Louis Mallet
devient maire de Bourges aux élections municipales de
1953, il restera en place jusqu'en 1959, soit un mandat de 6
ans, laissant alors cette fonction à
Raymond Boisdé.
Louis Mallet est né 7 avril 1885,
il était négociant en matériaux à
Dun-sur-Auron, et c'est en 1919 qu'il vint à Bourges où
il s'établit quai du bassin, puis route de Marmagne. Associé
à François, son père, et à sa soeur,
Mme Bourneau, il montre dans sa gérance "de grandes
qualités". Il fera la guerre de 14/18.
Il laissera son nom à des initiatives
importantes comme la construction d'Avaricum, celle de l'opération
des "Castors" ainsi que la
mise en oeuvre des jumelages
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SUR LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1953
Les élections municipales se déroulent
le 26 avril 1953, on compte 30 620 inscrits pour la ville de
Bourges et 6 listes sont en présence, avec des appellations
locales qu'il n'est pas simple de déchiffrer. Les résultats au soir de
ce dimanche de printemps ne permettent pas de connaître
l'équipe qui dirigera la municipalité à
venir. Il n'y a pas de majorité nette et les alliances
vont être nécessaires.
Les résultats de chacune des
listes sont les suivants :
- la liste S.F.I.O.(Union Socialiste et Républicaine pour
la rénovation de la Cité) obtient 3 élus,
dont Albert Buisson et le docteur Delamarre.
- la liste de l'Union Progressiste (Union Républicaine,
Laïque, Sociale) est formée de gens de gauche, certains
diront très à gauche. Elle envoie deux élus
à la mairie, dont Jacques Mitterrand, une des personnalités
les plus fortes et les plus discrètes de la IVe République,
au plan national.
- la liste du P.C.F. (Union Ouvrière et Démocratique
pour la Défense des Intérêts Communaux dans
la Paix et l'Indépendance Nationale), a le plus de conseillers
élus, puisqu'ils sont 10 avec en tête Marcel Cherrier,
Henri Perrier et Robert Chaton.
- la liste d'Union Berruyère n'est patronnée par
aucun grand parti, mais André Cothenet, maire sortant
et gaulliste, figure en tête de liste. Elle obtient 9 élus,
dont Germaine Lebrun et René Bobo. Sera aussi élu
Henri Thoulouze, un ancien qui figurait sur les listes de Laudier
en 1935.
En fait, comme me le rappelait Jean Cothenet
son fils, il ne semble pas qu'André Cothenet ait eu
des ambitions nationales, il aurait pu devenir député,
mais, homme de convictions, il préférait un mandat
très local au niveau de la ville.
- la liste d'Entente Professionnelle, Industrielle
et Commerciale, formée, comme son nom l'indique, d'un
certain nombre de responsables professionnels berruyers. Elle
n'aura que 2 élus, Marcel They et Maurice Girard. Il est
assez rare que ces listes qui s'apparentent souvent à
du Poujadisme fassent un score important.
- enfin, la liste d'Action Municipale pour la Défense
de Bourges, emmenée par Jacques Genton, obtiendra 7 élus
dont René Ménard et Louis Mallet arrivé
en quatrième position.
Les professions de foi des divers postulants
concernent, pour les communistes, "l'abrogation des lois
anti-laïques" ou la "fin de la guerre d'Indochine",
alors que sur un plan plus local, les tracts demandent "l'achèvement
de l'Hôtel-Dieu et de la Salle des fêtes", ou
encore "l'assainissement de l'Yèvrette".
De son côté, Jacques Genton veut "activer la
construction de logements", mais aussi "aider à
la formation intellectuelle, morale et physique de la jeunesse",
tout en "atténuant certaines misères".
A la comptabilisation des résultats, il est difficile
de se retrouver, car si la "gauche" peut totaliser
15 voix sur 33, il n'est pas aisé de savoir comment vont
se situer les voix des listes "d'intérêt communal".
LOUIS MALLET, ELU
MAIRE DE BOURGES
C'est Louis Mallet, en tant que doyen d'âge,
qui préside la séance de mise en place du maire
et de ses adjoints. Sont en lice pour le poste de premier magistrat,
Mrs Cherrier, Delamarre, Cothenet, They et Genton. Dès
le départ, l'Union Progressiste de Jacques Mitterrand
indique qu'elle votera pour le communiste Cherrier. Effectivement,
Cherrier a 12 voix, Cothenet les 9 de sa liste tout comme Genton
They et Delamarre qui sont soutenus par leurs amis respectifs.
