Jean François Deniau, par Roland Narboux, encyclopedie de Bourges

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JEAN FRANÇOIS DENIAU ET BOURGES
Par Roland NARBOUX

Personnage important du département du Cher et de Bourges pendant 20 ans, tel est Jean François Deniau, mort le 24 janvier 2007 à Paris.

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Version 2011

 

Jean François DeniauJean François Deniau est né à Paris le 31 octobre 1928. Son père était ingénieur des Ponts et Chaussées. Il fait ses études à Paris et obtient une licence de lettre et devient docteur en droit.

Il entre à l'ENA, en 1950 devient Inspecteur des finances en 1952. Très vite il s'intéresse à l'Europe, il est conseiller technique au cabinet du Président du conseil et à celui du ministre de l'Industrie en 1957.

Dans le cabinet de Pierre Mesmer, il est Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de l'agriculture et du développement rural en 1974. Puis auprès de Jacques Chirac lorsque celui-ci était ministre de l'agriculture. En 1976, J.F. Deniau est ambassadeur de France à Madrid, puis Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères dans le ministère de Raymond Barre.

C'est dans ces années-la que ce ministre très brillant se décide de venir en Berry.


Jean François Deniau en terre berrichonne

C'est en 1978 que Jean François Deniau arrive en Berry. Il n'est pas très connu localement, et il est parfois confondu avec son frère Xavier, mais il est ministre et sa haute stature ne passe pas inaperçue. Il vient à Bourges à la suite de la défaite de 1977, son camp, battu dans une ville " ho combien bourgeoise ", où il vient relever le défi !
A la question qui lui est posée, plus tard, sur cette venue dans le Cher, il répond ainsi :


" Je ne suis pas originaire du Cher, mais du département voisin. Pour ces élections législatives de 1978, tout le monde donne les élections perdues pour la droite. D'autant que dans la circonscription de Bourges, où le candidat communiste paraissait imbattable, personne ne voulait y aller. J'avais été plusieurs fois ministre sans être élu….. On m'a sollicité. J'ai refusé. C'est alors que j'ai été convié à déjeuner à l'Elysée. Le président Giscard d'Estaing m'a accueilli avec cette phrase " Alors Jean François, on se dégonfle pour la première fois de sa vie ", je me suis présenté sous l'étiquette UDF. Mon suppléant était RPR".

Pour beaucoup, cet homme prend l'exemple de Raymond Boisdé, venu en Berry pour une place de député, et qui est resté député-maire de Bourges pendant 18 ans !
Jean François Deniau veut devenir député, mais il a sans aucun doute la mairie dans le collimateur, et, à cette époque, Jacques Rimbault pour beaucoup, a été élu maire par hasard, il n'a pas fait ses preuves, et il ne tiendra pas. Dès la prochaine élection, quelle qu'elle soit, il sera battu par ce vieux réflexe anti communiste ……les Berruyers voulant " se racheter de l'erreur de mars 77 ".

Retour sur une belle carte de visite

Jean François Deniau est donc né à Paris en 1928, son père était ingénieur des Ponts et Chaussée. Il étudie au Lycée Pasteur à Neuilly, puis à l'Ecole Sainte Geneviève à Versailles. Plus tard il suit des études de droit, devient docteur en droit et diplômé de l'Institut d'études politiques. M. Deniau est élève à l'ENA, ( Ecole Nationale d'Administration), en 1950 / 52 et est nommé Inspecteur des Finances à sa sortie de la prestigieuse école.

Après plusieurs postes dans les ministères, il est nommé ambassadeur de France en Mauritanie en 1963 et devient membre de la Commission des Communautés européennes en 1967. Il entre dès 1973 dans le gouvernement Mesmer, et il reste dans les sphères gouvernementales, en particulier à l'agriculture jusqu'en 1976, date à laquelle il prend le poste d'ambassadeur en Espagne.
Il revient en France pour occuper en septembre 1977, la charge de secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Raymond Barre. Il commence à écrire des œuvres variées, comme " le Marché commun " et " La mer est ronde " en 1975, puis un grand succès intitulé " l'Europe interdite " en 1977.


