Les eglises de Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie -

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LES EGLISES "ANCIENNES" DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Une vue générale sur les Eglises de Bourges. Car la Cathédrale Saint Etienne n'est pas le seul lieu patrimoniale de ce domaine cultuel.

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Version 2010

 

Bourges est universellement connue pour sa cathédrale Saint Etienne, classée en décembre 1992 au patrimoine mondial de l'UNESCO, elle est sur le plan architectural, comme sur la symbolique des vitraux et des cinq portails de la façade, un extraordinaire édifice. Pourtant, d'autres "trésors" sous forme d'églises plus ou moins anciennes sont disséminées dans la ville, avec pour chacune d'elle, un aspect historique fort et une architecture riche. Il faut pouvoir les regarder avec d'autres yeux……
Dans cet article, avec l'encyclopédie de Bourges, nous partons en visite à :
- Saint Pierre le Guillard, - /- Notre Dame, - /- Saint Bonnet, - /- Saint Henri,


SAINT PIERRE LE GUILLARD

Appelé "ecclesia sancti Petri Guillardi" mentionnée dans une bulle d'Alexandre III datée de 1164, elle est antérieure à l'édifice actuel, qui date de 1220 environ. Elle est située au-delà du rempart gallo-romain, à deux pas du palais Jacques Cœur et du quartier d'Auron.
Toute l'histoire de cette Eglise commence avec un miracle, celui de Saint Antoine de Padoue de passage à Bourges vers 1225. La mule du juif Guillard qui n'avait rien mangé depuis plusieurs jours choisit d'aller se prosterner devant le Saint Sacrement de Saint Antoine, plutôt que d'aller manger son picotin. Le juif, devant le miracle de sa mule jura de mettre tout son argent dans la construction d'une Eglise. Cette scène est sera souvent représentée dans l'iconographie de l'époque, on la retrouve dans des peintures ou dans des miniatures. On l'appellera Saint Pierre-le-Guillard. C'est Monseigneur Simon de Sully archevêque de Bourges qui consacre l'église en 1230.
Le XV ième siècle vit s'élever plusieurs chapelles latérales de style gothique flamboyant. Elle comprend une nef et cinq travées, elle est contemporaine de la cathédrale Saint-Etienne, elle est aussi sans transept, décidément une spécialité locale. Dans la dernière chapelle latérale sud, on note l'initiale P liée par une cordelière sculptée à la clef de voûte et sur les écussons qui décorent les consoles d'angle. Les oculus situés dans les trois premières travées sont destinées à l'aération des combles, suivant un système qui fut employé à la cathédrale de Bourges.
Jacques Cujas juriste et professeur à l'Université de Bourges, lorsqu'il meurt en 1590 est inhumé dans cette église.

L'église Saint Pierre le Guillard apparaît en Berry, à l'époque de sa construction, c'est à dire au deuxième quart du XIII ième siècle, comme un bâtiment tout pénétré de traditions étrangères, en particulier Nevers et les traditions bourguignonnes. Comme à l'époque, elle est aujourd'hui encore enserrée dans les vieilles maisons du voisinage

Vers 1860, des travaux sont exécutés, un pilier présentant des fissures doit être restauré. Elle est classée monument historique le 9 décembre 1929.


L'EGLISE NOTRE DAME

L'Eglise Notre Dame est construite une première fois en 1157, par des chanoines réguliers de Saint Augustin, elle s'appelle alors Saint Pierre et Saint Paul le Marché. Les spécialistes ne sont pas d'accord sur la construction de cette église (entre 1157 et 1487).
Elle est située dans le prolongement de la rue Mirebeau, et proche de la rivière l'Yèvrette, aujourd'hui busée. Ce fut l'Eglise de Jacques Cœur et de sa famille, ils habitaient à 50 mètres de celle-ci, rue de Parerie. On imagine le jeune Jacques assistant aux messes et vêpres…. A deux pas de sa future épouse, Macée de Léodepart.
Comme d'autres monuments et une grande partie de la cité, l'église est détruite lors du grand incendie de la Madeleine au mois de juillet 1487. C'est donc au XVI ième siècle, vers 1520 qu'elle est reconstruite, la nef ayant été allongée d'une cinquième travée et selon une tradition non vérifiée au plan de l'histoire, et ce serait l'architecte local Guillaume Pelvoysin qui construisit la tour nord. Au XVII ième siècle, l'entrée latérale située au sud est restaurée dans le style du moment, c'est à dire avec des colonnes corinthiennes qui donnent une petite note classique. mais le 27 mai 1562, lors de l'entrée dans Bourges des Huguenots, elles est à nouveau pillée par les soudars du comte de Montgomery.

