Louis Moinet - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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LOUIS MOINET DE BOURGES
Par Bernard Vuilliomenet ( et Roland NARBOUX )

Louis Moinet, natif de Bourges en 1768, un génie méconnu du XIX ième siècle. Il est le génial inventeur du chronographe, que l'on appelle en France le chronomètre. voir les définitions

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Version 2016

Louis Moinet né à BourgesCes lignes proviennent des recherches d'un spécialiste Suisse de l'horlogerie, monsieur Bernard Vuilliomenet, qui a travaillé plusieurs années sur ce personnage que l'on va découvrir : Louis Moinet.

 

Portrait de Louis Moinet
Né à Bourges

Louis Moinet est un inconnu pour tous les Berruyers.
Ce savant du XVIII ième siècle est né à Bourges, le 7 décembre 1768.
Son père se nomme François Moinet et sa mère Anne Thomas, tous deux domestiques, et le tout petit Louis a été baptisé le même jour à Bourges, dans la paroisse Notre Dame de Fourchault.

 

 

De solides études à Bourges

Louis Moinet passe ses premières années d'études au collège de Bourges, il est spécialement attiré par les arts. C'est pourtant comme étudiant en droit qu'on le trouve dans une donation que lui fait sa marraine. Il demeure alors chez elle, avec ses parents, rue de la Monnaie.

Au collège de Bourges, il se fait remarquer par une grande facilité et remporte tous les premiers prix lors des concours. Encore écolier, il a déjà une passion, l'horlogerie, et passe tout son temps libre chez un maître-horloger. Un peintre italien lui sert également de maître de dessin privé.
Par la suite, Louis Moinet, devient étudiant en première année de droit avec le professeur Trotier en 1785, on le retrouve plus tard en 1787 en seconde année de droit avec le professeur Halay, et en troisième année de droit avec les professeurs Augier et Salé, c'est en 1788.
On note encore son nom à Bourges en 1789 dans une liste des étudiants en droit.

Il passe donc les 20 premières années de sa vie à Bourges.

 

L'Italie, Rome et Florence

Juste avant la Révolution Française, il fait le voyage d'Italie et il étudie à Rome, sous Jean Pikler, la gravure en camée. Il reste à Rome, poursuivant ses études jusqu'en 1793, c'est à dire pendant 5 ans, il étudie l'architecture, la sculpture et la peinture. Il fait la connaissance des membres de l'Académie de France, qui regroupe les plus grands artistes de l'époque.
De Rome, il va à Florence et s'initie à la gravure artistique de pierres fines, avant de revenir en France.

 

Retour à Paris

Arrivant de l'étranger, en 1794, Moinet est considéré comme suspect, il va se sortir du doute qui le concerne comme d'autres artistes en adhérant à la Société Populaire et Républicaine des arts du Louvre
Il semble que Moinet poursuive dans les premières années de son retour ses études à Paris car il indiquera s'y être rendu pour augmenter ses connaissance auprès des plus habiles professeurs.

Et c'est ainsi qu'il est nommé Professeur à l'Académie des Beaux-Arts, au Louvre. Il devient membre de plusieurs sociétés savantes et artistiques, et collabore avec d'éminents artistes, tels l'astronome Lalande, le bronzier Thomire et Robert-Houdin, l'habile constructeur d'automates qui est considéré comme " le rénovateur de l'art magique ".

Retour a Bourges comme professeur

En 1795 sont créées les écoles centrales et lorsque le représentant du peuple Lakanal organise l'école centrale du Cher à Bourges, en mai 1795, Moinet lui fait passer quelques ouvrages afin d'attirer son attention.
C'est aussi la date de l'inauguration de cette école, et comme il manque des chaires, Louis Moinet est nommé professeur à la chaire vacante des Arts de Dessin dans sa ville natale.

En 1797, Louis Moinet est noté graveur en pierre et professeur de l'école centrale du département du Cher, il signe ses œuvres " artiste du département du Cher ". Il se lie avec Sigaud de Fafond.

Il épouse le 10 février 1798, à Bourges, sa cousine germaine, Catherine Guillemet, le contrat de mariage qualifie Louis Moinet de professeur de dessin aux écoles centrales au département du Cher, demeurant section de Bourbounoux.

Le lieu où va habiter Louis Moinet à cette période a été retrouvé, il s'agit des deux immeubles situés au haut de la rue Moyenne, où se situait l'ex Chambre des Métiers, jouxtant l'impasse appelé Jeanne d'Arc et qui n'a plus de nom.

