Marcel Haegelen - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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HISTOIRE

Marcel HAEGELEN PILOTE ET HEROS DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, cité prudente et discrète possède des trésors, patrimoniaux et aussi humains. Et il est un homme, Marcel Haegelen, qui fut un des vrais héros du XX ème siècle. Son histoire méritait un livre qui sera publié en novembre 2010.

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Version 2022

Marcel Haegelen

Marcel Émile Haegelen est un " As " français de la Grande Guerre avant de devenir un des grands pilotes d'essais de France, pour la firme Hanriot à Bourges.

Marcel Haegelen est né en 1896, il est pilote en 1916 et devient durant la première guerre mondiale, un " As " en totalisant au moins 22 victoires.
Dès 1921, il passe au civil, il est attaché à la " maison Hanriot ". Il n'a que 26 ans, le grade de capitaine, et devient chef pilote jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale, faisant la majorité de sa carrière à Bourges.

Il sera lui aussi un virtuose de l'avion en s'octroyant par deux fois la Coupe Michelin et un record du monde de vitesse en 1932.
C'est un homme attachant, un baroudeur mais un grand professionnel. On disait de lui à cette époque " qu'il était plus souvent en salopette de pilote qu'en veston, il était jeune, mais de ceux que l'on appelle Monsieur… ".

 

On lui doit l'implantation des Etablissements Hanriot à Bourges et c'est lui qui posera pour la première fois un avion à Bourges sur le futur terrain d'aviation, en 1928.

 

Il est reconnu par ses pairs et dès 1925 il est président de l'Union des Pilotes Civils de France (UPCF), une charge qu'il occupera pendant 22 ans, jusqu'en 1947.
A Bourges, chez Hanriot administré par Outhenin-Chalandre, il va mettre au point plus d'une trentaine d'avions prototypes.

Il va échapper à la mort à plusieurs reprises, que ce soit lors de la Coupe Michelin en juin 1930 ou au cours de l'année 1938, lors de deux atterrissages forcés dont un sur la base d'Avord. Durant le second conflit mondial, il défend l'aéroport de Bourges, et il abat un avion allemand, sa 23 ème victoire. Puis il entre dans la Résistance, devenant un spécialiste du renseignement.

C'était un homme d'énergie, mais très discret, trop discret sans doute.

Haegelen fera ses études dans le nouveau lycée Carnot de Dijon situé boulevard Thiers.

Haegelen obtient, son baccalauréat à l'âge de 17 ans, quelques semaines avant la déclaration de la guerre d'Août 1914 entre la France et l'Allemagne.
Dans un journal national de l'entre-deux guerres, il est écrit qu'il " aurait pu devenir un grand ingénieur, mais la guerre de 1914 va survenir ".
Haegelen a mis comme profession " représentant en automobile ", puisqu'il sort de l'école et qu'il aide son père dans le nouveau garage automobile.

Il part aux armées et c'est dans ce contexte d'une guerre de mouvement qui se voulait courte que le tout jeune Marcel arrive au 27 ème RI, Régiment d'Infanterie à Dijon.
Ainsi Haegelen participe aux célèbres combats de Saint Mihiel dans la Meuse. Il combat ensuite dans les Hauts de Meuse et en Woëvre très exactement à Saillant de Saint-Mihiel. Haegelen ne reste pas très longtemps sur le front, il se bat dans les tranchées en Artois jusqu'à ce qu'il soit évacué, gravement malade, il est atteint de fièvre typhoïde le 10 avril 1915, après 6 mois passés sur le front.
Ainsi, les dates défilent, Marcel Haegelen a 18 ans, il fait la guerre des tranchées pendant 3 mois, évacué par la maladie, il se soigne 4 mois et repart au combat, cette fois en changeant d'arme.
Après le combat dans les tranchées puis la maladie, le jeune Haegelen demande à être versé dans l'aviation, il veut devenir pilote d'avions.
Il est effectivement détaché au 1 er Groupe d'aviation comme élève pilote le 25 juillet 1915 et comme de très nombreux aspirants-pilotes, il rejoint l'école de pilotage d'Avord le 31 août 1915

Haegelen est breveté en quelques mois, puisqu'il a ce brevet de " Pilote militaire d'avion N° 2309 le 10 janvier 1916 ", et quitte Avord quelques jours plus tard, le 19 janvier 1916
Haegelen est nommé caporal le 20 janvier 1916 et un mois plus tard, le 21 février commence la bataille de Verdun sur terre et dans les airs.
Il sera donc successivement affecté aux escadrilles : F 8 - N 103 / SPA 103 - SPA 100.
Avec son brevet de pilote, et une bonne formation, il est affecté à l'escadrille d'Arcourt lors des grands combats de Verdun et de Douaumont. Le 30 juin 1916, Haegelen est nommé sergent, il vole sur plusieurs types d'avions comme le Nieuport puis le SPAD XIII.
Marcel avec son frère

Dans l'escadrille MF 8, il exécute des missions de reconnaissance en compagnie de Georges Carpentier, " En 1916, il est un des plus précieux photographes de la MF 8 et il se distingue également par moult missions spéciales ".

