Une partie des Diseurs du Berry
ont proposé une visite théâtralisée
dans les rues de Bourges, voici le texte et les photos du 4 novembre,
photo de Fanny, Manon et Stella, merci à elles.
Scène 1 : Jardin
de la Légion d'Honneur
Marguerite et Yvonne racontent ce qui
se passe à Bourges dans cette période qui précède
l'Armistice
Marguerite (Odile M.)
Bonjour mesdames et messieurs, nous sommes
le 1er novembre 1918, et nous allons vous conter ce que fut le
dernier mois de la Grande Guerre à Bourges laquelle commença
au mois d'aout 1914.
Yvonne (Danielle S.)
Oui, cela fait plus de 4 ans que dure ce
conflit et ce ne furent que des morts et des blessés,
à Bourges comme ailleurs.
Bourges est une grande cité, son maire est Paul Commenge
et elle est passée de 40 000 à la veille du conflit
à plus de 100 000 habitants aujourd'hui dans ces premiers
jours de novembre 1918.
Et pour nous aider, voici Louis le garde champêtre de la
mairie.
Louis , le gars de la Mairie (Roland
N.)
Pour
ceux qui n'ont pas suivi, ou qui ont perdu la mémoire,
un rappel.
Les trois régiments d'active cantonnés à
Bourges le 95ème RI, le 1er et 37ème RA quittent
leurs garnisons le 6 août 1914, ils sont bientôt
suivis par les réservistes qui constituent les 295ème
RI et 237ème RA.
Une grande partie de la population masculine berruyère
déserte la ville. Les femmes répondent à
cette mobilisation des combattants en " prenant le relais
" dans toutes sortes de domaines d'activité :
Mais je vois arriver le commandant Doville, il commande la garnison
de Bourges.
Commandant Doville (David L.)
Bonjour, garde à vous, repos, c'est
vrai que vous êtes des civils.
En ce premier novembre 1918, nos troupes ont commencé
à quitter les tranchées dans lesquelles certains
étaient installés depuis des mois et ils gagnent
des mètres sur l'ennemi.
Le cortège part du côté
des Prés Fichaux
Scène 1 bis : Entrée
des Prés Fichaux
Arrivent des femmes du peuple, certaines
en noir
Jeanne
(Janine V.)
Vous êtes la mon commandant, et ce
bon à rien de Louis, sachez que nous n'en pouvons plus,
rien ne va, j'ai perdu mon mari dans les tranchées, il
y a deux ans, et j'élève seule mon enfant.
Je travaille à la pyro, et chaque jour je me demande si
l'obus que je monte ne va pas me péter dans les mains,
ma voisine Dominique peut vous en parler.
Dominique (Dominique M.)
A la Pyrotechnie, je n'y travaillais pas au début de la
guerre, je travaillais à Chanfrot dans une ferme, près
de Saint-Florent et je suis entré la pyro, autrefois,
il y avait plus de 1600 spécialistes des explosifs et
aujourd'hui, nous sommes 12 500 et beaucoup de femmes. N'est-ce
pas Mauricette ?
Mauricette (Mauricette G.)
On travaille de manière inhumaine,
et ça pour un salaire de misère et de plus en plus
de bagarres entre les femmes dans les ateliers, même que
madame Hélène Gervaise, la surintendante n'arrive
plus à faire face.
Songez que l'on met de la poudre explosive toute la journée
dans des obus ou des cartouches.
Le commandant Doville (David L.)
Je confirme, les canons sortiront à
grandes cadences, le 65 mm de montagne, le 155 mm Rimailho, et
enfin le 155 GPF du Colonel Filloux. Ce dernier sera utilisé
sur le front à partir de 1917 , il figure parmi les armes
qui furent décisives pour la victoire qui arrive.
Les cadences de travail sont importantes, on travaille 24 heures
sur 24, et chaque jour, il sort de Bourges, 40 canons de 75.
Et vous y étiez Mireille.
Mireille (Mireille L. )
C'est ben vrai mon commandant. Nous les
femmes qui travaillons dans les usines d'armement nous sommes
surnommées les " munitionnettes ", nous sommes
400 000 pour tout le territoire national en 1918. Même
si nous sommes nombreuses à y travailler, nous sommes
cependant minoritaires dans les usines d'armement. Avec Marie
Joseph, nous ne remplaçons donc que partiellement les
hommes dans ce secteur de l'industrie.
Marie Joseph (Marie-Jo S.)
Pour moi, c'est pareil, je suis à
l'Atelier de Construction, il y avait 730 employés au
début du conflit, et bien nous sommes aujourd'hui plus
de 8300 en ce moment.
Au total, les Etablissements militaires de Bourges emploient
23 000 personnes.
Mais elle s'arrête quand cette guerre ? Et mon fils est
sur le front sur la Somme, comme le votre Marie !
Marie (Emilienne P.)
Je suis allée à une conférence
au début de l'année, et c'est révélateur
du changement de mentalité qui est en train de s'opérer,
voilà ce qu'a dit Monsieur Léo Claretie, docteur-ès-lettres,
il a écrit içl y a quelques années, l'Ecole
des Dames. J'ai même pris des notes, écoutez :
" La femme est bonne à autre chose qu'à s'habiller,
babiller et se déshabiller. Depuis plus de trois ans,
elle s'est faite, suivant le besoin, bureaucrate, employée
de manufacture, ouvrière d'usine, etc. Le nombre des femmes
qui font ainsi l'office des hommes s'est élevé
à 60 millions
".
Marguerite (Odile M.)
Oui, la guerre aura eu cela de bon qu'elle
aura fait accorder à la femme des droits égaux
à ceux de l'homme et, dans le travail, les adoucissements
que comportent leurs devoirs de mère et d'épouse
".
