Bourges est universellement
connue pour sa cathédrale Saint Etienne, classée
en décembre 1992 au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle
est sur le plan architectural, comme sur la symbolique des vitraux
et des cinq portails de la façade, un extraordinaire édifice.
Pourtant, d'autres "trésors" sous forme d'églises
plus ou moins anciennes sont disséminées dans la
ville, avec pour chacune d'elle, un aspect historique fort et
une architecture riche. Il faut pouvoir les regarder avec d'autres
yeux
Dans cet article, avec l'encyclopédie de Bourges, nous
partons en visite à :
- - Saint
Pierre le Guillard, - /- Notre Dame, - /-
Saint Bonnet, - /- Saint Henri,
SAINT PIERRE LE GUILLARD
Appelé "ecclesia sancti Petri
Guillardi" mentionnée dans une bulle d'Alexandre
III datée de 1164, elle est antérieure à
l'édifice actuel, qui date de 1220 environ. Elle est située
au-delà du rempart gallo-romain, à deux pas du
palais Jacques Cur et du quartier d'Auron.
Toute l'histoire de cette Eglise commence avec un miracle, celui
de Saint Antoine de Padoue de passage à Bourges vers 1225.
La mule du juif Guillard qui n'avait rien mangé depuis
plusieurs jours choisit d'aller se prosterner devant le Saint
Sacrement de Saint Antoine, plutôt que d'aller manger son
picotin. Le juif, devant le miracle de sa mule jura de mettre
tout son argent dans la construction d'une Eglise. Cette scène
est sera souvent représentée dans l'iconographie
de l'époque, on la retrouve dans des peintures ou dans
des miniatures. On l'appellera Saint Pierre-le-Guillard. C'est
Monseigneur Simon de Sully archevêque de Bourges qui consacre
l'église en 1230.
Le XV ième siècle vit s'élever plusieurs
chapelles latérales de style gothique flamboyant. Elle
comprend une nef et cinq travées, elle est contemporaine
de la cathédrale Saint-Etienne, elle est aussi sans transept,
décidément une spécialité locale.
Dans la dernière chapelle latérale sud, on note
l'initiale P liée par une cordelière sculptée
à la clef de voûte et sur les écussons qui
décorent les consoles d'angle. Les oculus situés
dans les trois premières travées sont destinées
à l'aération des combles, suivant un système
qui fut employé à la cathédrale de Bourges.
Jacques Cujas juriste et professeur à l'Université
de Bourges, lorsqu'il meurt en 1590 est inhumé dans cette
église.
L'église Saint Pierre le Guillard
apparaît en Berry, à l'époque de sa construction,
c'est à dire au deuxième quart du XIII ième
siècle, comme un bâtiment tout pénétré
de traditions étrangères, en particulier Nevers
et les traditions bourguignonnes. Comme à l'époque,
elle est aujourd'hui encore enserrée dans les vieilles
maisons du voisinage
Vers 1860, des travaux sont exécutés,
un pilier présentant des fissures doit être restauré.
Elle est classée monument historique le 9 décembre
1929.
L'EGLISE NOTRE DAME
L'Eglise Notre Dame est construite une
première fois en 1157, par des chanoines réguliers
de Saint Augustin, elle s'appelle alors Saint Pierre et Saint
Paul le Marché. Les spécialistes ne sont pas d'accord
sur la construction de cette église (entre 1157 et 1487).
Elle est située dans le prolongement de la rue Mirebeau,
et proche de la rivière l'Yèvrette, aujourd'hui
busée. Ce fut l'Eglise de Jacques Cur et de sa famille,
ils habitaient à 50 mètres de celle-ci, rue de
Parerie. On imagine le jeune Jacques assistant aux messes et
vêpres
. A deux pas de sa future épouse, Macée
de Léodepart.
Comme d'autres monuments et une grande partie de la cité,
l'église est détruite lors du grand incendie de
la Madeleine au mois de juillet 1487. C'est donc au XVI ième
siècle, vers 1520 qu'elle est reconstruite, la nef ayant
été allongée d'une cinquième travée
et selon une tradition non vérifiée au plan de
l'histoire, et ce serait l'architecte local Guillaume Pelvoysin
qui construisit la tour nord. Au XVII ième siècle,
l'entrée latérale située au sud est restaurée
dans le style du moment, c'est à dire avec des colonnes
corinthiennes qui donnent une petite note classique. mais le
27 mai 1562, lors de l'entrée dans Bourges des Huguenots,
elles est à nouveau pillée par les soudars du comte
de Montgomery.
