la revolution de 1789 a bourges - Roland Narboux - encyclopédie -

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
ECONOMIE
URBANISME
PATRIMOINE
CULTURE
POLITIQUE
ENVIRONNEMENT
HISTOIRE

LA REVOLUTION DE 1789 A BOURGES
Par Roland NARBOUX

La Révolution française, la Grande, celle de 1789 a été à Bourges un événement important mais sans aucune mesure avec ce qui s'est déroulé à Paris.

 RETOUR AU SOMMAIRE
 
 
RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL
Version 2010

 

La Révolution à Bourges et en Berry, celle de 1789, comment s'est-elle passée, que fut la prise de la Bastille berrichonne ou combien la terreur fit elle de morts ? Ce sont les questions auxquelles cet article va répondre.

D'une manière synthétique, pour ceux qui ne veulent pas lire une fois encore les " méfaits " de cette période, on peut dire que La Révolution supprime la province du Berry et la remplace par 2 département ce qui fait de la ville de Bourges le chef lieu du département du Cher. Et pendant quelques années, le bourg d'Asnières devient une commune indépendante, cela va durer de 1793 à 1795, et quelques nostalgiques aujourd'hui encore voudraient retrouver ce statut.
Seconde caractéristique de la ville, la lenteur des réactions populaires et leur faible amplitude, une émeute en 1789 contre un marchand de grain, Tourangin, quelques exactions un peu plus grave en septembre 1792 contre les religieuses de Saint Laurent.
Quant à la " Grande Terreur ", elle fait … 3 morts. Par contre la cathédrale de Bourges devient le Temple Etienne, et de nombreux religieux sont chassés de leur paroisse et persécutés. Les paroisses sont supprimées, de nombreuses églises abattues ou transformées, ainsi que plusieurs couvents. La déchristianisation est forte en Berry.
Et puis, avec la Révolution se termine l'épopée de l'Université de Bourges.

Bourges et le Berry en 1789

Le Berry en 1789 est une province qui se sent passablement oubliée par Paris et les " Grands " de ce monde qui vivent davantage à Versailles que dans leur provinces. Le royaume de Bourges est un fort lointain souvenir et le pourvoir ne s'intéresse pas à cette région.

La cité de Bourges compte environ 16 000 habitants et les gazettes rapportent que la ville est pauvre, elle comprends des gentilshommes à demi ruinés, des petits artisans, et… des chômeurs.

L'Université qui fut si renommée est particulièrement délabrée, il ne reste pratiquement plus d'étudiants et encore moins de professeurs. Pourtant, il y eut un espoir en novembre 1786 avec l'arrivée des " doctrinaires ", avec à leur tête, Lakanal, cela aurait pu modifier la suite des événements en revivifiant l'enseignement.
Lakanal enseignait la littérature comparée, mais aussi la morale, les différentes formes de gouvernement ainsi que le droit des sociétés civiles et religieuses. Mais cette forme d'enseignement, correspondant à une pensée neuve n'eut pas l'air de plaire à tout le petit monde du Berry d'alors. Lakanal fut vite accusé d'immoralisme et d'impiété.

Sur le diocèse de Bourges, il comptait à cette époque 771 paroisses, 276 prieurés, 38 abbayes et 44 monastères, c'est une puissance religieuse considérable et bien organisée, mais les conflits entre un " haut clergé " qui ne songe qu'à l'argent et à aller se montrer du côté de Versailles et le " bas clergé " qui est très frustre et peu instruit.

La capitale du Berry est dirigée par un maire, Clément de Beauvoir, il est assisté de 4 échevins, un par quartier, choisis parmi 32 conseillers municipaux. La mairie est alors située dans le prestigieux palais Jacques Cœur.

Vers les Etats Généraux à Bourges

Tout d'abord, la convocation des Etats généraux en France ne s'est pas faite dans la précipitation. En effet, la décision remonte à juillet 1788, et l'objectif du pouvoir était … de trouver de l'argent pour la couronne. C'est à la fin de l'année 1788 que Bourges commence à s'intéresser à ces Etats généraux.

Les modalités d'organisation n'étaient pas très simple, car plus personne ne savait faire. Il faut savoir que les derniers Etats généraux remontaient dans le temps à 1614, et c'était à Tours. Il fallait réinventer le nombre de députés, les électeurs, les collèges… bref tout était à construire.