C'est avec une telle carte de visite que Jean François Deniau arrive en Berry, à 50 ans. Bientôt la parka de Deniau devient célèbre, tout comme son amour de la mer, et ses histoires sur les grands hommes de ce monde qu'il a déjà rencontré. Ami du futur roi d'Espagne, c'est une vraie personnalité qui arrive en Berry et se soumet au suffrage des électeurs.

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Les législatives de 1978, Rimbault battu

A 54 jours des scrutins, prévus les 12 et 19 mars, les sondages donnent la gauche gagnante avec 51% de voix contre 44 % à la majorité et 5% aux écologistes et divers. Il y a un sentiment de changement dans le pays, et les responsables de gauche, Mitterrand, Marchais et Fabre sont persuadés qu'ils vont gagner. A droite, c'est une bataille perdue, malgré l'engagement de Giscard à Verdun-Sur-le-Doubs et l'action de Barre et Chirac qui exhortent les Français à faire " le bon choix ".
Au soir du 19 mars, la majorité l'emporte avec 290 sièges contre 201 à la gauche qui perd pour la troisième fois. C'est " une divine surprise " pour la majorité titrent les journaux.

J.F. Deniau viste l'AérospatialeDans le Cher, la première circonscription comprend entièrement la commune de Bourges, les cantons des Aix d'Angillon, Charost, Levet, Henrichemont, Lignières et Saint-Martin d'Auxigny. C'est dans cette circonscription que Jean François Deniau qui occupe le poste de ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement Barre, vient se battre.
A priori, un an après les municipales gagnées par la gauche, il n'a guère de chance de l'emporter, et le fait d'être ministre n'est qu'un faible avantage. Il Jean François Deniau en 1978 à la SNIAS de Bourges

est opposé à Jacques Rimbault, pour le P.C., Charles Parnet pour le P.S. et à deux autres candidats.
La campagne est rude, M. Deniau fait appel pour le soutenir à Simone Veil, alors très populaire et ministre de la Santé. Elle est à Bourges le 6 mars, à la Salle des Fêtes de la Chancellerie. Devant 1000 personnes, au cours du meeting, elle déclare : "Ceux qui voteront pour le Programme commun savent très bien qu'il ne sera pas appliqué".

Le premier tour du 12 mars donne au plan national une poussée du P.S., mais la majorité résiste bien et rien n'est joué.
A Bourges, M. Deniau fait 43,9% (28610 voix) contre 34,2% (23306 voix) à M. Rimbault et 16,2% (10590 voix) à M. Parnet alors que 3% des électeurs votent à l'extrême gauche. Mathématiquement, pour le second tour, si les voix de gauche se portent bien sur M. Rimbault, le ministre du Commerce extérieur sera battu.

Le second tour se déroule le 19 mars, et Jean François Deniau l'emporte par 51,95% (34916 voix) face au maire de Bourges qui n'obtient que 48,05%. (32295 voix) Le coup est sévère, et sur le plan national, F. Mitterrand attribue la responsabilité de la défaite au Parti communiste. A Bourges, entre le premier et le second tour, il y a eu une défection incontestable des électeurs socialistes le P.C. réagit mal, la municipalité n'a qu'un an d'ancienneté et des inscriptions " démissions " apparaissent sur quelques murs de la ville.


Les élections de 1981

Nouvelles élections 3 ans plus tard après les présidentielles de 1981, et nouveau combat entre J. Rimbault et J.F. Deniau.

Au premier tour, le 14 juin 1981, c'est pourtant Jean François Deniau qui devance largement Jacques Rimbault qui a 28,6% des suffrages (17151) et dépasse d'assez peu Bernard Gourdon le socialiste qui obtient 25,2% (15120) des voix.

