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Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :
L'Hôtel de Linières à Bourges
Une histoire inconnue qui nous est révélée par Alain Ferrandon, qui a puisé dans des documents anciens avec une contribution des écrits de Jean Jeny.
Tout commença avec cet immeuble Habitat et Humanisme qui fut inauguré le 28 mai 2018. (photo)
Par la suite, dans le cadre d'une animation avec les Diseurs du Berry dans une visite théâtralisée, il fut à nouveau question de cet immeuble.
" Nous sommes dans un immeuble récemment réhabilité par Habitat et Humanisme. Cette résidence de Linières, forte de neuf logements rénovés et à loyers modérés, a été inaugurée, au 1 rue de l'Équerre à Bourges. Elle a été imaginée dans l'ancien hôtel du même nom, datant du début du XVI e siècle, qui a été confié par le diocèse via un bail emphytéotique de cinquante ans.
Et cet hôtel a une riche histoire.
On apprend très vite avec cet extrait :
"Mais que de personnages ont foulé ce sol où vous êtes ! je ne peux m'empêcher de vous lire ces quelques ligne de Jean Jeny :
Ce fut la fille de Louis XI, oui, Jeanne de France qui était l'épouse de Louis d'Orléans, le futur roi Louis XII qui vient à Bourges et séjourne " in domo de Linières ", je vous dis le reste, elle était venu ici pour soigner son mari atteint de la petite vérole.
Plus tard, c'est Calvin qui, vers 1531 suivait les cours d'Alciat et il vint régulièrement ici il avait ici table ouverte.
Enfin, Saint François de Salles fondateur avec Jeanne de Chantal de l'ordre de la visitation venait en ce lieu qui est un hôtel auréolé de religion, très éloigné des Années Folles, mais telle est notre cité".
Notes historiques sur l'HOTEL de LINIERES à BOURGES
1/ Extrait des mémoires de la société historique de Cher 1901 (M. Lucien JENY)
Au nombre de ces antiques cités bâties, suivant une expression à la fois éloquente et pittoresque, " de pierres animées qui ont emmagasiné de l'histoire et gardé quelque chose de l'âme des peuples ", on peut sans hésitation compter Bourges. Indépendamment même de ses principaux hôtels historiques, auxquels se rattachent les noms de Jacques Cur, de Cujas, des frères Lallemant, etc.
Combien de ses maisons ombrées par le temps sont, pour ainsi dire, des nids de souvenirs et auraient à raconter de curieuses choses si les murs avaient pour quelques instants le don de la parole ! Parmi elles pourrait figurer sans conteste l'hôtel de Linières, dans la rue du même nom : " cette rue haute tendant des quatre-piliers à Saint Pierre-le-Guillard ", comme la définissait, en 1672 le censivier de la Sainte-Chapelle des ducs de Berry.Tout d'abord, la terrasse du jardin de cet hôtel, que l'obligeance du locataire, M de Verneuil, m'a permis de visiter, s'étend sur la crête d'un des anciens murs de défense de la ville : la muraille d'enceinte traversait, en effet, à cet endroit, la largeur actuelle de la rue de Linières, qui n'était pas encore percée. Ces fortifications furent éventrées vers 1400, d'après la liève de Marescalli, en tous cas au commencement du XVe siècle (1503), mais que le Moyen Âge, dans son langage parfois très naturaliste, appelait rue Trousse-Vache, c'est-à-dire portant la queue relevée, qui y figurait autrefois.
Les premières constructions de l'hôtel devaient remonter à une époque fort reculée. Catherinot ouvre la liste des baillis de Bourges, à dater de 1232, par un certain Guido de Linières, que Raynal dénomme Guy de Linières, mais ce personnage n'habitait pas encore cet emplacement.
