Depuis une douzaine d'années, des
chercheurs bénévoles, en dehors de toute structure
officielle recherchent où se situe Avarich, la ville celte
(ou gauloise) détruite par César.
Il y eut le professeur Berthier qui est
aujourd'hui décédé, et Jacques Berger, le
premier, à partir de la notion de "portrait robot"
et des écrits de César placé le site du
côté de Bourges / Saint Germain du Puits.
Munis de cartes, de photographies et surtout
des écrits de César, Jacques Berger vint à
Bourges à plusieurs reprises, et avec quelques amis
dont François Sallé de Choux, il étudia
avec beaucoup de persévérance le lieu où
devait se situer cette ville gauloise, une des plus belle de
toute la Gaule.
Et puis, ayant, par des conférences
et la mise sur le site internet d'informations, je participais
à ce mouvement sur la recherche d'Avarich (Avaricum).
Il y a une petite dizaine d'années,
c'est Jean Marie Marion qui se remet au travail et la
retraite arrivée, se lance dans cette recherche avec beaucoup
de détermination.
les résultats, sans être totalement
probants, apportent des éléments particulièrement
intéressants. la probabilité pour avoir retrouvé
Avarich est forte, sans être décisive. Il faudra
encore quelques recherches complémentaires ou une certaine
chance.
Voici les éléments mis en
avant par Jean Marie Marion, il y a lieu de voir que l'avancée
est intéressante, et semble être aujourd'hui, la
plus pertinente.
Préambule : la bataille d'Avaricum
selon César
César devient proconsul et s'engage
à faire des conquêtes à l'ouest. A partir
des bases gallo-romaines, il tente l'aventure et c'est le récit
de cette guerre " Bellum Gallicum " qui
représente la plus ancienne trace écrite sur ce
que nous étions en France à cette époque.
Pendant 8 ans, César et ses troupes vont parcourir la
Gaule et noter pas à pas dans un livre tout ce qui concerne
les batailles, mais aussi la géographie, la sociologie
et la technique.
Bourges a pour nom Avaricum capital des Bituriges.
La marche de César vers Avaricum
: On peut établir l'itinéraire
de César à cette époque , à partir
de Sens (Agedincum) où César quitte la cité
avec 8 légions.
- - Sens
- - Triguères (Vellonodunum) avec
le siège' et la prise de la ville.
- - Orléans (Cenabum) et à
nouveau siège et prise de la ville
- - La Ferté St Aubin par la tranchée
voie antique.
- - Chaumont sur Tharonne , avec une voie
antique située derrière le Center Parc actuel.
- - La Ferté Beauharnais par la voie
antique jusqu'à Neung.
- - Neung sur Beuvron il fait le siège
et la prise de la ville, et il rencontre une partie de la cavalerie
de Vercingétorix, laquelle est battue.
- - Salbris
- - Nançay
- - Neuvy sur Barangeon
- - Allogny
- - Saint Martin d'Auxignu
- - Fussy
- - La Gravette
- - La Guesnoisterie quie st un lieu où
César a du camper quelques jours en attendant la construction
du camp. Ce lieu se situe à 1 Km d'Avaricum et à
2 Km de son futur camp.
- - Les Jacquelins.
Lorsque César est devant la ville
d'Avaricum, il en parle d'une façon admirative : "
Une ville qui est, ou peu s'en faut la plus belle de toute la
Gaule, qui est la force et l'ornement de leur pays ". Elle
était en outre dans une région très prospère.
S'il s'emparait de la place, il soumettrait l'ensemble du pays
biturige et sans doute la Gaule toute entière.
" Vercingétorix est le fils
de Celtillos, un Arverne parmi les plus puissants du pays dont
le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été
tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à
la royauté " nous dit
César.
Le chef gaulois est chassé de Gergovie par son oncle,
mais il ne renonce pas et rassemble autour de lui de grandes
forces pour la liberté, bientôt ses partisans le
proclament roi.
Devant Avaricum, Vercingétorix convoque
un conseil de guerre, il faut couper les vivres de romains, et
le chef gaulois va plus loin, il faut aussi incendier les villages
et fermes partout où les romains peuvent trouver du fourrage.
Et puis il fait aussi incendier les villes que leurs murailles
et leur position ne mettent pas à l'abri de tout danger.
C'est la politique de la terre brûlée et en une
journée, plus de 20 villes bituriges sont incendiées.
" C'était une grande douleur "
nous dit César.....
Que faire pour Avaricum dans cette situation
dramatique ? Un conseil de guerre se réunit, on délibère
sur le thème : faut-il brûler ou défendre
la ville ? " Les Bituriges se jettent aux pieds des chefs
des divers nations " pour que la ville soit épargnée,
d'autant plus qu'elle est facile à défendre. Vercingétorix
se laisse fléchir, ému dit-on par les suppliques
des habitants.
Avaricum sera défendu. Le siège va durer 27 jours.
A la fin, il y aura un véritable massacre, les légions
romaines compteront les rescapés, seuls 800 combattants
restent en vie sur les 40 000.
