Les Foires à Bourges ont existé
depuis la nuit des temps, Les premières foires remontent
aux "Gaulois" avec la fête du soleil pour le
solstice d'hiver. Avec le Christianisme, c'est la fête
de Noël qui prit de l'importance et la Foire des Innocents
qui suit cette date. Celles du Moyen Age furent parmi les plus
importantes du royaume jusqu'à un funeste mois de juillet
1487 date d'un incendie qui détruisit une partie de la
cité et les foires s'en allèrent ailleurs.
C'est au lendemain de la Grande Guerre alors que le pays, exsangue,
s'est donné un maire Henri Laudier qu'apparait
la première foire moderne, dans les premiers jours de
juillet 1920, elle s'installe à la Halle au blé
avec une " Foire aux autos ", une reprise de ce qui
s'était fait en 1908.
Le succès est là, la population vient voir de belles
automobiles mais c'est une manifestation très partielle
sur le plan commercial.
L'année suivante Laudier veut frapper un grand coup et
la Ville organise une grande Foire commerciale et industrielle,
toujours à la Halle au blé, et malgré les
réticences des nombreux commerçants locaux, il
tient bon et la foire est un grand succès.
La Foire à la Halle au blé
Cette fois c'est parti, la Foire monte
en puissance avec un point central à la Halle au blé,
avec des débordements sur la Place de la Nation. Au fil
des années, faisant preuve d'une imagination surprenante,
le Comité de la Foire mis en place en 1922 lance des animations
dans divers lieux de la ville. C'est l'Ecole des Beaux Arts place
Cujas, la place Séraucourt, mais aussi des lieux improbables
comme des terres agricoles pour des démonstrations ou
des concours agricoles.
Et puis, il faut utiliser la Foire et amener la population du
Berry à Bourges pour des évènements qui
vont marquer la cité. Ainsi l'inauguration de la Poste
de la rue Moyenne se déroule durant la Foire, tout comme
celle du Parc des Prés-Fichaux pour reprendre le vocabulaire
de 1930, deux grands moments intégrés dans le programme
de la Foire.
Les grands personnages de cette période
de l'entre-deux guerres sont très actifs dans la cité,
élus, banquiers, érudits ou hommes d'affaires ils
sont à la base de toutes les initiatives et il y en a
!
Cela explique par exemple les liens entre la Foire et l'aviation.
En effet, l'édition de la Foire de 1928, se présente
comme ordinaire, semblable aux années précédentes,
et pourtant elle va entrer dans l'Histoire locale, car c'est
le dernier jour de cette IX ième Foire, le dimanche 1
er juillet que se déroule l'inauguration de l'Aéroport
de Bourges et de l'Ecole Hanriot, prélude à l'industrie
aéronautique qui s'est poursuivit avec Aérospatiale
et MBDA aujourd'hui.
C'est à la Foire que les Berrichons
découvrent la machine à laver, l'aspirateur, les
machines à écrire ou
la banque Hervet.
La Foire se déroule jusqu'en 1932
dans 4 lieux principaux :
- la partie commerciale et industrielle avec les stands à
la Halle au blé.
- le Palais Jacques Cur avec par exemple une grande exposition
comme celle de Guy Babault, en liaison avec le Muséum.
- Et dans un lieu différent chaque année, comme
au champ de Foire du Prado, en bordure du canal, avec l'ouverture
des journées des Rémanents, comprenant des tracteurs,
des moteurs à " gaz des forêts " et même
des fours à carboniser.
La Foire au Parc Saint-Paul
Dès 1932, les élus constatent
que la Foire est vraiment trop à l'étroit, alors
il faut aller ailleurs et c'est ainsi que l'édition de
la XI ième Foire s'implante au Parc Saint-Paul, sur une
surface de 2,5 hectares.
Chaque année,
c'est la recherche d'un point fort qui va faire venir la foule.
Ce sont des Congrès, des inaugurations et la présence
de hautes personnalités.
Elle se diversifie avec par exemple le Congrès de la Pomme,
avec le syndicat des agriculteurs.
