Rodrigue et Chimène
Parmi les personnages mythiques de notre
vieille Europe, figurent un couple connu et plus encore par les
générations de gamins , puis d'étudiants
: Rodrigue et Chimène. La pièce de Corneille et
quelques vers du " Rodrigue, as-tu du cur ? ",
jusqu'à " nous partîmes cinq cents, mais par
un prompt renfort nous nous retrouvâmes trois mille à
l'entrée du port
" etc sont restés dans
la mémoire collective.
Sans remonter à cette histoire réelle
et à la légende du Cid, il reste une énigme
au début de ce XXI e
siècle concernant les restes des deux dépouilles
de ces héros.
Assez souvent séparés dans
la vie, Chimène et Rodrigue reposèrent ensemble
pour l'Eternité dans un caveau. Cependant, au fil des
neuf siècles écoulés depuis leur trépas,
leurs tombeaux respectifs ont souvent changé de place.
Chimène a d'abord rejoint son époux dans une niche
pratiquée sur le côté droit du grand autel
du monastère de San Pedro de Cardeña, les cercueils
contenant les corps embaumés étant encadrés
de chaque côté par un écusson et un étendard.
Par la suite, Chimène et Rodrigue
ont quitté leur niche pour un emplacement proche du Grand
Autel, côté Evangile. Mais alors que le Cid a droit
à un tombeau de pierre, et que des vers composés
par le Campeador à sa propre gloire y sont gravés,
Chimène repose dans une sépulture en bois située
plus bas que celle de son mari, et celle qui a assumé
seule le gouvernement de Valence ne bénéficie d'aucune
épitaphe en son honneur !
En 1447, suite à la destruction
de la vieille église romane, les deux corps sont transférés
en face de la sacristie, celui de Chimène étant
placé plus bas que celui du Cid. Il faut attendre le règne
de Charles Quint, pour que l'Empereur rende justice à
Chimène, dont la tombe est réunie à celle
de son époux en 1541 au milieu de la Chapelle centrale.
Le Siècle des Lumières reconnaît
au Cid et à son épouse des mérites équivalents,
puisque en 1735, leurs tombeaux rejoignent une chapelle, dédiée
nominalement à Rodrigue, et implicitement à Chimène.
L'ensemble architectural est grandiose, conformément à
l'esthétique baroque. Une inscription laudative réunit
les deux époux : "Comment, même les meilleurs,
sont tombés au cours de la bataille". 26 écussons
rendent hommage à des membres de la famille et de la mesnie
du Cid, dont les ossements sont inhumés dans cette chapelle.
Parmi eux figurent les ascendants et descendants du couple, et
leurs collatéraux.
L'invasion napoléonienne de 1808
se traduit par la profanation des tombes et la dispersion des
moines et même la mutilation de la statue équestre
du Cid, située au dessus de l'entrée du monastère.
Outré par ces déprédations, le Général
Thiébault, gouverneur militaire de Castille, fait rassembler
les restes de Chimène et du Cid pour les transporter solennellement
à Burgos, où les accueille un tombeau provisoire
situé sur la Promenade bien connue de l'Espolón.
Lors de la période de la Restauration,
les Religieux réintègrent le monastère de
Cardeña et revendiquent la récupération
des ossements de Chimène et de son époux, qui rejoignent
leur lieu d'origine en 1826. Mais La modification du cours des
événements entraîne un nouveau voyage des
restes de Rodrigue et de Chimène. L'abolition des droits
de Main Morte, pour les nobles comme pour les clercs, permet
à la ville de Burgos de récupérer les sépultures
du Cid et de son épouse en 1842. Après avoir été
conservés dans une petite chapelle de l'Hôtel de
Ville de Burgos, leurs ossements sont transférés
dans la cathédrale lors de la période.
Les restes de Rodrigue et Chimène
à Bourges ?
Quelle est la relation entre les restes
de Rodrigue et Chimène et le Berry et même la ville
de Bourges ? Cela teint de l'Histoire mais aussi de la légende
et en ce domaine l'énigme reste totale.