Le second tour n'apportera rien de significatif. Mais après
ce vote, il y aura un intermède de plus de trois heures
! La foule est impatiente, c'est une atmosphère de kermesse,
et les gardiens de la paix doivent être appelés
pour calmer un public en effervescence.
Soudain, monsieur Cothenet entre. Le bruit court que l'entente
des modérés s'est enfin faite sur le nom du maire
sortant.....ce sera une fausse rumeur. Il est alors 1 heure trente
du matin.
Pour ce troisième tour, les tractations iront croissantes.
Les socialistes de la S.F.I.O. ne veulent pas donner leur voix
à un communiste, et les radicaux et autres modérés
ne veulent plus de Cothenet comme maire. M. Jacques Mitterrand
déplore, de sa voix forte de tribun, qu'il y ait encore
deux candidats de gauche en lice.
Le coup de théâtre survient alors avec cette déclaration
du maire sortant :
"le résultat
des élections du 26 avril qui m'a placé en tête
des 198 candidats conseillers municipaux m'autorisait à
présenter ma candidature. L'exclusive dont j'ai été
frappé par le parti radical et d'autres personnalités
m'oblige à la retirer, bien que je n'ai aucunement conscience
d'avoir démérité dans l'accomplissement
de ma tâche de Maire de Bourges pendant les 5 années
passées. J'invite donc mes colistiers à voter pour
M. Louis Mallet."
Le vote qui suivra sera sans surprise, monsieur Louis Mallet
aura 17 voix, c'est-à-dire celles de sa liste emmenée
par Genton, plus les voix des 2 autres listes de droite, à
une exception près, on peut penser que le bulletin blanc
est celui de Cothenet..... Et Louis Mallet devient Maire de Bourges.
Il fait aussitôt la déclaration suivante :
"Je suis le
premier surpris de cette élection que rien ne m'avait
fait prévoir. Je vous remercie de m'avoir accordé
ce témoignage de confiance. C'est une charge très
lourde qui m'échoit; j'essaierai, avec votre concours
à tous, sans distinction, de m'en montrer digne".
Il devient plus politique en revenant sur ces élections
et cette folle nuit :
"Je regrette
que les socialistes aient décliné l'offre de M.
Genton. Devant l'impossibilité de rallier la majorité
sur le maire sortant, les deux groupes m'ont désigné.
Mon premier souci sera l'urbanisme et le logement".
LOUIS MALLET AU TRAVAIL
En juillet 1953, le maire de Bourges,
Louis Mallet visite "sa" ville afin d'étudier
sur le terrain les nouveaux problèmes de circulation.
Il remarque que les automobiles encombrent les rues étroites
de la cité, et "qu'il faut multiplier les parkings".
Quelques projets sont élaborés : un parking dans
le jardin du Palais Jacques Coeur, un autre dans le jardinet
du Palais de Justice, et un troisième autour de l'église
Saint-Pierre le Guillard.
Certains crient au sacrilège, ils
craignent de voir disparaître la verdure et les fleurs
dont la ville, disent-ils, "a bien besoin". Le maire,
conscient de la difficulté de mettre tout le monde d'accord,
déclare qu'il "a l'intention de faire quelque chose
de bien".
Il veut que sa ville devienne "moderne et vivante",
et, à la veille de 1954, Louis Mallet annonce "un
programme de grands travaux indispensables, qui sera incessamment
présenté". Il a beaucoup à faire, car
la place Planchat qui vient de se refaire une beauté est
critiquée par 8 Berruyers sur 10, lesquels réclament
en coeur : "moins de fleurs et plus de commodités".
En ce qui concerne la circulation à
l'extérieur de la cité, le problème paraît
encore plus difficile à résoudre d'autant que le
maire n'a, dans ce domaine, pas beaucoup de pouvoir.
Comme l'idée de faire de Bourges le centre d'un vaste
réseau aérien avait été à
l'origine de l'implantation, puis du développement de
l'industrie aéronautique, il en fut de même pour
le réseau routier.
NAISSANCE D'AVARICUM
Le 25 mai 1955, c'est enfin la pose
de la première pierre de la cité nouvelle Avaricum,
avec la présence de Monsieur Edgar Faure.
