Les Annonciades à Bourges par Roland Narboux - encyclopédie

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LES ANNONCIADES : JEANNE DE FRANCE, duchesse de Berry
Par Roland NARBOUX

Bourges, l'histoire des Annonciades et de Jeanne de France sa fondatrice.

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Version 2016

 
Cet article sur les Annonciades reprend les données écrites sur Sainte Jeanne de France, car cet Ordre monastique qu'elle a créée est indissociable de la duchesse, fille de Louis XI.
 
LE "FABULEUX DESTIN" DE JEANNE DE FRANCE, DUCHESSE DE BERRY
 
Parmi les grands personnages qui ont marqué la ville de Bourges chacun met en avant Jacques Cœur dont la vie est un roman par son ascension sociale, sa fortune et sa chute…. Et pourtant il est une femme, aujourd'hui peu connue, sinon de quelques spécialistes, dont le destin est "absolument fabuleux" : il s'agit de Jeanne de France, qui deviendra Duchesse de Berry après avoir traversé des épreuves insoupçonnables.
En cette année 2002, Bourges a fêté les 500 ans de la fondation par Jeanne de France de l'Ordre de l'Annonciade, un hommage à cette princesse, reine, duchesse et moniale.

Un début d'existence en Berry

Jeanne de France est née le 23 avril 1464, à Nogent-le-Roi, elle est la seconde fille du roi Louis XI. Ce dernier, natif de Bourges, découvre alors un enfant que la nature n'a pas favorisé.
Un mois après sa naissance, la petite fille fait l'objet de tractations diplomatiques et à Blois un traité de mariage est signé, l'unissant à Louis d'Orléans ….. âgé de deux ans. Ce premier événement passé, le roi ne s'intéresse guère à sa fille. A l'âge de cinq ans, il la place en Berry, au château de Lignières pour être élevée par Anne de Culan, l'épouse de François de Beaujeu, seigneur de Lignières et cousin du roi.

Elle bénéficia dans ces jeunes années de toute l'attention des sires de Lignières ses véritables parents adoptifs. Si elle ne fut totalement heureuse dans cette contrée, c'est sans doute aussi parce qu'elle était de santé fragile. Emile Mellet écrit que la jeune fille "était boiteuse, contrefaite des épaules" alors que Mgr Girard la décrit ainsi : "Elle avait le nez assez fort, la bouche plutôt grande, des lèvres épaisses et un peu proéminentes". Elle devait semble-t-il souffrir d'une malformation osseuse.
A une époque où la beauté de l'âme allait de paire avec la beauté du corps, Jeanne de France était rejetée par beaucoup, et en particulier par le roi son père et la cour.
Pourtant, elle a douze ans lorsqu'elle est mariée avec le duc d'Orléans. Cet homme est beau, élégant, il aime le plaisir et le luxe. Le contraste avec son épouse est total. Le duc d'Orléans deviendra roi sous le nom de Louis XII. Jeanne, fille de roi, sera, pendant quelques temps, femme de roi, et sœur de roi lorsque son frère cadet montera sur le trône à son tour.

Le temps des épreuves

Jeanne de France a près de vingt ans lorsque meurt son père Louis XI, et c'est la sœur de Jeanne, Anne de Beaujeu qui exerce la régence au profit du futur roi Charles VIII. C'est dans cette période trouble d'intrigues et de trahisons que le mari de Jeanne, Louis d'Orléans est arrêté et enfermé dans la Grosse Tour de Bourges. Dans cet édifice de près de 40 mètres de haut, avec des murs de 6 mètres d'épaisseur, il croupit. Sa crainte est de se retrouver dans une des cages en fer de cette sinistre prison. Une compagnie d'Écossais sous la conduite de Patrice Mac Nellem garde le lieu.
Louis bénéficie de l'aide de Jeanne malgré le peu d'égard qu'il lui porte. C'est elle qui va tout mettre en œuvre auprès de son frère le roi pour que son mari soit libéré. Ce sera fait… au bout de deux ans.

Chacun aurait pu pensé à une certaine forme de reconnaissance de la part de Charles d'Orléans après sa libération. Il n'en fut rien, bien au contraire. Le roi Charles VIII, son frère bien aimé était revenu d'Italie. Il cherchait à rapprocher Jeanne et Louis son mari, lorsque le 7 avril 1498, il mourut subitement à Amboise, sans laisser d'héritier direct.

Encore des épreuves : un vrai calvaire

Jeanne n'en avait pas terminé avec son mari. En effet, sous le nom de Louis XII, Louis d'Orléans, descendant de Charles V par la branche des Orléans, et mari de Jeanne de France devint roi….. et Jeanne reine de France.
Entre la nécessité de conserver la Bretagne à la France par des accords complexes et le peu d'égards envers son épouse, la première préoccupation du roi fut de faire annuler son mariage avec Jeanne.
Un long et humiliant procès se déroula, quelque peu faussé par les intrigues et la perversité du roi qui "acheta en quelque sorte le pape Alexandre VI", un Borgia, afin d'obtenir l'annulation de son mariage. Pourtant Jeanne se défendit d'une manière très courageuse. La chronique de l'époque affirme qu'elle "fit preuve de caractère et d'une grandeur d'âme peu commune".

A la fin de l'année 1498, la nullité du mariage est prononcée et le roi Louis XII épousa aussitôt Anne de Bretagne, donnant comme lot de consolation le duché du Berry à son ex-épouse.

Jeanne duchesse de Berry

Jeanne fait une entrée solennelle dans son duché le 13 mars 1499, elle restera 7 ans entre Le Palais de Bourges construit par le duc Jean et Châtillon-sur-Indre. Elle va d'ailleurs procéder à des aménagements qui semblaient indispensables puisque l'entretien de ce bâtiment avait été négligé.

