100 FOIRES DE BOURGES - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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100 ANS DE FOIRE DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges et c'est la centième Foire de Bourges et voici en quelques pages une synthèse de cette foire qui commence en 1920 et en cette année 2019 c'est la centième.

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Version 2019

 

Les Foires à Bourges ont existé depuis la nuit des temps, Les premières foires remontent aux "Gaulois" avec la fête du soleil pour le solstice d'hiver. Avec le Christianisme, c'est la fête de Noël qui prit de l'importance et la Foire des Innocents qui suit cette date. Celles du Moyen Age furent parmi les plus importantes du royaume jusqu'à un funeste mois de juillet 1487 date d'un incendie qui détruisit une partie de la cité et les foires s'en allèrent ailleurs.
C'est au lendemain de la Grande Guerre alors que le pays, exsangue, s'e
st donné un maire Henri Laudier qu'apparait la première foire moderne, dans les premiers jours de juillet 1920, elle s'installe à la Halle au blé avec une " Foire aux autos ", une reprise de ce qui s'était fait en 1908.
Le succès est là, la population vient voir de belles automobiles mais c'est une manifestation très partielle sur le plan commercial.


L'année suivante Laudier veut frapper un grand coup et la Ville organise une grande Foire commerciale et industrielle, toujours à la Halle au blé, et malgré les réticences des nombreux commerçants locaux, il tient bon et la foire est un grand succès.

 

 

La Foire à la Halle au blé

Cette fois c'est parti, la Foire monte en puissance avec un point central à la Halle au blé, avec des débordements sur la Place de la Nation. Au fil des années, faisant preuve d'une imagination surprenante, le Comité de la Foire mis en place en 1922 lance des animations dans divers lieux de la ville. C'est l'Ecole des Beaux Arts place Cujas, la place Séraucourt, mais aussi des lieux improbables comme des terres agricoles pour des démonstrations ou des concours agricoles.
Et puis, il faut utiliser la Foire et amener la population du Berry à Bourges pour des évènements qui vont marquer la cité. Ainsi l'inauguration de la Poste de la rue Moyenne se déroule durant la Foire, tout comme celle du Parc des Prés-Fichaux pour reprendre le vocabulaire de 1930, deux grands moments intégrés dans le programme de la Foire.

Les grands personnages de cette période de l'entre-deux guerres sont très actifs dans la cité, élus, banquiers, érudits ou hommes d'affaires ils sont à la base de toutes les initiatives et il y en a !
Cela explique par exemple les liens entre la Foire et l'aviation. En effet, l'édition de la Foire de 1928, se présente comme ordinaire, semblable aux années précédentes, et pourtant elle va entrer dans l'Histoire locale, car c'est le dernier jour de cette IX ième Foire, le dimanche 1 er juillet que se déroule l'inauguration de l'Aéroport de Bourges et de l'Ecole Hanriot, prélude à l'industrie aéronautique qui s'est poursuivit avec Aérospatiale et MBDA aujourd'hui.

C'est à la Foire que les Berrichons découvrent la machine à laver, l'aspirateur, les machines à écrire ou … la banque Hervet.

La Foire se déroule jusqu'en 1932 dans 4 lieux principaux :
- la partie commerciale et industrielle avec les stands à la Halle au blé.
- le Palais Jacques Cœur avec par exemple une grande exposition comme celle de Guy Babault, en liaison avec le Muséum.
- Et dans un lieu différent chaque année, comme au champ de Foire du Prado, en bordure du canal, avec l'ouverture des journées des Rémanents, comprenant des tracteurs, des moteurs à " gaz des forêts " et même des fours à carboniser.

 

La Foire au Parc Saint-Paul

Dès 1932, les élus constatent que la Foire est vraiment trop à l'étroit, alors il faut aller ailleurs et c'est ainsi que l'édition de la XI ième Foire s'implante au Parc Saint-Paul, sur une surface de 2,5 hectares.