Pour passer de l'aviation d'observation au combat et à la chasse, Haegelen doit suivre une formation qui est effectué au cours d'un stage sur avion de chasse qui se déroule à partir du 8 février 1917 d'une durée de 1 mois.

Il arrive dans cette unité N 103 (SPA 103) le 8 mars 1917 comme pilote aux armées du Nord, et il est opérationnel le 3 avril 1917, en une cinquantaine de jours, il n'effectuera pas moins de 60 missions, c'est à dire plus d'une par jour.

La SPA 103 est une célèbre escadrille devenue mythique, celle de René Fonck, et Haegelen restera l'ami de Fonck, que l'on verra beaucoup plus tard à Bourges lors d'une visite officielle de cet " As des As ", l'homme aux 75 victoires. René Fonck relatera plus tard comment il sauva Haegelen et Hervet lors d'un combat aérien.
Un journal communiqué par le Musée de l'Air, évoque de manière à la fois cavalière et dans le langage de l'époque cette partie de la vie du jeune homme : " … Alors Haegelen se sent véritablement à son affaire, et pour se présenter aux petits camarades du secteur, il descend trois Boches à la file ".

C'est dans cette escadrille SPA 103 que Haegelen fait ses premiers combats sur des avions de chasse et il obtient sa première victoire homologuée contre un biplace dans les environs de Moronvillers-Nauroy le 27 mai 1917, il n'a pas 20 ans.

On peut donc raisonnablement penser, et les travaux en cours, de longue haleine, de Michel Pelliot sur ce sujet sont intéressants sur la réalité des victoires des aviateurs français dont Marcel Haegelen.
Cette première victoire est-elle un déclic pour Haegelen, sans doute puisque, dès le lendemain, le 28 mai 1917, il obtient une seconde victoire homologuée contre un biplace dans les environs de Chenay-Reims, et l'équipage allemand est fait prisonnier.
Mais ce même jour à la suite du combat qui s'est terminé par la chute de l'avion ennemi dans les lignes françaises, il est gravement blessé après le combat lors d'un accident d'atterrissage aux commandes d'un SPAD VII. Haegelen en gardera la trace sur son visage toute son existence :
" Il s'était en effet retrouvé par deux fois par terre durant cette guerre, et ma mère m'a dit qu'il avait un morceau de ferraille dans la partie supérieure de la bouche afin de maintenir le palais. C'est en effet lors d'un atterrissage qu'il il va recevoir le " manche à balai " dans le visage et celui-ci va entrer dans le palais. Il échappe de peu à la mort, puisque les pièces métalliques ne sont pas loin du cerveau ".
Gravement blessé et doit donc quitter le front, et il est soigné, bien soigné puisqu'il reçoit une plaque métallique à l'intérieur de la bouche et une cicatrice sur la lèvre supérieure sera définitive.
Il va rester à l'hôpital trois mois, tout l'été 1917, et il est réaffecté après convalescence à son escadrille n° 103 qu'il rejoint le 21 septembre 1917.
Il est nommé adjudant, le 5 novembre 1917, puis sous-lieutenant à titre temporaire.

Haegelen dans la SPA 100

Haegelen est affecté cette fois, sur sa demande à une autre escadrille, la SPA 100, et il y arrive le 7 février 1918.
Il est alors possible de suivre jour après jour cette année 1918, de février à novembre, en prenant en compte les victoires homologuées de Haegelen, de la troisième victoire à la vingt deuxième, lesquelles sont répertoriées de manière très précises :
3 ème victoire homologuée contre un Albatros D V vers Coucy-le-Château, le 23 mars 1918.

