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- BOURGES PROTOHISTORIQUE, c'est un sujet
d'une grande difficulté, surtout pour les non-spécialistes.
Il existe aujourd'hui de nombreux ouvrages sur le sujet, mais
bien peu de monde ont la connaissance indispensable pour les
lire.
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- Localisation
du site de Bourges
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- Bourges est situé sur une vaste
plate-forme calcaire du jurassique supérieur. Elle est
traversée par plusieurs fleuves qui vont d'Est en ouest,
entre la Loire et l'Indre. On trouve ainsi l'Yèvre, l'Arnon,
le Cher la Sauldre et quelques autres.
- Au sud et au nord, la zone est délimitée
par des "cuestas", qui sont des rebords de plateaux.
- C'est donc un relief sans fracture, très
ouvert, qui favorise le passage. On peut penser que la première
route de l'étain passait pas ce s chemins.
- Passage et présence de l'eau vont
favoriser l'émergence du site de Bourges pendant l'âge
du fer, c'est à dire vers le V° siècle av JC.
Les différences de niveau entre les points les plus haut
et les marais est d'environ 25 mètres ce qui est assez
faible.
- La ville va s'étendre sur les rares
parties hautes, entourées d'eaux et de marais pour se
protéger.
- Les écrits de cette époque
sur le sujet sont assez rares. Tite Live rapporte que sous le
règne de Tarquin l'Ancien à Rome, les Bituriges
Cubi dominaient l'ensemble de la Celtique.
- Mais il faudra attendre César pour
avoir des informations plus précises en 52 av. JC.
Le grand Jules signale et décrit la ville, et remarque
le côté esthétique de la cité, ce
qui est unique comme jugement de valeur dans sa conquête
de la Gaule. Il écrit aussi : la plus belle ville de toute
la Gaule ou peu s'en faut".
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- Le premier
âge de fer
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- Le site remontre à la fin du premier
âge de fer : vers le VIII e siècle av JC. (aujourd'hui,
les spécialistes établissent que le site est fréquenté
dès le 9° siècle av JC et jusqu'au 6° siècle
av JC pour des pratiques cultuelles, établies sur le cours
marécageux du Moulon, en amont de sa confluence avec l'Yèvre
(vers la gare d'aujourd'hui !)
(ce premier siècle de l'âge de fer va de 1000 ans
à 500 ans av JC, c'est le temps des grands échanges
et de la métallurgie du fer.
- Ce n'est qu'à partir de 1980 que
l'on commence à avoir davantage d'éléments
sur cette lointaine période.
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- La chronologie
de l'âge de fer
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- On distingue aujourd'hui avec Jacques
Troadec des phases suivantes au nombre de 4 :
- - le site est très fréquenté
au VIII e au VI e siècle av JC ( vers 500 à 700
ans av JC).
J. Gran Aymerich distingue deux phases dans cette période.
La première dite Phase A va de la fin du VIII e siècle
à la fin du VII e siècle, ce qui correspond à
l'Hallstatt C.
Par contre l'habitat a surtout été trouvé
autour de Bourges, en dehors du promontoire, sans doute parce
que pour l'instant on a pas tout cherché sur le promontoire.
A signaler une épée de type Gündlingen en
fer, sans doute les restes d'une sépulture de l'époque.
- La seconde phase, dite B est datée
de la fin du VII e siècle (- 680 ans) et le dernier quart
du VI e siècle ( - 575 / - 600 ans) . Cela correspond
à la phase Hallstatt D1.
Cette période est connue par le règne d'Ambigat
et des Bituriges, traité par Tite-Live. Et dans notre
région, l'occupation du site n'est pas évidente.
- Ce sont donc des phases dites préliminaires,
les phases principales d'utilisation du site protohistorique
devenant le suivant avec 3 phases principales :
- - Tout semble commencer vers 525 av JC
et se développer dans la seconde moitié du VI e
siècle av JC (soit vers 550 ans av JC).
