L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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LOUIS MALLET, MAIRE DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, un maire important de l'après guerre, Louis Mallet, qui est assez peu connu.

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Version 2009

 

Louis Mallet devient maire de Bourges aux élections municipales de 1953, il restera en place jusqu'en 1959, soit un mandat de 6 ans, laissant alors cette fonction à Raymond Boisdé.

 

Louis Mallet est né 7 avril 1885, il était négociant en matériaux à Dun-sur-Auron, et c'est en 1919 qu'il vint à Bourges où il s'établit quai du bassin, puis route de Marmagne. Associé à François, son père, et à sa soeur, Mme Bourneau, il montre dans sa gérance "de grandes qualités". Il fera la guerre de 14/18.

Il laissera son nom à des initiatives importantes comme la construction d'Avaricum, celle de l'opération des "Castors" ainsi que la mise en oeuvre des jumelages



RETOUR SUR LES ELECTIONS MUNICIPALES DE 1953

Les élections municipales se déroulent le 26 avril 1953, on compte 30 620 inscrits pour la ville de Bourges et 6 listes sont en présence, avec des appellations locales qu'il n'est pas simple de déchiffrer. Les résultats au soir de ce dimanche de printemps ne permettent pas de connaître l'équipe qui dirigera la municipalité à venir. Il n'y a pas de majorité nette et les alliances vont être nécessaires.

Les résultats de chacune des listes sont les suivants :
- la liste S.F.I.O.(Union Socialiste et Républicaine pour la rénovation de la Cité) obtient 3 élus, dont Albert Buisson et le docteur Delamarre.
- la liste de l'Union Progressiste (Union Républicaine, Laïque, Sociale) est formée de gens de gauche, certains diront très à gauche. Elle envoie deux élus à la mairie, dont Jacques Mitterrand, une des personnalités les plus fortes et les plus discrètes de la IVe République, au plan national.
- la liste du P.C.F. (Union Ouvrière et Démocratique pour la Défense des Intérêts Communaux dans la Paix et l'Indépendance Nationale), a le plus de conseillers élus, puisqu'ils sont 10 avec en tête Marcel Cherrier, Henri Perrier et Robert Chaton.
- la liste d'Union Berruyère n'est patronnée par aucun grand parti, mais André Cothenet, maire sortant et gaulliste, figure en tête de liste. Elle obtient 9 élus, dont Germaine Lebrun et René Bobo. Sera aussi élu Henri Thoulouze, un ancien qui figurait sur les listes de Laudier en 1935.

En fait, comme me le rappelait Jean Cothenet son fils, il ne semble pas qu'André Cothenet ait eu des ambitions nationales, il aurait pu devenir député, mais, homme de convictions, il préférait un mandat très local au niveau de la ville.

- la liste d'Entente Professionnelle, Industrielle et Commerciale, formée, comme son nom l'indique, d'un certain nombre de responsables professionnels berruyers. Elle n'aura que 2 élus, Marcel They et Maurice Girard. Il est assez rare que ces listes qui s'apparentent souvent à du Poujadisme fassent un score important.
- enfin, la liste d'Action Municipale pour la Défense de Bourges, emmenée par Jacques Genton, obtiendra 7 élus dont René Ménard et Louis Mallet arrivé en quatrième position.

Les professions de foi des divers postulants concernent, pour les communistes, "l'abrogation des lois anti-laïques" ou la "fin de la guerre d'Indochine", alors que sur un plan plus local, les tracts demandent "l'achèvement de l'Hôtel-Dieu et de la Salle des fêtes", ou encore "l'assainissement de l'Yèvrette".
De son côté, Jacques Genton veut "activer la construction de logements", mais aussi "aider à la formation intellectuelle, morale et physique de la jeunesse", tout en "atténuant certaines misères".
A la comptabilisation des résultats, il est difficile de se retrouver, car si la "gauche" peut totaliser 15 voix sur 33, il n'est pas aisé de savoir comment vont se situer les voix des listes "d'intérêt communal".