Seulement M. Deniau a fait le plein des voix à droite, il a 42,9% des suffrages (25 773).
Au second tour, une semaine plus tard, avec 33440 voix, c'est à dire près de 52%, des suffrages, Jacques Rimbault l'emporte face à Jean François Deniau, il conforte ainsi de manière éclatante sa position à Bourges et prend sa revanche sur 1978…….
La séance du Conseil municipal du 1er juillet est historique et émouvante, le maire Jacques Rimbault devenu député parle en ces termes :
" Cette séance intervient immédiatement après des événements de très grande portée, le résultat dans notre ville a confirmé la volonté des Berruyers de placer leur cité dans la majorité nouvelle, avec l'ambition de la faire pleinement participer au changement nécessaire".

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Des élections à Bourges en 1979

1979 est encore une année électorale, et à chacun d'affûter ses armes en vue des cantonales de mars. Les cantonales, en règle générale, dans la ville de Bourges n'ont pas toujours beaucoup d'impact, ce sont des élections très rurales.
Pourtant en 1979, c'est un test à Bourges puisque dans le canton de Bourges IV, les candidats en lice sont de toute première importance, ainsi face à J. F. Deniau, ministre, qui a la volonté de poursuivre son enracinement local, s'opposent à deux maires-adjoints. M. Picard qui représente le PC et M. Perruchot le PS. Il s'agit pour ces trois candidats principaux de briguer le siège du conseiller général sortant, le docteur Villard. Le contexte est difficile avec la crise de la sidérurgie qui fait la " une " de tous les journaux.
A Bourges, des leaders nationaux viennent soutenir les candidats de leur camp. On voit ainsi Pierre Mauroy salle Calvin qui s'en prend au gouvernement de Raymond Barre "qui a allumé les hauts fourneaux de la colère", alors qu'André Vieuguet pour le PC parle de " l'abandon de l'indépendance nationale qui conduit au déclin".

De son côté Jean François Deniau s'exprime beaucoup et mène une campagne active en reprenant des thèmes forts du département :


"nous devons tirer partie de l'agriculture, de l'industrie et du tourisme. Dans ce cadre, nous devons sauver le canal de Berry…. Bourges mériterait de recevoir beaucoup plus de touristes".

Les résultats du premier tour donnent M. Deniau en tête avec 3467 voix, mais ses deux adversaires totalisent 3384 suffrages, c'est très serré. Le second tour, au plan national, révèle une nette victoire socialiste, la gauche va détenir la moitié des conseils généraux.
Et dans cette vague de gauche, Jean François Deniau, opposé au second tour à Michel Picard l'emporte par 4098 voix contre 3426 à son adversaire du PC. Même si le score n'a pas l'ampleur de celui du docteur Villard en 1973, la victoire est confortable et le ministre de Giscard déclare que nous devons "sortir de la crise". Il devient Vice-président du Conseil général du Cher, un poste qui doit logiquement le propulser vers la Présidence qu'il acquiert en 1981, puis vers la mairie de Bourges aux prochaines élections municipales de 1983.


Mais au mois de janvier 1983, Jean François Deniau annonce qu'il ne sera pas candidat pour conduire la liste municipale de l'opposition à Jacques Rimbault. Il évoque une incompatibilité entre le fait d'être Président du Conseil général du Cher et la fonction de maire d'une grande ville comme Bourges. Il signale en outre qu'il soutient Camille Michel, pour l'UDF, qui devient chef de file de l'opposition.

D'une manière plus simple, J.F. Deniau ne veut pas se mesurer à J. Rimbault, la popularité de ce dernier étant au zénith.

Aux municipales, en effet, J. Rimbault est largement élu dès le premier tour.


Les élections législatives de mars 1986

Les élections législatives se déroulent le 16 mars 1986 et elles inaugurent une grande première en France, la cohabitation. En effet, François Mitterrand dans son désire de "limiter la casse" lors des législatives selon le mode de scrutin habituel sous la Ve République, qui aboutirait selon les sondages à un raz de marée de la droite, a décidé que le scrutin serait réalisé à la proportionnelle à un tour.

