Avaricum retrouvée? - Bourges encyclopédie - Roland Narboux

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AVARICUM RETROUVEE ? BOURGES
Par Roland NARBOUX
La cité d'Avarich, celle des celtes est-elle enfin retrouvée ? C'est le travail de Jean Marie Marion qui est présenté ici en novembre 2010. Il mérite une attention particulière, c'est le résultat actuel le plus pertinent.
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Version 2010

 

Depuis une douzaine d'années, des chercheurs bénévoles, en dehors de toute structure officielle recherchent où se situe Avarich, la ville celte (ou gauloise) détruite par César.

Il y eut le professeur Berthier qui est aujourd'hui décédé, et Jacques Berger, le premier, à partir de la notion de "portrait robot" et des écrits de César placé le site du côté de Bourges / Saint Germain du Puits.

Munis de cartes, de photographies et surtout des écrits de César, Jacques Berger vint à Bourges à plusieurs reprises, et avec quelques amis dont François Sallé de Choux, il étudia avec beaucoup de persévérance le lieu où devait se situer cette ville gauloise, une des plus belle de toute la Gaule.

Et puis, ayant, par des conférences et la mise sur le site internet d'informations, je participais à ce mouvement sur la recherche d'Avarich (Avaricum).

Il y a une petite dizaine d'années, c'est Jean Marie Marion qui se remet au travail et la retraite arrivée, se lance dans cette recherche avec beaucoup de détermination.

les résultats, sans être totalement probants, apportent des éléments particulièrement intéressants. la probabilité pour avoir retrouvé Avarich est forte, sans être décisive. Il faudra encore quelques recherches complémentaires ou une certaine chance.

Voici les éléments mis en avant par Jean Marie Marion, il y a lieu de voir que l'avancée est intéressante, et semble être aujourd'hui, la plus pertinente.


Préambule : la bataille d'Avaricum selon César

César devient proconsul et s'engage à faire des conquêtes à l'ouest. A partir des bases gallo-romaines, il tente l'aventure et c'est le récit de cette guerre " Bellum Gallicum " qui représente la plus ancienne trace écrite sur ce que nous étions en France à cette époque. Pendant 8 ans, César et ses troupes vont parcourir la Gaule et noter pas à pas dans un livre tout ce qui concerne les batailles, mais aussi la géographie, la sociologie et la technique.
Bourges a pour nom Avaricum capital des Bituriges.

La marche de César vers Avaricum : On peut établir l'itinéraire de César à cette époque , à partir de Sens (Agedincum) où César quitte la cité avec 8 légions.

    - Sens
    - Triguères (Vellonodunum) avec le siège' et la prise de la ville.
    - Orléans (Cenabum) et à nouveau siège et prise de la ville
    - La Ferté St Aubin par la tranchée voie antique.
    - Chaumont sur Tharonne , avec une voie antique située derrière le Center Parc actuel.
    - La Ferté Beauharnais par la voie antique jusqu'à Neung.
    - Neung sur Beuvron il fait le siège et la prise de la ville, et il rencontre une partie de la cavalerie de Vercingétorix, laquelle est battue.
    - Salbris
    - Nançay
    - Neuvy sur Barangeon
    - Allogny
    - Saint Martin d'Auxignu
    - Fussy
    - La Gravette
    - La Guesnoisterie quie st un lieu où César a du camper quelques jours en attendant la construction du camp. Ce lieu se situe à 1 Km d'Avaricum et à 2 Km de son futur camp.
    - Les Jacquelins.

Lorsque César est devant la ville d'Avaricum, il en parle d'une façon admirative : " Une ville qui est, ou peu s'en faut la plus belle de toute la Gaule, qui est la force et l'ornement de leur pays ". Elle était en outre dans une région très prospère. S'il s'emparait de la place, il soumettrait l'ensemble du pays biturige et sans doute la Gaule toute entière.

" Vercingétorix est le fils de Celtillos, un Arverne parmi les plus puissants du pays dont le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté " nous dit César.
Le chef gaulois est chassé de Gergovie par son oncle, mais il ne renonce pas et rassemble autour de lui de grandes forces pour la liberté, bientôt ses partisans le proclament roi.

Devant Avaricum, Vercingétorix convoque un conseil de guerre, il faut couper les vivres de romains, et le chef gaulois va plus loin, il faut aussi incendier les villages et fermes partout où les romains peuvent trouver du fourrage. Et puis il fait aussi incendier les villes que leurs murailles et leur position ne mettent pas à l'abri de tout danger. C'est la politique de la terre brûlée et en une journée, plus de 20 villes bituriges sont incendiées. " C'était une grande douleur " nous dit César.....

Que faire pour Avaricum dans cette situation dramatique ? Un conseil de guerre se réunit, on délibère sur le thème : faut-il brûler ou défendre la ville ? " Les Bituriges se jettent aux pieds des chefs des divers nations " pour que la ville soit épargnée, d'autant plus qu'elle est facile à défendre. Vercingétorix se laisse fléchir, ému dit-on par les suppliques des habitants.
Avaricum sera défendu. Le siège va durer 27 jours.
A la fin, il y aura un véritable massacre, les légions romaines compteront les rescapés, seuls 800 combattants restent en vie sur les 40 000.