Dans des notes inédites conservées aux archives du Cher avec d'autres papiers provenant de M H. Chevalier de Saint-Amand, ancien bibliothécaire de la ville de Bourges, laisse entendre que l'hôtel de la rue de Linières dut entrer dans la famille du même nom avant la mort de Jean VI, baron de Linières, dernier mâle de cette noble maison ; mais, tout d'abord, il n'y eut que cinq et non six barons de Linières du prénom de Jean. Ensuite, la fille unique de Jean V ayant, par son mariage, transporté la seigneurie de Linières dans la maison de Beaujeu, les Beaujeu (ou du moins la branche ainsi alliée aux Linières), continuèrent à prendre le titre de seigneurs de Linières titre qui, de cette façon, ne disparut point avec Jean V.En réalité, ce fut au XVe siècle, mais seulement par acte du 2 janvier 1467 (vieux style), que François de Beaujeu, seigneur de Linières, acheta des héritiers de feu Jean Lemunerat, secrétaire du roi, au prix de 300 écus d'or (soit, environ 4000 francs de notre monnaie actuelle), un hôtel, avec jardin, sis paroisse de Saint Hippolyte, jouxtant l'hôtel de feu Jean Gaucher, dit d'Orléans, par derrière les murs de la cité, par devant la rue Trousse-Vache, et, d'autre part,
" la rue neuve par laquelle on va des Jacobins à l'hostel feu Me Alabat, à présent appartenant à Jean Alabat, bourgeois de Bourges, son fils, et au Pont de Paris ".Ainsi donc, l'hôtel de Linières ne fut pas construit par les seigneurs mêmes de ce nom, comme sa dénomination tendrait à le laisser croire, mais seulement acquis par eux de précédents propriétaires. Avant Jean Lemunerat, cet hôtel avait appartenu, entre autres, à Gilbert Rouland (ou Roland), receveur de domaine, puis à Jean Chambertin, puis à ses héritiers, d'après le livre vert de la Sainte-Chapelle antérieur à 1492.
François de Linières et plusieurs de ses successeurs eurent des titres, charges ou missions, qui leur donnaient occasion de venir plus ou moins fréquemment dans la capitale de Berry et qui les décidèrent ainsi à y acquérir une résidence. D'ailleurs, selon Bellefotrest, auteur du XVIe siècle, " il n'y avait jadis (c'est-à-dire au XVe) seigneur au pays berruyer qui n'eust sa maison en la ville de Bourges ".
Nous voyons, en effet, sous Louis XI, soit également dans la seconde moitié du XVe siècle, Jeanne de Valois, alors femme de Louis d'Orléans, futur roi Louis XII, se rendre à Bourges pour y soigner son mari qui, descendu in domo de Linières, s'y était trouvé atteint de la petite vérole.
Entre autres sources historiques, ce fait est attesté par Perrette de Cambray, veuve de Pierre Bonin, devenue religieuse au monastère de la Madeleine-les-Orléans (dépendance de Fontevrault), dans sa déposition du 10 octobre 1498 au procès de divorce d'entre Louis XII et Jeanne de Valois, déposition citée par M de Maulde, procédures politiques du règne de Louis XII. Parlant du duc d'Orléans, Perrette de Cambray dit : " infirmabatur de verola, ipso existente apud Bituris, in domo vulgariter appellata de Linières ", et plus loin elle répète : " apud Bituris, in domo vulgariter appellata la maison de Linières ".Dans sa Vie de Jeanne de Valois, la comtesse de Flavigny, veuve d'un ancien préfet du Cher, rappelant toutes les souffrances morales de la malheureuse princesse, a récemment encore fait allusion à ce séjour de l'épouse, dédaignée dans l'hôtel de Linières et à l'antipathie avec laquelle le duc d'Orléans se détournait d'elle. " Dans le vieil hôtel, nommé Maison de Linières, où le prince était soigné, Jeanne se sentait une gêne pour tous ; partout elle semblait de trop, et près du malade qui repoussait ses soins, et dans la chambre, où l'on causait autour de lui Sans qu'elle sût de quoi l'on parlait, voyant que tous se taisaient lorsqu'on entendait son pas inégal et vacillant (on sait que Jeanne était contrefaite), la fille de France trouvait lourde une atmosphère où elle respirait la trahison ". Jeanne de Valois avait passé son enfance au château de Linières, sous la garde d'Anne de Culant, femme de François de Beaujeu, l'acquéreur en 1467 de l'hôtel de Linières à Bourges, comme nous l'avons expliqué plus haut. Même après leur mariage, Jeanne de Valois et le duc d'Orléans continuèrent à fréquenter de temps en temps le seigneur et la dame de Linières, et c'est ainsi que nous trouvons à Bourges in domo de Linières, où le duc d'Orléans s'était trouvé surpris par la maladie.