Edgar Faure est le grand homme du moment, il était Président
du Conseil, et c'est vers 11 heures que son avion, un "SO
Bretagne", se pose à Avord. Il est accueilli par
le Préfet, Raymond Vivant, et le Président du Conseil
Général, M. Jacquet, ils sont accompagnés
du patron de la base, le commandant Bouyer.
En voiture, ils rejoignent le chef-lieu du Cher et, devant la
Cathédrale, le "tout-Bourges" attend le Président.
Après une présentation du drapeau du 13éme
RA, et une "Marseillaise" jouée par la musique
municipale de Bourges, Edgar Faure est reçu à l'Hôtel
de Ville par le maire Louis Mallet qui prononce des paroles d'accueil
:
" Pour la première
fois de son histoire, la Ville de Bourges a la fierté
de recevoir dans sa maison commune le chef du gouvernement de
la République".
Puis le maire évoque Avaricum, Charles
VII et d'autres "anciens célèbres". Il
termine par le classique cliché de :
"Bourges,
une bonne ville du royaume demeurée une bonne ville de
la République".
LE TEMPS DES JUMELAGES
Il y a donc une ouverture de Bourges vers
les techniques nouvelles et le besoin de se faire connaître.
C'est aussi la raison des jumelages à Bourges. Ils vont
commencer à la fin des années 1950. Le premier
sera déclenché par une lettre du maire de la ville
anglaise de Peterborough en date du 7 mars 1957. Dans ce courrier,
il est écrit qu'il s'agit "d'établir ce jumelage
sur la base d'échanges culturels plutôt qu'en vue
de réceptions officielles". En avril de la même
année, le Conseil Municipal de Bourges accepte à
l'unanimité cette idée de jumelage.
A l'origine de cette initiative, la Présidente
de l'Association France-Grande Bretagne, Madame Guérin,
anglaise d'origine, va beaucoup s'activer dans cette action.
Elle sera reçue en juin comme la véritable ambassadrice
de la Ville de Bourges. Le maire de Peterborough, Mr Smith, organisera
une grande fête en son honneur avec différentes
personnalités de la ville. Monsieur Smith est directeur
du "département peinture d'une grande entreprise"
Louis Mallet lors du jumelage avec Peterborough
Des précisions seront données aux Berruyers par
Louis Mallet sur cette ville d'outre-Manche : il s'agit d'une
cité d'environ 55000 habitants, située à
128 kilomètres au nord de Londres, non loin de Cambridge.
Elle a, comme Bourges, un long passé et possède
une très belle cathédrale du XIIe siècle.
C'est le centre d'une région agricole prospère,
c'est aussi une ville industrielle, avec une fabrique de moteurs
diesel occupant 6000 personnes.
Les deux villes sont donc assez comparables et cette idée
du jumelage va suivre son petit bonhomme de chemin, le conseiller
municipal, Monsieur Legrand, s'en occupant de manière
très soutenue, et c'est le 8 juillet 1957 que s'officialise
à Bourges, par un vote unanime du conseil municipal, le
jumelage.
Quelques mois plus tard, dans la salle du conseil municipal de
Bourges, le Maire Louis Mallet est entouré de l'ensemble
de ses collègues, il reçoit pour la première
fois, ses homologues anglais. A ses côtés, le
Maire de Peterborough, Léo Smith, est entouré de
sa nièce, Miss Rosemary Callaghan, "mairesse",
comme l'indique le compte rendu de la cérémonie,
la jeune femme est âgée de 23 ans, elle est ravissante.
Il y a aussi Peter Clarke, secrétaire général.
Et enfin, le Consul général de Grande-Bretagne
est venu pour la circonstance.
C'est le temps des discours, et celui de Louis Mallet est éloquent.
Après les remerciements d'usage, il parle de l'avenir
:
"Le jumelage
de nos deux grandes cités est un acte positif de confiance
dans nos relations à venir. Il est un contrat qui nous
associe dans notre volonté commune de promouvoir tous
les échanges culturels, économiques, sociaux et
touristiques que l'on peut en attendre".
Après 6 ans de sa fonction de maire,
Louis Mallet est âgé, il laisse la place, un peu
tristement à un homme qui est pleinb d'avenir, Raymond
Boisdé.
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