La tour est haute de 37 mètres jusqu'à la balustrade, et l'on remarque des traces d'éclats, sans doute, selon M. Jenny, des restes des guerres de religion.

eglise Notre Dame de BourgesAprès avoir servi de dépôt de salpêtre puis de magasin de foin pendant la Révolution, elle est rendue au culte et prend en 1803 le vocable de Notre Dame.


L'intérieur de l'église comprend quelques trésors du patrimoine local.

 

 

A titre d'exemple, un bénitier fleurdelisé en marbre blanc du XVI ième est très beau. Il vient peut être de la Sainte Chapelle de Bourges Une inscription datée de 1507 est tirée du " Roman de la Rose " : "Tout se passe et rian ne dure ne ferme choze tant soit dure " ce qui signifie " tout se passe et rien ne dure, pas même une chose si dure soit-elle ". Ce bénitier de style Renaissance italienne est classé depuis 1892, c'est dire sa valeur. Il aurait pour but de rappeler aux fidèles la fragilité humaine.

Au dessus de l'inscription, un écusson chargé d'un aigle abaissé et de trois feuilles cordiformes avec leur pédoncule, ce pourrait être les armes de la famille Castello.

 

Un autre bénitier du XVI ième siècle est décoré de coquilles.

Quant à l'autel, il est consacré à Sainte Jeanne de France, fille de Louis XI, femme de Louis XII, elle fut duchesse du Berry et fonda en 1502 l'Ordre des Annonciades dont la chapelle est située rue du 95 ième de ligne.
Cette église comprend de remarquables vitraux de la fin du XV ième siècle, en particulier celui consacré à Saint-Jean-Baptiste en huit tableaux. Sur le plan pictural, un tableau du XVII siècle de Valentin de Boulogne, un disciple du Caravage représente une descente de croix.

Cette église ne possède pas de transept, elle se compose d'une nef avec 4 travées et elle s'achève par un chevet à pan coupé.

Cette église est dotée de 5 cloches situées au troisième étage à 37 mètres de hauteur :

- Eulalie Estelle en sol de 650 Kg

- Marie - Rose en fa de 950 Kg

- Marie - Florence en ré de 1250 Kg elle a le mérite de sonner les heures.

Ces trois cloches datent de 1843, bénies par le curé de Notre Dame, Antoine Raymond.

- Eugénie - Renée ancienne, elle date de 1863 fondue par les Ets Bollée d'Orléans, elle pèse 850 Kg.

- N°5, donc sans nom elle fut aussi fondue par Bollée en 1958, elle pèse 1661 Kg, c'est la plus grosse.

Outre les 5 cloches, le clocher possède aussi la sirène du Réseau National d'Alerte qui est teste chaque premier mercredi du mois.


L'abbé André Girard écrira sur cette église : "Lorsqu'on l'examine de la rue Cambournac, on est vite frappé par l'irrégularité de l'édifice : la sacristie massive et trapue, la toiture bizarre de la nef latérale, le mur du bas-côté qui rentre pour suivre l'alignement de la rue, sont évidemment d'un aspect disgracieux...".


L'égise sera fermée pour des problèmes de sécurité en l'an 2000, puis, après une première série de travaux, elle est ouverte à nouveau pour le culte en janvier 2003.

cette église est classée monument historique depuis 1931.


L'ACTUALITE

Le 8 février 2001 l'église Notre Dame est fermée au public : une plaque d'enduit, située sous la voûte s'est détachée et est tombée.

Il n'y a eu aucun blessé, fort heureusement, mais l'église doit être expertisée et les chiffres sont redoutables : pour remettre l'église en état il faut 2,3 millions d'euros (1,5 millions de francs), et pour simplement la mettre en sécurité, il faut 150 000 euros.

Les travaux de mise en sécurité sont effectués par l'entreprise Jacquet à la fin de l'année 2002, il s'agit d'une opération de purge et de consolidation des piliers. Le culte a repris au printemps 2003.

