L'HISTOIRE
DU DIOCESE DE BOURGES
Il
n'est pratiquement jamais possible de trouver des traces sérieuses
de l'implantation du christianisme dans les diocèses de
France. Les premiers apôtres étaient essentiellement
préoccupés de convertir les âmes et la preuve
écrite n'existait jamais.
Autre phénomène pernicieux,
c'est au XII e siècle que dans les luttes entre les diocèses
pour savoir lequel était le plus important, l'antériorité
était un phénomène avec lequel il fallait
compter. Aussi, on n'hésita pas "à en rajouter".
Compte tenu de l'importance de l'article,
il vous est possible de cliquer sur un des thèmes suivants
pour aller directement sur ces articles.
SAINT
URSIN EVEQUE DE BOURGES
LES
ARCHEVEQUES DE BOURGES
LA
PRAGMATIQUE SANCTION DE BOURGES
L'EGLISE
SOUS LA REVOLUTION
LE
DIOCESE DE BOURGES AU XXI SIECLE
LES EVEQUES
DE BOURGES AU V e ET VI e SIECLE
Dans les périodes troubles de la
domination des Wisigoths (jusqu'à la bataille de Vouillé
qui y met fin), le christianisme continue sans trop de difficultés,
de même avec Clovis et ses premiers successeurs.
Ainsi on retrouve l'évêque de Bourges Tétrade
au concile d'Agde en 506, puis les noms de nombreux évêques,
dont on ne sait toutefois rien de leur action.
Jusqu'au VII e siècle, la liste est bien connue de ces
évêques comme Rémy, Probien, Félix,
Arcadius, Outrille, Vulfolèle et quelques autres.
Ils étaient comme Sulpice I e des
gens instruits et parfois des poètes ou des écrivains.
L'épiscopat se recrutait dans la classe dirigeante, ils
voyageaient, et formaient une communauté de gens puissants.
Ils s'occupaient de protéger leurs paroissiens, et parfois
repoussaient si nécessaire les collecteurs d'impôts
envoyés par le roi.
On ne connaît pas grand chose de
leur activité spirituelle et religieuse. Sinon que Saint
Sulpice a converti des Juifs et qu'il était très
populaire.
A cette époque, on ne parle pas encore d'archevêque,
mais de "métropolitain".
LES ERMITES
ET LES MONASTERES
Une des caractéristiques de cette
époque en Berry, est dans l'attrait de la vie monacale.
Au VI e et VII e siècle, il y a beaucoup d'ermites de
reclus et aussi quelques fondateurs de monastères.
Ces personnalités n'avaient qu'un objectif : fuir le monde.
C'est le cas de Saint Amand qui vécu dans une cellule
dans le rempart de Bourges.....avant de s'en aller évangéliser
la Belgique.
Ces ermites pouvaient aussi vivre dans des forêts, comme
Marien, ou encore dans les marais de Bourges ou du Cher, c'est
le cas de Eisice qui attirait beaucoup de disciples et de visiteurs
dans une cella, ou cellule je suppose du côté de
Selles-Saint-Eusice qui devint par la suite Selle-Sur Cher. Grégoire
de Tour, toujours lui raconte qu'il était si célèbre
que Childebert, en partance pour une guerre d'Espagne fit un
détour pour aller le voir.
Dans la ville de Bourges, des femme de la haute société
fondent dans leur maison même des communautés qui
deviennent en quelque sorte des couvents de religieuses.
Ainsi des monastères se créèrent,
mais ils étaient un peu l'ouvre de leur fondateur, et,
pour durer, il fallait des règles. C'est ainsi que 2 règles
monastiques se répandirent en Berry, l'une de l'Irlandais
Colomban, très stricte et très dure, l'autre, plus
connue et plus humaine, fut celle de saint Benoît.
Ainsi les VI e et VII e siècles,
par la personnalité des hommes d'église est connue,
ce qui n'est pas le cas du siècle suivant. En effet sur
le VIII e siècle, nous ne savons rien sur le plan religieux.
On peut penser que la règle bénédictine
s'est développée.
Le duc d'Aquitaine prend son autonomie
et les guérillas avec les maires du palais se développent,
le Berry devient alors un champ de bataille. Ce sera la lutte
entre Pépin le Bref et le duc d'Aquitaine Gaifier entre
760 et 768.
LE CONCILE
DE BOURGES
Dans la difficile période du début
du XI e siècle, un nouvel archevêque est nommé
à Bourges, c'est un homme issu d'une grande famille, c'est
Aimon de Bourbon.
Il chercha à obtenir des havres de paix dans un moment
de guerre et d'anarchie. En 1041, lors d'un concile provincial,
tenu à Bourges, il exigea des nobles qu'ils concluent
des accords de paix et surtout qu'ils respectent ceux qui ne
se battent pas. Il créa une milice pour faire respecter
cette paix et fit la guerre à des seigneurs récalcitrants
comme le chevalier du château de Bennecy. Il alla plus
loin et fit la guerre au seigneur de Déols qui guerroyait
vers Châteauneuf sur Cher, mais il fut anéanti.
C'est une période de profond désordre,
ainsi, les paroisses sont souvent sans titulaire et les prêtres
absents de leur église. Ainsi, le concile de Bourges demandait
aux paroisses rurales de changer les hosties tous les dimanches
pour qu'elles ne s'altèrent pas.
Dans certaines églises, les messes n'étaient plus
célébrées qu'une fois par mois, ou plus
du tout. Mais cette remise en ordre est inquiétante, ainsi,
le concile veut sanctionner la vente des sacrements, et il cherche
à régler le sort des prêtres concubinaires
ou mariés, ainsi que celui de leurs femmes ou de leur
bâtard.
Le nicolaïsme était alors fort répandu ?
Dans certains diocèses, à cette époque,
en Bretagne par exemple, les évêques se succédaient
de père en fils.
C'est donc une mauvaise période
que traverse le monde chrétien. La lumière et le
redressement vont venir de Cluny. Cette abbaye datait de 910
et elle avait remis au goût du jour la règle de
Saint Benoît, et c'est le Berry qui est une des premières
régions à être touchée par ce mouvement
clunisien.
LES ARCHEVEQUES
DE BOURGES
L'ensemble des archevêques de Bourges
figure dans un article spécifique : Les
Archevêques de Bourges
Signalons néanmoins, Pierre de
la Châtre (en fonction de 1144 à 1171) fonda
des églises, et il acquit des domaines, tout en réorganisant
son diocèse de Bourges.
Il édifia un nouveau palais archiépiscopal dans
le cloître. Il excella dans la construction des oppida,
templa et domus...
Henri de Sully,
fils du seigneur de Sully sur Loire fut élu archevêque
en 1183 (jusqu'en 1199), sa famille fournit 3 archevêques
de Bourges. Il était riche et porté vers l'autorité
et la diplomatie, c'était un "grand".
En 1199, Henri de Sully est remplacé
par saint Guillaume (1199 - 1210)
Ce Guillaume était un moine, abbé de Chaalis. Homme
de noble naissance, de caractère pieux, voué à
l'étude et à la méditation, il s'oriente
très vite vers les ordres.
De 1210 à 1217, l'archevêque de Bourges était
Gérard de Cros, dont on ne sait rien !
En 1218, un nouveau Sully arrive, c'est
le neveu de Henri, il s'agit de Simon de Sully qui occupera le
siège pendant 14 ans.
