Histoire des seminaires a Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

 

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LE SOMMAIRE
 
L' Histoire lointaine

1643 : premiers essais à Saint Hyppolyte

1679 - Montermoyen

1684 - 1791 : séminaire à " Condé "

1791 - 1795 : Révolution

1822 - 1907 : séminaire aux Ursulines

1932 - 1960 : Rue Nicolas Leblanc

Depuis 1958/60 : Orléans


les sources :

De l'Histoire de Bourges par Emile Meslé

Cet article a été fait avec le livre "Histoire du Grand Séminaire de Bourges de Mgr Auvity et B. de Roffinac.

De Bourges au fils des années de Roger Richet.

et des archives personnelles de roland narboux depuis 50 ans à Bourges.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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 HISTOIRE DES SEMINAIRES DE BOURGES

Un article important et difficile, c'est l'Histoire des séminaires de Bourges et des différentes implantations.

Ce fut réalisé avec l'aide de documents personnels, de livres et de nombreuses personnes du Vieux Bourges Plus sur Internet.

Merci de votre aide pour ajouter des éléments


L'Histoire DES SEMINAIRES DE BOURGES

1643 : premiers essais d'implantation d'un séminaire à Saint Hyppolyte

1679 - Montermoyen

1684 - 1791 : séminaire à " Condé "

1791 - 1795 : Révolution

1822 - 1907 : séminaire aux Ursulines

1932 - 1960 : Rue Nicolas Leblanc

Depuis 1958 : Orléans

L'histoire lointaine des séminaires

C'est le concile de Trente qui décrète la fondation des Séminaires, il fallait préparer les jeunes candidats au sacerdoce, et il ne fait aucun doute comme l'écrit Mgr Auvity, que c'était une utilité pour la formation des futurs prêtres, en particulier en Berry.

On ne sait pas trop comment se faisait l'éducation des clercs au VI et VII siècle ; si dans les grandes villes, il y avait autour de l'évêque une multitude de personnages, en recherche de religion, vivant en communauté, dans les campagnes, il n'y avait aucune formation, et le clergé berrichon contribua a la décadence générale. La discipline du célibat écrit Mgr Auvity était violée en permanence !

C'est avec l'implantation des universités et la multiplication d'écoles que les clercs purent faire évoluer leur instruction.
Au XI siècle, plusieurs intellectuels comme Joscelin de Vierzy, un théologien venant de Paris et même Abélard invectivera les maitres de Bourges.

A Bourges il y avait alors 2 écoles qui se faisaient la guerre, celle de la Cathédrale et celle de Saint Ursin, c'est le pape Adrien IV qui demanda de ne plus inquiéter les chanoines de saint Ursin.

La formation se faisait dans les cloitres et ensuite les étudiants rentraient chez eux ou chez un chanoine qui les hébergeait. Au concile de Bourges en 1286, il y eu quelques difficultés sur les revenus des futurs prêtres. Car il n'y avait aucune retraite ni examen ni grade obtenu…

Jusqu'au XVième siècle, à Bourges comme ailleurs, il n'y a pas se séminaire et les clercs sont formés à la petite semaine.

Et vint Louis XI

Le roi Louis XI né à Bourges va créer avec son frère Charles duc de Berry, une université en 1463, avec 4 facultés dont celle de théologie.
Elle était au couvent des Jacobins jusqu'en 1636.
Il y avait alors les Jésuites au collège sainte Marie, les Cordeliers, les Carmes.
Les structures étaient là et l'instruction du clergé pouvait commencer sur de bonnes bases… mais pas de chance, la faculté de droit très florissante tomba aux mains des protestants, avec des maîtres comme Alciat ou Cujas, puis Calvin et Théodore de Bèze.

Comme le dit Mgr Auvity, le milieu était contaminé, la nécessité d'un séminaire s'imposait.
Dès 1564, le Concile de Trente demandait la fondation d'un séminaire dans chaque diocèse.
Les rois de France ne se précipitèrent pas et il faudra attendre 1579 pour publier les canons sur les Séminaires.

Et vinrent les séminaires ?

Les séminaires étaient des établissements diocésains pour les enfants âgés d plus de 12 ans, gratuits pour les pauvres, payants pour les plus riches. L'évêque était le chef, fixant le règlement, le nombre de classes.
Mais ce fut très difficile a mettre en ouvre, on est pas rapide en Berry et peu après en 1584, l'archevêque trouva que l'on a plus beaucoup d'argent à cause des guerres de religion.
Des églises ont été détruites, les biens souvent " occupés par les hérétiques ", et donc il n'a toujours pas été question de mettre en place des séminaires.

On ne va donc rien construire, ne pas créer de structure et tenter d'utiliser ce qui existe pour faire un minimum de formation des clercs.
Dans certains cas on nomma un chanoine théologal comme le réclamait le synode pour donner quelques leçons, et tenter une certaine discipline.

Finalement à cette époque, il y avait a Bourges le collège Sainte-Marie fondée par jeanne de Valois et dirigée par les Jésuites ainsi que le collège Chevalier fondé en 1554 sur la paroisse Montermoyen sont des établissements chrétiens mais pas du tout des séminaires.

Les jésuites sont arrivés à Bourges en 1572. Jean Niquet, abbé de Méobecq et de Saint-Gildas en Berry, qui est propriétaire du lieu, confie en 1573 aux jésuites la gestion de ce collège de garçons qui font construire le bâtiment actuel une quarantaine d'années plus tard.
Il sert alors de collège, ainsi que de séminaire pour les étudiants en théologie.
Grâce aux dons du prince de Condé, le grand corps de logis est construit entre 1625 et 1635, comme il se présente aujourd'hui. L'aile sud bâtie côté rue est construite en 1637 pour agrandir le pensionnat. Le grand escalier d'honneur date du XVIIIe siècle.

 

Un séminaire oratorien

C'est à partir de 1643 que l'on reparle à Bourges d'un séminaire, et c'est avec l'arrivée d'un nouvel archevêque, Mgr d'Hardivilliers
Le nouveau venu chercha une solution, et avec l'aide de l'argent du prince de Condé, il s'adressa aux oratoriens qui étaient dans la ville depuis peu (appelés par Mgr Roland Hébert) et en 1623, ils récupérèrent la maison presbytérale de Saint Hippolyte, située vers le quartier d'Auron.
Et bientôt, les oratoriens durent s'occuper des séminaristes..
La fondation du premier séminaire de Bourges remonte donc à 1644, et il existe encore aujourd'hui la cour de l'oratoire, l'église ayant été détruite.

