l'usine aeronautique de Bourges a 80 ans - Roland Narboux - Encyclopédie -

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L'USINE AERONAUTIQUE DE BOURGES A 80 ANS
Par Roland NARBOUX

Bourges, et le 1 er juillet 1928 était inauguré l'Aéroport qui va devenir une usine aéronautique qui s'appelle aujourd'hui MBDA (Ex Aérospatiale)

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l'USINE DE BOURGES ET SON AEROPORT ONT 80 ANS et comme il n'y aura aucune commémoration, l'Encyclopédie se charge de donner cette information.

Tout commence à la fin de l'année 1927, à cette époque, la ville de Bourges possède des industries d'armement, mais hormis la base d'aviation d'Avord, située à 20 kilomètres, il n'y a pas de raison particulière pour créer une industrie aéronautique.
Au départ, Henri Laudier, le maire de Bourges rencontre un aviateur de passage dans sa ville, c'est Marcel Haegelen. Ce pilote est le 6 ième As de la Grande Guerre. Il travaille aux Etablissements Hanriot, une firme spécialisée dans la fabrication de petits avions, depuis les années 1910, avec René puis Marcel Hanriot.
 
C'est une soirée de " bordée " qu'effectue Haegelen avec quelques amis à Bourges, dont le célèbre et pittoresque Pelletier-Doisy, appelé familièrement Pivolo. Haegelen est dans la région du centre de la France pour trouver un terrain d'aviation apte à recevoir une école de pilotage, celle de la société Hanriot.
Lorsque Hanriot vend des avions, il lui est nécessaire de former les pilotes des clients dans une école de pilotage. Comme l'Ecole Hanriot est à Reims, les directives gouvernementales les incitent à se délocaliser au sud de la Loire. C'est pourquoi Haegelen recherche un terrain plat pour implanter son école de pilotage. La rencontre d'Haegelen en Berry avec les autorités municipales va être décisive. Laudier écrira plus tard : "ce fut pour moi, une foudroyante révélation". En quelques semaines, les autorisations sont données, les terrains achetés, les accords entre la ville et la société Hanriot sont signés. La convention est un modèle du genre, elle est précise mais laisse la porte à des aménagements futurs.
 
Et ce fut le grand jour : le dimanche 1er Juillet 1928, l'Aéroport est inauguré.

Dès 9 heures du matin, les fanfares des différentes sociétés musicales précèdent une foule impressionnante en marche vers le nouvel Aéroport.
En fait, l'Aéroport, c'est une vaste étendue de 90 hectares de terrain herbeux, sans piste, mais avec déjà trois bâtiments "en dur" pour que les cours puissent commencer dès le mois d'août.
Après une "Marseillaise" et deux gerbes déposées, vint l'heure des discours, avec Laudier qui ouvrit le feu, juché sur un "cuvier", son propos fut précis et lucide :
" Quiconque se serait permis d'affirmer, il y a un peu plus de six mois, que nous verrions aujourd'hui, en ce beau premier jour de juillet, l'inauguration de l'Aéroport de Bourges, eut bien surpris nos concitoyens qui - il faut bien le reconnaître, et c'est du reste un peu la vertu de la race - ne se décident à agir qu'après avoir mûrement réfléchi."
Puis il s'excuse pour avoir troublé " quelques respectables habitudes ", et admet qu'il y a eu un peu de mécontentement de la part des possesseurs des lieux qui sont qualifiés de " braves propriétaires ". En fait , Laudier a abordé ce dossier de terrain un peu à la hussarde et il s'en excuse, car " nous n'avions ni le choix des moyens, ni celui de l'heure ".
Le Maire de Bourges poursuit alors avec un rappel historique très documenté sur l'arrivée de l'aéronautique dans le département du Cher. Il revient sur un événement qui a marqué les Berrichons, il s'agit du célèbre meeting de 1910, il rappelle " que c'était sur l'initiative du trop tôt disparu Pierre d'Arenberg que le Comité de l'Aéro-Club organisait cet inoubliable meeting du Polygone… "
Il ajoute que l'année suivante, le Conseil général décidait la création de cette école pratique d'aviation d'Avord.
Il continue alors par les remerciements d'usage envers les représentants de la " Maison Hanriot " : M. le Général Girot, président du Conseil d'administration, M. Outhenin-Challandre le Directeur, puis Haegelen, Sterckx, Huget, Hullin et Dabard, ce dernier devenant le Directeur de l'Ecole de Bourges. La conclusion de Laudier est toute aussi pertinente par rapport à ce qu'il pense de ses concitoyens :
 

" Pour une fois, la vieille force d'inertie berrichonne a été vaincue par la ténacité et j'ose m'en féliciter nos concitoyens ont maintenant compris les bienfaits que peut attendre la Ville de Bourges de son Aéroport. C'est un lustre nouveau pour notre cité antique, un lustre qui lui revenait de plein droit, à la croisée des routes internationales. "

Il parle avec beaucoup de vision, de la future activité commerciale et économique avec la création de l'Aéroport.
Et il termine ainsi :

" La cité des Bituriges et coeur de la France peut s'enorgueillir de doter le pays non point d'un des premiers, mais d'un des plus importants Aéroports qui, demain, jalonneront les routes aériennes. Bourges vient de marquer sa place sur la carte aérienne mondiale. "

Il y avait, dans ce discours, un côté quelque peu grandiloquent, car l'Aéroport, pour l'instant, ce n'était qu'un bout de terre, et trois baraquements pouvant recevoir 12 élèves pilotes.... Mais Laudier voyait juste, au fil des années, si la fonction commerciale ne va pas beaucoup se développer, l'industrie aéronautique, par contre va devenir pour la région, une activité de première importance.
L'inauguration se terminera par la présentation de quelques avions, qui serviront à l'école, puis le Préfet du Cher effectuera son baptême de l'air. Pendant les discours, une escadrille de Nieuport de chasse du régiment d'aviation de Châteauroux se livra à des passages au-dessus du terrain et à des acrobaties que la presse trouve " étourdissantes ". Puis ce furent au tour de trois avions Morane qui firent eux aussi quelques démonstrations en vol.

La cérémonie s'achève, et ce sera le retour en centre-ville un déjeuner qualifié d'intime, avec le préfet, la municipalité, et les représentants de la maison Hanriot.

Tout en étant intime, ce déjeuner fut aussi l'occasion de plusieurs discours dont celui du président de l'Aéro-Club du Berry, monsieur Henri Hervet, lequel remercia le maire de Bourges qui a réussit " au milieu d'obstacles que d'aucuns pouvaient juger insurmontables. Il su voir grand et faire vite, montrant qu'au pays de Jacques Cœur il n'est vraiment " riens impossible ".
Cet aéroport sera une première pierre, car très vite, des bâtiments vont être construits afin de faire la réparation des avions Hanriot, suivi d'autres avions comme les Goliath de Farman, et deux ans plus tard, ce sont de véritables fabrications de tronçons d'avions, comme les Potez 25 ou les Bloch 200, puis d'avions Hanriot comme le H 431 ou le LH 12 qui seront réalisés.

Tout avait commencé un 1er juillet 1928, cette école Hanriot deviendra un grand établissements aux noms successifs prestigieux, de la SNCAC, à Nord Aviation, à Aerospatiale et aujourd'hui MBDA.

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