C'est sous Simon de Sully que fut entreprise la nef de la cathédrale.Nouvel
archevêque en 1236 (jusqu'en 1260 environ), Philippe Berruyer
était le neveu de saint Guillaume.
Lorsqu'il meurt en 1260, le gros oeuvre de la cathédrale
est achevé.
80 années de l'histoire du diocèse
avec deux familles, celle des Sully et celle de saint Guillaume.
Mélange de bâtisseurs et de ferveur religieuse.
Il fallait les deux pour mener à bien un tel chantier.
Le prestige de Bourges était considérable,
l'archevêque avait beaucoup d'influence sur le roi de Franc
et sur le Pape. Il les aidait, sur le plan juridique et financier.
Le nombre de chanoine était de 30
en 1178 et 40 en 1189. Il y avait obligation de résidence,
mais en 1180, par exemple, ils n'étaient que 20 à
Bourges. C'était une fonction très rémunératrice.
Revenus de la terre, le chapitre possédait
aussi des villages (La Celle-Condé, Mareuil sur Arnon...).
L'économie du Berry était agricole, les terres
capitulaires étaient organisées en 4 métairie
administrées par les prévôts qui percevaient
les dîmes.
LA PRIMATIE
D'AQUITAINE
Tout au cours du XIII e siècle,
il y eut un conflit entre Bourges et Bordeaux, les archevêques
de Bordeaux voulaient se soustraire à la suprématie
de Bourges, et on retrouve encore le combat entre les capétiens
et les plantagenets.
Les difficultés surgissent vers 1210 au moment où
Jean sans Terre veut reprendre au roi de France des terres cédées
10 ans auparavant. Un jour, l'archevêque de Bordeaux refuse
de se rendre à un concile, et le diocèse de Bordeaux
est alors frappé d'interdit. Le pape s'en mêle tout
comme le roi de France Philippe Auguste.
En 1225, le roi d'Angleterre Henri III
essai de dresser une nouvelle coalition contre Louis VIII pour
reprendre le Poitou.
Il faudra attendre 1234, l'arrivée de Blanche de Castille
et la défaite des troupes de Henri III pour que la primatie
de Bourges soit reconnue.
Cela n'allait pas sans quelques problèmes, ainsi Rome
décréta que l'archevêque de Bourges ne pourrait
visiter la province de Bordeaux qu'une fois tous les 7 ans et
que la tournée ne pourrait pas durer plus de 50 jours.
En 1265, l'archevêque de Bordeaux reçoit son homologue
de Bourges, Jean de Sully. Et c'est à ce moment que se
réunit à Bourges l'assemblée qui décide
de la seconde croisade contre les Albigeois. Ce sera d'abord
le triomphe de l'orthodoxie et l'implantation du pouvoir royal
sur le Languedoc.
LES EVEQUES
DU XIV e SIECLE
Parmi les archevêques de Bourges,
nous trouvons un limousin, Renaud de la Porte entre 1316 et 1320
et le successeur de cet homme a laissé son nom dans l'histoire
locale. En effet, Guillaume de Brosse aura la lourde tâche
de procéder à la consécration de la cathédrale.
Signalons aussi Pierre d'Estaing qui avait été
évêque de Saint Flour et devint archevêque
de Bourges en 1367 (jusqu'en 1370)
LE DECLIN
C'est au XIV e siècle que commence
le déclin de l'église de Bourges. La cathédrale
avait été le sommet de la puissance de cette église.
Les archevêques vont de plus en plus dépendre du
roi. Ainsi Simon de Beaulieu est nommé en 1281, sans doute
avec l'accord du roi et peut-être à sa demande.
Il visite sa province et intervient dans la vie et l'organisation
du diocèse.
Primat d'Aquitaine il va aussi à Bordeaux pour montrer
sa puissance. Des incidents se produisirent, il n'était
pas le bienvenu ! A Sainte-Croix de Bordeaux, ce fut même
l'émeute et l'archevêque dut rebrousser chemin.
L'archevêque était aussi accompagné de représentants
des capétiens, et Bordeaux était toujours entre
les mains des plantagenêts.
Simon de Beaulieu quitte Bourges en 1295 pour un poste plus important,
le pape Célestin V le charge d'importantes fonctions en
France, c'est le cardinal-évêque de Palestrina,
il est le premier archevêque local a avoir d'importantes
fonctions.
L'archevêque suivant, c'est Gilles
de Rome, un italien issu d'une illustre famille. C'est un théologien
qui prend parti pour le roi dans l'affaire des Templiers. Il
écrira plus de 35 livres, mais son action en Berry est
mal connue. Aussi lorsque le pape Clément V en 1305 supprime
tout regard de l'archevêque de Bourges sur Bordeaux, il
ne lève pas le petit doigt.
Il en est fini de la primatie d'Aquitaine, elle avait essentiellement
servi aux ambitions politiques des rois de France.
Les prieurés sont aussi en déclin,
le concile de Bourges de 1286 reprécise les règles.
C'est sur la notion de propriété individuelle qui
est en ligne de mire, tout comme l'introduction de femmes dans
les monastères, comme servantes, mais avec la naissance
de calomnies et de scandales.
En 1336, il est encore question des prêtres mariés.
Les archevêques de Bourges sont alors
sans attache locale. Sur les 8 qui se succèdent entre
1293 et 1391, aucun n'est resté en permanence dans leur
diocèse et 5 n'ont faits qu'un passage. Ils ont peu influencé
leur diocèse.
Cette période du XIV e siècle
est trouble, depuis 40 ans, c'est la guerre et le Berry commence
à être touché et traversé par des
bandes de pillards. Un de ces chefs de bande fut Arnauld de Cervoles
appelé encore "l'archiprêtre" que Charles
V avait installé à Nevers. Le fait que des diocèses
fussent donnés à des routiers montre l'état
de délabrement de l'Eglise de cette époque.
LE PETIT
ROI DU PETIT ROYAUME DE BOURGES
Tout d'abord, l'église de Bourges
paraît triomphante. La richesse éclate à
travers la Sainte Chapelle oeuvre du duc Jean de Berry.
Elle fut consacrée en avril 1405 par l'archevêque
de Bourges Pierre Aimery.
En 1418, le dauphin Charles est chassé
de Paris par les Bourguignons, et il vient se réfugier
en Berry dans ce qui était son duché.
La cour s'installe à Bourges, mais pas au palais du duc
Jean, mais dans celui de l'archevêque.
Le roi Charles VI meurt le 20 octobre 1422, et le dauphin prit
le titre de roi le 30 et sa première visite fut pour la
ville et sa cathédrale.
L'archevêque administrait 800 paroisses,
à cela s'ajoutaient 35 collégiales et 46 monastères.
Bourges devenait "un royaume",
mais aussi la capitale religieuse de la France.
Tout se passe à Bourges. En 1432, l'assemblée locale
approuve le concile de Bâle. Puis en 1438, c'est la "pragmatique
Sanction" de Bourges.
JACQUES
COEUR ET SON FILS
Dans cette période, l'archevêque
de Bourges était Henri d'Avaugour, l'un des conseillers
de Charles VII. Il va réorganiser le diocèse.
Soupçonné d'avoir la lèpre, il est contraint
d'abdiquer en août 1446 et il se retira à Noirlac
où il mourut.
Pour son successeur, la désignation
est intéressante. Le roi Charles VII ne pouvait rien
refuser à son grand argentier. Le frère de Jacques,
Nicolas, chanoine de la Sainte Chapelle de Bourges devint évêque
de Luçon en 1441, Jean le fils aîné de Jacques
était promu archevêque de Bourges en septembre 1446,
il avait 25 ans.
