Histoire de la Peste a Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

 

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L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

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Version 2021
 

LE SOMMAIRE
 
Les épidémies au Moyen Age
 
LA PESTE LOINTAINE
 
LES GRANDES EPIDEMIES DE L'HISTOIRE
 
La Peste au XV ième siècle
 
 
La Peste au XVI ième siècle
 
 
 
 
 
La Peste au XVII ième siècle
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIs
Monuments Historiques Classés
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

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 LA PESTE et autres EPIDEMIES AU MOYEN AGE A BOURGES

Un texte qui devait faire l'objet d'une conférence avec David Ledrich sur la Peste au Moyen Age, et compte tenu du coronavirus covid 19, elle n'a pas pu se faire en novembre 2020.


INTRODUCTION

Les épidémies au Moyen Age

On a pris la Peste comme exemple type, mais on évoquera les autres épidémies rapidement jusqu'à nos jours.

On verra donc ce que sont les virus et autres bactéries,

Mais aussi le contexte et vous reconnaitrez certaines pratiques ou expressions de nos jours….

Le choix a été fait de ne prendre que certaines périodes et certaines pestes, car on dispose parfois de peu d'informations historiques.

Bourges a quelques archives mais il faut se souvenir de 1487.

On parlera de la peste en général et à Bourges en particulier, lorsque nous le savons.

Nous avons focalisé sur la Peste de Justinien au VI ° siècle, puis la Grande Peste de 1347.

Ensuite, les 4 siècles qui suivent.

Là nous raconterons comment on faisait facfe à la Peste au moyen Age.

Nous parlerons aussi des lieux de soin à Bourges et du personnel médical du Moyen Age.

Nous poursuivons par la grippe espagnole de 1918

Nous terminerons par la peste aujourd'hui.

Vous pourrez participer et une question : etes vous vacciné contre la Peste ? et Pourquoi ?

LA PESTE ET LES EPIDEMIES AU MOYEN AGE

Petit traité pour les nuls

Les épidémies dans l'Histoire :
- ce qu'il faut : les déplacements , les batailles, les cités. Donc phénomene récent
- Premiere épidémie en 430 av JC
C'est la Peste d'Athènes (Périclès) 1/3 de la population.
- Puis, la peste antonine en 165 Et 5 millions de morts (variole).
Enfin la peste en l'an 541 dite de Justinien avec 30 à 50 M de morts.
Typhus, Peste, variole ….

 

Avec la Peste noire: C'est le bacille de la peste, 25 millions de morts

Typologie

Microbes : organisme microscopique. des milliers d'espèces : les bactéries, les virus, les protozoaires et les champignons.

Bactéries Tuberculose, Lèpre, Peste , Typhus, Choléra
Virus Variole, Grippe, Rougeole, Fièvre jaune
Parasites Paludisme
Prions

Coronavirus c'est un virus Les Coronavirus (Cpv) sont des virus issus de la famille des coronaviridae, dont la particularité est de posséder un génome à ARN très long (l'acide ribonucléique permet le transport du message génétique et la synthèse des protéines). Ces germes sont entourés d'une capsule de protéines en forme de couronne, d'où leur nom.

Bacilles : c'est une bactérie de forme allongée

Bactéries
Ce sont des organismes vivants qui se reproduisent en se divisant en deux copies identiques. Ainsi on peut passer d'une bactérie à deux, 4, 8, 16, 64... et à un million en quelques heures. Il existe beaucoup d'espèces différentes de bactéries et on les trouve partout : dans la terre, l'air, l'eau, les plantes, les animaux et les hommes. Etant donné leur taille minuscule, un gramme de terre peut contenir jusqu'à 1 milliard de bactéries. On en trouve 100 000 milliards de 600 sortes différentes dans notre intestin !

Virus :
A la limite du vivant, ils sont constitués de gènes enveloppés dans une capsule ou une membrane de protéines. Ils n'ont même pas les éléments nécessaires pour se multiplier. Pour cela, il leur faut parasiter une cellule et la contraindre à répliquer leurs gènes.

Un prion :
est un agent pathogène constitué d'une protéine dont la conformation ou le repliement est anormal et qui, au contraire d'agents infectieux tels que les virus ou les bactéries, ou encore des parasites, ne dispose pas d'acide nucléique (ADN ou ARN) comme support de l'information infectieuse.


LA PESTE LOINTAINE

L'Histoire des épidémies

430 - 426 av JC : Peste d'Athènes (typhus ou variole) (100 000 morts 1/3 population grecques)

165 - 180 : Peste antonine ou dite de Galien (variole ?) 30 millions de morts ( 10% à 30% de la population de l'Empire romain).

250 - 266 : la " Peste " de Cyprien (variole ou rougeole) 1/4 de la population de l'Empire romain.

542 - 767 : Peste de Justinien (bubonique) : 25 à 50 millions de morts 40% de la population d'Europe et d'Asie.

1347 - 1352 : La Grande Peste bubonique 75 à 100 millions de morts (30 à 60% des populations touchées en Europe, en Asie et en Afrique.

1520 La variole (virus) fait 56 M de morts en Europe.

1545 - 1576 : variole à Mexico 80% de morts dans la population locale.

1600 / 1700 la peste jusqu'en 1855 et la 3e pandémie qui fait 12 M de morts.

1665 - 1666 : Peste noire de Londres (bubonique) 20% de la population de la ville, 100000 morts.

1720 La grande Peste de Marseille

1817 - 1860 : Pandémie de choléra , plus de 1,2 millions de morts.

1894 - 1924 : Dernière grande pandémie de peste dite " de Chine " avec 12 millions de morts.

1918 la grippe espagnole fait 50 millions de morts (100 ?) 5 fois plus que la Grande Guerre, 3% de la population mondiale.

ET Aujourd'hui

1957 la grippe asiatique 2 à 4 millions de morts

1968 - 1969 : la grippe de Hong Kong, 1 à 2 millions d emorts dont 31226 en France.

1981 - 2020 : Sida, 35 millions de morts dans le monde et 37 millions de personnes contaminées en 2015.

2002 - 2003 : Epidémie de Sras, en Asie 774 morts

2013 - 2015 : épidémie d'Ebola , en Afrique, 11300 morts.


LA PESTE

Maladie infectieuse contagieuse, endémique et épidémique, due au bacille de Yersin et transmise du rat à l'homme par les piqûres de puces.

Du latin pestis qui signifie (" fléau ").

