Patrocle Joly - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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PATROCLE JOLY DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges a quelques personnages curieux ou attachants ou dangereux. Voici Patrocle Joly, il fut prêtre, franc-maçon et Révolutionnaire en 1789 à Bourges !

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Version 2015

Il y a deux Patrocle Joly, le père et le fils, et nous allons commencer par le père.

Il est né à Montmarault le 28 septembre 1752, son père étant notaire, et très vite, il va entrer dans les Ordres et devenir ecclésiastique. Il fit des études de droit et fut aussi agrégé de la Faculté des Arts de Bourges de 1784 à 1786.

Il fut Chapelain en titre des dames de Buxières, c'était rue Saint Sulpice ainsi que chanoine de Palluau, et titulaire d'une vicairerie à Saint-Pierre-le-Guillard.

Il était aussi aumonier des Bernardins de Buxières, qui passait à l'époque comme le couvent le plus mal règlé de la ville.

En plus, Patrocle Joly nous dit J. Jenny était avocat au baillage.

Et le plus curieux, c'est qu'il adhéra dès sa création en 1785, à une loge maçonnique appelée Sainte Solange. Il y était inscrit comme prêtre , agrégé de l'Université et il avait la fonction importante dans cette loge, de secrétaire adjoint.

Il n'était pas extraordinaire à cette époque d'être franc-maçon et prêtre.

C'est avec la Révolution que Patrocle Joly va avoir une existence peu commune.

Il est élu en février 1790 procureur-syndic de la ville de Bourges et il fit, dans ce cadre l'inventaire des biens de plusieurs couvents.

 

 

Il faut dire qu'il fut, dès le début de la Révolution, un homme très engagé, membre de la Société des Amis de la Constitution, une société populaire très révolutionnaire.

 

En novembre 1792, à Sancerre il est élu dans le nouveau conseil départemental, avec Torné comme Président, Lamerville, procureur et Joly se retrouve son suppléant, chargé des domaines nationaux.

On dit qu'il fut très assidu aux réunions de ce Conseil départemental.

L'évêque constitutionnel, Torné le nomme vicaire métropolitain, et fut un ardent défenseur du serment constitutionnel.

C'était dans les périodes difficiles, un "ultra", en 1793, il est dans le Comité militaire, puis, avec l'arrivée de Laplanche en Berry, Joly fut du Comité de surveillance de 5 membres, et il s'opposa au tribunal révolutionnaire ... qu'il jugeait trop modéré !

 

signature maçonnique à Bourges

Signature maçonnique de Patrocle Joly

Et puis, comme d'autres, dont l'évêque Torné, il quitta la prêtrise le 29 novembre 1793 ... il faut dire qu'il avait épousé le mois d'août précédent une ancienne religieuse cistercienne du couvent de Buxières, Jeanne-Juliette Jéry (ou Jéru) qui était née à Issoudun. Il avait été son chapelain !

Les deux anciens ecclésiastiques vont filer le grand amour, habitant en centre-ville rue du Guichet, dans l'enclos Marat (enclos Saint Etienne rebaptisé).

Il s'occupa de différentes fonctions d'administrateur du département et se livra à diverses opérations et autres transactions des biens immobiliers comme l'acquisition du domaine de la Garenne à Baugy.

Il devient Président du Comité révolutionnaire , après un nommé Papon, en frimaire 1794, mais il a eu des difficultés avec le second envoyé en mission, le citoyen Legendre.

Il s'entend parfaitement à Bourges et dans le département avec Fauvre, son frère en maçonnerie avec lequel il échage une correspondance intime.

Puis la réaction thermidorienne arriva, Joly fut en difficulté, il était dénoncé comme "terroriste" selon M. Jenny et fut destitué par Laurenceot à la suite d'une enquête sur ses biens. On dit qu'il s'était emparré des objets de Buxières pour les offrir à sa femme.

Il va se reconvertir comme avocat après le 18 Brumaire, et il eut deux enfants dont Patrocle-Luzerne né en 1794. Le prénom Luzerne vient simplement de l'indication du calendrier révolutionnaire du 1 er prairial.

Patrocle Joly sera bonapartiste, puis après les cent-jours, il est exilé en 1816 à Montauban, mais seulement quelques mois, et ... il revient à Bourges et habite à Baugy.

Il est toujours franc maçon avec la renaissance des loges, on le retrouve même dans Sainte Solange, sa loge mère où il est Orateur, c'était en 1806, il est marqué alors comme "homme de loi".

Il meurt à Bourges le 3 novembre 1816.

C'est Moyreau le pharmacien et Gambon le négocian (père de Ferdinant), tous deux francs-maçons qui vont faire la déclaration de décès. Et il sera enterré religieusement !

 

Quant à son fils, il continua à vivre rue du Guichet avec sa mère, l'ex-religieuse et se maria avec la fille du grand imprimeur Brulass, une petite fille, Aurélie naîtra de cette union.

Il fut nommé maire de Baugy en 1830, mais vendit la Garenne et il meurt en 1848, sa mère vivait toujours, et il eut droit à des obsèques religieuses.

Nous ne possédons aucun portrait de Patrocle Joly.

(CAHB N° 76)

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