Malgré son jeune âge, le nouveau
prélat se révéla assidu, il s'occupa de
son diocèse, et il fut un bon administrateur.
Il avait le culte des relique, et, à Bourges, il avait
de quoi faire. Il reconnut les reliques de Saint Ursin et de
saint Fulgent, puis en 1482, il fit ouvrir la châsse de
Saint Guillaume et poursuivit l'action envers Philippe Berruyer.
Il méditait souvent sur la mort. C'est le 26 juin 1482
qu'il est emporté par une "fièvre chaude".
Il laisse le souvenir d'un "homme pieux, savant et fameux
prédicateur".
en savoir plus sur Jacques Coeur et
sa famille, voir l'article = Jacques Coeur
de Bourges
JEANNE
DE FRANCE
Elle fait son entrée à Bourges
le 16 février 1499. Cette femme avait été
répudiée par Louis XII.
Elle s'occupe de son duché, mais va à des préoccupations
religieuses très vite. Avec Guy Juvénal, l'abbé
de Saint-Sulpice, elle fait entrer le monastère de Saint-Laurent
dans la congrégation de Chezal Benoît.
Elle voulait une Eglise fondée sur la pauvreté,
la dévotion intérieure et la discipline morale.
Elle eut quelques difficultés à fonder sa propre
congrégation, vouée au culte de la Vierge Marie,
son directeur spirituel voulait qu'elle choisisse tout simplement
les Clarisses.
Elle fonda sa propre règle, après avoir obtenu
l'accord du pape et du Sacré Collège, c'était
le 12 février 1502.
L'accord définitif fut entériné par l'archevêque
Guillaume de Cambray en 1504. Et de 21 novembre de cette même
année, les 21 premières religieuses de l'ordre
de l'Annonciade ou des dix vertus ou Plaisirs de la Vierge entrèrent
"en clôture".
Elle mourut le 4 février 1505. Elle
avait beaucoup influencée le diocèse, par la dévotion.
Elle était plus soucieuse de vie intérieure que
de liturgie. Pour les Berruyers, elle était la duchesse
des pauvres. Son action sur les malades ou les pestiférés
qu'elle faisait soigner était importante.
Le problème de la formation des
clercs était un problème crucial, Jeanne de France
agit dans ce sens. Elle tenta de fonder un collège. C'était
un séminaire avant la lettre.
C'était l'époque de l'Université
de Bourges fondée en 1463. La Faculté de droit
civil était la plus célèbre des 5.
En savoir plus sur Jeanne de France
, voir l'article = Jeanne
de France
LA REFORME
ET LE PROTESTANTISME
Au XV e siècle et au XVI e, il y
a une apparence d'une Eglise triomphante, mais elle est en profondeur,
dans une crise très grave. Pourtant des réformes
sont tentées et parfois réussies par les archevêques
successifs comme Jean Coeur, Pierre Cadoet, Guillaume de Cambray.
La suite dans Réforme et Protestantisme
RETOUR
EN HAUT DE PAGE
A la fin du siècle, le diocèse
connut un apaisement dans ces passions religieuses.
Les capucins déployaient désormais leur énergie
à soigner les malades et les pestiférés.
Les Augustins acceptaient de se réformer.
LE CLERGE
DU XVII e SIECLE
En 1643, l'archidiacre trace un portrait
peu flatteur du clergé berrichon qui est traité
avec des mots comme ivrognerie, impureté, avarice, mauvaise
tenue des Eglises, ignorance de certains prêtres de dire
la messe.
En allant plus loin, c'est sur la fréquentation des cabarets
par certains prêtres que l'accent est mis ou encore sur
leur laisser-aller vestimentaire ou leur concubinage ou simonie.
Face à ce portrait peu flatteur,
il y avait quelques saints en puissance. Ainsi, pendant la grande
peste de 1628, ils ne reste que 3 prêtres et 8 religieux
pour assister les mourants, alors que tout le monde avait fuit.
Il y avait aussi quelques ermites dans la région de Dun.
En 1608, une ordonnance rappelle que les
prêtres sont là pour instruire le peuple et qu'un
vicaire doit savoir son catéchisme.
La vie religieuse était curieuse,
il y avait en Berry, un mélange de superstition et de
croyances ancestrales. On pratiquait beaucoup le culte des reliques,
on attribuait aux saints des guérisons dans tout le diocèse.
Et puis les processions étaient multiples, c'était
pour lutter contre la sécheresse, où on promenait
les reliques de Sainte Solange. La peste amenait une recrudescence
des processions. En 1628 fut instituée la procession des
roses, le premier dimanche de juin.
On fonda aussi des confréries pour
le clergé régulier. Celle du Rosaire aux Jacobins,
celle du Mont-Carmel à Cerilly. En 1666, celle de Saint
François de Sales à Bourges pour sa canonisation.
Il y eut une reprise en main vers 1650
avec de fréquentes réunions des curés de
Bourges pour améliorer la situation. Ils examinaient des
cas de conscience, de discipline, de moralité. L'accent
fut mis sur les clercs, leur choix et leur formation.
D'Hardivilliers interdit de présenter des enfants à
la tonsure avant l'âge de 9 ou 10 ans. En 1644 à
Paris, sous l'impulsion de Monsieur Vincent, on parla formation
et ce fut le début des séminaires.
L'Histoire des Archevêques de Bourges
figure dans l'article Les Archevêques
de Bourges
LE TEMPS
DES CONSTRUCTIONS
Michel Phelypeaux de la Vrillère
devint archevêque en 1677, c'était une grande figure
de Versailles, il fut remarqué par des projets grandioses.
C'est lui qui fit construire le palais archiépiscopal,
le Grand Séminaire, les jardins.
LE CARDINAL
DE LA ROCHEFOUCAULD
C'est l'abbé Frédéric-Jérôme
de Roye de La Rochefoucauld, qui n'avait que 28 ans qui prit
le diocèse de Bourges en 1729.
C'était un "grand" du royaume.
Autre archevêque de renom en 1757,
Georges-Louis Phélypeaux d'Herbault, grand vicaire du
cardinal précédent. Il avait 28 ans.
Il reste à son poste pendant 30 ans et meurt en 1787,
à la veille de la révolution.
L'Eglise
sous la Révolution, c'est un épisode
fort mal connu des Berruyers, très intéressant,
et qui mérite un article particulier :
CLIQUER
ICI
RETOUR
EN HAUT DE PAGE
LA RESTAURATION
DU XIX e SIECLE
Le premier évêque de Bourges
"d'après la révolution", fut Marie-Charles-
Isidore de Mercy, qui fut évêque de Luçon
(comme Torné), et il évolua au cours de la révolution
d'un royalisme pur et dur vers l'acceptation de la République.
Le 4 juin 1802, il écrit : "Je
suis arrivé à Bourges, l'accueil que j'y ai reçu
a été un véritable triomphe pour la religion.
Le premier usage que j'en ferai sera d'organiser mon diocèse".
Il avait 66 ans.
Le Cher comprenait alors 218 000 habitants.
Le diocèse de Bourges était peuplé de catholiques
sauf un millier de protestants dont la moitié vivait à
Sancerre.
Mercy commença à organiser
son diocèse en formant un chapitre de 12 chanoines.
Il fut établit 29 cures dans le
Cher, mais il manquait de sujets valables et le problème
le plus important fut le recrutement (il n'y avait que 200 prêtres
en 1801, dans le diocèse , dont la moitié âgés
de plus de 50 ans).