Chaque année, c'est la recherche d'un point fort qui va faire venir la foule. Ce sont des Congrès, des inaugurations et la présence de hautes personnalités.


Elle se diversifie avec par exemple le Congrès de la Pomme, avec le syndicat des agriculteurs.

 

A partir de cette édition et jusqu'en 1939, c'est l'euphorie, Laudier est toujours maire, il est aidé par Edmond Jongleux, l'érudit berruyer du XX ième siècle, et la population adhère à la Foire qui est un des grands moments de l'année.
Sur le plan commercial, on trouve une variété de produits qu'il n'était pas possible de trouver en dehors de la Foire, les noms pour certains sont toujours présent près d'un siècle après, c'est Monin, Rosières, Aubrun , Dactyl-Buro, ….

Cette manifestation commerciale se caractérise par la venue de ministres, car Laudier a ses entrées à Paris, et une Foire c'est l'inauguration par une personnalité, on peut voir tel ou tel ministre, à une époque où il n'y a pas de télévision et les journaux ne publient que peu de photographies.
Les deux dernières Foires de l'avant-guerre sont bien différentes, celle de 1938 voit l'inauguration de la Foire par le Président de la République, Albert Lebrun.

Alors que la dernière en juin 1939, a tout juste fermé ses portes la guerre arrive au début du mois de septembre suivant, beaucoup de jeunes gens s'en vont combattre…
Bien entendu, la Foire de 1940 n'aura pas lieu, à la date habituelle, la ville est occupée par les allemands… Pas de Foire en 1941 - 1942 - 1943 - 1944 et 1945.

La difficile renaissance de l'après guerre

La première foire de l'après guerre se déroule en juin 1946 dans la précipitation car le Parc Saint-Paul a été utilisé pendant l'Occupation pour accueillir des ateliers et a subi des dégradations, il faut réparer. Mais la Foire, modeste, se passe bien, c'est un renouveau.
Alors l'année suivante, 1947, c'est le gros succès avec 30 000 visiteurs dans les 2 premiers jours, mais on sent le manque d'argent, les entreprises du secteur des industries militaires sont alors en grave difficultés, et en 1948, ce sera même la faillite de la SNCAC (Société de Construction Aéronautique du Centre) heureusement reprise par la SNCAN, le N signifiant Nord.

 

De 1949 à 1954, la Foire exposition a un sous titre : " le salon de la machine agricole ", car Bourges et le Berry sur le plan géographique et économique est encore une région agricole. Le slogan est intéressant, car sous la cocarde tricolore figurent ces mots : " Bourges : Centre de la France, Centre des affaires ".
1950, c'est la 25 ième Foire, et toujours la même affiche tricolore, c'est la course Paris- Bourges, dont l'arrivée est intégrée à la Foire, du théâtre, avec " Un tour au paradis " de Sacha Guitry, des concerts, et des retraites aux flambeaux avec la fanfare. Lle maire et le préfet, Vivant en font l'inauguration… Pas de personnalité marquante ! Un élément change, c'est le prix d'entrée qui passe à 50 francs, quant au livret il est désormais vendu 20 francs.
Depuis les années 1950, le nombre moyen d'exposants est de 360, avec des pointes à 400. Quant au nombre d'entrées, comme souvent, c'est une approximation avec une moyenne de 65 000 personnes, le point culminant fut en 1947, avec 94 000 entrées.

En 1954, la Foire est inaugurée par un ministre, et pas n'importe lequel, il s'agit de Raymond Boisdé qui est un ingénieur d'origine. Il est bientôt député du Cher en juin 1951 puis secrétaire d'Etat à l'agriculture dans le gouvernement Laniel de juillet 1953 à juin 1954., puis maire de Bourges à partir de mars 1959 pour 3 mandats. C'est un centriste.
Il y a aussi des années fastes pour la Foire, comme l'édition 1955 avec la venue du Président du Conseil Edgar Faure, et pour parfaire le tout, c'est encore un ministre qui vient la clôturer, M. Jacquet.
" Pour la première fois de son histoire, la Ville de Bourges a la fierté de recevoir dans sa maison commune le chef du gouvernement de la République" affirme le Maire avant d'évoquer Avaricum, Charles VII et d'autres "anciens célèbres". Il termine par le classique cliché de : "Bourges, une bonne ville du royaume demeurée une bonne ville de la République".
La réponse d'Edgar Faure est tout aussi classique, car après avoir dit qu'il "était heureux d'être ici", il poursuivit cette fois avec humour sur la personnalité de "Jacques Coeur qui était ministre des finances de Charles VII, je viens ici un peu en collègue".

