la prostitution et les maisons de passe - Bourges Encyclopédie

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LA PROSTITUTION ET LES MAISONS DE PASSE A BOURGES

Par Roland NARBOUX (avec l'aide du livre de Jean François Donny et de André Rousseau).

Bourges, et un sujet sérieux, la prostitution fait partie de l'Histoire et le sujet est assez difficile à traiter.

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Version 2015

 

La loi du 13 avril 1946 est un tournant dans les moeurs de nos contemporains. En effet, c'est le jour d'entrée en application de la loi dite Marthe Richard, sur la fermeture des Maisons de Tolérance.


Le Conseil Municipal de Bourges et son maire publient plusieurs articles sur les Maisons de Tolérance, situées 7 et 7 bis rue de l'Ile d'Or, et tenues par madame Rouquette pour l'une et "conjointement" par Monsieur Nicol et Mademoiselle Bouquet pour l'autre. Elles devaient cesser leur commerce.

Il est ajouté que les locaux devront être désaffectés, et pourront être utilisés comme logements. Enfin, les licences sont retirées aux tenanciers, sans aucune indemnité.


L'histoire de Monsieur Nicol, que chacun appelait "Monsieur André", a fait l'objet d'un chapitre du livre sur les "bordels de Bourges " publié par Jean-François Donny. Ainsi, Monsieur André, qui rêvait de placer à la tête de son "prestigieux" établissement le jeune Guy Camus, est fort dépité par ces récents événements et se retire dans sa maison de la route de Saint Michel. On le verra encore passer parfois à bord de sa Mercédès rouge, il avait bien quitté la profession.
Monsieur André mourra le 17 juillet 1970, à son domicile, "la nouvelle va circuler en ville très rapidement et il y eut une foule considérable à ses obsèques". C'est la fin des "bordels" officiels de Bourges, c'est la fin d'une époque.......



La prostitution étant semble-t-il le plus vieux métier du monde, à Bourges comme ailleurs, il y avait des "maisons de passe". Les lieux les plus glauques de Bourges étaient situés au pied des remparts.

On notera la "cour des miracles" située à l'entrée de l'impasse des Juif, situé rue des Juifs, et aussi dans le quartier Avaricum. On cite aussi une drôle de maison, située place de la Préfecture, c'est une bâtisse très étroite, elle est penchée, et lorsque les guides conférenciers promènent leurs touristes, ils citent cette maison comme étant, selon la légende, une maison de passe. Et pour en rajouter, elle est penchée suite aux ébats des hommes et des femmes....

Mais c'est à partir des années 1870, date de la création d'un régiment d'artillerie à Avord que se structure la prostitution à Bourges. Il faut en effet s'occuper de la santé, si l'on peut dire de plus de 6000 militaires d’infanterie.

On notera à partir de ces années, plusieurs dizaines de maisons clauses et jusqu’à une centaine de prostituées.

 
Jean-François Donny dans son ouvrage "Les Petites Bottines" fait l'historique de ce métier à Bourges. Il donne les noms et les lieux des maisons de passe au cours des ans, et donne aussi de savoureuses anecdotes.
A noter qu'en 1816, les services de police notent la présence dans la ville de 36 prostituées.
 
 
A ces époques de l'entre-deux guerre, le sida n'existe pas, mais le danger, c'est la syphilis fait des ravages dans les régiments des artilleurs et plus tard dans les agents et pilotes de la base militaire d’Avord .
 
Les maisons de passe d'autrefois :
 
On distingue dans les maisons de passe les plus célèbres de Bourges :
Rue sous les Ceps, le N° 1 et le N°4, qui ont fonctionné depuis le second Empire et qui avaient pour nom, le Soleil et la Lune. On appelait ces deux "bordels", les Petites Botines. Ce sont les maisons closes les plus célèbres de la ville, situées derrière la rue Mirebeau, le long de l'Yèvrette.
( en 1946, il y a encore 5 filles au N° 1 et 8 ou 10 au numéro 4).
 