Au siècle suivant, d'après une tradition constante, l'hôtel de Linières abrita quelquefois Calvin, qui étudiait à l'université de Bourges vers 1531 et suivait, notamment, les leçons d'Alciat. Calvin s'était trouvé en relation avec le seigneur de Linières qui, sans doute, l'accueillait à l'occasion, dans sa maison de Bourges, puisqu'il le recevait également à Linières même et l'invitait souvent à y venir prêcher.
Ce seigneur, Philibert de Beaujeu, si l'on en croit le témoignage non suspect de Gilles-le Duc, doyen du Chapitre, dans les Mémoires déjà cités sur Linières, ce seigneur écoutait volontiers Calvin et en faisait beaucoup de cas. Il se montrait séduit par son originalité et sa facilité d'élocution, et déclarait qu'il se plaisait davantage à l'entendre que tant de moines qui ne lui disaient rien de nouveau. Calvin prêchait, d'ailleurs, dans la chaire de l'église de Linières, comme les autres prédicateurs catholiques ; il n'en était pas encore aux doctrines contraires aux enseignements de Rome et des conciles, et Philibert de Beaujeu ne se laissa pas engager par la suite dans ce qu'on appela la Réforme.
Théodore de Bèze, dans sa Vie de Calvin, indique aussi qu'à Linières le futur réformateur " eut entrée en la maison du seigneur du lieu ", et si Calvin faisait le voyage de Linières pour s'y faire entendre et y recevoir, comme prédicateur venant de dehors, l'hospitalité de château, à plus forte raison avait-il entrée, pour parler comme Théodore de Bèze, dans la maison de la rue de Linières, à Bourges, bien que certaines traditions placent rue Mirebeau son logement habituel d'étudiant.Une autre tradition, dont j'ai notamment trouvé la trace sommaire dans des notes inédites, déjà citées plus haut, de M. Chevalier de Saint-Amand, aux Archives départementales du Cher, fonds manuscrit de M H Boyer, veut que Saint François de Sales soit également descendu dans l'hôtel qui fait l'objet de ces quelques pages. On connaît le rôle de Saint-François de Sales dans la fondation de l'ordre de la visitation, de concert avec Jeanne-Françoise de Frémiot, veuve du baron de Chantal et qui était la sur d'André Frémiot, archevêque de Bourges de 1602 à 1621, et le prélat qui, rappelons-le en passant, commença la première information juridique et officielle des miracles attribués à Jeanne de Valois, dont nous parlions il y a quelques instants.
D'autre part, un couvent de Visitandines fut créé à Bourges en 1619, dans la rue dite actuellement Secrétain, non loin de la rue de Linières. Au nombre des manuscrits du XVIIe siècle de la bibliothèque publique de cette ville figure encore, en 152 feuillets, un recueil de sermons, entretiens, avis, etc. de l'évêque de Genève à ces religieuses de la Visitation de Bourges, et il paraît constant que saint François vint en 1619 présider à l'établissement de ce monastère au chef-lieu de l'ancien Berry.
On peut, sans être taxé d'abuser des conjectures, se le représenter amenant à Dieu, ici comme partout ailleurs, le cur des grandes dames d'alors par ses manières affables, sa douceur chrétienne, son imagination de poète attrayante, son bleu regard et son éloquence fleurie, Bourges dut avoir aussi ses Philotées, qui durent lire avec avidité l'introduction à la vie dévote et faire leur profit du livre écrit en 1608 pour Mme de Charmoisy.
Une autre tradition orale indique que le saint évêque aurait séjourné aussi au numéro 77 actuel de la rue Bourbonnoux, à l'angle de la rue des Juifs, dans une maison ancienne avec étage en encorbellement, fenêtres de bois sculpté, niche finement ouvragée dont la statuette a disparu, etc. mais plusieurs nobles familles se disputèrent sans doute l'honneur de le recevoir, et il n'y a pas nécessairement contradiction entre cette tradition et celle afférente à l'hôtel de Linières.