En fait, le nouveau et premier séminaire de Bourges est rattaché à l'église Saint-Hippolyte, et il est dispersé dans un certain nombre de petites maisons comprises entre la rue de Linières, les armuriers et les remparts.
Mais c'est une situation assez bancale pendant les 4 ans qui suivent.

Le séminaire dans cette période, c'est une maison ou l'on vient prier, où l'on médite pendant les jours qui précèdent une ordination, il n'y a pas d'étude proprement dites, ils ont pu faire des études ailleurs et sur n'importe quel sujet . Certains par leur bénéfice se font ordonner prêtre juste après avoir été présenté par un chanoine influent et vont à ce qui est un séminaire écouter quelques leçons des pères de l'Oratoire. Mais en1673, le chapitre de la cathédrale impose une retraite de 10 jours dans un séminaire ou une maison régulière religieuse avant de recevoir un ordre sacré.

1679, et c'est la fin de ce drôle de séminaire des Oratoriens, alors que Mg Phélipeaux de la Vrillière prend le siège de Bourges…
Il semble que les Oratoriens vont se compromettre avec les Jansénistes, et ils quitteront Bourges pour Nevers.
Et c'est ainsi que pour éviter que les doctrines jansénistes se développent à Bourges, le séminaire leur fut retiré.

Mgr de La Vrillière est choisi comme archevêque de Bourges le 18 juin 1677 et il résigne son siège d'Uzès l'année suivante. Il est confirmé comme archevêque le 10 avril 1679.
Tout change à Bourges avec l'arrivée de Mgr Phélipeaux de la Vrillière qui est intronisé le 13 septembre comme archevêque de Bourges.
Il achète à la ville de Bourges deux mois plus tard le 16 novembre ce qui est le centre Condé actuel pour y fonder le Grand Séminaire.

En 1685 lors des Dragonnades, il va s'installer à Sancerre, accompagné de dragons, et " convertit " sous la menace plus de mille protestants. Il meurt à Paris le 28 avril 1694.

 

 

Séminaire à Montermoyen (centre Condé)

Il existait à Bourges le domaine de Montermoyen avec une église et des bâtiments.
L'église Notre-Dame-de-Montermoyen était l'une des plus anciennes de Bourges. Dans son Histoire du Berry, Louis Raynal fait remonter sa création au VIIe siècle. Mais elle n'était plus depuis longtemps un lieu de culte lorsque sa démolition a été entreprise, le 3 août 1844, pour uniformiser la rue du Vieux-Poirier, aujourd'hui rue du 95e-de-Ligne. Elle avait été convertie en écurie en 1793, à l'intérieur de la caserne Condé.

a fondé au VIIe siècle, " dans l'intérieur de la ville, un couvent qui prit par la suite le nom de Monastère Moyen, ou Montermoyen, et devint d'abord une église collégiale, plus tard le grand séminaire, aujourd'hui la caserne ", nous apprend Louis Raynal

Et c'est Phélipeaux de la Vrillière qui arrive a la manœuvre, et alors que le séminaire n'existe pas encore dans la structure voulue, il passe un accord avec le supérieur de Saint Sulpice ordonnant que le séminaire sera conduit et administré par les prêtres de Saint-Sulpice et l'accord est signé le 21 mars 1679. C'est l'arrivée des Sulpiciens qui assureront pendant des siècles la formation des séminaristes de Bourges et du Berry.
Il y aura un supérieur du séminaire qui sera de saint Sulpice, et il sera nommé et révoqué par le supérieur du séminaire de Saint-Sulpice … de Paris.

Les Sulpiciens seront donc à Montermoyen / Condé, puis aux Ursulines, puis à Nicolas Leblanc.

Et en plus les biens des chanoines de Montermoyen seront affectés au séminaire.
Mais le problème du local était posé, ne faudrait-il pas un autre local car les bâtiments de Montermoyen étaient " vieux et branlants ".

Le séminaire a failli se retrouver à l'Hôtel Jacques Cœur car celui-ci était à vendre et il venait d'être acquis par Colbert par une saisie sur les Laubépines, et Colbert voulait s'en débarrasser, sauf que le prix exigé n'était pas dans les possibilités financières de l'archevêque.
Et donc le séminaire serait à Montermoyen avec des ajouts de bâtiments du collège Chevalier et comme rien n'était simple, il y avait une douzaine de maisons autour de Montermoyen, lesquelles dépendaient de Notre-Dame du Fourchaud.
La maison de Jacques Cœur avait trop d'éclats, et Montermoyen avec les maisons autour, ça allait bien pour le séminaire et les séminaristes, et Saint-Sulpice contribua aux achats.
L'archevêque fixa l'ouverture de ce séminaire au 3 janvier 1680, ce qui fut fait, avec l'aide de l'argent et du clergé de Saint-Sulpice.
Et cette fois, pour la première fois, Bourges disposa d'un vrai séminaire, non pas pour les bâtiments, mais pour l'instruction : " six mois pour les sous-diacres et trois pour le diacre et 3 pour le prêtre " et l'archevêque d'ajouter " nous espérons que cette maison deviendra un véritable séminaire ".

Cette étape est importante, ce n'était plus quelques jours de retraite sous les oratoriens, cette fois c'était sérieux. Piété et vertu et les " sciences ecclésiastiques ". Le régime devenait sévère.
La cérémonie d'ouverture se déroula le 8 février 1680 : et durant le discours, les séminaristes, ils étaient une cinquantaine et portaient un cierge et recevaient la bénédiction de l'archevêque.

Enfin un séminaire dans de vrais bâtiments

Installés dans les bâtiments de Montermoyen, les séminaristes vont bien, mais l'archevêque trouve que les locaux sont faits de bric et de broc, ils sont vétustes, et il veut faire bâtir un " beau et grand séminaire digne de son diocèse ".
L'archevêque avait fait venir à Bourges les Bullet père et fils pour construire son palais archiépiscopal, et comme il était content du résultat il leur demanda de faire les plans d'un séminaire. Jacques Bullet avait aussi fait les plans du château de Turly, et ils firent lesdits plans, dans un espace entre l'archevêché et Montermoyen, touchant le grosse tour démolie depuis 1651.