La peste bubonique : du rat à l'homme par la puce
La peste pneumonique : de l'homme à l'homme par gouttelettes de salive.

- La peste bubonique (ganglionnaire) : après 2 à 6 jours d'incubation, apparaissent brutalement une fièvre, des frissons, des maux de tête, puis apparaît un volumineux ganglion dans une seule région (cervicale, dans l'aine ou l' aisselle), très volumineux et douloureux. En l'absence de traitement, l'évolution se fait vers une dissémination avec septicémie et état de choc. Parfois la phase bubonique n'est pas présente, l'infection évoluant directement vers une septicémie (peste septicémique).

- La peste pneumonique se manifeste par une toux, des douleurs thoraciques, des crachats purulents et sanglants, très contaminants. La peste pneumonique peut être secondaire à la septicémie (peste pneumonique secondaire) ou survenir d'emblée chez des malades par contamination aérienne.
D'autres atteintes primaires ou secondaires sont possibles telles des méningites.
Le traitement antibiotique doit être instauré dès que possible afin d'éviter l'évolution et la forte mortalité qui y est attachée.

Propagation :
Par la fréquentation des malades
Toucher les vêtements et les objets
Par la parole et même par les yeux.
On se couvre souvent d'un drap.

LA PESTE A BOURGES ?

Problème des documents

Article dans la revue CAHB qui vient de sortir…
Manque 1347

LA PESTE DE 1347 :

Un exemple
25 millions de morts

LES GRANDES EPIDEMIES DE L'HISTOIRE

On en a pris 6 seulement et c'est déjà beaucoup, surtout la peste, en terminant par la grippe espagnole.


La peste de Justinien,

C'est au VI° siècle que le pays et Bourges subissent une terrible maladie.
Je ne veux pas vous sabrer le moral dans ces années 2020, mais nous sommes en l'an 542, et voici qu'arrive de Constantinople la peste bubonique dit de Justinien.
Justinien empereur de Byzance.
En 542 elle est à Constantinople et l'année d'après à Marseille
Elle remonte la Loire puis arrive à Clermont et passe par le Rhône.
Elle dure 2 siècle : jusqu'en 767.
Ce sont des poussées de 2 ou 3 ans uniquement en Occident, très présente en Italie et en Gaule.

Comment cela se passait :
- On ne sait pas pourquoi on est malade.
- On ne sait pas pourquoi, lorsque cela arrivait, on guérissait.
On mourrait très vite, souvent en 4 jours. Les médecins ne visitaient plus
Que faire ?
Impuissance et panique : une seule solution, la fuite.
Pour Procope , " la peste dépasse les bornes de la raison ".

Quelques exemples de la peste de Justinien

En 567 en Auvergne selon Grégoire de Tours, " les cercueils manquaient, on mettait 10 corps dans la même fosse ".
Dans un dimanche à Clermont on comptabilise 300 cadavres.
A la fin vers 750 c'est la plus faible démographie en Occident et cela touche toutes les villes les routes de communication, mais épargne les campagnes.
Le nord de l'Europe est épargné.

" Quel malheur, quel désastre cette Peste bubonique a commencé chez l'empereur de Byzance en l'an 542 et l'année suivante, par la mer, la peste arrive à Marseille. C'est la mort assurée, avec l'apparition de bubons, et la fin en quelques jours, en moins d'une semaine, j'ai vu toute ma communauté périr en 4 jours.
Elle touche les villes, et on ne sait pas pourquoi on est malade, personne ne l'explique, on ne sait que faire. " La peste a été envoyée aux hommes, et sachez que c'est la juste colère de Dieu en punition de nos fautes ".
Elle a remonté le Rhône, passée en Auvergne et le cours de la Loire, passant par le Berry.
J'arrive à Bourges où c'est la désolation, comme à Clermont l'autre semaine où les cercueils manquaient, on y mettait 10 corps dans la même fosse, et dimanche dernier, on a enterré 300 cadavres.
La seule solution, je ne le dit qu'à vous, c'est la fuite, car la peste épargne pour l'instant les campagnes.Je m'en vais prier pour vous car vous en avez bien besoin et puis cette Peste grâce à nos processions va s'éteindre rapidement, c'est notre évêque qui l'a dit ".
Après 767, finie la Peste ou presque elle attendra 600 ans pour revenir en 1347, nous en reparlerons.
Pourquoi la fin de la peste ?
C'est au VIII° siècle, et c'est assez rapide.
Et plus de peste ou presque pendant 600 ans !
Absence de rats, Chute de la population en particulier urbaine, Baisse du trafic commercial.
Et sans doute l'hygiène qui augment et la résistance de certains à la maladie ?

La peste de 1347

Arrive la Grande Peste, ou Peste noire, qui est très documentée.

Elle part d'Asie centrale en 1437 puis arrive en Crimée dans la ville de Caffa (Féodosia) qui est un comptoir génois.

La ville est assiégée par les Tatars et ceux-ci lancent des corps et des cadavres de malades de la Peste au-dessus des remparts sur la ville avec des catapultes !
" Il fallait que les chrétiens soient anéantis par leur puanteur ".

Il s'agit d'une peste pulmonaire.

Les marchands génois quittent la ville avec des malades.
Et vont en méditerranée, comme à Messine en Sicile, apportant une peste très contagieuse.

Au bout d'un an la peste bubonique apparaît et se diffuse à Naples, Rome, Florence et bientôt toute l'Italie.

De là deux branches se forment :
Une vers l'Adriatique, c'est à dire l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne.
Une vers la France, à Toulon puis Marseille et le pays vers Limoges et Bourges.

On a un répit dans l'hiver 1348 /49 et l'épidémie va en Angleterre, dans les Flandres, la Pologne … etc

Cette peste dure une dizaine d'années, jusque vers 1356, pour revenir en … Crimée.