Il est même vraisemblable que l'éloquent prédicateur descendit aussi à l'occasion à l'archevêché, chez le frère de la baronne de Chantal, sans que tout ceci soit inconciliable. On conserve encore, paraît-il, dans une pieuse famille de Bourges, du linge dont l'éminent prélat se serait servi durant l'un de ses séjours dans la cité de Jacques Cur. Les constructions actuelles de l'hôtel de Linières, propriété d'une demoiselle Changeart et précédemment de la famille Gouvignon, semblent remonter au plus tôt au début du XVIe siècle, et encore l'intérieur a-t-il été à peu près complètement modernisé. A l'extérieur une tourelle d'angle, prenant naissance à mi-hauteur d'un mur, la porte d'entrée sur la rue de Linières et une fenêtre à gauche de cette porte, en descendant cette rue, ont gardé leur cachet ancien.
Il ne m'a pas paru sans intérêt de consacrer à ce coin de ville quelques heures de mes modestes recherches historiques, puisqu'il aurait vu ainsi se succéder entre ses murs les guerriers de garde aux vieilles courtines des premiers, puis tant de seigneurs Liniérois illustres en leur temps, puis encore une reine déclarée bienheureuse, un prélat proclamé Saint par l'Eglise, et enfin, par un piquant contraste, ce Calvin, un des plus célèbres parmi les chefs de sectes qui, au cours des âges, se séparent de la doctrine romaine.
Lucien JENY
2/ Diocèse de Bourges Semaine religieuse - actes officiels -
samedi 1er janvier 1881 17ème année
Saint François de Sales à Bourges
Tout le monde, à Bourges, connaît une grande et vieille maison longeant la rue de Linières et faisant retour dans la rue de l'Equerre, d'une pauvre apparence à l'extérieur mais en revanche assez belle et confortable à l'intérieur, surtout depuis d'intelligentes réparations. Mais tout le monde ne sait pas que d'après une tradition locale, cette vaste maison a eu l'honneur de recevoir et d'abriter dans ces murs un grand évêque, un grand Saint, l'illustre et doux évêque de Genève, Saint François de Sales, lorsqu'il vint fonder le couvent de la visitation, à l'endroit où sont aujourd'hui les bains de Saint-François.
Une autre tradition locale, rapporte que le même Saint logea dans une autre maison, qui semble avoir été l'auberge du Heaume d'argent, au coin de la rue des Juifs. Cette tradition s'appuie sur un document existant encore en partie dans la famille Brisset, menuisier à Bourges. Elle rapporte que les ancêtres de Mme Brisset occupaient la maison située au coin de la rue des Juifs, qu'ils logèrent plusieurs fois le Saint évêque, et que l'on mettait en réserve les draps de son lit, uniquement destinés à son usage. Or, il advint qu'un jour, un pauvre malade fut apporté très souffrant, on enlevait les draps du lit où avait reposé le Saint évêque. Il en restait encore un sur la couche. Le cas était urgent. Mais, ô bonheur inespéré ! à peine commençait-il à reposer, qu'il sentit un bien-être extraordinaire, une douce chaleur et les forces pénétrer dans tous ses membres. Il était guéri. Le drap miraculeux a été conservé dans la famille Dubusseau, qui en a distribué plusieurs fragments à différentes personnes que le contact de la relique a soulagées. Nous avons vu et vénéré un morceau de cette précieuse relique encadrée dans la chambre de M l'abbé Brisset ; son grand-père, M. Dubusseau et sa tante peuvent en montrer encore des parties et attester la vérité de ce que nous avançons. Cette tradition s'est transmise jusqu'à nos jours dans leur famille.3/ Mémoires volume IV : union des sociétés savantes de Bourges 1953-1954
Maison dite Hôtel de Linières, 1 rue de l'Equerre et 4 rue de Linières à BourgesUne maison ancienne encore debout et pour laquelle l'inventaire des biens de la Saint Chapelle vient nous apporter quelques précisions est la maison qui a donné son nom à la rue qui la jouxte, c'est l'Hôtel de Linières. Comme les précédentes ce n'était au début du XVe siècle que des places à bâtir dépendant des religieuses de saint Hippolyte, et ensuite du chapitre de la Sainte Chapelle.
Elles se trouvaient à cheval sur les anciens murs de la ville, ce qui fait qu'au début deux places furent vendues séparées par le dit mur et qu'une contestation sur la propriété de ce dernier fit naître quelques difficultés entre les propriétaires.Le premier lot fut adcensé à Laurent Vernon en 1410. Il semble que Laurent Vernon était seigneur de Montreuil-Bonin, marié à Christine de Gourville ; il maria une de ses filles à Jean de Saint-Gelais et une autre à Jean de Vivonne. Le second lot échut à Jean Chambertin, avocat du roi, qui était possesseur de terrains proches de Jacques Cur.