LOUIS MALLET, ELU MAIRE DE BOURGES

C'est Louis Mallet, en tant que doyen d'âge, qui préside la séance de mise en place du maire et de ses adjoints. Sont en lice pour le poste de premier magistrat, Mrs Cherrier, Delamarre, Cothenet, They et Genton. Dès le départ, l'Union Progressiste de Jacques Mitterrand indique qu'elle votera pour le communiste Cherrier. Effectivement, Cherrier a 12 voix, Cothenet les 9 de sa liste tout comme Genton They et Delamarre qui sont soutenus par leurs amis respectifs.
Le second tour n'apportera rien de significatif. Mais après ce vote, il y aura un intermède de plus de trois heures ! La foule est impatiente, c'est une atmosphère de kermesse, et les gardiens de la paix doivent être appelés pour calmer un public en effervescence.
Soudain, monsieur Cothenet entre. Le bruit court que l'entente des modérés s'est enfin faite sur le nom du maire sortant.....ce sera une fausse rumeur. Il est alors 1 heure trente du matin.
Pour ce troisième tour, les tractations iront croissantes. Les socialistes de la S.F.I.O. ne veulent pas donner leur voix à un communiste, et les radicaux et autres modérés ne veulent plus de Cothenet comme maire. M. Jacques Mitterrand déplore, de sa voix forte de tribun, qu'il y ait encore deux candidats de gauche en lice.
Le coup de théâtre survient alors avec cette déclaration du maire sortant :

"le résultat des élections du 26 avril qui m'a placé en tête des 198 candidats conseillers municipaux m'autorisait à présenter ma candidature. L'exclusive dont j'ai été frappé par le parti radical et d'autres personnalités m'oblige à la retirer, bien que je n'ai aucunement conscience d'avoir démérité dans l'accomplissement de ma tâche de Maire de Bourges pendant les 5 années passées. J'invite donc mes colistiers à voter pour M. Louis Mallet."


Le vote qui suivra sera sans surprise, monsieur Louis Mallet aura 17 voix, c'est-à-dire celles de sa liste emmenée par Genton, plus les voix des 2 autres listes de droite, à une exception près, on peut penser que le bulletin blanc est celui de Cothenet..... Et Louis Mallet devient Maire de Bourges. Il fait aussitôt la déclaration suivante :

"Je suis le premier surpris de cette élection que rien ne m'avait fait prévoir. Je vous remercie de m'avoir accordé ce témoignage de confiance. C'est une charge très lourde qui m'échoit; j'essaierai, avec votre concours à tous, sans distinction, de m'en montrer digne".

Il devient plus politique en revenant sur ces élections et cette folle nuit :

"Je regrette que les socialistes aient décliné l'offre de M. Genton. Devant l'impossibilité de rallier la majorité sur le maire sortant, les deux groupes m'ont désigné. Mon premier souci sera l'urbanisme et le logement".


LOUIS MALLET AU TRAVAIL

En juillet 1953, le maire de Bourges, Louis Mallet visite "sa" ville afin d'étudier sur le terrain les nouveaux problèmes de circulation. Il remarque que les automobiles encombrent les rues étroites de la cité, et "qu'il faut multiplier les parkings". Quelques projets sont élaborés : un parking dans le jardin du Palais Jacques Coeur, un autre dans le jardinet du Palais de Justice, et un troisième autour de l'église Saint-Pierre le Guillard.

Certains crient au sacrilège, ils craignent de voir disparaître la verdure et les fleurs dont la ville, disent-ils, "a bien besoin". Le maire, conscient de la difficulté de mettre tout le monde d'accord, déclare qu'il "a l'intention de faire quelque chose de bien".
Il veut que sa ville devienne "moderne et vivante", et, à la veille de 1954, Louis Mallet annonce "un programme de grands travaux indispensables, qui sera incessamment présenté". Il a beaucoup à faire, car la place Planchat qui vient de se refaire une beauté est critiquée par 8 Berruyers sur 10, lesquels réclament en coeur : "moins de fleurs et plus de commodités".

En ce qui concerne la circulation à l'extérieur de la cité, le problème paraît encore plus difficile à résoudre d'autant que le maire n'a, dans ce domaine, pas beaucoup de pouvoir.
Comme l'idée de faire de Bourges le centre d'un vaste réseau aérien avait été à l'origine de l'implantation, puis du développement de l'industrie aéronautique, il en fut de même pour le réseau routier.