Dans les années de la fin de la Quatrième République, la Foire correspond bien à une demande du public, ce sont les 30 glorieuses, pas de chômage, et une frénésie d'achat, d'autant qu'à Bourges entre les Etablissements militaires, Nord Aviation ou Michelin qui arrive, c'est l'euphorie en terme de pouvoir d'achat, les salaires sont intéressants et seule la " guerre " d'Algérie reste une tragédie. Quelques maires de transition comme Cothenet, Sallé ou Mallet et l'organisation générale de la Foire est entre les mains de Robert Verglas, Edmond Jongleux ayant pris sa retraite.

Raymond Boisdé et " sa " Foire

L'avènement de la V ième République en 1958 correspond avec l'arrivée aux affaires de la Ville de Bourges, du député Raymond Boisdé qui est élu maire de cette Ville qu'il ne découvre pas.
C'est son adjoint René Ménard qui va en réalité s'occuper de la Foire qui fonctionne bien, on note environ 350 exposants chaque année sur 400 stands, ils viennent de plus de 30 départements, et dans certaines années, ce sont 80 000 visiteurs qui se pressent au Parc Saint-Paul.

Anecdote peu connue, on passe de 1956 à 1957 de la 31 ième à la 38 ième Foire de Bourges … pour faire comme les autres grandes Foires qui ont intégrées les années de guerre. Certaines villes l'avaient fait, pourquoi pas nous ? et c'est pour cela que nous commémorons en 2019 la 100 ième édition.
En 1956, c'est donc encore la 31 ième Foire, elle ouvre ses portes à 10 h 15 avec le ministre Gérard Jacquet ministre de l'Information. Il est accueilli par le maire Louis Mallet, son 1 er adjoint René Ménard et par le préfet Michel Virenque, on note la présence Charles Durant et Marcel Plaisant sénateurs du Cher.

Dans la 40 ième édition, en 1959, c'est Raymond Boisdé qui signe la préface du guide-livret, alors que Pierre Rouzé devient le Président de cette manifestation.

Encore des ministres à la Foire

C'est à nouveau de temps des inaugurations par les ministres, car, comme Laudier, et sans doute plus encore, Boisdé a ses entrées au gouvernement, et c'est ainsi qu'en 1961 il présente un grand jeune homme dont il dit :
" C'est le secrétaire d'Etat aux Finances : il s'agit du dénommé Valéry Giscard d'Estaing " avec ce ministre, il parcourt les stands, très à l'aise, et Boisdé se fait visionnaire dans son discours :
" Valéry Giscard d'Estaing est un homme d'une grande compétence, malgré sa jeunesse, un très grand talent, qui fera une éblouissante carrière au sommet de notre pays, telle qu'il l'a déjà commencée et qu'il est très loin d'avoir terminé..... Je me félicite que ce soit un homme de cette taille, car il est très grand, qui vienne inaugurer notre foire ". Et pour davantage situer le jeune homme, il ajoutera un côté local : " il n'est pas très éloigné, il est du Puy de Dôme ".