Yvonne (Danielle S.)
Il faut faire des Journées de la
femme, comme on a fait des Journées des poilus, des blessés.
Des cris et
des pancartes des femmes :
Nous voulons la paix !
Les boches dehors !
Rendez nous nos enfants !
Commandant Doville (David L.)
Du calme mesdames, allons tout à l'heure honorer nos morts
dans ce cimetière Saint Lazare qui sera bientôt
trop petit pour recevoir toutes les dépouilles de nos
valeureux soldats.
Scène2 : Dans la cour
de l'Assurance
Commandant Doville (David L)
Je vous demande de vous recueillir, nous
sommes proches d'un cimetière et je ne veux pas de cris
ou de scandales. Mais voici monsieur Pierre Hervier, secrétaire
général de la Bourse du Travail de Bourges, mais
de quoi il va encore nous parler, c'est plus le temps de faire
la grève.
Pierre Hervier : (Jean Claude S.)
Et bien si, et vous le savez monsieur le militaire, le mouvement
syndical est très organisé depuis des décennies
dans le département du Cher. Moi, je suis à l'écoute
de ces travailleuses et elles ont bien besoin de notre aide.
Je suis pour intégrer également cette dimension
nouvelle de l'égalité des droits hommes/femmes.
Les femmes : (Toutes) : elles crient
Bravo monsieur Hervier !
Pierre Hervier (Jean Claude S.)
Ecoutez moi mesdames les travailleuses voici le tract que je
vais placarder la nuit prochaine dans les rues
de Bourges :
" Le congrès de l'Union départementale des
Syndicats du Cher, considérant que tous les efforts au
point de vue du travail féminin doivent tendre vers la
réalisation de ce principe : " A travail égal,
salaire égal ", j'invite toutes les Organisations
ouvrières à suivre l'exemple du Comité intersyndical
en participant le plus possible à la formation des groupements
féminins, afin d'éviter dans l'après-guerre
l'exploitation éhontée de la femme " .
Mais voici la surintendante de la pyro, Hélène
Gervais Courtelemonde, elle est très appréciée
par les travailleuses m'a-t-on dit, ce qui est assez rare, ça
change des petits chefs, des incapables je vous dis.
Hélène Gervais surintendante (Marie France N.)
Bonjour mesdames, mes amies devrais-je dire. Vous commençaient
à me connaître. Je suis déjà âgée,
j'ai 56 ans et je suis formatrice, et c'est en voulant mettre
en application mes théories que je suis venu chez vous
à Bourges à la Pyrotechnie.
Il y a plusieurs années, j'ai visité des contrées
lointaines et très dangereuses pour une femme à
cette époque, avec mon mari photographe très connu,
je suis allé au Tibet et dans une partie de la Chine.
A la guerre de 1914, il y a 4 ans, je devins infirmière
à Paris et je m'engage quelque temps après dans
une Association dite des Surintendantes d'Usines.
Pierre Hervier (Jean Claude S.)
Et
que pensez vous, madame Hélène Gervais, du travail
de ces malheureuses ?
Hélène Gervais surintendante
(Marie France N.)
Le travail des femmes dans les usines d'armement
est répétitif, pénible et peu qualifié.
Les ouvrières de l'école de pyrotechnie subissent
l'émanation des gaz qui entrent dans la composition des
explosifs et elles doivent manipuler des obus qui peuvent être
très lourd.
Oui monsieur Hervier, elles travaillent environ 11 heures par
jour à l'atelier de construction. Les salaires sont très
inférieurs à ceux des hommes un homme gagne de
6 à 12 francs par jour, une femme de 4 à 6 francs,
la moitié, à titre de comparaison, un kilo de pain
coûte environ 0,45 francs . C'est la guerre et la misère.
Marguerite (Odile M.)
Chaque famille en ce début du mois de novembre 1918 a
eu un mort, un père, un mari ou un enfant, nous avons
perdu au début de la guerre ce beau romancier, Alain Fournier,
on n'a pas retrouvé son corps.
Yvonne (Danielle S.)
Et c'est ici à Saint Lazare que
fut créé un carré pour nos morts, mais la
plupart des 1800 tués de la ville de Bourges sont restés
dans les tranchées ou dans des cimetières sur la
Marne, la Somme ou ailleurs.
Commandant Doville (David L.)
Oui, nos morts sont rarement enterrés
ici, mais il y a des plaques pour se rappeler à notre
souvenir.
Tout le monde est touché, même le directeur de la
Dépêche du Berry, monsieur Jean Foucrier.
Alice
épouse de Jean Foucrier (Justine P.)
Quel malheur nous a frappé, mon
mari et moi, nous avons perdu notre fils unique
Vous
me connaissez, je suis l'épouse de Jean Foucrier.
Jean fut le fondateur de la Dépêche du Berry.
Mon Jean, c'est un homme politique et lorsque la guerre de 1914
arrive, il est trop âgé pour aller au front, mais
nous avions un fils, Jean-Elie qui avait 21 ans, lequel se retrouva
sur le front, et comme caporal, au 95° RI, Régiment
d'Infanterie, qui était de Bourges, .
La guerre commence dans les premiers jours d'août 1914,
le 25 de ce mois d'août, il est tué, comme l'on
disait, " Tombé glorieusement au Champs d'Honneur
".
C'était notre fils unique
Louis , le gars de la Mairie (Roland N.)
Eh, messieurs dames, il faut avancer le
cimetière va fermer.
Suivez moi, je connais bien ce lieu.
Le cortège descend la rue Taillegrain
vers la gare et la prison
Scène 3 : angle
rue Laudier / JTaillegrain : la mort de René Doville.
Dans la cour de l'immeuble de l'assurance
sur la droite
Marguerite (Odile M.)
