L'Eglise
et le diocèse de Bourges sous la Révolution française
de 1789, c'est une dizaine d'années fort méconnues
par les Berruyers, cet article comprend trois parties vous pouvez
aller directement à l'une de ces trois rubriques.:
LES DEBUTS DE
LA REVOLUTION
LES DIFFICULTES
DE L'EGLISE SOUS LA REVOLUTION
LA DECHRISTIANISATION
LES DEBUTS DE LA REVOLUTION
C'est le 6 avril 1788 que Jean Auguste
de Chastenet de Puységur, frère du secrétaire
d'Etat à la guerre est nommé archevêque de
Bourges. Il était issu d'une noble famille d'Albi.
Pendant un an, les berrichons se demandèrent bien à
quoi pouvait ressemblait leur archevêque puisqu'il n'entra
à Bourges pour la première fois que le 10 mars
1789, à une semaine de l'élection des représentants
aux Etats Généraux.
A Bourges comme ailleurs, il y avait le
bas clergé avec ses curés et le haut clergé
formé des chanoines et autres dignitaires. Les curés
du diocèse étaient à la fois actifs et revendicatifs.
Ils représentaient une "roture" qui voulait
en quelque sorte faire "sa révolution". Ils
voulaient une répartition plus équitable des charges
e, l'abolition de certains droits.... etc
Avec ces élections, les curés étaient largement
majoritaires et ils firent élire trois des leurs aux Etats
Généraux. Il s'agissait de Villebannois, curé
de Saint Jean le Viel, Poupart curé de Sancerre et Yvernault
chanoine de la collégiale Saint-Ursin qui s'était
allié au bas clergé, au grand dam de ses paires.
Le quatrième député
du clergé fut finalement le nouvel archevêque. Il
avait pour lui le prestige de l'inconnu, et les curés
révolutionnaires, mais jusqu'à un certain point,
voulurent se concilier les voix de la plus haute personnalité
du diocèse.
La révolution en Berry fut bien
tendre, il n'y eut que trois exécutions capitales au plus
fort de la Terreur. par contre les modifications politiques et
sociales furent très importantes.
Mgr Puysségur resta quelques
temps en Berry, il vit ses prérogatives se restreindre,
avec la constitution civile du clergé qui créait
un diocèse par département. Bientôt, il ne
règne plus que sur le Cher, perdait son titre d'archevêque
et de primat des Aquitaines.
Ces humiliations successives, et le fait
qu'il connaissait mal le clergé local, Mgr Puysségur
invoqua l'incompétence d'une assemblée politique
qui modifiait les décisions d'une juridiction spirituelle.
LES DIFFICULTES DE L'EGLISE SOUS LA REVOLUTION
Le 13 février 1790, les ordres religieux
étaient supprimés, et ils commencèrent à
disparaître, car les vocations n'allaient pas très
fort. Certains étaient heureux de cette désertion,
ainsi, un moine de Saint Sulpice déclarait dans une lettre
aux députés : "pourquoi serions-nous les seuls
à rester sous le joug de l'esclavage .... Nous espérons
avec une grande confiance que vous serez nos libérateurs".
D'autres prêtres ont des parcours
encore plus curieux, c'est le cas du prêtre franc-maçon,
Patrocle Joly.
La désertions des religieux en Berry
est estimée à 80/85%, ce qui est considérable.
Lorsqu'en janvier 1791 eurent lieu les premières adjudications,
si des roturiers se présentèrent, il se trouva
pas mal de religieux qui participèrent aux enchères
pour acheter une cure ou un morceau d'abbaye.
Les ordres féminins se révélèrent
moins enclins à fuir, parmi les annonciades, presque toutes
des nobles, 13 sur 17 rentrèrent dans leur famille. Par
contre les carmélites restèrent en place tout comme
les Ursulines où une seule quitta l'ordre sur les 31.
A partir d'août 1792, les couvents
furent totalement vendus et souvent pillés, les religieuses
chassées par la force.
La Constitution Civile du clergé
fut votée par la Constituante le 12 juillet 1790, et Mgr
Puysségur était parmi les trente évêques
qui refusaient l'ingérence du pouvoir temporel sur le
pouvoir spirituel.
A partir de 1791, les hommes d'églises durent jurer fidélité
à cette Constitution civile. Ce fut un grand schisme,
car les oppositions s'exacerbaient, des prêtres démontraient
que cette Constitution n'était pas contraire aux principes
de l'Eglise, d'autres attendaient un mot ou une réaction
du roi ou du pape. Il apparaît que dans le Cher, les 2/3
des religieux prêtèrent serment, avec deux nids
de résistance, à Bourges où 11 curés
sur 14 furent réfractaires et à Sancerre, il en
fut de même.
