rodrigue et chimene - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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LES RESTES DE RODRIGUE ET CHIMENE A BOURGES ???
Par Roland NARBOUX

Les restes de Rodrigue et Chimène ont été semble-t-il rapportés à Bourges dans l'Abbaye Saint Ambroix, après la profanation de leur tombeau. Ces restes sont bien entendus parcellaires et se compoent de quelques bouts d'ossements, comme pour Agnès Sorel ou Diane de Poitiers. Voici l'histoire complète de ces "reliques" .

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Version 2012

 

 

Rodrigue et Chimène

Parmi les personnages mythiques de notre vieille Europe, figurent un couple connu et plus encore par les générations de gamins , puis d'étudiants : Rodrigue et Chimène. La pièce de Corneille et quelques vers du " Rodrigue, as-tu du cœur ? ", jusqu'à " nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort nous nous retrouvâmes trois mille à l'entrée du port… " etc sont restés dans la mémoire collective.

Sans remonter à cette histoire réelle et à la légende du Cid, il reste une énigme au début de ce XXI e siècle concernant les restes des deux dépouilles de ces héros.

Assez souvent séparés dans la vie, Chimène et Rodrigue reposèrent ensemble pour l'Eternité dans un caveau. Cependant, au fil des neuf siècles écoulés depuis leur trépas, leurs tombeaux respectifs ont souvent changé de place. Chimène a d'abord rejoint son époux dans une niche pratiquée sur le côté droit du grand autel du monastère de San Pedro de Cardeña, les cercueils contenant les corps embaumés étant encadrés de chaque côté par un écusson et un étendard.

Par la suite, Chimène et Rodrigue ont quitté leur niche pour un emplacement proche du Grand Autel, côté Evangile. Mais alors que le Cid a droit à un tombeau de pierre, et que des vers composés par le Campeador à sa propre gloire y sont gravés, Chimène repose dans une sépulture en bois située plus bas que celle de son mari, et celle qui a assumé seule le gouvernement de Valence ne bénéficie d'aucune épitaphe en son honneur !

En 1447, suite à la destruction de la vieille église romane, les deux corps sont transférés en face de la sacristie, celui de Chimène étant placé plus bas que celui du Cid. Il faut attendre le règne de Charles Quint, pour que l'Empereur rende justice à Chimène, dont la tombe est réunie à celle de son époux en 1541 au milieu de la Chapelle centrale.

Le Siècle des Lumières reconnaît au Cid et à son épouse des mérites équivalents, puisque en 1735, leurs tombeaux rejoignent une chapelle, dédiée nominalement à Rodrigue, et implicitement à Chimène. L'ensemble architectural est grandiose, conformément à l'esthétique baroque. Une inscription laudative réunit les deux époux : "Comment, même les meilleurs, sont tombés au cours de la bataille". 26 écussons rendent hommage à des membres de la famille et de la mesnie du Cid, dont les ossements sont inhumés dans cette chapelle. Parmi eux figurent les ascendants et descendants du couple, et leurs collatéraux.

L'invasion napoléonienne de 1808 se traduit par la profanation des tombes et la dispersion des moines et même la mutilation de la statue équestre du Cid, située au dessus de l'entrée du monastère. Outré par ces déprédations, le Général Thiébault, gouverneur militaire de Castille, fait rassembler les restes de Chimène et du Cid pour les transporter solennellement à Burgos, où les accueille un tombeau provisoire situé sur la Promenade bien connue de l'Espolón.

Lors de la période de la Restauration, les Religieux réintègrent le monastère de Cardeña et revendiquent la récupération des ossements de Chimène et de son époux, qui rejoignent leur lieu d'origine en 1826. Mais La modification du cours des événements entraîne un nouveau voyage des restes de Rodrigue et de Chimène. L'abolition des droits de Main Morte, pour les nobles comme pour les clercs, permet à la ville de Burgos de récupérer les sépultures du Cid et de son épouse en 1842. Après avoir été conservés dans une petite chapelle de l'Hôtel de Ville de Burgos, leurs ossements sont transférés dans la cathédrale lors de la période.

Les restes de Rodrigue et Chimène à Bourges ?