A Bourges c'est sous le Second Empire que
se créer un vaste complexe militaro-industriel, il comprend
: un polygone de tir, une fonderie de canons, et des ateliers
de construction. Un peu plus tard, l'école de pyrotechnie
vient s'ajouter à cet ensemble.
Yvonne (Danielle S.)
Nous connaissons précisément
l'effectif du personnel de l'école de pyrotechnie de Bourges
: il passe de 2400 ouvriers au 1er août 1914 à 12
500 à la fin du mois d'octobre de l'année 1918.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les hommes
restent majoritaires dans les usines 72% d'hommes à la
Pyro en 1916.
Louis le gars de la Mairie (Christophe G.)
Dans chaque famille, la hantise de voir arriver un agent de police
portant un pli. C'était la plus mauvaise nouvelle, cela
voulait dire qu'un père, un mari ou un fils était
mort. Il m'est arrivé de faire cette annonce. Mais voici
un gendarme.
Le
gendarme Joseph (Jean François B.)
Ah, je vous retrouve Louis, une fois encore
près du cimetière, c'est pas bon signe.
Je cherche le commandant Doville, on m'a dit à la caserne
qu'il était peut être à Saint Lazare ou vers
la gare.
Alors je suis venu.
Commandant Doville (David L.)
Venez mon brave, quel est ce pli ?
Le gendarme Joseph ( Jean François
B.)
Lisez vous-même mon commandant
Commandant Doville (David L.)
Oh mon dieu, c'est pas possible !
Chaque jour j'appréhendais la cruelle nouvelle, et cela
vient d'arriver : mon fils René vient de tomber au champ
d'honneur. A la veille de cette Victoire que nous attendons tous.
Il était sorti de Saint Cyr, il y a deux ans, il avait
été nommé sous-lieutenant.
Toujours une brillante conduite au feu
. trois citations
dont deux à l'ordre de l'armée avec palmes. Il
était titulaire de la croix de guerre.
Dans les Ardennes, le 27 octobre dernier, il entraînait
sa section à l'assaut d'une position ennemie en dépit
des rafales de mitrailleuses quant il fut mortellement atteint
d'une balle à la tête.
Vous êtes ici Madeleine, et vous le connaissiez bien notre
René.
Madeleine marraine de guerre (Lydia)
Je suis la marraine de guerre à René Doville. Encore
une douloureuse épreuve pour une de nos plus honorables
familles de Bourges, le commandant Doville est l'officier qui
est aujourd'hui en ce mois de novembre 1918 le major de la garnison
de Bourges.
A la veille de la Victoire cette fin pour glorieuse qu'elle soit,
n'en apparaitra que plus terrible.
René Doville n'était âgé que de 20
ans, sorti de Saint Cyr il y a deux ans, avec la promotion baptisée
" Des drapeaux et l'Amitié Américaine "
il avait été nommé sous-lieutenant au 158
° régiment d'infanterie.?
Scène 4 : Taillegrain devant la
fontaine Lejuge
Crieur vendeur de journaux Lucien (Emmanuel J.
le 4/11 et Jean Paul A. le 18/11)
Demandez le journal du 6 novembre 1918, demandez le journal,
Guise est tombé
L'ennemi bat en retraite.
Je répète, demandez le journal du Cher, exclusif
: Guise tombe entre nos mains.
Le lecteur de communiqués (Michel)
Ecoutez mesdames et messieurs, je reçois à l'instant
les communiqués militaires que je dois porter à
la connaissance de la population.
Je commence
Communiqué américain
Paris 5 novembre 21 heures.
Brillante avance de nos alliés le long de la Meuse.
La première armée, sous le commandement du général
Ligget, a poursuivi ses succès, traversant le fleuve au
sud de Dun-sur-Meuse.
Et je
poursuis par un autre communiqué
Communiqué français du 6
novembre à 23 heures
Sur l'ensemble du front français, depuis le canal de la
Sambre jusqu'à l'Argonne, le mouvement de retraite de
l'ennemi s'est poursuivi. Pendant la journée, il a atteint
une profondeur allant jusqu'à 10 kilomètres
.
La première armée a battu complètement 6
divisions allemandes qui lui faisaient face et leur a pris 4000
prisonniers et 60 canons.
Crieur vendeur de journaux Lucien (Emmanuel
J. le 4/11 et Jean Paul A. le 18/11)
Dernière édition du journal
du Cher
" Les plénipotentiaires boches sont en route ".
Selon l'agence Havas, la délégation allemande chargée
de conclure un armistice et d'entamer des négociations
de paix est partie de Berlin
aujourd'hui après midi pour le front occidental ".
Louis , le gars de la Mairie (Roland
N.)
Mesdames et messieurs, vous me suivez,
nous allons en direction du Bordiot, alors ne vous perdez pas.
Le groupe de Taillegrain, va vers la
gare et s'arrête sur le parking
Scène5 : dans
l'entrée de l'hôpital Taillegrain
De Taillegrain, le cortège se place sur le parking de
la gare.
Le commandant Doville (David L.)
Dès le début de la guerre,
les blessés affluent à Bourges et une vingtaine
d'hôpitaux temporaires ou auxiliaires sont crées,
beaucoup de ces établissements sont aménagés
dans les groupes scolaires récemment construits. Durant
tout le conflit, les appels pour que les femmes viennent travailler
dans les services de santé se multiplient.
Marguerite (Odile M.)
Figurez vous qu'en ce début d'automne
1918, on pense tous être à la fin de la guerre,
et bien c'est une épidémie de grippe espagnole
qui nécessite encore plus de main d'uvre féminine
dans les hôpitaux de notre ville qui sont totalement surchargés.
Yvonne (Danielle S.)