Le devis fut fait, le résultat n'aura rien a voir avec cette première étude !

La pose de la première pierre se déroule le 4 avril 1682, par Mgr Michel Phélipeau de la Vrillière, après avoir dit une messe dans l'église du séminaire. Une belle et longue inscription latine fut scélée dans la pierre.

L'archevêque demanda à la ville un morceau de terrain côté grosse tour et du fossé ce que la ville accepta.

1682 : c'est le début d'une construction importante par Joseph Lingré et Pierre Bullet qui sont les architectes.
Les difficultés sont importantes car on se trouve sur un remblai, comme la place Séraucourt,
Les travaux vont très vite puisque dès 1684, les premiers prêtres sont accueillis dans ce qui devient un vrai séminaire.

Rien ne fut simple, il y eu des problèmes financiers, et Bourges attendait de l'argent de Saint-Sulpice de Paris, et celui-ci se sentait propriétaire des murs, et avait fait des avances pour cela mais Bourges ne le voyait pas ainsi. Ce sont alors ders donations, des testaments ou legs comme celui de Mme de Séraucourt, se succèdent avec toutes les bisbilles en pareil cas.

Les travaux se poursuivent comme en 1704 avec un emprunt important, et en 1707, une des ailes est sensiblement terminée, il manque des éléments au 3 ° étage et la rampe d'escalier est absente. Mais même sans rampe les séminaristes peuvent y habiter !

Les séminaristes sont dans leur séminaire qui s'appelle le Grand Séminaire et utilisent l'église de Montermoyen qui est à proximité, ils vont y réciter l'Angélus, " en rang deux à deux en silence "

En ce début de XVIIIième siècle, ressurgit la querelle sur le Jansénisme, comment faire pour que les séminaristes de Bourges ne puissent pas lire des écrits jansénistes. Ainsi la lecture pieuse pendant les repas défendit absolument " les livres de Messieurs de Port-Royal ".
Le règlement du Séminaire est établi vers 1700, très voisin de celui de Saint-Sulpice de Paris.

Séminaire à "Condé"

 

Prêtre de Saint-Sulpice et curé de Montermoyen, Joachim Trotti de la Chétardye enseigne au séminaire et il ne mâche pas ses mots, évoquant les ecclésiastiques qui font naufrage :
" ils vivent dans l'oisiveté, attachement à l'argent, durs envers les pauvres, insensibles aux bonnes œuvres, désir ardent de posséder et de multiplier les bénéfices, recherche de dignité, intempérance et bonne chère ", censeur impitoyable ce brave curé se fait moralisateur sur les vices qui déshonorent l'Eglise.

Tous les séminaristes doivent passer 9 mois consécutifs au séminaire du 15 octobre au 15 aout.
A partir de 1729 c'est Mgr de La Rochefoucault qui devint archevêque de Bourges

Ce prélat était doué d'une rare puissance de travail, il avait le génie de l'organisation.
Il expose au roi ses projets et en particulier il veut développer la notion de Petit Séminaire, et à Bourges mais aussi dans d'autres contrées du Berry ou du diocèse.

Le Grand et le Petit séminaire

Le petit séminaire est conçu pour des gens qui ne pourraient pas payer le cout du Séminaire actuel, faciliter l'étude a de jeunes geans dont les parents n'auraien tpas assez de moyen pour la suite de la formation de leur rejeton/

C'est en août 1730 par lettre patente qu'est confirmée l'érection à Bourges d'un Petit-Séminaire.
En mars 1731, le Parlement enregistre la demande faite par le Roi, alors qu'il faut y trouver un bâtiment.
On retrouve aussi un décret daté du 18 mars 1735 par le cardinal de La Rochefoucault
Il n'y a plus d'argent, et l'Archevêque se contenta de donner une partie de l'aile gauche du Grand Séminaire avec un mur de séparation entre Petit et Grand.

Le bon fonctionnement de deux établissements fut possible car ils étaient dirigés par la même compagnie. M Lelièvre professeur au Grand Séminaire fut nommé Supérieur du Petit-Séminaire, il l'organise et en 1732, les deux structures fonctionnent parfaitement.

Le Petit séminaire sera appelé Séminaire de philosophie alors que le Grand séminaire est appelé Séminaire de Théologie.

On restait 5 ans au Petit Séminaire, et en plus les élèves pouvaient suivre des cours au collège Sainte Marie comme les cours de License.

En fait il y avait à partir de 1745 une relation solide et permanente entre les deux structures, même si parfois les élèves du Petit-Séminaire refusaient certaines contraintes.

Le Grand-Séminaire se réforma aussi et en 1758, le temps de présence serait de deux ans.
M Lelièvre fut aussi à l'origine d'une vaste propriété à Montifaut, à 7 Km de Bourges dans laquelle en 1770 il fit construire une maison puis un parc à l'usage du Petit-Séminaire.

Les lettres patentes du Roi sur ce domaine datent de décembre 1768, pour faire un lieu de promenade et de récréation pour les petits séminaristes.

Juste avant le Révolution

Lorsque les jésuites sont dispersés sous le règne de Louis XV en novembre 1764, il est mis en régie. En 1786, les Pères de la Doctrine chrétienne s'y installent. La Révolution ferme le collège Sainte-Marie qui devient école centrale en 1795, puis lycée impérial en 1803 (16 floréal an XI). Il est appelé collège royal à la Restauration en 1815 et devient collège de deuxième classe en 1828. Il redevient lycée de Bourges en 1848 et lycée impérial de Bourges sous le Second Empire.

Les Jésuites quittèrent Bourges en 1762, et l'enseignement fut confié au curé de Marmagne !

Ce brave homme s'occupa des finances dont l'état laissé par les Jésuites était catastrophiques, mais les cours étaient mauvais par le recrutement de professeurs médiocres.
A partit de 1778, il recruta Sigaud de Lafond qui fit un travail remarquable ; un vrai savant.

Vers 1786, Béthune Charost donne à perpétuité 3 places gratuites au Grand Séminaire.

