C'est un des maires les plus connus de
Bourges, non pas, malheureusement par ses réalisations
qui furent faibles, mais par le côté atypique du
personnage.
André Cothenet était né
à Bourges le 28 octobre 1897, il habitait rue porte Jaune.
Ancien élève du lycée, licencié en
droit, il est lauréat du Concours général
de droit c'est en 1923 qu'il ouvre une étude d'avoué.
Il va conserver cette activité professionnelle pendant
une cinquantaine d'années.
Engagé volontaire le 17 juin 1915
alors qu'il n'est âgé que de 18 ans, il fut cavalier
puis artilleur et il obtient le grade de sous-lieutenant dans
l'artillerie en 1918. Comme me l'a rappelé son fils Jean,
"il avait un amour profond de la République
et de la patrie".
Lorsque la seconde guerre mondiale éclate,
Cothenet a plus de 40 ans, il n'est pas obligé de partir,
mais ses sentiments patriotiques sont les plus forts. Il se retrouve
capitaine au 105e Régiment d'Artillerie, c'est lui qui
commanda la première colonne de ravitaillement à
destination de la Belgique, comme le rappelle Jean-Yves Ribault
dans la nécrologie consacrée au maire de Bourges.
Lors de l'avancée des troupes allemandes, il est embarqué
à Dunkerque, se retrouve en Angleterre d'où il
gagne la Bretagne, c'est là, à Vannes qu'il est
fait prisonnier le 20 juin 1940 et ne fut rapatrié qu'en
1941 comme père de famille nombreuse. Son fils me le confirmera,
Cothenet sera un des gaullistes de la première heure.
De retour en Berry, il s'engagea dans la Résistance et
devint officier-adjoint de Pontoizeau, chef militaire départemental
du mouvement Libération Nord.
Dans son premier discours, le 11 juin 1948, André Cothenet
parle essentiellement des travaux de construction, envisageant
de réaliser une usine d'incinération, puis il pense
qu'il faudrait terminer l'Hôtel Dieu et la Salle des Fêtes.
Sur un autre plan, le logement sera sa priorité :
" Il n'est pas question
d'envisager un emprunt, nous opérerons avec les moyens
du bord et terminerons le travail commencé".
La carrière d'André Cothenet
à Bourges, à des niveaux divers, sera des plus
denses puisqu'il meurt en 1976, après avoir occupé
des fonctions importantes au niveau local, comme maire puis simple
conseiller municipal, il était en outre un numismate de
renom appelé en consultation au niveau international.
Pourtant dans la mémoire collective des Berruyers, Cothenet
a une place à part, sans doute "à cause d'un
certain nombre de légendes qui couraient et courent encore
à son propos" comme me le rappelait Jacques Chouard.
Le comportement du nouveau maire de Bourges était parfois
assez curieux, sans pour autant être à son désavantage.
Il était "aussi près des finances de
la ville que près de ses sous, et c'est lui qui fit remettre
les pavés dans la ville de Bourges alors que les troupes
d'occupation les avaient remplacés par de l'asphalte".
Sans doute le maintient du patrimoine, mais surtout le
fait qu'il a supprimé les rails des tramways, pour mettre
en place les premiers autobus.
André Cothenet
portait de longues moustaches, que certains qualifiaient "à
la Gauloise" qu'il avait coutume de friser. Dans ses discours
et communications orales, le maire s'exprimait rapidement, avec
un "chuintement dans la prononciation".
La légende sur Cothenet, c'est
"l'affaire du crottin de cheval".
Personnage original, cet avoué exerçait à
ses moments perdus, quelques activités dans le domaine
du jardinage. C'était à la fois pour sa famille
nombreuse et aussi par passion. Alors, pour que son jardin, situé
rue des Vertus, soit le plus beau possible, il ramassait dans
les rues du centre de sa ville, le crottin de cheval qui gisait
sur la chaussée. Pour cela, il se déplaçait
"toujours avec deux paniers d'osier accrochés à
sa veste de velours, à boutons de métal".
Cette légende a la vie dure, la réalité,
c'est qu'il ramassait parfois, devant chez lui le crottin de
cheval, rien que de très naturel !
En fait, André Cothenet, comme me le rappelait Philippe
Goldman était économe pour lui-même et pour
les autres. "Il avait une vision passéiste
de la ville" et beaucoup de ses interventions seront
orientées sur les économies à réaliser,
on lui reprochera son manque d'ambitions pour Bourges. Pourtant,
c'était un homme rigoureux, qui aimait sa ville et voulait
être à son service, mais compte tenu de la situation
financière, "il voulait remettre les choses
d'aplomb". Il prenait à son compte cette
formule familiale : "l'argent
public, c'est l'argent des pauvres, c'est sacré".
Catholique convaincu et pratiquant, André Cothenet était
avoué, il s'occupait beaucoup de ses clients, et la rumeur
à Bourges voulait qu'il "donnât des leçons
de morale à certains de ses clients dont il assurait la
défense dans les cas de divorce". En contrepartie,
ses honoraires étaient très bas.
On lui doit la remise en état des écoles publiques,
qui végétaient depuis 1939.... Il visitait lui-même
ces établissement pour voir dans quel état ils
se trouvaient. Il a aussi restauré Saint-Pierre-le-Guillard,
dans le cadre de la préservation du patrimoine. Enfin,
les premières réflexions sur Avaricum seront effectuées
sous son mairat.
Nouvelle République du
3 janvier 1948
Jean-Yves Ribault -cahiers d'archéologie et d'histoire
du Berry mars 1976
Témoignages de Jacques Chouard (1993)
Témoignage de Jean Cothenet (1994)
Il était aussi un des
grands érudits de la ville de Bourges. Il devint membre
de la Société historique du Cher le 30 décembre
1921. Il devint un numismate de toute première valeur
pour l'Europe entière. On lui doit "le symbolisme
dans les monnaies bituriges", ou encore des études
sur le trésor de La Celle-Condé et le trésor
de Morthomier.
C'est lui qui va, avec Jean Favière
rénover le musée du Berry et il va confier la bibliothèque
des 4 piliers à Jean Jenny. Il ne manquait pas une réunion
du Comité de la bibliothèque.
André Cothenet est décédé
dans la nuit du jeudi 4 mars 1976.

André Cothenet reçoit le
général de Gaulle.