Et cette année 1961 est un " festival" de surprises puisque quelques jours après le passage du futur Président de la République un jeune garçon se produit sur le podium pour chanter, il est totalement inconnu de la population berruyère, et pourtant ils sont 1500 teenagers à venir l'écouter et lui faire une ovation : c'est Johnny Hallyday qui commence sa carrière, à la grande surprise des élus et adultes de la cité…

Pendant plusieurs éditions, les ministres vont se bousculer pour venir inaugurer la Foire de Bourges, c'est Jacques Maziol puis Marc Jacquet, mais aussi Louis Joxe, ministre signataire des accords d'Evian et Chaban Delmas, des pointures, alors que les Frères Jacques ont remplacé Johnny, en 1964. L'année suivante, Maurice Herzog, en profite pour poser la première pierre du centre nautique.

Progressivement, à la Foire, les vedettes se font rares, c'est le chansonnier Pierre Lacroix ou le Vierzonnais Patrick Raynal qui assure le spectacle de l'animation traditionnelle.

Les Foires de 1968 vers la 50 ième

La Foire de 1968 est organisée de justesse, ce fut mon premier contact avec cette manifestation, jeune ingénieur des Arts et Métiers je commence ma carrière à Nord Aviation le 1er juillet et quelques jours auparavant, je rencontre M Ramond qui était depuis des lustres le traiteur de la Foire il louait des chambres à des jeunes travailleurs.
Elle a eu chaud cette 49 ième Foire de Bourges qui ouvre ses portes le samedi 22 juin 1968, alors que la France commence à sortir de la " petite révolution ". Pas de livret-guide cette année, mais la Foire existe, elle a été commencée sous les auspices les plus défavorables écrit un journaliste, elle était prévue fin juin, et les préparatifs montent en puissance dans les deux derniers mois, au moment du marasme et de la grève générale qui arrête l'activité d'une partie du pays et de Bourges.
L'inauguration se fait avec le sénateur du Cher Eugène Jamain. Car ce sont les élections législatives qui envoient Raymond Boisdé le maire à nouveau à la Chambre des députés.

Et la presse de titrer que l'armée est présente à la Foire … mais aucune relation avec les évènements de mai juin 1968, ce ne sont pas des soldats qui viennent assurer l'ordre dans les allées de la Foire, mais des stands , avec la Marine, la Légion et des hussards, et aussi l'ESAM, … ainsi que ceux qui avaient été conspués dans les rues du quartier latin de Paris : les CRS, Compagnie Républicaines de Sécurité qui ont leur stand. Recrutent-ils ? Se demandent de jeunes visiteurs.

Pour la 50 ième édition, pas de ministre, nous étions au début de juin 1969, et De Gaulle, battu au référendum du 27 avril a quitté le pouvoir,
L'élection présidentielle française de 1969 se déroule au suffrage universel direct. Le premier tour est le 1?? juin et le second le 15 du même mois, c'est à dire le jour de fermeture de la Foire.

En 1972, 73 et 74, il n'y a plus de livret de la Foire.

Dans ces années, la Foire est alors le lieu où l'on va pour faire de gros achats, il faut " profiter des prix Foire ", et surtout pouvoir comparer les prix des articles plus ou moins identiques. Car il n'y a pas d'autres grandes surfaces, Carrefour arrive en 1969, mais rien encore ne s'implante route de la Charité.

Boisdé en perte de vitesse

De 1974 à 1977 inclus, de la 55 ième édition à la 58 ième: c'est la même couverture

Toujours au Parc Saint-Paul, le livret revenu met un Jacques Cœur stylisé, et cela va durer pendant plusieurs années. Même si " Notre Jacques Cœur " est le personnage emblématique de la Ville, il y a comme un manque d'imagination de la part du Comité d'Organisation et des élus, maire en tête.