Tels sont les éléments connus semble-t-il à ce jour, mais depuis ces dernières années, le travail de Jean Marie Marion a apporté des éléments nouveaux qui sont détaillés dans les paragraphes suivants, il ne s'agit pas de "la vérité", mais d'une contribution à l'étude d'Avaricum,qui apparaît comme la plus aboutie.


La localisation d'Avarich

La localisation d'Avarich, c'est toute la zone industrielle actuelle située à la fois sur la commune de Bourges à partir de La Fourchette jusqu'à Saint Germain du Puy.

Le rempart suit en particulier la voie ferrée Bourges - Saincaize et sur la partie dite d'Esprit II, se trouvait l'emporium en bordure de l'Yèvre qui pouvait être navigable.

Il s'agit d'une petite ville de commerçants, avec 3 zones de marais :

- Le Langis au nord

- L'Yèvre au sud

- Le Colin au Nord Est.

Et le petit couloir dont parle César, ce sont les (ou Le) Jacquelins.

 

 

Le murus Gallicus

C'est ce mur gaulois qui est fait de troncs en bois et de pierres. Et M. Marion a retrouvé des pierres cyclopéennes, qui font 60 centimètres de long sur 30, et il en a été retrouvé au Moulin Rabot et dans la ferme du Pont Réau ainsi qu'aux Jacquelins.

C'est une pierre taillée 2 faces.

Pour l'instant, il n'a pas été retrouvé de poutres en bois.

Il semblerait qu'il y avait une première fortification de type "Fécamp", le rempart étant construit avant le talus, quant à la terre qui devait être importante, elle aurait été utilisée pour faire la route des Aix qui était dans une zone que l'on dit inondable.

La construction et l'appareillage sont typique des oppida bituriges comme à Chateaumeillant, Hérisson, Moulin/Yèvre, Argentomagus, Levroux ou encore Luant et neumg sur Beuvron.

Le murus gallicus aurait été construit en premier et le talus massif ne serait que la phase finale du système défensif .

ces remparts ont été définis à partir de plusieurs caractéristiques :

- un rempart sous forme d'un talus massif d'une hauteur de 6 à 9 mètres et d'une largeur de 15 à 20 mètres.
- la présence d'un fossé qui est souvent négligée.
- Un sous sol argileux le plus souvent.
- La présence d'un accès facile à une source ou à une rivière.

Aussi, le site des terres de Jacquelin sur Saint Germain du Puy remplit de telles hypothèses.

Les photos aériennes :

On remarque sur ces photos aériennes, des brûlis, et aussi la conduite d'eau récente, ainsi que poterne est sur le chemin de Nérigny. La route des Aix coupait la voie antique.

 

 

La ville de Bourges actuelle :

Pour M. Marion, la ville actuelle ne peut pas avoir été Avarich, car elle est beaucoup trop petite et ne correspond pas à la description typologique de César.

La concentration de 30 000 âmes sur 26 hectares était impossible et même avec une extension à 46 hectares, cela fait entre 9 et 15 M2.

Elle devait se situer à la jonction Yèvre - Auron, c'était un petit village de commerçants, relativement florissant.

Autour d'Avarich, mais pas à proximité immédiate, il y avait des mines de fer. Cette zone est calcaire et il faut aller du côté de Saint Florent actuel ou vers la vallée de l'Aubois pour trouver des minerais de fer.

 

Le camp de César :

Le camp romain que l'on a situé parfois vers la clinique Marie Immaculée, et parfois à Chou serait pour Jean Marie Marion au Champ des Vignes vers la zone dite du grand Orme.

Il serait situé à une distance de 1 à 1,1 kilomètres d'Avarich, ce qui permettait à la cavalerie romaine de se déployer, à Bourges on ne serait qu'à 700 mètres.

Ce camp serait donc entre le Langis et le Colin, juste en face des Jacquelins. Il est en bordure du Colin sur un côté et sur l'autre, c'est la voie dite antique qui était déjà une voie gaulois. Il comportait 4 portes.

Sur la superficie, elle est évaluée à 123 hectares et il peut donc y avoir 35 000 à 40 000 hommes.

Les romains apportaient avec eux les machines de guerre, par contre, les tours d'attaque étaient fabriquées sur place.

Rappel :

Une légion romaine, c'est 5000 hommes (à ce moment de la campagne de César, il y en avait sans doute moins).

Comme il y avait 8 légions, cela fait environ 40 000 hommes et comme les valets, cuisiniers et autres familles étaient comptés, l'estimation serait de 35 000 combattants du côté romain.

Dans la bataille dite d'Avaricum, elle a commencé le 13 mars de l'an 52 av JC et c'est vers le 15 ou 16 avril que César a quitté la ville détruite pour aller chez les Eduens.