La campagne n'a pas la pugnacité d'autrefois, dans le Cher, les trois leaders des partis politiques, Jean François Deniau, Alain Calmat et Jacques Rimbault sont, par le mode de scrutin, " presque certains d'être élus". C'est ainsi que le 2 février 1986, ils sont présents tous trois à la pose de la première pierre de la " Maison du Baciste ", au stade Jean Brivot, à l'invitation de Jean Michel Récapet, président du BAC, Bourges Athlétique Club, le " club omnisports de l'Aérospatiale ", comme le répètent les Berrichons.

Les résultats modifient la couleur de la majorité gouvernementale puisque, la coalition RPR-UDF obtient la majorité absolue avec 291 sièges sur 577. La conséquence immédiate, c'est la nomination de Jacques Chirac comme Premier ministre, il s'entoure de Pasqua, Balladur et Léotard……
Dans le Cher, le changement de type de scrutin modifie assez peu les élus qui vont aller au parlement. Jacques Rimbault est réélu sans problème, avec 41400 voix, il est accompagné par Jean François Deniau, 64 642 voix et par Alain Calmat, 39 700 voix.
Par la victoire de la Droite et de Jacques Chirac, le nouvel élu du Cher, Alain Calmat perd son portefeuille de ministre, mais il est bien accueilli en Berry.

Ainsi, au printemps 1986, le paysage berruyer se recompose. Jacques Rimbault reste en place plus solide que jamais. La victoire nationale de la droite de Jean François Deniau, présent à Bourges depuis une dizaine d'année ouvre des perspectives. Il semble promis à un retour au plus haut niveau, ne parle-t-on pas régulièrement de lui comme d'un possible Premier ministre. Quant à la présence d'Alain Calmat elle pose problème. Le Parti socialiste rêve de reprendre la ville de Bourges, et une personnalité comme Calmat, c'est l'espoir des socialistes, agacés par l'hégémonie du Parti communiste dans une ville qui est perçue comme "très bourgeoise".

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La loi électorale a remis en place le scrutin uninominal par circonscriptions à deux tours, en cette année électorale de 1988 qui voit d'abord François Mitterrand réélu Président de la République devant Jacques Chirac.

Aux législatives qui suivent, Jean François Deniau est réélu, il bat Jean Pierre Saulnier (27 400 voix contre 25 400). Jacques Rimbault est réélu largement face à Pierre Le Coq (27 200 voix contre 18 200) et Alain Calmat est lui aussi réélu face à Serge Vinçon ( 32 900 voix contre 28900). Que ce soit en 1986 ou en 1988, rien n'a changé dans le Cher. Mais cette défaite de J.P. Saulnier bloque le PS pour les prochaines élections municipales, élu député, il serait devenu la tête de liste socialiste contre Rimbault… Prochain rendez-vous législatif : 1993.

A Bourges, vers la fin de l'année 1988, la droite se met en ordre de marche afin de conquérir la Mairie de Bourges. La gauche est en place depuis bientôt une douzaine d'années, et "l'alternance doit jouer", c'est le sentiment des équipes de l'UDF et du RPR, respectivement emmenées par Jean François Deniau et François Deschamps.

Pour reprendre la mairie, les " jeunes loups " de l'UDF aimeraient bien changer quelques têtes, et la première au niveau municipal, c'est à dire celle de Camille Michel. Comme en 1983, beaucoup pensent que seul Jean François Deniau, en 1989, peut emporter les Municipales face à Jacques Rimbault. Mais le président du Conseil général, une fois encore décline " l'offre de ses amis ", et certains élus de son entourage sont persuadés qu'il y a un " discret contrat " entre J.F. Deniau et le maire de Bourges : le terrain entre les deux hommes est parfaitement délimité, la ville pour l'un, le département pour l'autre…. Une coexistence pacifique. Mais est-ce bien la réalité ? Nul ne le saura jamais.

C'est dans cette ambiance qu'Alain Tanton " monte à Paris " pour dénoncer la défaite programmée de Bourges pour l'UDF, et la nécessité de changer le chef de file. Camille Michel devant cette offensive, décide de se retirer….. Et il quitte la ville de Bourges. Des tractations suivent pour choisir entre A. Tanton, Y. Mautret. De son côté, le RPR veut obtenir une place, la première, avec François Deschamps. Cela donne une belle cacophonie et Camille Michel est "rappelé". Il revient pour conduire la liste de droite comme en 83 !