Cette peste terrible comporte les deux formes : bubonique et pulmonaire.
Premie?re peste de 1348-1349
Pour Raynal, avec la guerre qui commence en 1339 et se poursuit plusieurs années loin du Berry, et en 1346 le 26 août, c'est le grand désastre de Crécy, où Louis II, comte de Sancerre trouva une fin glorieuse.
Aux ravages de la guerre se joignit un autre fléau, la Peste. Elle éclata en Provence en 1347, gagna le Langueoc puis le centre du royaume et continua sa marche irr "sistible et régulière, elle arriva à Paris en août 1348. C'est une formidable épidémie connue sous le nom de Peste de Florence.
Michaud Fréjaville
La pande?mie du printemps de 2020 a ravive? le souvenir des anciennes e?pide?mies antiques et me?die?vales. De fait, pour le Berry nous avons fort peu de traces directes de la premie?re peste de 1348-1349. Pour 1349- 1350, Jean d'Estre?e le grainetier de la seigneurie de Sancerre note, sans de?tails, qu'il a fallu rabattre (pour nous, le calcul est de 28 %) les revenus escomptés de certains impôts en nature, " pour la mortalite? " (1) ; il a e?gale- ment releve? que le total des 10 boisseaux de ble? froment dus par les hommes taillables "soloient mes valoir, mes ilz sont morts et deschus"(2). Ne?anmoins, de cette seule constatation on ne doit pas infe?rer la disparition du quart de la population du comte?!
Il existe néanmoins une autre preuve d'un accroissement anormal des de?ce?s au cours de l'e?te? de 1348 a? partir d'un petit registre du de?but du XVe sie?cle, collationne? par Guillaume Papion, clerc jure? notaire de Saligny (Nie?vre) qui concerne les années 1304-1382. La petite terre de la Grange en Sancerrois, dans la partie sud de la paroisse de Saint-Bouize, e?tait situe?e sur la rive droite de la rivie?re de la Vauvise, mais le?ge?rement au-dessus de la zone inondable de la Loire, elle s'e?tendait jusqu'a? Couargues a? l'est, Vinon a? l'ouest, le moulin Mirebeau et Herry au sud (Fig. 1). Il s'agit de petits efs (et arrie?re- efs) e?pars. Eudes de Sully, vassal des seigneurs de Sancerre(3), en fut seigneur jusqu'en 1329(4). Ses deux lles e?pouse?rent, en 1335, deux fre?res : Aenor e?pousa Hugues de Chastel Perron et Marguerite Guillaume. Ils e?taient les co-seigneurs de Saligny, et dans certains actes, de?s 1336, Guillaume, chevalier († v. 1368), est de?signe? comme Guillaume Lourdin de Saligny(5). Cet he?ritage est vraiment modeste : la grange de Couargues qui a donne? son nom a? la terre e?tait estime?e en 1308 a? 10 livres de rapport dans l'aveu d'Isabeau d'Archy(6), damoiselle, et a? 5 livres par Jean d'Archy, e?cuyer, en 1338(7).
Les écrits

Giovanni Boccaccio (en français Jean Boccace, ou encore Boccacio ou Boccace) (1313 à Certaldo en Toscane - 21 décembre 1375 dans sa ville natale) est un écrivain florentin.
Giovanni Boccaccio est un écrivain florentin. Son œuvre en toscan, notamment son recueil de nouvelles le Décaméron, qui eut un énorme succès, le fait considérer comme l'un des créateurs de la littérature italienne en prose

Boccace écrit : " la peste fut envoyée aux hommes, soit par l'influent des comètes, soit par la juste colère de Dieu en punition de nos fautes ".

Il y a une unanimité au Moyen Age pour considérer la peste comme une punition divine.

En août 1348, une comète (de Hallay) est dans le ciel, c'est une grosse étoile et c'est le présage de l'épidémie en France.
Pour la faculté de médecine de Paris en 1350, " la cause éloignée et première de la Peste a été et est encore une constellation céleste… C'est une cause meurtrière de l'air qui nous environne ".
La peste se poursuit l'hiver (puces et poux).
La peste se développe dans les grandes villes, commence dans les quartiers pauvres et dans les secteurs professionnels particuliers (fourrures, boulanger …) qui sont des nids à puces.
Les campagnes sont peu affectées.
A la peste s'ajoute la dysenterie, la coqueluche, la typhoïde, la grippe, la variole, le choléra, la lèpre…
Et puis la disette.
Les morts de la peste
Le pape Clément VI fait faire le point, il arrive à 24 millions de morts.
On estime que 1/3 du monde occidental va périr.
Dans les villes, ce sont 50% de la population qui meure.
Les exemples sont multiples :
Givry, alors que l'on enterrait 40 personnes par an, ce sont 650 morts par la peste en 1 an.
Dans certains couvents, ce sont 100% des moines qui meurent.
A Montpellier sur 160 moines cordeliers, il n'en reste que 7.
Les consuls du midi, Montpellier 83% de morts et 100% à Béziers.
La mortalité est variable selon les pays, 60 % en Angleterre, 30% en Autriche et 40% en France .
Elle dure jusqu'à la fin du Moyen Age on dira 1492 ou 1500 environ.
On la retrouve à Marseille en 1721
Et aussi à Paris chez les chiffonniers en 1920.
On fait des enfants, beaucoup d'enfants la plupart meurent de la peste.
C'est un fait urbain : rien de 1439 à 1458 pas plus qu'entre 1487 à 1497.
On la trouve en Bourbonnais de 1348 à 1349, puis 1361 à 1384, puis 1400 à 1416, puis 1420 à 1439 (à St Pourçain) et de 1501 à 1503.
Elle a tué de 30 à 50 % des Européens en cinq ans (1347-1352) faisant environ 25 millions de victimes. Ses conséquences sur la civilisation européenne sont sévères et longues, d'autant que cette première vague est considérée comme le début explosif et dévastateur de la deuxième pandémie de peste qui dura, de façon plus sporadique, jusqu'au début du XIXe siècle.

Lutte contre la peste

Hippocrate sauva Athènes de la peste en brûlant dans les rues des bois aromatiques et en faisant suspendre partout des paquets de fleurs parfumées. - (Marcel HEGELBACHER, La Parfumerie et la Savonnerie, 1924)

On se tourne vers Dieu, car c'est une punition du ciel

Pour le pape c'est la repentance, des processions, un pèlerinage.
Notion de consolateurs.

Pour un consul ou conseil de Montluçon : " En 1472, la peste sévit ainsi qu'il avait plu à Dieu, celui-ci ayant envoyé sur terre un jugement de mortalité "

Par Cécile Régnier

" On ne peut prétendre bien connaître une maladie infectieuses sans en posséder parfaitement l'Histoire. Entre toutes, la peste est, sans conteste, celle dont le passé est le plus riche et la connaissance indispensable pour tenter de prévoir l'avenir ". Henri H Mollaret

La lutte contre la peste :

La fuite
Face à l'air corrompu, s'enfuir est une solution qui permet d'échapper à l'infection.
Hippocrate : " fuir le plus tôt, le plus loin, revenir le plus tard possible " Cito, longe, tarde.
Que pour les privilégiés.
Elle permet surtout l'extension de l'épidémie… on part trop tard !