On commence à trouver des habitats sur le promontoire.
Un habitat bien structuré ainsi que des sépultures.
En particulier, dans cette dernière période qui
va de 440 à 400 ans av JC, on a retrouvé beaucoup
de céramique à Saint Martin des Champs à
Bourges. Cet habitat est doté d'un mobilier de grande
qualité.
Cela semble disparaître à la fin du Ve siècle
(an 400 av JC) .
- C'est un peu une question et un mystère.
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- - La phase II correspond aux IV e siècle
et III e siècle av JC ce sont les phases dite de La Tène,
c'est à dire le second âge du fer. ( - 300 à
- 200 ans av JC) .
Pendant 2 siècles, c'est comme un abandon de l'habitat,
l'occupation existe mais n'est pas structurée sur le promontoire.
Cela concerne les IV e et III e siècles av JC (c'est à
dire 200 à 300 ans av JC). Que s'est-il passé ?
Les spécialistes n'en savent rien.
Dans la seconde partie de cette longue période, dans la
Tène moyenne, on a retrouvé un peu de mobilier,
comme lors des fouilles de la Nation. De même on a retrouvé
à Lazenay un tesson de céramique à vernis
noir datant du III e siècle av JC.
- - Et puis tout revient presque comme avant,
c'est à dire vers l'an 100 av JC, et progressivement pendant
50 ans, la ville se repeuple, avec une réinstallation
sur le promontoire et des fortifications comme César va
nous les décrire en 52 av JC.
- Les objets trouvés sont intéressants,
par exemple des bijoux ou un rasoir de type "villanovien"
qui venait d'Italie, ou encore un manche de poignard allemand
du début du VII e siècle (600 ans av JC).
On a trouvé aussi des épées, une douzaine,
et d'autres en bronze. Les celtes étaient déjà
des fabricants d'armes. L'enquête continue.
- Vers 400 à 500 ans av JC, on trouve
de l'habitat très important, et en particulier une résidence
aristocratique.
Vers le golf, c'est un tumulus avec des bijoux dont une figure
de bélier, sans doute une tombe princière.
Mais c'est aussi en centre ville avec une autre demeure princière
rue Littré, et une zone d'habitat rue de la Nation.
Enfin, du côté du fin Renard, on a découvert
des nécropoles, tout comme à Lazenay. Enfin, ces
derniers mois, c'est à Esprit 1 (Port Sec Nord) que l'on
a trouvé des traces de l'époque du 5° siècle
av.JC.
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- Il y a quelques semaines, les archéologues
étaient ici sur le site de l'Hôtel Dieu et après
avoir mis à jour la période du Moyen Age, le gallo-romain,
ils en étaient à découvrir des traces datant
du V° siècles av JC.
- La ville de Bourges est avec Lyon, la
plus grande ville du pays Celte ou de la Gaule dans cette époque
de la fin du premier âge de fer.
C'est une étendue assez extraordinaire, puisque l'on trouve
des traces de cette période lointaine sur la majorité
des sites explorés.
- En conclusion, le site de Bourges est
globalement peuplé au cours de l'âge de Fer, avec
"deux vides principaux" correspondant à deux
périodes :
- - le tout début du premier âge
de fer ( - 1000 à - 700 ans av JC) n'est pas attesté
sur le promontoire et un peu à Asnières, Lazenay,
sur la rive de l'Yèvre vers Saint Germain du Puy.
- - les IV e siècles et III e siècles
(c'est à dire de - 200 à - 400 ans av JC) qui ne
sont pas attestés, alors que sur le plan des sépultures,
en dehors de Bourges, il semble y avoir une continuité.
- Quant à l'occupation du site, on
a :
- une émergence assez soudaine et précoce d'une
agglomération, que des auteurs qualifient de "princière",
mais d'une durée assez brèves, principalement le
V e siècle av JC. ( - 400 à - 500 ans av JC).
