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L'ENFANCE DU GRAND CONDE A BOURGES ET EN BERRY
Une présence peu connue à Bourges mais surtout à Montrond avec l'enfance du futur Grand Condé, il est alors duc d'Enghien, et fait de solides études au collège Sainte-Marie de Bourges.
Le Grand Condé à Bourges
L'enfance du Grand Condé commence avec son père Henri II de Bourbon qui était le prince de Condé. Il devint gouverneur et lieutenant général du Berry et aussi capitaine de la Grosse Tour de Bourges.
Il fit une entrée solennelle à Bourges le 24 juin 1616, mais il est réclamé à la cour car très proche du roi et c'est un ambassadeur qui vint chercher Armand Duplessis de Richelieu évêque de Luçon, le futur cardinal Richelieu.
Il se retrouve à Paris, mais la reine régente Marie de Médicis le fait arrêter et il est emprisonné.
Condé fit pression sur Sully et acquis Montrond, Orval, Culan, Le Chatelet et on dit que le prince était si avare qu'il mit très longtemps à payer ces achats de propriétés.
Il fit son entrée dans Bourges en avril 1621.On retiendra de lui qu'il fit transférer le marché situé sur la place du vieux poirier, la place de la préfecture actuelle, vers les anciennes arènes qui avaient été comblées en 1619.
Il fit embellir et fortifier le château de Montrond, et cette année 1621 fut décidément une belle année, puisqu'il apprend que son épouse Charlotte Marguerite de Montmorency venait de lui donner un enfant, un fils, ce sera " le Grand Condé ".L'enfance du Grand Condé
Son fils est Louis de Bourbon dit " le Grand Condé " duc d'Enghien.
Né à Paris le 7 septembre 1621.
Une sur Anne Geneviève, en en 1619 future duchesse de Longueville
Et un frère né en 1629, Armand : le prince de Conti.
Dès que la ville de Bourges eut connaissance de cette illustre naissance elle envoya deux délégations, une vers le père à Montrond, l'autre à Paris vers la mère qui fut très belle et dont Henri IV avait été amoureux !
Très vite, après cette naissance parisienne, le Prince de Condé fit conduire son fils en Berry, et il l'installa au château de Montrond.
Un serviteur Pierre Lenet écrira :
" L'air de ce lieu est doux et bénin, le petit prince y était en sûreté et si M. son père, par quelque intrigue de cour, fut venu à retomber dans les malheurs qui lui arrivèrent sur la fin de la faveur du maréchal d'Ancre " (Concini).Les chroniques semblent montrer que le petit duc était un enfant de constitution délicate et que beaucoup pensaient " qu'on ne pourrait pas le conserver ! ". La mortalité enfantine était considérable à ces époques lointaines.
Aussi le duc de Condé va confier ce fils à des femmes qui avaient l'habitude de donner des soins aux enfants plutôt qu' des dames de la hautes noblesse comme c'était la coutume dans ces milieux proches du roi.
Une de ces femmes était de Bourges, iol s'agissait de Perpétue Lebesque, épouse de Philippe Labbé, seigneur de Champgrand, simplement anobli par échevinage.Et finalement, cet enfant soi-disant fragile, avec l'air du Berry deviendra un garçonnet plein de vivacité " tant de corps que d'esprit ".
Il fut baptisé à 5 ans.
Son parrain était le roi Louis XIII et sa marraine la reine mère.
Le petit prince fut considéré pendant un certain temps comme l'héritier du trône, puisque Louis XIII et Anne d'Autriche, depuis une dizaine d'années n'avaient toujours pas d'enfants.
C'est en grand cortège que le petit prince arriva a Bourges venant de Montrond, le 30 avril 1726.
A la Grange-Saint-Jean, l'archeveque de Bourges d'attendant, entouré du maire et des échevins et de quelques notables de laville.
L'entrée fut magestueuse, avec une soixantaine de gentilhommes, dans la cité pompeusement décorée.
Curiosité qui va intéresser fe prince, c'est une milice de gamins en uniforme qui attendait le prince, en replacement de la milice de la ville, ils avaient une tenue avec les couleurs des Condés, et portaient une épée à leur taille. Et comme une fête étrange, les tambors étaient aussi des enfants.Il s'agissait d'un baptême " royal ", ou peu s'en faut. Il y eut aussi des chants des joueurs de hautbois, des discours comme des harangues et descendant d'un arc de Triomphe, un jeune garçon offrit au prince les cadeaux de la Ville de Bourges, et terminé en récitant une poésie. Une parade vraiment grandiose avec les enfants de Bourges au premier rang.
