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- Un jardin symbole de l'art déco
des années 1925. C'est une des merveilles méconnues
de Bourges. Là, autrefois, sur des espaces immondes, les
maraîchers cultivaient le chanvre, et les protestants du
XVI ième siècle déclamaient les strophes
de Clément Marot.
Henri Laudier lorsqu'il accède
à la mairie de Bourges en 1919 veut modifier et embellir sa ville.
Cette zone nauséabonde est une entrée de Bourges,
aussi bien par la route que le chemin de fer. Il décide
de remplacer ces marais par un jardin. Ce sera un jardin à
la française. Mais les difficultés techniques sont
considérables, et les finances de la ville souffrent de
cette volonté municipale. Pendant les travaux qui dureront
10 ans, ce sera " le gouffre des Prés Fichaux ".
Car le lieu est un immense trou, et le gouffre est concerne aussi
les finances des Berruyers qui n'apprécient guère
le projet. Le jardin, oeuvre du paysagiste
local Paul Marguerita, sera terminé en 1930 et inauguré
un 30 juin. La population
ne sera pas présente le matin lors de la visite officielle,
ni le représentant du ministère.... Tout le monde
boude le maire !
Le soir, avec un feu d'artifice, les Berruyers viendront en masse,
et ils découvriront un espace magnifique, de verdure de
fleurs et de sculptures. Dans les sous-bois, le touriste découvre
un grès de Dalou, " le Paysan ", ou " harmonie
" un nu masculin du grand sculpteur Joseph Antoine Bernard.
Ce bronze en cire perdu est de 1910, c'est une oeuvre majeure
de cette époque.
Le jardin, depuis plus de cinquante ans, a conservé ce
style d'art-déco, avec parfois des plantations nouvelles
et originales, comme les plans de tabac, et aussi quelques éliminations
par le temps de sculptures comme
les vases monumentaux de Patou disparus dans l'hiver 1954. Ce
jardin reste un des plus beaux de cette époque existant
aujourd'hui en Europe. Sa roseraie, ou le Théâtre
de verdure, qui comprenait jusqu'à 1000 places assises
faisaient des envieux dans les villes voisines.
Il est aussi le rendez-vous des mélomanes qui peuvent
écouter de la musique de tout genre, des fanfares et des
groupes de folklore local. Cette musique portent au souvenir
des galas d'autrefois. On appelait ces animations du Music-Hall
et le programme pouvait être alléchant. Le 4 juillet
1948, deux spectacles sont programmés avec le tout de
chant d'Edith
Piaf, accompagnée
par les Compagnons de la Chanson.
A suivre, le discours inaugural prononcé
par Henri Laudier le 22 juin 1930 : >>>cliquer
ici
L'HISTOIRE
DU JARDIN DES PRES FICHAUX
Un dossier se présente dès
le 23 octobre 1920, au conseil municipal, après l'élection
d'Henri Laudier comme maire de Bourges. C'est déjà
"l'affaire des Prés-Fichaux". Le principe de
la création d'un jardin public limité par le boulevard
de la République, l'allée des Soupirs et le cours
Beauvoir est adopté, reste à acquérir les
terrains. Le 7 janvier 1921, une lettre est adressée à
Mme de Bourbon, laquelle possède plusieurs parcelles de
ce terrain. Cette dame n'ayant pas répondu elle-même
à ce maire socialiste, c'est son notaire qui réclame
un prix conforme à celui d'un terrain à bâtir
! Laudier n'est pas très content, il dira :
"Ces
prétentions sont inacceptables, étant donné
que les terrains sis au lieu dit Les Marais des Prés-Fichaux
ne sont pas des terrains à bâtir, en raison de la
nature du sous-sol; d'ailleurs il y a lieu tant au point de vue
hygiène qu'au point de vue esthétique, de faire
disparaître cet îlot insalubre et de le transformer
en embellissant et assainissant à la fois, cette partie
de la ville".
Laudier écrit à nouveau le
10 février à Mme de Bourbon pour trouver une solution
à l'amiable. Quant aux parcelles appartenant aux hospices,
il y en avait quelques unes, sur le terrain du futur jardin.