En ce mois de mars 1918, commence le " grand choc de l'Offensive Allemande " avec des attaques en Picardie vers Amiens. C'est dans ces combats que les escadrilles françaises de chasse et de bombardement vont conquérir la supériorité dans ce secteur de Picardie, avec une grande souplesse d'emploi et une rapidité de déplacement. 4 ème victoire homologuée de Haegelen puis 5 ème victoire homologuée Haegelen, il est nommé Sous-lieutenant " active " le 28 juin 1918.
Et les victoires se poursuivent jusqu'à la 22 ème victoire homologuée contre un avion sur l'Aisne, le 23 octobre 1918. Avec ses 22 victoires, Haegelen devient le 6 ième AS de la Grande Guerre.
Le 11 novembre arrive la guerre est finie.

Pour Michel Pelliot, " Après une courte pause, il repart au combat en 1919 pour la Pologne, mais le conflit ne dure pas ". Il est affecté à l'escadrille SPA 162 envoyée en Pologne pour faire partie de la Mission Française car une guerre russo-polonaise commencée 3 mois après l'armistice, en février 1919 et ne se terminera réellement qu'en mars 1921. Pourtant il reste en Pologne jusqu'en septembre 1920, avant un saut dans l'aviation commerciale, tout en ayant un pied dans l'armée il effectue des courtes périodes militaires et cherche le moyen de voler.
Voler sera jusqu'à la fin de sa vie une de ses préoccupations continues.
Dès 1921, il passe au civil, et entre dans la " maison Hanriot ", Il n'a que 26 ans, le grade de capitaine, et devient chef pilote jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale, faisant la majorité de sa carrière à Bourges à partir de 1928.

Haegelen pilote d'essai chez Hanriot

Le 1 er mai 1922 il entre officielle ment dans cette firme fondée par René Hanriot, puis dirigée par son fils Marcel et surtout par un ingénieur de grande valeur, Hubert Outhenin Challandre, appelé HOC. Selon certains documents, il aurait commencé en fait sa carrière dès la fin de l'année 1921, avec à ses côtés, Paul Gibert, dit " La Volaille ".
Il devient pilote d'essai, avec l'aura de ses victoires 4 ans plus tôt. Il faut se souvenir que Marcel Hanriot n'a que 2 ans de plus qu'Haegelen, ils devaient peut être se côtoyer, habitant des régions assez voisines. En 1924 et 1925, Hanriot s'installe à Carrières-sur-Seine, route de Bezon, c'est près de Versailles.
A son arrivée chez Hanriot, Haegelen, avec sa notoriété se spécialise dans les premiers vols des avions de la firme. Déjà à cette époque, on disait de lui :

" Il était plus souvent en salopette de pilote qu'en veston, il était jeune, mais de ceux que l'on appelle Monsieur ".

Et dans les ateliers, " on " disait encore de lui :
" C'est un excellent manœuvrier, il fera décoller tous les prototypes de la firme. C'était aussi un bon vivant et un excellent camarade ". Et d'ajouter " Il sera aussi connu pour sa façon très personnelle de passer les nuits dans les villes où il atterrissait ".
Il sera un virtuose de l'avion en s'octroyant par deux fois la Coupe Michelin et un record du monde de vitesse en 1932. C'est un homme attachant, un baroudeur mais un grand professionnel. On disait de lui à cette époque " qu'il était plus souvent en salopette de pilote qu'en veston, il était jeune, mais de ceux que l'on appelle Monsieur "

 

 

Le HD 17 sous les ponts de Paris en 1923

En 1923, Marcel Haegelen effectue le premier vol du HD 17, une version à flotteurs pour l'aéronavale, ce vol se déroula sur la Seine. Il fallait en effet vérifier l'efficacité des gouvernes de queue, et ce jour-là, à la grande frayeur des techniciens présents, et des curieux, il passera sous le pont du Nord de Paris. Une fois encore il aura " eu chaud " puisque le moteur de son HD 17 va s'arrêter une fois le pont franchi et il va réussir à poser son hydravion. Il était courant à cette époque que les grands pilotes se laissent aller à des évolutions acrobatiques ou spectaculaires, montrer leur adresse ou la manœuvre possible de leur avion.

Haegelen, est envoyé ensuite au Maroc pour la guerre du Rif, alors qu'Abdelkrim tient toujours la montagne, Haegelen rentre en France assez vite, à la fin du mois de novembre 1925. La situation sur le front en est sans doute la cause, il n'est pas homme à attendre les événements. Est-ce une fin de contrat ? Ou est-ce la mort de René Hanriot dans ce mois de novembre ?
En 1926, sortie et premier vol du HD 320, un avion d'entraînement, puis la même année le H 33, le H 35 et le H 38.

 

En 1927, on trouve le H 43, un avion de liaison, alors que l'année 1928 est prolixe dans la firme Hanriot avec le HD 141, HD 28, HD 321H 410, H 431, puis H 46 Styx, et enfin les H 461 et H 462.