A partir de cette édition et jusqu'en
1939, c'est l'euphorie, Laudier est toujours maire, il est aidé
par Edmond Jongleux, l'érudit berruyer du XX ième
siècle, et la population adhère à la Foire
qui est un des grands moments de l'année.
Sur le plan commercial, on trouve une variété de
produits qu'il n'était pas possible de trouver en dehors
de la Foire, les noms pour certains sont toujours présent
près d'un siècle après, c'est Monin, Rosières,
Aubrun , Dactyl-Buro,
.
Cette manifestation commerciale se caractérise
par la venue de ministres, car Laudier a ses entrées à
Paris, et une Foire c'est l'inauguration par une personnalité,
on peut voir tel ou tel ministre, à une époque
où il n'y a pas de télévision et les journaux
ne publient que peu de photographies.
Les deux dernières Foires de l'avant-guerre sont bien
différentes, celle de 1938 voit l'inauguration de la Foire
par le Président de la République, Albert Lebrun.
Alors que la dernière en juin 1939,
a tout juste fermé ses portes la guerre arrive au début
du mois de septembre suivant, beaucoup de jeunes gens s'en vont
combattre
Bien entendu, la Foire de 1940 n'aura pas lieu, à la date
habituelle, la ville est occupée par les allemands
Pas de Foire en 1941 - 1942 - 1943 - 1944 et 1945.
La difficile renaissance de l'après
guerre
La première foire de l'après
guerre se déroule en juin 1946 dans
la précipitation car le Parc Saint-Paul a été
utilisé pendant l'Occupation pour accueillir des ateliers
et a subi des dégradations, il faut réparer. Mais
la Foire, modeste, se passe bien, c'est un renouveau.
Alors l'année suivante, 1947, c'est le gros succès
avec 30 000 visiteurs dans les 2 premiers jours, mais on sent
le manque d'argent, les entreprises du secteur des industries
militaires sont alors en grave difficultés, et en 1948,
ce sera même la faillite de la SNCAC (Société
de Construction Aéronautique du Centre) heureusement reprise
par la SNCAN, le N signifiant Nord.
De 1949 à 1954, la Foire exposition
a un sous titre : " le salon de la machine agricole ",
car Bourges et le Berry sur le plan géographique et économique
est encore une région agricole. Le slogan est intéressant,
car sous la cocarde tricolore figurent ces mots : " Bourges
: Centre de la France, Centre des affaires ".
1950, c'est la 25 ième Foire, et toujours la même
affiche tricolore, c'est la course Paris- Bourges, dont l'arrivée
est intégrée à la Foire, du théâtre,
avec " Un tour au paradis " de Sacha Guitry, des concerts,
et des retraites aux flambeaux avec la fanfare. Lle maire et
le préfet, Vivant en font l'inauguration
Pas de
personnalité marquante ! Un élément change,
c'est le prix d'entrée qui passe à 50 francs, quant
au livret il est désormais vendu 20 francs.
Depuis les années 1950, le nombre moyen d'exposants est
de 360, avec des pointes à 400. Quant au nombre d'entrées,
comme souvent, c'est une approximation avec une moyenne de 65
000 personnes, le point culminant fut en 1947, avec 94 000 entrées.
En 1954, la Foire est inaugurée
par un ministre, et pas n'importe lequel, il s'agit de Raymond
Boisdé qui est un ingénieur d'origine. Il est bientôt
député du Cher en juin 1951 puis secrétaire
d'Etat à l'agriculture dans le gouvernement Laniel de
juillet 1953 à juin 1954., puis maire de Bourges à
partir de mars 1959 pour 3 mandats. C'est un centriste.
Il y a aussi des années fastes pour la Foire, comme l'édition
1955 avec la venue du Président du Conseil Edgar Faure,
et pour parfaire le tout, c'est encore un ministre qui vient
la clôturer, M. Jacquet.
" Pour la première fois de son histoire, la Ville
de Bourges a la fierté de recevoir dans sa maison commune
le chef du gouvernement de la République" affirme
le Maire avant d'évoquer Avaricum, Charles VII et d'autres
"anciens célèbres". Il termine par le
classique cliché de : "Bourges, une bonne ville du
royaume demeurée une bonne ville de la République".