Comme toutes les grandes manifestations festives, à Bourges, tout commence avec la cathédrale Saint-Etienne avec un Té Deum et quelques harangues, pour reprendre la terminologie de l'époque.
Ensuite c'est l'entrée dans le logis royal, un bâtiment dans le prolongement du palais du duc Jean actuel et qui a été replacé par la Préfecture du Cher que l'on peut voir aujourd'hui. C'est à ce moment que le jeune Condé peut enfin se reposer.
Quant au baptême, il se déroula quelques jours plus tard le 5 mai 1726.
Bien entendu il se déroule à la cathédrale, laquelle avait été parée de grandes tapisseries, et pour ce grand jour, toute la noblesse du Berry et parfois d'ailleurs avait fait le déplacement, pour beaucoup, c'était le baptême du futur roi de France ! Et tous étaient très richement vêtus,
On retiendra que la cérémonie fut particulièrement longue, mais une fois terminée, un repas fort copieux fut servi et le tout se termina par un feu d'artifice et un grand bal, on peut penser qu'il était très tard et que le petit prince dormait déjà
Et le lendemain, l'enfant retourna au château de Montrond ou il retrouva sa vie au grand air, jouant avec les gosses du voisinage ce qui était autorisé par son père et comme tous les enfants depuis des siècles, le futur grand Condé jouait à la guerre.
L'air du Berry, devait être bon, car sa santé en fut affermie.
Un mot sur le père :
C'était un esprit à la fois instruit et cultivé, et c'était un homme plein d'idées, organisant des divertissements originaux à l'époque.
Il vécut davantage en Berry, à Montrond ou à Bourges plutôt qu'à Paris.
C'est ainsi qu'il reçoit de manière très naturelle des étudiants de l'Université de Bourges, celle créée par Louis XI, et il est le créateur de deux troupes de théâtre à Bourges., une première française et une seconde italienne.
Il faut rappeler l'importance du théâtre à l'époque et Bourges avec deux troupe était un haut lieu d e l'art théâtral avec de nombreux spectacles qui y étaient donnés.
Moins original que le théâtre, c'est la chasse et Condé père, était un grand amateur de chasse, et il élevait des faucons, possédait comme beaucoup de nobles de haute lignée, une meute.A l'âge de fréquenter l'école deux ans après son baptême, il avait donc 7 ans en 1728, et au moment de venir à Bourges, une terrible épidémie de peste sévissait à Bourges.
Beaucoup fuyaient la ville, cette fuite était classique à l'époque,
Seuls les capucins et les jésuites restèrent pour soigner ou soulager la population
Beaucoup de ces religieux moururent et il y eut dans Bourges plus de 5000 morts de la peste.
Ce qui reste de Montrond
L'année suivant, le prince avait 8 ans, et enfin il quitte Montrond pour venir à Bourges.
Il va faire des études au collège des jésuites, qui était situé rue de Paradis, ou fut ensuite le lycée Alain Fournier.
Pour le logement, pas de problème, il était " simplement hébergé " dans la Grand' Maison de Jacques Cur, le palais actuel, à cette époque appartenait à son père.Mais il fallait faire quelques travaux dans plusieurs pièces du Palais pour accueillir cet illustre enfant et en attendant il fut logé au Logis Royal,
La population de Bourges était très fière d'accueillir ainsi ce garçon qui pourrait devenir un jour le roi de France. Il était d'ailleurs selon les témoins d'un très gentil garçonnet, et le portrait fait de lui à 8 ans, le montre avec " une figure ronde et pleine, des yeux vifs,
Des cheveux abondants et bouclés ", un beau petit garçon, alors qu'adulte, il ne ce ne sera pas une beautéIl fut reçu à Bourges avec, comme toujours des harangues et aussi des pots de confitures et des dragées.
Il recevait régulièrement des présents et le 1 er janvier 1730, il a donc 9 ans, les notables de Bourges vont lui offrir des tartes, des massepains et pour son père des bouteilles d'hypocras des poires de bon chrétien et des boîtes de cotignac .
