- WIKI _ BOURGES
- L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
- RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL
- Version 2019
LE SOMMAIRE
Ils sont nés à Bourges, François Mitterrand à Bourges Chiffres essentiels Les Templiers Les élections à Bourges au XXe siècle Les Très Riches Heures du duc de Berry les villes jumelles Radios locales Les francs-maçons Kiosque et musique Agnès Sorel L'horloge astronomique Les tramways de Bourges L'Yèvre à Bourges L'alchimie La Bouinotte, magazine du Berry L'usine Michelin La maison de la Reine Blanche Serge Lepeltier L'industrie à Bourges au XXIs Monuments Historiques Classés
Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :
BOURGES LA CITE MILITAIRE
Il s'agit d'un article qui avait été écrit pour l'Ordre National du Mérite dans le cadre d'une diffusion nationale dans la revue de lOrdre du mérite, et qui n'a jamais été publié.
Donc le voici pour l'Encyclopédie de Bourges.
Par Roland NarbouxLorsqu'en novembre 2022, alors que la guerre se poursuivait en Ukraine, le Président Emmanuel Macron s'enquit de savoir dans quelle ville symbolique sur le plan de l'armement il pourrait aller pour voir la situation de nos structures de fabrications et de gestion dans le domaine militaire.
Nul ne sait qui, à son cabinet, lui a suggéré la ville de Bourges ? Sans doute le nom du canon CAESAR qui revenait dans les médias pour ses performances en Ukraine contre l'armée russe, et produits à Bourges dans la cité de Jacques Cur emporta l'adhésion.Le président Macron visite les Etablissements militaires
de Bourges en octobre 2022
C'est ainsi que Bourges la modeste, pour quelques heures devint la capitale de l'armement de notre pays, un domaine où régnait habituellement " Le Secret Défense " ou peu s'en faut.
Les prémisses
A l'origine, il y a une position géographique et stratégique favorable, par rapport à Paris. Les autorités pensèrent que le Berry et Bourges pouvaient constituer une excellente zone de replis. Déjà, en 1793, il y eut, en pleine Révolution des tensions à la Convention. Pour éviter de subir les pressions de la rue parisienne, plusieurs conventionnels demandèrent que cette assemblée, et ses Députés s'installent à Bourges et ne restent pas à Paris. Plus tard, en 1815, Napoléon premier, qui n'est jamais venu à Bourges dira de la ville : "c'est un important centre stratégique". Trop tard !
Tout commence vraiment au XIXème siècle avec cette notion de réduit stratégique qui va occuper des hommes politiques à partir de 1830. Deux noms sont à mettre en avant : le colonel Jules Marnier, chef de cabinet du ministre de la guerre, il est originaire de Bourges, qui voit cette région centrale avec la frontière de la Loire, " comme un bienfait ". Ensuite, le maire Mayet Génétry, qui mobilise la population pour avoir le financement d'un polygone de tir et de permettre l'installation à Bourges d'un Régiment d'Artillerie. Et Bourges, se retrouve très rapidement, en 1837, avec un premier Régiment d'Artillerie, composé de 1400 hommes et 1300 chevaux, une sorte de parité hommes / chevaux !
C'est dans le même esprit qu'en 1845, Bourges obtient son Dépôt d'Artillerie et avec l'arrivée du Chemin de Fer en 1847, la ville devrait se transformer en un vaste Arsenal dans lequel les armées viendraient "s'alimenter en matériel et munitions".
En 1853, avait été créé la création du premier polygone de tir, il a 2 Km de long.1860, la date clé : l'armement s'implante à Bourges
Plus tard, en avril 1860, c'est la décision d'implanter les "Etablissements militaires" à Bourges, avec une première réalisation qui comprend une Fonderie impériale de canons dont les premières pièces sortent de Bourges dès 1867, pour le compte de l'empereur Napoléon III, venu à deux reprises à Bourges. La défaite de Sedan de 1870 consommée, l'Etablissement poursuit la fabrication de canons, après avoir ôté la marque d'impériale.
A cette même époque, une Ecole de Pyrotechnie s'implante à Bourges en venant de Metz, à la suite d'un Décret Impérial de 1860, mais l'installation effective ne date que de juin 1870. Elle s'appellera l'ECP, l'Ecole Centrale de Pyrotechnie.
Une photo de Napoléon III à qui Bourges doit beaucoup.
A partir de 1870, tous les grands canons français vont sortir de Bourges. Les matériels "Reffye" de 7 et de 8, la famille des "De Bange", construits en 5000 exemplaires, puis le 95 mm de Lahitolle, Perrier de Lahitolle est le véritable "père" des constructions des canons modernes de Bourges.
Il y a une volonté unanime des représentants de Bourges pour demander au Ministère "l'organisation dans la ville de Bourges d'Etablissements Militaires".
Le fronton sculpté de Dumoutet de la Fonderie
L'entrée de la Fonderie de canons
La Guerre de 14 / 18
Ce conflit en août 1914 devait être rapide, une guerre de mouvement, et à Bourges, les Etablissements militaires fabriquent les canons et munitions, mais sans intensification particulière.