La réponse d'Edgar Faure est tout aussi classique, car
après avoir dit qu'il "était heureux d'être
ici", il poursuivit cette fois avec humour sur la personnalité
de "Jacques Coeur qui était ministre des finances
de Charles VII, je viens ici un peu en collègue".
Dans les années de la fin de la
Quatrième République, la Foire correspond bien
à une demande du public, ce sont les 30 glorieuses, pas
de chômage, et une frénésie d'achat, d'autant
qu'à Bourges entre les Etablissements militaires, Nord
Aviation ou Michelin qui arrive, c'est l'euphorie en terme de
pouvoir d'achat, les salaires sont intéressants et seule
la " guerre " d'Algérie reste une tragédie.
Quelques maires de transition comme Cothenet, Sallé ou
Mallet et l'organisation générale de la Foire est
entre les mains de Robert Verglas, Edmond Jongleux ayant pris
sa retraite.
Raymond Boisdé et " sa "
Foire
L'avènement de la V ième
République en 1958 correspond avec l'arrivée aux
affaires de la Ville de Bourges, du député Raymond
Boisdé qui est élu maire de cette Ville qu'il ne
découvre pas.
C'est son adjoint René Ménard qui va en réalité
s'occuper de la Foire qui fonctionne bien, on note environ 350
exposants chaque année sur 400 stands, ils viennent de
plus de 30 départements, et dans certaines années,
ce sont 80 000 visiteurs qui se pressent au Parc Saint-Paul.
Anecdote peu connue, on passe de 1956 à
1957 de la 31 ième à la 38 ième Foire de
Bourges
pour faire comme les autres grandes Foires qui
ont intégrées les années de guerre. Certaines
villes l'avaient fait, pourquoi pas nous ? et c'est pour cela
que nous commémorons en 2019 la 100 ième édition.
En 1956, c'est donc encore la 31 ième Foire, elle ouvre
ses portes à 10 h 15 avec le ministre Gérard Jacquet
ministre de l'Information. Il est accueilli par le maire Louis
Mallet, son 1 er adjoint René Ménard et par le
préfet Michel Virenque, on note la présence Charles
Durant et Marcel Plaisant sénateurs du Cher.
Dans la 40 ième édition,
en 1959, c'est Raymond Boisdé qui signe la préface
du guide-livret, alors que Pierre Rouzé devient le Président
de cette manifestation.
Encore des ministres à la Foire
C'est à nouveau de temps des inaugurations
par les ministres, car, comme Laudier, et sans doute plus encore,
Boisdé a ses entrées au gouvernement, et c'est
ainsi qu'en 1961 il présente un grand jeune homme dont
il dit :
" C'est le secrétaire d'Etat aux Finances : il s'agit
du dénommé Valéry Giscard d'Estaing "
avec ce ministre, il parcourt les stands, très à
l'aise, et Boisdé se fait visionnaire dans son discours
:
" Valéry Giscard d'Estaing est un homme d'une grande
compétence, malgré sa jeunesse, un très
grand talent, qui fera une éblouissante carrière
au sommet de notre pays, telle qu'il l'a déjà commencée
et qu'il est très loin d'avoir terminé..... Je
me félicite que ce soit un homme de cette taille, car
il est très grand, qui vienne inaugurer notre foire ".
Et pour davantage situer le jeune homme, il ajoutera un côté
local : " il n'est pas très éloigné,
il est du Puy de Dôme ".
Et cette année 1961 est un "
festival" de surprises puisque quelques jours après
le passage du futur Président de la République
un jeune garçon se produit sur le podium pour chanter,
il est totalement inconnu de la population berruyère,
et pourtant ils sont 1500 teenagers à venir l'écouter
et lui faire une ovation : c'est Johnny Hallyday qui commence
sa carrière, à la grande surprise des élus
et adultes de la cité
Pendant plusieurs éditions, les
ministres vont se bousculer pour venir inaugurer la Foire de
Bourges, c'est Jacques Maziol puis Marc Jacquet, mais aussi Louis
Joxe, ministre signataire des accords d'Evian et Chaban Delmas,
des pointures, alors que les Frères Jacques ont remplacé
Johnny, en 1964. L'année suivante, Maurice Herzog, en
profite pour poser la première pierre du centre nautique.