Par contre, et c'est la malédiction qui continue, cette église reçoit la foudre sur son clocher en 2005, (le 1 er setembre) avec des dégats considérables. Une partie des ardoises est détruite et la toiture est refaite en 2006.

La remise en état de l'église a été chiffrée en 2010 par la ville à 1 million d'euros.


L'EGLISE SAINT BONNET

Ce sont des religieuses de l'Abbaye Saint Laurent très proches, qui font édifier cette église au XIII ième siècle. Le temps passe et l'incendie de 1487 la détruit partiellement. Guillaume Pelvoysin est chargé des plans nécessaires à sa reconstruction vers 1513, avec des finances réduites, et c'est le maître maçon François Laboureau qui conduit les travaux. Il fait le minimum et en 1539, sans clocher ni arc-boutants, l'église est consacrée.
En 1631, un violent ouragan détruisit la façade qui fut remplacée par une façade de pierre de style néo-grec. Le clocher s'écroula en partie en 1806. En 1913, l'achèvement de l'Eglise est repris.

Si l'architecture est quelconque, puisqu'à chaque siècle, des reconstructions sont effectuées, cette église comprend des vitraux du XVI ième siècle de Jean Lescuyer, qui utilise le jaune argent de manière magistrale. Les chapelles latérales avec la " vie de Saint Claude " ou " la vie et le martyre de saint Jean l'Evangéliste " sont tout à faits remarquables. C'est aussi dans cette église que sera inhumé le peintre Jean Boucher dont la Bouinotte a évoqué la vie il y a quelques années..

Au début du siècle, l'église nécessite à nouveaux des travaux importants. Le maire Henri Ducrot, prenant possession du Palais de l'Archevêque à la suite des lois laïques, évite la rupture avec ses électeurs catholiques et leur donne en échange de sa bonne volonté la reconstruction d'une partie de l'église Saint-Bonnet, c'est à dire la façade occidentale et le clocher ! Elle est classée Monument Historique en 1910.


L'EGLISE SAINT HENRI

C'est à deux pas de cette Eglise qu'une croix en fer forgé appelée croix Moult joie commémore une " bataille " qui opposera les habitants des faubourgs d'Auron aux troupes du Prince Noir, c'était quelques jours avant le désastre de Poitiers.
La paroisse fut placée sous le signe de Saint Henri dès 1913 à sa création, par Monseigneur Dubois, archevêque de Bourges. Et un édifice religeux, une Eglise est commencée semble-t-il l'année même de la création de la paroisse par l'abbé Delsart, vicaire de la cathédrale et nommé curé.
 
Le financement commencera grâce au don de la propriété de madame Quénard, "les Ruchers", situé sur l'avenue d'Issoudun. Il y avait toutefois une condition, que cette église porte le nom d'Henri, en souvenir de son fils décédé quelques temps auparavant.... ("prématurément enlevé à son affection".)
Le curé de ce qui deviendra Saint Henri trouvera le reste des finances. L'archevêque, Mgr Dubois demande alors au père Delsard de faire les travaux dès la création de cette nouvelle paroisse. Et il lui donne 100 sous…. "et qu'il se débrouille".
Plus tard, compte tenu de l'accroissement de la population de ce quartier proche du futur Aéroport, ( mais cet aéroport ne date que de 1928) cette église prendra de l'importance.
Eglise Saint Henri de Bourges Les travaux commencent donc dès la même année en 1913 , dans un style roman en pierre de taille.
Lorsque la guerre de 14 arrive, les murs sont à la hauteur des fenêtres. Mais 4 ans sans travaux et ce qui fut construit se détériora, il fallut même démolir un mètre de hauteur du mur. Mais avec de l'argent le père Delsart poursuivit les travaux et l'église fut mise "hors d'eau", c'est à dire, murs et toiture terminés.
 
Mais le père Delsart, fatigué laissa la place à l'abbé Pasdeloup (qui était alors curé de Mornay sur Allier). . Le nouveau curé , nommé le 27 février 1927 se retrouva avec une sorte de "grange" dans laquelle une chapelle avait été aménagée, mais il restait encore beaucoup à faire.
Un sermon de charité se déroula dans la cathédrale afin de trouver de l'argent. De même, le curé, fait jouer un " Mystère " appelé "la passion de Bourges" avec ses paroissiens, ils seront 200 et joueront pendant 59 représentations afin de récolter des fonds.
La voûte est réalisée ainsi que le dallage avec les 100 000 francs glanés, le dallage en deux tons est tout à fait remarquable.
 
