
SAINT GUILLAUME DE BOURGES
: quel est cet homme et dans l'esprit des berruyers, même
des plus lettrés, il n'est pas simple de connaître
la véritable identité de ce grand personnage. Car
n'y a-t-il pas plusieurs "Guillaume de Bourges ?"
Lorsque l'on évoque saint Guillaume
de Bourges, il y a souvent des confusions sur le nom, en particulier
par rapport à la cathédrale saint Etienne.
On trouve en effet, un Guillaume de
Donjon qui fut archevêque de Bourges, à partir
de 1199, puis un Guillaume des Brosses lui aussi archevêque,
mais beaucoup plus tard et sans doute davantage connu que le
précédent puisqu'il consacra la cathédrale.
Enfin un Guillaume souvent appelé "de Bourges",
proche parent de Guillaume de Donjon et personnage relativement
mystérieux.
Alors lorsque l'on évoque saint
Guillaume à Bourges, de qui s'agit-il ?
Rien n'est simple, car le saint Guillaume
du calendrier, c'est bien Guillaume de Donjon à qui l'on
doit semble-t-il une grande partie du programme iconographique
de la cathédrale saint Etienne.
Guillaume
de Donjon
En 1199, Henri de Sully est remplacé
par Guillaume , ce Guillaume était un moine, abbé
de Chaalis. Homme de noble naissance, de caractère pieux,
voué à l'étude et à la méditation,
il s'oriente très vite vers les ordres.
Comme le rappelle Jean Yves Ribault, Guillaume
de Donjon fut davantage désigné qu'élu archevêque
de Bourges le 23 novembre 1199 et il fit la traditionnelle entrée
dans Bourges sans doute par la rue Porte Jaune le dimanche 13
février 1200. Il fut mis en place par l'archevêque
de Bordeaux Elie de Malemort.
Il était cistercien.
Il combattit à la demande du
pape les hérétiques, et en particulier les cathares. Innocent II mobilisa ses évêques
pour les ramener dans le bon chemin, et après l'échec
de ces actions, il lança la croisade. L'archevêque
de Bourges, Guillaume, fut le premier à répondre
et si la maladie puis la mort ne l'avait empêché,
il serait allé combattre les albigeois au côté
de Simon de Monfort.
Les circonstances de la mort de Guillaume
de Donjon sont souvent qualifiées d'extraordinaires, tout
comme les années qui vont suivre.
Il participa en 1208 aux fêtes de Noël, alors que
sa santé n'était pas très bonne. Puis, quelques
jours plus tard, il célébra l'épiphanie
alors que la cathédrale n'était pas terminée.
Ce jour là, le froid était glacial et la nef était
certainement à découvert d'où un courant
d'air particulièrement vif. Le prélat était,
dit son biographe, nu tête, et cela n'arrangeait pas son
état déjà fiévreux.
En fait, il mourut le 10 janvier 1209 et le peuple vint
pleurer son archevêque dont le corps avait été
placé au centre de la "cathédrale meurtrière".
Son corps fut sans doute déposé dans la crypte,
comme cela se pratiquera par la suite. Il fut le premier à
avoir ce type de sépulture.
Dans les jours puis les semaines qui suivirent,
des miracles furent observés "par son intercession
et devant son tombeau" si bien que le pape Innocent
III promulgua une bulle de canonisation le 17 mai 1217, ce qui
est tout à fait exceptionnel en terme de délai.
Guillaume de Donjon fut un très
grand prédicateur, et on venait l'écouter avec
beaucoup de ferveur.
Il participa très activement
à l'iconographie de la cathédrale. Les sculptures selon Guillaume de Donjon devaient
représenter la "Jérusalem Céleste"
face à la "synagogue de Satan" et la Babylone
de Belzébuth". Il s'agissait en terme de doctrine
d'un point fondamentale en ce début de XIII e siècle.
Le rôle de
Guillaume de Donjon dans le programme iconographie des sculptures
et des vitraux du XIII e siècle est primordial, il devait
sans aucun doute animer une équipe de théologiens
qui maniaient avec beaucoup de détermination l'ensemble
des écrits chrétiens, mais aussi les sources hébraïques,
ce qui fait de la cathédrale saint Etienne sur ce plan,
un exemple unique.
Guillaume
de Bourges
Le second Guillaume est fort mal connu,
il s'agirait, selon les dernières et récentes découvertes
de l'auteur d'un traité "le livre des Guerres du
Seigneur" qui fut rédigé par un juif converti
par le futur Saint Guillaume, donc l'archevêque de Bourges
et qui prit le nom de son maître, "Guillaume",
ce qui ne facilite pas les recherches.
Il entra dans l'Eglise chrétienne
et il reçut les ordres mineurs, et fut diacre. Il dira
aussi, et c'est assez surprenant qu'il "n'avait pas suivi
le cursus scolaire".
Il englobe dans son
ouvrage les écrits consacrés au Nouveau Testament
mais aussi et surtout les traités du Talmud et la Bible
hébraïque. Son passé sur la culture juive
lui permettant cette approche.
Par contre, et c'est là un paradoxe,
Guillaume de Bourges dans ses écrits visait deux types
de personnages qu'il fallait combattre, les juifs et les hérétiques.
Selon les dernières études
de Laurence Brugger, le programme des sculptures des écoinçons
situés sur la façade occidentale, face au grand
parvis montre un récit de la Genèse qui est assez
loin de l'iconographie chrétienne traditionnelle, mais
plus proche des sources hébraïques.
En particulier avec quelques figures comme Samaël, l'ange
déchu et identifiable à Satan, et tout cela figure
dans le Talmud.
De telles programme ne pouvaient être
réalisés que par des chrétiens et des théologiens
hébraïsants et Guillaume de Bourges est sans doute
l'un d'eux à qui l'on dit cette frise en pierre.
Portail
Saint Guillaume de la cathédrale
Guillaume
de Brosse
C'est sans doute des trois Guillaume qui
sont cités dans la construction de la cathédrale
saint Etienne celui qui est le plus connu. En effet, c'est
Guillaume de Brosse qui a consacré la cathédrale
le 5 mai 1324, après la consolidation de la tout sud
par un pilier butant de forte dimension.
Cette date correspond à " la
fin" de la construction, elle avait été commencée
en 1195.
Guillaume de Brosse était berrichon,
sa famille était installée au sud de la Creuse.
Il avait été évêque du Puy et de Meaux
avant de venir à Bourges.
C'était un agent du roi qui l'utilisait
beaucoup pour des missions délicates, comme certaines
négociations avec Robert de Flandres.
Les bonnes relations entre Guillaume de Brosse, le roi et le
pape Jean XXII servirent lors de la réorganisation des
diocèses. Jean XXII partagea un certain nombre de diocèses
comme Poitiers, Limoges ou Toulouse pour en diminuer la superficie.
Il ne toucha pas à celui de Bourges, pourtant aussi grand
que d'autres qui furent touchés.
Guillaume de Brosse s'intéressa aussi à faire canoniser
un de ses prédécesseur Philippe Berruyer, mais
il n'y eut pas de résultat.
Bientôt, il quitta Bourges pour Sens dont dépendait
alors Paris.
Ceci est une première approche de
Guillaume de Bourges, les recherches continent.