Mais la première étape des Etats généraux, c'est l'élaboration et l'écriture des cahiers de doléances.
Pourtant la politique politicienne reprend vite son rôle et cette période est avant tout consacrée à savoir si le nombre de députés du Tiers Etat aura ou non autant de députés que la somme des députés de la noblesse et du clergé.

Le 27 décembre 1788, le Conseil du roi accepte la proposition du Tiers Etat, à la demande du ministre Necker. C'est un peu le début de la toute nouvelle puissance de ce qui sera " le peuple " pendant cette révolution qui va durer une dizaine d'années.

Ce point qui n'était pas un détail intéressait davantage Châteauroux qui était pour le Berry plus en avance que Bourges pour les idées nouvelles.

Le responsable de la convocation des Etats généraux pour l'ensemble de la province du Berry est Claude de Bengy dont un contemporain a pu dire de méchante manière :

" Il était un honnête homme, doux, modeste, sans énergie, sans ambition ".

Claude de Bengy, dont le portrait est peu flatteur réalisa ce travail d'organisation de fort brillante manière.

Bourges et le Berry soufraient de l'absence des fortes personnalités, l'apanage, le gouverneur, l'archevêque, ils étaient absents de leur province du Berry. Aussi Claude de Bengy du les suppléer dans le travail administratif.

L'apanage appartenait au Comte d'Artois, le futur Charles X. Mais bien peu de berrichon se souvenaient de lui, tant il était absent. Quant au gouverneur de la province, il s'agissait là encore d'un " Grand " de l'époque, le prince de Conti, lui, n'avait jamais mis les pieds dans sa province.
L'intendant du Berry, se nommait Dufour de Villeneuve, pour faire sans doute comme les autres il demeurait loin de Bourges, il était malade, mais il rentrera quelque temps jusqu'au lendemain de la nuit du 4 août, et il sera le premier noble berrichon à émigrer.
Enfin, l'archevêque de Bourges, Mg Chastenet du Puységur, il avait été nommé à ce poste le 6 avril 1788, mais ne vint à Bourges qu'un an plus tard.

Les Etats généraux correspondaient à une forte attente de la population, mais le besoin était flou et diffus, car ce qui préoccupait les gens, c'était le quotidien, et pas les grandes idées, et encore moins une hausse des impôts.
Beaucoup attendaient plus de justice fiscale, et en Berry, tout cela était amplifié par une dizaine d'années de mauvaises récoltes, et en 1788, cela fut accru par une forte mortalité du bétail, les intempéries avaient en effet décimé le bétail, les vignobles avaient eux aussi beaucoup soufferts.
Aussi, lorsque l'hiver 1788 / 1789 arriva, avec un froid qualifié de " fameux " et des inondation à la fin de l'hiver et au début du printemps, la population était à bout. Les gens des campagnes qui formaient l'essentiel de la population du Berry, mais aussi les négociants, et autres juristes mettaient beaucoup d'espoir dans les Etats Généraux.

Les Etats généraux se réunissent

Tout d'abord, la première phase des Etats généraux se déroule en province, et donc en Berry. Il faut attendre le 5 mai 1789 pour que Paris et Versailles prennent rang dans l'actualité et l'histoire.

En Berry, Claude de Bengy organise ces Etats Généraux à partir d'un règlement de convocation daté du 24 janvier 1789. Les électeurs sont dans les 3 ordres, clergé, noblesse et tiers état et c'est le 16 mars 1789 qu'ils se réunissent à 10 heures du matin en l'église des Carmes, sur la place qui est aujourd'hui la place Cujas. C'est le comte de La Châtre qui assure la présidence des premières séances.

Le clergé est à droite, ce qui semble normal, la noblesse à gauche ce qui l'est moins, et le tiers état est face au président, aussi nombreux à lui seul que les deux autres ordres.
Tout commence avec une messe, puis un appel nominal et un discours d'ouverture du comte de La Châtre, grand bailli de France et ses propos sont assez surprenants, ils annonce la futur nuit du 4 août prochain, il dit par exemple :
" les députés vont s'occuper de déraciner un grand nombre d'abus…. Le tiers état ne sera plus foulé… enfants adoptifs d'un même père, tous les français sont frères, ils sont tous égaux pour la cause commune " ".

