La grippe espagnole à Bourges
en 1918
Novembre 1918, la guerre pourrait se terminer
pourtant la population berruyère n'était
pas au bout de ses peines. Dans l'hiver 1918-1919, une terrible
maladie se déclara : on l'appela la grippe espagnole.
Déjà, elle sévissait dans plusieurs points
de France, dans des zones généralement surpeuplées.
Et c'était bien le cas de Bourges. La population avait
été de 100 000 âmes durant la guerre, et
ces derniers mois, 18 000 prisonniers ont été rassemblés
à Bourges, une conséquence de la signature de l'armistice.
Mais le mal va se répandre à cause du rationnement
du pain, nourriture de base, et de l'utilisation pour sa fabrication,
de farines peu panifiables, "dont l'ingestion provoquait
des troubles de l'appareil digestif, diminuant la force de résistance
et créant ainsi un terrain favorable à l'éclosion
de la maladie".
Après les manifestations de joie
du 11 novembre, succédait cette nouvelle épreuve
dans laquelle, là encore, peu de familles furent épargnées.
Il y aura en 1918 à Bourges, 2143 morts par la grippe
espagnole et 1418 l'année suivante.
L'hôpital auxiliaire ouvert dans le couvent des dames de
La Charité, route de Saint Michel, juste en face des Marais
de Bourges fut transformé en hôpital des épidémies.
C'était sur ce lieu au Moyen Age
que se situait, au-delà des remparts de la Ville , la
Maladrerie où l'on mettait les lépreux. il est
connu dès 1172 et se trouve en dehors de l'enceinte de
Philippe Auguste. Il s'agit à cette époque d'isoler
les lépreux du reste de la population, et donc loin de
l'Hôtel Dieu. Il possèdait essentiellement une chapelle
et un bâtiment pour les lépreux. Plusieurs siècle
plus tard, les autorités prenaient les mêmes décisions.
Ce fléau fera, dans l'ensemble des
pays où il passera, plus de vingt millions de morts, pour
la plupart âgés de 20 à 40 ans, surtout parmi
les troupes ayant survécu au conflit armé.
(certains donnent des chiffres de 50 millions
de morts)
La polémique enfle à Bourges
Nous sommes en guerre, et C'est l'arrivée de la grippe
espagnole Car on annonce partout une décroissance de ce
fléau, à Bourges c'est le contraire. Elle se développe.
La presse se déchaîne, insistant sur l'état
de malpropreté de la ville, les microbes se répandent
dans nos appartement et les pluies, transformé en boue
éclaboussent les passants qui rentrent chez eux, avec
des chaussures souillées porteuses de ces microbes, qui
se répandent ainsi dans les appartements dit un journaliste,
et il ajoute " avec la main-d'uvre étrangère,
Kabyle et autre, ne pourrait-on procéder plus souvent
au nettoyage des rues ? "
Autre mesure, l'isolement rigoureux des malades et la désinfection
des appartements, de la literie et de la lingerie et des vêtements
contaminés.
Il y avait naguère été dit que le Conseil
général avait acheté une étuve,
Où est-elle ? Questionnent les habitants de Bourges ?
Ou fonctionne-t-elle ?
Qu'on la mette en service ainsi que les études militaires.
Cette étuve est sans doute remisée quelque part,
inutilisée et inserviable.
Et puis comme souvent, il faut fermer les
frontières
Pour certains, c'est un manque de surveillance
à la frontière qui a permis à l'épidémie
de s'introduire en France. Notre négligence va-t-elle
lui faciliter de faucher encore des centaines et des centaines
de victimes ?
ci dessous : un extrait du journal du Cher, sur un débat
à l'Assemblée nationale du 25 octobre 1918.