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Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :
Pierre Girard directeur à la Libération de l'Usine d'aviation de Bourges
Pierre Girard directeur à la Libération
Pierre Girard va devenir directeur de l'établissement alors qu'il n'était qu'un jeune ingénieur.
Il est né à Bourges le 29 avril 1914, et fit de solides études obtenant son baccalauréat " A " de mathématiques, et fut admis à l'école Polytechnique. Il était entré à la société Hanriot devenue la SNCAC à l'issue de solides études. Le 5 juillet 1937, il avait 23 ans, et comme il dit, " il n'y avait pas d'embauches massives ". C'était toutefois la période des études de prototypes et il fallait des ingénieurs.Son premier travail il le fit au bureau d'études. Placé sous la direction de Louis Montlaur, il commença comme calculateur au bureau dit des prototypes. Il avait également des relations fortes avec les essais en vol, avec Marcel Haegelen, Jean Brivot, et Louis Bertrand, les grands pilotes de ces années d'avant-guerre.
Il était en quelque sorte à l'essai, nous dirions aujourd'hui " en CDD " (contrat à durée déterminée), car son contrat ne deviendrait définitif qu'à la condition que les calculs qu'il devait effectuer sur la tenue de l'aile du H 220, un gros bimoteur, ne " lâche pas ". C'était en quelque sorte une des clauses du contrat.
Comme l'avion va bien fonctionner, Pierre Girard sera embauché, jusqu'à la crise de Munich. Il quitte alors la SNCAC pour l'armée, son sursis étant résilié. Après les EOR (Ecole d'Officiers de Réserve), il devient sous-lieutenant.
Il participera à des bombardements comme chef de bord d'un Glenn Martin dans la 63ème escadre de Marrakech, opérant en France, mais aussi en Sicile et en Tripolitaine (Libye). Cela lui vaudra la Croix de Guerre pour " précision de ses bombardements ".Pierre Girard reviendra le 18 février 1941 à la SNCAC, comme ingénieur d'atelier. Lorsque la Libération de Bourges arrive, ces jours de septembre 1944, il faut trouver un nouveau directeur. En effet, comme pour la ville de Bourges, où ce sont les Résistants qui vont placer Charles Cochet comme maire, par désignation, il en est de même pour la SNCAC.
La direction qui avait travaillé avec les Allemands fut éconduite dont, en particulier le directeur qui y avait régné 4 ans, M. Blouet. Un comité " d'épuration " fut institué à la SNCAC ; comité comprenant 20 membres sous la présidence d'Alfred Chamballu. En fait, " l'épuration " sera limitée dans la mesure où les personnes ayant quelque chose à se reprocher étaient parties d'elles-mêmes. M Blouet avait, certains documents nous le confirment, fait le maximum pour ses employés écrivant à l'autorité d'Occupation pour que des ouvriers soient libérés de la prison du Bordiot.
Ce comité va participer à la nomination du nouveau directeur, M. Girard, ingénieur au bureau d'études. Cet épisode se passe le 15 septembre 1944, lors de l'assemblée générale du personnel au cinéma " Le Grand Palais ".
Cela est connu à partir du jour, avant le mois d'avril, où il avait sauvé plusieurs Résistants de l'usine, ayant eu, par hasard une information :
" C'était au printemps 1944, j'étais allé au bureau du personnel, et là, j'entends un gars de la Gestapo demander si les dénommés X, Y et Z avaient pointé le matin. Ces gars, je les connaissais tous, alors, j'ai couru, j'ai été les prévenir, et ils ont pu se cacher, aucun n'a été retrouvé. Il faut dire que les Allemands réunirent les employés et chacun s'est retrouvé à passer un à un comme dans un défilé, la carte d'identité à la main, alors que devant nous, un peloton d'exécution était en place prêt à fusiller les hommes recherchés ".
Pierre Girard raconte encore :
" Le 15 septembre 1944, une semaine après la Libération de la ville, des membres du personnel viennent à mon domicile afin de me demander de prendre la direction de l'usine. Je deviens alors à partir de ce jour ingénieur d'atelier faisant fonction de directeur ".
Ceci sera entériné par un courrier daté du même jour, 15 septembre 1944 signé de M. Vidal, attaché au cabinet civil du ministère de l'Air. Il est écrit :
" Monsieur Girard est chargé provisoirement de la Direction de la SNCAC à Bourges.
A ce titre :
-1 : Il entreprendra, sans délai la remise en état des anciens locaux de l'aéroport.
-2 : Fera l'inventaire du matériel.
-3 : Assurera le retour et l'installation à Bourges des machines décentralisées à Saint Florent.
-4 : MM. Colomb, Apied, Affouard et Perrin ont été adjoints à M. Girard pour l'exécution de ces travaux.
-5 : M. Girard est en outre habilité à recruter (en accord avec les représentants des organisations syndicales CGT de Bourges) tout le personnel nécessaire à la bonne marche de ces travaux ".Les destinataires de ce courrier sont outre monsieur Girard, monsieur Blouet, l'ancien directeur, mais aussi la CGT, le directeur général de la SNCAC, et le ministre de l'Air. Il est à noter la puissance d'alors du syndicat CGT.
Mais Pierre Girard n'est que directeur provisoire, et c'est un courrier trois semaines plus tard qui confirme cette nomination.
Dans cette lettre N° 242 CAB.CIV.8, signée du ministre de l'Air Charles Tillon, il est écrit qu'une enquête a été réalisée sur place par l'attaché du ministre, M. Périgon , et que :" Du point de vue économique et social, le maintien de M. Blouet à la tête de cette usine ne paraît pas souhaitable. En effet, en dehors de nombreux témoignages recueillis sur place et montrant de la part de ce dernier une attitude peu française, il est remarquable de constater l'hostilité irréductible et quasi-unanime du personnel à son égard ".
Ainsi l'ancien directeur sous les Allemands, dans ces jours qui suivent la Libération et alors que la guerre n'est pas terminée, est définitivement écarté.
Le courrier ajoute que le directeur aurait dû " gagner l'estime générale du personnel, c'est exactement le contraire qui apparaît ".
Et la lettre se termine ainsi :" Nous considérons que M. Girard techniquement qualifié pour tenir ce poste et la confiance unanime affirmée par le personnel à son égard lui confère une indiscutable autorité.
Je vous demande donc de bien vouloir considérer la nomination de M. Girard à la direction de l'usine de Bourges comme définitive ".Ainsi, le ministre de l'Air Charles Tillon, alors communiste notoire et jouissant d'une très grande popularité en France a tranché. M. Pierre Girard devient directeur de la SNCAC de Bourges.
Il le restera jusqu'au 2 août 1946, c'est à dire pendant 2 ans, remplacé alors par M. Tétard.Document exceptionnel de la nomination de Pierre Girard comme directeur de la SNCAC.
Il est étonnant, au cours de cette période difficile, de lire une lettre du directeur de la SNCAC, M. Pierre Girard, envoyée rue Michel de Bourges au Colonel Colomb des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) du Cher. Cette lettre demande " que soit restituée la 11cv Citroën 7670 DN 2 réquisitionnée le 6 septembre 1944 par le bon N° 982 signé du Capitaine Robin, cette voiture ayant appartenue au chef de production qui dit en avoir besoin pour inspecter les différentes sites de productions aéronautiques installés dans le département du Cher ". Afin de bien préciser les choses, un post-scriptum est ajouté au cas où les FFI ne retrouveraient pas le véhicule: " La voiture est maintenant immatriculée FFI B 19 ".
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