La Révolution à Bourges
et en Berry, celle de 1789, comment s'est-elle passée,
que fut la prise de la Bastille berrichonne ou combien la terreur
fit elle de morts ? Ce sont les questions auxquelles cet article
va répondre.
D'une manière synthétique,
pour ceux qui ne veulent pas lire une fois encore les "
méfaits " de cette période, on peut dire que
La Révolution supprime la province du Berry et la remplace
par 2 département ce qui fait de la ville de Bourges le
chef lieu du département du Cher. Et pendant quelques
années, le bourg d'Asnières devient une commune
indépendante, cela va durer de 1793 à 1795, et
quelques nostalgiques aujourd'hui encore voudraient retrouver
ce statut.
Seconde caractéristique de la ville, la lenteur des réactions
populaires et leur faible amplitude, une émeute en 1789
contre un marchand de grain, Tourangin, quelques exactions un
peu plus grave en septembre 1792 contre les religieuses de Saint
Laurent.
Quant à la " Grande Terreur ", elle fait
3 morts. Par contre la cathédrale de Bourges devient le
Temple Etienne, et de nombreux religieux sont chassés
de leur paroisse et persécutés. Les paroisses sont
supprimées, de nombreuses églises abattues ou transformées,
ainsi que plusieurs couvents. La déchristianisation est
forte en Berry.
Et puis, avec la Révolution se termine l'épopée
de l'Université de Bourges.
Bourges et le Berry en 1789
Le Berry en 1789 est une province qui se
sent passablement oubliée par Paris et les " Grands
" de ce monde qui vivent davantage à Versailles que
dans leur provinces. Le royaume de Bourges est un fort lointain
souvenir et le pourvoir ne s'intéresse pas à cette
région.
La cité de Bourges compte environ
16 000 habitants et les gazettes rapportent que la ville est
pauvre, elle comprends des gentilshommes à demi ruinés,
des petits artisans, et
des chômeurs.
L'Université qui fut si renommée
est particulièrement délabrée, il ne reste
pratiquement plus d'étudiants et encore moins de professeurs.
Pourtant, il y eut un espoir en novembre 1786 avec l'arrivée
des " doctrinaires ", avec à leur tête,
Lakanal, cela aurait pu modifier la suite des événements
en revivifiant l'enseignement.
Lakanal enseignait la littérature comparée, mais
aussi la morale, les différentes formes de gouvernement
ainsi que le droit des sociétés civiles et religieuses.
Mais cette forme d'enseignement, correspondant à une pensée
neuve n'eut pas l'air de plaire à tout le petit monde
du Berry d'alors. Lakanal fut vite accusé d'immoralisme
et d'impiété.
Sur le diocèse de Bourges, il comptait
à cette époque 771 paroisses, 276 prieurés,
38 abbayes et 44 monastères, c'est une puissance religieuse
considérable et bien organisée, mais les conflits
entre un " haut clergé " qui ne songe qu'à
l'argent et à aller se montrer du côté de
Versailles et le " bas clergé " qui est très
frustre et peu instruit.
La capitale du Berry est dirigée
par un maire, Clément de Beauvoir, il est assisté
de 4 échevins, un par quartier, choisis parmi 32 conseillers
municipaux. La mairie est alors située dans le prestigieux
palais Jacques Cur.
Vers les Etats Généraux
à Bourges
Tout d'abord, la convocation des Etats
généraux en France ne s'est pas faite dans la précipitation.
En effet, la décision remonte à juillet 1788, et
l'objectif du pouvoir était
de trouver de l'argent
pour la couronne. C'est à la fin de l'année 1788
que Bourges commence à s'intéresser à ces
Etats généraux.
Les modalités d'organisation n'étaient
pas très simple, car plus personne ne savait faire. Il
faut savoir que les derniers Etats généraux remontaient
dans le temps à 1614, et c'était à Tours.
Il fallait réinventer le nombre de députés,
les électeurs, les collèges
bref tout était
à construire.
Mais la première étape des
Etats généraux, c'est l'élaboration et l'écriture
des cahiers de doléances.
Pourtant la politique politicienne reprend vite son rôle
et cette période est avant tout consacrée à
savoir si le nombre de députés du Tiers Etat aura
ou non autant de députés que la somme des députés
de la noblesse et du clergé.
