L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

MYSTERE SUR LA BATAILLE D'AVARICUM A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges : la bataille d'Avaricum a-t-elle eu lieu .... et en quelle endroit ? un mystère qui dure depuis plusieurs années.

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Version 2010

le siège d'AvaricumLe premier événement connu de l'histoire de Bourges est sans aucun doute la bataille d'Avaricum, (Bourges) et le siège mené par Jules César. Dans sa " Guerre des Gaules " le grand Jules évoque longuement la ville et la bataille qui fut terrible.
Depuis ces temps lointains, les historiens ont cherché à rassembler davantage d'éléments sur cette terrible bataille, sans trop de succès, et pour tout Berrichon, la parole de César vaut de l'or. Et si tout ceci était de la pure invention ? Telle est la question posée aujourd'hui par des archéologues sérieux. Les grandes opérations de fouilles réalisées ces 15 dernières années sur l'Oppidum donnent une image du site gaulois qui ne correspond pas aux écrits de César. Si l'on ajoute les difficultés pour situer le camp de Vercingétorix au large de Bourges, chacun peut voir l'ampleur des remises en cause de " notre " histoire.

Après une première partie, assez générale, les théories sur le positionnement d'Avaricum sont proposées dans le second article A LA RECHERCHE D'AVARICUM.

LE CONTEXTE DE L'EPOQUE

Nous sommes en 58 av JC, et Caïus Julius César a la quarantaine. C'est déjà un grand homme pour qui l'action est une seconde nature. C'est un chef d'armée et de parti, bon vivant, un peu démagogue. Il fait ses premières armes en Espagne et passe pour un homme particulièrement cruel dans la répression.
Il devient proconsul et s'engage à faire des conquêtes à l'ouest. A partir des bases gallo-romaines, Jules César tente l'aventure et c'est le récit de cette guerre " Bellum Gallicum " qui représente la plus ancienne trace écrite sur ce que nous étions en France à cette époque. Pendant 8 ans, César et ses troupes vont parcourir la Gaule et noter pas à pas dans un livre tout ce qui concerne les batailles, mais aussi la géographie, la sociologie et la technique.
Bourges a pour nom Avaricum capital des Bituriges.

QUE DIT CESAR ?

Lorsque César est devant la ville d'Avaricum, il en parle d'une façon admirative : " Une ville qui est, ou peu s'en faut la plus belle de toute la Gaule, qui est la force et l'ornement de leur pays ". Elle était en outre dans une région très prospère. S'il s'emparait de la place, il soumettrait l'ensemble du pays biturige et sans doute la Gaule toute entière.
Pourtant, les archéologues n'ont jamais trouvé de trace du forum ni des places. La ville selon César aurait eu 40 000 combattants auxquels il faut ajouter les femmes et les enfants qui seraient tous à l'intérieur des remparts gaulois. Les traces retrouvées sont modestes, et rien ne reflète un habitat princier. De plus, la densité des vestiges est faible, et le mot " Urbs " utilisé par César signifie une ville comme Rome. Visiblement nous en serions loin.
L'autre question qui se pose concerne Vercingétorix, le fameux chef gaulois qui va épargner Avaricum et ne pas détruire la ville avant l'arrivée de César, mais il ne va pas la défendre non plus.

VERCINGETORIX

" Vercingétorix est le fils de Celtillos, un Arverne parmi les plus puissants du pays dont le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté " nous dit César.
Le chef gaulois est chassé de Gergovie par son oncle, mais il ne renonce pas et rassemble autour de lui de grandes forces pour la liberté, bientôt ses partisans le proclament roi.

Devant Avaricum, Vercingétorix convoque un conseil de guerre, il faut couper les vivres de romains, et le chef gaulois va plus loin, il faut aussi incendier les villages et fermes partout où les romains peuvent trouver du fourrage. Et puis il fait aussi incendier les villes que leurs murailles et leur position ne mettent pas à l'abri de tout danger. C'est la politique de la terre brûlée et en une journée, plus de 20 villes bituriges sont incendiées. " C'était une grande douleur " nous dit César.....

LA BATAILLE D'AVARICUM

Que faire pour Avaricum dans cette situation dramatique ? Un conseil de guerre se réunit, on délibère sur le thème : faut-il brûler ou défendre la ville ? " Les Bituriges se jettent aux pieds des chefs des divers nations " pour que la ville soit épargnée, d'autant plus qu'elle est facile à défendre. Vercingétorix se laisse fléchir, ému dit-on par les suppliques des habitants.
Avaricum sera défendu. Le siège va durer 27 jours.
A la fin, il y aura un véritable massacre, les légions romaines compteront les rescapés, seuls 800 combattants restent en vie sur les 40 000.