Commence alors pour l'ex-reine, une vie extra-ordinaire.
Elle devient très vite "la bonne duchesse", dans une ville qui venait de subir "le grand incendie de la Madeleine", en 1487, lequel détruisit des milliers de maisons de Bourges. Elle avait semble-t-il hérité de la volonté et du sens de l'organisation de son père Louis XI, et elle s'attela à la tâche de relever sa capitale.

Elle laisse le souvenir d'une femme qui s'est intéressé au fonctionnement concret de l'administration du duché, dans les directions les plus diverses. Ainsi, elle se préoccupe des ouvriers et de leur salaire qui fut réajusté, une idée bien moderne ! Elle surveille aussi, écrit Emile Meslé, la justice qu'elle réorganise. Mais c'est dans le domaine de l'enseignement qu'elle fut exemplaire. Elle est à l'origine de bourses pour les étudiants en difficultés financières. Elle aide les pauvres, et en "dote les filles". Enfin c'est elle qui fonde ou relève le collège Sainte Marie de Bourges. Depuis 1464, Bourges possédait une Université et plusieurs écoles, accrochées aux chapitres. Jeanne va plus loin afin de créer une école secondaire entre l'enseignement supérieur et le primaire. A partir de 1502, elle fait achever le collège Sainte Marie et participe aux frais d'entretien. Dans son testament, elle n'oubliera pas cette œuvre. Elle se préoccupe enfin "des filles libertines", en cherchant le moyen pour les rééduquer. Encore un soucis bien actuel……au XXI e siècle.

Jeanne, en très peu de temps, devient à la fois populaire et aimée. Le soin qu'elle prodigue aux malades est exemplaire. Elle reste à Bourges en 1499 lors d'une grande épidémie de peste, alors que les autorités locales ne songeaient qu'à fuir.
C'est dans le domaine religieux qu'elle s'affirme le plus, avec sa dévotion à la Vierge et la fondation à Bourges d'un ordre religieux en 1502.

L'ordre de l'Annonciade

Dans son "travail de duchesse", Jeanne s'intéresse à la religion et aux ordres religieux dont les communautés ont une forte tendance à "se relâcher". Elle commence avec les bénédictines de Saint Laurent à Bourges et leur fait accepter des règles plus rigoureuses.
Mais son œuvre principale est la fondation d'un ordre religieux autonome, l'Annonciade, à une époque où l'Eglise désire davantage remettre de l'ordre dans les communautés existantes plutôt que de créer de nouvelles structures.

La tradition affirme que Jeanne avait eu cette révélation de créer cet ordre dédié à la Vierge, lors de son enfance à Lignières. A partir de 1501 elle se consacre essentiellement à ce travail, avec beaucoup de difficultés venant des autorités religieuses de Rome.

Elle se fait aider dans cette tâche par son confesseur, le père Gilbert Nicolas, plus connu sous son pseudonyme Gabriel Maria, d'obédience franciscaine. C'est lui qui met noir sur blanc les idées de Jeanne et rédige les règles de cet ordre nouveau qui prend pour nom, l'Annonciade, en l'honneur de Marie, un vocable très en verve en Italie.
Après un premier refus, par les cardinaux suite aux recommandations du concile de Latran, c'est le pape Léon X qui approuve les règles de l'Ordre le 12 février 1502. Mgr Girard écrit dans un petit ouvrage très instructif sur Jeanne :"L'Ordre des Dix Vertus ou Dix plaisirs de Notre-Dame est un ordre contemplatif dans lequel on retrouve les traditions de la vie monastique : éloignement du monde, pénitence, travail, humilité, silence, office canonial… etc"

Elle fait édifier rapidement un monastère avenue actuelle du 95° de Ligne, en rasant les taudis et autres masures qui étaient occupées par des rôdeurs et des courtisanes.

Ce monastère est toujours en place, malgré les aléas de l'histoire locale. Ce lieu qu'il est parfois possible de visiter a été rendu au culte en 1961. Il est aujourd'hui propriété du Ministère de la Défense !

Les moniales prirent possession du monastère le 20 novembre 1503, le travaux avaient été gérés par son homme de confiance Bienaimé Georges.

Depuis cinq siècles, les moniales de l'Annonciade poursuivent leur recherche spirituelle dans leur monastère, il en existe 6 aujourd'hui, dont celui de Saint Doulchard. Leur habit est bleu, le voile blanc et le long scapulaire est d'un magnifique rouge vif. Les moniales recherchent "la perfection par l'union à Jésus en pratiquant les dix vertus de Marie".

Jeanne de France, est un personnage de notre histoire qui eut une destinée. Vers la fin de son existence, elle déclarait fièrement :

"Fille et sœur de roi j'étais, et un roi m'eut appelé sa mère, si un autre roi ne m'eut chassé de son lit".

Jeanne de France meurt le 4 février 1505, à l'âge de 41 ans. Elle eut droit à des funérailles de reine…. A la demande du roi Louis XII. Elle est inhumée dans la chapelle de l'Annonciade et ce n'est que récemment, en 1950 qu'elle fut canonisée.
Contribution de M.Girault
texte: lorsqu'elle résidait à Châtillon-sur-Indre, Jeanne suivait les offices à la Collégiale construite hors les murs du château mais elle avait aussi obtenu qu'un chanoine de la collégiale puisse venir célébrer dans la chapelle de son château.
On sait aussi qu'elle y organisa une grande fête pour ses gens en janvier 1500, il est probable qu'elle apporta des modifications au château du XIIIè siècle. Les vestiges gothique flamboyant peuvent peut être lui être attribués
 
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