A partir de 1786, la municipalité fit appel aux enseignants en vogue à l'époque, il s'agissait des Doctrinaires. En août 1786, un édit royal autorise la venue à Bourges de ces doctrinaires. Ils suivent davantage les idées de Rousseau et de l'Emile mais aussi de Buffon et Voltaire que la doctrine chrétienne. Ainsi la Bible est bafouée et pour eux, la Genèse n'est qu'un vaudeville nous dit un lecteur de Voltaire.
Ils prirent le pouvoir au collège de Bourges, puis a l'université et cela va se ressentit dans le séminaire. La venue de Lakanal et des idées nouvelles qui savaient transmettre leur connaissance fut très appréciée.
Quelques années plus tard, la Révolution en place, les Doctrinaires à Bourges prêteront serment a la Constitution.

La Révolution : la fin du séminaire

Avec la Révolution de 1789 et pendant une dizaine d'années il n'y a plus de séminaire. " Condé " dans cette période est transformé en caserne.

Le 2 novembre 1789, l'Assemblée décrète que les biens ecclésiastiques sont mis à la disposition de la Nation. Ainsi Talleyrand demande aux responsables religieux de déclarer leurs biens. Assez vite, ils seront gérés par les Départements.

Fin 1790, les fonctionnaires publics doivent prêter serment à la Constitution. Les séminaristes qui ont suivis les idées des doctrinaires sont enthousiastes et prêtent serment alors que cela ne les concernait pas.
Un séminariste ou proche, on ne sait pas trop écrit : " Citoyens frères et amis … " et il rassemble les étudiants en philosophie et tous les séminaristes pour aller à la municipalité afin de prêter le serment civique. Et cet homme Morio termine par " Salut, union et fraternité, Vive la République !
La hiérarchie des sulpiciens très traditionnelle réagit mais rien n'y fait les doctrinaires et les ecclésiastiques vont prêter serment à la Constitution dans leur grande majorité tout comme les professeurs.
L'archevêque Mgr de Puysségur part se réfugier à l'étranger. Alors Ue Pierre Anastase Torné est élu le 10 avril 1791 et se fait sacré à paris le 26 du même mois.
Le 8 mai 1791, c'est l'entrée de l'évêque " constitutionnel ", Torné Pierre Anastase nommé par les électeurs du département. Une entrée par la porte Saint-Sulpice en grande pompe à la cathédrale Saint-Etienne.

Le 24 mai 1791, 14 professeurs du collège dont 12 doctrinaires prêtent serment, peu de refus.
C'est un peu l'anarchie, il n'y a plus de discipline ni au collège Saint Marie ni au séminaire. Beaucoup de séminaristes retournent d'ailleurs dans leur famille, il n'y a plus de cours.

En 1791, en mars, il n'y a plus aucun séminariste et le District de Bourges s'occupe du mobilier et en fait l'inventaire. Par contre les Sulpiciens, c'est à dire les professeurs continuent à habiter le séminaire " Condé "

 

Torné veut " son " séminaire et il nomme les vicaires supérieurs et les directeurs du nouveau séminaire qu'il veut constitutionnel. Alors il choisit des doctrinaires alors que les Sulpiciens sont toujours au séminaire " Condé " déserté par les séminaristes.

Torné cherche alors un séminaire pour la Métropole du Centre et il fait expulser Guibert et ses directeurs lesquels ne veulent pas partir.
Le 15 juin 1791, c'est un nouvel inventaire et autres brimades et poussés par Torné et par deux prêtres sulpiciens, expulsés, ils doivent finalement quitter " Condé ".

Ils vont s'installer dans la maison de madame Descolombier au Château, cette dame est née à Montréal au Canada.
Cette grande maison sera plus tard l'école normale de garçons dite " Carolus ". Et c'est ainsi que Guibert se retrouve dans Carolus.
Quant au Petit séminaire il n'y a pas d'expulsion suite à des dissensions entre Torné jugé trop violant et le District plus politique.

Et Torné met en œuvre un nouveau séminaire constitutionnel à Condé après le départ de Guibert, fin 1791, il y a 28 élèves internes et avec les externes, cela peut faire une cinquantaine de séminaristes. C'est un vrai succès pour l'évêque constitutionnel qui innove et quitte ses vêtements de clerc.

Les nouveaux séminaristes deviennent de vrais révolutionnaires et à l'été 1792 par exemple, ils demandent et réclament à l'autorité civile de faire eux aussi des tours de garde.
Et le séminaire va bie, le 1 er octobre 1792, M. Beauvais devient directeur du séminaire où 9 prêtres sont ordonnés ce qui fait qu'il ne reste que 12 séminaristes interne.
La situation fin 1792 et début 1793 au niveau national ne va pas très bien, et bientôt il n'y a plus de recrutement, et bientôt plus de séminaristes à la Métropole du Centre.

Le séminaire, compte tenu des besoins de l'autorité civile est alors évacué le lieu en 1792, est déclaré bien national et il est transformé en " caserne pour les Volontaires "puis en lieu de détention pour les prisonniers de guerre anglais, espagnols, prussiens et russes.

En juillet 1793, tout est terminé, la formule Torné aura duré à peine 2 ans.

Torné
Pierre Anastase Torné était un homme intelligent et cultivé, il avait été l'ami de d'Alembert et rédigé des ouvrages de mathématiques. Il venait de Tarbes, et appartenait à la congrégations des doctrinaires. Ce n'était pas à proprement parler un croyant, il maniait la philosophie, et très ambitieux, il courrait au devant de la révolution.
Dans le Cher, il développa l'esprit républicain, c'était un militant qui administra son diocèse avec une certaine force, dans un contexte difficile, mais dans une population très calme et modérée.
Sur le plan religieux, Torné chercha à se concilier les deux types de clergé, constitutionnel et réfractaires, puis, il tenta d'isoler les prêtres réfractaires, et les traitant de "faux pasteurs" et en utilisant divers moyens de vexation.
A Bourges, sur les 15 paroisses, il réorganisa et n'en laissa que 5. Il voulait des "pasteurs citoyens, sensibles, charitables". Au fils des mois, il devint de plus en plus patriotique et révolutionnaire. Il se fit élire à la Législative, il fut d'abord modéré puis très dur, il fit voter le vendredi saint de 1792 la proscription pour les congrégations hospitalières, et comme il l'emporta, le jour même, fit voter la loi supprimant le costume ecclésiastique.
Torné se promenait en carmagnole avec un bonnet rouge sur la tête. En 1793, il mariait à la cathédrale son vicaire, et, quelques temps plus tard, il paya de sa personne en épousant à 67 ans, une vieille fille de la bourgeoisie d'Issoudun, la citoyenne Collet de Messine, âgée de 49 ans.