Autre bordel important, celui de l'Ile d'Or, rue de l'Ile d'OR, vers la place Rabelais.On allait au 7 de la rue de l'Ile d'Or, dans un bel immeuble confortable. Il aura ensuite très mauvaise presse, car ce sera le bordel des Allemands durant les 4 ans de l'Occupation.
Il y a aussi la guerre et l'Occupation et rien ne change."On se surprend au maudire les filles d'un bordel travaillant pour les boches pendant la seconde guerre mondiale".
Ce lieu selon André Rousseau sera "un lunapar de luxe", il raconte, étant adolescent, ce qu'il a vu au lendemain de la Libération de la ville :
" Nous sonnâmes, une jeune femme affolée nous laissa entrer dans ce lieu désert et déserté. En face de nous une grande salle, ornée de fresques libertines réalisées, je l'appris plus tard, par l'artiste berruyer Roger Rabot, dit Régor. Des petites alcôves autour et un grand escalier menant aux chambres et qui, bien sûr, nous y conduisit. Nous nous attardâmes dans l'une d'elles, sautant sur le lit, découvrant la garde-robe, jouant avec les dessous féminins que nous y trouvions. Nous tombâmes même sur deux boîtes, l'une contenait des cigarettes et l'autre des billets de banque. Que croyez-vous que nous emportâmes ...Les cigarettes, bien entendu !"
 
Puis, le 7 rue de l'Ile d'Or fut réouvert, et devint dans l'après guerre, le rendez-vous des berruyers qui venaient le samedi soir "s'encanailler" sous la surveillance de madame André, laquelle tenait la caisse au bas de l'escalier, forte femme à la fois de corpulence et de caractère.
 
Après la loi Marthe Richard, madame André prit l'Hôtel La Bécasse, face à la gare alors que son mari, qui portait toujours un chapeau vert était au Petit Elysée, chaussée de Chappe.
 
"Le Nouméa" et "L’As de Pique", deviennent des bordels très fréquentés, ils sont situés dans le quartier Carnot, dans le chemin Bossu d'autrefois devenu la rue Faidherbe, les deux établissements se faisaient face.
 
L’interdiction des maisons de tolérance en 1946 n’a pas vraiment amélioré les choses puisqu’elle n’a fait que modifier les structures mais les filles ont continué leur métier, avec beaucoup moins de contrôle. Ce fut le moment de la clandestinité avec les dérives mafieuses et délictuelles que cela implique. La légalité des maisons de passe permettait pourtant à l’Etat d’avoir une forme de contrôle sanitaire et une assez bonne connaissance de ce commerce un peu à part.
 
Dans les années 1970, j'avais rencontré un Inspecteur des Impôts, (Jean T.) assez proche de la retraite. Il racontait comment il opérait lorsqu'il allait dans les maisons de passe afin de prélever l'impôt qui était du à la ville (ou à l'Etat). Tout se passait avec beaucoup de professionnalisme et il lui arrivait en sortant de voir les "belles", nues, l'accompagner jusqu'à la porte.
 
 
 
Aujourd'hui, qu'est devenu à Bourges la prostitution ?
 
C'est une question qui est très souvent posée par les visiteurs, les curieux. Où sont les "endroits chauds" de la ville ?
la réponse n'est pas simple, pendant une longue période, la prostitution s'est réfugiée dans le quartier de Carnot-pyrotechnie, simplement parce que l'on est à proximité de la dernière grande école militaire, l'ESAM de Bourges.
 
On retrouve dans un article de l'Agitateur que "le milieu de la prostitution à Bourges est sinistré. On a bien recensé il y a deux ou trois ans un bar à hôtesses (hélas interdit depuis), ou encore l’ouverture récente de "salons" de massages très particuliers, mais rien qui n’ait la classe des lieux de débauche d’autrefois. Cependant, bien que plus discrets, les berruyers n’en demeurent pas moins des chauds-lapins. Un signe ne trompe pas : ce sont encore les sex-shop qui enregistrent les plus faramineux bénéfices parmi les commerces de la cité de Jacques Coeur qui abrite d’ailleurs l’une des plus grandes stars du porno-trash, Eva, du fameux sex-shop du même nom.
 
Ces dernières années, la prostitution, à Bourges, a eu un lieu largement connu : le lac d'Auron, vers le bord de la Rampenne, du côté de la plage. mais ce fut assez vite le rendez-vous d'une prostitution ou de rencontres homosexuelles. Ce lieu prenant la suite à partir des années 1980, d'un lieu situé en centre-ville, sur les pentes de la place Séraucourt où se trouvait un urinoir, qui était le lieu de rendez-vous.
 
Quant aux dames, pourchassées et sans domicile fixe connu, elles se sont équipé avec des véhicules de type camionnettes ou camping car pour les plus aisées, et attendent le client sur un parking discret, que ce soit boulevard de l'industrie ou place Séraucourt ou encore au lac d'Auron.
 
Pour en savoir plus sur l'histoire, le seul ouvrage sur ce sujet :
"Les Petites Bottines", de Jean-François Donny. Editions Christian Pirot.
        à suivre

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