La " Dépêche du Berry
" du 6 novembre 1918 a d'ailleurs publié un appel
de la Croix Rouge et de l'Union des Femmes de France. Dans cet
article nous avons lu que les femmes désireuses de servir
doivent s'adresser " au Comité de l'Union des Femmes
de France en s'adressant à l'hôpital auxiliaire
n° 101, rue de Paradis c'est le Petit Lycée à
Bourges ".
Louis, le gars de la Mairie (Roland.N.)
Durant le conflit, la population de Bourges a plus que doublé.
Cela a des conséquences pour ce qui concerne la santé
publique. Paul Commenge le maire ne savait plus où donner
de la tête.
La ville et l'administration militaire ne peuvent loger ni nourrir
convenablement toutes ces personnes nouvellement arrivées.
Heureusement il y a des infirmières, des laïques
comme des bonnes surs, tenez, voici Sur Louise, suivie
de sur Charlotte elles exercent à l'Hôpital
général Taillegrain.
Sur Louise (Bernadette B.)
Je suis sur et infirmière et je suis parmi les seules
femmes autorisées à circuler dans des automobiles
militaires. La " Dépêche du Berry " début
1918 publie une circulaire du ministre de l'armement insistant
sur ce fait : " Je vous rappelle que seules les dames infirmières
" en tenue ", se déplaçant pour les besoins
de leur service hospitalier, ont le droit de faire usage des
automobiles militaires ".
Sur Charlotte (Danielle B.)
Les services de santé ne se contentent
donc pas de soigner les blessés de guerre ou les malades
rapatriés du front, ils doivent en plus traiter les pathologies
liées à l'insalubrité et à la malnutrition.
A ce titre, la cité des Bigarelles est équipée
d'une infirmerie contenant 40 lits et destinée à
soigner les ouvrières des Etablissements militaires.
Crieur vendeur de journaux Lucien (Emmanuel
J. le 4/11 et Jean Paul A. le 18/11)
Dernière heure, Paris le 9 novembre à 11 h
C'est la débâcle allemande, lisez l'article sur
la démission du Chancelier allemand.
Scène 6 : parking gare face à
la prison
On regarde la prison au loin
Louis le gars de la Mairie (Roland N.)
Mais voici le maire c'est ce vieux Républicain de Paul
Commenge, il est en place depuis 1912, et ça fait 4 ans
qu'il est sur la brèche.
Le maire Paul Commenge (Jacques C.)
Que c'est difficile,
malgré la guerre, la vie quotidienne continue à
Bourges avec ses distractions, spectacles et loisirs. La culture
n'a rien perdu de ses droits, elle devient simplement un "
outil de propagande " destinée à exalter le
sentiment patriotique des citoyens. En outre, une partie des
recettes des spectacles sont généralement versées
au profit des uvres locales de la guerre ou encore des
blessés militaires des hôpitaux de Bourges.
Germaine Michu (Nadia)
je suis dégoutée,
car et même indignée que des hommes puissent passer
leur temps à être acteur dans des représentations
théâtrales, de cabaret ou de music-hall plutôt
que de combattre au front. Les professionnels de la culture vous
voulez que je vous dise, ce sont tous des planqués et
des embusqués.
Aglaé l'institutrice (Marie-Pierre)
Je suis institutrice
et j'apprends à lire aux petits berruyers à l'école
du Moulon.
Regardez le journal de ce mardi que je viens d'acheter et ce
gros titre de la presse locale :
" Une délégation a quitté Berlin pour
conclure l'armistice avec le maréchal Foch.
Paris le 6 novembre ".
Ce ne sera pas comme la dernière
fois, je commence à y croire à la fin de la guerre.
Commandant Doville (David L.)
Voici donc la prison du Bordiot, c'est
ici que fut enfermée et fusillée une espionne allemande.
Marguerite (Odile M.)
La prison du Bordiot, dont le nom vient
de Bord de l'eau et avec l'accent berrichon, ça donne
bord d'ieau, car nous sommes tout prêt de la rivière
qui a pour nom, le Moulon.
Yvonne (Danielle S.)
Mais cette prison restera dans cette fonction
pendant la guerre sans qu'on ne parle trop, mais voici Joséphine
qui connaît bien ce lieu, elle y travaille.
Joséphine, infirmière
à la prison (Stéphanie G.)
J'étais infirmière à la prison il y a quelques
temps et moi, j'ai vu notre espionne,
une personne
très mystérieuse, et je vous demande de ne pas
répéter cette histoire car si nous devons en parler,
il n'y a aucune raison de dire que c'est un hommage mais une
commémoration. Tout le monde connait Mata Hari, l'espionne
fusillée. Car il y eu quelques espionnes qui finirent
ainsi. Et l'une d'elle le fût ici, il s'agit de l'espionne
allemande Ottilie Voss.
Louis le gars de la Mairie (Roland N)
Oui mesdames et messieurs, et moi seul
connaît l'emplacement de sa tombe, nous ne dirons pas le
lieu exact, afin que nul ne puisse aller la fleurir. Mais nous
somme sensiblement à quelques pas du lieu de son inhumation.
Le poilu Raymond (Lylian)
J'arrive du front, et c'est ici que j'apprends ce qu'il s'y passe
en lisant la Dépêche du Berry,.
Ecoutez bien cette
fois, c'est dans le journal, donc c'est vrai :
" Le 7 novembre à 0 h 30
Les parlementaires allemands ayant à leur tête M
Erzberger
Le gouvernement allemand a été informé par
les soins du Président des Etats Unis, que le maréchal
Foch a reçu les pouvoirs de recevoir les représentants
accrédités du gouvernement allemand et de leur
communiquer les conditions de l'armistice ".
