Cela
fait désormais plus de 60 ans que se sont déroulés
les événements de la Guerre de 39/45 et de l'Occupation
de la France et de Bourges.
Il existait à la veille de l'Occupation
deux loges à Bourges, la première du Grand Orient
de France s'appelait "Travail et Fraternité"
, une loge très laïque et très implantée
dans Bourges. La seconde était très récente,
elle datait de 1937, c'était une loge du Droit Humain
appelée "Pax labore", avec un effectif assez
faible.
Dans le cadre d'études sur Bourges
il a semblé intéressant mais oh combien difficile
et délicat de travailler sur les francs-maçons
de Bourges durant le dernier conflit mondial.
Il y a donc nécessité de
faire oeuvre historique, sachant que le temps a passé,
et que les Archives départementales ont été
ouvertes ainsi que d'autres documents plus familiaux, plus d'un
demi-siècle étant passé.
Et puis, les francs-maçons, souvent
méconnus, après cette étude, en sortent
de cette période grandis. Certaines personnes qui ont
eu une importance non négligeable à Bourges et
dans le Cher, comme Jean Baptiste Magnon, connu comme le commandant
Magnon était bien un franc maçon.
Jean Baptiste Magnon :
C'est au hasard que j'ai retrouvé
la qualité maçonnique de cette personne, très
connu dans les milieu de la Résistance et dans un journal
local, des années 1950, dans le titre "Le commandant
J.B. Magnon n'est plus", il y a des demandes de l'Amicale
Rhin et Danube, une autre de l'Amicale des Anciens du 95°
et une autre plus surprenante :
"Les membres de la société
"Travail et Fraternité" sont invités
à assister aux obsèques de leur ami, le commandant
J.B.Magnon".
Ainsi la preuve était là
et elle était publique, encore fallait-il retrouver cet
avis de décès.
Jean Baptiste Magnon était directeur
de l'école de la rue Jean Baffier.
Il était né le 26 juin 1893,
il fit de bonnes études, à l'Ecole Normale et devint
instituteur à Maisonneuve. Il fit la Grande Guerre, et
poursuivit son métier d'instituteur dans le Cher (Vierzon,
Fussy ...) et la rue Jean Baffier.
Plus tard, il refait la guerre comme Capitaine
et quelques temps après la défaite, il rejoint
la Résistance avec les groupes Colomb et Murat. Il devient
alors le commandant "Jean Baptiste".
Il participe à la prise des Aix-d'Angillon
et à la Libération de Bourges.
Il était à la loge Travail
et Fraternité, comme de nombreux enseignants.
Jacques Bourlier
Entré à la loge de Bourges
en 1935, Grand Expert de 1938 jusqu'à la guerre.
Il sera un des éléments les plus actifs de la Résistance
dans le Cher, il va beaucoup oeuvrer pour confectionner des faux
papiers en subtilisant les cachets et tampons de la Préfecture.
La disparition de son secrétaire,
tué la veille de la Libération de Bourges (le 4
septembre 1944), le frère Jacques Bourlier, résistant
actif tué par les Allemands.
Louis Delamarre
Entré à la loge de Bourges
en 1938
Avec Louis Delamarre, c'est un autre aspect
de la Résistance qui se présente. Celui des services
de santé, indispensables pour toute unité combattante.
C'est réconfortant pour un combattant de savoir que s'il
est blessé, quelqu'un de compétent pourra s'occuper
de lui et l'aider à s'en sortir.
Dans l'Historique des maquis du Cher-Nord,
Xavier Moissinac écrit : " lorsque les maquis furent
installés dans la zone de Menetou-Allogny, le docteur
Louis Delamarre de Saint-Martin d'Auxigny se mit à notre
disposition. Il fut décidé d'établir un
hôpital clandestin du maquis. On choisit comme emplacement
le château de Parassy, isolé et à l'abri
des regards indiscrets ".
Sous la responsabilité du Docteur Malgras, chef du Service
médical de la Résistance, les Docteurs Louis et
Paul Delamarre s'employèrent à installer des salles
d'opération, des chambres, un groupe électrogène.
Louis Delamarre put ainsi apporter son assistance à tous
les résistants du secteur, ainsi qu'aux parachutistes
alliés.
Il fut Conseiller Général
du canton de Saint-Martin d'Auxigny.
Georges Rossignol
La Résistance accueille tous les
Berruyers qui veulent lutter contre les nazis et c'est ainsi
que dans la ville de Bourges elle-même, se constitue des
groupes de résistants, placés sous l'autorité
de Georges Rossignol, dont le pseudonyme est "capitaine
Robin".