Il apparaît en effet que ces reste
de Rodrigue et Chimène aient été ramenés
en France par plusieurs soldats de Napoléon et dispersés
dans plusieurs villes de l'hexagone. Cette histoire a été
contée par Jean François Deniau, c'était
en 1998. Pour l'académicien, les reste des deux héros
sont à Châteauroux et à Bourges.
A Bourges, les restes de Rodrigue et Chimène
seraient tout simplement dans le domaine de Bourbon, où
est actuellement exploité l'Hôtel du même
nom. C'était autrefois une des grandes abbayes de la cité.
L'abbaye Saint Ambroix est devenu l'hôtel
le plus réputé de Bourges. Cet hôtel comporte
encore les restes d'une église connue dès le huitième
siècle. Le nom de Saint Ambroix a été donné
à partir du jour où le corps du saint, évêque
de Cahors y fut déposé vers la fin du VIII e siècle.
Les bâtiments subiront au fil des ans des pires outrages,
de la part des Normands vers 868 et de celle des Protestants
en 1562. Les Augustins s'y installeront et leur Abbaye est reconstruite
par Jean Lejuge au XVII ième siècle.
Partiellement détruite à
la Révolution, elle est vendue à M. Butet et fut
utilisée comme fabrique de toiles pour les voiles de navire
de la marine... Bourges ne devenant jamais un grand port, cette
industrie aux main de la famille Butet disparaîtra.
Elle eut un effectif de l'ordre de 800 ouvriers, dont 500 jeunes
filles venant de la région parisienne.
Plus tard, elle entrera dans la famille
de Bourbon après l'acquisition par la comtesse du même
nom, (Yel de Castelneau et Comtesse de Bourbon) . Jusqu'à
l'achat par la ville qui n'en sera que faire et louera en quelque
sorte les ruines pour un groupe hôtelier qui en fera une
des meilleure demeure pour les hôtes et touristes de Bourges.
Dans cette demeure où la salle de
restaurant est située dans la Chapelle rénovée,
le mystère et l'insolite subsistent à chaque pas.
C'est ici que furent tournées des scènes du film
de Gabriel Albicoco : le grand Meaulnes tiré de l'uvre
d'Alain Fournier.
Rodrigue et Chimène peuvent-ils
être sous les bâtiments de cette abbaye devenue le
grand hôtel de Bourges ? C'est la question sous forme d'énigme
qui reste posée.
Ce serait dans les sous-sols du bâtiment
que se trouveraient encore les restes de Rodrigue et de Chimène.
En effet, l'abbaye appartenait alors à la famille Butet,
et à M. Butet père. Son gendre se nommait Pierre
Durand, il participait à la guerre napoléonienne
en Espagne et il assista à Burgos le 12 décembre
1808 à la profanation du tombeau des deux héros
que furent Rodrigue et Chimène. Il ramena des restes en
France et sa veuve assurait en 1829 qu'ils étaient conservés
dans l'Abbaye.
Sa veuve, Camille écrivait encore en 1829 ces quelques
mots :
" Ces restes illustres que je possède,
soustraits par une main aujourd'hui desséchée,
bientôt seront à peine quelques parcelles poudreuses".
Au mois d'avril 2006, le docteur Philippe
Charlier, à la recherche de restes humains de personnages
célèbres, après sa réussite du Agnès
Sorel, se mit "en chasse," avec les Amis de Jacques
Coeur sur Rodrigue et Chimène. Et bien , les restes existeraient,
ils sont, si ce sont les vrais, au Musée de Châteauroux,
dans un coffre avec d'autres reliques.
"Vous m'aviez parlé des
reliques de Rodrigue et Chimène près de Bourges
ou de Châteauroux, je ne sais plus. pourriez-vous m'éclairer,
s'il vous plaît?... et transmettre mes amitiés à
votre femme par la même occasion, merci. J'espère
vous revoir bientôt,"
Amicalement, Philippe.
Et d'autres restes à Châteauroux
et en Saône et Loire ?