Et je possède la liste de la délégation
allemande pour ceux que ça intéresse.
Les allemands demandent qu'on leur communique
par TSF l'endroit où ils pourront se rencontrer avec le
maréchal Foch.
Scène 7 : devant
la gare de Bourges
Le Commandant Doville (David L.)
En ce mois de novembre 1918, ça ne tient plus. La ville
est trop petite pour accueillir autant de monde.
L'essor démographique de la ville dû à l'afflux
des réfugiés belges et à l'embauche ininterrompue
d'ouvrières et d'ouvriers dans les Etablissements militaires
transforme radicalement la physionomie de la ville. Une foule
hétéroclite s'installe au centre de la ville et
à sa périphérie : les petits métiers
comme des forains et autres marchands ambulants foisonnent.
Une " faune " pittoresque et bigarrée investit
la ville et complète ce tableau.
Le gars de la Mairie (Roland N.)
C'est vrai mon commandant, à la
mairie, Paul Commenge le Maire ne sait même plus combien
nous sommes, peut être plus de 100 000, d'autant que les
américains sont venus nous donner un coup de mains et
ils sont 7000 je crois à Bourges, Marmagne et Mehun.
Marie (Emilienne P.)
Ah je peux vous le dire, Bourges ressemble
à une ville de l'ouest américain au temps de la
ruée vers l'or. Ce milieu particulier favorise le développement
de la délinquance et de la prostitution, le désordre
règne partout et c'est pas d'aujourd'hui. Dès l'année
1916, la situation à Bourges est devenue " explosive
", alors aujourd'hui, en ce début novembre c'est
pire encore.
Mireille (Mireille L.)
Des cantonnements militaires permettent
de résorber partiellement cette crise du logement pour
les hommes. En revanche, la situation du logement des femmes
seules et des ménages est particulièrement préoccupante
: rien n'est prévu et les loyers des logements privés
en ville atteignent des prix exorbitants. Plusieurs solutions
sont trouvées :
Marie Joseph (Marie Jo S.)
Ce que je vois, c'est l'état lamentable
des rues et routes, avec les lourds convois de munitions, il
faudrait faire quelque chose, j'en parlerais au maire dès
la semaine prochaine. Et puis l'arrivée de ces milliers
d'américains à Bourges et autour, ça n'a
rien arrangé. Mais heureusement qu'ils sont venus.
Monique
la ménagère (Monique S.)
Je m'occupe de la cantine à Bourges,
et je viens tous les matins à la gare, avant de prendre
mon travail. Ils me connaissent bien ici. Oui, je viens voir
si, dans les blessés, il n'y a pas mon fils qui a disparu
depuis un an sur la Somme à Nouvron. Parfois je crois
le reconnaître, mais jusqu'alors ça n'a jamais été
lui.
Marguerite (Odile M.)
La veille du 11 novembre 1918, le grand
événement qui est prévu à Bourges
pour cette date qui deviendra historique concerne les soldes
sur les fourrures proposées par le Grand Magasin "Des
Dames de France". Le placard publicitaire comprend un quart
de page :
Yvonne (Danielle S.)
On lit les journaux, la Dépêche
du Berry et le Journal du Cher, mais on est en Berry et on ne
croit plus trop à la fin rapide de la guerre.
Lorsque la ville de Mulhouse fut prise, on nous a dit que c'était
fini
. on a trouvé que c'était dur, surtout
lorsque quand on nous annonçait encore des morts.
Mais je vois le chef de gare, le grand Eugène, qui ne
sait plus où donner de la tête, heureusement qu'il
est très calme.
Le
chef de gare Eugène (Philippe B.)
La gare de Bourges, ce sont les convois qui passent depuis 4
ans, je me souviens, à l'aller, il s'agissait des poilus,
en bel habit bleu et pantalon rouge, tous neufs, bien repassés,
ils partaient alors dans la joie et les chants patriotiques pour
une guerre courte de quelques semaines, ils pensaient être
de retour à Bourges à la Noël 14.
Aglaé l'institutrice (Marie Pierre)
Mais cette euphorie
n'a pas duré très longtemps, car dès l'automne
14, ce sont des convois entiers qui revenaient du front et cette
fois, il n'y avait que des morts, des blessés, des mourants.
Dans ma classe, pas un enfant n'était épargné
par un mort dans la famille. Quelle misère.
Le chef de gare Eugène (Philippe B.)
Très vite la gare va recevoir des salles pour soigner
les blessés qui arrivaient. Depuis le début de
cette guerre, et j'ai tenu un registre, regardez mes carnets
avec ces chiffres impressionnants, sachez que 14 855 blessés
ont été acheminés à Bourges en 5
mois, entre le mois d'août et celui de décembre
1914. On les envoyait d'abord à l'hôpital militaire
et ensuite, un peu partout dans la ville.
Liliane Infirmière civile (Laetitia R.)
Quel problème depuis 4 ans, avec
la santé. Sachez que je travaille le plus souvent à
l'hôpital militaire et parfois je vais dans un de cette
vingtaine d'établissements auxiliaires, aménagés
dans divers endroits de la ville : il y en a partout, gare, groupes
scolaires, etc.
Le secteur de la santé nécessite une importante
main d'uvre féminine.
Scène 8 devant
le Tribunal d'Instance et du Berry Républicain
Marguerite (Odile M.)
Enfin, les femmes interviennent dans toutes
sortes d'autres d'activités extrêmement variées
: elles sont marraines de guerre, militantes, elles organisent
l'accueil des réfugiés et l'activité commerciale
qu'implique une ville de 100 000 habitants.
Yvonne (Danielle S.)
Les ouvrières des Etablissements
militaires, venues de régions éloignées,
étaient souvent isolées et dépaysées.