Aux municipales de 1989, J. Rimbault pour la troisième fois l'emporte très largement et reste le maire incontesté de Bourges.

Les législatives de mars 1993

Au niveau national, le président de la République, François Mitterrand, en "fin de règne", est malade, il souffre d'un cancer de la prostate ce qui fait dire à beaucoup qu'il ne terminera pas son second septennat. Le gouvernement est aussi à bout de course. Pierre Bérégovoy s'empêtre, lui aussi, dans des " d'Affaires politico financières "

Le département du Cher est découpé en trois circonscriptions et la ville de Bourges aussi. Ce découpage a été réalisé par Charles Pasqua en 1986/88, il veut "bétonner" comme le disent ses adversaires la 1e circonscription pour Deniau et… celle de Bourges-Vierzon pour Rimbault affirmera la Droite.
On a Bourges-Vierzon avec Jacques Rimbault pour député, un tracé sur mesure pour la gauche et le Parti communiste. Inversement Bourges, le pays Fort et Sancerre, sont tracés pour la droite, c'est le fief de Jean François Deniau que Maxime Camuzat veut conquérir. Enfin, Bourges, le Boischaud et Saint-Amand, est plus indécis. Le siège est détenu par le socialiste Alain Calmat, il est visé par Jean Claude Sandrier pour le Parti communiste et
Serge Lepeltier pour le RPR.

Il n'a manqué que 221 voix pour Jean François Deniau afin d'être élu au premier tour, et la grande surprise, c'est le "mano à mano" de Frank Thomas-Richard, et de Jacques Rimbault, tous deux à 28% alors que Jean Rousseau, maire de Vierzon ne fait pas 10%.
Le second tour est rude, mais le Cher envoie au Palais Bourbon trois députés de droite, Deniau, Lepeltier et Thomas-Richard, Jacques Rimbault est battu.
Le pays se retrouve dans les derniers jours de mars 1993 avec un président de gauche, François Mitterrand, et un gouvernement de droite, le Premier ministre étant Edouard Balladur. Parmi les "poids lourds", Juppé, Léotard, Sarkozy et Bayrou. Jean François Deniau n'est pas ministre contrairement aux pronostics… "il a donné, beaucoup donné".


Jean François Deniau se consacre ensuite à sa fonction de Président du Conseil Général du Cher, mais les Berrichons s'ils le voient beaucoup à la télévision, ils lui reprochent de ne pas être très présent à Bourges, ce qui a le don d'énerver le mari de Frédérique Deniau.

En effet, pour les municipales de 1995, c'est Frédérique Deniau qui est sur la liste de Serge Lepeltier, son mari devenant Président du "Comité de soutien".

Jean François Deniau écrit beaucoup, s'enflamme pour les causes très extérieures au Berry, comme l'Afganistan, et on le dit très malade. Il porte dans ces années là, une minerve et s'appuie sur une cane ou un ami.

Il entre à l'Académie Française en 1992, le 11 avril au fauteuil de Jacques Soustelle.

Le contact avec la population est distant, l'homme est à l'opposé d'un Rimbault. Brillant, très ou trop brillant pour le Berry, les élections se profilent.....


Jean François Deniau battu quitte le Berry.

Après les législatives perdues de 1997, les cantonales des 15 et 22 mars 1998 n'ont pas arrangé la situation, Jean François Deniau Président du Conseil général se représente sur Bourges IV, mais les conflits internes à l'UDF sont tels que Frank Thomas-Richard se présente lui aussi dans ce même canton….. et c'est lui qui arrive en tête au premier tour, pour être battu au second par la socialiste Irène Félix !
Une situation et un scénario "pire que pire" pour la droite locale. Dans le canton V, après la déroute de Camille Michel au premier tour, Jean Pierre Saulnier l'emporte au second tour face au RPR Philippe Gitton. La droite à Bourges va mal, deux cantons perdus par deux maires-adjoints et des dissensions graves suite à la défaite de Jean François Deniau.