 

Soins du corps
Eviter les fourrures, laine ou velours et préférer la soie !
Se laver, frictions toilette et laver les vêtements.

Une vie harmonieuse
Fortifier l'organisme, un bon régime alimentaire, pas d'excès de nourriture noi boisson, pas de viande trop riche, préférer le poisson.
Réduire l'exercice physique, un sommeil raisonnable et avoir une humeur gaie.

Les remèdes médicaux
Le vinaigre, des terres argileuses, comme le bol d'Arménie ou les thériaques (mélanges).
L'angélique en poudre ou liqueur, le tabac.

Les superstitions
Amulettes, pierres précieuses (émeraude, améthystes, diamant.)
Les bézoards surtout au XVII ième siècle (concrétions calcaires), il existe des faux (coquilles d'huitres).

Conclusion :

La notion de contagion se répand (Guy de Chaulliac).
Protéger la population saine de la population malade
Améliorer l'hygiène public.
Action forte des autorités publiques (réglementation, ordonnances, et bureaux de santé).

Améliorer l'hygiène publique.

Nettoyage des rues : un personnel spécialisé est employé.

Ordonnances sur les professions insalubres (contact avec les animaux, les bouchers tuent les bêtes hors la ville)

Extermination des animaux même domestiques, chiens et chats sont abattus.

Purification de l'air : les feux sont allumés dans les villes. On tire le canon pour ébranler l'athmosphère.

Mesures contre la contagion

Isolement des malades : enfermés dans leur maison et croix peinte sur la porte.
Les mettre hors des murs de la ville, surtout au XV ° siècle.

Construction des hôpitaux

Isolement des morts : suppression des cimetières autour des églises.

Isolement des villes, interdiction de sortir de la ville et d'y entrer si la peste est dans la région., les mendiants sont expulsés.

Le bulletin de santé : un billet est délivré dans une ville garantissant que la ville n'est pas infectée.
Les hôteliers ne prennent pas des personnes sans le billet.

Les patentes maritimes : dès le XV° siècle sur l'état sanitaire du pays d'où est parti le navire.

La quarantaine : vient d'Hippocrate, aux familles de malades
Si la maladie n'est pas déclarée, c'est qu'elle est chronique et ce n'est pas la peste.

La désinfection : parfum et feu, les monnaies avec du vinaigre.

Traitement de la peste

La saignée dès l'apparition des bubons et à l'opposé du bubon.
Médicaments variés, le Mithridate, girofle, gingembre, bézoards…
Poudre de crapaud, corne de licorne….

Traiter le bubon : ventouses, scarification, sangsues., cataplasme.

La peste au Moyen Age est véhiculée par les hommes qui transmettent les puces.
Le rongeur est un réservoir à virus.

On n'explique pas la disparition de la peste en Europe au XVIII ième siècle

Sans doute un mutant du bacille de la peste, ce mutant a créé une immunité contre la peste parmi les rongeurs sauvages, donc plus de foyers naturels de peste.

Quant au vaccin, il n'a toujours pas été inventé.

 



PESTE ET MALADIES A BOURGES

Pendant tout le moyen age, la maladie est présente à Bourges et dans les campagnes.
Entre 1005 et 1006, c'est une grande famine qui s'étend sur l'ensemble de l'Europe. Un siècle plus tard, de 1124 à 1126, c'est encore une grande famine, tout comme la période 1315 - 1317 qui englobe l'ensemble du monde occidental.
Hormis la famine, ce qu'il faut retenir des maladies à Bourges, c'est essentiellement la peste.
Elle arrive par vague, dans de grandes périodes :
- en 1348 que l'on vient de voir
- en 1458
- en 1474

plus tard, aux siècles suivants :
- 1499 - 1500, puis - 1582 - 1583, et ensuite - 1598 - 1597 et enfin - 1628 - 1629
D'une manière régulière apparaît donc ce fléau.

A titre d'exemple, la grande peste de 1628 fit disparaître très rapidement plus de 5000 berruyers, le reste de la population s'enfuyant en dehors des murs de la cité.

 


La Peste au XV ième siècle

Charles VII habitait le Berry et en 1454 les ordonnances sont signées à mehun ou Bois sir Amé.

La peste règne en 1458 à Bourges c'est pourquoi la cause de l'éloignement du roi du Berry.
Cet horrible fléau était commun en France, et jusqu'au XVII ième siècle, les retour de la peste sont périodiques.
Le dimanche 13 août 1458, après la délibération du chapitre saint Etienne, le clergé et les notables organisèrent une procession solennelle parcourant la ville, puis l'archevêque fit un sermon et annonça que tous les ans, le 2 juillet ce serait la fête de la Visitation pour que " la bienheureuse Vierge Marie intercède en faveur du peuple et ontienne la fin d el'épidémie. Qui désole la ville et le diocèse.
On se rendit à la Saint Chapelle ou chacun pria pour la cessation du terrible fléau qui devait si souvent recommencer ses ravages.
(la pestis epidemie).

Jean Cœur

Jean cœur fut archevêque de Bourges en 1450 quoiqu'il n'eût pas encore l'âge exigé pour remplir une si haute fonction.
D'où l'action de son père Jacques.

Il escorta de Mehun à Paris la dépuille mortelle se Charles VII.
Il se heurta à Louis XI en 1474 avec l'émeute qui " attira tant de malheurs dans la ville ".

En 1458, Jean Cœur à l'occasion de la peste fait instituer par un vœu la fête de la Visitation.

En 1469, à l'occasion d'une visite pontificale, des actes de violence furent commis contre l'archevêque Jean Cœur nous dit Raynal.

En juin 1482, l'archevêque de Bourges Jean Cœur mourut épileptique à l'abbaye saint Sulpice, mais pour d'autres cela s'ajouta à la peste car il y avait une nouvelle explosion de peste qui ravagea la France et tout le Berry et Bourges.

 

Jeanne de France et la peste
selon Raynal
Les années 1499 et 1500 mirent plus que jamais à l'épreuve la courageuse charité de la duchesse.
La peste éclate à Bourges avec une nouvelle fureur.

Tous ceux qui le purent vont en effet quitter la ville. Il reste ceux qui ne savent où aller, et ce sont les pauvres. Et le fléau visite toujours les quartiers les plus pauvres en premier.
La duchesse se dévoua pour les visiter et soulager la misère.