Quelle est la relation entre les restes de Rodrigue et Chimène et le Berry et même la ville de Bourges ? Cela teint de l'Histoire mais aussi de la légende et en ce domaine l'énigme reste totale.

Il apparaît en effet que ces reste de Rodrigue et Chimène aient été ramenés en France par plusieurs soldats de Napoléon et dispersés dans plusieurs villes de l'hexagone. Cette histoire a été contée par Jean François Deniau, c'était en 1998. Pour l'académicien, les reste des deux héros sont à Châteauroux et à Bourges.

A Bourges, les restes de Rodrigue et Chimène seraient tout simplement dans le domaine de Bourbon, où est actuellement exploité l'Hôtel du même nom. C'était autrefois une des grandes abbayes de la cité.

L'abbaye Saint Ambroix est devenu l'hôtel le plus réputé de Bourges. Cet hôtel comporte encore les restes d'une église connue dès le huitième siècle. Le nom de Saint Ambroix a été donné à partir du jour où le corps du saint, évêque de Cahors y fut déposé vers la fin du VIII e siècle. Les bâtiments subiront au fil des ans des pires outrages, de la part des Normands vers 868 et de celle des Protestants en 1562. Les Augustins s'y installeront et leur Abbaye est reconstruite par Jean Lejuge au XVII ième siècle.

Partiellement détruite à la Révolution, elle est vendue à M. Butet et fut utilisée comme fabrique de toiles pour les voiles de navire de la marine... Bourges ne devenant jamais un grand port, cette industrie aux main de la famille Butet disparaîtra.
Elle eut un effectif de l'ordre de 800 ouvriers, dont 500 jeunes filles venant de la région parisienne.

Plus tard, elle entrera dans la famille de Bourbon après l'acquisition par la comtesse du même nom, (Yel de Castelneau et Comtesse de Bourbon) . Jusqu'à l'achat par la ville qui n'en sera que faire et louera en quelque sorte les ruines pour un groupe hôtelier qui en fera une des meilleure demeure pour les hôtes et touristes de Bourges.

Dans cette demeure où la salle de restaurant est située dans la Chapelle rénovée, le mystère et l'insolite subsistent à chaque pas. C'est ici que furent tournées des scènes du film de Gabriel Albicoco : le grand Meaulnes tiré de l'œuvre d'Alain Fournier.

Rodrigue et Chimène peuvent-ils être sous les bâtiments de cette abbaye devenue le grand hôtel de Bourges ? C'est la question sous forme d'énigme qui reste posée.

Ce serait dans les sous-sols du bâtiment que se trouveraient encore les restes de Rodrigue et de Chimène. En effet, l'abbaye appartenait alors à la famille Butet, et à M. Butet père. Son gendre se nommait Pierre Durand, il participait à la guerre napoléonienne en Espagne et il assista à Burgos le 12 décembre 1808 à la profanation du tombeau des deux héros que furent Rodrigue et Chimène. Il ramena des restes en France et sa veuve assurait en 1829 qu'ils étaient conservés dans l'Abbaye.
Sa veuve, Camille écrivait encore en 1829 ces quelques mots :

" Ces restes illustres que je possède, soustraits par une main aujourd'hui desséchée, bientôt seront à peine quelques parcelles poudreuses".

Au mois d'avril 2006, le docteur Philippe Charlier, à la recherche de restes humains de personnages célèbres, après sa réussite du Agnès Sorel, se mit "en chasse," avec les Amis de Jacques Coeur sur Rodrigue et Chimène. Et bien , les restes existeraient, ils sont, si ce sont les vrais, au Musée de Châteauroux, dans un coffre avec d'autres reliques.

"Vous m'aviez parlé des reliques de Rodrigue et Chimène près de Bourges ou de Châteauroux, je ne sais plus. pourriez-vous m'éclairer, s'il vous plaît?... et transmettre mes amitiés à votre femme par la même occasion, merci. J'espère vous revoir bientôt,"

Amicalement, Philippe.

Et d'autres restes à Châteauroux et en Saône et Loire ?