Les habitants d'Avarich

La ville d'origine comprend entre 22 000 et 25 000 habitants, et il faut ajouter environ 5000 réfugiés venus des petits villages objets de la "terre brûlée" et qui sont venus se réfugier dans la cité fortifiée.

Il faut ajouter enfin les 10 000 soldats de Vercingétorix qui sont venus secourir la cité, sachant que le chef gaulois en a gardé 30 000 pour combattre directement César.

Lorsque la ville est détruite, quelques gaulois réussirent à fuir, et ils prirent la route actuelle de Fenestrelay vers Belltin (qui signifie guerrier belliqueux).

 

Le camp de Vercingétorix

Dans le calcul des distances, il faut toujours partir, dans les écrits de César du point de Groma, lequel était au milieu du camp de César, et Vercingétorix a placé son camp à 16 000 pas, et un pas romain, c'est 0,741 mètre, cela fait 11,8 kilomètres.

Vercingétorix vient de Gorgevina, il s'est arrêté dans la région de La Ferté Saint Aubin actuelle, puis lorsque César prend Novodunum,

Puis s'en va sur Avaricum, le chef gaulois suit à petit pas

il passe à Vouzy et s'installe pour son premier camp à Beltin (162 m d'altitude). C'est un lieu situé vers le Givaudin actuel. Beltin signifie guerrier ou combattant.

Par contre, de ce lieu on ne peut pas voir la bataille.

Le second camp de Vercingérorix

Lorsque César veut descendre dans la région d'Avord actuelle, pour trouver du fourrage, Vercingétorix s'installe au Palus afin de couper la route des romains.

Et Vercingétorix fera fortifier ce camp à la fin de la bataille pour se protéger et finalement César est parti sans détruire ce camp. Les femmes et enfants étaient restés dans le premier camp de Beltin.

Le palus vient du mot celte Pal, qui signifie pieu épointé et du latin Palum qui veut dire camp gaulois construit en bois.

Conclusion

La localisation d'Avarich et des camps de César et de Vercingétorix semble se préciser. Il faut abandonner l'avarich à l'emplacement du centre-ville actuel, tout comme le camp de César vers la rue actuelle Jean Baffier.

La typologie de la zone située à l'emplacement de la zone industrielle de Bourges / Saint Germain du Puy correspond et tout point aux descriptions de César.

La présence de traces dans les champs tout comme les pierres cyclopéennes sont des éléments importants. Mais il reste encore à retrouver quelques éléments du murus gallicus pour apporter la preuve indiscutable.

Aujourd'hui, cette localisation est la plus probable.

Pierre cyclopéenne

 

 

Quelques compléments :

5.4. Question de typologie : massif ou type Fécamp ?
84Cette question est en réalité un faux problème dont l’origine a plutôt une cause historiographique qu’une raison typologique. C’est M. Wheeler qui définit le type Fécamp (Wheeler, Richardson 1957 : 10 et 11) à partir d’un certain nombre de critères relevés sur les oppida normands et picards, critères qu’il n’a pas trouvés au sud et à l’ouest de la vallée de la Seine, ou alors sur très peu de sites. Ces critères sont communs à 16 sites de la série de 1957 et sont : le choix de promontoires stratégiques, un grand rempart de 6 à 10 m de hauteur et un large fossé à fond plat qui a la forme d’un canal. M. Wheeler crée ainsi un groupe géographique correspondant à une partie de la Gaule Belgique, au nord-ouest de la vallée de la Seine. Par la suite, les auteurs anglais et français ont utilisé le terme de « type belge » pour nommer ces remparts, comme synonyme du type Fécamp. D’après I. Ralston, jusque dans les années 1970, on ne trouve aucune mention de l’existence de ce type de rempart au sud de la Gaule Belgique (Ralston 1992 : 113). Puis les travaux d’O. Buchsenschutz et de I. Ralston sur le Berry, publiés en 1975, montrent l’existence d’une série de remparts de même type dans le centre de la France. Les auteurs parlent alors de rempart massif ou de type Fécamp, cette dernière dénomination étant pour eux réservée aux ouvrages précédés d’un grand fossé à fond plat (Ralston et Buchsenschutz 1975b). À partir de cette époque, la série Fécamp n’est plus limitée à la Gaule Belgique.

85Ces questions de terminologie et l’acceptation de l’ambiguïté des termes depuis plusieurs décennies masquent le problème de la fonction de ces ouvrages mais aussi de leur chronologie. Wheeler attribuait les remparts de type Fécamp à la guerre des Gaules mais il a été démontré depuis ses travaux que certains d’entre eux étaient antérieurs (Avery 1967, cité par Ralston et Buchsenschutz 1975b : 15). D’autres sont manifestement postérieurs puisque la technique est utilisée jusqu’au Moyen Âge, voire jusqu’à l’époque moderne.

http://racf.revues.org/index632.html

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