-
- Une ville se caractérise
aujourd'hui par la qualité de ses structures culturelles,
et à Bourges, la notion de bibliothèque et aujourd'hui
de médiathèque est un élément important
pour l'ensemble de la ville. C'est l'histoire de la BIBLIOTHEQUE,
puis à partir de 1994 de la MEDIATHEQUE qui est racontée
dans cet article.
-
-
- LES ORIGINES
DE LA BIBLIOTHEQUE DE BOURGES
-
- La première bibliothèque
de Bourges date de 1662, car l'archevêque de Bourges Anne
de Lévis de Ventadour lègue alors sa bibliothèque
personnelle qui était très importante au chapitre
de la Cathédrale.
- Puis Monseigneur de La
Rochefoucault fait la donation de ses propres ouvrages, et c'est
ainsi que le palais des Archevêques, possédait jusqu'à
la Révolution près de 40 000 volumes, il y en avait
partout ! (4 salles au rez de chaussée, et dans les combles)
- Il faut dire que le collège
des Jésuites et le séminaire Condé avaient
aussi donné leurs propres ouvrages.
- C'est cette masse de livres
qui va servir au fonds de la bibliothèque du département
du Cher.
- L'ensemble est confisqué
à la Révolution et ce n'est qu'en 1806 que cette
bibliothèque devint vraiment municipale.
- mais elle restera dans
le palais des Archevêques jusqu'en 1871.
- Il faut dire que les conditions
de conservation n'étaient pas optimales, sol parfois en
terre battue, fenètres qui fermaient mal, et puis les
vers et autres rongeurs se nourissaient des oeuvres parfois célèbres
du Moyen Age.
-
Tout
se termine dans les flammes de l'incendie du palais des Archevêques
le 24 juillet 1971, et si 20 000 livres sont sauvés par
les artilleurs venus en renfort, l'eau va en détruire
et en abimer une très grande partie.
- Et comme ce qui avait
été sauvé fut lmis dans les combles de la
cathédrale, les dégâts se poursuivirent et
une grande quanitué d'ouvrage disparut aussi.
-
- La mairie décida
alors de mettre les livres restant dans un hôtel particulier,
l'hôtel Aubertot, au 4 rue d ela Monnaie, et si le conservateur
Hypolite Boyer fit pour le mieux, les conditions n'étaient
pas meilleures que dans le palais de l'archevêque.
- Au début des années
1960, il n'y avait plus de place, et il fallait trouver un autre
lieu.
- La municipalité
va saisir une opportunité avec l'hôtel particulier
du docteur Témoin.
-
-
BIBLIOTHEQUE DE BOURGES
: L'HOTEL TEMOIN :
Au début du XX e siècle,
la bibliothèque municipale de Bourges était située
rue de la Monnaie, dans une maison
vétuste tout à côté de l'Hôtel
de Ville. Lorsque la municipalité prit possession du Palais
de l'Archevêque en 1913, on chercha un lieu plus décent
pour héberger cette bibliothèque. En 1956 meurt
le docteur Daniel Témoin
qui était un grand homme
de notre Berry.
Au cours d'un voyage à Anvers, il avait visité
un musée aménagé dans un immeuble qui avait
été transformé. Cela l'avait frappé
et lui avait donné l'idée de faire don à
la ville de son hôtel pour y installer la bibliothèque.
Le docteur habitait un magnifique Hôtel
particulier place des Quatre Piliers, il était de style
Louis XV en façade et avait été construit
en 1744 par Pierre Guyard puis embelli dans ses décorations
, en particulier les boiseries avec des scènes myhologiques
par la famille de Pommereau au tout début du XIX °
siècle nous dit Jacques Bonnet.
Dans les propriétaires, se trouve
aussi le docteur Boin qui était député du
Cher, puis à Eugène Brisson qui était banquier
et maire de Bourges, avant de le vendre au docteur Témoin.
Il fit don de cet ensemble immobilier en
1947, à condition express que l'on y installât une
bibliothèque. Ce legs fut accepté par la municipalité
et les études commencèrent.
Le transfert de la Bibliothèque
Municipale dans ce lieu fera l'objet de très vives critiques
de la part de plusieurs Conseillers, dont le Docteur Delamarre.
En février 1957, il est demandé à la municipalité
un vote sur ce transfert. C'est qu'aujourd'hui, comme dit le
contestataire, "nous devons résoudre en 15 jours
un problème qui est posé depuis 44 ans !"
car il faut donner un accord au ministère avant le 20
février. C'est en effet en 1913 que le problème
commence à être étudié, et il s'agit,
en cette année 1957, de clore le débat et de décider.