La tour est haute de 37 mètres jusqu'à
la balustrade, et l'on remarque des traces d'éclats, sans
doute, selon M. Jenny, des restes des guerres de religion.
Après
avoir servi de dépôt de salpêtre puis de magasin
de foin pendant la Révolution, elle est rendue au culte
et prend en 1803 le vocable de Notre Dame.
L'intérieur de l'église comprend quelques trésors
du patrimoine local.
A titre d'exemple, un bénitier fleurdelisé
en marbre blanc du XVI ième est très beau. Il vient
peut être de la Sainte Chapelle de Bourges Une inscription
datée de 1507 est tirée du " Roman de la Rose
" : "Tout se passe et rian ne dure ne ferme choze tant
soit dure " ce qui signifie " tout se passe et rien
ne dure, pas même une chose si dure soit-elle ". Ce
bénitier de style Renaissance italienne est classé
depuis 1892, c'est dire sa valeur. Il aurait pour but de rappeler
aux fidèles la fragilité humaine.
Au dessus de l'inscription, un écusson
chargé d'un aigle abaissé et de trois feuilles
cordiformes avec leur pédoncule, ce pourrait être
les armes de la famille Castello.
Un autre bénitier du XVI ième
siècle est décoré de coquilles.
Quant à l'autel, il est consacré
à Sainte Jeanne de France, fille de Louis XI, femme de
Louis XII, elle fut duchesse du Berry et fonda en 1502 l'Ordre
des Annonciades dont la chapelle est située rue du 95
ième de ligne.
Cette église comprend de remarquables vitraux de la fin
du XV ième siècle, en particulier celui consacré
à Saint-Jean-Baptiste en huit tableaux. Sur le plan pictural,
un tableau du XVII siècle de Valentin de Boulogne, un
disciple du Caravage représente une descente de croix.
Cette église ne possède pas
de transept, elle se compose d'une nef avec 4 travées
et elle s'achève par un chevet à pan coupé.
Cette église est dotée de
5 cloches situées au troisième étage à
37 mètres de hauteur :
- Eulalie Estelle en sol de 650 Kg
- Marie - Rose en fa de 950 Kg
- Marie - Florence en ré de 1250
Kg elle a le mérite de sonner les heures.
Ces trois cloches datent de 1843, bénies
par le curé de Notre Dame, Antoine Raymond.
- Eugénie - Renée ancienne,
elle date de 1863 fondue par les Ets Bollée d'Orléans,
elle pèse 850 Kg.
- N°5, donc sans nom elle fut aussi
fondue par Bollée en 1958, elle pèse 1661 Kg, c'est
la plus grosse.
Outre les 5 cloches, le clocher possède
aussi la sirène du Réseau National d'Alerte qui
est teste chaque premier mercredi du mois.
L'abbé André Girard écrira
sur cette église : "Lorsqu'on l'examine de la rue
Cambournac, on est vite frappé par l'irrégularité
de l'édifice : la sacristie massive et trapue, la toiture
bizarre de la nef latérale, le mur du bas-côté
qui rentre pour suivre l'alignement de la rue, sont évidemment
d'un aspect disgracieux...".
L'égise sera fermée pour
des problèmes de sécurité en l'an 2000,
puis, après une première série de travaux,
elle est ouverte à nouveau pour le culte en janvier 2003.
cette église est classée
monument historique depuis 1931.
L'ACTUALITE
Le 8 février 2001 l'église
Notre Dame est fermée au public : une plaque d'enduit,
située sous la voûte s'est détachée
et est tombée.
Il n'y a eu aucun blessé, fort heureusement,
mais l'église doit être expertisée et les
chiffres sont redoutables : pour remettre l'église en
état il faut 2,3 millions d'euros (1,5 millions de francs),
et pour simplement la mettre en sécurité, il faut
150 000 euros.
Les travaux de mise en sécurité
sont effectués par l'entreprise Jacquet à la fin
de l'année 2002, il s'agit d'une opération de purge
et de consolidation des piliers. Le culte a repris au printemps
2003.
Par contre, et c'est la malédiction
qui continue, cette église reçoit la foudre sur
son clocher en 2005, (le 1 er setembre) avec des dégats
considérables. Une partie des ardoises est détruite
et la toiture est refaite en 2006.
La remise en état de l'église
a été chiffrée en 2010 par la ville à
1 million d'euros.