Le 27 décembre 1788, le Conseil
du roi accepte la proposition du Tiers Etat, à la demande
du ministre Necker. C'est un peu le début de la toute
nouvelle puissance de ce qui sera " le peuple " pendant
cette révolution qui va durer une dizaine d'années.
Ce point qui n'était pas un détail
intéressait davantage Châteauroux qui était
pour le Berry plus en avance que Bourges pour les idées
nouvelles.
Le responsable de la convocation des Etats
généraux pour l'ensemble de la province du Berry
est Claude de Bengy dont un contemporain a pu dire de méchante
manière :
" Il était un honnête
homme, doux, modeste, sans énergie, sans ambition ".
Claude de Bengy, dont le portrait est peu
flatteur réalisa ce travail d'organisation de fort brillante
manière.
Bourges et le Berry soufraient de l'absence
des fortes personnalités, l'apanage, le gouverneur, l'archevêque,
ils étaient absents de leur province du Berry. Aussi Claude
de Bengy du les suppléer dans le travail administratif.
L'apanage appartenait au Comte d'Artois,
le futur Charles X. Mais bien peu de berrichon se souvenaient
de lui, tant il était absent. Quant au gouverneur de la
province, il s'agissait là encore d'un " Grand "
de l'époque, le prince de Conti, lui, n'avait jamais mis
les pieds dans sa province.
L'intendant du Berry, se nommait Dufour de Villeneuve, pour faire
sans doute comme les autres il demeurait loin de Bourges, il
était malade, mais il rentrera quelque temps jusqu'au
lendemain de la nuit du 4 août, et il sera le premier noble
berrichon à émigrer.
Enfin, l'archevêque de Bourges, Mg Chastenet du Puységur,
il avait été nommé à ce poste le
6 avril 1788, mais ne vint à Bourges qu'un an plus tard.
Les Etats généraux correspondaient
à une forte attente de la population, mais le besoin était
flou et diffus, car ce qui préoccupait les gens, c'était
le quotidien, et pas les grandes idées, et encore moins
une hausse des impôts.
Beaucoup attendaient plus de justice fiscale, et en Berry, tout
cela était amplifié par une dizaine d'années
de mauvaises récoltes, et en 1788, cela fut accru par
une forte mortalité du bétail, les intempéries
avaient en effet décimé le bétail, les vignobles
avaient eux aussi beaucoup soufferts.
Aussi, lorsque l'hiver 1788 / 1789 arriva, avec un froid qualifié
de " fameux " et des inondation à la fin de
l'hiver et au début du printemps, la population était
à bout. Les gens des campagnes qui formaient l'essentiel
de la population du Berry, mais aussi les négociants,
et autres juristes mettaient beaucoup d'espoir dans les Etats
Généraux.
Les Etats généraux
se réunissent
Tout d'abord, la première phase
des Etats généraux se déroule en province,
et donc en Berry. Il faut attendre le 5 mai 1789 pour que Paris
et Versailles prennent rang dans l'actualité et l'histoire.
En Berry, Claude de Bengy organise ces
Etats Généraux à partir d'un règlement
de convocation daté du 24 janvier 1789. Les électeurs
sont dans les 3 ordres, clergé, noblesse et tiers état
et c'est le 16 mars 1789 qu'ils se réunissent à
10 heures du matin en l'église des Carmes, sur la place
qui est aujourd'hui la place Cujas. C'est le comte de La Châtre
qui assure la présidence des premières séances.
Le clergé est à droite, ce
qui semble normal, la noblesse à gauche ce qui l'est moins,
et le tiers état est face au président, aussi nombreux
à lui seul que les deux autres ordres.
Tout commence avec une messe, puis un appel nominal et un discours
d'ouverture du comte de La Châtre, grand bailli de France
et ses propos sont assez surprenants, ils annonce la futur nuit
du 4 août prochain, il dit par exemple :
" les députés vont s'occuper de déraciner
un grand nombre d'abus
. Le tiers état ne sera plus
foulé
enfants adoptifs d'un même père,
tous les français sont frères, ils sont tous égaux
pour la cause commune " ".
De tels propos sont à rapprocher
du vocabulaire maçonnique de l'époque, et le comte
était un " initié " parisien, alors que
le maire de Bourges, Clément de Beauvoir, son premier
échevin Sué, et Claude de Bengy l'organisateurs
tous étaient des francs maçons de Bourges.