Ce n'est qu'à partir de 1915 que le gouvernement comprit que la guerre serait plus longue que prévu et qu'elle serait gagnée par le pays qui posséderait le meilleur matériel. Pour le fabriquer dans les Etablissements militaires de Bourges, les ouvriers d'usine mobilisés affluèrent.Bourges passa de près de 46 000 habitants à 110 000, et dans les Etablissements militaires, 25 000 employées, et en particulier des femmes vont travailler durement dans les ateliers, on les appela " les munitionnettes ".
L'accroissement du personnel est considérable. A la Fonderie devenue en 1912 l'Atelier de Construction, pour il y a 729 employés au début du conflit, ils seront 8376 à la fin de la guerre.
De même, la Pyrotechnie comprenait 1619 spécialistes des explosifs en 1914, ils seront 12 500 quelques mois plus tard, les bâtiments et installations de production existants furent utilisés au maximum de leur capacité. Une vue lointaine des Etablissements militairesLes canons sortiront à grandes cadences, le 65 mm de montagne, le 155 mm Rimailho, et enfin le 155 GPF du Colonel Filloux. Ce dernier canon sera utilisé sur le front à partir de 1917, il figure parmi les armes qui furent décisives pour la victoire. On travaille 24 heures sur 24, et chaque jour, il sort de Bourges, 40 canons de 75, il en sera produit au total plus de 3000 exemplaires.
A la Pyrotechnie, la plupart des munitions de l'Artillerie et de l'Aviation sortiront de cet Etablissement qui était passé, en surface, de 20 à 300 hectares. Les chiffres donnés pour les productions de cette époque sont vertigineux.
Le canon de 75 produit à Bourges
En 1918, la production journalière atteignait :80 000 cartouches de 75, 40 000 fusées diverses et 700 kilogrammes de fulminate de mercure.Après le 11 novembre 1918 et la fin du conflit, l'activité industrielle principale de Bourges qui avait été consacrée depuis 4 ans à une intensive production de guerre périclite. Mais comme il s'agissait de la "der des der", il n'était plus nécessaire de "sortir" des munitions et autres canons. La reconversion de milliers de travailleurs devenait nécessaire.
Les marchés des Etablissements Militaires vont comporter quelques éléments de wagons et de matériel agricole, mais cela ne donnait plus de travail pour des milliers d'ouvriers.
La Pyrotechnie se mit à réparer un millier de wagons, alors que l'Atelier de Construction "végète dans un marasme à peu près complet", seront produits environ 1500 chariots de culture en 1920 !
a grille d'entrée de la PyrotechnieLa seconde guerre mondiale
C'est une usine en pleine capacité que les Allemands découvrent à la mi-juin 1940. Elle a été évacuée par le personnel le 17 juin pour un repli sur Guéret. Les Allemands pénètrent dans l'Etablissement, et ils sont totalement surpris par le "colossal butin" laissé par les Français. Il y a en effet des stocks considérables de matières premières, des barres d'étain, des plaques de zinc, de l'acier, de l'argent... Du matériel pour 8 ans de guerre comme l'écrit une revue allemande "Der Sieg". Et puis il y avait 3700 machines pour fabriquer les canons ! D'une manière méthodique, avec leur grand sens de l'organisation, les Allemands vont déménager machines et matières premières pour les envoyer outre-Rhin, pour satisfaire l'industrie de guerre en Allemagne.
L'après-guerre 39 / 45
La paix revenue, dans un premier temps, des bâtiments sont reconstruits et des machines-outils reviennent d'Allemagne. L'établissement appelé ABS, Atelier de construction de BourgeS est chargé des réparations de chars et de l'étude de nouveaux canons pour l'AMX 13, mais aussi pour les obusiers de 105 mm et plus tard de 155 mm, le plus gros calibre utilisé ces dernières années.
Les deux entités " Fonderie et Pyro " dont la création datait du milieu du XIXème siècle fusionneront un siècle plus tard en 1967, pour devenir l'EFAB, Etablissement de Fabrication d'Armement de Bourges, lequel, en vers 1990 s'appela GIAT, Groupement Industriel des Armements Terrestres, puis GIAT-Industrie et aujourd'hui Nexter, depuis 2006.
Ces différents noms qui se succèdent depuis 1850 restent toujours tradition et formation de haut niveau, un ensemble d'entreprises spécialisées dans la fabrication des canons d'artillerie, le canon du char Leclerc sort de Bourges.
Tout un quartier de Bourges est consacré à ces industries militaires, avec des ateliers très spécifiques intégrant la partie pyrotechnique toujours délicate. Un savoir-faire, qui n'a jamais été démenti.
C'est en 1986 que les ingénieurs et techniciens prennent possession de leurs nouveaux bureaux dans trois bâtiments résolument futuristes. Des pyramides dont l'architecture est remarquable.