Progressivement, à la Foire, les
vedettes se font rares, c'est le chansonnier Pierre Lacroix ou
le Vierzonnais Patrick Raynal qui assure le spectacle de l'animation
traditionnelle.
Les Foires de 1968 vers la 50 ième
La Foire de 1968 est organisée de
justesse, ce fut mon premier contact avec cette manifestation,
jeune ingénieur des Arts et Métiers je commence
ma carrière à Nord Aviation le 1er juillet et quelques
jours auparavant, je rencontre M Ramond qui était depuis
des lustres le traiteur de la Foire il louait des chambres à
des jeunes travailleurs.
Elle a eu chaud cette 49 ième Foire de Bourges qui ouvre
ses portes le samedi 22 juin 1968, alors que la France commence
à sortir de la " petite révolution ".
Pas de livret-guide cette année, mais la Foire existe,
elle a été commencée sous les auspices les
plus défavorables écrit un journaliste, elle était
prévue fin juin, et les préparatifs montent en
puissance dans les deux derniers mois, au moment du marasme et
de la grève générale qui arrête l'activité
d'une partie du pays et de Bourges.
L'inauguration se fait avec le sénateur du Cher Eugène
Jamain. Car ce sont les élections législatives
qui envoient Raymond Boisdé le maire à nouveau
à la Chambre des députés.
Et la presse de titrer que l'armée
est présente à la Foire
mais aucune relation
avec les évènements de mai juin 1968, ce ne sont
pas des soldats qui viennent assurer l'ordre dans les allées
de la Foire, mais des stands , avec la Marine, la Légion
et des hussards, et aussi l'ESAM,
ainsi que ceux qui avaient
été conspués dans les rues du quartier latin
de Paris : les CRS, Compagnie Républicaines de Sécurité
qui ont leur stand. Recrutent-ils ? Se demandent de jeunes visiteurs.
Pour la 50 ième édition,
pas de ministre, nous étions au début de juin 1969,
et De Gaulle, battu au référendum du 27 avril a
quitté le pouvoir,
L'élection présidentielle française de 1969
se déroule au suffrage universel direct. Le premier tour
est le 1?? juin et le second le 15 du même mois, c'est
à dire le jour de fermeture de la Foire.
En 1972, 73 et 74, il n'y a plus de livret
de la Foire.
Dans ces années, la Foire est alors
le lieu où l'on va pour faire de gros achats, il faut
" profiter des prix Foire ", et surtout pouvoir comparer
les prix des articles plus ou moins identiques. Car il n'y a
pas d'autres grandes surfaces, Carrefour arrive en 1969, mais
rien encore ne s'implante route de la Charité.
Boisdé en perte de vitesse
De 1974 à 1977 inclus, de la 55
ième édition à la 58 ième: c'est
la même couverture
Toujours au Parc Saint-Paul, le livret
revenu met un Jacques Cur stylisé, et cela va durer
pendant plusieurs années. Même si " Notre Jacques
Cur " est le personnage emblématique de la
Ville, il y a comme un manque d'imagination de la part du Comité
d'Organisation et des élus, maire en tête.
D'ailleurs les discours de Raymond Boisdé
qui sait être un grand Maire sont assez fades, ainsi en
1974, il écrit " La Foire est une fête ",
et il poursuit :
" Les ombrages, la rivière, les grandes allées
et les grands plateaux, permettent à une foule toujours
aussi nombreuse d'évoluer de stand en stand de découvrir
et d'admirer des nouveautés, des progrès et des
réussites, et d'utiliser ainsi son pouvoir d'achat avec
le maximum de sécurité ".
L'année suivante, Boisdé se ressaisit, son discours
dans le livret de la Foire est d'une teneur à la fois
surprenante et nouvelle par rapport à ce qu'il avait écrit
précédemment. Ingénieur et homme politique
depuis des lustres, il est alors en difficulté avec une
partie de la population sur l'affaire SOS Cathédrale.