Jean François Deniau n'est plus conseiller général, ni président de cette instance qu'il affectionnait. Il quitte le Berry d'une manière discrète, sans marque de considération de la part des Berrichons. Il y avait de l'admiration pour l'homme, pour son brio, pour son action internationale, ses voyages, son courage face à la maladie et ses livres. Mais pour le Berry, beaucoup restent sur leur faim. Chacun considérait qu'il n'était pas suffisamment présent. Frédérique Deniau quitte aussi Bourges, elle abandonne ses délégations municipales qui sont réparties entre Alain Tanton et Michel Verdier.

Une page se tourne à Bourges après 20 ans de présence, Frédérique et Jean François Deniau regagnent Paris.

 

Jean François Deniau meurt le 24 janvier 2007, dans son appartement de Paris.

 

Une rue "Jean François Deniau" a été donnée à Bourges par Serge Lepeltier, lors du Conseil municipal du 21 janvier 2011 :

1928 - 2007.
Ancien ministre
Académicien
Président du Conseil Général du Cher de
1981 à 1998.
Le 7 juillet 2015 Un nouveau patrouilleur de la Douane, a été baptisé le 7 juillet 2015 par le ministre du budget Christian Eckert, il s'agit du navire "Jean-François Deniau", du nom de l'ancien député-académicien, président du Conseil général du Cher.
Un navire de 53 mètres de long et 9,' de large, le plus gros et plus moderne des bateaux des Douanes.
 

En 2011, une rue sera donnée du nom de Jean François Deniau, sous l'impulsion de Serge Lepeltier le maire.
 
L'inauguration de la rue se déroulera le lundi 29 août 2011, voici le discours prononcé par le maire de Bourges :
Intervention de Monsieur Serge LEPELTIER,
Ancien Ministre, Maire de Bourges
Dévoilement de la plaque Jean-François Deniau
Lundi 29 août 2011 à 18 heures
 
Madame le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui pour saluer, à travers le dévoilement d'une plaque de rue à son nom, la mémoire d'un homme à la personnalité exceptionnelle, tel qu'on en rencontre peu dans une existence, Jean-François Deniau.
Et j'ai eu la chance, en ce qui me concerne, de le connaitre d'abord à titre professionnel, en tant que Président du syndicat des Entreprises de Travaux Publics du Cher, puisque je n'étais pas alors engagé en politique, même si je m'y préparais; ensuite bien sûr dans des relations politiques en tant que responsable du RPR, relations pas toujours simples, mais toujours très respectueuses; et enfin à titre plus personnel, plus amical, lorsque Frédérique a accepté de partir avec moi aux élections municipales et d'être ma 1ère adjointe.
Le Cher a eu la grande chance aussi, sans toujours bien la mesurer, de l'avoir, pendant 20 ans, à la tête de son exécutif.
Jean-François Deniau fut un homme merveilleusement doué, on dirait aujourd'hui particulièrement brillant, qui touchait à tout avec le même talent.
Sa vie tourbillonnante était tendue vers l'action, avec sa prise de risque inévitable et assumée. Elle était portée par une liberté intérieure qui faisait fi des conformismes, et soutenue par une curiosité, une volonté, un idéal, des convictions passionnées.
 