Après discussion, l'acquisition est votée pour
un prix de 125 000 francs. Ainsi commence cette aventure des
Prés-Fichaux, elle va diviser les Berruyers pendant une
décennie.
Pour Laudier et la municipalité,
l'aménagement des Prés-Fichaux est une priorité. Il s'agissait d'améliorer l'entrée
dans la ville de Bourges, et d'éliminer un terrain fait
de marécages nauséabonds. Jusqu'à la fin
des travaux, et pendant une dizaine d'années, Laudier
subira la réprobation de ses concitoyens sur "
les dépenses somptuaires considérables qui ne s'accordent
pas avec les ressources, si précaires de la ville, qu'elle
doit laisser en souffrance des travaux urgents.... "
c'est le ton d'une protestation du mois de mai 1921 signée
par 21 personnes et envoyée à Laudier.
C'est un an après son élection
que Laudier commence à parler de ce jardin. Le Bulletin
Municipal Officiel signale le fait dans la séance du 23
octobre 1920, en considérant que le terrain dit "Marais
des Prés-Fichaux" est insalubre, que "l'étendue
des jardins qui sont cultivés sur ce point ne présente
pas un intérêt tel que leur maintien est indispensable
à l'heure actuelle", mais l'argument majeur, c'est
que la nature du sous-sol ne permet aucune construction.
La lutte pour imposer ce jardin ne va pas être de tout
repos. Il faut reconnaître que le Maire comptait sur la
notion "d'hygiène publique", mais plusieurs
enquêtes sur le sujet démontrèrent aussi
que le caractère d'utilité publique n'était
pas évident, et enfin que les Prés-Fichaux étaient
"occupés depuis des temps immémoriaux par
des jardins ouvriers parfaitement entretenus".
Il y a dès le début de l'opération, un doute
énorme sur l'utilité de ces travaux. Aussi Laudier
se jette-t-il dans le combat pour son jardin et le 14 mai 1921,
après lecture des protestations et de l'enquête
Commodo et Incommodo, le conseil municipal maintient les termes
de sa délibération du 19 février 1921 et
"demande
que la déclaration d'utilité publique du projet
soit prononcée, et charge le citoyen maire de toutes démarches
utiles".
L'Avant-Projet qui a reçu un avis
favorable de la Commission du Vieux-Bourges est présenté
à l'ensemble des conseillers municipaux en janvier 1923.
Le jardin se présente alors avec une grande pelouse, une
roseraie, un théâtre de verdure et de nombreux massifs.
C'est l'image du jardin tel que nous l'admirons aujourd'hui,
en cette fin de XXe siècle. Il faut dire que les "Avant-Avant
Projets" étaient sensiblement différents.
Dans les Archives Départementales du Cher, figure un plan
qui est daté du 1er avril 1920 ; il est signé Paul
Margueritat, mais il comprend essentiellement un immense jardin
"à l'anglaise", fait de grands arbres et de
taillis. L'Avant Projet qu'Henri Laudier défend en janvier
1923 est aussi de Paul Margueritat, mais c'est un "jardin
à la française". Sur le plan de l'esthétique,
il y a unanimité, ou presque. C'est sur les moyens techniques
et financiers que les Berruyers vont se diviser.
Laudier veut séparer l'opération
en deux phases très distinctes. Une première pour
les travaux d'infrastructure : c'est l'aménagement et
l'assainissement du terrain. Pour le financement, il sera possible
"d'obtenir une subvention sur le produit des jeux, que nous
nous efforcerons d'obtenir la plus élevée possible".
Puis le principe de laisser passer un hiver à l'issue
de cette première phase est acquis, cela permettra d'obtenir
le tassement du terrain aménagé. La seconde phase
sera consacrée aux travaux d'infrastructure, aux plantations,
au théâtre de verdure, à l'éclairage...
etc et l'opération s'étendra sur les deux exercices
de 1923-1924.
A l'issue de cette discussion très technique, le citoyen
Griffet s'inquiète de la présence possible des
moustiques, étant donnée la nature du terrain.