L'enfant reçoit en plus pour ses promenades, un joli carrosse à ses armes ainsi que deux chevaux.
Le Grand Condé adulte
Une vie scolaire studieuse
C'est à Bourges un écolier ordinaire, chaque jour, il quitte le Palais royal pour son école au collège des jésuites, il y a moins de 500 mètres, et comme ses condisciples, il suit les mêmes cours et fait preuve d'une grande vivacité d'esprit.
Seule concession due à son rang, sa chaise est entourée d'une balustrade aux armes des Condés.
Bon élève, il connaissait aussi bien le latin que le français.
On trouve dans les annotations appelées " les Lettres annuelles ", cette mention " Aucun élève n'a jeté un plus vif éclat que le duc d'Enghien, Louis de Bourbon ".
Et de poursuivre ainsi :
" Son exemple est entrainant pour tous. Ecolier en seconde lasse de grammaire, c'est merveille de voir avec quelle diligence et quelle assiduité il se livre aux exercices d'application, de composition, ou de diction. Dans les concertations journalières, c'est lui qui enflamme tous les autres ".
On peut être sceptique sur ces lignes, d'autant que le père avait de grandes libéralités au collège Sainte Maire.
Pourtant si ce texte semble " en rajouter ", pour se faire bien voir, la suite de la carrière le grand Condé montrera une belle intelligence, un goût du travail et un amour des belles lettres et des sciences, des qualités qu'il conservera jusqu'à sa mort.
Et c'est à Bourges qu'il a acquis tout ça.
Il fut un des hommes les plus érudits de son temps et dans sa jeunesse, il avait de grandes qualités dans le théâtre et les pièces montées par les jésuites.Retour sur le père
Le prince de Condé suivait avec beaucoup d'attention les études de son fils, car il était lui-même un grand lettré.
Lorsqu'il travaillait bine, le fils recevait des pistoles de la main de son père. Et a la fin de ses études, de rhétorique, il remporte le 1 er prix d'honneur d'où la récompense qui fut " le traité de l'Amour de Dieu " de Saint couronné de fleurs de lys.
Ce livre est à la Bibliothèque Nationale sous une belle reliure.Il fut particulièrement brillant lorsqu'il va soutenir les thèses en logique, physique et géométrie, et on lit la réaction du général des jésuites :
" que le principal honneur du collège de Bourges était de jeune prince devant lequel les gens étaient frappés d'admiration par son talent et son savoir ".
Un an plus tard, c'est la soutenance d'une thèse de philosophie, il avait 14 ans, et sa thèse est dédiée au roi qui est son parrain.
Lorsqu'il part du collège Sainte-Marie de Bourges, le bulletin de sortie de l'élève Enghien comporte des mots, il a 14 ans :
" Instruit, esprit et caractère formés, où domine une piété digne d'un prince chrétien. Il en est tellement imbu qu'elle épanouit en lui les plus brillantes vertus. Début d'un heureux augure qui promet par la suite des prodiges "Et de poursuivre ainsi :
" Son âge tendre et sa culture avancée, les solides fondements de ses progrès feront de lui, le jour où il sera un homme, le puissant soutien de la religion et du royaume ;
De tous les devoirs d'un chrétien, il n'en est aucun dont cet enfant modèle n'ait pratiqué l'accomplissement. Assidu aux sermons, fréquentation de la Sainte Table, dévotion à la Sainte Vierge, prière du matin et du soir, et examen de conscience sont pour lui des obligations sacres. Il s'en acquitte dans la vie publique et privée, devant les siens et devant ses concitoyens ".Il faut noter que le prince de Condé, le père donc, avait fondé au collège Sainte-Marie une chaire de théologie.
Une querelle s'ensuivit, puisqu'il y avait un litige sur l'habilitation à enseigner la théologie, Entre Jacobins et jésuites, ce n'était pas la grande entente. Une réunion avec le prince de Condé et son jeune fils fut organiser pour traiter la question.
Cela montre que même jeune, le caractère du duc d'Enghien s'affirmait déjà, car il avait l'esprit vif, intelligent, avide de savoir, audacieux, voire même belliqueux.
Pour certains, il dépassera les limites de l'audace.Après le collège, comme tous les écoliers de sa classe de Bourges, il partit se reposer à Montrond, dans le château, car c'était bien la campagne.