Retour sur les Sulpiciens pendant la Révolution

Les Sulpiciens de Mme Descolombier ont quelques ennuis, car dès le 15 août 1791 le District reçoit une pétition de 68 signataires contre la présence de ces Sulpiciens, et ils veulent que leurs meubles soient mis sous scellés. La maison est envahie, ça va très mal, mais le pouvoir politique à Bourges reste modéré et rejette la demande des 68.
En fait, le plus révolutionnaires de la population reprochent à ces Sulpiciens de faire en secret l'exercice de leur culte. Cela ne va pas plus loin, car ils argumentent que tous leurs biens ne leur appartiennent pas et sont la propriété des sulpiciens de Paris.

Mais comme ils ne veulent pas non plus prêter serment à la Constitution, les Sulpiciens sont à nouveau en difficulté d'autant que la loi du 29 novembre 1791 dite loi Neuchâteau impose à tout ecclésiastique le serment et cela sans distinction. Alors comme ils ne voulurent pas signer, ils se firent tout petit.

La situation s'envenime pour eux car l'Assemblée nationale décrète que les ecclésiastiques qui n'auront pas prêté serment seront déportés hors du royaume. Ils font une requête, car ils pensaient être tout de même tranquilles, alors qu'ils sont souvent considérés dans certains écrits du département comme des fanatiques. Alors certains partirent en Suisse, d'autres au Tyrol.

En septembre 1792, les prêtres sont enfermés dans le couvent de Notre Dame de la Visitation, qui est un couvent des Visitandines appelé aussi Saint-François rue des Segretains où il y avait des bains. C'est dans un lieu entre Juranville, la rue des écoles, la rue de la Halle et la rue du Secrétain dont il ne reste qu'un seul morceau de mur. Les sœurs arrivent à Bourges le 14 novembre 1618. Le couvent sera agrandi pour être démoli au début du XIX ième siècle et il ne restera rien en 1865.

Retour à 1792, car les prêtres seront aussi envoyés et détenus au couvent Saint-Claire et en décembre 1793, ils sont déportés et emmenés à Rochefort le 6 mars 1794. Ils sont 68 ecclésiastiques.
Guibert, trop âgé reste à sainte-Claire puis à Saint-François.
Arrive alors la fin de Robespierre le 28 juillet 1794 et de Rochefort, ils n'embarquent pas pour la Guyane, comme prévu.

Château de Lazenay

 

C'est en septembre 1792 que se produit le massacre de Couches, avec 4 prêtres qui quittaient Bourges comme demandé et qui furent arrêtés, mis en prison puis massacrés par une foule aux cris de " Nous marchons à l'ennemi, mais nous ne laisserons pas derrière nous ces brigands pour égorger nos enfants et nos femmes ". Ils sont tués à coup de pierre et piétinés, une horreur !
Deux des assassins seront par la suite arrêtés, l'un se pendra en prison l'autre exécuté.
C'était le massacre du 8 septembre 1792.

Et la Révolution progressivement se termine. Il n'y a plus de séminaire à Bourges.

1802 : première messe d'après la Terreur dans une petite église place Agénor Bardoux actuelle, dans la chapelle saint Jean Baptiste qui sera transformée en habitation puis maréchalerie avant d'être démolie, et actuellement, c'est la station service !

Le séminaire renaît aux Ursulines

Les Ursulines arrivent à Bourges en 1681 pour faire de l'enseignement, elles sont rue Michel Servet actuelle, avant de faire construire un immense couvent à l'emplacement actuel du Palais de Justice.

Avec l'empire, et le concordat, les ordres, religieux, Carmélites, Bénédictines, Ursulines firent leur réapparition à Bourges.
Le Concordat de 1801 stipulait que les évêques pourraient avoir dans chaque diocèse un séminaire. Et recommencer à recruter, ce qui n'était pas très simple après la grande tourmente.

Il n'existe donc plus de vrai séminaire à Bourges à cette date de 1805, alors que l'archevêque, Mgr de Mercy devait avoir un certain nombre d'ordinants pour pouvoir faire des ordinations. De plus, l'ancien séminaire Condé était encore entre les mains des militaires et le gouvernement ne voulait pas créer davantage de bâtiments.

En 1808, on pensa utiliser l'ancien prieuré Notre Dame de Salles, comme séminaire, ce qui fut fait, même si ce n'est pas encore très satisfaisant.

 

Après le Premier Empire, en 1815

Le clergé de Bourges est un " clergé de vieillard " écrit Dumoulin la crise de recrutement se double d'une crise d'autorité.
En 1817, on espère un nouvel archevêque, mais le séminaire est à l'image du diocèse, le supérieur éprouve des déboires avec son gouvernement.
On chercha a ramener la population à l'église, on fut en 1817 une grande journée d'expiation à la cathédrale avec 7000 personnes, et les œuvres de Voltaire et Rousseau furent brûlées. On érigea des croix de mission ?
Et voilà qu'arrive a Bourges " l'homme providentiel " âgé de 32 ans, Hugon.

Mais ce n'était pas l'idéal, il fallait un local plus adapté, et l'idée était de récupérer les bâtiments d'origine, à Condé, … que l'armée ne voulait pas quitter.

Il y eut dans cette période des problèmes de finances, mais aussi un manque évident de postulants et enfin, il n'y avait pas de locaux pour séparer le Petit et le Grand Séminaire.
Ajoutons des querelles internes.

Hugon chercha une solution, et il pensa à l'ancien couvent des Ursulines qui était devenu bien national, il avait servi de prison aux nobles, et plus tard, couteux, Napoléon l'avait remis à la Ville. Il servit alors pour la gendarmerie et la manutention.
Le jeune directeur de 32 ans est très actif, et le nombre de séminaristes augmente de manière surprenante.
L'organisation des séminaires puis l'ordonnance de 1821 plaçant l'enseignement public sous le contrôle de l'Église permirent d'obtenir un meilleur clergé.

En 1821, le Grand Séminaire va pouvoir s'installer aux Ursulines, dans l'ancien couvent et la ville accepte une sorte d'échange, récupérant l'ancien séminaire Condé.
Et c'est au début de l'été en juin 1822 que les séminaristes arrivent enfin au couvent des Ursulines.
Les séminaristes resteront ici jusqu'aux lois de 1905

La même année, 1822, Hugon fit acquérir le couvent des Clarisses.
Le Petit séminaire du Cher s'installe dans le couvent des Clarisses, acheté par les autorités religieuses. Elle avait servi de prison pour les prêtres réfractaires, elle prendra désormais le nom de sainte Claire.