La Haute Horlogerie

C'est donc au départ un artiste, mais en parallèle, il se livre à l'étude théorique et pratique de l'horlogerie, cet art qu'il aime déjà passionnément.

Dès 1800, l'horlogerie réclame tout son temps. Il passe de longs séjours en Suisse, des Montagnes du Jura à la Vallée de Joux. Il y rencontre d'illustres horlogers, dont Jacques-Frédéric Houriet, et acquiert ses instruments et outils d'horlogerie.

Louis Moinet est reconnu par ses pairs. Il est nommé Président de la Société Chronométrique de Paris, qui regroupe certains des plus grands talents de l'époque, et dont le but est " le développement et l'encouragement de l'horlogerie, l'une des plus belles sciences de l'esprit humain ". Dans ce cadre, il entretient des rapports fréquents avec ses confrères.

Les écoles centrales sont supprimées et sont remplacées par des lycées, financés par l'Etat. Celle de Bourges est donc remplacée par un lycée.
Le couple Moinet-Guillemet semble n'avoir eu qu'un enfant, une fille, Anaïs, née en 1804 à Bourges. François Moinet, grand-père et Louis Moinet, père, professeur de dessin, déclarent la naissance. .
Il habite encore à Bourges en 1811.

 

L'œuvre de Louis Moinet

Louis Moinet collabore étroitement avec le grand horloger Abraham-Louis Breguet, et ceci durant de nombreuses années. Il en est l'ami proche, le confident et conseiller intime. Les deux hommes partagent la même passion de l'art horloger.

Durant sa vie, Louis Moinet a créé d'extraordinaires pendules pour les personnages importants de son temps : Napoléon Bonaparte ; les Présidents américains Thomas Jefferson et James Monroe ; le Roi d'Angleterre George IV ; la Reine Marie-Amélie de Bourbon-Siciles ; le Maréchal Murat, Roi de Naples ; le Maréchal Ney ainsi que de nombreuses têtes couronnées à travers l'Europe entière.

Ces pendules, réalisées en collaboration avec le célèbre bronzier Thomire, révèlent d'extraordinaires histoires : pour celle de Thomas Jefferson, signataire de la Déclaration d'Indépendance, il élabore trois critères pour la création de son œuvre d'art, la beauté, la durabilité et l'utilité. On peut imaginer que Jefferson a fort apprécié sa pendule, qui l'a accompagné durant ses deux mandats à la Maison-Blanche et jusqu'à la fin de sa vie.

Quant à la pendule Napoléon, elle a été réalisée en 1806. Equipée d'un mouvement de huit jours, elle donne les heures, les minutes et la date. Sa grande originalité lui vient d'un exceptionnel mécanisme indiquant la phase de lune à l'intérieur de l'aiguille des jours, et ceci à l'aide d'une minuscule bille en ivoire. En outre, Napoléon et l'Impératrice Joséphine se voient couronnés dès que la boîte à musique est mise en marche. Pour cela, un ingénieux automatisme vient placer la couronne impériale sur leurs têtes.

 

 

Les inventions de Louis Moinet

En tant que fabricant d'instruments de précision, Louis Moinet a pratiqué l'horlogerie marine, astronomique et civile. Ingénieux, il en améliore la technique, et devient l'auteur de plusieurs perfectionnements importants.
Le plus important est bien sûr l'exécution en 1816 de son "compteur de tierces", qui fait de Louis Moinet l'inventeur du chronographe. Cette pièce extraordinaire, baptisée "compteur de tierces" car le mot chronographe n'existait pas encore, mesure le 60ème de seconde, bat à 216,000 vibrations heure et est munie d'un retour à zéro. En créant un objet d'une telle complexité, Louis Moinet se pose en pionnier de la haute fréquence, avec une avance de 100 ans sur les développements ultérieurs dans les mêmes domaines.

Les produits de Louis Moinet ont été exposés lors de deux Expositions Universelles. La première fois en 1851, à Londres. Fidèle à ses habitudes, Louis Moinet y présente un chronomètre donnant plusieurs indications inédites, dont le quantième annuel et les jours de la semaine. Puis après sa mort, à Paris, en 1900, où la pendule Napoléon est exposée lors de cette importante manifestation au pied de la Tour Eiffel.


L'œuvre de Louis Moinet compte également la création de montres à réveil, de régulateurs et de montres astronomiques. Inventeur de concepts inédits, il élabore des mécanismes étonnants.