Il parle ainsi : l'environnement au sens large, un vocabulaire
nouveau mais qui est " en vogue ", et pour cela il
veut que Bourges, Ville Moyenne, n'accroisse pas sa population,
mais que chacun dans sa ville trouve la possibilité "
de perfectionner son propre environnement ".
C'est le temps des grandes vedettes de la chanson de l'époque
présentes à la Foire, Serge Lama, Annie Cordy,
Les Compagnons de la Chanson, Marcel Amont ou Dave.
Changement de couleur à la mairie et
à la
Foire
Mais les élections municipales arrivent
et après une scission à droite, laquelle était
majoritaire à Bourges, c'est finalement la gauche de Jacques
Rimbault qui l'emporte au second tour, en mars 1977 à
la veille de la 58 ième Foire.
Le discours du nouveau maire communiste
est très politique, et s'il salue la 58 ième Foire
de Bourges, " qui reflète à sa manière
l'activité générale de Bourges ", on
sent bien dans ces premiers mois une réelle méfiance
vis à vis des commerçants qui n'avaient pas trop
voté pour sa liste
Aussi, il part assez vite dans les problèmes du moment.
Nous sommes en 1977, et le maire de Bourges écrit dans
le livret de la Foire :
"
Sur la crise globale, avec toutes ses conséquences
: le chômage, en particulier celui des jeunes, l'inflation,
la hausse des prix et des services, la baisse du pouvoir d'achat,
et donc des chiffres d'affaire. "
Puis il est encore dans la campagne électorale :
"
les problèmes locaux viennent d'une certaine
politique de prestige dont on n'avait pas les moyens. Il se pose
aujourd'hui un nécessaire retour au réalisme, aux
réalités concrètes
il faut aussi prendre
en compte le social, l'humain, la démocratie, et donc
la participation la plus large ".
Et il termine par un " La situation ne peut continuer ainsi
", ce qui jette un froid dans les allées de la Foire
Exposition.
1979, c'est la 60 ième édition
et les Foires à thème
À partir du milieu des années
1980, sous l'impulsion de Jacques Rimbault, la zone de la Foire
évolue avec la construction du Palais des Congrès,
qui deviendra une grande salle de spectacle, puis le Muséum
s'implante enfin, le pavillon. Les halls seront relookés
tout en restant des hangars.
Comme souvent, lorsqu'il y a un changement
de majorité municipale, les décisions ne se prennent
pas de manière très rapides, et nous sommes en
Berry. Aussi la Foire poursuit son " petit bonhomme de chemin
", toujours au Parc Saint-Paul, avec 400 exposants, et des
animations très classique, toujours à base de chanteurs,
comme Alan Stivell ou Au Bonheur des Dames, sans oublier Thierry
Le Luron, il faut dire que cette année 1977 correspond
à l'arrivée du Printemps de Bourges et de Daniel
Colling son créateur à Bourges.
La
nouvelle municipalité confie la Foire à un adjoint,
Joël Chavanaz, qui prend en main les évolutions nécessaires.
Il faut dire qu'au début de son mandat, les relations
entre le maire communiste et les commerçants n'est pas
au beau-fixe, cela s'améliorera au fil des années,
J. Rimbault étant réélu par deux fois maire
de Bourges au premier tour !
Bientôt la Foire se cherche et c'est
la fin des vedettes de la chanson, et la recherche chaque année
d'un thème, ce sont " les collectionneurs ",
ou encore " l'Aéronautique ", un thème
qui fonctionne régulièrement, ou encore "
le jouet ", " le cirque "
etc
Sans doute sous l'impulsion de Marguerite
Renaudat l'idée de coupler la Foire avec un grand salon
très technique fait son chemin et c'est ainsi que va naître
le SIRITT, salon Interrégional de l'Innovation et des
Transferts de Technologies.