Mercy rechercha des locaux, il voulait
reprendre Condé, ancien Séminaire, mais le ministre
de la guerre refusa.
En 1806, il y avait 390 prêtres et
294 en 1815. C'est un clergé de vieillards. Bourges est
un diocèse en perdition. (en France, on compte 1 prêtre
pour 880 et 1 pour 1460 en Berry). Les prêtres sont peu
instruits, Mercy constate qu'ils ne connaissent ni un mot de
latin, ni leur catéchisme. Les difficultés financières
sont importantes.
Mercy meurt à 75 ans le 10 février
1811, à ce moment, l'Empereur a pas mal de démêlés
avec le pape Pie VII. Pendant 2 ans, il n'y aura personne à
la tête du diocèse. Un décret de Napoléon
non ratifié par le pape nomme archevêque Fallot
de Beaumont.
Il est alors chargé de renouer des
liens avec le pape, qui refusa et dans son diocèse, il
ne réussit pas trop. Avec la Restauration en mai 1814,
il quitta Bourges, et pendant 2 ans, il n'y eut pas d'évêque
à Bourges.
DUPOND ET LA TOUR D'AUVERGNE
Le 15 décembre 1841, le siège
de Bourges va à Jacques-Marie-Antoine-Célestin
Dupont, un sarde de naissance et romain de sentiment.
Il était à la tête du diocèse d'Avignon
avant de venir à Bourges après avoir convoité
Bordeaux.
Il devint cardinal en 1847. Il meurt le 26 mai 1859
Son successeur ne reste que 2 ans et en
1861, c'est La Tour d'Auvergne que prend le diocèse. Il
a un nom illustre, plein de bonté, il a 35 ans. Son palais
fut détruit dans un incendie le 25 juillet 1871.
ET VINT
LA TROISIEME REPUBLIQUE ET JULES FERRY
Le successeur de La Tour d'Auvergne fut
Joseph Marchal, un professeur de théologie et de philosophie.
Il avait commencé sa carrière ecclésiastique
comme curé d'Epinal. Il vint à Bourges sans beaucoup
de conviction, mais par devoir.
Marchal était calme et froid, aucune chaleur, remarquait
le préfet du Cher, et il possédait une réserve
calculée. Il n'était pas républicain, mais
évitait de le montrer.
Il meurt le matin de l'Ascension en 1892 en rentrant de Saulzais
le Potier.
La période coïncidait avec
le début de l'anticléricalisme en France.
Le 29 mars 1880, Jules Ferry promulgua les lois contre les congrégations
non autorisées et il dissout la Compagnie de Jésus.
Les 19 franciscains de la rue d'Auron se barricadèrent
dans leur monastère. Un prêtre lut une formule d'excommunication.
Marchal écrit au Président
de la République pour protester contre ces lois.
En 1882 et 1886, les lois interdirent l'instruction
religieuse dans les écoles primaires. Ce sera le noeud
du conflit, et à cette époque, le diocèse
comprenait 300 établissements primaires catholiques.
Peu à peu, l'incroyance gagne du
terrain, l'archevêque écrira : " dans des proportions
désolantes, les pratiques religieuses diminuent.... les
prières du chrétien sont l'objet d'un oubli dont
les effets s'étendent aux parents et aux enfants".
Les curés dénoncent le travail du dimanche et l'amour
du plaisir et de la boisson.
En vrac, on dénonce le bal, la presse
et le développement de la vie urbaine avec les ouvriers,
enfin, l'école laïque dont l'action est néfaste
à la jeunesse.
Les prêtres essayent de faire face,
ils se lancent dans des missions, cherchent à réveiller
la foi, avec des fêtes, des processions et des patronages,
ainsi que des pèlerinages, très nombreux en bas
Berry.
Un des soucis de Marchal, ce fut le problème
des vocations. Il s'en occupa sérieusement, et en 1892,
il y eut 375 élèves au petit séminaire,
le plus grand chiffre du siècle. C'était d'autant
plus méritoire qu'il n'y avait pas beaucoup d'argent,
les bourses ayant été supprimées.
Dans les élections, le clergé
n'est, en général, pas républicain, mais
il s'oppose avec prudence.
Après Marchal, le nouvel archevêque
se nomme Boyer. Il était évêque ce Clermont
et ne voulait pas en bouger. Il faudra l'insistance du pape Léon
XIII pour l'amener à Bourges. Il était réservé
et habile, il obtient le chapeau de cardinal en novembre 1895
et s'éteignit un an plus tard.
LE
XX e SIECLE DE LA DECHRISTIANISATION
LE DEBUT
DU SIECLE
Au cours de son second mandat, Henri Ducrot
se heurte à un certain nombres de difficultés.
En particulier, il a beaucoup de soucis avec les intérêts
des contribuables qu'il voulait préserver, alors qu'il
devait ménager à la fois les intérêts
de la Ville et ceux des catholiques à qui il devait en
grande partie son élection. C'est lui qui "prendra
possession" du Palais de l'Archevêque pour en faire
la Mairie de Bourges, il écrira au président du
Conseil le 4 septembre 1909 pour que lui soit attribué
le Palais de l'Archevêque et le jardin attenant. Il aura
une réponse positive immédiate et emménagera
en 1910.....
Il va éviter la rupture avec ses électeurs en leur
donnant en échange, la reconstruction de l'Eglise Saint
Bonnet. Avec cette dernière initiative, il s'opposera
aux Républicains et aux Laïques. Son dernier acte
concernera un nouveau traité pour l'éclairage de
la ville au gaz et à l'électricité.
Sous une apparence assez bonhomme, il était
un adversaire implacable des socialistes qu'il avait "chassé"
de la Mairie. Ainsi, au lendemain des obsèques du Maire
défunt, le 23 décembre 1912, plusieurs incidents
vont opposer les conseillers municipaux, alors que la réunion
du Conseil est placée sous la direction de Paul Commenge.
DU CÔTE
DE L'ARCHEVÊCHE
Le département du Cher, sur le plan
politique est assez représentatif de ce qui se passe dans
le pays. Jusqu'en 1902, le gouvernement est dirigé par
un homme de gauche, Waldeck-Rousseau, il met en oeuvre une politique
sociale d'avant garde, mais reste modéré face aux
idées de Guesde ou de Vaillant, beaucoup plus durs. La
France était très en retard en 1900, par rapport
à l'Allemagne et à l'Angleterre en matière
de législation sociale. Il n'existait aucune assurance
sociale, et lorsque le Ministre "socialiste" Millerand
fait voter une limitation du travail à 11 heures par jour
sans distinction d'âge et de sexe, ce fut un premier progrès,
jugé insuffisant par les partis ouvriers.
Dans un autre domaine, Waldeck-Rousseau met un point final à
l'Affaire Dreyfus et le calme dans les familles revient. Mais
les esprits ne sont pas à la conciliation. Dans cette
Affaire Dreyfus qui avait failli voir sombrer la République,
les Congrégations religieuses avaient eu une action détestable.
La conséquence fut la loi sur les Congrégations
votée en 1901.
Aux élections législatives d'avril et mai 1902,
face au danger des ultras opposés à la République,
le Bloc des Gauches se mobilisa et assura la victoire des socialistes
et des radicaux. Waldeck-Rousseau, après trois ans de
pouvoir, était vainqueur, mais fatigué et malade
il céda son poste à Emile Combes.