Tels sont les éléments connus
semble-t-il à ce jour, mais depuis ces dernières
années, le travail de Jean Marie Marion a apporté
des éléments nouveaux qui sont détaillés
dans les paragraphes suivants, il ne s'agit pas de "la vérité",
mais d'une contribution à l'étude d'Avaricum,qui
apparaît comme la plus aboutie.
La localisation d'Avarich
La localisation d'Avarich, c'est toute
la zone industrielle actuelle située à la fois
sur la commune de Bourges à partir de La Fourchette jusqu'à
Saint Germain du Puy.
Le rempart suit en particulier la voie
ferrée Bourges - Saincaize et sur la partie dite d'Esprit
II, se trouvait l'emporium en bordure de l'Yèvre qui pouvait
être navigable.
Il s'agit d'une petite ville de commerçants,
avec 3 zones de marais :
- Le Langis au nord
- L'Yèvre au sud
- Le Colin au Nord Est.
Et le petit couloir dont parle César,
ce sont les (ou Le) Jacquelins.
Le murus Gallicus
C'est ce mur gaulois qui est fait de troncs
en bois et de pierres. Et M. Marion a retrouvé des pierres
cyclopéennes, qui font 60 centimètres de long sur
30, et il en a été retrouvé au Moulin Rabot
et dans la ferme du Pont Réau ainsi qu'aux Jacquelins.
C'est une pierre taillée 2 faces.
Pour l'instant, il n'a pas été
retrouvé de poutres en bois.
Il semblerait qu'il y avait une première
fortification de type "Fécamp", le rempart étant
construit avant le talus, quant à la terre qui devait
être importante, elle aurait été utilisée
pour faire la route des Aix qui était dans une zone que
l'on dit inondable.
La construction et l'appareillage sont
typique des oppida bituriges comme à Chateaumeillant,
Hérisson, Moulin/Yèvre, Argentomagus, Levroux ou
encore Luant et neumg sur Beuvron.
Le murus gallicus aurait été
construit en premier et le talus massif ne serait que la phase
finale du système défensif .
ces remparts ont été définis
à partir de plusieurs caractéristiques :
- - un rempart sous forme d'un talus massif
d'une hauteur de 6 à 9 mètres et d'une largeur
de 15 à 20 mètres.
- - la présence d'un fossé
qui est souvent négligée.
- - Un sous sol argileux le plus souvent.
- - La présence d'un accès
facile à une source ou à une rivière.
Aussi, le site des terres de Jacquelin
sur Saint Germain du Puy remplit de telles hypothèses.
Les photos aériennes :
On remarque sur ces photos aériennes,
des brûlis, et aussi la conduite d'eau récente,
ainsi que poterne est sur le chemin de Nérigny. La route
des Aix coupait la voie antique.
La ville de Bourges actuelle :
Pour M. Marion, la ville actuelle ne peut
pas avoir été Avarich, car elle est beaucoup trop
petite et ne correspond pas à la description typologique
de César.
La concentration de 30 000 âmes sur
26 hectares était impossible et même avec une extension
à 46 hectares, cela fait entre 9 et 15 M2.
Elle devait se situer à la jonction
Yèvre - Auron, c'était un petit village de commerçants,
relativement florissant.
Autour d'Avarich, mais pas à proximité
immédiate, il y avait des mines de fer. Cette zone est
calcaire et il faut aller du côté de Saint Florent
actuel ou vers la vallée de l'Aubois pour trouver des
minerais de fer.
Le camp de César :
Le
camp romain que l'on a situé parfois vers la clinique
Marie Immaculée, et parfois à Chou serait pour
Jean Marie Marion au Champ des Vignes vers la zone dite du grand
Orme.
Il serait situé à une distance
de 1 à 1,1 kilomètres d'Avarich, ce qui permettait
à la cavalerie romaine de se déployer, à
Bourges on ne serait qu'à 700 mètres.
Ce camp serait donc entre le Langis et
le Colin, juste en face des Jacquelins. Il est en bordure du
Colin sur un côté et sur l'autre, c'est la voie
dite antique qui était déjà une voie gaulois.
Il comportait 4 portes.
Sur la superficie, elle est évaluée
à 123 hectares et il peut donc y avoir 35 000 à
40 000 hommes.
Les romains apportaient avec eux les machines
de guerre, par contre, les tours d'attaque étaient fabriquées
sur place.
Rappel :
Une légion romaine, c'est 5000 hommes
(à ce moment de la campagne de César, il y en avait
sans doute moins).
Comme il y avait 8 légions, cela
fait environ 40 000 hommes et comme les valets, cuisiniers et
autres familles étaient comptés, l'estimation serait
de 35 000 combattants du côté romain.
Dans la bataille dite d'Avaricum, elle
a commencé le 13 mars de l'an 52 av JC et c'est vers le
15 ou 16 avril que César a quitté la ville détruite
pour aller chez les Eduens.