Quant à la réfection de bâtiments,
et aux expositions, les études et la réalisation
vont très vite, c'est la construction à la place
des hangars, d'un vaste hall, appelé "Pavillon",
comportant sur 4 piliers métalliques dans une architecture
moderne et audacieuse un rez-de-chaussée de 2000 M2, un
étage de 2500 M2 et une mezzanine de 1900 M2. L'objectif
affiché est de "permettre des animations permanentes
au Parc Saint-Paul et notamment la mise en place d'une véritable
vitrine technologique et économique, une sorte de SIRITT
permanent dont la ville a besoin".
La recherche alliée à
la technologie
Jacques Rimbault est Député-Maire
de Bourges, et Conseiller Général, il évoque
la 65 ième Foire-Exposition Nationale de Bourges, nouvelle
appelation, en parlant de Productique, télématique,
vidéocommunication, qui sont " les thèmes
sous lesquels est lancée la Foire avec le SIRITT qui prend
place dans le nouveau Hall des Congrès.
Il pense avoir trouvé la martingale
pour que la Foire se renouvelle, et cela va effectivement durer
plusieurs années, car après le SIRITT tout cours,
il y aura le SIRITT 2 ou encore appelé SIRITT jeune. La
Foire fonctionne en simultanée, et c'est ainsi que les
jeunes écoliers et lycéens viendront au SIRITT
et donc à la Foire. Puis il se déconnectera en
passant de juin à l'automne.
Car
l'enjeu est important, " il faut refuser cette fausse équation
: modernité = chômage " dit le maire. Alors
qu'il attend de hautes personnalités comme Marcel Rigout,
le Ministre de la Formation Professionnelle, mais aussi le bourgmestre
d'Augsbourg et l'ambassadeur des Pays-Bas.
Ainsi il renoue avec ses prédécesseurs
en faisant venir lui aussi des ministres à la Foire de
Bourges, ce sont presque les derniers.
Mais la Foire à thème reprend ses droits, comme
une focalisation en 1988 sur les automates avec le Premier Congrès
des Automates, qui fut un grand moment.
Par la suite, ce sont des retours aux sources comme en 1989 et
le thème de la Comédie, pour la 70ième Foire.
Il faut sans cesse trouver des idées,
et c'est ainsi que la Foire décentralise comme autrefois
certains animations ou expositions au palais Jacques Cur.
C'est Daniel Lejeune qui met en place une exposition sur "
Jacques Cur et les épices ", alors que le facsimilé
des Très Riches Heures du duc de Berry est présenté
au public.
On note aussi un grand coup avec la présentation
du plus grand violoncelle du monde au Palais d'Auron.
Malade depuis deux ans, le maire Jacques Rimbault meurt en fonction
le 19 mai 1993. Jean Claude Sandrier devient maire de Bourges
dans des conditions difficiles, à deux ans d'une échéance
électorale municipale.
En 1994, c'est la 75 ième édition
avec " le salon des inventeurs ", ça ne s'invente
pas ! Alors qu'une exposition au palais d'Auron propose l'art
forain.
Pour le public :
" La foire, on y va chaque année, même si on
a rien à acheter, et puis si on a un besoin d'achat, on
a souvent le choix et la possibilité d'avoir des prix
spéciaux à la baisse, car c'est le seul lieu où
il est possible de comparer les produits ".
Quelle année que 1995, en France et à Bourges,
avec les élections présidentielles qui voient la
campagne électorale aux présidentielles passer
par Bourges avec Jacques Chirac candidat qui reçoit des
jets de pommes, lors du Printemps de Bourges, il était
accompagné de Serge Lepeltier concurrent à la Mairie
face au Maire Jean Claude Sandrier, ces élections à
Bourges sont prévue en juin de la même année.
Une inauguration rapide, zen et très politique
Ce fut un marathon inaugural et sur la photo où est coupé
le ruban on voit Jean Claude Sandrier entouré de Marguerite
Renaudat et Bernard Gourdon Au second rang, Yann Galut, tout
jeune et sur la droite, dépassant d'une tête, mais
très sensible aux photographes M Serge Lepeltier. M Bayle
assure le protocole avec sa caquette règlementaire.