De tels propos sont à rapprocher du vocabulaire maçonnique de l'époque, et le comte était un " initié " parisien, alors que le maire de Bourges, Clément de Beauvoir, son premier échevin Sué, et Claude de Bengy l'organisateurs tous étaient des francs maçons de Bourges.

Le comte de La Châtre ira encore plus loin en déclarant :
" Des trois ordres de l'état, nous voulons être le premier à offrir nos fortunes à la patrie, comme nous sommes les premiers à combattre pour elles ".

Le ton à Bourges est donné, et les trois ordres vont se séparer pour s'en aller rédiger les cahiers de doléances, et ensuite pour élire leurs députés.

Le clergé se réunit au palais épiscopal (aujourd'hui mairie de Bourges) sous la direction de l'archevêque Mg de Puységur. La noblesse s'en ira à l'Hôtel de Ville, c'est à dire au palais Jacques Cœur, et c'est le comte de La Châtre qui préside. Enfin le tiers état reste sur place à l'église des Carmes et ira ensuite au collège, aujourd'hui hôtel des Echevins.

Certains auteurs affirment que la noblesse de Bourges était, contrairement aux propos du comte de La Châtre, particulièrement intolérante.

Les cahiers de doléances

Au cours des premières réunions, chacun rédige son propre cahier de doléances, et c'est celui du tiers état qui présente la meilleure rédaction.
Il demande, l'égalité devant les charges publiques, la réforme de l'impôt, la suppression des lois qui excluaient les roturiers des grades civils et militaires.

A lire ces cahiers, on peut lire pour le Berry, que " la presse sera libres sous la condition que l'auteur demeurera responsable de sa production ",, mais aussi ces lignes qui vont revenir très souvent dans les provinces, " qu'il n'y ait plus à l'avenir qu'un seul poids et une seule mesure dans toute la France ".

L'élection des députés

Puis ce sont les élections des députés qui vont s'en aller siéger à Paris, alors on trouve des personnages qui vont avoir une importance considérable durant une dizaine de ces années, alors que d'autres vont sombrer dans l'anonymat. Pour le Berry, il y aura donc 4 députés pour la noblesse et 4 pour le clergé, mais 8 représentants pour le tiers état.

Pour l'ordre de la noblesse, sont élus :

Le comte de La Châtre
Le marquis de Bouthilliers
Le vicomte Heurtault de Lammerville
Philippe, Jacques de Bengy-Puyvallée.

Pour l'ordre du clergé, c'est la surprise, car si l'archevêque de Bourges est élu, les trois autres appartiennent au bas-clergé ce qui provoque une grave crise, car la défaite des chanoines et autres dignitaires de l'église passe très mal, certains très fâchés, vont en parler au roi.

Sont élus :

Mg de Puységur, archevêque de Bourges
Poupart, curé
Villenanois, curé
Yvernault, professeur de théologie.

Enfin, pour le tiers état, ils sont 8 :

Thoret, docteur en médecine à Bourges
Sallé de Choux, avocat à Bourges
Grangier, avocat à Sancerre
De Boery, avocat à Châteauroux
Poya de l'Herbe, lieutenant particulier d'Issoudun
Legrand, avocat à Châteauroux
Auclerc Descote médecin à Argenton
Beaucheton, avocat à issoudun.

En examinant la liste, ion remarque 5 avocats, 2 médecins et un lieutenant de baillage, les berrichons envoient à Paris des gens qui savent parler… et 3 d'entre eux sont des nobles !

retour en haut de page

Parmi ces personnages, deux auront un destin fort. D'abord Legrand, l'avocat de Châteauroux, c'est lui qui va quelques semaines plus tard, faire proclamer que le tiers état soit transformé en Assemblée nationale, avec l'aide de Sieyes c'est un acte majeur de la Révolution.

Le second est Sallé de Choux, à qui l'on doit la départementalisation du Berry et la formation du cher et de l'Indre.

Enfin, à la veille de se rendre à Paris, on remarque que ces représentants berrichons ne sont pas des révolutionnaires, ils sont tous monarchistes et veulent simplement davantage de justice et d'égalité. Ils ne " montent " pas à Paris pour tout chambouler !