C'est bien ton cas Liliane.
Liliane l'infirmière civile (Laetitia
R.)
Heureusement,
la mairie s'est occupée du logement. Les hôpitaux
complémentaires de l'ancien séminaire et de Lariboisière
ont été évacués et accueillent désormais
des familles de travailleurs, c'est là que j'habite avec
mes 4 enfants. C'est pas vrai Jeanne ?
Janine (Janine V.)
De son côté, l'administration
militaire a fait construire une cité ouvrière dans
le quartier des Bigarelles, oui, les Big, dès sa mise
en service il y a un peu plus d'un an, c'était en juin
1917, je m'y suis installée avec mon mari gazé
et revenu en mauvais état et mes 5 enfants.
Aujourd'hui ce sont 200 femmes seules et 350 ménages qui
y sont logés.
Dominique (Dominique M.)
Ce fut pareille avec l'annexe Carnot qui
est réservée exclusivement aux femmes, j'y suis
depuis quatre mois et nous sommes au total m'a dit le gars de
la Mairie 400 ouvrières à y être logées.
Cela me permet de survivre et d'aller travailler. Mais quant
tout ceci va s'arrêter ? Tu en penses quoi Mauricette ?
Mauricette (Mauricette G.)
L'administration militaire a été
aidée par une association américaine. Cette association
s'appelle la Young Women Christian Association et elle a créée
deux foyers pour distraire les travailleuses. Ces deux structures
sont situées à l'annexe Carnot et aux Bigarelles,
on y trouve des phonographes, des pianos, des journaux, j'y vais
de temps en temps.
Mais dites nous vous le commandant et vous le Maire, c'est vrai
que c'est pour bientôt la fin de la ; guerre ?
J'y crois pas.
Le commandant Doville (David L.)
L'hiver arrive et ça fait quatre
ans que ça dure, la pénurie commence à se
faire sentir, elle entraîne un développement du
marché noir.
Bourges, connaît des difficultés d'approvisionnement.
La ville est donc particulièrement impactée par
ces mesures de restrictions et la vie quotidienne des femmes
est naturellement affectée par ce phénomène.
Mais le maire de Bourges, Paul Commenge s'occupe de nous.
Il est en place depuis le début de la guerre, et heureusement
que nous l'avons.
Le maire Paul Commenge (Jacques C.)
La situation est grave pour notre ville, nous avons peut-être
120 000 habitants, je ne sais même pas, mais j'applique
le décret présidentiel du 27 juin 1918 sur le ravitaillement
et la consommation, je lis :
" Pour tout consommateur résidant en France, quelle
que soit sa nationalité
une carte individuelle d'alimentation
qui est valable sur toute l'étendue du territoire. Cette
carte sert à la répartition et à l'obtention
de certaines denrées au moyen des coupons qui y sont attachés
ou des tickets de consommation qui sont remis en échange
de ceux-ci ".
Louis le gars de la mairie (Roland N.)
Je vous rappelle que depuis juin 1917, le Préfet du Cher,
Georges François, a fait placarder dans la ville une affiche
ordonnant à tous les Berruyers de déclarer les
stocks de charbon qui sont en leur possession sous peine de réquisition
par l'administration.
Marie (Emilienne P.)
Nous, les ouvrières de l'industrie de l'armement, on a
échappé à cette pénurie en denrées
alimentaires. Heureusement car le travail est si dur que nous
n'aurions pas tenu sans un minimum de repas. Et puis nous avons
l'aide de la population, comme Monique qui fait son possible
pour nous apporter à manger.
Monique (Monique)
Nous pouvons aujourd'hui bénéficier d'un restaurant
collectif, d'autres " cantines " suivront, l'une d'entre
elles est installée dans l'école de pyrotechnie,
j'y travaille. Aujourd'hui, en ce début novembre 1918,
ces établissements servent plusieurs milliers de repas
par jour et la nourriture est réputée saine et
abondante.
Pierre Hervier (Jean Claude S.)
Mais toutes ces faveurs ne sont pas suffisantes,
nous devons ; lutter camarade,
et faire arrêter cette guerre qui dure encore
D'ailleurs, nous avons été obligé dans les
établissements militaires de faire venir des surintendantes,
Ces femmes sont peu connues, comme Hélène Gervais
Courtelemonge que je vois arriver. elle est née en 1861,
et son nom de jeune fille est "presque de Bourges",
puisqu'il s'agit de Mlle Lallemand.
Elle voyageait beaucoup, suivant son mari qui était un
des grands photographes de cette époque, il va se convertir
à l'Islam et faire le voyage à La Mecque.
Elle sera reconnue comme une grande humaniste dans les conditions
de travail.
Hélène Gervais la surintendante
(Marie France N.)
L'idée était de rendre la vie au travail pour les
milliers de femmes qui fabriquaient des obus à Bourges,
moins difficile. je vais aider les femmes et lutter contre les
injustices et autres brimades dans ces établissements
militaires.
Le lecteur militaire (Michel)
Voici une dépêche de l' agence
Havas, elle vient de Paris, datée du 8 novembre
Le Maréchal Foch refuse une suspension d'armes aux parlementaires
allemands.
Les délégués allemands sont arrivés
dans la matinée du 8 novembre au quartier général
du maréchal Foch. Ils demandèrent formellement
l'armistice.
le texte des conditions des Alliés leur fut lu et remis.
les délégués demandèrent une suspension
des armes qui leur fut refusée.
L'ennemi a 72 heures pour répondre?
Scène 9 derrière
le Monument aux morts
Le gars de la Mairie (Roland N.)
Nous sommes sur le lieu ou nous construirons
le monument que nous devons à vos héros morts pour
la France, car tout va très vite dans ce mois de novembre
Marguerite (Odile)
Le 2 novembre, les britanniques entrent
dans Valenciennes.