L'EGLISE SAINT BONNET
Ce sont des religieuses de l'Abbaye Saint
Laurent très proches, qui font édifier cette église
au XIII ième siècle. Le temps passe et l'incendie
de 1487 la détruit partiellement. Guillaume Pelvoysin
est chargé des plans nécessaires à sa reconstruction
vers 1513, avec des finances réduites, et c'est le maître
maçon François Laboureau qui conduit les travaux.
Il fait le minimum et en 1539, sans clocher ni arc-boutants,
l'église est consacrée.
En 1631, un violent ouragan détruisit la façade
qui fut remplacée par une façade de pierre de style
néo-grec. Le clocher s'écroula en partie en 1806.
En 1913, l'achèvement de l'Eglise est repris.
Si l'architecture est quelconque, puisqu'à
chaque siècle, des reconstructions sont effectuées,
cette église comprend des vitraux du XVI ième siècle
de Jean Lescuyer, qui utilise le
jaune argent de manière magistrale. Les chapelles latérales
avec la " vie de Saint Claude " ou " la vie et
le martyre de saint Jean l'Evangéliste " sont tout
à faits remarquables. C'est aussi dans cette église
que sera inhumé le peintre Jean Boucher dont la Bouinotte
a évoqué la vie il y a quelques années..
Au début du siècle, l'église
nécessite à nouveaux des travaux importants. Le
maire Henri Ducrot, prenant possession du Palais de l'Archevêque
à la suite des lois laïques, évite la rupture
avec ses électeurs catholiques et leur donne en échange
de sa bonne volonté la reconstruction d'une partie de
l'église Saint-Bonnet, c'est à dire la façade
occidentale et le clocher ! Elle est classée Monument
Historique en 1910.
L'EGLISE SAINT HENRI
- C'est à deux pas de cette Eglise
qu'une croix en fer forgé appelée croix Moult joie
commémore une " bataille " qui opposera les
habitants des faubourgs d'Auron aux troupes du Prince Noir, c'était
quelques jours avant le désastre de Poitiers.
- La paroisse fut placée sous le
signe de Saint Henri dès 1913 à sa création,
par Monseigneur Dubois, archevêque de Bourges. Et un édifice
religeux, une Eglise est commencée semble-t-il l'année
même de la création de la paroisse par l'abbé
Delsart, vicaire de la cathédrale et nommé curé.
-
- Le financement commencera grâce
au don de la propriété de madame Quénard,
"les Ruchers", situé
sur l'avenue d'Issoudun. Il y avait toutefois une condition,
que cette église porte le nom d'Henri, en souvenir de
son fils décédé quelques temps auparavant....
("prématurément enlevé à son
affection".)
- Le curé de ce qui deviendra Saint
Henri trouvera le reste des finances. L'archevêque, Mgr
Dubois demande alors au père Delsard de faire les travaux
dès la création de cette nouvelle paroisse. Et
il lui donne 100 sous
. "et qu'il se débrouille".
- Plus tard, compte tenu de l'accroissement
de la population de ce quartier proche du futur Aéroport,
( mais cet aéroport ne date que de 1928) cette église
prendra de l'importance.
Les travaux commencent donc dès la même année
en 1913 , dans un style roman en pierre de taille.
- Lorsque la guerre de 14 arrive, les murs
sont à la hauteur des fenêtres. Mais 4 ans sans
travaux et ce qui fut construit se détériora, il
fallut même démolir un mètre de hauteur du
mur. Mais avec de l'argent le père Delsart poursuivit
les travaux et l'église fut mise "hors d'eau",
c'est à dire, murs et toiture terminés.
-
- Mais le père Delsart, fatigué
laissa la place à l'abbé Pasdeloup (qui était
alors curé de Mornay sur Allier). . Le nouveau curé
, nommé le 27 février 1927 se retrouva avec une
sorte de "grange" dans laquelle une chapelle avait
été aménagée, mais il restait encore
beaucoup à faire.
- Un sermon de charité se déroula
dans la cathédrale afin de trouver de l'argent. De même,
le curé, fait jouer un " Mystère " appelé
"la passion de Bourges" avec ses paroissiens, ils seront
200 et joueront pendant 59 représentations afin de récolter
des fonds.
- La voûte est réalisée
ainsi que le dallage avec les 100 000 francs glanés, le
dallage en deux tons est tout à fait remarquable.
-
- La première messe sera donnée
le 7 octobre 1928, elle n'est toutefois pas terminée.