L'entrée se trouvait rue Sainte Claire (rue Emile Deschamps).

Enfin, à partir de cette date, le Séminaire prend une forme que l'on peut qualifier de moderne, c'est-à-dire un Petit Séminaire en un lieu et un Grand Séminaire dans un autre lieu.

En plus, Hugon fit acheter Ouzy, maison de campagne des séminaristes, grâce à un legs d'un riche habitant de Barmond !
Vers 1827, il y a 150 séminaristes au Grand Séminaire. Hugon a triplé en 10 ans le nombre de séminaristes.

1822 : la démolition de Montermoyen

C'est à cette date que se fait la démolition de l'église de Montermoyen qui jouxtait alors la caserne Condé, et qui, désormais servait d'écuries.

1830 et 1848 : les Révolutions

C'est la Révolution et la suite est une baisse des effectifs, dont une fuite des séminaristes juste avant l'ordination.
Le clergé suit l'évolution politique et on le verra lors de la proclamation du supérieur du Grand Séminaire qui entra dans la salle d'étude en disant " Vive la République " et en faisant chanter la Marseillaise.
Dans un document, le cardinal Du pont écrira le 19 mars 1848 : " La liberté, l'égalité et la fraternité, triple et sublime dénomination qui résume tous les droits et tous les devoirs ".*
Après l'euphorie de 1848 où plusieurs prêtres avaient fait acte de candidature aux élections du 23 avril pour la Constituante, le clergé berrichon accepta le coup d'État de 1851, puis fit bon ménage avec le Second Empire. Il fut plus réticent à l'égard de la Troisième République.

Le petit séminaire de Saint Célestin

Les congrégations refont surface avec le retour de la monarchie, et en particulier celles qui étaient vouées à l'enseignement, comme rue Porte Jaune ou rue Joyeuse.

C'est dans les années 1850 que fut une fois encore modifié le lieu d'enseignement du Petit Séminaire.
En effet, alors que M. Ruel dirigeait le Grand Séminaire, Mgr Du Pont entreprit de bâtir un immense bâtiment pour le Petit Séminaire qui prendra pour nom Saint Célestin.
En 1842, le prélat acheta sur ses deniers un immense terrain au sud de la ville de Bourges.
Les plans seront exécutés par Juillien et Bussière et la construction va engloutir toute la fortune de Mgr Du Pont

Comme il manquait encore de l'argent, Monseigneur devenu Cardinal vendit sa vaisselle d'argent ainsi que les bijoux de sa famille.
Et c'est le début de la construction en 1843, bâti selon le plan habituel des établissements de Charité, aussi ce fut une inauguration " en grandes pompes " en 1845.
Selon Emile Meslé, il s'agit d'un chef d'œuvre néo-classique de Bourges.
La justesse des proportions, une impression de grandeur, une belle cour intérieure avec ses arcades, bref de la belle ouvrage.
Et le Petit Séminaire ouvrit le 22 octobre 1856. A partir de là, ce sont les dominicains qui assurèrent l'instruction des séminaristes avec P. Lecuyer comme Supérieur.

Le petit séminaire fonctionnera à Saint Célestin entre 1856 et 1906.

Par la suite le Petit Séminaire deviendra le lycée Jacques Cœur.

C'est une période faste pour la construction de bâtiments religieux :
On notera en 1861 que les sœurs de Marie Immaculée construisent leur couvent en bordure de la rue Jean Baffier.
En 1877, sur la butte saint-Lazare, les sœurs de la Charité construisent des bâtiments conventuels et en 1898 leur chapelle.
Après 1871, l'enseignement libre se maintient tant bien que mal dans les paroisses, pas toujours sans frictions avec les instituteurs laïques. Il est formé surtout d'écoles de filles, les municipalités restant réticentes dans le cas d'écoles de garçons. Il résistera difficilement aux lois laïques de 1881-86 et de 1904. En 1897, l'archevêque Servonnet, lui-même républicain, est entièrement acquis à la politique de " ralliement " prêchée par le pape Léon XIII.
Malgré une situation matérielle difficile, le recrutement sacerdotal reste stable jusqu'à la séparation de l'Église et de l'État, malgré aussi la loi militaire de 1889 astreignant les ecclésiastiques au service militaire. Il y a même des promotions " plantureuses " de séminaristes : 104 par an de 1896 à 1900, 135 par an de 1902 à 1905

Achat en 1906 par le diocèse de la première cours aux Sœurs de la Sainte famille de Besançon. Elles avaient construit en 1882 une école primaire de fille qui prenait la suite (?) du pensionnat tenu dans l’Hôtel Lallemand.

1905 les lois de séparation des Eglises et de l'Etat

Avec les lois de 1905, ce fut l'évacuation du Grand et du Petit Séminaire, et l'église de Bourges et ses congrégations se trouvèrent en situation difficile.
Elles vont recréer à ,titre privé des écoles.

Une circulaire ministérielle de Combes interdit aux évêques de confier à Saint Sulpice la direction des Séminaires.

Et Mgr Servonnet, évêque républicain reçu notification le 11 décembre 1906 de quitter la rue des Arènes et donc le Grand Séminaire.
Deux jours plus tard, les séminaristes sont dispersés et le 14 décembre le Supérieur et les deux directeurs sont expulsés par la force publique.
En catastrophe, on trouva des maisons où loger les séminaristes en ville, ce fut rue Carolus, mais aussi rue Jean Boucher et rue Mayet Génétry, Certains retournèrent chez leurs parents. Ils se trouvaient ainsi dispersés et il fallut quelques jours pour retrouver leurs marques.

Les cours se firent rue Carolus, ils étaient alors 67 séminaristes et ce " campement " dura de début février à juin de cette année 1906.
En 1909 Louis-Ernest Dubois, le futur cardinal-archevêque de Paris, qui succède à Servonnet, réorganise la vie religieuse. Les vocations sont moins nombreuses : les prêtres ne recevant plus de traitement, les familles ne les encouragent pas.