Il ajoute : "il serait regrettable d'avoir un jardin où
personne ne pourrait aller".
Au mois de novembre 1924, dans plusieurs magasins de la rue
Moyenne, les premières esquisses de Paul Margueritat avaient
été exposées ; elles comprenaient un
plan d'ensemble, ainsi que différentes vues panoramiques.
Quelques détails techniques étaient présentés,
la terrasse sera supportée par quatre puits de béton
descendus à quatre mètres de profondeur.
La construction de ce jardin, entre le premier projet et l'inauguration,
représentera 10 années de lutte et de travail.
Ainsi plusieurs ouvrages de maçonnerie, exécutés
en octobre et novembre 1928, devront être refaits ; ils
avaient été endommagés par le gel. Et la
liste des "travaux imprévus" va s'allonger au
cours des dernières années de finition. Il n'y
aura pas de réunion du conseil municipal sans que le sujet
du "Parc des Prés-Fichaux" ne soit abordé.
La séance du conseil municipal de
Bourges du début de l'année 1930 est assez significative
de cette "aventure des Prés-Fichaux". Laudier
commence à demander un nouveau crédit de 200 000
francs pour le jardin plus 160 000 francs concernant la voierie
pour les accès, soit un total de 360 000 francs. Il argumente
sur le fait qu'il s'agit de la dernière tranche de "l'aménagement
du parc public dans les marais des Prés-Fichaux".
Et comme il s'attend à des réactions de la part
de ses collègues, il ajoute avec une précaution
toute berrichonne :
"J'ai fait
préparer le décompte général de toutes
les sommes, de tous les prétendus millions que nous aurions
engloutis dans les Prés-Fichaux, à en croire certaines
légendes".
Et le premier magistrat de la cité
de récapituler toutes les dépenses de 1922, avec
18 150 francs, jusqu'à l'année 1929 pour 201 169
francs .... en terminant par les 360 000 francs demandés
ce jour. Le total est de 1 808 926,30 francs, et la subvention
obtenue sur le produit des jeux a été de 300 000
francs. Il termine son propos par ce justificatif de son action
:
" On peut
nous reprocher d'avoir mis longtemps pour l'exécuter.
Il est peut-être préférable de l'avoir exécuté
par petits coups et échelonné sur plusieurs exercices,
cela nous a permis de trouver la pilule moins amère. Nous
sommes arrivés à nos fins et nous n'avons pas fait
les dépenses voluptuaires excessives qu'on prétend."
Aussitôt après ces paroles,
le conseiller municipal Maurice Boin s'exprime, il n'est pas
d'accord avec les crédits demandés par son maire,
mais il les votera tout de même, car "tout travail
commencé doit être terminé." Et puis,
il développe une argumentation sur les choix en matière
de dépense. Ainsi, par rapport aux prêts de 2 millions
du coût des Prés-Fichaux, il signale que "les
toits des écoles sont transformés en écumoir,
que les bouches d'égoûts sont dans un état
lamentable, et la réfection totale ne coûterait
que 100 000 francs". Boin poursuit avec les primes de natalité
qui ne dépassent pas 3000 francs par an ; il souhaite
que l'on achève rapidement le jardin en cause et que "nos
efforts s'orientent vers des tâches plus utiles".
Laudier répondra de manière précise à
l'argumentation, demandant à Boin de formuler des critiques
de manière plus positive. Il se défend en évoquant
qu'avec la construction du jardin " nous avons fait
travailler de nombreux sans travail, des chômeurs : tous
ces vieux que nous avons occupés, il aurait fallu leur
donner des indemnités de chômage... Nous avons fait
oeuvre sociale et oeuvre utile".
Et les 360 000 francs demandés par Laudier sont votés,
les Prés-Fichaux vont pouvoir se terminer, et le Maire
espère que ses concitoyens apprécieront l'oeuvre
ainsi réalisée.