 

 

Haegelen a la création de l'usine Hanriot de Bourges

Il est alors décidé en 1927 de trouver un lieu d'implantation d'une école de pilotage civile Hanriot et ce sera à Bourges, près de la N151: sur l'axe Bourges - Issoudun - Châteauroux, ce qui sera effectif en juillet 1928.
Il y aura dans cette aventure industrielle qui se poursuit plus de 80 ans après, de la volonté et de la chance. Au départ, le maire de Bourges Henri Laudier rencontre un aviateur de passage à Bourges : c'est Marcel Haegelen.
Ce pilote, venu en Berry, un soir de novembre 1927, est un " As " reconnu de la Grande Guerre. Il est même le 6ème " As ", et lui, contrairement à de nombreux de ses compagnons, il en est revenu. Il travaille depuis 1922 aux établissements Hanriot, une firme spécialisée dans la fabrication des avions.
C'est une soirée de " bordée " qu'effectue Haegelen avec quelques amis à l'aéroclub de Bourges, dont le célèbre et pittoresque Pelletier-Doisy, appelé familièrement Pivolo. Ce dernier est un ami d'Haegelen. Il est célèbre par ses raids dont le Paris - Saïgon - Hanoï, et il est de souche paternelle berrichonne.
Entre " As " et autres " Vieilles Tiges ", c'est la grande fraternité de l'air.
Haegelen est dans la région du centre de la France pour trouver un terrain d'aviation apte à recevoir une école de pilotage, celle de Hanriot.
Lorsque la firme Hanriot vend des avions, il lui est nécessaire de former les pilotes des clients dans une école de pilotage. Comme l'école Hanriot est à Reims, les directives gouvernementales les incitent à se délocaliser au sud de la Loire. C'est pourquoi Haegelen, pour le compte des avions Hanriot, recherche dans le centre du pays un terrain plat pour implanter son école de pilotage. La rencontre d'Haegelen en Berry avec les autorités municipales va être décisive.
Henri Laudier raconte ainsi cette rencontre :
" … Un soir de novembre 1927, nous étions réunis à l'invitation de l'aéroclub pour fêter une des plus pures gloires de l'Aviation française, notre chère Pivolo, quand un autre As se présenta tout menu, tout simple, tout modeste mais combien grand par la renommée : Marcel Haegelen ".
Dans les années 1930

L'inauguration de l'aéroport de Bourges
C'est ce premier jour de juillet 1928 que les Berruyers découvrent un homme qui est venu pour cette inauguration, il est au milieu des personnalités, c'est avec Laudier, l'artisan de cet aéroport de Bourges, car il s'agit bien de Marcel Haegelen.
Et les Berruyers découvrent la " Maison Hanriot ", le dimanche de juillet, avec l'aéroport de Bourges qui est inauguré.

En effet, les premiers pas de l'aviation à Bourges remontent au grand meeting de 1910, qui était resté dans toutes les mémoires locales, puis l'arrivée des avions à Avord et la Grande Guerre furent des éléments permettant à chacun de connaître encore davantage l'aviation.
Ensuite, des meetings, comme celui de 1922 initié par Henri Hervet après la disparition du prince d'Arenberg. Pendant plusieurs années, l'activité aéronautique locale fut entretenue par quelques conférences et manifestations diverses, mais Bourges n'avait toujours pas de terrain d'aviation et cela devenait sa hantise.

Et le maire de Bourges de poursuivre rappelle une fois encore la création de l'Aéroport :
" Marcel Haegelen, chef pilote de la Maison Hanriot, était à la recherche d'un terrain pour la création d'une école de pilotage. En un tournemain, la décision fut prise, les démarches et pourparler entrepris, et conduits avec une rapidité jusqu'ici inconnue dans les annales administratives du Berry. En six mois, tout était terminé ou à peu près, et l'aérodrome a pu être inauguré le 1 er juillet 1928 ".

Marcel Haegelen, deviendra président des pilotes civils de France et organisateur d'un grand rallye aérien.

Il faut savoir que le premier avion se posant à Bourges fut celui du général Girot, piloté ce jour-là 1 er juillet 1928 par Haegelen qui est donc le premier pilote à s'être posé à l'aéroport de Bourges.