Au premier tour, c'est l'égalité, M. Lepeltier
vire en tête de 82 voix sur le maire sortant. Et au soir
de la fermeture de la Foire, les chiffres tombent et Serge Lepeltier
l'emporte de 869 voix sur Jean Claude Sandrier. Serge Lepeltier
devient maire de Bourges.
Les changements de structure de la Foire
Les années suivantes comme toujours
se font sans changement majeur, pour le lieu et la partie commerciale
de la Foire traditionnelle.
Serge Lepeltier, le nouveau maire s'appuie sur le Comité
des Foires que préside Guy Ducros, et le " directeur
opérationnel " de la Foire est Alain Marsat.
La Foire comme toujours en cas de changement
de majorité mmunicipale poursuit sur la lancée
avec les mêmes formules, en 1996 , 97, 98, 99, ces années
qui précèdent le changement de millénaire.
Alors que le commerce en centre ville est
à la peine, que la périphérie déborde
de magasins toujours plus grands, la foire poursuit son chemin,
cherchant des idées nouvelles, et une structure juridique
différente.
L'arrivée de la FNAC à la fin du XX ieme siècle,
puis le nouveau centre commercial Avaricum donnent un sursis
à la baisse du commerce en centre ville, mais la foire
résiste, et le maire décide de confier cette grande
manifestation après appel d'offre, à une société
spécialisée, la GESTEM sous forme d'une délégation
de service public.
Après les années 2000, la
Foire prend une vitesse de croisière le maire laisse la
foire entre les mains du Comité des Foires qui entoure
Guy Ducros, et il fait confiance à ses adjoints, ce sera
Jean Marie Nunez puis Andrée Depond qui disparaît
en 2002.
La Foire pendant les presque 20 ans à
venir, dans cette première partie du XXI ième siècle
se caractérise par les éléments suivants
:
Quelques personnalités comme l'ambassadeur
de Russie, ou un Ministre du Liban, mais pas de forte personnalité
nationale. Lorsque le président de la République
Nicolas Sarkozy vient à Bourges en pleine Foire, en 2008,
ce n'est pas pour la Foire mais pour l'Hôpital ! La Foire
: connaît pas
Que faire avec les expositions de voitures ?
Autre élément, la place et
la surface de la voiture, c'est à dire du salon local
de l'Auto, et les organisateurs chercheront des solutions, plateau
de la machine agricole, puis place Séraucourt, puis retour
au Parc Saint-Paul, puis dispersé un peu partout
Et surtout un regret : le manque de participation de certains
concessionnaires qui n'ont pas joué le jeu.
Enfin, pour faire venir la population,
il faut des stands, très variés, mais aussi une
bonne gastronomie, et il y aura jusqu'à 6 restaurants
très variés
avec souvent la cuisine du pays
correspondant au thème de la Foire.
Mais si le Berrichon affectionne toujours
" sa Foire ", il faut autre chose pour attirer d'autres
populations plus jeunes, et c'est là que se situe alors
le point fort de la Foire avec l'arrivée de Coulisse,
en 2003, la société de Daniel Colling qui devient
le patron de la Foire sous forme d'une délégation
de service public. " Jeanne et Louis Production " succèderont
à Coulisse.
La Foire de Bourges continue avec depuis
plusieurs années, la présence à sa tête
du "patron" du Printemps de Bourges Daniel Colling,
avec pour directeur de la Foire Patrick Ponchon.
Il s'entoure d'une équipe forte et avec de l'imagination,
il réussit à redonner un peu de vigueur à
ce qui reste un grand événement commercial.
Et les noms du site changeront tout comme
la signalétique, avec Daniel Colling qui, rebaptisera
les lieux : le site s'appellera "Les Rives d'Auron",
le célèbre plateau de la machine agricole s'appellera
"plateau d'Auron" et le Palais des Congrès devient
le Palais d'Auron.
Autour de lui, le sympathique président
du comité des Foires, Guy Ducrot se donne avec beaucoup
de détermination dans cette aventure commerciale, avant
de laisser ce poste à Marie-Claude Bidault.