Mais il ne reste pas inactif et il poursuit son instruction avec Edme Mérille, qui était un célèbre jurisconsulte, il était aussi régent de l'Université de Bourges. Avec ce professeur éminent, il apprend le droit romain, l'histoire sainte, les mathématiques.Ainsi avec le Prince de Condé, la forteresse de Montrond devint moins austère, il aménagea des vergers, des parterres, des charmilles et même des canaux alimentés par la rivière appelée " le chignon ".
Et je jeune prince Condé se plait dans ce château écrivant à son père le 1 er novembre 1635 :
" Je n'ai jamais quitté sans douleurs un lieu aussi agréable et pendant un espace d'environ trois mois, mes plaisirs n'ont jamais été altérés par un moment d'ennui. "Visiblement le futur Grand Condé est tombé amoureux du Berry et se Montrond :
" La belle saison, la douce température de l'automne naissante m'engageaient à y rester plus longtemps : mais il fallait obéir à vos ordres qui me seront de toute ma vie la chose du monde la plus chère et la plus sacrée ".Mais il ne faut pas oublier qu'à ce moment, il est considéré par beaucoup comme le futur roi.
Aussi, obéissant comme il l'é déjà écrit, il rejoint à Paris sa famille, c'est-à-dire ses parents et sa sur, Anne-Geneviève, son frère Armand, prince de Conti.
A partir de là, le Berry et son cher château de Montrond ne joueront qu'un rôle secondaire dans la vie du jeune homme.Montrond restera pourtant un havre de paix lorsqu'avec les siens il s'opposera à Mazarin, et viendra s'y réfugier.
Dans ces années, le roi Louis XIII, toujours sans héritier s'intéresse beaucoup au jeune Condé et à ses études.
Il devient un peu comme l'héritier, s'initie davantage aux armes et participe à la vie mondaine comme tous les gentilshommes de cette époque En particulier il a un certain succès auprès des jeunes filles, à la fois par sa culture et son esprit que par " la grâce de sa personne ", ce qui peut surprendre au vu des portraits réalisés
Il avait des yeux bleus dont l'éclat mettait les jeunes filles en pamoison, alors que les débuts de sa vie d'homme sont marqués par deux fortes déceptions :
La première c'est l'arrivée du futur Louis XIV, un fils enfin né au foyer de Louis XIII et Anne d'Autriche, et puis la jeune fille qu'il avait remarquée et qu'il voulait épouser Marthe du Vigean, elle aussi éprise, et en prime belle et dit-on spirituelle.
Mais raison d'Etat oblige, avec la main de Richelieu, le mariage fut refusé
Alors en février 1640, le duc d'Enghien, futur Grand Condé épouse la nièce du Cardinal, c'était Claire-Clémence de Maillè âgée de 12 ans, mais petite et pas belle du tout. En plus ses parents étaient anormaux ! En particulier sa mère.
Les deux futurs époux avaient été présentés l'un a l'autre à l'archevêché de Bourges. Le mariage se fit et Marthe de Vigean par dépit entra au Carmel.Le résultat de ces évènements auront pour conséquence, l'engagement de Condé dans l'armée.
En effet, il n'avait pas pu épouser celle qu'il aimait et c'était réciproque pour épouser une fillette " petite au possible ".
Le mariage fut surréaliste, le prince, tout nouveau jeune époux était fort triste, alors que le cardinal de Richelieu était particulièrement " gai et dansa fort allègrement ".Remarque :
La forteresse de Montrond, à Saint-Amand-Montrond (Cher) est la seule fortification bastionnée édifiée dans le centre de la France. Implantée sur une butte calcaire isolée, au confluent de deux rivières, la première enceinte fortifiée, avec un gros donjon circulaire, remonte au début du XIIIème siècle. Fortement remanié, le château est agrandi, puis transformé en forteresse par Henri II de Bourbon-Condé, père du "Grand Condé" en 1621. Ce dernier fait réaliser un puissant réseau de fortifications bastionnées. Visites guidées de la forteresse en saison touristique du mardi au dimanche à 10h et à 15h, limitée à 9 personnes : réservation recommandée. Ouvert toute l'année pour les groupes
sur rendez-vous.
les restes de la forteresse de Montrond à suivre
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