Le grand pilote de Bourges

Haegelen va être le grand pilote d'essai de Bourges et ce sont plus de 30 prototypes qu'il fera décoller pour la première fois.
Le LH 10 et les versions suivantes, le H 43, puis le H 25, et en 1935 le H 192.
C'est à partir de 1927 qu'Hanriot se lance dans la conception d'avions biplace pour la liaison, mais aussi pour la formation, celle des pilotes et celle des observateurs. Ainsi va naître le H 43, un fuselage circulaire, une structure métallique et un recouvrement en toile. Le moteur est alors un Salmson CM 9 de 260cv, quant à l'hélice elle est toujours en bois. A partir de cet avion, d'autres appareils de la famille seront construits, de 430 à 439 inclus.

Avion des années 1930, le H 431 ce biplace d'entraînement ou d'instruction, sera fabriqué à 67 exemplaires, signalons encore le H 115, en 1933, H 16 en 1934 et ainsi de suite.

C'est à bord de son avion Lorraine-Hanriot 431, un nouveau modèle conçu par la firme Hanriot que Marcel Haegelen fait une tournée. Une revue nord-africaine évoque cette prestation en ces termes :
" Il a exécuté au-dessus des principales villes du Maroc, des vols de démonstration, en compagnie de son sympathique mécano La Volaille ".

Il a ainsi accompli 8000 km ce qui correspond à plus de 5h de vol, en partant de Bourges le 18 novembre 1931. Puis il vole vers Angoulême et Toulouse pour rejoindre Barcelone. La

Vainqueur par deux fois de la coupe Michelin

Pour la coupe Michelin de 1929-1930, la firme Hanriot se lance dans la fabrication d'un tout nouvel avion, le LH 41. C'est un monoplan, une révolution dans cette société, car cet avion avait des airs de famille avec les célèbres avions américains, les " racers ".

1930 Haegelen vers 16 heures doit se poser à Reims, sur une aire en herbe de 1200m sur 850m, balisée réglementairement en bois, peinte blanc et rouge, délimitant la piste d'atterrissage.
Haegelen va atterrir et l'avion capote à une vitesse de 120km/h du fait de hautes herbes et de chardons dont certains atteignaient 1,7m.
Pour la 17 ème année de la Coupe Michelin, au printemps 1931, Haegelen, malgré ses graves ennuis de l'année précédente, décide de courir, et donc de prendre sa revanche.
Il rentre très exactement à 17h32, il avait volé sur 2 631km en 11h37mn et 25s, une belle précision, et la vitesse est alors de 226km/h. Ses concurrents n'ayant pas fait mieux.
Haegelen remporte la coupe Michelin. Une belle revanche sur ses déboires de l'année précédente.
Il la remportera à nouveau en 1932 sur un avion Hanriot LH 42.
Dans ces années, il devient l'organisateur du Tour de France Aérien en 1931
Il va échapper à la mort à plusieurs reprises, c'était un homme d'énergie, mais très discret, trop discret sans doute.

Record de vitesse sur 2000 km en 1932

A 6 heures 26 très exactement, le 12 août, Haegelen décolle pour un circuit de 500km d'Etampes, puis Tours, Châteauroux, Mesves-sur-Loire et retour à Etampes. Un circuit qu'il boucle à 4 reprises pour se poser à 14h 01. Il faut noter que le parcours initialement prévu, Paris - Toulouse - Paris avait été abandonné.
Ainsi les 2000km sont réalisés en 7h, 34min, 43s, c'est à dire à une moyenne de 263,9km/h. Le record de vitesse des 2000km sans charge, détenu depuis avril 1931 par Paris était battu par Marcel Haegelen.

C'est l'euphorie chez la SGA et Hanriot, avec " un Marcel Haegelen qui ne cesse d'accumuler les lauriers ".

1934 : inauguration de l'aérogare de Bourges

15 juillet 1934, ce fut une de ces grandes fêtes dont Bourges avait le secret dans ces années 1930, car cette inauguration de l'aérogare se déroule en présence du ministre de l'Air, le général Denain.
Ont été amenés pour cette manifestation près de 100 avions sur le terrain de Bourges.
La presse rapporte avec des termes élogieux que :
" … Ces avions avaient été amenés chez nous par l'élite des pilotes nationaux … A côté d'Haegelen, de Fonck, de Cavalli, d'Arnoux, de Delmotte, de Maryse Bastié, et de tant d'autres dont les noms ont été claironnés aux quatre coins du monde par la trompette de la renommée, nous avons vu venir à nous de toutes les régions de France des équipages … ".