Georges Rossignol est un Berruyer né en 1913, après
quelques études à l'école d'Auron, puis
à la "sup" il devient peintre-émailleur
puis se dirige vers le bâtiment. C'est en juin 1943 qu'il
entre dans la Résistance, au sein du groupe Vengeance.
Après avoir échappé à la Gestapo
et rencontré le colonel "Colomb", alors tout
nouveau chef départemental des F.F.I. du Cher, Rossignol
devient "l'oeil et l'oreille de la Résistance"
dans la ville de Bourges. Il prendra part aux transports des
armes, puis à la libération.
La guerre, terminée, il est membre
du Comité départemental de Libération et
il est parmi ceux qui luttent pour la création et le maintien
du journal Le Berry Républicain. En 1947 il va créer
la société "Berry Peinture" avec deux
associés, MMs Bernagout et Larchenault. Il meurt en avril
1991.
Jusqu'à la fin de sa vie il restera
dans sa loge Travail et Fraternité.
Pierre Jacquet
Instituteur à Dun-sur-Auron, Pierre Jacquet participe
aux combats de 1939-1940. Fait prisonnier le 19 juin 1940 à
Villeneuve-sur-Cher, incorporé à une colonne de
prisonniers se dirigeant à pied vers Sancerre, il accomplit
son premier geste de rébellion en s'évadant. Il
regagne alors Dun et retrouve son poste d'instituteur.
Formé par l'École Normale d'Instituteurs aux idées
de l'école républicaine et laïque, la propagande
pétainiste auprès des jeunes n'ébranle pas
ses convictions. Et lorsque Fernand Sochet, un autre instituteur,
évadé des camps de prisonniers de guerre, lui propose
de participer à la création de groupes de résistants
dans le cadre du Front National de lutte pour la libération
de la France,
il trouve en Pierre Jacquet un homme qui mettra sa compétence
au service de son pays. Pierre sera alors en liaison avec le
maquis FTP de Maupioux dans les bois de Meillant et quand les
Alliés débarquent en Normandie le 6 juin 1944,
il quitte sa classe et participe au siège de la Milice
à Saint-Amand-Montrond, ce qui lui vaut une citation à
l'ordre de la division et l'attribution de la Croix de guerre
avec étoile d'argent.
Repliés dans la Creuse, les FTP de Maupioux maintiennent
les contacts avec leur département d'origine et Pierre,
devenu capitaine, est envoyé en mission dans le Cher.
Le 15 août 44, il accompagne Maxime, commandant départemental
des FTP du Cher, à une réunion de l'État-major
départemental FFI constitué sous les ordres du
commandant Colomb. C'est au cours de cette réunion que
seront prises les décisions concernant la libération
de Bourges. Lorsque la Libération arrive, Pierre Jacquet
représente les Forces Unies de la Jeunesse patriotique
au Comité Départemental de Libération.
La paix retrouvée, il se préoccupe de l'aide à
apporter à ses anciens camarades résistants en
créant le Comité des uvres Sociales de la
Résistance. Son charisme le désigne pour être
président du Comité d'Union de la Résistance.
Soucieux de faire connaître cette époque difficile
aux générations plus jeunes, il témoigna
dans les établissements scolaires, participa à
la création du musée de la Résistance et
de la Déportation de Bourges et du Cher dont il présida
jusqu'au bout de ses forces l'association des Amis.
Pierre Jacquet fut journaliste, puis rédacteur en chef
et membre du Conseil d'Administration d'un journal issu de la
Résistance : Le Berry Républicain.
Il était titulaire de l'Ordre du Mérite National.
(extrait du discours de Maurice Renaudat lors de l'inauguration
en 2009 d ela rue Pierre Jacquet.).
Pierre Jacquet était membre de la
loge Travail et Fraternité et le resta jusqu'à
sa mort.
Alphonse Durand
On trouve la encore, comme pour la famille
Soubret, des francs-maçons de cette famille Durant, mais
avec un tel nom, les archives ne sont pas simples à déchiffrer.
Alphonse Durand était franc maçon
dès 1933 dans sa loge "Travail et Fraternité".
C'est à Alphonse Durand, un chef
d'atelier de la Pyrotechnie que l'on doit la neutralisation des
dispositifs de mise à feu de la fulminaterie. Alphonse
Durand raconte son épopée en termes simples : "Sous
une pluie battante, nous sommes entrés dans la pyrotechnie.....
je partis seul reconnaître le genre de destruction préparés
par les Allemands. Il nous fallut plus de deux heures pour le
rendre inoffensif". Les artificiers d'alors qui accompagnaient
A Durand, MM Blanchard et Bouillet, sans oublier M. Gaudry, ont
pris d'énormes risques. Ainsi, le lendemain, ils participèrent
au déminage des carrières de Dun en neutralisant
pas moins de 92 dispositifs de destruction. Plus tard, ils opérèrent
à la Kommandantur, dans laquelle, les Allemands avaient
laissé un sac piégé de 30 kilogrammes d'explosifs.
