L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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L'EGLISE SOUS LA REVOLUTION A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, et un chapitre particulier concernant l'Eglise et le diocèse de Bourges sous la Révolution.

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Version 2009

 

L'Eglise et le diocèse de Bourges sous la Révolution française de 1789, c'est une dizaine d'années fort méconnues par les Berruyers, cet article comprend trois parties vous pouvez aller directement à l'une de ces trois rubriques.:

LES DEBUTS DE LA REVOLUTION

LES DIFFICULTES DE L'EGLISE SOUS LA REVOLUTION

LA DECHRISTIANISATION

 

LES DEBUTS DE LA REVOLUTION

C'est le 6 avril 1788 que Jean Auguste de Chastenet de Puységur, frère du secrétaire d'Etat à la guerre est nommé archevêque de Bourges. Il était issu d'une noble famille d'Albi.
Pendant un an, les berrichons se demandèrent bien à quoi pouvait ressemblait leur archevêque puisqu'il n'entra à Bourges pour la première fois que le 10 mars 1789, à une semaine de l'élection des représentants aux Etats Généraux.

A Bourges comme ailleurs, il y avait le bas clergé avec ses curés et le haut clergé formé des chanoines et autres dignitaires. Les curés du diocèse étaient à la fois actifs et revendicatifs. Ils représentaient une "roture" qui voulait en quelque sorte faire "sa révolution". Ils voulaient une répartition plus équitable des charges e, l'abolition de certains droits.... etc
Avec ces élections, les curés étaient largement majoritaires et ils firent élire trois des leurs aux Etats Généraux. Il s'agissait de Villebannois, curé de Saint Jean le Viel, Poupart curé de Sancerre et Yvernault chanoine de la collégiale Saint-Ursin qui s'était allié au bas clergé, au grand dam de ses paires.

Le quatrième député du clergé fut finalement le nouvel archevêque. Il avait pour lui le prestige de l'inconnu, et les curés révolutionnaires, mais jusqu'à un certain point, voulurent se concilier les voix de la plus haute personnalité du diocèse.

La révolution en Berry fut bien tendre, il n'y eut que trois exécutions capitales au plus fort de la Terreur. par contre les modifications politiques et sociales furent très importantes.

Mgr Puysségur resta quelques temps en Berry, il vit ses prérogatives se restreindre, avec la constitution civile du clergé qui créait un diocèse par département. Bientôt, il ne règne plus que sur le Cher, perdait son titre d'archevêque et de primat des Aquitaines.

Ces humiliations successives, et le fait qu'il connaissait mal le clergé local, Mgr Puysségur invoqua l'incompétence d'une assemblée politique qui modifiait les décisions d'une juridiction spirituelle.

LES DIFFICULTES DE L'EGLISE SOUS LA REVOLUTION

Le 13 février 1790, les ordres religieux étaient supprimés, et ils commencèrent à disparaître, car les vocations n'allaient pas très fort. Certains étaient heureux de cette désertion, ainsi, un moine de Saint Sulpice déclarait dans une lettre aux députés : "pourquoi serions-nous les seuls à rester sous le joug de l'esclavage .... Nous espérons avec une grande confiance que vous serez nos libérateurs".

D'autres prêtres ont des parcours encore plus curieux, c'est le cas du prêtre franc-maçon, Patrocle Joly.

La désertions des religieux en Berry est estimée à 80/85%, ce qui est considérable. Lorsqu'en janvier 1791 eurent lieu les premières adjudications, si des roturiers se présentèrent, il se trouva pas mal de religieux qui participèrent aux enchères pour acheter une cure ou un morceau d'abbaye.
Les ordres féminins se révélèrent moins enclins à fuir, parmi les annonciades, presque toutes des nobles, 13 sur 17 rentrèrent dans leur famille. Par contre les carmélites restèrent en place tout comme les Ursulines où une seule quitta l'ordre sur les 31.

A partir d'août 1792, les couvents furent totalement vendus et souvent pillés, les religieuses chassées par la force.

La Constitution Civile du clergé fut votée par la Constituante le 12 juillet 1790, et Mgr Puysségur était parmi les trente évêques qui refusaient l'ingérence du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel.
A partir de 1791, les hommes d'églises durent jurer fidélité à cette Constitution civile. Ce fut un grand schisme, car les oppositions s'exacerbaient, des prêtres démontraient que cette Constitution n'était pas contraire aux principes de l'Eglise, d'autres attendaient un mot ou une réaction du roi ou du pape. Il apparaît que dans le Cher, les 2/3 des religieux prêtèrent serment, avec deux nids de résistance, à Bourges où 11 curés sur 14 furent réfractaires et à Sancerre, il en fut de même.
On prêta serment par intérêt ou par crainte, plus que par conviction.