La ville désolée fit un vœu pour obtenir du ciel la fin de l'épidémie.

Les échevins vont en septembre 1499 présenter à la cathédrale une maquette de l'enceinte extérieure de la ville avec murailles et tours.

L'année suivante en 1500, la peste regnait encore et faisait de nombreuses victimes.
Jeanne se lança dans la dévotion à la Vierge….

(cela reprenait la Visitation célébrée en 1458 pendant que la peste ravageait la ville.

La Peste au XVI ième siècle

La peste de 1500

A mois d'août c'était au début du XVI ième siècle, la peste qui avait régné si souvent à Bourges depuis 1500 avait reparu en 1516 et 1517 et recommença ses ravages.
L'année forte de l'épidémie fut 1518 et la peste fut dix fois forte (un facteur 10) que les années précédentes.
Le chapitre décida que la Paix et le livre des évangiles ne seraient pas exposés à la vénération du peuple, dans la crainte de la contagion.
Et un prédicateur recommandé par la duchesse Marguerite pour précher l'Avent. ? On lui fit observer que le danger de la peste avait fait interrompre les processions ordinaires et les prédications.
La funeste épidémie va réapparaître en 1524, en 1526, 31, 32… Elle n'abandonnait jamais la France ; mais elle ne frappait pas toutes les provinces en même temps.
Visiblement il y a comme une trève de la peste de 30 ans, pour reprendre en 1562.

La peste de 1562

Au mois d'octobre, la peste éclata, elle dura sur le dernier trimestre 1562elle fit périr dit-on des deux tiers des habitants.
Ce fut un moment difficile puisque Bourges fut occupé, par les protestants de Montgomerry qui détruisirent une partie des sculptures de la cathédrale. Puis ce fut le siège par les troupes royales, le tout en temps de peste !
Le fléau durait encore lorsque M de Trémery avec sa compagnie entrèrent dans Sancerre.

La peste de 1580

Dès le 25 juillet 1580, on apprit que la peste était à Paris.
On convoque dans la maison commune une assemblée de médecins, apothicaires, de maîtres chirurgiens et barbiers.
Ce " Conseil scientifique local " déclarèrent qu'il y avait beaucoup de malades, mais aucun cas de peste. On prit des précautions sanitaires et les rues furent nettoyées, expulsion d'animaux immondes et défense de recevoir des personnes venant de lieu pestiférés.
Interdiction de vendre des melons et concombres;..
Si quelqu'un est atteint du fléau, il doit être séquestré dans sa maison ou l'engager à quitter la ville ou à le mener à la Maison des pestés..
Ce fut efficace, alors que Issoudun ou Vierzon étaient infectés…
La peste éclata en juin 1582 à Bourges et ne disparu qu'avec l'hiver et le froid.

Les jésuites seuls déployèrent un véritable courage.
Ils s'établirent à Saint Ladre, on leur prépara une sorte de loge sur quatre roues, à la Sanitat et pendant toute la durée du fléau l'honneur du sacerdoce catholique écrit Raynal fut sauvé que par eux.
Enfin en janvier 1583, on commença à respirer.
Le maire et les échevins furent contraints de prohiber sévèrement les mascarades et les divertissements auxquels on se livrait avec une sorte de folie et qui pouvait occasionner des rassemblements dangereux.
Le mal durait encore …
Au sujet d'un pont sur les fossés de la grosse tour, pour que les soldats puissent entrer et sortir sans traverser la ville.
On a traité les soldats de la grosse tour paternellement pendant la peste.
La peste est passagère et la colère de Dieu s'adoucit.

La peste se poursuit jusqu'à la fin du siècle, une période endémique.

La Peste au XVII ième siècle

Le premier quart du XVI ième siècle, les maladies sont très présentes, même si on ne sait pas trop si il s'agit de la peste ou d'autres maladies plus ou moins proches.
On la retrouve de manière forte vers 1611, et surtout sous forme d'épidémie en 1628.

La peste de 1628

Raynal p 278
Une épidémie, sans doute la peste qui fut une des plus affreuses et de splus meurtrière dont le souvenir nous ait été conservé.
Elle commence en août 1628, par le quartier saint Privé, ils avaient le pourpre, le charbon et de sbubons.

On fit comme pour la peste de 1582, on rouvrit le Sanitat ou Maison des Pestés .
On choisit les moutonniers et on vit les mêmes actes de courage et de lâcheté qu'à la peste précédente.

Le maire est Pierre Tuillier, il ne déserte pas son poste.
En 1628 et 1629 dans la première année du maire des maladies contagieuses causèrent à Bourges de nombreux ravages. Le maire multiplia ses efforts pour subvenir aux exigences de la situation.
L'épidémie avait pris naissance dans la campagne et il importait de faire obstacle à son invason dans la ville par un cordon sanitaire rigoureusement maintenu.
Des ordonnances sévèrent sont proclamées ; ce fut superflu. Les miasme putrides ne connaissent poit d ebarrières et le mal entra dans la cité le 16 aout 1628. Ce fut la panique dans la population.

 

Des échevins meurent, d'autres restent en place, mais 6000 habitants vont prendre la fuite.
Conseillers, clergé, université, tous vont fuir ou presque…

 

Le 8 octobre, les notables ordonnèrent des prières publiques. Une procession se rendit aux Carmes à Notre Dame de Sales.
On décida que chaque année, le maire et les échevins, en robe de livrée, après s'être confessé et avoir communié feront une procession de Saint Etieenne à l'église des jésuites.
Second vœux, aller en pèlerinage à Notre Dame de Liesse (en Picardie), une chapelle célèbre pour protéger les villes de la peste.
Et elle offrirait une image de notre ville en argent de 15 pouces par 11, représentant les murs de la ville et ses 4 portes et ses principaux monuments.

La maladie disparut au mois de décembre après la mort de 5000 personnes.

LE PERSONNEL MEDICAL

Les médecins à Bourges :

Il y a une faculté de médecine à Bourges qui donne un enseignement au couvent des Carme (place Cujas actuelle). Ensuite elle se déplace dans la faculté qui est installée à côté de la cathédrale.
On note peu de grands personnages, et il faut attendre le début du XVII e siècle pour noter la présence du professeur Jean Mercier.
Au XVI ° siècle, on note selon Emile Meslé une dizaine de médecins à Bourges et il y en a trois fois plus au siècle suivant.
Après une organisation satisfaisante pour les élèves médecins, cette partie de la faculté déclina assez rapidement au XVIII e siècle.
Souvent, les étudiants en médecine suivaient des cours à paris et se faisaient "agréger" à Bourges afin de pouvoir y exercer, c'était la condition. Cela provenait du fait que les cours étaient intermittents.