D'ailleurs les discours de Raymond Boisdé qui sait être un grand Maire sont assez fades, ainsi en 1974, il écrit " La Foire est une fête ", et il poursuit :
" Les ombrages, la rivière, les grandes allées et les grands plateaux, permettent à une foule toujours aussi nombreuse d'évoluer de stand en stand de découvrir et d'admirer des nouveautés, des progrès et des réussites, et d'utiliser ainsi son pouvoir d'achat avec le maximum de sécurité ".
L'année suivante, Boisdé se ressaisit, son discours dans le livret de la Foire est d'une teneur à la fois surprenante et nouvelle par rapport à ce qu'il avait écrit précédemment. Ingénieur et homme politique depuis des lustres, il est alors en difficulté avec une partie de la population sur l'affaire SOS Cathédrale.
Il parle ainsi : l'environnement au sens large, un vocabulaire nouveau mais qui est " en vogue ", et pour cela il veut que Bourges, Ville Moyenne, n'accroisse pas sa population, mais que chacun dans sa ville trouve la possibilité " de perfectionner son propre environnement ".
C'est le temps des grandes vedettes de la chanson de l'époque présentes à la Foire, Serge Lama, Annie Cordy, Les Compagnons de la Chanson, Marcel Amont ou Dave.
Changement de couleur à la mairie et … à la Foire

Mais les élections municipales arrivent et après une scission à droite, laquelle était majoritaire à Bourges, c'est finalement la gauche de Jacques Rimbault qui l'emporte au second tour, en mars 1977 à la veille de la 58 ième Foire.

Le discours du nouveau maire communiste est très politique, et s'il salue la 58 ième Foire de Bourges, " qui reflète à sa manière l'activité générale de Bourges ", on sent bien dans ces premiers mois une réelle méfiance vis à vis des commerçants qui n'avaient pas trop voté pour sa liste …
Aussi, il part assez vite dans les problèmes du moment. Nous sommes en 1977, et le maire de Bourges écrit dans le livret de la Foire :
" … Sur la crise globale, avec toutes ses conséquences : le chômage, en particulier celui des jeunes, l'inflation, la hausse des prix et des services, la baisse du pouvoir d'achat, et donc des chiffres d'affaire. "
Puis il est encore dans la campagne électorale :
" … les problèmes locaux viennent d'une certaine politique de prestige dont on n'avait pas les moyens. Il se pose aujourd'hui un nécessaire retour au réalisme, aux réalités concrètes… il faut aussi prendre en compte le social, l'humain, la démocratie, et donc la participation la plus large ".
Et il termine par un " La situation ne peut continuer ainsi ", ce qui jette un froid dans les allées de la Foire Exposition.

1979, c'est la 60 ième édition et les Foires à thème

À partir du milieu des années 1980, sous l'impulsion de Jacques Rimbault, la zone de la Foire évolue avec la construction du Palais des Congrès, qui deviendra une grande salle de spectacle, puis le Muséum s'implante enfin, le pavillon. Les halls seront relookés tout en restant des hangars.

Comme souvent, lorsqu'il y a un changement de majorité municipale, les décisions ne se prennent pas de manière très rapides, et nous sommes en Berry. Aussi la Foire poursuit son " petit bonhomme de chemin ", toujours au Parc Saint-Paul, avec 400 exposants, et des animations très classique, toujours à base de chanteurs, comme Alan Stivell ou Au Bonheur des Dames, sans oublier Thierry Le Luron, il faut dire que cette année 1977 correspond à l'arrivée du Printemps de Bourges et de Daniel Colling son créateur à Bourges.

La nouvelle municipalité confie la Foire à un adjoint, Joël Chavanaz, qui prend en main les évolutions nécessaires. Il faut dire qu'au début de son mandat, les relations entre le maire communiste et les commerçants n'est pas au beau-fixe, cela s'améliorera au fil des années, J. Rimbault étant réélu par deux fois maire de Bourges au premier tour !

Bientôt la Foire se cherche et c'est la fin des vedettes de la chanson, et la recherche chaque année d'un thème, ce sont " les collectionneurs ", ou encore " l'Aéronautique ", un thème qui fonctionne régulièrement, ou encore " le jouet ", " le cirque " … etc

Sans doute sous l'impulsion de Marguerite Renaudat l'idée de coupler la Foire avec un grand salon très technique fait son chemin et c'est ainsi que va naître le SIRITT, salon Interrégional de l'Innovation et des Transferts de Technologies.