C'est en 1441 que la dispute au sujet des murs de la ville donne lieu à un procès ; l'accord se fait et les deux places construites ou non bâties, sont rassemblées par l'acquisition qu'en fait Jean Munerat, secrétaire du roi, dont on ne trouve mention ni référence d'actes.
L'inventaire indique ensuite que la maison a passé à Monsieur de Linières et que celui-ci l'a vendue à Gilbert Roullaud, receveur des domaines du roi, puis ensuite à M Guy Doullé qui s'acquitte des premiers droits en 1541.
Il s'est donc écoulé un siècle entre 1441 et 1541, cette période est obscure ; les deux propriétaires qui ont précédé et suivi immédiatement le passage de la maison de Linières, n'ont pas laissé de traces chronologiques.
Considérant les caractères purement archéologiques de l'immeuble que nous voyons encore, il parait plausible de lui attribuer comme date de construction les années voisines de 1500 et d'en attribuer la paternité à la famille de Linières et dans cette maison au seigneur de Beaujeu, Beaujeu d'Amboise.
On prétend que Jeanne de Valois vint y secourir son mari le duc d'Orléans atteint de la petite vérole. A la vérité ce ne fut sans doute pas dans l'immeuble actuel. Le passage à Bourges de Sainte Jeanne est antérieur à 1483 et la demeure doit être postérieur à 1487, date des édits de Louis XII dont elle respecte la réglementation. Il est difficile de donner une certitude à cette hypothèse mais je crois que cette construction est plutôt postérieure de quelques années à 1500.
De la reine de Navarre, conseiller du Roy en ses grands jours, procureur général des cours ecclésiastiques de la primatie d'Aquitaine, c'était un personnage important ; Il s'allie en 1528 à Catherine Gougnon. Cette famille entre dans le cur de la vie municipale avec toute sa descendance. Guy Doullé ne fit que passer ; Son successeur est André Madinet d'où sort un conseiller au bailliage et siège présidial de Bourges ; sa veuve Jeanne Decamps est encore propriétaire en 1566.La maison passe ensuite entre les mains d'un célèbre juriste Jean Mercier que nous rencontrons dans les actes de 1573, 1578, 1584, et qui mourut en 1600. Il fut docteur régent de l'université, maire de la ville pendant la ligue de 1589-1590, et portait des armoiries d'azur au chevron d'or accompagné de 3 roses d'argent soutenues et feuillées de sinople, armes que l'on retrouve dans les épaves de son pavillon de Tivoli près de Bourges.
Sa veuve, Françoise de Courselles, conserve la propriété que l'on retrouve en 1629 entre les mains de son petit-fils Jacques Guesnier.
Elle fut vendue par décret le 1er mars 1675 sur François Guesnier, Seigneur de Polanon, et adjugé à M. Jacques Godfroy. Les Guesnier de Polanon portaient d'argent à une face d'azur accompagnée de 3 épées de gueules dans leur fourreau, 2 pointes en haut et la pointe en bas.Sans doute Jacques Godefroy qui achète le N°1 de la rue Troussevache est-il parent de Jacques Godefroy propriétaire du N° 3 par son alliance avec une Boisrouvray. On cite un fils de ses fils André et qui est qualifié lieutenant dans la maréchaussée. La veuve Godefroy paie le cens en 1706. Ce n'est pas le fils André qui hérite de l'immeuble mais ses deux surs et, comme au début, il est séparé en deux lots ainsi constitués.