Marcel Haegelen
Ce fut là un véritable mystère,
non pas sur la qualité ou non de franc maçon, ni
de son travail dans la Résistance, mais nous ne savions
pas à quelle loge il appartenait.
Il apparaît comme franc maçon
à sa mort, avec deux éléments historiques,
le premier c'est la présence officielle lors de la dénomination
de l'avenue qui porte son nom, et une délégation
officielle de "Travail et Fraternité" était
présente, en plus dans le séjours qui ont suivi,
la loge de Bourges honorera "le décès d'un
frère"..
Après de nombreuses recherches,
qui ont duré plus d'un an, nous avons reçu de la
part des Archives et du musée du Grand Orient de France
à Paris des documents importants. Il ne s'agit pas d'un
tableau de loge, mais des fiches faites par le service des sociétés
secrètes du gouvernement de Vichy qui avait donc en charge
sous Pétain de répertorier et de mettre en fiche
tous les francs-maçons de France : Haegelen a la fiche
N° 71 411.
Les renseignements sont particulièrement
riches, et tout ce qui concerne son état civil, sa profession,
son adresse ...etc sont parfaitement exacts.
On apprend que Haegelen était franc-maçon,
il fut initié le 20 mars 1935 à Paris, et ce n'était
pas dans une loge du Grand Orient de France, comme cela aurait
pu être, mais à la Grande Loge de France, seconde
obédience française de cette époque.
La loge s'appelle " L'Alliance ",
avec le numéro 70, elle est à Paris, et sur les
activités et autre affiliations, le document nous apprend
qu'au mois de novembre 1936, c'est à dire six mois après
son initiation, il désirait suivre les travaux d'une loge
de Bourges. Or il s'averre qu'à cette époque de
l'avant-guerre, il n'y avait qu'une seule loge à Bourges
depuis 1903. Il s'agit de " Travail et Fraternité
" qui datait de 1903 et qui était du Grand Orient
de France, l'autre obédience française masculine.
Son beau père Emile Boury était
lui aussi franc-maçon, tout comme selon sa famille, son
beau frère, à "Travail et Fraternité".
Marcel Soubret
Le Vénérable de la Loge est
alors Marcel Soubret, il est issu d'une famille de francs-maçons,
puisque son père François était aussi dans
l'Ordre. Marcel Soubret occupera ce poste pendant 15 ans. Les
réunions se tiennent chaque mois, et par exemple, pour
l'année 1934, il y a eu 11 réunions.
La dernière "tenue" de
Travail et Fraternité se tient le 14 juillet 1940, à
9 h 40, il y a peu de "frères" entourant le
Vénérable Marcel Soubret.
Pendant toute la guerre, il va se réunir
avec quelques francs-maçons, tous les dimanches matin,
ils seront parfois deux, parfois beaucoup plus afin de perpétuer
cet esprit maçonnique de liberté et de fraternité.
La loge Travail et Fraternité va
reprendre ses travaux après la guerre, la première
réunion se déroule le 10 décembre 1944,
à Maison des Syndicats rue Michel de Bourges, en attendant
la restitution du temple.
A la première réunion, sont présents autour
du président Marcel Soubret, grande figure de l'humanisme
local, lequel participe par ailleurs au Comité Départemental
de Libération au titre des mouvements philosophiques.
Un peu moins de 30 frères retrouvent le chemin de la loge.
Léo Mérigot
Le maire communiste de Vierzon de 1959
à 1977 fut un Résistant, et il était membre
de la loge du Droit Humain, Pax Labore de Bourges car dans ces
époque lointaine, il n'y avait pas de loge maçonnique
à Vierzon. Il est de ceux qui vont contribuer à
la création de cette loge.
En savoir plus sur la Franc-Maçonnerie
à Bourges >>>cliquer
ici
Des questions sur l'appartenance
d'hommes comme
Un Roger Billiard, fera lui aussi de la
Résistance, en particulier dans l'approvisionnement des
faux papiers, du côté de Villabon. Il figure sur
les registres de la loge de Bourges.
Un Debournoux (Pierre ?) figure aussi sur
les registres de la loge de Bourges et il était effectivement
de Vierzon, il était entré dans la Résistance.
Pierre Ferdonnet ou Fredonnet ?
Le docteur Bonneau ?
Fleury ?
car il y a des homonymies et les archives
de la franc-maçonnerie sont pas ou peu accessibles.
à suivre et à valider
Merci de votre aide