Les Berrichons à Paris

Une fois les cahiers de doléances rédigés, les députés élus s'en vont à Paris où plutôt à Versailles, où ils sont reçus par le roi Louis XVI le 2 mai de cette année 1789. C'est dans la salle dite des " menus plaisirs " que se déroule cette séance inaugurale qui a du impressionner nos députés berrichons.

Ils sont là, 16 députés, divisés, au milieux de 1165 de leurs collègues élus.

Le premier à se porter au devant de la scène est le marquis de Boutilliers, député de Bourges qui fait adopter une motion le 28 mai 1789 qui fut adoptée, stipulant que les délibérations se feraient par ordre avec des veto respectifs de chacun des ordres. C'était le principe constitutif de la monarchie, et rien de bien nouveau et encore moins révolutionnaire.

A Paris et Versailles, les événements se précipitent, le 20 juin, c'est le serment du jeu de Paume, le 9 juillet, l'assemblée nationale devient assemblée constituante et quelques trois semaines plus tard, c'est le 14 juillet et la prise de La Bastille.

L'Après 14 juillet à Bourges

A l'annonce de la prise de la Bastille, qui correspond à la première action révolutionnaire, Bourges réagit de manière sans doute contrastée.

Immédiatement, le maire de Bourges, Clément de Beauvoir envoie à l'Assemblée nationale des remerciements agrémentés de louanges, et cette " adresse " fut lu à l'Assemblée. Il semble que les événements parisiens aient suscité de nombreux espoirs, et un Te Deum à la cathédrale se déroula le 24 juillet, c'est à dire 10 jours après la prise de la Bastille. Le soir, des feux de joie furent allumés dans Bourges. Mais ces réactions populaires ne visaient pas le roi Louis XVI que chacun respectait encore.

Par contre, comme il fallait tout de même " marquer le coup ", il y eut une petite émeute place Gordaine, ce devait être le 27 juillet 1789, contre le marchand berruyer Tourangin, tout en vendant du tissu, la rumeur faisait de lui un accapareur de blé. Il avait été un des délégués du tiers état pour l'élection des députés aux Etats Généraux.
Sa maison ayant été saccagée, il du s'enfuir, avec l'aide du prévôt général de la Maréchaussée, et l'arrivée d'un régiment du Royal Piémont calma les émeutiers.
Mais c'est l'annonce d'une baisse du prix du pain et surtout la distribution de vins qui mit fin à cette " prise d'une petite bastille locale ". Le marchand de draps sauva sa vie en s'enfuyant à Issoudun.

Pourtant, force resta à la loi puisque les meneurs furent arrêtés et condamnés.
Par mi les rumeurs de ces jours de juillet 1789, dans les provinces et à Bourges comme en Nivernais et en Limousin, ce fut " la Grande Peur ", c'était la peur des brigands qui pillaient disait-on les villes et les campagnes.
Bourges ne comporte que 50 cavaliers pour défendre la ville.

Devant cet état de fait, à Bourges, les élus municipaux convoquèrent la population pour former des " comités Militaires ". La sécurité publique devenait peu à peu sous la coupe de la population dans les 4 quartiers de la ville. Pour la première fois, le citoyens de Bourges s'organisèrent et s'armèrent pour lutter contre " la Grande Peur " . Bourges eut alors sa garde municipale, et tous les hommes et même les femmes de 18 à 60 ans pouvaient être d'astreinte, et le clergé lui-même en faisait partie !

En 1791, la garde nationale à Bourges comprendra 1200 personnes.
On retrouve des personnages comme Soumard de Villeneuve et l'étonnant Abbé Joly. On note aussi la présence de Cristo, Clamecy le futur maire.

Trois mois cruciaux

Les historiens modernes affirment aujourd'hui que tout s'est décidé dans les 3 mois qui ont suivi le 14 juillet symbolique, cette Révolution va durer une dizaine d'années et tout bascule de juillet à septembre 1789.

Les révolutionnaires et les plus modérés à Bourges commencent à se déterminer. C'est le maître des eaux et forêts, Rémond qui fut élu par proclamation au comité de Saint Sulpice, malgré ses fonctions. Et on lui a adjoint deux personnages plus révolutionnaires, Regnaud et Labouvrie.

Les premières municipales

C'est le travail de la fin de l'année 1789, avec la préparation des premières élections municipales de Bourges. Et le premier scrutin fut cassé par Clément de Beauvoir pour fraude indiscutable.