Le 3 novembre c'est la reddition de l'l'Autriche
Le 5 novembre Foch a tout pouvoir pour négocier
Yvonne (Danielle S.)
le 7, proclamation en Allemagne de la République
bavaroise
Le 9 novembre Foch reçoit les délégations
allemandes
Le 10 novembre : fuite du Kaiser l'empereur allemand.
Le commandant Doville (David L.)
Oui, après quatre années
de guerre, le clairon de la Victoire retentit à Bourges
et en Berry
Le 11 novembre c'est la signature des accords d'armistice.
C'est comme une délivrance, avec un goût d'amertume
et un grand fatalisme.
C'est très exactement à midi
moins dix qu'un télégramme de l'agence Havas annonce
à Bourges l'heureux événement.
Un affichage immédiat fut placardé dans les bureaux
de l'agence et la nouvelle va se répandre.
L'information était attendue depuis quatre ans.
Les journaux locaux font leur première page avec ce titre
: L'Armistice est signé.
Mais monsieur le maire a reçu le document officiel.
Paul Commenge le maire (Jacques C.)
Oui mes amis, voici le texte que je viens
de recevoir, je vous le lis :
" Paris, 11 novembre, 10 H 40 : L'ARMISTICE EST SIGNE"
"L'armistice est signé.
Cet événement heureux, qui restera l'un des plus
considérables de ce vingtième siècle, dont
les conséquences sont dès maintenant incalculables,
car il consacre l'effondrement de l'impérialisme, du militarisme
allemand, perpétuelle menace pour la paix du monde, survient
après quatre ans, trois mois et onze jours de guerre,
exactement au 1561e jour des hostilités.
Salut à notre héroïque armée ! Honneur
à nos morts glorieux !
La France saura se montrer toujours reconnaissante pour nos soldats.
Elle conservera à jamais la mémoire de ses enfants
tombés au champ d'honneur".
Alice, l'épouse de Jean Foucrier
(Justine P.)
Merci
monsieur le Maire.
Depuis la mort de mon fils, moi Alice, l'épouse de Jean
Foucrier, j'en garde une peine que l'on peut comprendre, et cette
guerre qui se termine aujourd'hui, je vais avec mon mari tout
faire et me démener afin d'édifier un monument
aux morts, avec notre argent et une souscription si nécessaire.
Ce sera le monument que je verrai bien ici ou en face, à
ce carrefour proche de la gare.
Je ferais cela pour les morts de la guerre et pour mon fils.
Crieur
vendeur de journaux Lucien (Emmanuel J. le 4/11 et Jean Paul
A. le 18/11)
Demandez le journal, l'armistice est signé, lisez
les communiqués officiels.
" Communiqué français
Paris le 11 novembre à 23 heures.
Au 52° mois d'une guerre sans précédent dans
l'Histoire, l'Armée Française avec l'aide de ses
alliés, a consommé la défaite de l'ennemi.
Nos troupes animées du plus pur esprit de sacrifice, donnant
pendant quatre années de combats ininterrompus l'exemple
d'une sublime endurance et d'un héroïsme quotidien,
ont rempli la tâche que leur avait confié la Patrie
.
L'Armistice est entré en vigueur le 11 novembre à
11 heures. "
Michel le lecteur militaire (Michel)
Je voudrais vous lire la proclamation du Maréchal Foch
qui vient de me parvenir du GQGA, le Grand Quartier Général
des Armées Alliés du 12 novembre 1918
" Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées,
Après avoir résolument arrêté l'ennemi,
vous l'avez, pendant des mois, avec une foi et une énergie
inlassable, attaqué sans répit.
Vous avez gagné la plus grande bataille de l'Histoire
et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté
du monde. Soyez fiers !
D'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux.
La postérité vous garde sa reconnaissance.
signé Le maréchal de France
commandant en chef des armées alliées
signé simplement : FOCH. "
Scène 10 : dans
le jardin de la Légion d'honneur
Un chroniqueur de Bourges (Roland N.)
La Nouvelle de l'Armistice se répand rapidement, alors
on accoure de tous les points de la ville pour s'assurer de sa
véracité.
Il n'y avait plus à douter. Ce n'était pas un bruit
sans fondement, comme celui qui avait couru prématurément
jeudi soir, alors que
les plénipotentiaires allemands n'étaient même
pas arrivés au quartier général français.
Le poilu Raymond (Lylian)
Les drapeaux ne tardèrent pas à sortir des placards,
où on les avait remisés depuis la joie éphémère
que nous avait donnée la conquête de Mulhouse.
Mais cette fois, c'était la victoire pour de bon et l'on
pouvait pavoiser.
Le lecteur militaire (Michel)
Avis à la population :
" Une grande manifestation patriotique, organisée
par le Comité départemental de l'Emprunt aura lieu
dimanche prochain (17 novembre) à Bourges en l'honneur
de la Victoire et du Retour de l'Alsace-Lorraine à la
France ".
Le poilu Raymond (Lylian)
A partir de deux heures, il y avait foule dans toutes les rues,
on s'écrasait rue Moyenne, place Planchat, avenue de la
Gare où des colonnes de manifestants ne cessaient de défiler
au milieu des curieux.
Tous les manifestants arboraient de petits fanions aux couleurs
Alliées.
Crieur vendeur de journaux Lucien (Emmanuel
J. le 4/11 et Jean Paul A. le 18/11)
Edition spéciale du 11 novembre, écoutez bien ce
qui est écrit : A des sonneries d'allégresse se
mêlaient les détonations des canons de la place,
qui tiraient une salve de 101 coups .
Marguerite (Odile M.)