Bulletin Municipal Officiel 1922 (sur
séance de 1920)
Bulletin Municipal Officiel BY P11 1930
Les Sculptures de Bourges Roland Narboux
LES PRES-FICHAUX
ENFIN INAUGURES
Après avoir bataillé une
dizaine d'années, Laudier, avec une volonté et
une énergie remarquable, va arriver à ses fins
: le 30 juin 1930, les Prés Fichaux sont inaugurés.
Pour transformer ce marais des "Pretz-Fichault" dans
lesquels les protestants allaient chanter les psaumes de Clément
Marot, en un superbe jardin à la française, il
aura fallu de l'argent, et aussi des compétences techniques.
Sur une surface de 4,5 hectares,assez modeste, Paul Margueritat
a su recréer un jardin à la fois sobre et grandiose.
Il a fallu ramener 100 000 mètres cubes de terre et de
remblais ainsi que des centaines de mètres de canalisations
souterraines, et plus de 6 kilomètres de drains en poterie.
L'inauguration de ce 30 juin ne commence
pas sous les meilleurs hospices. Le cortège des personnalités
s'ébranle, mais la foule n'est pas au rendez-vous : le
berruyer boude. On lui a tellement dit que ce jardin avait été
un gouffre financier qu'il ne s'est pas déplacé.
Et puis, la cérémonie devait être présidée
par Monsieur Paul Léon, Directeur des Beaux Arts de Paris,
mais il n'est pas là. Il est malade.... maladie réelle
ou diplomatique, nul ne sait. C'est Laudier qui dévoile
la plaque commémorative de cette journée, au pied
de la terrasse. Cette plaque est toujours visible, elle précise
que M. Paul Léon est venu ce matin là... etc...
en réalité, c'est faux. Le grand homme avait fait
"faux bond".
La visite du jardin commence à la
terrasse avec une superbe vue panoramique de l'ensemble en contre-bas,
un bas-relief de Vital Coulhon, représentant un couple,
c'est "l'Eternelle Tourmente". Le cortège, assez
maigre, parcourt la centaine de mètres de la pelouse,
avec des ifs délimitant les allées. Puis c'est
la visite des bassins, au centre desquels trône un magnifique
marbre de Blanchard : "Diane Surprise".
De part et d'autre du bassin, le "clou" du jardin,
ce sont les deux vases monumentaux de Sèvres, dûs
aux ciseaux de Patout, ils sont hauts de près de 6 mètres.
La roseraie est visitée, avec le "Dieu Pan"
et deux petits vases de Sèvres, ce sont "de magnifiques
taches blanches sur l'émeraude des pelouses latérales".
Laudier termine l'inauguration par le théâtre de
verdure dont l'entrée était alors gardée
par deux "Centaures" de Monard.
Le programme de la journée distribué ce 30 juin
1930 signalait que "ce vaste jardin, typique de l'Art Déco,
aux nombreuses formes végétales sculptées,
des cornes de magnolias, des arcades d'ifs, est ordonné
autour d'un grand tapis vert". Il faudra attendre l'après
midi pour que Laudier savoure sa victoire, après une matinée
semi-ratée, les berruyers, l'après-midi vont se
précipiter et ce sera l'émerveillement : le jardin
des Prés-Fichaux de l'avis de tous, est un des plus beaux
d'Europe.
Le discours d'Henri Laudier :
Monsieur le préfet,
Mesdames,
Citoyens,
A supposer qu'un Berrichon revenant
d'un lointain voyage, et après plusieurs années
d'absence, s'aventurât dans ces parages, ne pensez-vous
point qu'il y trouverait un certain changement ?
Au lieu et place des marécages qui déshonoraient
un des coins, cependant des plus agréables de notre belle
cité, voici que s'élève maintenant ce magnifique
jardin à la française, qui, comme toute uvre
humaine d'ailleurs a été tant critiquée
par d'aucuns, et qui, demain sera prisée par tous.
Il faudrait en ce jour un poète,
un chantre aux accents fins et délicats, pour magnifier
l'effort accompli depuis des années qui vous ont paru
bien longues, et je ne suis, hélas, qu'un profane, dont
il faudra cependant, au lieu du régal que vous espériez,
vous contenter du détestable brouet.