Ce 4 février 1957, les Conseillers
municipaux sont donc informés que M. Masson, Inspecteur
général des Bibliothèques de France, a visité
les lieux le 29 octobre, avec le maire, Louis Mallet, et Marcel
Pinon, l'architecte, afin de connaître les contraintes
techniques et financières. Le projet est accepté
par M. Masson, qui promet de faire participer l'Etat à
hauteur de 35% des dépenses. Le débat va s'envenimer
à la suite de l'intervention "musclée"
de Monsieur They qui déclare :
".... Cette affaire, sur le
plan technique, est une très mauvaise affaire. l'immeuble
est d'un accès difficile, il n'existe pas de parking à
proximité,...... l'immeuble est adossé au cinéma,
le danger d'incendie existe. L'accès à la salle
de lecture, par exemple, se fait par un escalier placé
au fond d'une galerie interminable, il y a lieu de prévoir
des escaliers de secours, cela coûtera fort cher."
Et M. They de poursuivre mettant en avant que le conservateur
actuel étant célibataire, il serait facilement
logeable, mais on verrait mal une famille logée dans deux
petites pièces mansardées.
Lorsque le coût prévisionnel, de 40 millions de
francs, est annoncé, c'est à nouveau la fronde,
et M. Delamarre déclare "que nous n'avons qu'à
refuser purement et simplement le legs qui nous a été
fait". Et plusieurs conseillers proposent d'autres lieux,
car il est impératif de dégager le lieu d'alors
de la bibliothèque, pour l'extension des P.T.T. dans la
partie téléphone, rue de la Monnaie.
Monsieur Bobo va tenter de faire revenir ses collègues
sur ce refus, alors que d'autres cherchent des solutions de replis,
comme la construction d'une bibliothèque neuve, tout en
conservant dans l'Hôtel Témoin, des ouvrages sur
le Berry.
Ces controverses vont bien entendu apparaître dans la presse,
et M. Cothenet signalera que les héritiers "ont
été peinés de voir que l'on semblait avoir
minimisé l'importance d'un sacrifice consenti sur leur
patrimoine".
Le débat se poursuivra et, le 25
février 1957, la discussion sera encore fort longue, à
la fois technique et sentimentale, mais chacun s'aperçoit
qu'il n'y a pas d'autre solution possible à court terme.
Le conseiller Legrand signale que Bourges manque de trottoirs,
n'a pas de Lycée, ni de Collège Moderne... mais
que l'installation de la bibliothèque dans l'hôtel
Témoin est la seule solution raisonnable possible.
Ce jour-là, le
maire demande à chacun de voter, et c'est par 31 voix
contre 2 que la Bibliothèque Municipale sera installée
dans l'hôtel du docteur Témoin, ce dernier n'ayant
sans doute pas prévu que ce legs donnerait lieu à
tant de discussions.
C'est en 1960 que les travaux d'aménagement commencèrent,
ainsi que les constructions pour les réserves des livres.
La municipalité d'alors acheta le cinéma "Rex"
et quelques terrains adjacents. Le cinéma représentait,
pour beaucoup, un danger, car il était très proche
des milliers d'ouvrages qui devaient y être stockés,
et une telle présence dans une ville propice aux incendies
recommandait la prudence. Les travaux durèrent 4 ans.
Parmi les entreprises qui vont y participer, on trouve essentiellement
de petites P.M.E. locales comme Durand, d'Avord, pour la maçonnerie,
Hemery pour la couverture ou encore Doré qui aura en charge
l'électricité.
Le 8 septembre 1964, à
11 heures 30, M. Julien Cain, directeur général
des bibliothèques, venait à Bourges afin d'inaugurer
la nouvelle bibliothèque.
Il y avait là, Monsieur Jean Escande, Préfet du
Cher, Raymond Boisdé, Député-Maire, ainsi
que Marcel Pinon, l'architecte responsable de la transformation
de l'hôtel en bibliothèque. Parmi les personnalités,
la presse locale signalera la présence "des filles
du docteur Témoin", c'est-à-dire Mmes Brugère,
de Gallard et de Rousiers.
Dans son allocution, et devant 200 invités, M. Boisdé
s'exprimera ainsi :
" Nous sommes fiers de cette
oeuvre qui a conservé la noblesse, la délicatesse,
la grandeur de cette demeure du siècle de Louis XV et
qui, d'autre part, offre toutes les possibilités, tant
pour les Berruyers qui fréquentent la bibliothèque,
que pour ceux qui auront à la gérer".
Il ajoutera, après avoir noté la présence
dans la cour d'une belle sculpture intitulée "Lecture",
représentant un groupe en cuivre repoussé, oeuvre
de Robert Barriot :
"... Grâce au mécénat,
un bel hôtel berruyer du XVIIIe siècle abrite désormais
les riches collections de la bibliothèque...... Les 6
kilomètres de rayonnage sont suffisants pour le demi-siècle
à venir".
De son côté, Monsieur Julien
Cain, fera un discours, en rendant hommage à un certain
nombre de personnalités présentes, dont Monsieur
Jenny, bibliothécaire et maître de ces nouveaux
lieux. Il poursuivra par ces mots très chaleureux en faveur
de la ville :
"Bourges
veut lier le respect des valeurs du passé et la volonté
de répondre aux exigences du monde moderne"
Il souligne le rôle très actif
de Maître Cothenet, "numismate et ami des arts",
qui a beaucoup fait pour cet édifice, il a des mots aimables
pour Raymond Boisdé et l'architecte Pinon.