Les chirurgiens :
On les distingue à peine des barbiers. Ils commencent à prendre conscience de leur valeur et de leur fonction de soignants au cours du XVII e siècle.
Il existe alors un corps des barbiers avec "le lieutenant du premier chirurgien du roi", un doyen, un greffier, un prévôt d'accouchement et 6 maîtres jurés. Il s'agissait des "chirurgiens de robe".
On signale en 1776, un chirurgien de Bourges, Lemaire, qui obtint du comte d'Artois, duc de Berry le titre de "chirurgien dentiste".

Dans les barbiers, il faut distinguer les barbiers-étuvistes qui tenaient les bains dans chaque quartier de la ville de Bourges et les barbiers-barbants qui étaient des raseurs et perruquiers. En 1735 on en compte 21 sur le ville de Bourges.

Les sages-femmes
A Bourges, pour exercer cette profession, il fallait satisfaire à deux obligations :
- la première consistait en un examen pratique devant un médecin et un chirurgien-barbier. Cela débouchait alors sur le diplôme "d'exercer le dict art de sage femme".
- la seconde condition était un passage devant le curé qui s'assurait de la moralité de la dame, et de ses mœurs catholiques, car les sages-femmes devaient baptiser les enfants.

On vit à Bourges une célèbre sage-femme, madame Le Boursier du Coudray qui fit de l'enseignement, elle était "maîtresse d'accouchement". En 2 ans, elle forma 29 sages-femmes qualifiées et elles se distinguait des matrones empiriques qui étaient fort nombreuses.

HISTOIRE DES HOPITAUX ET CENTRES DE SANTE DE BOURGES

Les lointaines prémisses

Avant le milieu du VI ° siècle, on ne sait pas grand chose sur la manière dont étaient soignés les berruyers.

Il y a eu, semble-t-il un hôpital situé en centre-ville, dans le quartier de la cathédrale actuelle, mais aussi, plusieurs établissements qui étaient beaucoup plus éloignés, et parfois au-delà de la ville, pour mettre les malades atteints de la peste, la lèpre ou d'autres épidémies.

Donc ; le premier établissement hospitalier de Bourges était à l'origine à proximité de la cathédrale de l'époque, peut être contre le chevet de la cathédrale. Ce devait être vers l'an 584 sous l'archevêque Saint Sulpice Sévère, qui était le 27°évêque de Bourges.
C'était en haut de la Vicus Burbonensisz, la rue Bourbonnoux actuelle.
Quatre ans plus tard, nous affirme Grégoire de Tours, un incendie ravage la cité

On retrouve son nom dans quelques rares archives même si ce premier Hôtel Dieu est resté en place plus de 1000 ans.
Il a pour nom "Domus Dei, Sancti Hursini" en 1198, car cet hôpital dépendait de la paroisse Saint Ursin. (Hursini).

En 1203 est construit le second hôpital de Bourges, appelé Saint Julien, à l'emplacement actuel du 106 de la rue Edouard Vaillant. Il dépendait de la paroisse du Fourchaud et il ne reste pratiquement aucun vestige.

Quelques années plus tard, l'Hôtel Dieu change de nom mais pas de lieu :
- c'est "Domus Infirmorum Bituricensis" en 1218
- Et "Grand Hôtel Dieu" en 1484.

La gestion est confiée à des "hommes probes, idoines, de bonne réputation", lors du Concile de Latran en 1215, ces institutions devaient appliquer "les règles des ordres religieux". Les trois vœux, que sont la chasteté, la pauvreté et l'obéissance sont alors obligatoires.
Ainsi, cet hôpital qui va fonctionner jusqu'en 1529 selon Emile Meslé était rattaché à l'ensemble épiscopal.

Cet espace a été cédé au XVI siècle à l'Université de Bourges alors que se construisait l'Hôtel Dieu dans un autre quartier de la ville près de l'Yèvrette.
On peut penser aussi que le grand incendie de 1487 ait joué un rôle dans le déménagement, en occasionnant des dégâts importants, même si l'on sait que la cathédrale n'a pas été touchée.

C'est donc sur l'emplacement de l'hôpital que sera édifiée la faculté de droit, celle de théologie et de médecine.

Rue Gambon actuelle, c'est le 28 octobre 1529 que François de Tournon , archevêque d'Embrun installe le Nouvel Hôtel Dieu.

Les hôpitaux de Bourges

Il existe donc, dans les temps anciens d'autres lieux de soins, comme des hôpitaux, et ils sont situés au-delà du rempart gallo-romain et même au-delà de celui de Philippe-Auguste. Il faut éloigner les malades de la ville et les confiner dans des lieux qui ont pour nom la maladrerie ou la sanitat.

- La maladrerie ou Hôpital Saint Lazare :
Il est à l'emplacement actuel du cimetière Saint Lazare, au-delà de la voix ferrée actuelle. C'était alors la route de Saint Michel, il est connu dès 1172 et se trouve en dehors de l'enceinte de Philippe Auguste. Il s'agit à cette époque d'isoler les lépreux du reste de la population, et donc loin de l'Hôtel Dieu. Il possède essentiellement une chapelle et un bâtiment pour les lépreux.
Il y avait en 1221, nous dit le livre de R. Durant et d'O. Michel le logement des lépreux et le logement des frères appelés " les fratres leprosorum ". Dans le romand de JP Ferrère, " Félide ", l'auteur nous emmène voir assez souvent cet établissement.
Cette maladrerie a disparue avec la fin de la peste, et a laissé la place au cimetière et à des maisons d'habitation, à proximité du couvent des sœurs de La Charité..

- La sanitat ou Hôpital Général :
C'est encore pour la peste et d'autres épidémies du même genre qu'est édifié dans le faubourg Taillerain un lazaret, que l'on va appeler "Sanitat", "santé".
C'est avant tout un refuge pour pestiférés qui existe dès le début des années 1500. Il était à proximité de la fontaine Saint Ambroix, soit pour y jeter les défunts, soit pour utiliser cette eau pour soigner les malades, nous ne le savons pas.
L'ensemble est géré par des "moutonniers" qui ne sont pas des ecclésiastiques, contrairement à la plupart de bâtiments de ce type. Ce sont dirions-nous aujourd'hui des employés municipaux. On les voit d'ailleurs en 1582.

