Pour tout Berruyer, le vocable
de GIAT Industrie n'est pas entré dans le vocabulaire
courant. On parle toujours de l'EFAB, Etablissement de Fabrication
d'Armement de Bourges.
Dans les années 1970, l'entreprise
occupait encore plus de 2500 personnes, ils seront sans doute
un peu plus de 1000 en l'an 2000, tant l'armement en France et
en Europe voit ses effectifs baisser. En avril 2003, le 6 e plan
social prévoit de diminuer les effectifs de manière
considérable.
Ainsi de 809 employés en 2003, le
chiffre de 2006 serait de 576.
Il change de statut et de nom pour devenir
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L'entreprise berruyère a des
atouts importants par la qualité de ses moyens et la compétence
de ses personnels. Elle aborde l'avenir en misant sur ses métiers
de base tout en recherchant une diversification dans des domaines
civils.
GIAT industrie est par tradition l'entreprise spécialisée
dans la fabrication des canons d'artillerie.
Le premier canon sort des chaînes berruyères en
1867, mais trois ans plus tard, c'est la défaite de l'empereur,
et la fonderie fonctionne toujours, elle ôte, le terme
d'impérial sur les canons, et poursuit la fabrication....
pour la République. L'établissement prendra plus
tard le nom d'ABS (Atelier de construction de BourgeS.
C'est à cette époque qu'une école de pyrotechnie
venant de Metz se recentre en Berry, on l'appellera l'ECP, Ecole
Centrale de Pyrotechnie.
Les deux entités ABS et ECP fusionneront en 1967 pour
devenir l'EFAB (Etablissement de Fabrication d'Armement de Bourges).
L'objectif était selon un document
des Amis du Patrimoine de l'Armement de Bourges " d'améliorer
les liaisons entre concepteurs et constructeurs de la bouche
à feu et de ses munitions". Le but se devait aussi
de restructurer un ensemble immobilier vétuste réparti
sur plus de 200 hectares.
La restructuration fut difficile d'autant
qu'en 1973 arriva le premier choc pétrolier. Les matériels
développés se nomment alors :
- 155 automoteur
- 155 tracté
- 105 léger
- artillerie pour AMX
- artillerie pour le char Leclerc
- L'ensemble de ces Etablissements Militaires
se spécialisera dans la fabrication des canons. Ainsi
sortiront des chaînes berruyères, le fameux canon
de 75, vainqueur de la grande Guerre, plus proche de nous, les
bouches à feu de 105 mm et plus tard de 155 mm, les plus
gros calibres utilisés ces dernières années.
Enfin, le canon du char Leclerc sort de Bourges.
Mais les commandes militaires vont se tarir
avec en particulier, comme pour sa voisine Aérospatiale
Missile, la fin de la menace soviétique.
C'est en 1986 que les ingénieurs
et techniciens prennent possession de leurs nouveaux bureaux
dans un bâtiment résolument futuriste. Les pyramides
du GIAT deviennent célèbres dans tout le monde
industriel par la qualité et innovation architecturale.
Il reste encore ce bastion, symboliquement
représenté par les "Pyramides du GIAT",
mais en ce début d'année 2006, pour combien de
temps encore ?
Un musée de
l'armement axé sur les
canons est à la fois magnifique et unique en France.
Ce musée comprend une soixante de pièces d'artillerie
couvrant la période comprise entre 1880 et 1950.
C'est un magnifique ensemble, mais la structure
porteuse n'est pas connue. Il reste un association, volontaire
et sympathique, mais sans argent. C'est le problème depuis
plusieurs années.
L'HISTOIRE LOINTAINE
DE GIAT INDUSTRIE
L'ARMEMENT A BOURGES S'IMPLANTE
Il y a souvent eu confusion à Bourges
dans la dénomination des Etablissements militaires, depuis
un demi-siècle, les noms et sigles, comme la DFA, l'ETBS,
l'ABS, le GIAT, la DEFA, sont pour le moins confus dans l'esprit
de beaucoup et il n'est pas simple de s'y retrouver. Cet article
comporte l'étude de ce qui est aujourd'hui GIAT INDUSTRIE.