On apprend que Haegelen était franc maçon, initié le 20 mars 1935 à Paris, et ce n'était pas dans une loge du Grand Orient de France, comme cela aurait pu être, mais à la Grande Loge de France, seconde obédience française de cette époque. La loge de Paris s'appelle " L'Alliance ", avec le numéro 70.
Haegelen et le président de la République

Le 18 juin 1938, Henri Laudier reçoit à Bourges le président de la République Albert Lebrun, et au cours de la journée il est en première ligne pour montrer la firme SNCAC, nouvellement nationalisée et ses nouveaux avions comme le NC 510, ou les bâtiments nouveaux et quelques avions dont le NC 510, qui permet à Marcel Haegelen de fournir un certain nombre de renseignements techniques sur ce nouvel avion. Les accompagnateurs peuvent découvrir que plusieurs avions sont toujours marqués au sigle " Hanriot ", alors que les nationalisations sont passées par là depuis plusieurs mois ! Est-ce un oubli ou une sorte de provocation, nul ne peut aujourd'hui répondre. Mais en Berry, il faut souvent une bonne génération pour adopter les nouvelles dénominations de l'usine de la rue Le Brix.

Haegelen est à gauche à côté de l'avion

 

La guerre de 39/45

La guerre arrive en septembre 1939, et Haegelen, pendant la " drôle de guerre ", continue à essayer des avions H 230, NC 600, NC 530. Le dernier étant le NC 600 qui vole pour la première fois le 15 mai 1940 alors que les troupes allemandes déferlent sur la France. Il défendra l'aéroport de Bourges et abattra son 23ème avion allemand avec son Curtiss H75.

A 6 000m, les Polonais effectuent une première passe frontale sur les He 111 puis attaquent par l'arrière. Si les Polonais revendiquent 3 victoires et deux appareils ennemis sérieusement endommagés, une seule victoire sera homologuée par les autorités françaises à Kremski en collaboration avec ses trois équipiers.
Pour sa part, le lieutenant-colonel Haegelen, également sur Curtiss H75 (accompagné d'un ailier de l'équipe d'essais dont on ne sait s'il s'agit de Brivot, Nique ou Bertrand), prend en chasse un Heinkel H 111 et finit par l'abattre entre Morogues et La Chapelle d'Angillon. Il est indiqué " ELD/Bourges ".

Blessé à l'épaule, il doit atterrir en catastrophe à Avord. Son avion a encaissé 14 impacts, comptés par son fidèle mécanicien " La Volaille ".
Cette victoire est la 23ème de sa carrière, 22 ans après les précédentes. Ils ne seront que 3 pilotes en France a avoir abattu des avions allemands en 14-18 et en 39-45.

Sculpture de Didier Mori

Dès le 15 décembre 1940, Marcel Haegelen entre dans la Résistance, dans le réseau de l'Intelligence Service. Il devient un agent P2 non rétribué du réseau ROY, qui apparaît parfois sous le nom complet de "réseau ROY MISSION LENOIR " et il participe à plusieurs missions en particulier dans le renseignement.
C'est par l'intermédiaire de M. De la Pérelle qu'il entre dans ce réseau, il en écrit les circonstances :
" Ayant été le chef d'escadrille d'Haegelen en 1918, je n'ai pas hésité à m'adresser à lui quand j'ai eu à faire du renseignement en 1940 et il a fait preuve des mêmes qualités qui l'ont rendu célèbre ".

Il fournit les plans de la base d'Avord et de l'aéroport de Bourges qui sont transmis à la RAF (Royale Air Force), ainsi que l'emplacement des batteries de DCA, et des renseignements sur l'activité des terrains régionaux.
Il fit du renseignement sur la préparation des raids, et aussi sur les fabrications et l'armement des avions allemands.
Il semble même que les premiers bombardements menés par les américains avec une rare précision en 1944 ont été réalisés à partir des renseignements fournis et transmis par Haegelen.

Ainsi, alors que les bombardement au-dessus de certaines usines ou de certaines villes étaient parfois très approximatifs et occasionnaient de nombreuses victimes civiles et la destruction d'une partie de la cité, à Bourges, les renseignements de Haegelen ont sans aucun doute participé à la sauvegarde de la ville. Les bombardements prenant en compte des batteries de DCA bien localisées et les bâtiments et la piste à détruire.

Marcel Hanriot, quant à lui, fera partie du réseau de résistance JADE et sera grièvement blessé en août 1944.
On notera que Haegelen est le créateur avec Jean Brivot du BAC, le Bourges Athlétique Club.