1er lot : " Deux grandes chambres basses planchéiées, au bout de l'une d'entre elles, il y a un couloir du côté de la rue et au bout de l'autre une petite cuisine et à côté un cabinet couvert d'ardoises, trois chambres hautes à cheminées, les greniers au-dessus, une grande cave voutée, un jardin à côté duquel il y a un corps de logis, une grande galerie regardant sur la cour de part de la rue de la Couaise. Par devant jouxte la dite rue de la Couaise ; d'un long la maison des héritiers Godefroy ; d'un long la ruelle Troussevache, par le derrière la maison et dépendances du Sieur Ramette ". Ce lot échut en partage à Madeleine Godefroy, épouse de François Roze, qui acquitte en 1706, puis à Etienne Roze de Grandmaison qui règle en 1755. La famille Roze portait comme blason d'argent à trois roses de gueules.Le 2e lot reconnu par la veuve Jean Philippe Godefroy, consiste en deux chambres à cheminées, un escalier en pierre pour y monter, trois cabinets et une cuisine à côté, un galetas auprès vouté (peut-être la chambre du trésor) une chambre au-dessus, un grenier au-dessus dudit galetas et chambre, en communauté le puits de la maison appartenant aux Roze et une petite cour pavé. Joutant par le devant au midi la dite rue de la Couaise, derrière au septentrion le jardin du sieur Roze, par un bout au couchant la maison de sieur Anjorrant, par l'autre bout au levant la maison dudit sieur Roze. Au partage, ce 2e lot échut à Mary Godefroy qui est signalée en 1716 le 14 mars, puis par la veuve Godefroy tutrice de ses enfants, héritiers de Jean Philippe qui avait succédé à se sur Marie en 1750, ils étaient propriétaires en 1755 le 9 mars.
Les deux lots sont bien visibles encore aujourd'hui, les couvertures de tuiles pour l'immeuble Godefroy et d'ardoises pour l'immeuble Roze.
4/ vingtième siècle exposé par le Père Jean SOULCIER
Le 20 avril 1918 Mgr Izart, archevêque de Bourges, accueille au N° 4 de la rue de Linières, une communauté nouvelle : les surs de la Sainte Famille du Sacré-Cur. Cette nouvelle communauté est dédiée à l'enseignement du catéchisme aux enfants les plus pauvres, auxquels s'ajoutent aussi des " enfants de famille " (sic).
Elles propagent aussi l'apostolat de la prière et d'autres mouvements spirituels. Fondée par un jésuite, le père Rabussier décédé en 1897 et une berrichonne, Adélaïde Melin, devenue Mère Marie-Ignace- fondation à Le PUY 1888, saint Denis, dans l'ancien carmel, en Belgique 1901, approbation romaine 1902, Nantes 1936 avec Mgr Villepelet berrichon.
Ces religieuses sont toujours dans l'ordo de 1951. Pendant mon grand séminaire 1943-1948, nous allions faire relier des livres chez elles : on entrait par la petite porte du haut de la rue de linières.
Quand sont-elles parties ? La congrégation semble avoir disparue au moins en France.
J'ai une brochure avec photos de la fondation, imprimée Rome en 1962, 457 via Della Vigne Nuove : adresse 57 rue de Simplon à Paris 18ème. A quelle date arrivent les surs de la congrégation Romaine de St Dominique dont l'adresse est 1 rue de l'Equerre ? Sans doute après la fusion de leur école Jeanne-d'Arc avec Sainte-Marie. Elles sont dans l'ordo, jusqu'en 2006.
Une maison de " la protection de la jeune fille ", organisme national qui a eu une autre adresse (au moins) impasse du Chat, rue moyenne, avant la rue Pellevoysin, il y avait un " home " pour jeunes filles
Il me semble que la communication entre la propriété Garban et les dominicaines (petite porte qui donne dans la sacristie de la chapelle) a été tardive. Melle Garban était la fidèle secrétaire-à-tout-faire de Mgr Le Guenne, qui retraité, vivait avenue Eugène Brisson, elle faisait la navette tous les jours. Plus tard, le Père Le Guenne sera à la Maison Saint Bernard d'Issoudun et j'y conduirai Melle Garban tous les vendredis ! Elle mourra presque centenaire dans cette grande maison vide-avec-jardin et un studio panoramique au 1er et 2ème étage, lequel donne une vue imprenable sur le Palais Jacques Cur.Dans cette maison de Linières, des familles rapatriées d'Algérie au moment des accords d'Evian en 1962, fuyant la guerre, démunies de tout avec seulement une valise ont trouvé refuge dans l'urgence pour quelques mois avant de se réintégrer dans la communauté nationale.
Cet hôtel particulier rattaché à la vie de la cité figure en bonne place dans " l'Histoire et statistique monumentale du Cher " de Buhot de Kersers (1875-1898).
Il est relaté que l'intendant de la généralité de Bourges de Louis XIV, Louis François Dey de Séraucourt entre 1682 et 1702 séjourna dans cet immeuble.
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