LES PREMISSES
A l'origine, il y a une position géographique
favorable, par rapport à Paris, les autorités pensant
que le Berry et Bourges pouvaient constituer une excellente zone
de replis. Lorsqu'en 1793, il y eut, en pleine Révolution
des tensions à la Convention, pour éviter de subir
les pressions de la rue parisienne, plusieurs Conventionnels
demandèrent que la Convention, c'est à dire les
Députés soient à Bourges et non à
Paris.
Plus tard, en 1815, c'est à dire à la fin, Napoléon
premier, qui n'est jamais venu à Bourges dira de la ville
: "c'est un important centre stratégique".
Cette notion de réduit stratégique
va occuper plusieurs hommes politiques à partir de 1830.
Deux noms sont à mettre en avant :
- le colonel Marnier, chef de cabinet du ministre de la
guerre, originaire de Bourges, il voit cette région du
et la frontière de la Loire, comme un bienfait.
- le maire Mayet Génétry, mobilise la population
pour avoir le financement d'un polygone de tir. Son objectif
est de permettre l'installation à Bourges d'un régiment
d'artillerie. Il faut construire un réduit naturel et
stratégique au centre de la France disent ces deux hommes.
La municipalité intervient pour le financement, et Bourges,
en 1837 se retrouve avec un Régiment d'Artillerie, avec
1400 hommes et 1300 chevaux.
C'est dans le même esprit qu'en 1845,
Bourges obtient son dépôt d'artillerie.
Avec l'arrivée du Chemin de Fer (1847), la ville peut
progressivement se transformer en un vaste arsenal dans lequel
les armées viendraient "s'alimenter en matériel
et munitions".
1853, c'est la création du premier
polygone de tir, il a 2 Km de long.
Il y a une volonté unanime des représentants
de Bourges pour demander au Ministère "l'organisation
dans la ville de Bourges d'Etablissements Militaires".
DATE CLE : 1860, L'ARMEMENT S'IMPLANTE
A BOURGES
La décision d'implanter les "établissements
militaires" à Bourges date d'avril 1860.
La première réalisation comprend une Fonderie impériale
de canons et les premières pièces sortent de Bourges
dès 1867, pour le compte de l'empereur Napoléon
III. La défaite consommée de 1870 transforme l'établissement
en fabricant de canons, après avoir ôté le
qualificatif d'impérial. C'est au début du siècle
que le nom de ABS (Atelier de construction de Bourges) devient
familier des Berruyers.
A la même époque lointaine,
vers 1870; une Ecole de pyrotechnie s'implante à Bourges
en venant de Metz, elle s'appellera l'ECP (Ecole Centrale de
Pyrotechnie).
Les deux entités fusionneront un
siècle plus tard
, en 1967, pour devenir l'EFAB
(Etablissement de fabrication d'armement), lequel, en 1994 s'appelle
GIAT (Groupement Industriel des Armements Terrestres), puis GIAT-Industrie.
LES ETABLISSEMENTS MILITAIRES EN
1914-1918
L'accroissement du personnel est considérable
dans les fabriques de canons et d'obus de Bourges. A l'Atelier
de Construction, il y a 729 employés au début du
conflit, ils seront 8376 à la fin de la guerre.
A l'Atelier de Construction, on édifia
à la hâte, des ateliers d'usinage, mais aussi des
magasins, des quais et même une usine d'alimentation en
eau. Les surfaces occupées furent multipliées par
3 entre 1914 et 1918.
Les canons sortiront
à grandes cadences, le 65 mm de montagne, le 155 mm Rimailho,
et enfin le 155 GPF du Colonel Filloux. Ce dernier sera utilisé
sur le front à partir de 1917 , il figure parmi les armes
qui furent décisives pour la victoire. Les cadences de
travail sont importantes, on travaille 24 heures sur 24, et journalièrement,
il sort de Bourges, 40 canons de 75, il en sera produit au total
plus de 3000 exemplaires.