Lors des élections, le maire fut élu, c'était un notable Vivier de Boiray, il y avait dans son conseil municipal Cristo, Soumard de Villeneuve, Gambon, Haslay, alors que le premier révolutionnaire, Michonnet est battu.

Le procureur de la ville, c'est Patrocle de Joly, un prêtre franc-maçon.

La départementalisation

Ce fut l'œuvre essentielle de cette période, avec la séparation du Berry en deux : le Cher et l'Indre. Le duc de Charost et Sallé de Choux vont beaucoup travailler sur le sujet.
Finalement, Bourges et Châteauroux se partagent les biens, en laissant Issoudun, dont personne ne voulait comme chef lieu de département. Quant à la ville de La Charité, qui voulu être dans le Berry, son maire, Buttet fit tout pour l'empêcher. Et la ville se retrouva dans le Nièvre.

La fête du 14 juillet 1790

Elle est préparée depuis le 7 juillet, et tout commence par une messe à la cathédrale, puis chacun se rend place Séraucourt, et le soir se déroulent de grandes illuminations. Le seul frein à ces fêtes, c'est le manque d'argent, il n'est affecté que 600 livres à cette commémoration.
Clouet, l'architecte fait élever place Séraucourt un autel de la Patrie.

Et la fête commence…. Sans le maire Vivier qui est malade. C'est Haslay qui fait office de président, et place Séraucourt, l'estrade avec ses 6 colonnes est magnifique, sur chaque colonne, les mots NATION, LOI, ROI, LIBERTE, EGALITE et UNION. On remarque que le roi est toujours présent.
Il y eut un défilé, et des discours prononcés par Joly, procureur de la commune, Rémond, le capitaine de Saint Sulpice et Haslay, le premier officier municipal. Chacun de dire qu'il faut rester fidèle à " la Nation, au Roi et à la Loi ". Ces trois hommes, pour la petite histoire sont francs maçons.

Le 1 er octobre 1791, l'Assemblée Législative vient remplacer l'Assemblée constituante, laquelle avait fait une œuvre colossale.

La société des Amis de la Révolution

La mise en place des club s'effectue de manière lente, car le Berry reste modéré. Mais les Jacobins de Bourges veulent faire comme leurs collègues de Paris, car c'est là que tout se passe.
Parmi les leaders de cette société, on a Michonnet, mais aussi Bonneau, Boutin, Witas… Il s'agissait " d'éclairer le peuple ", et les mots utilisés sont " hommes éclairés ", " esprit du peuple " ou encore " bien public ".
Pour entrer dans cette société, il fallait avoir fait preuve de patriotisme, et … payer une cotisation.
Dans un premier temps, ces sociétés ont des sentiments philanthropiques et les appels sont pour l'union et la concorde. C'est avant tout à Bourges, la modération.

Mais tout va aller assez vite puisque les municipales de 1791 portent Michonnet comme maire de Bourges, il passe alors de plus en plus pour un révolutionnaire convaincu.

 

Le clergé en ligne de mire

C'est sans doute un des corps sociaux les plus mal traités dans cette période de la révolution. Le 13 février 1790, c'est la suppression des Ordres et des Congrégations.

Puis ce fut la constitution civile du clergé.

La tension va être à son comble lorsque le 8 mai 1791 arrive l'évêque Torné, qui vient prendre soin siège à Bourges.
Tout avait commencé avec le refus de l'archevêque en place Mg de Puységur vis à vis de la nouvelle loi, et il … alla se réfugier à Londres. L'évêque devait être élu, ce qui se fit le 20 mars 1791, et arrivèrent en tête, un curé, Poupart et Charrier de la Roche. l'élection demanda donc 3 tours de scrutin et c'est Charrier de La Roche qui l'emporta par 116 voix sur 118 votants.
Ce dernier fut élu à Bourges dans l'allégresse générale, sauf nous dit Lemas, qu'il fut aussi élu à Rouen… et il choisit Rouen !
Le 11 avril, nouvelle élection, les électeurs retournèrent donc aux urnes et ils élisent Pierre Anastase Torné, un ancien prédicateur du roi, et auteur de plusieurs études sur les nécessités de la Révolution. Et Torné devint le premier évêque constitutionnel de Bourges.