Ils seront en première ligne lors de la grande peste de 1628 qui va commencer au mois d'avril et les échevins de l'époque ainsi que le maire Pierre Tullier vont à nouveau ouvrir la Sanitat.

- L'Hôpital Saint-Julien :
C'est un établissement qui existe avant 1216 puisqu'il figure sur le plan de Nicolaï, sans doute en 1203.
Il est situé au bord de la Voiselle à côté de la rue appelée aujourd'hui rue Edouard Vaillant.
C'était un petit établissement très modeste pouvant accueillir environ 30 malades, ce qui est fort peu.
C'est à partir du XVII e siècle qu'il est intégré aux autres structures médicales et il est alors géré par l'Hôtel Dieu de Bourges.
Il avait une autre fonction, étant aux limites de la ville, c'est de loger une nuit les pauvres étrangers qui étaient interdits de séjour dans la ville au delà de 24 heures.

Mais il faudra attendre le XV° siècle, qui restera le grand siècle de Bourges pour que la ville et le début du XVI ° siècle pour que la cité se dote d'un vrai hôpital dont le nom est encore très présent : l'Hôtel Dieu.

Les fonctions d'un Hôtel-Dieu

Un Hôtel Dieu peut avoir plusieurs fonctions, assez larges, comme l'asile pour les pèlerins, l'accueil des pauvres et le soin des malades.

Progressivement au fil du temps l'accueil des pèlerins est confié à des confréries alors que les pauvres et les malades restent dans les Hôtels-Dieu.

A cette époque, les Etablissement Hospitaliers sont divisés en cinq catégories, qui sont :

- les hospices pour les pèlerins et les voyageurs.
- les hôpitaux pour les malades, ce sont les Hôtels-Dieu.
- les infirmeries pour les monastères
- les maladreries pour les lépreux
- les lazarets, généralement temporaires et mis en dehors de la ville pour les épidémies, nombreuses à ces époques.

Les Hôtels Dieu de cette époque ne sont pas très nombreux, on signale bien entendu celui de Beaune, le plus célèbre, construit vers 1440, et celui d'Issoudun, proche de Bourges et construit sensiblement à la même époque que l'Hôtel Dieu de Bourges.

Le nouvel Hôtel-Dieu de Bourges

C'est sur le domaine de la paroisse Saint Médard qu'est édifié le nouvel Hôtel Dieu, à noter que le quartier situé à proximité de la rue des Trois pommes, lieu où commence l'incendie de 1487 qui détruisit une partie de la ville de Bourges.

C'est l'archevêque de Bourges, Guillaume de Cambrai mort en 1505, qui procède à l'achat des terrains situés le long de la rue Gambon actuelle qui s'appelait rue Saint Sulpice puis rue Royale et par laquelle certains rois, comme Louis XII entrait dans la ville.

Le quartier est très actif avec des commerces qui utilisent l'eau de l'Yévrette. On est donc en dehors du rempart gallo-romain mais à l'intérieur de la seconde enceinte, celle de Philippe Auguste, le rempart, aujourd'hui boulevard Gambetta s'appelait le rempart des pauvres, face à la tour Saint Clément, toujours visible.

Parmi les constructeurs ou "maîtres d'ouvrage" se trouve Antoine Boyer, cardinal et archevêque de Bourges entre 1515 et 1519. A cette époque, la ville a pour "gouverneur", la seconde duchesse de Berry, Marguerite d'Angoulême, sœur de François 1er.

Le site du nouvel Hôtel-Dieu est alors le suivant :
- rue des Poulies, appelée rue du fagot.
- rempart des pauvres
- rue Saint Sulpice devenue rue Gambon
- la rue du Pont Merlan qui n'a jamais changé de nom.

Composition de l'Hôtel-Dieu de Bourges

Pour commencer, un hôtel-Dieu comme celui de Bourges construit entre 1510 et 1526, est édifié au bord d'une rivière, l'Yèvrette, très utilisée par les artisans comme le père de Jacques Coeur, Pierre, qui était pelletier. Cela permettait de rejeter les eaux des cuisines et celles des latrines dans la rivière.
L'édifice est composé d'une chapelle immense, et d'une salle des malades. A noter que la salle des malades, comprenant 28 lits et s'ouvre directement sur la chapelle. Ainsi, les malades pouvaient assister directement de leur lit aux offices religieux. Le volume de cette salle, pour des problèmes de quantité d'air, est très important, avec de grandes et larges fenêtres.
Une grande cheminée est utilisée pour chauffer l'ensemble des pièces. Quant au sol, il est couvert de grandes dalles en pierre.
Enfin, quelques bâtiments annexes pour les cuisines…. Et un cimetière à proximité.

Pouvant vivre en autarcie, un grand jardin permettait la culture des légumes.

En résumé, en cette fin de Moyen Age, l'architecture de l'Hôtel Dieu, sans doute une des dernières et des plus affirmées de l'époque comprend :
- une chapelle avec pignon, construite sur un rectangle de 21 mètres de long et 10 mètres de large. La hauteur est impressionnante avec 28 mètres de hauteur.
Le pignon est le plus haut de tout ce qui existe à Bourges.
- une salle des malades de 10 mètres de large sur 30 mètres de long, prévue à l'origine pour 14 lits. A cette époque, chaque lit peut comporter plusieurs malades, jusqu'à 3 ou 4. Il faut rappeler que Beaune avait une capacité de 28 lits !
Elle est composée de grandes fenêtres en arcs brisé au nombre de 7.
- une cuisine, située perpendiculairement à la salle des malades.
Et un portail dans un style de gothique flamboyant, comme la tour Nord de la Cathédrale comportant de nombreux symboles caractéristiques de l'époque ?

 

La construction d'origine

Comme pour la cathédrale de Bourges on ne connaît pas le nom de l'architecte de l'Hôtel Dieu. Dans ces années, après le grand incendie de La Madeleine de 1487, la ville de Bourges reconstruit et de nombreux hôtels sont édifiés, comme l'Hôtel Cujas, l'Hôtel des frères Lallemant, l'église Saint Bonnet et en plus, un important chantier de reconstruction de la tour nord de la cathédrale est en cours à partir de 1508 sous l'impulsion de deux architectes, Colin Byard et Guillaume Pelvoysin.

