C'est
un des plus beaux monuments de la ville de Bourges, la grange
aux dîmes (certains évoquent le Grange des Dîmes
?) est située en face du portail Nord de la Cathédrale
Saint Etienne.
Sa construction remonterait au XIII e siècle
au règne de Saint Louis (1226 - 1270), elle fut conçue
pour recevoir les redevances en nature perçues par le
Chapitre de la Cathédrale. Elle aura ce type d'usage jusqu'à
la Révolution.
Sur deux étages, elle recevait le
produit des dîmes ecclésiastiques mais aussi les
"loyers" des propriétés agricoles qui
étaient alors importantes en Champagne et en Sancerrois.
Les étages recevaient les céréales,
c'était un grenier, et le rez de chaussée à
demi-enterré recevait le vin, c'était un cellier.
Il faut noter dans ce cellier de magnifiques voûtes d'ogives.
En 1791, cette demeure est adjugée
comme "Bien national" à des particuliers, on
ne sait pas trop ce qu'elle devint, sinon que vers 1850, elle
est louée à la Mairie de Bourges qui en fait une
"caserne de passage" pour les cavaliers et autres fantassins.
On l'appela alors la Caserne Dulac du nom du propriétaire.
Le bâtiment va revenir à l'Eglise
grâce à un don du comte de la Guère, M Pantin
en 1867. Il devint alors une annexe de la Cathédrale pour
les réunion et le catéchisme.
Mais en 1992, elle cessa ce type d'activité,
car, pour des raisons de sécurité, la Mairie interdit
l'occupation du bâtiment.... lequel d'ailleurs lui appartenait
depuis 1911. (la ville ayant été nommé par
les lois de séparation des Eglises et de l'Etat, l'attributaire,
c'est à dire le propriétaire, l'affectataire, donc
l'utilisateur restant l'Eglise.
La restauration s'effectua en 2005 et une
convention a été signée entre le maire de
Bourges, Serge Lepeltier et Mg Barbier en 2005 pour clore l'aspect
juridique.
La Grange aux Dîmes peut être
utilisée par le clergé au 1 er étage entièrement
réhabilité par la Ville, avec des aléas
et des bureaux, alors que le rez de chaussée est toujours
interdit.
Le
maire Serge Lepeltier et le père Bodin signent la convention
en décembre 2005.
LA GRANGE DES DÎMES ET L'EGLISE
A la suite de la loi de Séparation
entre l'Eglise et l'Etat, la Grange des Dîmes, cette magnifique
bâtisse située en face du portail Nord de la Cathédrale
avait été dévolue à la ville de Bourges
: l'Archevêque avait dû se soumettre. Il avait été
convenu que l'archevêché paierait une redevance
pour "reprendre jouissance" de cet immeuble.
Un accord sera signé par Laudier et le chanoine Lamoureux
en date du 15 octobre 1921, dans cet accord, le chanoine reçoit
le premier étage pour faire le catéchisme, moyennant
un loyer, alors que le rez-de-chaussée, qui fut utilisé
pour le ravitaillement, reviendra en totalité à
la municipalité. Cela s'appelle une cohabitation... et
70 ans plus tard, on reparlera de la destination de la Grange
des Dîmes.
Le diocèse de Bourges avait "digéré"
la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat, la guerre
avait apaisée les passions. Comme toutes les institutions,
l'Eglise s'était rangée dans le camp de l'Union
Sacrée. Le nouvel évêque, Dubois, qui avait
succédé à Mgr Servonnet, visitait les blessés
dans les hôpitaux, organisait le comité qui travaillait
à la recherche des prisonniers ou disparus, et surtout,
il multipliait les prières dans les Eglises. Si 275 prêtres
furent mobilisés, la crise des vocations se poursuivait
et Bourges avec le conflit redécouvrait son clergé,
il arrêtait ses mesquineries contre la République
qu'il admettait enfin et jouissait alors de la sympathie de la
population.
Mgr Dubois quitte Bourges en 1916, il est
remplacé par Mgr Izart, un homme venant du Languedoc.
Ce nouvel évêque est un traditionnaliste, très
attaché à la gloire de l'Eglise. Il va beaucoup
s'intéresser à la canonisation de Jeanne de France,
puis à celle de Jeanne d'Arc. La théologie est
son point fort, et dans une cité ouvrière comme
Bourges, il y a comme un fossé entre l'évêque
et ses ouailles. Politiquement, Mgr Izart est situé très
à droite, dans la mouvance de l'Action Française.
Il est hostile à toute proposition dans le domaine social.
Comme l'écrit Guy Devailly, que l'on peut taxer d'auteur
catholique :
"Mgr Izart n'apprécie pas que son clergé se
lance dans l'action sociale. Il est bien vu d'un certain nombre
de notables traditionnels, mais avec l'âge, ces tendances
s'accentuent et contribuent à l'isoler, tant au milieu
de l'épiscopat français qu'à l'intérieur
de son diocèse; son administration se relâche et,
dans certains secteurs, il tolère des situations lamentables,
sinon scandaleuses".
Ces mots sont écrits par un fervent catholique, les réactions
des anti-cléricaux .... ne sont pas publiables !
A cette époque, les aspects religieux
ne font pas la "une" des journaux, d'autres préoccupations
sont, semble-t-il, plus essentielles, c'est le cas des logements.
Dans ce domaine des problèmes de construction et de logement
deux hommes ont pris à bras le corps le moyen de résoudre
le manque d'habitations. Le premier se nommait Loucheur, sa loi
est connue de bien des locataires, le second est Henri Sellier,
c'est un Berruyer.
Le diocèse de Bourges
par Devailly