On prêta serment par intérêt ou par crainte,
plus que par conviction.
Le 4 janvier 1791, Mgr de Puysségur
refusa de prêter le serment, et perdit son diocèse.
Son successeur comme l'indiquait la Constitution nouvelle serait
élu par l'assemblée électorale du département.
Le 20 mars, les électeurs du Cher étaient réunis
dans la cathédrale pour l'élection, elle était
devenue "église métropolitaine". le vote
fut délicat, Poupart était le candidat le plus
en vue, mais au troisième tour, c'est Charrier de La Roche
qui l'emporta avec 116 voix sur 198.
Le seul problème, c'est que ce Charrier de La Roche fut
aussi élu par l'Assemblée de Seine Inférieur,
et, entre Bourges et Rouen, il choisit Rouen !
Quelques jours plus tard, nouveau scrutin,
le 11 avril, et cette fois, sous la conduite des révolutionnaires
purs et durs des Amis de la Constitution, Torné fut
élu, ou plutôt imposé par 110 voix contre
158.
Pierre Anastase Torné était
un homme intelligent et cultivé, il avait été
l'ami de d'Alembert et rédigé des ouvrages de mathématiques.
Il venait de Tarbes, et appartenait à la congrégations
des doctrinaires.
Ce n'était pas à proprement parler un croyant,
il maniait la philosophie, et très ambitieux, il courrait
au devant de la révolution.
Dans le Cher, il développa l'esprit
républicain, c'était un militant qui administra
son diocèse avec une certaine force, dans un contexte
difficile, mais dans une population très calme et modérée.
Sur le plan religieux, Torné
chercha à se concilier les deux types de clergé,
constitutionnel et réfractaires,
puis, il tenta d'isoler les prêtres réfractaires,
et les traitant de "faux pasteurs" et en utilisant
divers moyens de vexation.
A Bourges, sur les 15 paroisses, il réorganisa
et n'en laissa que 5.
Il voulait des "pasteurs citoyens, sensibles, charitables".
Au fils des mois, il devint de plus en plus patriotique et révolutionnaire.
Il se fit élire à la Législative, il fut
d'abord modéré puis très dur, il fit voter
le vendredi saint de 1792 la proscription pour les congrégations
hospitalières, et comme il l'emporta, le jour même,
fit voter la loi supprimant le costume ecclésiastique.
A Bourges, il prit la tête de plusieurs
processions révolutionnaires dirigées vers l'être
suprême.
LA DECHRISTIANISATION
Vint alors le temps de la déchristianisation,
et Torné se promenait en carmagnole avec un bonnet rouge
sur la tête.
En 1793, il mariait à la cathédrale son vicaire,
et, quelques temps plus tard, il paya de sa personne en épousant
à 67 ans, une vieille fille de la bourgeoisie d'Issoudun,
la citoyenne Collet de Messine, âgée de 49 ans.
Avec la Terreur, ce sont plus de 350
prêtres qui renoncent au sacerdoce début 1794. Il y avait la crainte et aussi des primes d'encouragement,
par exemple le mariage d'un ex-prêtre donnait droit à
une pension de 800 livres.
Le clergé est alors abattu ou laïcisé ou encore
emprisonné.
A partir de la fin de 1793, la cathédrale
est pillée, en particulier les objets en métal
précieux sont fondus, 55 objets sont ainsi pris, dont
une pyramide d'argent qui comprenait la main garnie d'or de Saint
André. Le produit était destiné à
la Convention, la révolution avait besoin d'argent.
Plus tard, ce sont les objets de culte (ciboires et autres) qui
sont pillés.
Bientôt, les églises sont
fermées. A Bourges, Torné âgé, et
ayant le mal du pays rejoint son Tarbes natal (il meurt en 1797).
Il y a quelques réactions de gens qui veulent la messe,
Sancergues est en révolte.
Il faut attendre septembre 1794 et la fin
de l'ère Thermidorienne pour que les esprits se calment.
Le décret sur la liberté des cultes est proclamé
en février 1795. Et Mgr Puysségur réapparut.
Il y aura dans le Berry, des petites Vendées,
à Palluau et à Sancerre en 1796.
En 1798, le culte théophilantropique
est inauguré dans le Temple Etienne, 1500 personnes sont
présentes, c'est le début de la fin de ce type
de culte.
Pour assurer l'autorité de son successeur,
Puysségur, le 15 mars 1802 avait donné publiquement
sa démission.
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