Les habitants d'Avarich
La ville d'origine comprend entre 22 000
et 25 000 habitants, et il faut ajouter environ 5000 réfugiés
venus des petits villages objets de la "terre brûlée"
et qui sont venus se réfugier dans la cité fortifiée.
Il faut ajouter enfin les 10 000 soldats
de Vercingétorix qui sont venus secourir la cité,
sachant que le chef gaulois en a gardé 30 000 pour combattre
directement César.
Lorsque la ville est détruite, quelques
gaulois réussirent à fuir, et ils prirent la route
actuelle de Fenestrelay vers Belltin (qui signifie guerrier belliqueux).
Le camp de Vercingétorix
Dans le calcul des distances, il faut toujours
partir, dans les écrits de César du point de Groma,
lequel était au milieu du camp de César, et Vercingétorix
a placé son camp à 16 000 pas, et un pas romain,
c'est 0,741 mètre, cela fait 11,8 kilomètres.
Vercingétorix vient de Gorgevina,
il s'est arrêté dans la région de La Ferté
Saint Aubin actuelle, puis lorsque César prend Novodunum,
Puis s'en va sur Avaricum, le chef gaulois
suit à petit pas
il passe à Vouzy et s'installe pour
son premier camp à Beltin (162 m d'altitude). C'est
un lieu situé vers le Givaudin actuel. Beltin signifie
guerrier ou combattant.
Par contre, de ce lieu on ne peut pas voir
la bataille.
Le second camp de Vercingérorix
Lorsque César veut descendre dans
la région d'Avord actuelle, pour trouver du fourrage,
Vercingétorix s'installe au Palus afin de couper la route
des romains.
Et Vercingétorix fera fortifier
ce camp à la fin de la bataille pour se protéger
et finalement César est parti sans détruire ce
camp. Les femmes et enfants étaient restés dans
le premier camp de Beltin.
Le palus vient du mot celte Pal, qui signifie
pieu épointé et du latin Palum qui veut dire camp
gaulois construit en bois.
Conclusion
La localisation d'Avarich et des camps
de César et de Vercingétorix semble se préciser.
Il faut abandonner l'avarich à l'emplacement du centre-ville
actuel, tout comme le camp de César vers la rue actuelle
Jean Baffier.
La typologie de la zone située à
l'emplacement de la zone industrielle de Bourges / Saint Germain
du Puy correspond et tout point aux descriptions de César.
La présence de traces dans les champs
tout comme les pierres cyclopéennes sont des éléments
importants. Mais il reste encore à retrouver quelques
éléments du murus gallicus pour apporter la preuve
indiscutable.
Aujourd'hui, cette localisation est la
plus probable.
Pierre cyclopéenne
Quelques compléments :
5.4. Question de typologie :
massif ou type Fécamp ?
84Cette question est en réalité un faux problème
dont lorigine a plutôt une cause historiographique
quune raison typologique. Cest M. Wheeler qui définit
le type Fécamp (Wheeler, Richardson 1957 : 10 et 11) à
partir dun certain nombre de critères relevés
sur les oppida normands et picards, critères quil
na pas trouvés au sud et à louest de
la vallée de la Seine, ou alors sur très peu de
sites. Ces critères sont communs à 16 sites de
la série de 1957 et sont : le choix de promontoires stratégiques,
un grand rempart de 6 à 10 m de hauteur et un large fossé
à fond plat qui a la forme dun canal. M. Wheeler
crée ainsi un groupe géographique correspondant
à une partie de la Gaule Belgique, au nord-ouest de la
vallée de la Seine. Par la suite, les auteurs anglais
et français ont utilisé le terme de « type
belge » pour nommer ces remparts, comme synonyme du type
Fécamp. Daprès I. Ralston, jusque dans les
années 1970, on ne trouve aucune mention de lexistence
de ce type de rempart au sud de la Gaule Belgique (Ralston 1992
: 113). Puis les travaux dO. Buchsenschutz et de I. Ralston
sur le Berry, publiés en 1975, montrent lexistence
dune série de remparts de même type dans le
centre de la France. Les auteurs parlent alors de rempart massif
ou de type Fécamp, cette dernière dénomination
étant pour eux réservée aux ouvrages précédés
dun grand fossé à fond plat (Ralston et Buchsenschutz
1975b). À partir de cette époque, la série
Fécamp nest plus limitée à la Gaule
Belgique.
85Ces questions de terminologie
et lacceptation de lambiguïté des termes
depuis plusieurs décennies masquent le problème
de la fonction de ces ouvrages mais aussi de leur chronologie.
Wheeler attribuait les remparts de type Fécamp à
la guerre des Gaules mais il a été démontré
depuis ses travaux que certains dentre eux étaient
antérieurs (Avery 1967, cité par Ralston et Buchsenschutz
1975b : 15). Dautres sont manifestement postérieurs
puisque la technique est utilisée jusquau Moyen
Âge, voire jusquà lépoque moderne.
http://racf.revues.org/index632.html