Après avoir mis
en place le Centre Associé du Conservatoire des Arts et
Métiers, le maire de Bourges Raymond Boisdé s'attaque
à une autre structure de l'enseignement supérieur.
Cette seconde étape
ne sera pas immédiate, il s'agissait d'implanter un Institut
Universitaire de Technologie (I.U.T.) à Bourges et ensuite
une Ecole d'Ingénieurs. Boisdé mettra dans ce combat
toute sa puissance et sa fougue, mais s'il réussira avec
l'IUT, ce sera l'échec pour l'Ecole d'Ingénieurs.
Pour Boisdé, Bourges, en 1964, paraît,
sur le plan de la répartition des Facultés, particulièrement
défavorisée, il dit même "déshéritée
et tenue à l'écart des équipements universitaires
nouveaux". Tout cela provient de la rivalité entre
Tours et Orléans, et de la constitution d'une région
du Centre groupant des départements sans lien ni homogénéité.
Il poursuivra son analyse en essayant de promouvoir une nouvelle
région qu'il appelle "Berry-Nivernais-Bourbonnais"
laquelle, compte tenu du nombre croissant d'étudiants,
serait parfaitement viable.
En juillet 1964, de fortes personnalités de Bourges, comme
Francis Gay, professeur de géographie, Jean Favière,
conservateur du Musée, et Jean-Yves Ribault, directeur
des Archives Départementales du Cher, proposent pour la
ville de Bourges la création d'un "Centre d'Etudes
Supérieures de la Civilisation Européenne",
il s'agissait dans l'esprit de ces éminents spécialistes
de "désengorger les établissements universitaires
parisiens". L'originalité du projet tenait aussi
à son financement qui serait assuré dans un premier
temps par la Ville et le Département. Le Maire va soutenir
le projet, alors que le Recteur Antoine, comme le rappelle Philippe
Goldman, est beaucoup plus réservé.
En fait, cet Institut ne verra jamais le jour, pas plus que le
projet d'un établissement de "technicien traducteur
commercial", étudié par M. Eyrignoux.
Pourtant, la municipalité avait
fait l'acquisition de l'ancien Couvent des Augustins, afin d'avoir
des locaux disponibles à l'enseignement si des portes
s'entrouvraient.
Le 1er juillet 1966, Raymond Boisdé
est de retour à Bourges, il vient de Paris, et il est
fâché. Il vient de rencontrer Christian Foucher,
ministre de l'Education Nationale, car la presse régionale
faisait état, en reprenant des propos de Monsieur le Recteur,
de la création d'un Institut Universitaire de Technologie
à Orléans. La décision fut prise, ajoute
le député-maire de Bourges car "le doyen de
la Faculté des Sciences d'Orléans, professeur de
chimie, désirait enseigner cette matière dans un
I.U.T., alors que la création avait été
promise à Bourges".
Les relations entre Bourges et Orléans sont des plus conflictuelles,
Boisdé rappelle sur un autre sujet que "leurs Floralies
découlent d'une idée prise à Bourges".
Boisdé aura un entretien houleux avec le ministre, car
cela fait trois ans que Bourges aurait dû avoir le premier
I.U.T du Centre de la France, "puisqu'il est convenu que
nous avons cette vocation à l'enseignement technique".
Le ministre de l'Education vexé, écrira à
Boisdé : "J'envisage toujours de créer
à Bourges, un Institut Universitaire de Technologie".
C'est ce qui se fera plusieurs années plus tard, Bourges
ayant une double vocation à la fois Technique et Artistique.
Boisdé va mettre tout
son poids dans l'obtention d'un enseignement supérieur,
et il montera en haut de la tribune de l'Assemblée Nationale
afin de défendre le dossier de Bourges, dans la discussion
sur la loi cadre relative à la recherche technique. Il
réclame des classes préparatoires, une école
d'Ingénieurs et un I.U.T. Il obtiendra finalement cet
I.U.T tant attendu, mais qui ne fera pas la une de la presse
locale lorsque le premier département ouvre ses portes
en novembre 1968.
C'est tout en haut de la page 6 du quotidien
"La Nouvelle République" que l'on trouve quelques
lignes sur une rentrée à Bourges, celle des étudiants
de l'IUT. La faible importance de l'événement,
traité dans ce journal entre l'amicale damiste et l'horaire
des cars, montre que les Berruyers ne sont pas toujours sensibles
aux grands mouvements de l'Histoire.
C'est le département de la Gestion
des entreprises et de l'administration qui est alors ouvert.
Ils sont une cinquantaine d'élèves,
entourant le directeur de ce nouvel établissement, Monsieur
Chamard, avec, à leurs côtés,
7 professeurs. Dans cette première promotion, il y a 15
Berruyers, et 3 élèves de Côte-d'Ivoire et
de Dakar. Ces derniers seront pensionnaires au lycée agricole,
situé tout proche de l'avenue De Lattre de Tassigny, ou
fut construit ce premier IUT qui avait alors une seule section
de génie mécanique.