Le comte de La Châtre ira encore
plus loin en déclarant :
" Des trois ordres de l'état, nous voulons être
le premier à offrir nos fortunes à la patrie, comme
nous sommes les premiers à combattre pour elles ".
Le ton à Bourges est donné,
et les trois ordres vont se séparer pour s'en aller rédiger
les cahiers de doléances, et ensuite pour élire
leurs députés.
Le clergé se réunit au palais
épiscopal (aujourd'hui mairie de Bourges) sous la direction
de l'archevêque Mg de Puységur. La noblesse s'en
ira à l'Hôtel de Ville, c'est à dire au palais
Jacques Cur, et c'est le comte de La Châtre qui préside.
Enfin le tiers état reste sur place à l'église
des Carmes et ira ensuite au collège, aujourd'hui hôtel
des Echevins.
Certains auteurs affirment que la noblesse
de Bourges était, contrairement aux propos du comte de
La Châtre, particulièrement intolérante.
Les cahiers de doléances
Au cours des premières réunions,
chacun rédige son propre cahier de doléances, et
c'est celui du tiers état qui présente la meilleure
rédaction.
Il demande, l'égalité devant les charges publiques,
la réforme de l'impôt, la suppression des lois qui
excluaient les roturiers des grades civils et militaires.
A lire ces cahiers, on peut lire pour le
Berry, que " la presse sera libres sous la condition que
l'auteur demeurera responsable de sa production ",, mais
aussi ces lignes qui vont revenir très souvent dans les
provinces, " qu'il n'y ait plus à l'avenir qu'un
seul poids et une seule mesure dans toute la France ".
L'élection des députés
Puis ce sont les élections des députés
qui vont s'en aller siéger à Paris, alors on trouve
des personnages qui vont avoir une importance considérable
durant une dizaine de ces années, alors que d'autres vont
sombrer dans l'anonymat. Pour le Berry, il y aura donc 4 députés
pour la noblesse et 4 pour le clergé, mais 8 représentants
pour le tiers état.
Pour l'ordre de la noblesse, sont élus
:
Le comte de La Châtre
Le marquis de Bouthilliers
Le vicomte Heurtault de Lammerville
Philippe, Jacques de Bengy-Puyvallée.
Pour l'ordre du clergé, c'est
la surprise, car si l'archevêque de Bourges est élu,
les trois autres appartiennent au bas-clergé ce qui provoque
une grave crise, car la défaite des chanoines et autres
dignitaires de l'église passe très mal, certains
très fâchés, vont en parler au roi.
Sont élus :
Mg de Puységur, archevêque
de Bourges
Poupart, curé
Villenanois, curé
Yvernault, professeur de théologie.
Enfin, pour le tiers état, ils
sont 8 :
Thoret, docteur en médecine à
Bourges
Sallé de Choux, avocat à Bourges
Grangier, avocat à Sancerre
De Boery, avocat à Châteauroux
Poya de l'Herbe, lieutenant particulier d'Issoudun
Legrand, avocat à Châteauroux
Auclerc Descote médecin à Argenton
Beaucheton, avocat à issoudun.
En examinant la liste, ion remarque 5 avocats,
2 médecins et un lieutenant de baillage, les berrichons
envoient à Paris des gens qui savent parler
et 3
d'entre eux sont des nobles !
retour
en haut de page
Parmi ces personnages, deux auront un destin
fort. D'abord Legrand, l'avocat de Châteauroux, c'est lui
qui va quelques semaines plus tard, faire proclamer que le tiers
état soit transformé en Assemblée nationale,
avec l'aide de Sieyes c'est un acte majeur de la Révolution.
Le second est Sallé de Choux, à
qui l'on doit la départementalisation du Berry et la formation
du cher et de l'Indre.
Enfin, à la veille de se rendre
à Paris, on remarque que ces représentants berrichons
ne sont pas des révolutionnaires, ils sont tous monarchistes
et veulent simplement davantage de justice et d'égalité.
Ils ne " montent " pas à Paris pour tout chambouler
!
Les Berrichons à Paris
Une fois les cahiers de doléances
rédigés, les députés élus
s'en vont à Paris où plutôt à Versailles,
où ils sont reçus par le roi Louis XVI le 2 mai
de cette année 1789. C'est dans la salle dite des "
menus plaisirs " que se déroule cette séance
inaugurale qui a du impressionner nos députés berrichons.