Au 21 rue Nicolas Leblanc

Au moment de ces évènements difficiles, il y avait une école au 21 rue Nicolas Leblanc, qui était occupée par les Sœurs de la Sainte Famille qui était en difficultés sans doute financière.

Un comité en fit alors l'acquisition et en octobre 1907, le Grand Séminaire s'installe dans ces murs.
Il s'agit un petit immeuble et les séminaristes sont à l'étroit, ils dormaient dans des dortoirs, pas de cellule individuelle et ce ne fut qu'en novembre 1909 qu'avec la construction de quelques nouveaux pavillons et mansardes que le confort et les salles d'études furent convenables.

C'est à cette époque que M de Laître acheta le château de Lazenay suite à la confiscation d'Ouzy par le gouvernement.
Lazenay avait servi de maison de campagne aux séminaristes de Saint Célestin et se trouva alors à la disposition de ceux du Grand Séminaire.
Il ne restait en 1914 que 45 séminaristes et beaucoup firent la guerre, 9 sont morts pour la France.
Pour la période 1911-1915, le nombre des ordinations annuelles tombe à 29. Resté infime jusqu'aux années 1930 (4 à 5 par an), il se relève ensuite : 13 ordinations en 1934, 12 en 1937, 10 en 1938. Le recrutement est maintenant urbain, des jeunes gens de famille bourgeoise, désireux d'accomplir une œuvre d'apostolat.
Néanmoins le nombre de prêtres est insuffisant pour les besoins du diocèse et nombre de paroisses sont transformées en dessertes.

Le nouveau séminaire rue Nicolas Leblanc

L'après guerre de 14 - 19 pour le clergé, comme pour le reste de la population est difficile, car il y a eu pendant 4 ans, 1000 soldats français tués en moyenne sur le front, une hécatombe qui va se répercuter sur toute la population restante, le manque d'hommes, les veuves, et l'Eglise cherche à se reconstituer et à remettre en fonctionnement les séminaires.

Pour l'archevêque, Mgr Martin-Jérôme Izart qui fut à ce poste de 1916 à 1934, il n'est pas possible de poursuivre le recrutement de séminaristes si il n'y a pas de bâtiments adaptés.

C'est le diocèse qui construit la 2eme partie entre 1928 et 1930 avec 100 chambres.
La Chapelle est consacrée en 1934

Et c'est ainsi que le 20 décembre 1928 se déroule la pose de la première pierre du séminaire rue Nicolas Leblanc et le jubilé de l'archevêque Mgr Izart, il y aura une centaine de cellules et une chapelle.
" La première pierre du nouvel édifice, était là, parée comme une fiancée en un jour de noces "
Et dès octobre saint Sulpice reprend la direction du Grand séminaire.
" Trois ans de travaux même si nous avons gémi de la lenteur de ces travaux " peut on lire.

Le 30 mai 1932 de Rome, le pape Pie X écrit ces mots à l'archevêque de Bourges Mgr Izart :
" votre clergé et vos fidèles ...voient enfin ce Grand Séminaire, objet de vos voeux commence et achevé grâce à leur dons, et qui bientôt doit être inauguré solennellement en présence de notre cher Fils le Cardinal Archevêque de Paris."

Enfin, le 12 octobre 1932 : c'est l'inauguration du nouveau Grand séminaire et dans la lettre pastorale de l'inauguration du Grand Séminaire, on peut lire :
" Le grand séminaire objet de nos constantes sollicitudes, se repeuplait et un avenir moins sombre s'ouvrait devant notre diocèse Mais, à cette joie naissante, pourquoi fallait- il que se mêlât la tristesse de voir nos chers nos chers séminaristes privés d'art et d'espace dans l'étroite enceinte ou nos vénérés Prédécesseurs avaient été contraints d'abriter leurs jeunes lévites".
Le séminaire serait fermé si rien n'était fait.
C'est ainsi qu'il fallait augmenter le nombre de cellules de nos séminaristes et doter le séminaire digne de notre diocèse.

Quelques éléments sur les sculptures

L'autel est du au ciseau de Jules Dumoutet dans les 12 apôtres de pierre, de part et d'autre de l'autel.

Un saint Joseph orne la cour au-dessus du porche, Il tient dans sa main droite une tige de lis, haut de 1,80 mètres, l'œuvre est due à " l'habile sculpteur berruyer, M. Thébault ". Il a été offert par les deux architectes du séminaire, M Paul et Henri Guérin.qui signent ainsi cette construction depuis 3 ans.

Mgr Izart

 

Une sculpture sur une terrasse, pour des jeux de plein air pour les séminaristes avec le modèle du clergé de France qui est le curé d'Ars, elle est en métal.

Une autre statue qui se trouvait primitivement dans l'entrée sera transportée dans le fond de la cour extérieure, le long du mur de clôture, il s'agit d'une sainte vierge en métal, et c'est le 11 février dernier sans doute en 1932, qu'elle a été placée avec une procession aux flambeaux,

Deux autres statues dans le cloître, elles représentent la sainte vierge et saint joseph et elles sont dues au sculpteur Roger de Villiers et c'est Mgr Auvity qui en est le donateur.

Une autre statue appelée Notre Dame de France est au milieu de la cour saint Joseph mais sous une arcade, elle a été rachetée par Mgr Foucher, le fondateur du Muséum qui l'a offerte au séminaire. Elle est signée de Bonnassieux et date de Ce sculpteur s'était consacré à des œuvres religieuses.

Depuis 1932 le séminaire, il semble qu'il y en ait un seul, poursuit la formation des futurs prêtres mais après la guerre, cela devient plus difficile.

Il faut dire que la période de la guerre est délicate, la hiérarchie n'ayant pas choisi " le bon camp ".
Ainsi du cardinal Gerlier au cardinal Baudrillat en passant par Monseigneur Fillon, toute la hiérarchie catholique, et y compris le pape ont choisi leur camp. Ils sont Pétainistes. Dans un numéro de la Vie Catholique du Berry, on s'interroge sur le sort de Mgr Tardif, que "M. de Gaulle a fait prisonnier à Libreville". Et l'article d'ajouter :
"La Cour Martiale doit juger, en France, huit rebelles gaullistes. M. de Gaulle menace de tuer ses prisonniers, si ses partisans sont condamnés à mort. Le gouvernement français n'a pas répondu à M. de Gaulle, et l'Amiral Platon, secrétaire d'Etat aux Colonies a déclaré : nous verrons si M. de Gaulle répondra par l'assassinat, et l'assassinat d'un évêque, au verdict de la justice française".