Pendant trois ans, cette gauche radicale va diriger le pays,
et "le Petit Père Combes" laissera son nom dans
l'Histoire, comme l'homme de la Séparation de l'Eglise
et de l'Etat. Une oeuvre considérable et très moderniste,
même si quelques bavures ont occulté l'ensemble
de ces actions.
A Bourges, la puissance de l'Eglise et
de l'Archevêque était importante. En 1900, va s'y
tenir un Congrès ecclésiastique pour "éveiller
le zèle du clergé français et étudier
les moyens d'arrêter une déchristianisation croissante...
et accepter le régime politique que la France s'était
donné".
Il s'agissait d'un événement important qui divisait
les catholiques français. Pour organiser ce Congrès,
certains diocèses s'étaient habilement récusés,
mais à Bourges, l'Archevêque, Mgr Servonnet avait
accepté de recevoir ses pairs.
Mgr SERVONNET
LE REPUBLICAIN
Mgr Servonnet avant de venir en Berry,
était à Digne. Il passait pour avoir "une
tendance républicaine" très prononcée,
et avait suivi les préconisations du Pape Léon
XIII. Il espérait, avec cet appui papal récupérer
le diocèse d'Albi ou celui d'Avignon. C'est en 1897 que
Servonnet fut nommé à Bourges, avec l'accord d'un
gouvernement pourtant peu enclin à la conciliation. Il
reçut une lettre de Léon XIII demandant de "s'unir
plus que jamais sur le terrain de l'adhésion loyale à
la République". Face à ce dévouement,
le gouvernement, et en particulier Waldeck-Rousseau se battirent
pour faire obtenir à Mgr Servonnet, le titre de cardinal.
Ce parrainage était sans doute un handicap, et il ne recevra
pas le chapeau convoité.
A son arrivée à Bourges,
le nouvel évêque avait 66 ans, c'était "un
beau vieillard avec sa longue chevelure tombant en arrière".
Il était très cultivé et avait publié
deux volumes de lettres de Saint François de Sales. Sur
le plan social, Mgr Servonnet protégeait les abbés
et curés démocrates, et il était très
ouvert à toutes les propositions pour améliorer
le sort de plus pauvres. Par contre, cette position très
en pointe, et minoritaire dans la vision qu'il avait des problèmes
sociaux sera largement combattue par son propre camp. De plus,
ce libéral républicain craignait le modernisme
et sur le plan du dogme et de la doctrine, il sera loin d'être
un libéral, dans cette approche, il était conservateur.
Un personnage attachant, mais qui n'arrivera jamais à
résoudre ses contradictions.
Pour ce Congrès de Bourges, organisé
localement par Mgr Servonnet, tout commence le 10 septembre 1900.
Ils seront 650 prêtres ce jour-là à entrer
dans le Petit Séminaire de Bourges afin de discuter des
problèmes prévus à l'ordre du jour. Ainsi
seront évoqués "le devoir social du prêtre",
"le Clergé et la société moderne",
ou encore "le prêtre et les hommes". Tout devait
se passer calmement et sereinement... il n'en fut rien ! Les
bons pères s'étripèrent verbalement, entre
ceux qui acceptaient le régime politique, et ceux qui
le détestaient. En outre, se révélèrent
des conflits plus philosophiques, "entre néo-kantisttes
et néo-thomistes" qui prirent des tournures inquiétantes
dans une telle assemblée. Il y eut nous dit Mgr Jean Villepelet,
" de violentes interruptions et cris dans la salle".
Ce Congrès de Bourges, qui devait
rassembler les catholiques, va contribuer à les diviser
davantage. Les idées libérales de Mgr Servonnet,
l'Archevêque de Bourges ne vont pas plaire à un
clergé en majorité réactionnaire.
Cette tendance va s'accentuer très vite, avec la loi du
1er juillet 1901 qui interdit "toute activité aux
congrégations religieuses non autorisées, et qui
entraîne la fermeture de plusieurs milliers de leurs écoles".
RETOUR
EN HAUT DE PAGE
LA LOI
SUR LES CONGREGATIONS A BOURGES
A Bourges, ce sera le début de la
querelle religieuse. En octobre 1902, 74 membres de l'épiscopat
publient une lettre de protestation face aux fermetures d'écoles
religieuses. Mais une fois encore, Mgr Servonnet n'est pas "un
jusqu'au boutiste", il recherche la conciliation avec le
gouvernement, et, lorsqu'en avril 1903, une circulaire ministérielle
interdit aux fidèles l'accès aux chapelles qui
n'ont pas reçu l'autorisation nécessaire de la
part du pouvoir, l'Archevêque de Bourges est encore parmi
les ecclésiastiques qui acceptent la mesure.
Peu à peu, les écoles dirigées
par des religieux commencent à disparaître. Ce sont
les Frères des Ecoles Chrétiennes, puis les Soeurs
de la Charité qui quittent leur service à l'asile
de Beauregard ainsi qu'à l'Hôpital Militaire. De
la même façon, le Séminaire de Saint Célestin
devint la propriété du Département du Cher.
La rupture entre les autorités gouvernementales et l'épiscopat
est de plus en plus profonde. Lorsque les pouvoirs publiques
firent l'inventaire des biens de l'Eglise et des Congrégations,
il y eut des manifestations très hostiles contre le pouvoir,
en particulier le 9 décembre 1905. Ce jour-là,
date la Séparation de l'Eglise et de l'Etat, ce qui signifiait
que la République ne reconnaissait, ne salariait, ne subventionnait
aucun culte.
Les journaux font leur gros titres de ces
informations, "Le Journal du Cher", très réactionnaire
donne tous les détails sur les "perquisitions chez
le nonce" à Paris, il évoque l'incident avec
le courrier du Pape lui-même qui est arrêté,
ainsi que trois curés de Paris poursuivis en vertu de
la loi de séparation qui vise ceux qui provoquent les
fidèles à la désobéissance.
Et le journal poursuit dans des informations
locales après avoir titré :
La persécution
"Nos gouvernants,
exaspérés par la courageuse défense que
l'Eglise oppose à l'exécution des lois d'exception
dirigées contre la religion... déchaînent
la persécution, qu'ils exercent sans ménagement,
avec violence.
Ce sont nos archevêques qui ont été les premiers,
les victimes. Ces prélats sont pour la plupart logés
dans des palais, c'est le cas pour Mgr Servonnet, archevêque
de Bourges. Il y avait là un droit de propriété
inviolable".
A Bourges, l'épisode le plus marquant
se déroulera dans l'après midi du 14 décembre
1906. Ce jour là, Mgr Servonnet est expulsé de
son Archevêché. Il a 76 ans. Il doit quitter son
palais "après avoir déclaré au Commissaire
Central qu'il refuse de sortir et ne cédera qu'à
la violence". Alors que la zone autour de la cathédrale
est cernée par un bataillon d'infanterie et que 4000 fidèles
sont venus ovationner leur Archevêque aux cris de "Vive
Monseigneur, Vive la Liberté, Vive le Pape", Mgr
Servonnet s'en va prier dans la cathédrale, il est ému
par l'accueil de ses fidèles, il donne sa bénédiction
à droite et à gauche. A l'intérieur de la
Cathédrale, la nef est comble, les chants se font entendre,
et les prêtres entonnent le "Parce Domine". Le
"Journal du Cher" écrit alors ces lignes sur
la sortie du prélat de la Cathédrale :
" Le moment est venu pour Sa Grandeur de prendre le chemin
de sa nouvelle demeure. Une foule considérable l'y escorte.