A partir de là, j'avais repris contact avec le musée Bertrand de Châteauroux et la conservatrice avait affirmé que des restes de Rodrigue et Chimène étaient parfaitement étiquetés dans un des coffres du musée. Elle ajoutait que ces ossements étaient mélangés avec d'autres reliques…

Il reste donc encore quelques travaux pour le docteur Charlier

C'est alors qu'en cette année 2006, la ville de Burgos s'enflamme, et à la " une " du Diaro de Burgos, les espagnols sont informés que les ossements de leurs Rodrique et Chimène sont en France… mais pas à Bourges ni Châteauroux, mais en Saône et Loire, à Génelard, un bourg situé dans le Brionnais. Ces reste seraient conservés par un particulier
A l'origine, ces restes proviendraient du vol des certains ossements par un préposé français à l'ouverture du tombeau de Burgos en 1810, cet homme était un aide de camp du Comte de Tournon, il habitait à Génelard, et c'est lui qui va consigner ses souvenirs en 1859, et c'est ainsi que ces restes se sont transmis de génération en génération, dans une urne en bois précieux et en cristal.

Les gens de Burgos sont furieux et le Diaro titrait :
" Hallan en Francia restos de la tumba del Cid profanada en la invasion napoleonica ".

Et chacun poursuivait en demandant un test ADN sur ces ossements de Génelard

Ainsi il n'est pas question ni de Bourges, ni de Châteauroux… qui se sont faits alors tout petits, voulant éviter un incident diplomatique ou encore échapper à l'arrivée de bulldozers espagnols venant creuser sous l'Hôtel de Bourbon !


Complément venu de Burgos en février 2012

Pour Châteauroux, j'ai contacté le musée et la directrice m'a confirmé, comme au journaliste, que les restes de Rodrigue et Chimène qu'ils possèdent sont seulement ceux qui se trouvent dans le reliquaire. La conservatrice s'est-elle trompée le jour où elle a parlé avec vous? C'est pour le moins surprenant...
Elle m'a promis de me faire envoyer un article qu'elle avait écrit à propos du reliquaire; lorsque je le recevrai, je pourrai savoir si les informations qui s'y trouvent sont plus complètes que celles auxquelles on peut avoir accès à travers Internet.

Quant aux os contenus dans le reliquaire, d'après nos recherches il pourrait s'agir de fragments donnés par le Général Thiébault à Denon, comme il le dit dans ses mémoires, probablement en mars 1809. Le 1er mars 1809 le général s'est rendu au couvent de San Pedro de Cardeña" et a respectueusement recueilli les ossements du Cid et de Chimène qu'il avait retrouvés par terre, il les a mis dans un linceul et il les a transportés dans son logement, sous son lit, pour être sûr que personne n'y toucherait plus. Il dit " beaucoup m'en demandèrent des parcelles; je n'en donnai qu'à ce bon de Denon, qui, à cette époque passa par Burgos, et l'exception fut complète à ce point que je n'en pris pas même un fragment pour moi". Puis Thiébault a fait construire le monument au centre de la ville et y a enfermé les ossements.
Nous connaissions les tableaux que vous avez eu la gentillesse de nous envoyer en photo. Ce qui est surprenant c'est que l'on prétende que l'aquarelle originale de Zix qui a servi d'ébauche au tableau de Fragonard et de Rohën, ait été peinte sur place, puisqu'elle représente une chapelle gothique, alors que le tombeau du Cid et Chimène se touvaient depuis 1736 dans une chapelle baroque (ils s'y trouvent encore, mais vides, évidemment)

La bataille de Gamonal, à Burgos a eu lieu le 10 novembre 1808, Pierre Durand écrit sa lettre de Burgos le 13 décembre 1808 et le Général Thiébault est arrivé à Burgos en janvier 1809

En 1965 de nombreux articles de journaux ont situé des restes du Cid à Charlieu, conservés par un descendant de Comptour, aide de camp du Comte de Tournon. Le propriétaire des reliques a même visité Burgos, mais sans ses reliques. Puis, en 2006, le Journal de Saône et Loire a situé cette même découverte à Génelard ( ce sont exactement les mêmes restes d'après les photos).

Si jamais on arrive à découvrir à Bourges les reliques prises par Pierre Durand, nous aimerions bien en être informées, et en avoir une photo!

Merci encore et je vous tiendrai au courant si j'apprends de nouveaux détails.
Cordialement,

Ana Fernández


a suivre

 

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