Les pyramides du GIAT deviennent célèbres dans tout le monde industriel par la qualité et leur innovation architecturale.Les trois pyramides dites " du GIAT "
Le XXIème siècle
Les années 2000 sont caractérisées par une baisse des effectifs et certain un manque de visibilité sur les produits et fabrications. GIAT devient alors synonyme de "plans sociaux". A Bourges, il y a peu de vague par rapport à la perte d'effectifs. L'Etablissement prend pour nom en 2006 de Nexter, avec " Nexter Munitions " pour le centre de La Chapelle Saint Ursin, dans la banlieue de Bourges et " Nexter Système " pour l'Etablissement de Bourges.
La fabrication du tube du canon Caesar nécessite 250 heures d'usinage de précision afin de respecter les fortes contraintes dimensionnelles.
A partir de 2007, économies obligent le Conseil général devient propriétaire de deux des trois pyramides du GIAT, dont tous étaient très fiers, pour loger ses services.
Avec la crise économique de fin 2008 et 2009, l'Etablissement n'aura pas de difficultés majeures, contrairement à de nombreuses PME.
Ceci est dû à une orientation industrielle réaliste avec des produits comme le VBCI, Véhicule Blindé de Transport de Troupes, le véhicule ARAMIS et le CAESAR, qui est un camion avec le canon de 155mm.
Héritier de matériels éprouvés tels que le canon AMF3, l'automoteur 155 GCT AUF1 ou le canon tracté 155 TRF1, CAESAR en constitue une synthèse optimale. Polyvalence, mobilité, facilité de mise en uvre, permanence des feux et " survivabilité " sont les points clés de ce nouveau système d'armes de 155mm, totalement interopérable avec les matériels OTAN de 39 calibres et le JB MoU 52 calibres. Les spécialistes apprécieront ces données techniques.Le désormais célèbre CAESAR
De L'ETBS à la DGA
L'ETBS date de 1974, c'est l'Etablissement d'Expérimentation Technique de Bourges, commencé par une commission d'Expérimentation de 1871 et aujourd'hui depuis 2010, c'est une branche du Ministère des Armées appelée DGA Technique terrestre, DGA signifiant Délégation Générale à l'Armement. " Elle a pour missions d'équiper les armées de façon souveraine, de préparer le futur des systèmes de défense, de promouvoir la coopération européenne et de soutenir les exportations ".
A Bourges, outre des bâtiments et des installations parfois uniques en Europe, le centre d'expérimentation très sécurisé, possède un " terrain pour effectuer des essais, c'est le polygone, long de 35 kilomètres et large de 4 à 6 kilomètres. C'est sur ce polygone que sont testés les obus, les canons, et les missiles antichars, il possède une trentaine de postes de tirs simultanés. Il permet des tirs de canons avec des obus d'une portée de 23 kilomètres en toute sécurité pour les riverains.
Aujourd'hui, DGA Techniques terrestres s'étend sur une superficie d'environ 10 000 hectares : la zone dite "Zéro-Nord", et le polygone d'essais adjacent s'étendant sur près de 30 km de longueur.Essai d'un char Leclerc sur le polygone de Bourges
Outre les Etablissements et un Centre d'essais, Bourges possède aussi une grande école militaire.
De l'ESAM aux EMB : Ecoles Militaires de BourgesTout commence avec l'Ecole Supérieure d'Application du Matériel, dite l'ESAM, issue d'une structure militaire nouvelle qui s'implante à ... Meknès en 1942, ville située alors en territoire libéré. Il s'agissait d'une école de formation technique sur les différents matériels militaires. Elle sera tout naturellement rapatriée à Bourges en décembre 1945, et elle prit son nom définitif en 1960. L'entrée d'un musée
Sur une superficie de 75 hectares, d'importants bâtiments modernes sont construits en bordure de la rue de Dun. C'est un des plus bel ensembles d'art architectural contemporain.
La place d'armes est dominée par un bâtiment central particulièrement spacieux, avec tous les aménagements intérieurs modernes. Cette école forme des officiers et des sous-officiers dans tous les registres de l'armée.
A cette école " historique " sera ajoutée, venant de Tours, l'école du Train et de la logistique opérationnelle en septembre 2009. Dans ce site, ces écoles conservent, un musée de l'Arme et un musée du Train, des collections témoins de l'évolution des techniques de l'armement.
Le bâtiment central des Ecoles militaires de Bourges
ConclusionAinsi Bourges et ses Etablissements militaires, a un long passé dans les industries d'armement, avec aujourd'hui, un centre de Nexter spécialisé dans la fabrication des canons, et la DGA Technique terrestre, pour l'expertise ainsi que les EMB, Ecoles Militaires de Bourges.
Mais la ville dans ce domaine, dès 1928 avec l'implantation d'une Ecole de Pilotage, due à Marcel Haegelen, laquelle deviendra au fil des décennies une très importante usine de production d'avions militaires, comme le Noratlas ou le Transall, avant de se réorienter dès les années 1950 vers les missiles avec des productions de haut niveau allant du Missile Milan à l'ASMP, qui comporte une charge nucléaire en passant par le célèbre Exocet. Quelques missiles dans un des musées de Bourges
Mais là, c'est une autre Histoire de la fabrication des armements Bourges à vous conter.
|