Mais malheureusement pour vous, je n'ai
pu, en raison d'une maladie, obtenir pour cette solennelle inauguration
la présence inestimable de l'Homme qui est le Surintendant
de la beauté, de celui qui protège, encourage les
artistes qui sont l'honneur du Pays
. Je veux parler de
M. Paul Léon, membre de l'Institut, Directeur Général
des Beaux-Arts.
Cette réalisation ne déparera
point trop, je l'espère notre, notre collection déjà
riche , puisque, aussi bien, on a pu dire que Bourges était
la " Cité des jardins ".
Sans avoir la prétention d'égaler ce pur joyau
de Lenôtre, enchâssé entre notre Hôtel
de Ville et notre majestueuse Cathédrale, , il est cependant
permis d'espérer que ce bijou que nous allons attacher
à la couronne princière de monuments et de chefs
d'uvres dont se pare notre antique cité, ne sera
point de mauvais aloi.
.Je ne vous rappellerais pas que
c'est en octobre 1920 que le conseil municipal sur ma proposition
décida l'acquisition des terrains des Prés Fichaux
.
Dût leur modestie en souffrir,
il me faut bien vous en parler. Je citerai tout d'abord M. Paul
Marguerita, le distingué architecte paysagiste de la Ville,
qui en a dressé les plans et dirigé l'exécution.
Avec lui, je n'aurai garde d'oublier le corps des jardiniers
municipaux.
Enfin, il me faut rappeler que
nous avons reçu un subside important de l'Etat, sur le
produit des jeux, au titre d'assainissement, ce qui, dans une
mesure assez sensible a facilité notre tâche.
. Oui cette journée est
grande et belle, qui voit le couronnement de tant d'efforts pour
le bien de tous. Car c'est pour tous, vieux, jeunes et tous petits
, c'est pour toutes les classes de la société,
mais surtout pour le peuple que nous avons voulu créer
ce lieu de quiétude et de délassement.
Et comme le bon ouvrier qui au
soir d'une rude journée, se recueille paisible et satisfait
au sein de son foyer, à notre tour, au milieu de vous
tous, au milieu de la grande famille berruyère qui est
nôtre, nous pouvons regagner simplement notre place.
Demain des générations nouvelles fouleront
le sol de ce site enchanteur
et toutes les beautés
qu'il recèle, ils évoqueront avec tendresse les
vers d'Emile Deschamps, ce poète que nous célébrons
en cette semaine :
Bourges où j'ai connu le sourire et le jour,
De mes tous premiers ans, ô maternel séjour.
je fus loin de ton sein jeté par une trombe
Enfant déraciné comme un frêle roseau.
Mais, n'importe où le sort doit élever ma tombe,
Ma dernière pensée ira vers mon berceau.
Aujourd'hui encore, il demeure,
malgré la perte de plusieurs de ses statues d'origine,
et leur non-remplacement, ce qui constitue, pour les Municipalités
successives, une faute, l'un des fleurons de la Ville de Bourges.
Le Théâtre
de Verdure des Prés Fichaux
Le Théâtre de Verdure des
Prés Fichaux a été construit dès
l'origine du jardin, voulu par le maire Henri Laudier et qui
est l'oeuvre de Paul Marguerita. On y entrait par des portiques,
et des sculptures qui représentaient des Centaures, oeuvre
de Monard. Les Centaures semblaient garder l'entrée.
Il a été réalisé de 1922 à
1930 (inauguration le 30 juin 1930).
Le théâtre de verdure est bien dans l'esprit de
Laudier, d'avoir un lieu de "spectacle et d'animation "
populaire. Ce qui est remarquable, c'est que ce théâtre
pouvait accueillir (et aujourd'hui encore) près de 1000
personnes assises, je crois que c'était 960 places, avec
une scène, des loges de part et d'autre de la scène,
et la "salle comprenait un parterre et en demi-cercle des
petits étages, mais aussi des "loges", qui étaient
comme dans un vrai théâtre, sur les côtés,
elles comprenaient 4 à 6 places assises.