On entend à nouveau les cris de Vive Monseigneur, Vive
Pie X et les cris significatifs de : a bas les Francs-Maçons".
Et Mgr Servonnet se rend dans une maison située rue du
Four, que la famille de la Chaussée a mis à sa
disposition.
La bataille est rude, en effet, il est
indiqué que les agents de police pourront dresser des
contraventions aux prêtres qui officieraient devant l'assemblée
des fidèles sans en avoir fait la demande préalable,
car il s'agit d'une réunion publique aux termes de la
loi de 1881 et de la circulaire plus récente de Briand.
Beaucoup craignent que cette mesure aboutisse à terme
à la fermeture pure et simple des Eglises.
Des informations complémentaires sont données suites
à certains bruits qui se développaient dans la
ville. En particulier il est rappelé que les fidèles
ne sont "en aucun cas passibles de procès-verbaux
pour avoir assister à des offices". L'atmosphère
était exécrable en cette fin d'année 1906
à Bourges.
Mgr Servonnet sortira humilié de ces épreuves,
il mourra le 18 octobre 1909. Pour ses funérailles, ils
seront pas moins de 14 évêques à suivre le
cortège funèbre, mais la cérémonie
restera à l'image de l'évêque de Bourges,
à la fois "austère et simple".
Sur le plan politique au niveau national,
tout se déroule sensiblement comme à Bourges. Jaurès
va appuyer l'action de Combes, alors que les plus extrémistes
se méfient des radicaux, et veulent que l'on s'intéresse
davantage aux ouvriers qu'à l'expulsion des Chartreux
de leur monastère. La gauche traverse une passe de division.
LA
VIE CATHOLIQUE DU BERRY DE 1945 A NOS JOURS
La vie quotidienne, c'est aussi la place
tenue par l'Eglise Catholique pendant toute cette période,
avec, assez souvent un comportement ambigu, même si en
Berry, le comportement des responsables ecclésiastique
a été plus courageuse que dans le reste du pays.
Pendant la "drôle de guerre",
Louis Fillon est archevêque de Bourges, le 26 mai 1940,
il écrit à tous les curés du diocèse
une lettre pour qu'elle soit lue le dimanche. Cette lettre est
très offensive, c'est le sort de "la civilisation
chrétienne qui se joue" écrit l'archevêque.
Il demande à chacun :
" de montrer
le vrai visage de la France....Raidissez-vous contre l'adversaire.
A la suite de nos dirigeants et de nos grands chefs, révélez
au Germain peu clairvoyant notre puissance de redressement et
notre amour du labeur austère".
Les mots se poursuivent dans la même vaine qui est de montrer
à l'ennemi que la France n'est pas à terre. Une
partie du discours concerne "nos féroces adversaires",
et l'homme d'Eglise insiste sur le fait qu'il faudra souffrir
et accepter le sacrifice. Il s'agit d'un véritable chemin
de croix et la référence à Jeanne d'Arc
apparaît dans la fin de la missive :
"A la dernière station, la victoire se dessinera".
" Chrétiens, redevenez chrétiens et la France
demeurera la grande nation"
Le journal intitulé "La Vie
Catholique du Berry" ne va plus paraître du 15 juin
au 27 juillet 1940. Le premier numéro de l'Occupation
est d'une toute autre tournure que le sermon précédent.
L'archevêque dans ce sermon du 3 juillet 1940 parle d'un
peuple de France aux "vues étroites, aux égoïsmes
mesquins", il faut que les français soient travailleurs,
et le mot est écrit en caractère gras, et ces "travailleurs
mèneront l'oeuvre française à bonne fin
en étant des disciplinés", et le discours
se poursuit en mettant l'accent sur "l'ordre qui soutien
le monde et qui est fruit de l'obéissance". Et les
propos se terminent par un rappel de la fraternité et
de la foi en Dieu.
Dans ce journal, il n'est jamais question
des Allemands, le seul entrefilet concerne la réponse
de la Feldkommandantur à la demande de laissez-passer
adressée par l'Archevêché en faveur de Messieurs
les Curés.
A mois d'octobre, "La Vie Catholique"
publie un discours du Maréchal Pétain figure en
bonne place, c'est un propos sur la famille et la jeunesse. Et
qui se termine par "la lutte des classes, qui est une conception
absurde qui conduit les peuples à la désagrégation
et à la mort, soit par la guerre étrangère,
soit par la guerre civile".
A la Toussaint de 1940, Monseigneur
Fillon prend nettement position pour le Maréchal, puisqu'il
affirme dans un sermon "qu'il appartient au Chef de l'Etat
de s'adresser aux citoyens. Suivez-le : c'est un guide sûr,
clairvoyant, et de grande noblesse d'âme ; un chef qui
ne redoute pas de prendre ses responsabilités devant l'histoire."
Et le tout se termine par les grandes fugues de Bach jouées
par M. Claparède qui est revenu.
Le Maréchal Pétain se rendra
à Lyon, et le journal Catholique du Berry reproduira l'essentiel
du propos prononcé par le cardinal Gerlier au Maréchal
qui terminait par ces mots :
"Monsieur
le Maréchal, toute la France est derrière vous".
Le 30 novembre 1940, c'est une déclaration
du Cardinal Baudrillat sur la collaboration franco-allemande
est publiée. Dans ce texte, il écrira :
"Ces mots que
le Maréchal a laissé jaillir de sa conscience droite
et bien informée, ce sont les mots de coopération
et de collaboration. Dans la bouche d'un homme d'honneur, de
tels mots ne sont pas suspects.
Serrons-nous autour du chef et du père qui incarne aujourd'hui
la France.... Remercions Dieu de nous l'avoir donné à
l'heure où tout semblait perdu. Non ce n'est pas perdu,
pourvu que nous sachions à temps, choisir, vouloir, obéir".
Ainsi du cardinal Gerlier au cardinal Baudrillat
en passant par Monseigneur Fillon, toute la hiérarchie
catholique, et y compris le pape ont choisi leur camp. Ils sont
Pétainistes. Dans ce même numéro de la Vie
Catholique du Berry, on s'interroge sur le sort de Mgr Tardif,
que "M. de Gaulle a fait prisonnier à Libreville".
Et l'article d'ajouter :
"La Cour Martiale doit juger, en France,
huit rebelles gaullistes. M. de Gaulle menace de tuer ses prisonniers,
si ses partisans sont condamnés à mort. Le gouvernement
français n'a pas répondu à M. de Gaulle,
et l'Amiral Platon, secrétaire d'Etat aux Colonies a déclaré
: nous verrons si M. de Gaulle répondra par l'assassinat,
et l'assassinat d'un évêque, au verdict de la justice
française".
L'année se termine sans la moindre
ambiguïté, la hiérarchie catholique est résolument
pétainistes et De Gaulle passe pour un traître.
Jean Noël, éditorialiste catholique berrichon écrit
d'ailleurs "Nous avons à jouer, nous autres Chrétiens,
un rôle de premier plan. Les actes du chef de l'Etat nous
signifient clairement qu'il compte sur nous. La seule chance
que nous ayons de nous relever est de faire l'union totale autour
de l'homme qui incarne, pour tous les français lucides,
la volonté de renaître".