Quant à la réfection de bâtiments, et aux expositions, les études et la réalisation vont très vite, c'est la construction à la place des hangars, d'un vaste hall, appelé "Pavillon", comportant sur 4 piliers métalliques dans une architecture moderne et audacieuse un rez-de-chaussée de 2000 M2, un étage de 2500 M2 et une mezzanine de 1900 M2. L'objectif affiché est de "permettre des animations permanentes au Parc Saint-Paul et notamment la mise en place d'une véritable vitrine technologique et économique, une sorte de SIRITT permanent dont la ville a besoin".

La recherche alliée à la technologie

Jacques Rimbault est Député-Maire de Bourges, et Conseiller Général, il évoque la 65 ième Foire-Exposition Nationale de Bourges, nouvelle appelation, en parlant de Productique, télématique, vidéocommunication, qui sont " les thèmes sous lesquels est lancée la Foire avec le SIRITT qui prend place dans le nouveau Hall des Congrès.

Il pense avoir trouvé la martingale pour que la Foire se renouvelle, et cela va effectivement durer plusieurs années, car après le SIRITT tout cours, il y aura le SIRITT 2 ou encore appelé SIRITT jeune. La Foire fonctionne en simultanée, et c'est ainsi que les jeunes écoliers et lycéens viendront au SIRITT et donc à la Foire. Puis il se déconnectera en passant de juin à l'automne.

Car l'enjeu est important, " il faut refuser cette fausse équation : modernité = chômage " dit le maire. Alors qu'il attend de hautes personnalités comme Marcel Rigout, le Ministre de la Formation Professionnelle, mais aussi le bourgmestre d'Augsbourg et l'ambassadeur des Pays-Bas.

Ainsi il renoue avec ses prédécesseurs en faisant venir lui aussi des ministres à la Foire de Bourges, ce sont presque les derniers.
Mais la Foire à thème reprend ses droits, comme une focalisation en 1988 sur les automates avec le Premier Congrès des Automates, qui fut un grand moment.
Par la suite, ce sont des retours aux sources comme en 1989 et le thème de la Comédie, pour la 70ième Foire.

Il faut sans cesse trouver des idées, et c'est ainsi que la Foire décentralise comme autrefois certains animations ou expositions au palais Jacques Cœur. C'est Daniel Lejeune qui met en place une exposition sur " Jacques Cœur et les épices ", alors que le facsimilé des Très Riches Heures du duc de Berry est présenté au public.

On note aussi un grand coup avec la présentation du plus grand violoncelle du monde au Palais d'Auron.
Malade depuis deux ans, le maire Jacques Rimbault meurt en fonction le 19 mai 1993. Jean Claude Sandrier devient maire de Bourges dans des conditions difficiles, à deux ans d'une échéance électorale municipale.

En 1994, c'est la 75 ième édition avec " le salon des inventeurs ", ça ne s'invente pas ! Alors qu'une exposition au palais d'Auron propose l'art forain.
Pour le public :
" La foire, on y va chaque année, même si on a rien à acheter, et puis si on a un besoin d'achat, on a souvent le choix et la possibilité d'avoir des prix spéciaux à la baisse, car c'est le seul lieu où il est possible de comparer les produits ".
Quelle année que 1995, en France et à Bourges, avec les élections présidentielles qui voient la campagne électorale aux présidentielles passer par Bourges avec Jacques Chirac candidat qui reçoit des jets de pommes, lors du Printemps de Bourges, il était accompagné de Serge Lepeltier concurrent à la Mairie face au Maire Jean Claude Sandrier, ces élections à Bourges sont prévue en juin de la même année.
Une inauguration rapide, zen et très politique
Ce fut un marathon inaugural et sur la photo où est coupé le ruban on voit Jean Claude Sandrier entouré de Marguerite Renaudat et Bernard Gourdon Au second rang, Yann Galut, tout jeune et sur la droite, dépassant d'une tête, mais très sensible aux photographes M Serge Lepeltier. M Bayle assure le protocole avec sa caquette règlementaire.
Au premier tour, c'est l'égalité, M. Lepeltier vire en tête de 82 voix sur le maire sortant. Et au soir de la fermeture de la Foire, les chiffres tombent et Serge Lepeltier l'emporte de 869 voix sur Jean Claude Sandrier. Serge Lepeltier devient maire de Bourges.