Ils sont là, 16 députés,
divisés, au milieux de 1165 de leurs collègues
élus.
Le premier à se porter au devant
de la scène est le marquis de Boutilliers, député
de Bourges qui fait adopter une motion le 28 mai 1789 qui fut
adoptée, stipulant que les délibérations
se feraient par ordre avec des veto respectifs de chacun des
ordres. C'était le principe constitutif de la monarchie,
et rien de bien nouveau et encore moins révolutionnaire.
A Paris et Versailles, les événements
se précipitent, le 20 juin, c'est le serment du jeu de
Paume, le 9 juillet, l'assemblée nationale devient assemblée
constituante et quelques trois semaines plus tard, c'est le 14
juillet et la prise de La Bastille.
L'Après 14 juillet à
Bourges
A l'annonce de la prise de la Bastille,
qui correspond à la première action révolutionnaire,
Bourges réagit de manière sans doute contrastée.
Immédiatement, le maire de Bourges,
Clément de Beauvoir envoie à l'Assemblée
nationale des remerciements agrémentés de louanges,
et cette " adresse " fut lu à l'Assemblée.
Il semble que les événements parisiens aient suscité
de nombreux espoirs, et un Te Deum à la cathédrale
se déroula le 24 juillet, c'est à dire 10 jours
après la prise de la Bastille. Le soir, des feux de joie
furent allumés dans Bourges. Mais ces réactions
populaires ne visaient pas le roi Louis XVI que chacun respectait
encore.
Par contre, comme il fallait tout de même
" marquer le coup ", il y eut une petite émeute
place Gordaine, ce devait être le 27 juillet 1789, contre
le marchand berruyer Tourangin, tout en vendant du tissu, la
rumeur faisait de lui un accapareur de blé. Il avait été
un des délégués du tiers état pour
l'élection des députés aux Etats Généraux.
Sa maison ayant été saccagée, il du s'enfuir,
avec l'aide du prévôt général de la
Maréchaussée, et l'arrivée d'un régiment
du Royal Piémont calma les émeutiers.
Mais c'est l'annonce d'une baisse du prix du pain et surtout
la distribution de vins qui mit fin à cette " prise
d'une petite bastille locale ". Le marchand de draps sauva
sa vie en s'enfuyant à Issoudun.
Pourtant, force resta à la loi puisque
les meneurs furent arrêtés et condamnés.
Par mi les rumeurs de ces jours de juillet 1789, dans les provinces
et à Bourges comme en Nivernais et en Limousin, ce fut
" la Grande Peur ", c'était la peur des brigands
qui pillaient disait-on les villes et les campagnes.
Bourges ne comporte que 50 cavaliers pour défendre la
ville.
Devant cet état de fait, à
Bourges, les élus municipaux convoquèrent la population
pour former des " comités Militaires ". La sécurité
publique devenait peu à peu sous la coupe de la population
dans les 4 quartiers de la ville. Pour la première fois,
le citoyens de Bourges s'organisèrent et s'armèrent
pour lutter contre " la Grande Peur " . Bourges eut
alors sa garde municipale, et tous les hommes et même les
femmes de 18 à 60 ans pouvaient être d'astreinte,
et le clergé lui-même en faisait partie !
En 1791, la garde nationale à Bourges
comprendra 1200 personnes.
On retrouve des personnages comme Soumard de Villeneuve et l'étonnant
Abbé Joly. On note aussi la présence de Cristo,
Clamecy le futur maire.
Trois mois cruciaux
Les historiens modernes affirment aujourd'hui
que tout s'est décidé dans les 3 mois qui ont suivi
le 14 juillet symbolique, cette Révolution va durer une
dizaine d'années et tout bascule de juillet à septembre
1789.
Les révolutionnaires et les plus
modérés à Bourges commencent à se
déterminer. C'est le maître des eaux et forêts,
Rémond qui fut élu par proclamation au comité
de Saint Sulpice, malgré ses fonctions. Et on lui a adjoint
deux personnages plus révolutionnaires, Regnaud et Labouvrie.
Les premières municipales
C'est le travail de la fin de l'année
1789, avec la préparation des premières élections
municipales de Bourges. Et le premier scrutin fut cassé
par Clément de Beauvoir pour fraude indiscutable.