A partir de là, j'avais repris contact
avec le musée Bertrand de Châteauroux et la conservatrice
avait affirmé que des restes de Rodrigue et Chimène
étaient parfaitement étiquetés dans un des
coffres du musée. Elle ajoutait que ces ossements étaient
mélangés avec d'autres reliques
Il reste donc encore quelques travaux pour
le docteur Charlier
C'est alors qu'en cette année 2006,
la ville de Burgos s'enflamme, et à la " une "
du Diaro de Burgos, les espagnols sont informés que les
ossements de leurs Rodrique et Chimène sont en France
mais pas à Bourges ni Châteauroux, mais en Saône
et Loire, à Génelard, un bourg situé dans
le Brionnais. Ces reste seraient conservés par un particulier
A l'origine, ces restes proviendraient du vol des certains ossements
par un préposé français à l'ouverture
du tombeau de Burgos en 1810, cet homme était un aide
de camp du Comte de Tournon, il habitait à Génelard,
et c'est lui qui va consigner ses souvenirs en 1859, et c'est
ainsi que ces restes se sont transmis de génération
en génération, dans une urne en bois précieux
et en cristal.
Les gens de Burgos sont furieux et le Diaro
titrait :
" Hallan en Francia restos de la tumba del Cid profanada
en la invasion napoleonica ".
Et chacun poursuivait en demandant un test
ADN sur ces ossements de Génelard
Ainsi il n'est pas question ni de Bourges,
ni de Châteauroux
qui se sont faits alors tout petits,
voulant éviter un incident diplomatique ou encore échapper
à l'arrivée de bulldozers espagnols venant creuser
sous l'Hôtel de Bourbon !
Complément venu de Burgos
en février 2012
Pour Châteauroux, j'ai contacté
le musée et la directrice m'a confirmé, comme au
journaliste, que les restes de Rodrigue et Chimène qu'ils
possèdent sont seulement ceux qui se trouvent dans le
reliquaire. La conservatrice s'est-elle trompée le jour
où elle a parlé avec vous? C'est pour le moins
surprenant...
Elle m'a promis de me faire envoyer un article qu'elle avait
écrit à propos du reliquaire; lorsque je le recevrai,
je pourrai savoir si les informations qui s'y trouvent sont plus
complètes que celles auxquelles on peut avoir accès
à travers Internet.
Quant aux os contenus dans le reliquaire,
d'après nos recherches il pourrait s'agir de fragments
donnés par le Général Thiébault à
Denon, comme il le dit dans ses mémoires, probablement
en mars 1809. Le 1er mars 1809 le général s'est
rendu au couvent de San Pedro de Cardeña" et a respectueusement
recueilli les ossements du Cid et de Chimène qu'il avait
retrouvés par terre, il les a mis dans un linceul et il
les a transportés dans son logement, sous son lit, pour
être sûr que personne n'y toucherait plus. Il dit
" beaucoup m'en demandèrent des parcelles; je n'en
donnai qu'à ce bon de Denon, qui, à cette époque
passa par Burgos, et l'exception fut complète à
ce point que je n'en pris pas même un fragment pour moi".
Puis Thiébault a fait construire le monument au centre
de la ville et y a enfermé les ossements.
Nous connaissions les tableaux que vous avez eu la gentillesse
de nous envoyer en photo. Ce qui est surprenant c'est que l'on
prétende que l'aquarelle originale de Zix qui a servi
d'ébauche au tableau de Fragonard et de Rohën, ait
été peinte sur place, puisqu'elle représente
une chapelle gothique, alors que le tombeau du Cid et Chimène
se touvaient depuis 1736 dans une chapelle baroque (ils s'y trouvent
encore, mais vides, évidemment)
La bataille de Gamonal, à Burgos
a eu lieu le 10 novembre 1808, Pierre Durand écrit sa
lettre de Burgos le 13 décembre 1808 et le Général
Thiébault est arrivé à Burgos en janvier
1809
En 1965 de nombreux articles de journaux
ont situé des restes du Cid à Charlieu, conservés
par un descendant de Comptour, aide de camp du Comte de Tournon.
Le propriétaire des reliques a même visité
Burgos, mais sans ses reliques. Puis, en 2006, le Journal de
Saône et Loire a situé cette même découverte
à Génelard ( ce sont exactement les mêmes
restes d'après les photos).
Si jamais on arrive à découvrir
à Bourges les reliques prises par Pierre Durand, nous
aimerions bien en être informées, et en avoir une
photo!
Merci encore et je vous tiendrai au courant
si j'apprends de nouveaux détails.
Cordialement,
Ana Fernández
a suivre