Les changements de structure de la Foire

Les années suivantes comme toujours se font sans changement majeur, pour le lieu et la partie commerciale de la Foire traditionnelle.
Serge Lepeltier, le nouveau maire s'appuie sur le Comité des Foires que préside Guy Ducros, et le " directeur opérationnel " de la Foire est Alain Marsat.

La Foire comme toujours en cas de changement de majorité mmunicipale poursuit sur la lancée avec les mêmes formules, en 1996 , 97, 98, 99, ces années qui précèdent le changement de millénaire.

Alors que le commerce en centre ville est à la peine, que la périphérie déborde de magasins toujours plus grands, la foire poursuit son chemin, cherchant des idées nouvelles, et une structure juridique différente.
L'arrivée de la FNAC à la fin du XX ieme siècle, puis le nouveau centre commercial Avaricum donnent un sursis à la baisse du commerce en centre ville, mais la foire résiste, et le maire décide de confier cette grande manifestation après appel d'offre, à une société spécialisée, la GESTEM sous forme d'une délégation de service public.

Après les années 2000, la Foire prend une vitesse de croisière le maire laisse la foire entre les mains du Comité des Foires qui entoure Guy Ducros, et il fait confiance à ses adjoints, ce sera Jean Marie Nunez puis Andrée Depond qui disparaît en 2002.

La Foire pendant les presque 20 ans à venir, dans cette première partie du XXI ième siècle se caractérise par les éléments suivants :

Quelques personnalités comme l'ambassadeur de Russie, ou un Ministre du Liban, mais pas de forte personnalité nationale. Lorsque le président de la République Nicolas Sarkozy vient à Bourges en pleine Foire, en 2008, ce n'est pas pour la Foire mais pour l'Hôpital ! La Foire : connaît pas
Que faire avec les expositions de voitures ?

Autre élément, la place et la surface de la voiture, c'est à dire du salon local de l'Auto, et les organisateurs chercheront des solutions, plateau de la machine agricole, puis place Séraucourt, puis retour au Parc Saint-Paul, puis dispersé un peu partout… Et surtout un regret : le manque de participation de certains concessionnaires qui n'ont pas joué le jeu.

Enfin, pour faire venir la population, il faut des stands, très variés, mais aussi une bonne gastronomie, et il y aura jusqu'à 6 restaurants très variés… avec souvent la cuisine du pays correspondant au thème de la Foire.

Mais si le Berrichon affectionne toujours " sa Foire ", il faut autre chose pour attirer d'autres populations plus jeunes, et c'est là que se situe alors le point fort de la Foire avec l'arrivée de Coulisse, en 2003, la société de Daniel Colling qui devient le patron de la Foire sous forme d'une délégation de service public. " Jeanne et Louis Production " succèderont à Coulisse.

La Foire de Bourges continue avec depuis plusieurs années, la présence à sa tête du "patron" du Printemps de Bourges Daniel Colling, avec pour directeur de la Foire Patrick Ponchon.
Il s'entoure d'une équipe forte et avec de l'imagination, il réussit à redonner un peu de vigueur à ce qui reste un grand événement commercial.

Et les noms du site changeront tout comme la signalétique, avec Daniel Colling qui, rebaptisera les lieux : le site s'appellera "Les Rives d'Auron", le célèbre plateau de la machine agricole s'appellera "plateau d'Auron" et le Palais des Congrès devient le Palais d'Auron.

Autour de lui, le sympathique président du comité des Foires, Guy Ducrot se donne avec beaucoup de détermination dans cette aventure commerciale, avant de laisser ce poste à Marie-Claude Bidault.