Monsieur Chamard, malade, sera peu présent
à Bourges, et l'année suivante, il décédera.
Son remplaçant, Gérard Lassau, deviendra le nouveau
directeur, et marquera de son empreinte les premières
années de cet Etablissement d'enseignement supérieur.
En 1969, à la rentrée s'ouvre
un second département, celui du Génie mécanique,
et ce sont des arrivées importantes de professeurs, une
grande partie, dans les matières très "mécaniques"
étant des vacataires.
C'est cette même année que viendront enseigner,
en 1969, Jean-Pierre Saulnier
et moi-même, jeune ingénieur à Nord-Aviation.
Dans un article paru en 1972, alors que l'I.U.T. a "fait
son trou" dans le paysage berrichon, M. Lassau, qui possède
déjà deux départements, celui de "Génie
mécanique" et celui de "Gestion des entreprises",
travaille sur la mise en place d'un troisième, intitulé
: "Génie civil". Il argumente que dans la Région
Centre, les secteurs "bâtiments" et "travaux
publics" emploient 20% des salariés, ce qui est considérable.
Quant à une éventuelle école
d'Ingénieurs, Gérard Lassau se bat pour obtenir
une filière aéronautique de "transport et
propulsion", dépendant de l'Université d'Orléans,
et pour laquelle une liaison serait faite avec la S.N.I.A.S.,
dès la rentrée de 1973. Il faut, pour les responsables
locaux, "chercher des solutions de développement
universitaire de Bourges qui ne soient pas une concurrence pour
l'Université d'Orléans, mais une complémentarité".
En 1975, s'ouvre le département
du Génie civil, c'est à dire les matériaux
de construction des routes, ponts, maisons... etc
Si le domaine technique est une priorité,
les tenants de l'Université traditionnelle cherchent à
mettre en place d'autres filières. C'est ainsi que le
30 octobre 1961, le conseil municipal décide la création
de l'Ecole de Droit de la Ville de Bourges. Cette Ecole fonctionne
sous la direction de Me Jean Piot, avocat à la Cour d'Appel.
Depuis son ouverture, elle a chaque année entre 80 et
100 étudiants et ne demande qu'à se développer.
Ainsi, de toute part, le problème
de l'enseignement et de l'Université de Bourges reste
au premier plan des préoccupations de chacun. Boisdé,
plus que tout autre, est persuadé que sa Ville ne se développera
que dans la mesure où elle aura une Université.
En 1992 s'ouvre le Département des
Mesures physiques et 7 ans plus tard, un département "Qualité",
En 2005, à la rentrée,
ce sont 810 étudiants qui vont entrer dans l'établissement
de l'avenue De Lattre, une légère augmentation
comme le souligne le directeur, monsieur Jacques Guilly.
Deux "nouveautés" pour
cette rentrée :
c'est le WIFI qui
devrait être rapidement opérationnel. D'où
qu'ils soient, les étudiants pourront connecter leur ordinateur
portable sur Internet de n'importe quelle salle.
A cela s'ajoutent 350 ordinateurs en postes
fixes.
le second changement sera visible dans
quelques semaines, c'est le "relookage" de la façade
qui n'avait pas bougé depuis.....
mon époque où j'y enseignait.
L'IUT, dans les années 2008 / 2009
à Bourges comprend près de 1000 étudiants
(950) et l'enseignement est assuré par 70 enseignants,
et près de 200 vacataires, cette proportion n'ayant pas
beaucoup bougé depuis 1969 !
Et puis en février 2009, l'IUT fête
des 40 ans. Des portes ouvertes sont organisées.
2017 : un nouveau
laboratoire
C'est un nouveau laboratoire
de 400 M2 qui a été inauguré en juin 2017
dans la zone de l'IUT.
Ils ont pour nom Gremi
et Prisme,
Le premier étudie
les procédés plasma et laser, et le second le comportement
des métaux soulis à des chocs et autres explosions.
Le coût de l'implantation
et de la rénovation de l'existent a été
d'environ 1 million d'euros.
A la rentrée de
septembre 2017 , il y a 6 départements à Bourges,
ce sont les suivants :
DUT Carrières Sociales
option gestion urbaine (CS)
DUT Génie Civil - Construction Durable (GC - CD)
DUT Gestion des Entreprises et des Administrations (GEA)
DUT Génie Mécanique et Productique (GMP)
DUT Mesures Physiques (MP)
DUT Qualité Logistique Industrielle et Organisation (QLIO)
en savoir plus >>>cliquer
Les directeurs de
l'IUT :
- Lucien Chamard de 1968 (ouverture) à 1969.
(il quitte l'IUT pour cause de maladie, un amphithéâtre
portera son nom).
- Gérard Lassau
de 1970 à 1983
- Jean-Pierre Saulnier
de 1983 à 1991
- Pierre Marché
de 1992 à 1998
- Jacques Guilly de
1999 à 2007
- Gérard Poisson
prend ses fonctions au printemps 2007.
Toujours en
poste en 2017
A suivre