- - Puis une réactivation tardive
du site, en particulier sur le promontoire. L'occupation de l'oppidum,
pose toujours problème dans la période du 1 e siècle
av JC. Il y a une différence très forte entre la
description de César et les recherches archéologiques
qui n'ont pas trouvé de traces indéniables.
- On ne trouve pas de continuité
entre les occupations du premier âge du fer et la fin du
second âge du fer !
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- Le Ve
siècle av JC :
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- D'après tous les spécialistes
d'aujourd'hui, le V e siècle av JC en Berry "est
une période extraordinairement faste" selon Augier,
Milcent et Buchsenschutz à la suite des 20 dernières
années de fouille.
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- "A Bourges
notent les 3 spécialistes, l'analyse de l'habitat comme
des riches sépultures de sa périphérie,
révèle l'existence d'une agglomération étendue
et prospère. Les échanges avec la Méditerranée
sont marqués par de nombreuses importations. Un artisanat
de luxe laisse des traces dans presque tous les sondages effectués
de 1980 à 2000. La répartition des sépultures
riches sur le territoire suggère une organisation hiérarchique
qu'il faudra préciser".
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- Ainsi les résultats des archéologues
sont parfaitement cohérents avec les textes de Tite Live
qui fait mention d'une " royauté biturige à
l'origine des déplacements celtiques en Italie du Nord
et en Europe Centrale".
Avaricum, poursuivent les spécialistes "fait penser
à une agglomération proto-urbaine, capitale d'un
royaume celtique éphémère dont le rayonnement
économique et diplomatique dépasse largement le
cadre d'un territoire déjà étendu".
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- La future Avaricum apparaît dans
le dernier quart du 6 ° et au 5° siècle av JC,
par son ampleur et sa richesse, comme un site majeur de l'Europe
Moyenne. Aux 2 ° et 3° quart du 5° siècle,
av JC, le site se présente sous la forme d'une agglomération
polynucléaire très lâche, étendue
sur plus de 200 hectares, répartis en trois zones concentriques
:
- - les marécages, au bas de l'éperon
correspondent à une zone cultuelle;
- - l'éperon, espace facile à
protéger, accueille une zone résidentielle avec
un habitat privilégié,
- - au sud est, des activités artisanales
et agricoles dispersées le long des voies pénétrant
dans le promontoire, mêlé de zones funéraires.
(rapport de diagnostique de fouilles par l'équipe de Jacques
Troadec).
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- A partir de 420 av JC, les contacts semblent sporadiques, et Avaricum
semble être un site pratiquement abandonné, nous
sommes à la fin du V ° siècle av JC. Le"
nombre d'habitants diminue alors de manière sensible.
En 400, il ne reste que quelques habitats dispersés. La
société semble alors dispersées, peu hiérarchisée,
dominée par une élite guerrière.
Certains auteurs mettent en avant des troubles internes. L'intérieur
des sociétés celtiques aurait été
miné de l'intérieur, les querelles internes sont
une loi sur notre territoire. D'où le développement
des mercenaires et des vagues de colonisation vers l'Italie.
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- Il faut attendre le début du 2
° siècle av JC pour voir le site reprendre de l'ampleur.
- L'épée de bronze retrouvé
vers le Moulon en 1878 par M Chaudon, est intéressante,
elle date de la fin de l'âge de bronze vers 900 - 775 av
JC elle était à trois mètres de profondeur
dans des dépôts tourbeux. (sans doute sur la zone
géographique des Prés le Roy).
- Cette épée "est droite,
à double tranchant, avec une pointe allongée et
émoussée la longueur est de 65 centimètres,
3 à 4 centimètres de largeur et elle pèse
700 grammes".
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- Article provisoire
compte tenu de la complexité du sujet et de la difficulté
à le rendre clair à de non-spécialistes.
- A suivre et à compléter
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