PESTE ET MALADIES A BOURGES
Pendant tout le moyen âge, la maladie
est présente à Bourges et dans les campagnes.
Entre 1005 et 1006, c'est une grande famine
qui s'étend sur l'ensemble de l'Europe. Un siècle
plus tard, de 1124 à 1126, c'est encore une grande famine,
tout comme la période 1315 - 1317 qui englobe l'ensemble
du monde occidental.
Hormis la famine, ce qu'il faut retenir
des maladies à Bourges, c'est essentiellement la peste.
Elle arrive par vague, dans de grandes périodes :
- en 1348
- en 1458
- en 1474
plus tard, aux siècles suivants
:
- 1499 - 1500
- 1582 - 1583
- 1598 - 1597
- 1628 - 1629
D'une manière régulière
apparaît donc ce fléaux.
A titre d'exemple, la grande peste de
1628 fit disparaître très rapidement plus de 5000
berruyers, le reste de la population s'enfuyant en dehors des
murs de la cité.
Les médecins à Bourges
:
Il y a une faculté de médecine
à Bourges qui donne un enseignement au couvent des Carme
(place Cujas actuelle). Ensuite elle se déplace dans la
faculté qui est installée à côté
de la cathédrale.
On note peu de grands personnages, et il faut attendre le début
du XVII e siècle pour noter la présence du professeur
Jean Mercier.
Après une organisation satisfaisante pour les élèves
médecins, cette partie de la faculté déclina
assez rapidement au XVIII e siècle.
Souvent, les étudiants en médecine suivaient des
cours à paris et se faisaient "agréger"
à Bourges afin de pouvoir y exercer, c'était la
condition. Cela provenait du fait que les cours étaient
intermittents.
Les chirurgiens :
On les distingue à peine des barbiers.
Ils commencent à prendre conscience de leur valeur et
de leur fonction de soignants au cours du XVII e siècle.
Il existe alors un corps des barbiers avec "le lieutenant
du premier chirurgien du roi", un doyen, un greffier, un
prévôt d'accouchement et 6 maîtres jurés.
Il s'agissait des "chirurgiens de robe".
On signale en 1776, un chirurgien de Bourges, Lemaire, qui obtint
du comte d'Artois, duc de Berry le titre de "chirurgien
dentiste".
Dans les barbiers, il faut distinguer les
barbiers-étuvistes qui tenaient les bains dans chaque
quartier de la ville de Bourges et les barbiers-barbants qui
étaient des raseurs et perruquiers. En 1735 on en compte
21 sur le ville de Bourges.
Les sages-femmes
A Bourges, pour exercer cette profession,
il fallait satisfaire à deux obligations :
- la première consistait en un examen pratique devant
un médecin et un chirurgien-barbier. Cela débouchait
alors sur le diplôme "d'exercer le dict art de sage
femme".
- la seconde condition était un passage devant le curé
qui s'assurait de la moralité de la dame, et de ses murs
catholiques, car les sages-femmes devaient baptiser les enfants.
On vit à Bourges une célèbre
sage-femme, madame Le Boursier du Coudray qui fit de l'enseignement,
elle était "maîtresse d'accouchement".En
2 ans, elle format 29 sages-femmes qualifiées.
Mais ces maladies qui remontent à
plusieurs siècles ne parlent pas à nos concitoyens,
la dernière grande maladie connue reste encore aujourd'hui
la "grippe espagnole" de 1918.
La Guerre vient de se terminer, pourtant
la population berruyère n'était pas au bout de
ses peines. Dans l'hiver 1918-1919, une terrible maladie se déclara
: on l'appela la grippe espagnole. Déjà,
elle sévissait dans plusieurs points de France, dans des
zones généralement surpeuplées. Et c'était
bien le cas de Bourges. La population avait été
de 100 000 âmes durant la guerre, et ces derniers mois,
18 000 prisonniers ont été rassemblés à
Bourges, une conséquence de la signature de l'armistice.
Mais le mal va se répandre à cause du rationnement
du pain, nourriture de base, et de l'utilisation pour sa fabrication,
de farines peu panifiables, "dont l'ingestion provoquait
des troubles de l'appareil digestif, diminuant la force de résistance
et créant ainsi un terrain favorable à l'éclosion
de la maladie".
Après les manifestations de joie du 11 novembre, succédait
cette nouvelle épreuve dans laquelle, là encore,
peu de familles furent épargnées. Il y aura en
1918, 2143 morts par la grippe espagnole et 1418 l'année
suivante. L'hôpital auxiliaire ouvert dans le couvent des
dames de La Charité, route de Saint Michel, fut transformé
en hôpital des épidémies.
Ce fléau fera, dans l'ensemble des pays où il passera,
plus de vingt millions de morts, pour la plupart âgés
de 20 à 40 ans, surtout parmi les troupes ayant survécu
au conflit armé.