Il se disait "amateur" qui veut dire "qui aime". Ce mot le caractérise parfaitement. Il a aimé vivre toutes ses vies avec l'élégance de celui qui ne se complait pas dans les certitudes.
Sa vie est un vrai roman d'aventures.
Nous ne la connaissons qu'en partie puisqu'il dit lui-même qu'il n'a jamais raconté que le quart ou la moitié de ce qu'il a fait. Il a écrit "Comment décrire une vie quand elle n'a cessé de se disperser, sable entre les doigts ?".
Avant d'évoquer plus longuement les vingt années qu'il a passées dans le Cher, je voudrais rappeler quel fut son destin, un destin extraordinaire, un destin français mais à la dimension du monde.
Ambassadeur à 35 ans, 6 fois ministre ou secrétaire d'Etat, Commissaire européen, romancier, Académicien, marin, baroudeur, homme politique.
Ce sont toutes ses expériences, ses aventures, sa vision du monde et de l'homme qu'il a apportées au Cher.
Jean-François Deniau est né le 31 octobre 1928 à Paris, d'une famille solognote par son père et australienne par sa mère. 3ème d'une famille de 4, il perd son père à l'âge de 8 ans.
En 1949, à 21 ans, il rejoint son frère Xavier en Indochine et devient soldat. Il passe les écrits de l'ENA à Saïgon.
Intéressé très tôt par l'Europe, il demande à être le permanent de la délégation française présidée par Maurice Faure. Il participe aux négociations du traité de Rome. Plus tard, il sera commissaire européen.
En 1963, il devient Ambassadeur en Mauritanie. De cette expérience africaine, naitra sa réputation de "Monsieur Bons Offices" qui lui vaudra des missions officieuses dans le monde entier.
Entre 1973 et 1981, il sera 6 fois membre du gouvernement sous Georges Pompidou puis sous Valéry Giscard d'Estaing dont il sera le chargé de communication pendant la campagne de 1981. Seul intermède en 1976 ; il est nommé ambassadeur en Espagne où il jouera un rôle considérable auprès du jeune roi Juan Carlos dans la période de transition démocratique que connaît le pays.
A partir de 1981, il est sur tous les fronts où la liberté et la démocratie essaient de se frayer un chemin : Erythrée, Cambodge, Afghanistan, Kurdistan, Somalie, ex Yougoslavie, Liban et bien d'autres.
La maladie, qui l'atteint à partir des années 80, le ramène à l'écriture : 3 romans en 3 ans, écrits durant ses nuits d'hôpital. En 1992 il est élu à l'Académie Française au fauteuil de Jacques Soustelle et, en 1999, à l'Académie de Marine, en remplacement d'Eric Tabarly.
La mer fut, en effet, sa grande passion. N'hésitez pas à lire ou à relire "La mer est ronde" où l'on est vraiment au cœur de ce qu'il aimait. C'est pour moi en tous cas le roman où j'ai le plus retrouvé sa sensibilité.
Mais revenons au Cher. Jean-François Deniau y arrive en 1978. La droite a été battue aux municipales l'année précédente. Les législatives sont données perdues.
Comme il l'écrira dans "Mémoires de 7 vies" : "il fallut que Giscard, dans un diner à l'Elysée, ait l'intelligence de dire : "Alors Jean-François Deniau, pour la 1ère fois de sa vie on se dégonfle?" pour que j'accepte. Et que je gagne".
Oui, il gagne et à Bourges, il fait même le meilleur score de tous les candidats. C'est son suppléant, le docteur Moulle, qui siègera à l'Assemblée Nationale.
En 1981, comme beaucoup de sortants, Jean-François Deniau est battu. "La mer s'est retirée", dira t-il. Il sera heureusement réélu en 1986, puis en 1988 et en 1993, victoire que j'ai eu le plaisir de partager avec lui.
En 1979, souhaitant accroître son enracinement local, il est élu Conseiller Général sur le canton IV de Bourges.
Il devient Vice-Président du Conseil Général du Cher, puis Président en 1981. Il le restera jusqu'en 1998.
Jean-François Deniau va mettre sa stature d'homme d'Etat, sa personnalité hors du commun au service de Bourges et du Cher.
Il écrit dans Mémoires de 7 vies : "Pendant 20 ans, une population, celle du Cher, m'a fait confiance de façon émouvante, autant que furent émouvants les dévouements personnels totalement désintéressés. Seuls les mandats locaux donnent cette satisfaction d'une action plus directe et d'un discours moins encombré d'idéologie… Les routes, l'humanisation des asiles, la modernisation de l'agriculture, la restauration de Noirlac, les crédits européens pour les créations d'emplois, l'aide aux communes, sont des devoirs quotidiens mais aussi les souvenirs de quelques victoires partagées qui ne devaient rien au mensonge".