DES DOUTES

Pour les archéologues actuels, " la réalité décrite par le général romain recouvre en fait " des réalités " d'une nature différente, que " l'auteur utilise pour construire un récit dont le but est moins de rendre compte des événements que de faire valoir à Rome, l'action qu'il mène ".

la maquette du siège d'AvaricumLes doutes apparaissent lorsque l'on fait le point et la synthèse des dernières fouilles réalisées à Bourges. En premier lieu, les fortifications gauloises ont sans doute existé, mais aucun vestige de ce type n'a été mis en évidence. La construction du parking Cujas en plein centre de la ville, avec un passage souterrain à travers le mur gaulois aurait permis de lever le doute. De même, l'arrêt des fouilles autour de la cathédrale, le long du mur gallo-romain n'a pas permis de voir l'existence de cette fortification gauloise.

Sur le massacre, là encore, les vestiges retrouvés ne montrent pas de dévastation massive, en tout cas dans ce qui a été découvert à ce jour. Au contraire semble-t-il. En effet, dans une nécropole qui a pour origine l'époque gauloise à la fin du second siècle avant JC, située à Lazenay sur 15000 mètres carrés, on trouve une parfaite " continuité de l'espace funéraire de la période gauloise à la période romaine ", affirment les archéologues.

Dernier élément de doute, les fouilles faites de 1985 à 1988 à l'emplacement actuel de l'Hôtel de Ville ont montré qu'il y avait bien un fossé de défense gaulois de 25 mètres et profond de 10 mètres, orienté est-ouest, c'était la première ligne défensive. Il était situé devant le rempart, dont on n'a trouvé aucune trace. Or, si l'armée romaine s'est déployée comme le dit César, ce fossé aurait été comblé à ce moment là pour permettre le passage des légions lors de l'assaut. Or, ce fossé était encore ouvert bien après le passage de César. On a retrouvé des objets dans son comblement définitif vers 20 ans après JC, puisque des objets de cette époque y ont été trouvés.
Pour terminer et d'une manière plus politique, une fois la guerre terminée, Avaricum obtient un statut très particulier, c'est celui d'une ville libre, " exemptée de tribut ". Or, si la ville avait été entièrement détruite, et si les Bituriges avaient résisté à l'envahisseur, compte tenu des moeurs de l'époque, rien ne justifiait cette attention particulièrement bienveillante pour un tel peuple.

OU ETAIT VERCINGETORIX ?

Comme pour la bataille légendaire et la réalité du rempart gaulois, les érudits se concertent pour situer avec précision le lieu du camp de Vercingétorix. On sait qu'il s'agit d'un espace situé vers Moulins sur Yèvre, sans doute sur le domaine de Chou, c'est la version la plus communément admise.
Le " camp de Chou " est composé d'une allée de 300 mètres doublée d'un fossé. Pendant longtemps, on pensa que ce lieu avait été construit par Vercingétorix et son armée gauloise, alors que César faisait le siège d'Avaricum. Depuis, il semble que ces travaux défensifs soient beaucoup plus anciens, sans doute de 4000 ans avant JC, ce qui donne un ouvrage néolithique très rare et encore mal étudié.

Depuis deux siècles, les spécialistes se passionnent pour savoir où se trouve réellement le camp de Vercingétorix, qui ne fut en fait, qu'un campement provisoire. Cet enjeu, au demeurant modeste, passionne toujours les Berrichons ! Déjà Louis de Raynal, en 1845 contestait dans son Histoire du Berry, les " traditions locales " qui faisaient de Chou le camp du chef gaulois, et situait le lieu près de Baugy, sur une colline entourée de marais, ce qui est assez commun dans la région...... Buhot de Kersers est séduit par l'hypothèse de Chou. En 1933, Dubois de La Sablonnière dans son " mémoire pour le camp de Chou " déplace le camp de Vercingétorix de Choux à la commune des Aix d'Angillon.
Ce lieu pourrait devenir un centre de recherche important car les études des années passées, depuis 1968 et récemment en 1991 n'ont pas permis de percer le mystère du " camp de Chou ".

CONCLUSIONS ...... PROVISOIRE

Depuis toujours, on savait que Jules César disposait d'un bon service de communication, mais avec la bataille d'Avaricum, peut-être que ce Jules romain est allé un peu loin dans l'exagération.
Ainsi son récit de la bataille d'Avaricum serait largement romancée et la ville, comme en 1940 face aux Allemands, a été déclarée ville ouverte..... en faisant jurer aux habitants de n'en rien dire à la presse locale de l'an 52 av JC !
Ceci jusqu'au jour où de nouvelles recherches archéologiques montreront peut-être que les Gaulois s'étaient réfugiés dans des souterrains comme ils savaient les faire et que cette bataille fut effectivement atroce, un charnier de milliers de soldats étant alors découvert au fond des marais de l'Yèvre. L'avenir nous le dira dans dix ou cent ans.

NOTA :
Cet article a été possible à la suite d'une maquette du siège d'Avaricum réalisé en 1998 par l'association " de l'escargot rouge " dans le cadre d'une importante animation à Bourges appelée " Bourges Simulation ". Une exposition intitulée " le siège d'Avaricum a-t-il eu lieu ? " a été conçue par le service archéologique de la ville dirigé par Jacques Troadec. Cette maquette et l'exposition sont visibles en permanence à l'Hôtel de Ville de Bourges.


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