On a retrouvé le plan de positionnement des chaises, elles
étaient numérotées, mais il ne fallait pas
être trop gros !
Edith
PIAF A BOURGES
Ce théâtre de verdure était
comme aujourd'hui en plein air, et par exemple en 1948, les Berruyers
ont pu venir admirer Edith Piaf avec les Compagnons de la Chanson.....
Nous avons reçu ce témoignage
de madame Simone Lacoud :
"Je lis ce jour
4 septembre 2006, un article sur Edith Piaf aux Prés Fichaux,
avec un point d'interrogation. Et bien j'ai assisté à
ce spectacle un jour d'été, je ne me souviens plus
l'année, et pourtant cela est resté dans ma mémoire,
comme si c'était hier. Avec évidemment les Compagnons
de la Chanson. Tous ces airs résonnent encore dans mes
oreilles"
- Jacques et Réjane
Barraud ont eux aussi assisté à ce concert, voici
ce qu'ils ont écrit à L'Encyclopédie :
- Oui, Edith Piaf est
bien venue y donner un spectacle avec les Compagnons de la Chanson
au début de juillet 1948. Le spectacle était en
matinée, les Compagnons de la Chanson ont chanté
seuls et également avec Edith Piaf dans les "Trois
Cloches". et le chant du Pirate.
- Edith Piaf avait 32
ans, elle mesurait 1,47 mètres.
- Le spectacle a duré
environ 1h 30. Une fois terminé, beaucoup de spectateurs
voulaient avoir un autographe des artistes et se sont dirigés
vers les coulisses.
- Mon mari... avait 13
ans, et il a vu Edith Piaf, elle était assise et commençait
à tricoter une large et longue écharpe jaune en
laine. A ses côtés,, un grand et gros monsieur très
brun qui lui parlait, à un moment, se penchant vers elle,
il déposa un baiser sur le front. Mon mar apprendra plus
tard qu'il s'agissait "du chanteur sans nom".
- De leur côtés
les Compagnons d ela Chanson allaient et venaient en bavardant.
- Mon mari attendait
depuis une demi heure, une dame vint le voir lui demandant ce
qu'il attendait, et il lui répondit qu'il voulait simplement
parler à madame Edith Piaf. Il n'avait osé lui-même
aller voir la chanteuse.
- La dame s'exclaffa
"oh, venez !" et le prit par le bras et le conduisit
vers Edith Piaf en disant à la chanteuse " Ce jeune
homme voudrait vous parler mais il n'ose pas".
- Edith Piaf eut aussitôt
un grand sourire se levant, mon mari, prenant son courage à
deux mains lui dit :
- "J'ai fait un
portrait de vous et désire vous l'offrir, je voudrais
savoir où l'envoyer ?".
- Edith Piaf a souri,
4 des Compagnons s'étaient approchés, très
aimable, elle a donné plusieurs adresses de théâtres
parisiens....
- (merci à Sabrina
Vernade)
Hormis les spectacles de Un été à Bourges,
ces dernières années, un spectacle absolument "fabuleux"
s'est déroulé en juin, il y a 7 ou 8 ans, c'était
le GMEB qui a fait un spectacle qui ajoutait à la musique
électronique, une très grosse pyrotechnie, et...
ce qui n'était pas prévu, un orage, une pluie forte
et des éclairs de toute part, c'était fabuleux
et la chanteuse lyrique qui était juchée ce soir-là
sur un grand escabot était géniale. Féérique
et suréaliste.
Dernier élément sur ce théâtre de
verdure, qui est trop mal connu et assez peu utilisé,
c'est l'étude faite en 1998, pour le doter d'un vaste
Vélum afin de faire des spectacles même en cas de
pluie. Ce projet n'a pas aboutis pour des questions de lieu historique
(classement des Prés Fichaux) et de finances, mais c'était
une idée qu'il faudra un jour ressortir.
A la grande époque du théâtre de Verdure
( 1930- 1950) , à Bourges, il y avait le Théâtre
Jacques Coeur, le Palmarium, et les guinguettes des Marais.
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