Je peux moi-même en témoigner, qui ai vu dans mes responsabilités de chef d'entreprise combien les infrastructures étaient pour lui essentielles. Et je veux dire que, lorsque nous souhaitions le voir pour parler profession, nous le rencontrions.
Lorsqu'il s'agissait de discuter, de traiter des vrais sujets, il était là.
Et effectivement, sous sa présidence, la modernisation du réseau routier avance à grands pas. Il est l'un de ceux qui ont fortement contribué à l'arrivée de l'autoroute à Bourges, ainsi qu'à l'électrification de la ligne Tours-Vierzon-Bourges.
Il est à l'origine de l'aide financière aux communes pour leur permettre de se développer et d'investir.
Il entreprend la rénovation des collèges et instaure le guichet unique pour faciliter l'installation des commerçants.
Un de ses grands succès sera la création de la faculté des sciences à Bourges Nord, point de départ de la renaissance de l'université à Bourges. Un dossier qu'il a sorti de l'enlisement après des années de tergiversations.
Lorsqu'il est Ministre du commerce extérieur, il organise la visite d'une délégation chinoise -déjà ! - dans le vignoble de Menetou-Salon. Elle marquera le début de l'ouverture à l'exportation du monde viticole.
Jean-François Deniau avait l'aisance et l'intelligence d'un grand.
Quelques minutes lui suffisaient pour saisir l'ampleur d'un dossier, en cerner les problématiques. Il l'abordait sous tous les angles, financier bien sûr, mais aussi historique, culturel ou humain. Son érudition était immense.
Esprit toujours en ébullition, il avait une idée à la minute, à charge pour son entourage de la réaliser.
Il avait su s'entourer de collaborateurs ou d'amis d'horizons très divers, ce qui lui donnait une vue d'ensemble sur tous les sujets.
N'ayant pas un goût prononcé pour la gestion de l'administration territoriale, il en avait confié la responsabilité à Camille Michel qui l'a, nous le savons, beaucoup aidé, en particulier à certains moments difficiles de sa maladie.
Mais il aimait la réalité du terrain, et se sentait tout particulièrement à l'aise au milieu des agriculteurs.
Autant que tribun, c'était un conteur. Il savait avec mille anecdotes conquérir un auditoire et le retourner en sa faveur. Dès qu'il commençait à parler et à raconter, on se retrouvait au milieu de l'action comme si on y avait soi-même participé.
Il était profondément préoccupé par la souffrance des hommes ou des peuples. Nul ne l'obligeait à se rendre en Afghanistan au péril de sa vie ou à recueillir des boat people à bord de la Jeanne. Il avait besoin de le faire, besoin d'aider au plus profond de lui-même.
Il a toujours mis un point d'honneur à remplir ses engagements, malgré la maladie et la souffrance.
C'était un homme d'une grande élégance morale, qui nous a quittés une 1ère fois en 1998. Trop hors normes peut-être. Trop inclassable.
Jean-François Deniau s'est éteint le 24 janvier 2007, à l'âge de 78 ans. Il était Grand officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre, Croix de la Valeur militaire avec palme, Commandeur du Mérite agricole.
Je suis heureux aujourd'hui de pouvoir lui témoigner, en tant que maire de Bourges bien sûr mais aussi à titre personnel, notre reconnaissance en donnant son nom à cette partie de la rue des Armuriers où il a longtemps résidé.
Je vous remercie.

 

 
 
 


Question d'un internaute : Jean François Deniau parmi les 25 ouvrages qu'il a écrit, a-t-il évoqué le Berry ?


    Retrouvez le site de Jean François Deniau :

http://www.jeanfrancois-deniau.org/

Et son dernier ouvrage : "Survivre", dans lequel il évoque Bourges et le Berry.

Retrouvez quelques articles de l'Encyclopédie :
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

http://www.bourges-info.com/

 

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