Donc selon l'ouvrage de R Durand et O Michel, qui ont beaucoup travaillé le sujet, sur la parcelle du futur Hôtel Dieu, dès le mois d'avril 1510, on procède aux démolitions des bâtiments encore présents. C'est ensuite le début de la construction, typique du début du XVI e siècle. On retient dans ces moments les noms des peintres comme Dallida, ou Darida et le sculpteur Marsault Paule bien connu pour des sculptures de la cathédrale de Bourges.
La charpente pour la chambre des malades est mise en place en 1516, et celle de la chapelle en 1522.
Les travaux de maçonnerie s'effectuent jusque vers 1520.
Il y avait un clocher qui a été détruit par les éléments à une date qui reste à retrouver.
Pour l'intérieur, comprenant les plafonds de la salle des malades, le voûtement intérieur de la chapelle et les finitions vont se faire dans les années 1524 à 1526.

Les pierres utilisées sont assez bien connues par les travaux de J.M. Jenn, elles viennent de Morthomiers et Dun le Roy pour les pierres les plus dures, Charly pour les moulures. Par contre, on note des pierres de "Bourges" des carrières des Averdines et d'autres de Marmagne.
On remarque encore aujourd'hui sur la façade de la rue Gambon, les pierres rouge en provenance de Dun, qui apparaissent sous forme de grands blocs.

Le bois est livré par M Fontaine, selon une attestation de 1522, et il est noté qu'il a été fraîchement coupé.
La couverture d'ardoise provient de Tours, c'est Jean Brouillon qui assure la livraison par le transport des matériaux par la Loire jusqu'au port de Saint Thibaut. On évoque alors la quantité d'ardoises qui est de 50 000 pièces.

Nous possédons dans un des multiples ouvrages de Nicolas Cathérinot, des données essentielles sur le fonctionnement de l'Hôpital général au XVI ° siècle, et même un règlement général.

" Le dit Hôpital général régi et gouverné selon les statuts et règlements qui ont été et qui pourraient être faits avec notre dit Aimé et Féal Conseiller le sieur Archevêque de Bourges pour ce qui regarde le spirituel, et avec lui lesdits Maires et Echevins de ladite ville et Administrateurs dudit Hôpital général. présent et à venir pour ce qui est du Temporel.
Moyennant lequel établissement avons faits et faisons défense à tout pauvre valide, ou invalides, de quelque qualité et condition qu'ils puissent être, de mendier dans les églises, rues et maisons sous peine de prison pour la première fois et pour la seconde d'être rasés et bannis par ledit Maire et les Echevins, auxquels pour le bien de la police nous en attribuons le connaissance et le pouvoir.
Et pour fournir la manufacture aux pauvres (du travail), entretenir les Bâtiments et augmenter autant que faire se pourra ledit Hôpital. Nous avons permis et permettons auxdits administrateurs d'établir dans ledit Hôpital une Manufacture , et y faire fabriquer, vendre et débiter toutes sortes d'ouvrages faits dans ces manufactures, au profit dudit Hôpital général, sans payer aucun droit ancien ou nouveau qui est ou pourra être opposé, de quelque nature qu'il soit, et pour quelque cause qu'il puisse être établi, sans être sujet à aucune autres charges, droits, sinon qu'à la visite qui sera faite, gratis, par ceux qui ont droit de visite ".

Quelques ajouts de l'époque classique

L'Hôtel Dieu de Bourges, même si il y avait plusieurs personnes par lit, ne pouvait pas accueillir beaucoup de malades.
Dans le même esprit, il y avait beaucoup de personnels soignants, religieuses, servantes, valets, …. Et ce personnel était à l'étroit dans les murs d'origine.

Lorsque la grande peste de 1628 se déclara, l'Hôtel Dieu s'avérait beaucoup trop petit, et des agrandissement furent nécessaires.
C'est ainsi qu'il fut décidé d'ajouter de nouveaux bâtiments et ainsi agrandir les lieux et un chanoine, en 1629 fit un don de 5000 livres afin de construire un nouveau bâtiment qui s'appellera "le bâtiment des femmes fiévreuses".
Le nouveau chantier fut confié à un jeune architecte local Jean Lejuge qui avait réalisé une partie de l'agrandissement de l'Hôtel des Echevins.
On construisit un premier bâtiment, perpendiculaire à la salle des malades, "de 10 toises de longueur et 28 pieds de largeur". Il fut alors affecté pour être une nouvelle salle des malades.

Un peu plus tard, en 1637, une nouvelle aile est réalisée directement sur la rue Saint Sulpice, financée par des donateurs, comme le curé de Saint Outrillet, et comme en 1628, elle est confié à l'architecte Jean Lejuge.

La guerre et les épidémies au XIV ième siècle

La grande peste de 1348.
La guerre dite de 100 ans a commencé entre la France et l'Angleterre depuis 10 ans.
Le 24 juin 1340 se déroule la bataille de l'Ecluse qui voit la destruction de la flotte française.
Le 26 août 1346, l bataille de Crécy avec la défaite du roi Philippe VI.
La guerre s'arrête alors pour cause d'épidémie et ne reprend qu'en 1355.

L'année suivante en 1356, un 19 septembre, c'est Poitiers et Jean II le Bon est battu, et fait prisonnier.

Suit une période en France avec des chevauchées et autres coups de main qui ajoutent leurs ravages à ceux de la peste, avec les pillages, réquisitions et vols.
Les habitants des villages et des campagnes sont jetés sur les routes et propagent l'épidémie. Il en est de même des déplacements des troupes.

En 1361, les troupes anglaises passées par Paris qui était infectée répandent la peste en Anjou, Poitou et Bourgogne avant de la ramener en Angleterre.

En 1382, la maladie passe de la Vénétie aux Abruzzes avec le duc d'Anjour et en 1387, les armées du roi du Portugal et du duc de Lancastre sont ravagés par la Peste.
A leur retour les troupes anglaise apportent l'infection en Aquitaine.
Entre 1400 et 1470, c'est le retour de la peste en Auvergne, avec les compagnies de mercenaires et les routiers, et ceci au cours d'une des nombreuses trêves.

Inversement, la des combats cessent à cause de la peste, comme en 1384 Dom Juan de Castille abandonne le siège de Lisbonne pour cause de maladie.
Le duc de Berry abandonne en 1412 le siège de Bourges pour cause de peste (à vérifier).

La peste enfin contraint les Français et les Anglais à cesser le combat entre 1349 et 1355.

A l'époque de l'homme médiéval, on associe la peste, la famine, la guerre et le mort aux 4 cavaliers de l'Apocalypse, une ambiance de fin du monde !

 

A suivre

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