" Il s'agit par exemple de différents calibres de montres de poche d'une distribution particulière. Il invente un ressort de barillet denté qui améliore la marche de la montre. Un ressort qu'il décrit poétiquement de couleur " rouge cerise demi-mûre " lorsqu'il est passé au fourneau. Il met également au point un nouveau coq, qui facilite le remontage. Fruit d'inlassables efforts, il établit une construction dont le but est de mouvoir le piton du spiral pour équilibrer l'échappement, sans ne devoir rien démonter. Enfin, il fend, arrondi et termine à la main les rouages de ses horloges marines, pour en assurer l'exactitude, et selon les principes de calculs qu'il expose dans son Traité d'Horlogerie".

Amateur d'excellence d'une grande modestie, l'ambition de Louis Moinet est l'avancement de son Art plutôt que l'avantage commercial. C'est ainsi qu'il partage librement ses idées ingénieuses avec les autres horlogers de l'époque.

Le fameux Traité d'Horlogerie

Louis Moinet est notamment et enfin célèbre pour son fameux Traité d'Horlogerie, de 1839, publié en 1848, qui a la réputation d'être le plus beau livre d'horlogerie de son siècle. Il y décrit les meilleures techniques horlogères, et a été apprécié des grands horlogers de l'époque, tels Frodsham, Perrelet, Saunier et Winnerl, ainsi que de plusieurs savants et amateurs, comme Son Altesse Alexandre, Prince d'Orange, qui figurent tous parmi les nombreux souscripteurs. La diffusion de cet ouvrage réédité à trois reprises s'est étendue jusqu'à la Russie.

 

Louis Moinet a consacré vingt ans de sa vie à la rédaction de cet ouvrage en deux tomes, qui reste très recherché de nos jours.
Il contient notamment une méthode pratique et universelle de l'engrenage suivant la science modifiée par l'application.

L'œuvre de Louis Moinet a consisté à animer, à donner la vie à la matière. Il a été reconnu par ses pairs comme un homme de cœur et d'esprit, né à Bourges en 1768, est décédé à Paris, le 21 mai 1853, à l'âge de 85 ans.

Synthèse réalisée à partir des documents de Bernard Vuilliomenet.

 

Louis Moinet, né à Bourges.Louis Moinet âgé

 


Chronographe et chronomètre

Le chronographe et le chronomètre sont tous les deux des outils qui mesurent le temps. Même si la différence n'est pas toujours évidente à percevoir, ils possèdent néanmoins des caractéristiques distinctes.


Le chronomètre

Le chronomètre est une montre extrêmement précise capable d'indiquer les secondes. Pour qu'une montre puisse être appelée chronomètre, elle doit obtenir un certificat du Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC). Celui-ci teste la montre sur sept critères durant deux semaines, à 8, 23 et 38 °C, ainsi que dans cinq positions différentes.


Le chronographe

Il s'agit d'une montre dotée d'un mécanisme complémentaire qui mesure le temps qui s'écoule à partir d'un moment donné. Un chronographe comporte deux systèmes horaires indépendants : l'un pour donner l'heure ; l'autre pour mesurer les temps courts. Il indique la durée d'un événement grâce à l'aiguille de chronographe généralement située au centre. Rien n'empêche qu'un chronographe soit également un chronomètre, mais il ne peut se prévaloir de cette appellation s'il n'a pas obtenu le certificat officiel.


Une plaque inaugurée le 1 er octobre 2016

 

plaque Louis MoinetPour honorer ce grand homme, et face à la timidité de la ville de Bourges et de ses élus pour lesquels ce retour au passé n'est pas essentiel, c'est une association suisse, "Les Amis de Louis Moinet" qui va faire réaliser à ses frais une plaque à la mémoire de ce grand homme né à Bourges.

La ville autorisera à mettre cette plaque sur la façade de l'Ecole des Beaux Arts, et finalement, une délégation suisse d'une douzaine de personnes viendra le samedi 1 er octobre 2016 pour dévoiler cette plaque, en présence d'une élue de la ville, Valérie Legouhy, de Véronique Fenoll, première vice-présidente du Conseil départemental et de Jacques Fleury.

Il reste désormais à donner le nom de Louis Moinet à une rue ou une place dans Bourges, ce sera le "prochain combat".

Plaque Louis Moinet à Bourgesplaque Louis Moinet

 

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