Il semble que la hiérarchie catholique
soit très fidèle du maréchal, par contre,
sur sa position vis à vis de l'Occupant, les textes ne
nous renseignent que très peu. Il y a comme une volonté
d'ignorer les Allemands et leurs troupes, il n'en est jamais
question ! Cette position ne variera pas au cours des quatre
années de conflit. Ainsi, lorsque le cardinal Gerlier
revient de Rome où il a rencontré la Pape Pie XII,
il déclare en février 1941 :
"Je lui ai exposé l'immense effort de redressement
qui s'accomplit actuellement dans notre pays, sous l'égide
du Maréchal Pétain et de l'union toujours plus
étroite de tous les français. Le Pape m'a prié
de transmettre au maréchal Pétain tous ses voeux,
ainsi que l'expression de sa foi et de sa confiance dans l'aboutissement
de cet effort, si conforme aux meilleures traditions de la France".
L'ensemble des cardinaux et archevêques
de la zone occupée font une déclaration en août
1941 pour "sauvegarder la pureté et l'intégrité
des forces vives de l'Eglise". et l'engagement est encore
plus net par ces mots : "nous vénérons le
Chef de l'Etat et nous demandons instamment que se réalise
autour de lui l'union de tous les Français. Nous encourageons
nos fidèles à se placer à ses côtés
dans l'oeuvre de redressement qu'il a entreprise sur les trois
terrains de la Famille, du Travail et de la Patrie". Et
le plus curieux, c'est que cette phrase est suivie par une déclaration
indiquant que l'Eglise "demeurera, aujourd'hui plus que
jamais, sur le seul plan religieux".
Le 2 janvier 1943, l'Archevêque de
Bourges, Monseigneur Fillon meurt, il était alité
à la suite d'un accident pulmonaire depuis la fin du mois
de novembre. Il était originaire du Berry, très
exactement de Vineuil dans l'Indre, où il était
né le 1er août 1877. Il avait fait ses études
au Petit Séminaire de Saint-Nicolas-le-Chardonnet, et
après le Séminaire Saint-Sulpice il fut ordonné
prêtre en 1901.
En 1914-18, il est aumônier militaire.
Mgr Fillon passa 8 ans comme archevêque de Bourges, ayant
remplacé Mgr Izart à la veille de Noël 1934.
Passionné de prédications était "un
grand catéchiste". Il donnait à chaque dimanche
d'hiver, en la cathédrale de Bourges une conférence
à la messe de 11 h 30. Admirateur du Pape Pie XI, il fut
un des premiers à organiser l'Action Catholique.
On ne voit, à aucun moment de communiqués
de la hiérarchie Catholique pour se plaindre des exactions
des troupes Allemandes d'occupation, par contre, le 3 juin 1944,
les Cardinaux Français s'adressent à l'Episcopat
de l'Empire Britannique et des Etats Unis pour leur signaler
que les bombardements aériens par les anglo-américains
font des ravages cruels, même à Rome. Ils rappellent
que le pape lui-même dès 1942 avait lancé
un appel pathétique. Ces cardinaux demandent une action
auprès "des chefs responsables pour que ne soient
plus employés des procédés de guerre..."
Ce n'est que 6 mois après le décès de Mgr
Fillon, que fut nommé son successeur, et Joseph Lefèvre
devient archevêque du diocèse de Bourges à
la date du 22 juin 1943.
C'est à Tourcoing que naît le 15 avril 1892 Mgr
Lefèvre, "dans une famille catholique d'industriels
très avantageusement connue".
Après de bonnes études secondaire, bac en poche,
il fit des études de droit, l'Université catholique
de Lille. Son père malade, il interrompe ses études
et reprend l'affaire familiale. Il trouve alors sa vocation,
devient président des jeunesses catholiques et bientôt,
il veut entrer au séminaire. La guerre de 1914 arrive,
il est mobilisé et grièvement blessé, il
est fait prisonnier, c'est comme grand malade qu'il est rapatrié.
Il reprend, après le conflit, ses études ecclésiastiques,
au Séminaire Français de Rome. Docteur en théologie
en 1923, il est ordonné prêtre et se fixe dans le
diocèse de Poitiers, "son zèle apostolique
lui conquit d'innombrables sympathies en Poitou".
Le 27 juillet 1938, il est nommé évêque de
Troyes, et se retrouve en Berry dans les années les plus
difficiles du siècle.
Parmi les personnages importants de cette
époque, deux figures surnagent. Il s'agit de Mgr André
Girard, alors supérieur de l'Institution Sainte-Marie,
et qui prononçait des sermons à l'intérieur
de la cathédrale, dans lesquels, il tentait de rassembler
les Berruyers. Ainsi le 14 mai 1944, dans un propos devenu célèbre,
Mgr Girard parlera longuement de Jeanne d'Arc, tout en évoquant
"l'indépendance de mon pays" et en employant
les mots comme "le malheur présent" tout en
terminant sur des mots de lutte et d'espoir :
"Oh ! mes frères, comment ne pas songer aux malheurs
présents de notre patrie et ne pas demander à Jeanne
d'Arc de l'en délivrer..."
Le second personnage, c'est Mgr Marius Le Guenne, un Breton dont
la famille vint en Berry et qui devint prêtre à
Bourges en 1923. Il sera professeur de mathématiques au
petit séminaire de Fontgombault, avant de devenir curé
de Nérondes. Il commence la guerre comme capitaine, chef
d'état-major du 12em Corps d'armée, fait prisonnier
en 1940 et libéré quelques temps plus tard. C'est
en 1942 que Mgr Le Guenne est nommé curé-archiprêtre
et chanoine de la cathédrale de Bourges. Comme beaucoup,
connaissant bien la région, il fera passer la ligne de
démarcation à de nombreux fuyards qui voulaient
rejoindre Londres.
Il est alors connu pour ses sentiments d'antinazis et de Résistant.
Bientôt, il est pris par Paoli et enfermé pour trois
mois à la prison du Bordiot. A la Libération, son
passé est reconnu, et il entre au C.D.L., conseil départemental
de la libération. A sa mort, en 1990, Edmé Boisché
écrira : "A la libération, Mgr le Guenne,
tel le commandant du navire, quitte la prison, après s'être
bien assuré que tout était en ordre..... Ces hommes
et ces femmes, ô combien différents tant par la
naissance, la culture, la philosophie ont d'un même coeur
oeuvré pour le plus grand bien de tous."
C'est un fait que, venant des horizons
les plus divers, comme l'a écrit plus tard Edmé
Boisché, beaucoup de Berruyer vont, d'une manière
ou d'une autre livrer un dur combat contre l'occupant. Alors
que la France est sous le joug des nazis depuis deux ans, le
conflit prend une autre tournure en se mondialisant.
Mgr RONCALLI
A BOURGES
Parmi les visites à Bourges, si
celle de Maurice Thorez ou de de Gaulle ne passeront pas inaperçues,
il en est une qui n'a pas laissé beaucoup de souvenirs,
pourtant lorsque Monseigneur Roncalli vient en la Cathédrale
de Bourges le 17 novembre 1946, bien peu de Berruyers se doutent
qu'ils ont, devant eux, le futur Pape Jean XXIII.
A cette époque, Mgr Roncalli est Nonce Apostolique à
Paris et il est venu en Berry pour présider en la Cathédrale,
la "solennité de Saint Ursin", qui fut le premier
évêque de Bourges et qui est "patron"
du diocèse.
Arrivé par la route, le prélat fait une visite
de courtoisie au Préfet du Cher, et, vers 10 heures du
matin, devant une affluence considérable nous disent les
témoins, il dit une messe pontificale. Il est entouré
de l'Archevêque de Bourges, Monseigneur Lefèvre,
mais aussi des évêques de Troyes, Clermont, Saint
Flour... etc... Aux Grands Orgues de la Cathédrale, M.