Son arrivée à Bourges le 8 mai 1791 fut l'occasion d'une grande fête, il arriva en grand apparat, et cela ne passa pas inaperçu.

Bourges et la fuite de Varennes

Bourges et le Cher, dans des périodes clés, reste toujours monarchiste, lorsqu'il apprend le 20 juin 1791 la fuite du roi Louis XVI et son arrestation à Varennes. C'est un tournant de la Révolution. A Bourges, très modéré, on croit tout d'abord à un enlèvement, le " bon roi " ne peut pas avoir de lui-même voulu quitter son royaume et son peuple !
Mais le travail alors est de maintenir le calme et les extrêmes, et défendre la Constitution.
Car, avec la confirmation de cette trahison du roi, les révolutionnaires de Bourges et du cher se déchaînent, pour eux, c'est un complot qui vise à anéantir la révolution au moment où se termine l'œuvre de la Constituante.

Le résultat de la Constituante est en effet un des actes les plus importants de toute notre Histoire de France. Songez que l'on a mit en place :

- la déclaration des droits de l'homme
- la protection de la liberté individuelle
- la liberté de conscience et de religion
- l'admission des juifs et des protestants au droit de cité
- la nouvelle organisation du royaume (départementalisation)
-l'organisation judiciaire
-la refonte de la fiscalité
- la constitution civile du clergé
- l'égalité des enfants devant l'héritage
-la mise en place d'une unité de mesure universelle (mètre, gramme)
- la liberté du commerce et de l'industrie.

Aujourd'hui, il est de bon ton de voir les excès de la Révolution, et il y en eut, mais chacun oublie ce qui a été réalisé, et en un temps très court. Dans un pays qui refuse toute réforme quelle qu'elle soit, l'œuvre de la Constituante a été un miracle.

Les législatives du 29 août 1791

Les élections législatives qui vont suivre très normalement la fin de l'assemblée constituante se déroulent à Bourges à l'église des Carmes comme en 1789. Elles sont organisées par Robinet et Boutin.

A noter et cela est intéressant, que sous l'impulsion de Robespierre, la Constituante avait interdit aux députés de l'ancienne assemblée de pouvoir se présenter à la nouvelle. Aussi dans le Cher, ce sont 6 nouveaux qui vont être élus :

Torné, l'évêque
Foucher un notaire
Sabathier
Fouquet
Huguet
Cartier Saint René.

Ce sont semble-t-il de " vrais révolutionnaires ", élus sous l'action forte du Club des Amis de la Constitution de Bourges qui écrira d'ailleurs :


" La Socité des Amis de la Constitution, toujours animée de ce zèle intrépide qui caractérise le vrai patriotisme, fidèle au principe inviolable qu'elle s'est fait, et de tout sacrifier au bien public, et pour perfectionner, s'il est possible, notre sublime constitution… combien il est intéressant que la seconde législative soit composée de vrais patriotes ".

 

Puis à la suite de ces élections, c'est en septembre 1791, l'élection du président du tribunal criminel, et Louis Augier est élu, Dubois devenant accusateur public. Ce tribunal va fonctionner ainsi jusqu'au 26 septembre 1793 et il faut noter, ce qui est rare à Paris par exemple, que sa modération ne se démentira jamais.

Encore des élections, au Conseil général du département du Cher avec cette fois Buchet, Dupré et Regnault d'Orval, mais deux grandes figures de cette époque vont émerger :

- Heurtault de Lamerville, qui devient le premier président du conseil du département. C'était un révolutionnaire modéré, homme de grande valeur. Il dira " qu'il n'oubliera jamais que son premier devoir était de vivre libre, sa première gloire de penser en citoyen français ".
- Sigaud de Lafond, un des grands hommes de sciences expérimentales de l'époque : chimiste, physicien, et il va s'intéresser à l'électricité.

Donc, septembre 1791, la France a une Constitution (le 3) et le 7 octobre, le Roi qui est toujours la fera un discours de mise en place des députés de la nouvelle législative.

Le paradoxe, c'est que le royaume est toujours présent, le roi aussi, et chacun pense que la révolution est terminée.

A suivre

retour en haut de page

Retrouvez quelques articles de l'Encyclopédie :
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

http://www.bourges-info.com/

 

Vous souhaitez enrichir le site de l'Encyclopedie de Bourges ?

 

Cliquer ici