La première messe sera donnée le 7 octobre 1928, elle n'est toutefois pas terminée. Il manquera encore de l'argent puisque le clocher ne sera construit qu'en 1932, et au lieu de pierre ou d'ardoise, le matériau choisi sera du béton…... Ce clocher fera l'objet d'une rénovation " urgente " au début de l'année 1998.
L'intérieur est assez remarquable, avec plusieurs séries de vitraux, dont six proviennent du Petit Séminaire Saint Célestin représentant des figures de saints. Les sculptures des chapiteaux sont dues au ciseau de Gabriel Rispal et ils représentent les 4 évangélistes. Enfin, les six fresques de Paul Moras représentent la vie de Saint Jean Baptiste. Le style est "romano-byzantin", avec de belles couleurs et de magnifiques visages.
On notera le vitrail représentant Saint Henri, patron de la nouvelle église, don de madame veuve Quénard, qui en fit don en souvenir de son fils Henri. Elle s'était constituée bienfaitrice de la paroisse.
Un second vitrail représente Saint Louis, c'était un don du cardinal Dubois , archevêque de Paris et ancien archevêque de Bourges dont le prénom était justement Louis.
Le troisième vitrail était une représentation de Saint Martin "grand évêque et patron des Gaules", un don de Mgr Izart, archevêque de Bourges dont le prénom était Martin.
Deux autres vitraux sont dans une fenêtre de la chapelle latérale, ils viennent d'Aubigny,, de la chapelle des frères de cette cité, et furent donnés par le curé d'Aubigny, l'abbé Guitard.
15 ans pour construire cette église. et à la fin, l'architecte qui va terminer l'édifice se nomme Guérin (rue de Paradis).
 
En octobre 1928, on peut dire que le quartier de Bourges appelé à se développer par la suite n'a plus rien à envier aux quartiers les mieux dotés de la ville de Bourges.
 
actualité :
 
En 2008, un opérateur va obtenir l'autorisation de placer dans le clocher des antennes pour téléphonie mobile (3G) et provoquer une levée de bouclier dans tout le quartier Saint Henri.
 

En conclusion, chacune de ces 4 églises de Bourges mérite une petite visite, c'est un complément à la découverte de la cathédrale. Il faut aussi noter qu'elles appartiennent toutes quatre à la Ville de Bourges qui doit en assurer l'entretien en terme de patrimoine. Ce qui n'est pas le cas de la cathédrale,…. Propriété de l'Etat.
 
Eglise Sainte Barbe : Le 11 novembre 1923, la première pierre de l'église Sainte Barbe est posée, elle ne sera consacrée qu'en 1935. Depuis le début du siècle, compte tenu de l'accroissement de la population du quartier, une chapelle provisoire avait été construite. Située sur des terrains à caractère militaire, elle prendra le nom de Sainte Barbe, qui est la sainte patronne des artilleurs.
 
Les églises modernes des quartiers nord
 
Il s'agit de deux églises construites respectivement à la Chancellerie et aux Gibjoncs.
 
Eglise Saint Jean :
 
Elle est édifiée en 1961 lors des débuts de la construction de La Chancellerie.
C'est une vraie ville qui commence à se construire avec plusieurs milliers d'habitants. Aussi en 1961, le cardinal lefèvre, archevêque de Bourges "édicte une ordonnance créant une nouvelle paroisse" , ce sera la huitième de Bourges.
L'église est construite par l'architecte Mansiat, elle est en béton, et peut accueillir plus de 1000 personnes.
Son arhitecture fait davantage penser à un temple avec ses colonnes et son triangle sur le dessus.
 
 
Eglise Saint Paul :
 
En fait d'Eglise, il s'agit d'une chapelle édifiée en juin 1972, ( les travaux sont terminés en avril 1971).
Elle est originale, ronde, avec une forme de volute dans le quartier des Gibjoncs. On l'appellera chapelle Saint Paul du prénom de Mgr Vignancourt alors archevêque de Bourges, elle sera ouverte au culte sans inauguration officielle.
Une église due à l'architecte Mansiat, elle est en béton située av de Lattre de Tassigny. Une chapelle pour 400 personnes, "constituée d'une rampe inclinée desservant un vaste narthex ouvrant sur la chapelle".
 
 

à venir :

Eglise du Sacré Coeur,

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