Comment dynamiser cette foire bientôt centenaire alors que le commerce local évolue d'une manière considérable, avec l'installation en périphérie de Bourges de deux zones commerciales le long des grands axes que sont la Route de La Charité et celle de Saint-Doulchard.
Les grandes enseignes, Cultura, Darty, Jardiplus se regroupent en périphérie … avec des parkings accessibles gratuits et un choix important dans tous les domaines tout comme le regroupement des concessionnaires en périphérie. Si cela commence à nuire au Centre ville, chacun se demande comment la traditionnelle Foire peut réagir.

Les grandes expositions de prestige

Et c'est ainsi qu'apparaissent de grandes expositions, de très haut niveau, dignes de Beaubourg ou de la Cité des Sciences, orientées sur des pays ou de grandes régions.

Le point de départ vient du Muséum, avec une expositions sur " Les chauves-souris, reines de la nuit ", c'est un point de départ, suivi d'expositions de prestige comme celles consacrées au Trésor de Toutankhamon, puis La Chine et les soldats de terre, ou l'Or des Incas.
Parfois, ce sont des expositions plus modestes sur des pays ou des destinations, nos cousins du Québec, la Thaïlande, New-York, la Russie ou l'Irlande.
Pascal Blanc maire de Bourges en 2014, poulain de S. Lepeltier ne changera pas la structure, sinon le rétrécissement en nombre de jours.

 

Vers une centième édition délicate

La Foire reste gratuite, sauf parfois pour les grandes expositions le dimanche après midi, mais la Foire soufre, la densification du commerce en périphérie.

Aussi, une diminution de l'emprise de la Foire se fit petit à petit en supprimant le plateau de la Machine agricole appelé le Plateau d'Auron, qui redevient un parking tout comme la durée qui passa à 5 ou 6 jours, sachant que le milieu de semaine posait un problème d'affluence.
La fréquentation s'en ressentira, et le nombre de visiteurs passe de 60 000 à 35 000, mais c'est une constante que ce soit dans la durée d'un Eté à Bourges qui diminue d'un tiers, le Printemps de Bourges qui se recentre du mardi au dimanche, et les Nuits Lumière à la limite de la rupture en 2018.
C'est un temps où il faut aller vite, très vite, et pour cela il faut zapper, et concentrer les évènements.

Les atouts de la Foire de Bourges sont encore importants, car elle est en Centre-ville, ce qui est très positif pour la population qui peut venir à la Foire et ensuite " faire la rue Moyenne jusqu'au centre commercial Avaricum ". C'est ensuite un lieu mythique, un espace de promenade et de convivialité, les plus anciens se retrouvent, les plus jeunes découvrent, pourvu qu'ils soient curieux…
Que trouver la Foire ? tout ou presque, les volets, des canapés, des lits, des tondeuses à gazon, des tracteurs, des échelles ou encore des voitures.

Elle a retrouvé ces dernières années un certain souffle, ce sont toujours environ 300 exposants, avec une forte proportion de commerçants qui reviennent, preuve qu'ils font " des affaires ". Il y a toujours 20 000 m2 de surface de vente et des parkings, des animations, des restaurants, des moments de convivialité
Sa gestion par " Jeanne et Louis Production " donne satisfaction à la municipalité et au public, avec un triumvirat composé de Daniel Colling, Patrick Ponchon, Tina Poulizac et leur équipe technique et commerciale.

La Foire de Bourges est une grande dame qui mériterait plus d'attention de la part des élus et un engagement plus franc de la part cette fois de la population.
Il faudra, dans le futur faire preuve d'imagination et maintenir la qualité dans des animations attendues, mais avec l'aide des commerçants qui doivent davantage s'impliquer, la Foire, doit être la Grande fête populaire pendant les 5 jours de sa durée actuelle.
Mais c'est aussi la volonté du maire et de son Conseil municipal que de vouloir maintenir cette belle centenaire en l'état, avec la participation du public qui se doit de la visiter.

 

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Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

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