En 1917, il y aura plus de 23 000 personnes,
logées pour beaucoup aux Bigarelles. La ville de Bourges
atteint alors le chiffre considérable de 100 000 habitants.
LA SECONDE GUERRE MONDIALE
Si les Allemands ont tracé la ligne
de démarcation au sud de Bourges, c'est sans aucun doute
pour placer sous leur autorité l'ensemble des industries
d'armement. Il s'agissait là d'une richesse qu'il était
nécessaire de bien maîtriser.
L'Atelier de Construction de Bourges que chacun appelle l'A.B.S.,
s'est spécialisé, depuis sa création sous
le Second Empire dans la fabrication des canons, et son heure
de gloire fut atteinte pendant la Grande Guerre, entre 1914 et
1918.
Lorsque le second conflit du siècle apparaît en
1939, l'Etablissement, placé sous la direction de l'Ingénieur
Général Brochard, accroît ses effectifs qui
passent de 2000 à plus de 5000 employés, civils
et militaires. Les productions du canon de 75 SA 35 et de 105
C 35 B s'accentuent, mais les stratèges français
constatent que nos forces sont dépourvues de batteries
antiaériennes. Comme le signale Bernard de Pirey, "en
quatre jours, le bureau d'études de l'Atelier de Construction
de Bourges met au point un projet d'affût monté
sur une plate-forme et permettant le tir à la verticale".
Ce sera le canon 75 CA 39, qui sortira des chaînes berruyères
à partir d'octobre 1939.
C'est donc une usine en pleine capacité
que les Allemands découvrent à la mi-juin 1940,
elle a été évacuée par le personnel
le 17 juin pour un repli sur Guéret.
Dans les premiers mois de l'Occupation, trois cents ouvriers
travaillent à des tâches "civiles", comme
la fabrication de fendeurs de bois pour gazogènes, d'extincteurs
d'incendie, de ruches ou de clapiers.....
L'Ingénieur en Chef Brochard restera en place jusqu'au
20 août 1940, puis cédera sa place à son
collègue Gentil. Les bureaux et services sont dispersés
dans Bourges, en particulier rue de l'Equerre, alors que l'Ecole
d'Apprentissage est rouverte, au bord de l'Auron. En 1942, cette
école recevra 57 élèves.
Lorsque les Allemands pénètrent
dans l'Etablissement, ils sont totalement surpris par le "colossal
butin" laissé par les Français. Il y a en
effet des stocks considérables de matières premières,
des barres d'étain, des plaques de zinc, de l'acier, de
l'argent..... du matériel pour 8 ans de guerre comme l'écrit
une revue allemande "Der Sieg". Et puis il y avait
3700 machines pour fabriquer les canons !
D'une manière méthodique, avec leur grand sens
de l'organisation, les Allemands vont déménager
machines et matières premières pour les envoyer
outre-Rhin. Même les charpentes des bâtiments furent
démontées, cataloguées puis chargées
pour satisfaire l'industrie de guerre en Allemagne.
Comme dans de nombreuses régions,
des ouvriers de l'Atelier de Construction furent réquisitionnés
et envoyés dans la région de Berlin. L'Etablissement
berruyer, privé des éléments parmi les plus
jeunes et les plus compétents, sans machine de production,
va péricliter et les seuls employés restant seront
affectés à l'exploitation forestière. Beaucoup,
pour échapper au S.T.O., s'en iront dans la clandestinité.
à suivre
EFFECTIFS DE BOURGES ( sans La Chapelle
Saint Ursin)
1988 = 2160 p
1991 = 1668
1994 = 1464
1995 = 1392
1998 = 1155
1999 = 1017
2000 = 1067
2001 = 964
2002 = 910
2003 = 810
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