Le 4 janvier 1791, Mgr de Puysségur refusa de prêter le serment, et perdit son diocèse. Son successeur comme l'indiquait la Constitution nouvelle serait élu par l'assemblée électorale du département.
Le 20 mars, les électeurs du Cher étaient réunis dans la cathédrale pour l'élection, elle était devenue "église métropolitaine". le vote fut délicat, Poupart était le candidat le plus en vue, mais au troisième tour, c'est Charrier de La Roche qui l'emporta avec 116 voix sur 198.
Le seul problème, c'est que ce Charrier de La Roche fut aussi élu par l'Assemblée de Seine Inférieur, et, entre Bourges et Rouen, il choisit Rouen !

Quelques jours plus tard, nouveau scrutin, le 11 avril, et cette fois, sous la conduite des révolutionnaires purs et durs des Amis de la Constitution, Torné fut élu, ou plutôt imposé par 110 voix contre 158.

Pierre Anastase Torné était un homme intelligent et cultivé, il avait été l'ami de d'Alembert et rédigé des ouvrages de mathématiques. Il venait de Tarbes, et appartenait à la congrégations des doctrinaires.
Ce n'était pas à proprement parler un croyant, il maniait la philosophie, et très ambitieux, il courrait au devant de la révolution.

Dans le Cher, il développa l'esprit républicain, c'était un militant qui administra son diocèse avec une certaine force, dans un contexte difficile, mais dans une population très calme et modérée.

Sur le plan religieux, Torné chercha à se concilier les deux types de clergé, constitutionnel et réfractaires, puis, il tenta d'isoler les prêtres réfractaires, et les traitant de "faux pasteurs" et en utilisant divers moyens de vexation.

A Bourges, sur les 15 paroisses, il réorganisa et n'en laissa que 5.
Il voulait des "pasteurs citoyens, sensibles, charitables". Au fils des mois, il devint de plus en plus patriotique et révolutionnaire. Il se fit élire à la Législative, il fut d'abord modéré puis très dur, il fit voter le vendredi saint de 1792 la proscription pour les congrégations hospitalières, et comme il l'emporta, le jour même, fit voter la loi supprimant le costume ecclésiastique.

A Bourges, il prit la tête de plusieurs processions révolutionnaires dirigées vers l'être suprême.

LA DECHRISTIANISATION

Vint alors le temps de la déchristianisation, et Torné se promenait en carmagnole avec un bonnet rouge sur la tête.
En 1793, il mariait à la cathédrale son vicaire, et, quelques temps plus tard, il paya de sa personne en épousant à 67 ans, une vieille fille de la bourgeoisie d'Issoudun, la citoyenne Collet de Messine, âgée de 49 ans.

Avec la Terreur, ce sont plus de 350 prêtres qui renoncent au sacerdoce début 1794. Il y avait la crainte et aussi des primes d'encouragement, par exemple le mariage d'un ex-prêtre donnait droit à une pension de 800 livres.
Le clergé est alors abattu ou laïcisé ou encore emprisonné.

A partir de la fin de 1793, la cathédrale est pillée, en particulier les objets en métal précieux sont fondus, 55 objets sont ainsi pris, dont une pyramide d'argent qui comprenait la main garnie d'or de Saint André. Le produit était destiné à la Convention, la révolution avait besoin d'argent.
Plus tard, ce sont les objets de culte (ciboires et autres) qui sont pillés.

Bientôt, les églises sont fermées. A Bourges, Torné âgé, et ayant le mal du pays rejoint son Tarbes natal (il meurt en 1797). Il y a quelques réactions de gens qui veulent la messe, Sancergues est en révolte.

Il faut attendre septembre 1794 et la fin de l'ère Thermidorienne pour que les esprits se calment. Le décret sur la liberté des cultes est proclamé en février 1795. Et Mgr Puysségur réapparut.

Il y aura dans le Berry, des petites Vendées, à Palluau et à Sancerre en 1796.

En 1798, le culte théophilantropique est inauguré dans le Temple Etienne, 1500 personnes sont présentes, c'est le début de la fin de ce type de culte.

Pour assurer l'autorité de son successeur, Puysségur, le 15 mars 1802 avait donné publiquement sa démission.

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