Il manquera encore de l'argent puisque le clocher ne sera construit
qu'en 1932, et au lieu de pierre ou d'ardoise, le matériau
choisi sera du béton
... Ce clocher fera l'objet
d'une rénovation " urgente " au début
de l'année 1998.
L'intérieur est assez remarquable, avec plusieurs séries
de vitraux, dont six proviennent du Petit Séminaire Saint
Célestin représentant des figures de saints. Les
sculptures des chapiteaux sont dues au ciseau de Gabriel Rispal
et ils représentent les 4 évangélistes.
Enfin, les six fresques de Paul Moras représentent la
vie de Saint Jean Baptiste. Le style est "romano-byzantin",
avec de belles couleurs et de magnifiques visages.
- On notera le vitrail représentant
Saint Henri, patron de la nouvelle église, don de madame
veuve Quénard, qui en fit don en souvenir de son fils
Henri. Elle s'était constituée bienfaitrice de
la paroisse.
- Un second vitrail représente Saint
Louis, c'était un don du cardinal Dubois , archevêque
de Paris et ancien archevêque de Bourges dont le prénom
était justement Louis.
- Le troisième vitrail était
une représentation de Saint Martin "grand évêque
et patron des Gaules", un don de Mgr Izart, archevêque
de Bourges dont le prénom était Martin.
- Deux autres vitraux sont dans une fenêtre
de la chapelle latérale, ils viennent d'Aubigny,, de la
chapelle des frères de cette cité, et furent donnés
par le curé d'Aubigny, l'abbé Guitard.
- 15 ans pour construire cette église.
et à la fin, l'architecte qui va terminer l'édifice
se nomme Guérin (rue de Paradis).
-
- En octobre 1928, on peut dire que le quartier
de Bourges appelé à se développer par la
suite n'a plus rien à envier aux quartiers les mieux dotés
de la ville de Bourges.
-
- actualité
:
-
- En 2008, un opérateur va obtenir
l'autorisation de placer dans le clocher des antennes pour téléphonie
mobile (3G) et provoquer une levée de bouclier dans tout
le quartier Saint Henri.
-
En conclusion, chacune
de ces 4 églises de Bourges mérite une petite visite,
c'est un complément à la découverte de la
cathédrale. Il faut aussi noter qu'elles appartiennent
toutes quatre à la Ville de Bourges qui doit en assurer
l'entretien en terme de patrimoine. Ce qui n'est pas le cas de
la cathédrale,
. Propriété de l'Etat.
-
- Eglise Sainte Barbe : Le 11 novembre 1923, la première pierre
de l'église Sainte Barbe est posée, elle ne sera
consacrée qu'en 1935. Depuis le début du siècle,
compte tenu de l'accroissement de la population du quartier,
une chapelle provisoire avait été construite. Située
sur des terrains à caractère militaire, elle prendra
le nom de Sainte Barbe, qui est la sainte patronne des artilleurs.
-
- Les églises modernes
des quartiers nord
-
- Il s'agit de deux églises construites
respectivement à la Chancellerie et aux Gibjoncs.
-
- Eglise Saint Jean :
-
- Elle est édifiée en 1961
lors des débuts de la construction de La Chancellerie.
- C'est une vraie ville qui commence à
se construire avec plusieurs milliers d'habitants. Aussi en 1961,
le cardinal lefèvre, archevêque de Bourges "édicte
une ordonnance créant une nouvelle paroisse" , ce
sera la huitième de Bourges.
- L'église est construite par l'architecte
Mansiat, elle est en béton, et peut accueillir plus de
1000 personnes.
- Son arhitecture fait davantage penser
à un temple avec ses colonnes et son triangle sur le dessus.
-
-
- Eglise Saint Paul :
-
- En fait d'Eglise, il s'agit d'une chapelle
édifiée en juin 1972, ( les travaux sont terminés
en avril 1971).
- Elle est originale, ronde, avec une forme
de volute dans le quartier des Gibjoncs. On l'appellera chapelle
Saint Paul du prénom de Mgr Vignancourt alors archevêque
de Bourges, elle sera ouverte au culte sans inauguration officielle.
- Une église due à l'architecte
Mansiat, elle est en béton située av de Lattre
de Tassigny. Une chapelle pour 400 personnes, "constituée
d'une rampe inclinée desservant un vaste narthex ouvrant
sur la chapelle".
-
-
à venir :
Eglise du Sacré Coeur,