Haegelen arrêté par la Gestapo

Le document est assez précis et raconte les circonstances de l'arrestation :
" Lorsque la Gestapo l'a arrêté dans notre bureau et fouillé ses papiers, elle a trouvé sur son calepin une inscription sur le voyage de Montrouge le 14/3/43. Je crois maintenant avec certitude que d'autres personnalités dirigeantes de notre usine seront arrêtées ".
Le document est assez précis et raconte les circonstances de l'arrestation :
" Lorsque la Gestapo l'a arrêté dans notre bureau et fouillé ses papiers, elle a trouvé sur son calepin une inscription sur le voyage de Montrouge le 14/3/43. Je crois maintenant avec certitude que d'autres personnalités dirigeantes de notre usine seront arrêtées ".

Et pourtant Haegelen sera libéré après un peu plus d'un mois de prison, le 13 avril 1943. Il est mis au secret à la prison de Bourges au Bordiot, avant d'être envoyé pour y être interrogé à Orléans puis à Fresnes dans la région parisienne.
Avec les preuves et le " petit carnet ", il est certain qu'il ne pouvait pas s'en sortir.

Il semble bien que sur cette libération " miraculeuse ", Haegelen soit resté muet. Il n'en a jamais parlé, sans doute parce qu'il craignait les mauvaises interprétations.

L'hypothèse la plus probable, c'est sa position d' " As " de la Grande Guerre. Nul doute que cet homme était devenu en France mais aussi en Allemagne un personnage mythique. Il y avait entre les combattants de la Grande Guerre une sorte de fraternité des armes et en particuliers dans ces " Chevaliers du ciel ", une situation assez différente que dans les anciens fantassins des tranchées qui parlaient encore largement " du Boche " et avaient toujours autant de haine vis à vis de l'ennemi.

Ainsi, le plus grand " As " de 1914/18, René Fonck avait lié des liens " d'amitié " avec des pilotes allemands, et même avec Goering, qui fut un " AS " Allemand, aux 22 victoires avant de devenir un des personnages importants du régime Nazi.
Le journal du Centre du 23 août 1947 appui cette thèse, sans aucune preuve en écrivant qu'Haegelen " ne devait sans doute sa libération qu'au manque de preuves et à sa notoriété

Marcel Haegelen en grand uniforme de colonel

Voici cette lettre d'Haegelen avec l'original retrouvé et daté du 20 février 1946 : Il est alors commandant de la base aérienne d'Avord, et il certifie :

" Ayant été agent P2 non rétribué des Forces Françaises combattantes depuis le 15 décembre 1940 ;
J'ai été arrêté par la Gestapo le 15 mars 1943 à 9 h à Bourges.
J'ai pu correspondre après deux jours avec l'extérieur, grâce à M. Desgeorges, négociant en vins, 60 rue Jean Baffier à Bourges, par l'intermédiaire du frère Alfred, franciscain infirmier Allemand anti-nazi.
J'au alors pu alerter des amis, être ravitaillé, et soutenir trois interrogatoires à Bourges, Orléans et Fresnes, avec le maximum d'information et le meilleur moral.
J'ai pu ainsi échapper, sinon à une exécution que les boches m'avaient promise par écrit, du moins à Buchenwald.
A ce moment, M. Desgeorges avait pris les dispositions nécessaires pour me faire évader avec l'aide du frère Alfred ".

Et la lettre est un plaidoyer pour Félix Desgeorges puisqu'Haegelen poursuit sa lettre :
" Le nombre de français qui ont ainsi pu être soutenus par M. Desgeorges est considérable.
Son activité, au péril de sa vie, s'est exercé pendant les quatre ans d'occupation au profit des victimes de la Gestapo et parallèlement comme un vrai résistant ".

Il est d'ailleurs écrit " qu'à l'issue de son incarcération, le 13 avril 1943, il reprend son activité clandestine avec un zèle accru jusqu'à la libération du territoire ".
Haegelen libéré reprend ses activités à l'usine de la SNCAC, devenant sans doute prudent, pendant quelques mois dans les renseignements à transmettre aux Alliés.
Pourtant on le retrouve dans une fin de guerre difficile continuant son action de Résistant, en prenant des risques conséquents, afin de voler des armes aux Allemands et de les remettre aux Français…

Le 25 mai 1950, alors que l'usine d'avions semble définitivement sauvée de la faillite, les Berruyers apprennent la mort de Marcel Haegelen. Il n'était âgé que de 54 ans, et succombait à l'hôpital du Val-de-Grâce d'une congestion cérébrale, selon les premières informations, puis il fut écrit qu'il avait succombé d'une grave affection hépatite.
En réalité, c'est bien un vaisseau qui a " claqué " et au Val de Grâce, avec les moyens de l'époque, il n'a pas été opéré à temps. Il s'est vu mourir, il avait un côté paralysé et savait en toute conscience ce qui se passait.