Claparède joue la 6e symphonie de Widor.
Le future "bon
Pape Jean" parlera aux Berruyers :
" Je suis venu
au nom du pape pour saluer le diocèse de Bourges, encourager
et bénir ses habitants". Il poursuit par un propos
qui est un éloge de la Cathédrale qui l'impressionne
beaucoup, "c'est un miracle de la foi chrétienne,
pourrions-nous rebâtir des cathédrales ? Nous sommes
nés trop tard" affirme-t-il. Enfin, dans ces temps
difficiles, il s'adresse "aux absents, à ceux qui
ont été éprouvés et dont le coeur
saigne".
Il termine ce discours par un appel à
retrouver la foi :
"Nous devons
être des défricheurs d'âmes afin de redonner
à toute la masse laborieuse de notre pays, la foi qu'elle
n'a plus".
LE CARDINAL
JOSEPH LEFEBVRE
Ce fut une grande fête et une grande
joie pour de nombreux Berruyers lorsqu'ils ouvrirent leur journal
local du 4 mars 1960, ils purent lire en première page
: Bourges avait désormais un cardinal, et sur le plan
comptable, la France possédait 8 prélats membres
du "sacré collège". Mgr Joseph Lefèbvre
était le huitième archevêque de Bourges à
avoir reçu le titre de cardinal, le premier étant
Henri de Sully en 1186.
Joseph Lefèbvre avait été
nommé évêque de Troyes le 27 juillet 1938
en remplacement de Mgr Heintz. Lors de la débâcle,
en 1940, attend les troupes allemandes et prend en main, avec
deux autres personnalités locales, la direction des services
municipaux.
A la mort de l'archevêque de Bourges, Mgr Fillon, le Pape
Pie XII nomme Joseph Lefèvre pour lui succéder.
Il fut intronisé le 4 septembre 1943.
L'un de ses grands soucis de Joseph Lefèbvre
fut le manque de prêtre dans son diocèse. Il a conféré
en 26 ans, 109 ordinations sacerdotales. Il fit appel au secours
des Frères Missionnaires, des Fils de la Charité,
des prêtres du pardo et de quelques autres pour l'aider
dans sa mission. Pendant 10 ans, il sera aussi Président
de la Commission Episcopale du monde rural, puis membre de la
Congrégation de la Doctrine de la Foi. Il prit une part
très active au Concile Vatican II.
Parmi ses multiples tâches, l'histoire retiendra des rapports
doctrinaux "d'une densité extraordinaire", il
travaillera beaucoup sur les problèmes de la foi, ce sera
le cas dans son rapport du 30 avril 1967. Mais ses préoccupations
par rapport au monde du travail, au chômage lui confère
une estime de beaucoup, même parmi les adversaires de l'Eglise.
Ainsi, il rappelle aux employeurs et aux employés leurs
droits et leurs devoirs. Un jour, à Vierzon, il partagera
le repas de militants ouvriers pour mieux connaître leur
situation.
Au moment où l'information sur l'élévation
de Mgr Lefèbvre comme cardinal est communiquée
de manière confidentielle à certaines personnalités
de Bourges, il se trouve que M. Boisdé est absent. Comme
me l'a dit Jacques Chouard, "Monsieur Boisdé organisait
chaque année, avec ses amis du textile et certains berruyers,
à leurs frais respectifs, un grand voyage à l'étranger
: les Amériques, l'Afrique....il préparait d'ailleurs
ces voyages avec beaucoup de passions".
En ce début mars 1960, Raymond Boisdé est dans
l'avion qui le conduit au Mexique, lorsque Mgr Girard informe
les services de la municipalités que Mgr "allait
être nommé cardinal". Jacques Chouard décide
alors de rédiger un télégramme de très
chaleureuse félicitation au cardinal, signé Raymond
Boisdé.
Lorsque Mgr Lefèbvre recevra effectivement
la pourpre de cardinal, il "affirmera toujours que le Député
Maire de Bourges fut le premier à le féliciter"......
Ce télégramme était
ainsi intitulé :
A son éminence le Cardinal
Lefèbvre
Archevêque de Bourges, Evéché
Le Puy (Haute-Loire)
Apprend avec joie et fierté votre
élévation à la pourpre cardinalice. Vous
exprime ses respectueuses félicitations et ses sentiments
de filiale admiration
Raymond Boisdé
|
Le Cardinal Lefèbvre restera à
son poste pendant 26 ans, entre 1943 et 1969, année au
cours de laquelle, âgé de 77 ans, il se démet
de ses fonctions. Il mourra le 2 avril 1973, après plusieurs
mois de souffrance
Mgrs VIGNANCOURT
ET PLATEAU
Mgr Vignacourt est nommé en 1966
coadjuteur avec droit de succession, ce qu'il fait en 1969.
De 1945 à 1951, il y a eut 66 ordinations,
ce qui est identique à l'avant-guerre. Mais à partir
de 1952, la situation devient plus difficile. Entre 1952 et 1972,
sur une période de 20 ans, la moyenne des ordinations
a été de 3 par an. Si l'on songe que 20 prêtres
sont décédés au cours de la seule année
1957, on se représente assez vite le déficit.
En 1970, Mgr Vignancourt fut obligé de fermer le petit
séminaire Saint-Louis de Neuvy-sur-Barangeon. Bientôt
la propriété fut vendue. Les futurs séminaristes
Berrichons iraient désormais à Paris.
En 1958, il y avait encore 422 prêtres
dans le diocèse, en 1972, ils ne sont plus que 366. Il
faut tout de même rappeler qu'en 1818, ils n'étaient
que 271.
La conséquence fut une nouvelle répartition des
tâches avec une diminution de leur rôle comme professeur
dans les écoles catholiques qui eurent davantage de professeurs
laïques. De plus, il y eut un abandon ou une forte réduction
de la desserte des paroisses rurales. En 1906, il n'y avait que
24 paroisses non pourvues, alors qu'elles étaient 222
en 1940 et 348 en 1972. c'est à dire que les 2/3 des paroisses
n'ont plus de prêtre à demeure.
Le Berry, fac à cette déchristianisation
est devenue une terre de mission, on fit appel à des clercs
vanait du reste du pays ou même de l'étranger.
Sous l'impulsion de Mgr Vignacourt, le
diocèse est restructuré.
Toujours sous la poussée des événements,
de nombreux mouvements se structurent et augmentent, ce sont
les différents mouvements AOC, JOC, JEC.... etc
Les abandons de sacerdoce ne sont pas plus
importants en Berry qu'ailleurs en France, et le diocèse
n'est pas l'objet de contestations politiques où vis à
vis de la hiérarchie.
Les prêtres font ce qu'ils peuvent,
le clergé berrichon est peu nombreux, "peut être
pas toujours efficace", mais les clercs venant d'ailleurs
n'ont pas mieux réussi. Les prêtres sont doués
de bon sens et de sérieux, ils suivent le mouvement général.
Il y a une indifférence généralisée,
résultant d'une lente dégradation qui remonte à
bien longtemps. Mais l'Eglise locale a déja connue de
telles crises, comme sous la révolution ou au début
du XIX e siècle, elle les a surmontées. La déchristianisation
touche les grandes villes comme Bourges ou Vierzon, mais les
paroisses rurales sont aussi touchées.
a suivre