Il y a deux Patrocle Joly, le père
et le fils, et nous allons commencer par le père.
Il est né à Montmarault le
28 septembre 1752, son père étant notaire, et très
vite, il va entrer dans les Ordres et devenir ecclésiastique.
Il fit des études de droit et fut aussi agrégé
de la Faculté des Arts de Bourges de 1784 à 1786.
Il fut Chapelain en titre des dames de
Buxières, c'était rue Saint Sulpice ainsi que chanoine
de Palluau, et titulaire d'une vicairerie à Saint-Pierre-le-Guillard.
Il était aussi aumonier des Bernardins
de Buxières, qui passait à l'époque comme
le couvent le plus mal règlé de la ville.
En plus, Patrocle Joly nous dit J. Jenny
était avocat au baillage.
Et le plus curieux,
c'est qu'il adhéra dès sa création en 1785,
à une loge maçonnique appelée Sainte Solange.
Il y était inscrit comme prêtre , agrégé
de l'Université et il avait la fonction importante dans
cette loge, de secrétaire adjoint.
Il n'était pas extraordinaire à
cette époque d'être franc-maçon et prêtre.
C'est avec la Révolution que Patrocle
Joly va avoir une existence peu commune.
Il est élu en février 1790
procureur-syndic de la ville de Bourges et il fit, dans ce cadre
l'inventaire des biens de plusieurs couvents.
Il faut dire qu'il fut, dès le début
de la Révolution, un homme très engagé,
membre de la Société des Amis de la Constitution,
une société populaire très révolutionnaire.
En novembre 1792, à Sancerre il
est élu dans le nouveau conseil départemental,
avec Torné comme Président, Lamerville, procureur
et Joly se retrouve son suppléant, chargé des domaines
nationaux.
On dit qu'il fut très assidu aux
réunions de ce Conseil départemental.
L'évêque constitutionnel,
Torné le nomme vicaire métropolitain, et fut un
ardent défenseur du serment constitutionnel.
C'était dans les périodes
difficiles, un "ultra", en 1793, il est dans le Comité
militaire, puis, avec l'arrivée de Laplanche en Berry,
Joly fut du Comité de surveillance de 5 membres, et il
s'opposa au tribunal révolutionnaire ... qu'il jugeait
trop modéré !
Signature maçonnique de
Patrocle Joly
Et puis, comme d'autres, dont l'évêque
Torné, il quitta la prêtrise le 29 novembre 1793
... il faut dire qu'il avait épousé le mois d'août
précédent une ancienne religieuse cistercienne
du couvent de Buxières, Jeanne-Juliette Jéry (ou
Jéru) qui était née à Issoudun. Il
avait été son chapelain !
Les deux anciens ecclésiastiques
vont filer le grand amour, habitant en centre-ville rue du Guichet,
dans l'enclos Marat (enclos Saint Etienne rebaptisé).
Il s'occupa de différentes fonctions
d'administrateur du département et se livra à diverses
opérations et autres transactions des biens immobiliers
comme l'acquisition du domaine de la Garenne à Baugy.
Il devient Président du Comité
révolutionnaire , après un nommé Papon,
en frimaire 1794, mais il a eu des difficultés avec le
second envoyé en mission, le citoyen Legendre.
Il s'entend parfaitement à Bourges
et dans le département avec Fauvre, son frère en
maçonnerie avec lequel il échage une correspondance
intime.
Puis la réaction thermidorienne
arriva, Joly fut en difficulté, il était dénoncé
comme "terroriste" selon M. Jenny et fut destitué
par Laurenceot à la suite d'une enquête sur ses
biens. On dit qu'il s'était emparré des objets
de Buxières pour les offrir à sa femme.
Il va se reconvertir comme avocat après
le 18 Brumaire, et il eut deux enfants dont Patrocle-Luzerne
né en 1794. Le prénom Luzerne vient simplement
de l'indication du calendrier révolutionnaire du 1 er
prairial.
Patrocle Joly sera bonapartiste, puis après
les cent-jours, il est exilé en 1816 à Montauban,
mais seulement quelques mois, et ... il revient à Bourges
et habite à Baugy.
Il est toujours franc maçon avec
la renaissance des loges, on le retrouve même dans Sainte
Solange, sa loge mère où il est Orateur, c'était
en 1806, il est marqué alors comme "homme de loi".
Il meurt à Bourges le 3 novembre
1816.
C'est Moyreau le pharmacien et Gambon le
négocian (père de Ferdinant), tous deux francs-maçons
qui vont faire la déclaration de décès.
Et il sera enterré religieusement !
Quant à son fils, il continua à
vivre rue du Guichet avec sa mère, l'ex-religieuse et
se maria avec la fille du grand imprimeur Brulass, une petite
fille, Aurélie naîtra de cette union.
Il fut nommé maire de Baugy en 1830,
mais vendit la Garenne et il meurt en 1848, sa mère vivait
toujours, et il eut droit à des obsèques religieuses.
Nous ne possédons aucun portrait
de Patrocle Joly.
(CAHB N° 76) |