Marcel Haegelen meurt le 24 mai 1950 à 22 heures.

Il s'était marié à Bourges très tard, le 27 juin 1944 avec Georgette Boury et il avait eu ensuite 3 enfants alors âgés de 6, 4 et 2 ans à sa mort.

 

 

Le livre sur Marcel Haegelen de PABB La tombe de Marcel Haegelen.


Ceci est l'ancienne version

 

Après 3 ouvrages sur l'histoire de l'aéronautique à Bourges, avec du texte et des photos exclusives, qui font aujourd'hui autorité sur ce thème local, il a semblé à l'association PABB de poursuivre avec des points plus restreints mais plus précis de cette grande histoire locale.
Aussi la vie de Marcel Haegelen, un personnage peu connu, ressemble à une existence tout à fait originale et remarquable pour la ville de Bourges et le Berry tout entier. Il y a plus de 20 ans, Roland Narboux avait travaillé sur cet homme, et une première publication dans le magazine La Bouinotte lui avait permis de prendre des contacts avec son épouse aujourd'hui décédée. En 2009, pour cet ouvrage, il persévéra et ce fut avec deux des enfants de Marcel Haegelen, Claude la fille et Emile le fils, que des documents furent retrouvés, permettant de réaliser une partie de l'ouvrage.

Marcel Haegelen, jusqu'à la publication de ce présent livre est essentiellement connu pour avoir donné son nom à une grande avenue de Bourges. Celle qui entre dans la cité à partir de l'aéroport situé sur la RN 151 laquelle vient de Châteauroux et Saint-Florent, et s'arrête à la hauteur de l'église Saint-Henri à deux pas du pont d'Auron.

En près de 180 pages, illustrées de documents et de photos originales, il est désormais possible de bien cerner cette vie tout à fait extraordinaire de cet homme, un héros des deux guerres, mais aussi un humaniste, très apprécié des gens qu'il côtoyait. Nous savons qu'il reste encore des zones d'ombre et nous serions heureux de combler ces vides ou de corriger certaines imprécisions et même inexactitudes, veuillez nous les signaler.

Par cet ouvrage, Marcel Haegelen revit et chacun pourra constater qu'il fut un véritable héros auquel la ville de Bourges doit beaucoup dans deux circonstances essentielles, pour l'implantation d'une usine d'aviation qui aura jusqu'à 3000 employés, et pour avoir sans doute évité la destruction de la ville lors des bombardements alliés de 1944, par la précision des renseignements qu'il avait fournis, comme agent de renseignement pour l'Intelligence Service.

 



Marcel Émile Haegelen est un " AS " français de la Grande Guerre avant de devenir un des grands pilotes d'essais de France, pour la firme Hanriot à Bourges.

Marcel Haegelen est né en 1896, il est pilote en 1916 et devient durant la première guerre mondiale, un " AS " en totalisant au moins 22 victoires.
Dès 1921, il passe au civil, il est attaché à la " maison Hanriot ". Il n'a que 26 ans, le grade de capitaine, et devient chef pilote jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale, faisant la majorité de sa carrière à Bourges.

Il sera lui aussi un virtuose de l'avion en s'octroyant par deux fois la Coupe Michelin et un record du monde de vitesse en 1932.
C'est un homme attachant, un baroudeur mais un grand professionnel. On disait de lui à cette époque " qu'il était plus souvent en salopette de pilote qu'en veston, il était jeune, mais de ceux que l'on appelle Monsieur… ".

On lui doit l'implantation des Etablissements Hanriot à Bourges et c'est lui qui posera pour la première fois un avion à Bourges sur le futur terrain d'aviation, en 1928.

Il est reconnu par ses pairs et dès 1925 il est président de l'Union des Pilotes Civils de France (UPCF), une charge qu'il occupera pendant 22 ans, jusqu'en 1947.
A Bourges, chez Hanriot administré par Outhenin-Chalandre, il va mettre au point plus d'une trentaine d'avions prototypes.

Il va échapper à la mort à plusieurs reprises, que ce soit lors de la Coupe Michelin en juin 1930 ou au cours de l'année 1938, lors de deux atterrissages forcés dont un sur la base d'Avord. Durant le second conflit mondial, il défend l'aéroport de Bourges, et il abat un avion allemand, sa 23 ème victoire. Puis il entre dans la Résistance, devenant un spécialiste du renseignement.

C'était un homme d'énergie, mais très discret, trop discret sans doute.

 

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L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

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