NAISSANCE D'AVARICUM

Le 25 mai 1955, c'est enfin la pose de la première pierre de la cité nouvelle Avaricum, avec la présence de Monsieur Edgar Faure.
Edgar Faure est le grand homme du moment, il était Président du Conseil, et c'est vers 11 heures que son avion, un "SO Bretagne", se pose à Avord. Il est accueilli par le Préfet, Raymond Vivant, et le Président du Conseil Général, M. Jacquet, ils sont accompagnés du patron de la base, le commandant Bouyer.
En voiture, ils rejoignent le chef-lieu du Cher et, devant la Cathédrale, le "tout-Bourges" attend le Président. Après une présentation du drapeau du 13éme RA, et une "Marseillaise" jouée par la musique municipale de Bourges, Edgar Faure est reçu à l'Hôtel de Ville par le maire Louis Mallet qui prononce des paroles d'accueil :

" Pour la première fois de son histoire, la Ville de Bourges a la fierté de recevoir dans sa maison commune le chef du gouvernement de la République".

Puis le maire évoque Avaricum, Charles VII et d'autres "anciens célèbres". Il termine par le classique cliché de :

"Bourges, une bonne ville du royaume demeurée une bonne ville de la République".

LE TEMPS DES JUMELAGES

Il y a donc une ouverture de Bourges vers les techniques nouvelles et le besoin de se faire connaître. C'est aussi la raison des jumelages à Bourges. Ils vont commencer à la fin des années 1950. Le premier sera déclenché par une lettre du maire de la ville anglaise de Peterborough en date du 7 mars 1957. Dans ce courrier, il est écrit qu'il s'agit "d'établir ce jumelage sur la base d'échanges culturels plutôt qu'en vue de réceptions officielles". En avril de la même année, le Conseil Municipal de Bourges accepte à l'unanimité cette idée de jumelage.

A l'origine de cette initiative, la Présidente de l'Association France-Grande Bretagne, Madame Guérin, anglaise d'origine, va beaucoup s'activer dans cette action. Elle sera reçue en juin comme la véritable ambassadrice de la Ville de Bourges. Le maire de Peterborough, Mr Smith, organisera une grande fête en son honneur avec différentes personnalités de la ville. Monsieur Smith est directeur du "département peinture d'une grande entreprise"

 

Louis Mallet lors du jumelage avec Peterborough


Des précisions seront données aux Berruyers par Louis Mallet sur cette ville d'outre-Manche : il s'agit d'une cité d'environ 55000 habitants, située à 128 kilomètres au nord de Londres, non loin de Cambridge. Elle a, comme Bourges, un long passé et possède une très belle cathédrale du XIIe siècle. C'est le centre d'une région agricole prospère, c'est aussi une ville industrielle, avec une fabrique de moteurs diesel occupant 6000 personnes.
Les deux villes sont donc assez comparables et cette idée du jumelage va suivre son petit bonhomme de chemin, le conseiller municipal, Monsieur Legrand, s'en occupant de manière très soutenue, et c'est le 8 juillet 1957 que s'officialise à Bourges, par un vote unanime du conseil municipal, le jumelage.
Quelques mois plus tard, dans la salle du conseil municipal de Bourges, le Maire Louis Mallet est entouré de l'ensemble de ses collègues, il reçoit pour la première fois, ses homologues anglais. A ses côtés, le Maire de Peterborough, Léo Smith, est entouré de sa nièce, Miss Rosemary Callaghan, "mairesse", comme l'indique le compte rendu de la cérémonie, la jeune femme est âgée de 23 ans, elle est ravissante. Il y a aussi Peter Clarke, secrétaire général. Et enfin, le Consul général de Grande-Bretagne est venu pour la circonstance.
C'est le temps des discours, et celui de Louis Mallet est éloquent. Après les remerciements d'usage, il parle de l'avenir :

"Le jumelage de nos deux grandes cités est un acte positif de confiance dans nos relations à venir. Il est un contrat qui nous associe dans notre volonté commune de promouvoir tous les échanges culturels, économiques, sociaux et touristiques que l'on peut en attendre".


Après 6 ans de sa fonction de maire, Louis Mallet est âgé, il laisse la place, un peu tristement à un homme qui est pleinb d'avenir, Raymond Boisdé.

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