Comment dynamiser cette foire bientôt
centenaire alors que le commerce local évolue d'une manière
considérable, avec l'installation en périphérie
de Bourges de deux zones commerciales le long des grands axes
que sont la Route de La Charité et celle de Saint-Doulchard.
Les grandes enseignes, Cultura, Darty, Jardiplus se regroupent
en périphérie
avec des parkings accessibles
gratuits et un choix important dans tous les domaines tout comme
le regroupement des concessionnaires en périphérie.
Si cela commence à nuire au Centre ville, chacun se demande
comment la traditionnelle Foire peut réagir.
Les grandes expositions de prestige
Et c'est ainsi qu'apparaissent de grandes
expositions, de très haut niveau, dignes de Beaubourg
ou de la Cité des Sciences, orientées sur des pays
ou de grandes régions.
Le point de départ vient du Muséum,
avec une expositions sur " Les chauves-souris, reines de
la nuit ", c'est un point de départ, suivi d'expositions
de prestige comme celles consacrées au Trésor de
Toutankhamon, puis La Chine et les soldats de terre, ou l'Or
des Incas.
Parfois, ce sont des expositions plus modestes sur des pays ou
des destinations, nos cousins du Québec, la Thaïlande,
New-York, la Russie ou l'Irlande.
Pascal Blanc maire de Bourges en 2014, poulain de S. Lepeltier
ne changera pas la structure, sinon le rétrécissement
en nombre de jours.
Vers une centième édition
délicate
La Foire reste gratuite, sauf parfois pour
les grandes expositions le dimanche après midi, mais la
Foire soufre, la densification du commerce en périphérie.
Aussi, une diminution de l'emprise de la
Foire se fit petit à petit en supprimant le plateau de
la Machine agricole appelé le Plateau d'Auron, qui redevient
un parking tout comme la durée qui passa à 5 ou
6 jours, sachant que le milieu de semaine posait un problème
d'affluence.
La fréquentation s'en ressentira, et le nombre de visiteurs
passe de 60 000 à 35 000, mais c'est une constante que
ce soit dans la durée d'un Eté à Bourges
qui diminue d'un tiers, le Printemps de Bourges qui se recentre
du mardi au dimanche, et les Nuits Lumière à la
limite de la rupture en 2018.
C'est un temps où il faut aller vite, très vite,
et pour cela il faut zapper, et concentrer les évènements.
Les atouts de la Foire de Bourges sont
encore importants, car elle est en Centre-ville, ce qui est très
positif pour la population qui peut venir à la Foire et
ensuite " faire la rue Moyenne jusqu'au centre commercial
Avaricum ". C'est ensuite un lieu mythique, un espace de
promenade et de convivialité, les plus anciens se retrouvent,
les plus jeunes découvrent, pourvu qu'ils soient curieux
Que trouver la Foire ? tout ou presque, les volets, des canapés,
des lits, des tondeuses à gazon, des tracteurs, des échelles
ou encore des voitures.
Elle
a retrouvé ces dernières années un certain
souffle, ce sont toujours environ 300 exposants, avec une forte
proportion de commerçants qui reviennent, preuve qu'ils
font " des affaires ". Il y a toujours 20 000 m2 de
surface de vente et des parkings, des animations, des restaurants,
des moments de convivialité
Sa gestion par " Jeanne et Louis Production " donne
satisfaction à la municipalité et au public, avec
un triumvirat composé de Daniel Colling, Patrick Ponchon,
Tina Poulizac et leur équipe technique et commerciale.
La Foire de Bourges est une grande dame
qui mériterait plus d'attention de la part des élus
et un engagement plus franc de la part cette fois de la population.
Il faudra, dans le futur faire preuve d'imagination et maintenir
la qualité dans des animations attendues, mais avec l'aide
des commerçants qui doivent davantage s'impliquer, la
Foire, doit être la Grande fête populaire pendant
les 5 jours de sa durée actuelle.
Mais c'est aussi la volonté du maire et de son Conseil
municipal que de vouloir maintenir cette belle centenaire en
l'état, avec la participation du public qui se doit de
la visiter.