qui plaisait aux dames. A Bourges, il fera
ce qu'il sait le mieux faire , écrire un poème
surprenant et un peu morbide :
" Ce triste passager du vaisseau de
la terre
L'Homme, comme Noé, construit l'arche sans port.
Pour l'Océan : les jours ; pour étoile, un mystère.
Bercé par l'espérance, il sombre en criant : bord
!
Et la nef en débris trace, en noir caractère,
L'image d'un cercueil sur le ciel de la mort. "
Le Prince Président
ne se lasse pas de la cathédrale :
le mardi 14 septembre 1852., le futur Napoléon
III, arrive à Bourges par le train, et la première
étape comporte une visite de la cathédrale, où
il est reçu par le Cardinal Du Pont, entouré de
150 prêtres, lesquels proposèrent à l'illustre
visiteur, un Te Deum.
Le lendemain, après avoir passé les troupes en
revue, il retourna visiter la cathédrale. La foule est
toujours aussi dense, elle est évaluée "par
les services de police" à 100 000 personnes, ils
applaudissent à tout rompre et lancent, sans aucune retenue,
les cris de "Vive l'Empereur".
Ainsi les visites se succèdent,
c'est Henri James, puis beaucoup plus tard Albert Lebrun et après
guerre, Monseigneur Roncalli, qui deviendra le pape Jean XXIII,
c'était en 1946.
Mariage princier :
Le mariage du prince d'Arenberg en 1997
fut sans doute le dernier grand moment " people " de
la cathédrale, avec la présence de princes et princesses.
Pierre d'Arenberg épousait dans la cathédrale la
comtesse Silvia de Castellane devant le gotha venu de toute l'Europe
et 164 Berruyers qui avaient obtenus des billets d'entrée
pour le public.
La cathédrale est intérieurement somptueuse, décorée
de 6000 lys blancs en particulier sur les lustres d'époque
Empire.
Parmi les invités prestigieux, Laurent de Belgique, Paul
de Grèce, le prince Michel de Yougoslavie, la princesse
Maria Pia de Savoie, le prince de Bourbon Parme, Hermine de Clermont-Tonnerre
etc entourant les personnalités officielles de la République,
maire, préfète et sénateurs.
Silvia était dans une robe de satin brodé, avec
une immense cape retenue par dix petits enfants en costume du
temps des Médicis.
Et puis d'autres peoples sont présents comme Jerry Hall,
l'épouse de Mick Jaeger.
Dernières visites
. D'Edouard Balladur à Julia Migenes
Dans les années 1990, c'est Georges
Marchais qui fera une visite de la cathédrale en compagnie
du maire Jacques Rimbault, guidé par Thérèse
Legras, et il s'intéressera particulièrement aux
vitraux du XIII ième siècle.
Plus tard, vers 2004, certains touristes virent un visage lui
aussi connu, levant la tête dans la nef de la cathédrale,
il était venu à titre privé et voulait voir
le monument, accompagné d'un couple d'amis. Quelques semaines
plus tard il demandera au maire de Bourges Serge Lepeltier comment
nous étions passé du mot Berry à celui de
Bourges.
Enfin, Julia Migenès la célèbre
cantatrice viendra dans le cadre d'un Printemps de Bourges, dans
une froideur polaire, elle chanta de sa voix magnifique quelques
chants religieux avant d'entreprendre Carmen, de Bizet, sous
le regard étonné du clergé local.
Quelques temps plus tard, toujours dans la cadre du Printemps
de Bourges, Joan Baez fut pré programmée, à
la cathédrale, mais cette fois, le clergé refusa