Lors des élections, le maire fut
élu, c'était un notable Vivier de Boiray, il y
avait dans son conseil municipal Cristo, Soumard de Villeneuve,
Gambon, Haslay, alors que le premier révolutionnaire,
Michonnet est battu.
Le procureur de la ville, c'est Patrocle
de Joly, un prêtre franc-maçon.
La départementalisation
Ce fut l'uvre essentielle de cette
période, avec la séparation du Berry en deux :
le Cher et l'Indre. Le duc de Charost et Sallé de Choux
vont beaucoup travailler sur le sujet.
Finalement, Bourges et Châteauroux se partagent les biens,
en laissant Issoudun, dont personne ne voulait comme chef lieu
de département. Quant à la ville de La Charité,
qui voulu être dans le Berry, son maire, Buttet fit tout
pour l'empêcher. Et la ville se retrouva dans le Nièvre.
La fête du 14 juillet 1790
Elle est préparée depuis
le 7 juillet, et tout commence par une messe à la cathédrale,
puis chacun se rend place Séraucourt, et le soir se déroulent
de grandes illuminations. Le seul frein à ces fêtes,
c'est le manque d'argent, il n'est affecté que 600 livres
à cette commémoration.
Clouet, l'architecte fait élever place Séraucourt
un autel de la Patrie.
Et la fête commence
. Sans le
maire Vivier qui est malade. C'est Haslay qui fait office de
président, et place Séraucourt, l'estrade avec
ses 6 colonnes est magnifique, sur chaque colonne, les mots NATION,
LOI, ROI, LIBERTE, EGALITE et UNION. On remarque que le roi est
toujours présent.
Il y eut un défilé, et des discours prononcés
par Joly, procureur de la commune, Rémond, le capitaine
de Saint Sulpice et Haslay, le premier officier municipal. Chacun
de dire qu'il faut rester fidèle à " la Nation,
au Roi et à la Loi ". Ces trois hommes, pour la petite
histoire sont francs maçons.
Le 1 er octobre 1791, l'Assemblée
Législative vient remplacer l'Assemblée constituante,
laquelle avait fait une uvre colossale.
La société des Amis
de la Révolution
La mise en place des club s'effectue de
manière lente, car le Berry reste modéré.
Mais les Jacobins de Bourges veulent faire comme leurs collègues
de Paris, car c'est là que tout se passe.
Parmi les leaders de cette société, on a Michonnet,
mais aussi Bonneau, Boutin, Witas
Il s'agissait "
d'éclairer le peuple ", et les mots utilisés
sont " hommes éclairés ", " esprit
du peuple " ou encore " bien public ".
Pour entrer dans cette société, il fallait avoir
fait preuve de patriotisme, et
payer une cotisation.
Dans un premier temps, ces sociétés ont des sentiments
philanthropiques et les appels sont pour l'union et la concorde.
C'est avant tout à Bourges, la modération.
Mais tout va aller assez vite puisque les
municipales de 1791 portent Michonnet comme maire de Bourges,
il passe alors de plus en plus pour un révolutionnaire
convaincu.
Le clergé en ligne de mire
C'est sans doute un des corps sociaux les
plus mal traités dans cette période de la révolution.
Le 13 février 1790, c'est la suppression des Ordres et
des Congrégations.
Puis ce fut la constitution civile du clergé.
La tension va être à son comble
lorsque le 8 mai 1791 arrive l'évêque Torné,
qui vient prendre soin siège à Bourges.
Tout avait commencé avec le refus de l'archevêque
en place Mg de Puységur vis à vis de la nouvelle
loi, et il
alla se réfugier à Londres. L'évêque
devait être élu, ce qui se fit le 20 mars 1791,
et arrivèrent en tête, un curé, Poupart et
Charrier de la Roche. l'élection demanda donc 3 tours
de scrutin et c'est Charrier de La Roche qui l'emporta par 116
voix sur 118 votants.
Ce dernier fut élu à Bourges dans l'allégresse
générale, sauf nous dit Lemas, qu'il fut aussi
élu à Rouen
et il choisit Rouen !
Le 11 avril, nouvelle élection, les électeurs
retournèrent donc aux urnes et ils élisent Pierre
Anastase Torné, un ancien prédicateur du roi,
et auteur de plusieurs études sur les nécessités
de la Révolution. Et Torné devint le premier évêque
constitutionnel de Bourges.