Il
était deux heures et demie lorsque la foule était,
compacte, on vit à la stupéfaction générale,
descendre vers la gare un poilu, c'était pas rare, mais
celui-ci était particulièrement remarquable car
il portait l'uniforme bleu horizon la capote de même couleur
portant encore des traces de boue du champs de bataille, un casque
et un sac complet.
Oui il partait au front, il allait arriver trop tard pour les
combats mais on lui fit une ovation à ce poilu.
Le poilu Raymond (Lylian)
Et la tête de colonne des drapeaux
étaient parfois portés comme moi par des Poilus.
Le commandant Doville (David L.)
Dans la soirée, un important cortège, que l'on
peut évaluer à plusieurs milliers de personnes
s'est rendu au cimetière du souvenir Français pour
déposer des fleurs et des couronnes.
Au retour le cortège en ville chantait des chants patriotiques,
et l'animation a été très grande jusqu'à
une heure avancée de la nuit.
Marguerite (Odile)
Après les manifestations de joie
du 11 novembre, succédait cette nouvelle épreuve
dans laquelle, là encore, peu de familles furent épargnées.
Il y aura en 1918, 2143 morts par la grippe espagnole et 1418
l'année suivante.
L'hôpital auxiliaire ouvert dans le couvent des dames de
La Charité, route de Saint Michel, fut transformé
en hôpital des épidémies.
Yvonne (Danielle S.)
Ce fléau fera, dans l'ensemble des
pays où il passera, plus de vingt millions de morts, pour
la plupart âgés de 20 à 40 ans, surtout parmi
les troupes ayant survécu au conflit armé.
Infirmière civile Liliane (Laetitia R.)
C'est l'arrivée de la grippe espagnole Car on annonce
partout une décroissance de ce fléau, à
Bourges c'est le contraire. Elle se développe.
La presse se déchaîne, insistant sur l'état
de malpropreté de la ville, les microbes se répandent
dans nos appartement dit un journaliste, et il ajoute "
avec la main-d'uvre étrangère, Kabyle et
autre, ne pourrait-on procéder plus souvent au nettoyage
des rues ?
Autre mesure, l'isolement rigoureux des malades et la désinfection
des appartements.
Marie
Joseph (Marie Jo S.)
Il y avait naguère été dit que le Conseil
général avait acheté une étuve, Où
est-elle ? Ou fonctionne-t-elle ?
Qu'on la mette en service ainsi que les études militaires.
Elle est sans doute remisée quelque part, inutilisée
et inserviable. Tu en dis quoi Mireille ?
Mireille (Mireille L.)
Un manque de surveillance à la frontière
a permis à l'épidémie de s'introduire en
France. Notre négligence va-t-elle lui faciliter de faucher
encore des centaines et des centaines de victimes ?
Marguerite (Odile M)
Mardi étant férié,
la fête patriotique a continué.
Guillaume et les Boches étaient conspués. et tournés
en ridicule.
les jeunes filles ne refusaient pas un baiser aux soldats français
et américains.
Yvonne (Danielle S.)
L'animation a été plus grande
encore dans la journée du 1é novembre. Les esprits
ont été surexcités par les manifestations
de la veille, la foule se montre plus bruyante. L'exaltation
patriotique est à son comble, c'est une clameur générale
dans notre ville.
Crieur vendeur de journaux Lucien (Emmanuel J. le 4/11 et Jean
Paul A. le 18/11)
Vers 5 heures du soir, la place Planchat est noire de monde
L'Etablissement des Dames de France est admirablement illuminé.
De la terrasse de la Société Générale,
partout des pétards et des fusées qui tombent en
gerbe ou éclatent au-dessus des passants, très
amusés par ce spectacle.
Madame Germaine Michu (Nadia)
Des centaines de
soldats et de jeunes filles descendent bras dessus bras dessous,
en rang serrés, la rue du Commerce et l'Avenue de la Gare,
ils rient et chantent les chansons de route bien connues : les
Poilus et Madelon et répètent en chur cet
autre refrain
Fallait pas qu'il aille !
Fallait pas y aller.
Joséphine infirmière de la prison (Stéphanie)
Même à la prison c'est l'euphorie,
à 7 heures et demi du soir, un groupe porte des pancartes
et des mannequins représentant Guillaume et le Kronprinz
avec cette inscription : à la potence. Puis ils sont brûlés
en effigie sur la Place Planchat., aux acclamations des nombreux
curieux.
Sur Louise
(Bernadette B.)
Pourtant la population berruyère n'était pas au
bout de ses peines. Dans l'hiver 1918-1919, une terrible maladie
se déclara : on l'appela la grippe espagnole. Déjà,
elle sévissait dans plusieurs points de France, dans des
zones généralement surpeuplées. Et c'était
bien le cas de Bourges. La population avait été
de 100 000 âmes durant la guerre, et ces derniers mois,
18 000 prisonniers ont été rassemblés à
Bourges, une conséquence de la signature de l'armistice.
Sur Charlotte (Danielle B.)
Mais le mal va se répandre à cause du rationnement
du pain, nourriture de base, et de l'utilisation pour sa fabrication,
de farines peu panifiables, "dont l'ingestion provoquait
des troubles de l'appareil digestif, diminuant la force de résistance
et créant ainsi un terrain favorable à l'éclosion
de la maladie".
Louis le gars de la Mairie (Roland N.)
Et c'est ici que nous viendrons honorer
nos morts, il faudra attendre presque un siècle pour voir
enfin le nom de ces valeureux morts pour la France avoir leur
nom gravé comme on peut le voir aujourd'hui.
Il y a plus de 1800 noms qui sont gravés.
Le commandant Doville (David L.)
Et nous terminons par notre chant patriotique La Marseillaise.
Allons enfants de la Patrie .....