A la mort de l'archevêque de Bourges, Mgr Fillon, le Pape Pie XII nomme Joseph Lefèvre pour lui succéder. Il fut intronisé le 4 septembre 1943.

L'un de ses grands soucis de Joseph Lefèbvre fut le manque de prêtre dans son diocèse. Il a conféré en 26 ans, 109 ordinations sacerdotales. Il fit appel au secours des Frères Missionnaires, des Fils de la Charité, des prêtres du prado et de quelques autres pour l'aider dans sa mission.

Parmi les personnages importants de cette époque, deux figures surnagent. Il s'agit de Mgr André Girard, alors supérieur de l'Institution Sainte-Marie, et qui prononçait des sermons à l'intérieur de la cathédrale, dans lesquels, il tentait de rassembler les Berruyers.
Ainsi le 14 mai 1944, dans un propos devenu célèbre, Mgr Girard parlera longuement de Jeanne d'Arc, tout en évoquant "l'indépendance de mon pays" et en employant les mots comme "le malheur présent" tout en terminant sur des mots de lutte et d'espoir : "Oh ! mes frères, comment ne pas songer aux malheurs présents de notre patrie et ne pas demander à Jeanne d'Arc de l'en délivrer..." Le second personnage, c'est Mgr Marius Le Guenne, un Breton qui sera professeur de mathématiques au petit séminaire de Fontgombault, avant de devenir curé de Nérondes. C'est en 1942 que Mgr Le Guenne est nommé curé-archiprêtre et chanoine de la cathédrale de Bourges. Comme beaucoup, connaissant bien la région, il fera passer la ligne de démarcation à de nombreux fuyards qui voulaient rejoindre Londres. Il est alors connu pour ses sentiments d'antinazis et de Résistant.
Bientôt, il est pris par Paoli et enfermé pour trois mois à la prison du Bordiot. A la Libération, son passé est reconnu, et il entre au C.D.L., conseil départemental de la libération.

rue Nicolas Leblanc

 

Le séminaire de Bourges est supprimé

De 1945 à 1951, il y a eut 66 ordinations, ce qui est identique à l'avant-guerre. Mais à partir de 1952, la situation devient plus difficile. Entre 1952 et 1972, sur une période de 20 ans, la moyenne des ordinations a été de 3 par an. Si l'on songe que 20 prêtres sont décédés au cours de la seule année 1957, on se représente assez vite le déficit.
En 1970, Mgr Vignancourt fut obligé de fermer le petit séminaire Saint-Louis de Neuvy-sur-Barangeon. Bientôt la propriété fut vendue. Les futurs séminaristes Berrichons iraient désormais à Paris.

En 1952 se produit un net tarissement des vocations. Il faut de plus en plus recourir à ces communautés pour assurer l'exercice du culte, souvent avec des prêtres étrangers au diocèse qui devient ainsi un " pays de mission ".
Le grand séminaire n'a pu être maintenu et le cardinal Lefebvre doit diriger les séminaristes sur des diocèses voisins.

Quelques éléments ont été recueillis sur l'actuelle maison diocésaine par des membres du Vieux Bourges Plus :

Fermeture Séminaire en 1958. Il est possible que des séminaristes aient continué à y loger.
Dans la première cours logements de prêtres et de quelques mouvements d'église (RCF, ...) restent après 1958 .

Ainsi que des religieuses.
La Maîtrise y reste 30 ans.


Vente 1ere cours en 2004 au départ de la Maîtrise.
Entre la Maîtrise et l'actuelle maison Pape François il y a eu un projet de maison accueil et congrès religieux.

On peut lire quelques éléments dans le site internet du diocèse : " Que serait un diocèse sans ses prêtres ? Bien peu de choses ".
Il faut donc un endroit où les former. Mais cela fait bien longtemps que la ville de Bourges ne dispose plus de séminaire entre ses murs. Désormais, il se situe à Orléans, où plusieurs diocèses envoient leurs séminaristes se forme.
Le père Éric Vinçon, prêtre du diocèse de Bourges, en est le vice recteur et accompagne le père Olivier Michalet, recteur de l'établissement.
" C'est ici que sont formés une partie de nos prêtres, avec ou sans bac. Ainsi, des personnes disposant d'un niveau peu élevé d'études et de connaissances peuvent parvenir à la prêtrise "

Et de poursuivre : .

" L'Eglise a le souci d'offrir à tous la possibilité de répondre à l'appel du Christ. Devenir prêtre en venant du monde du travail, même sans le bac, est donc possible. Car devenir prêtre n'est pas d'abord une affaire d'études mais d'attachement au Christ. De tous les milieux sociaux peuvent surgir des prêtres, et l'Eglise leur offre les moyens de discerner et de se former ".

Rue Nicolas Leblanc

 

Compléments
Archives liées à la formation du clergé dans internet :
Série H : Petits séminaires (Saint-Louis à Neuvy-sur Barangeon, Saint-Martin à Fontgombault, Notre-Dame à Issoudun, Saint-Célestin à Bourges, Saint-Gaultier) (11,20 ml). Grand séminaire (3,20 ml).

La population des départements berrichons a toujours fait preuve d'une religiosité peu profonde. Sauf dans la région de Sancerre où il a été victime d'une répression brutale, les protestantisme s'est peu développé et n'a pas donné lieu, même à l'époque de la Saint-Barthélémy, aux antagonismes violents observés dans d'autres provinces.
Mais les villes sont depuis longtemps déchristianisées, l'influence du radicalisme puis du socialisme venant s'ajouter au voltairianisme du début du siècle dernier. Aujourd'hui, malgré les efforts poursuivis depuis la Séparation (Unions diocésaines de Mgr Dubois, groupes d'Action catholique favorisés par Pie XI), la déchristianisation est aussi grande dans les campagnes que dans les villes. Elle se manifeste dans les cantons urbains de Vierzon, d'Issoudun, depuis longtemps acquis aux idées socialistes, dans ceux de Nérondes, de la Guerche, où les syndicats de bûcherons et de chaufourniers sont influencés par le socialisme puis le communisme, mais aussi dans la Champagne berrichonne, pays étranger à toute influence socialiste, où des journaliers agricoles vivent en dehors de toute pratique cultuelle.

Château de Montifault

 

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