Son arrivée à Bourges le
8 mai 1791 fut l'occasion d'une grande fête, il arriva
en grand apparat, et cela ne passa pas inaperçu.
Bourges et la fuite de Varennes
Bourges et le Cher, dans des périodes
clés, reste toujours monarchiste, lorsqu'il apprend le
20 juin 1791 la fuite du roi Louis XVI et son arrestation à
Varennes. C'est un tournant de la Révolution. A Bourges,
très modéré, on croit tout d'abord à
un enlèvement, le " bon roi " ne peut pas avoir
de lui-même voulu quitter son royaume et son peuple !
Mais le travail alors est de maintenir le calme et les extrêmes,
et défendre la Constitution.
Car, avec la confirmation de cette trahison du roi, les révolutionnaires
de Bourges et du cher se déchaînent, pour eux, c'est
un complot qui vise à anéantir la révolution
au moment où se termine l'uvre de la Constituante.
Le résultat de la Constituante
est en effet un des actes les plus importants de toute notre
Histoire de France. Songez que l'on a mit en place :
- la déclaration des droits de
l'homme
- la protection de la liberté individuelle
- la liberté de conscience et de religion
- l'admission des juifs et des protestants au droit de cité
- la nouvelle organisation du royaume (départementalisation)
-l'organisation judiciaire
-la refonte de la fiscalité
- la constitution civile du clergé
- l'égalité des enfants devant l'héritage
-la mise en place d'une unité de mesure universelle (mètre,
gramme)
- la liberté du commerce et de l'industrie.
Aujourd'hui, il est de bon ton de voir
les excès de la Révolution, et il y en eut, mais
chacun oublie ce qui a été réalisé,
et en un temps très court. Dans un pays qui refuse toute
réforme quelle qu'elle soit, l'uvre de la Constituante
a été un miracle.
Les législatives du 29 août
1791
Les élections législatives
qui vont suivre très normalement la fin de l'assemblée
constituante se déroulent à Bourges à l'église
des Carmes comme en 1789. Elles sont organisées par Robinet
et Boutin.
A noter et cela est intéressant,
que sous l'impulsion de Robespierre, la Constituante avait interdit
aux députés de l'ancienne assemblée de pouvoir
se présenter à la nouvelle. Aussi dans le Cher,
ce sont 6 nouveaux qui vont être élus :
Torné, l'évêque
Foucher un notaire
Sabathier
Fouquet
Huguet
Cartier Saint René.
Ce sont semble-t-il de " vrais révolutionnaires
", élus sous l'action forte du Club des Amis de la
Constitution de Bourges qui écrira d'ailleurs :
" La Socité des Amis de la Constitution, toujours
animée de ce zèle intrépide qui caractérise
le vrai patriotisme, fidèle au principe inviolable qu'elle
s'est fait, et de tout sacrifier au bien public, et pour perfectionner,
s'il est possible, notre sublime constitution
combien il
est intéressant que la seconde législative soit
composée de vrais patriotes ".
Puis à la suite de ces élections,
c'est en septembre 1791, l'élection du président
du tribunal criminel, et Louis Augier est élu, Dubois
devenant accusateur public. Ce tribunal va fonctionner ainsi
jusqu'au 26 septembre 1793 et il faut noter, ce qui est rare
à Paris par exemple, que sa modération ne se démentira
jamais.
Encore des élections, au Conseil
général du département du Cher avec cette
fois Buchet, Dupré et Regnault d'Orval, mais deux grandes
figures de cette époque vont émerger :
- Heurtault de Lamerville, qui devient
le premier président du conseil du département.
C'était un révolutionnaire modéré,
homme de grande valeur. Il dira " qu'il n'oubliera jamais
que son premier devoir était de vivre libre, sa première
gloire de penser en citoyen français ".
- Sigaud de Lafond, un des grands hommes de sciences expérimentales
de l'époque : chimiste, physicien, et il va s'intéresser
à l'électricité.
Donc, septembre 1791, la France a une
Constitution (le 3) et le 7 octobre, le Roi qui est toujours
la fera un discours de mise en place des députés
de la nouvelle législative.
Le paradoxe, c'est que le royaume est toujours
présent, le roi aussi, et chacun pense que la révolution
est terminée.
A suivre