Les explications techniques sont
alors fournies, il y a 4000 ouvrages dans la salle et 6 à
7000, plus anciens, qui sont entreposés dans les réserves.
Au fond de la cour seront placés les livres pour la jeunesse,
c'est une question de mois.....
La salle de lecture est richement ornée, c'est un ancien
salon de musique, avec une belle cheminée sculptée.
Elle comprend 33 places assises, auxquelles s'ajoutent 9 places
dans la galerie "et 4 dans la salle dite des érudits".
Bulletin des bibliothèques
de France par Jean Jenny , nov. 1964 BY 6033
Bulletin Municipal Officiel de Bourges de 1960 à 1964
Le temps passa......
La bibliothèque municipale restait
donc pendant une trentaine d'années dans l'hôtel
du docteur Témoin, place des 4 Piliers, et si la section
"jeunesse" était un lieu familier des petits
berruyers, pour les adultes, il fallait qu'ils se contentent
de quelques livres entassés dans une salle exiguë.
Une bibliothèque un peu élitiste dans la salle
du haut, avec des milliers d'ouvrages sur Bourges et le Berry,..
au Moyen Age. Telle était la perception de la population.
La bibliothèque ne correspondait
plus aux attentes des lecteurs d'aujourd'hui, telle était
le constat de l'équipe municipale et de Philippe Goldman,
l'adjoint chargé de la Culture. Se développent
alors l'ouverture du Val d'Auron, puis l'annexe des Gibjoncs,
le portage de livre à domicile, l'informatisation
etc.
Et vint la médiathèque
LA MEDIATHEQUE DU PARC SAINT PAUL
Le lieu choisi pour implanter une bibliothèque d'un genre
nouveau appelée médiathèque est le Parc
Saint Paul, une continuité des idées d'Henri Laudier
dans les années 30 ! C'est un pôle culturel fort
de Bourges. Le projet de construction est confié le
28 juin 1990 au Cabinet d'Architecture Carré d'Arche,
le montant estimatif est de 27 millions de francs, auquel
il faudra ajouter la construction d'un restaurant.
A la place d'un hall et de baraquements obsolètes, commencent
en 1991 les travaux.
Les
Berruyers sont surpris en mai 1992 lorsque le chantier s'arrête,
le gros uvre est bien avancé, mais plus aucun travail.
L'explication de Philippe Goldman est un peu embarrassée,
"l'entreprise a été plus vite que prévue
dans son chantier
." Suivait une histoire de
grue que l'entreprise n'a pas voulu démonter et elle a
terminé sa part de l'année 1992 dès le mois
de mai. A la fin de l'année 1992, la presse indique que
la médiathèque ouvrira en avril 1994.
Comme souvent, le coût de l'édifice flambera, il
passera de 31 MF à 40 MF .
Les Berruyers découvrent ce lieu
avec beaucoup de bonheur. Ils vont voir ce qu'est une médiathèque,
c'est à dire selon Elizabeth Dousset, conservateur
des bibliothèques de Bourges,
"un lieu où
se trouvent rassemblés différents moyens de loger
des informations : livres, disques, vidéocassettes, et
plus tard CD-ROM
. En bref, c'est une bibliothèque
qui offre au public les supports de la connaissance".
Le public qui entre pour la première fois dans ce lieu
est surpris par la qualité de l'espace, la lumière
et surtout par des quantités d'ouvrages et de revues,
disponibles pour chacun et que l'on peut feuilleter. Plus de
50000 livres pour adultes sont en libre accès sur les
rayonnages, 13000 pour la jeunesse, auxquels s'ajoutent 10 000
disques, 3000 vidéocassettes et 150 périodiques.
C'est une structure qui a immédiatement
les faveur du public, et le succès est considérable.
Pour un habitant de Bourges, le tarif est
à l'époque de 150 F par an pour des emprunts de
tous documents.
Parmi les "parrains de la médiathèque,
inaugurée par Jean Claude Sandrier, maire de Bourges,
le 26 novembre 1994 figurent des personnalités comme Maurice
André, Jean Ferrat ou Albert Jacquard. Sur trois niveaux et 4000 mètres carrés,
la médiathèque représente depuis cette date
une des structures les plus appréciée des Berruyers.
Depuis cette date de 1994, la technique
a évolué, avec de nouvelles technologies comme
les CD et autres DVD qui remplacent progressivement les cassettes
et autres vidéos. Et puis le développement d'Internet
a nécessité une stratégie nouvelle. Une
douzaine de postes INTERNET ont été ouverts à
la médiathèque, avec une consultation gratuite
de 3 heures par semaine.
Mais l'arrivée d'Internet dans les
foyers des berruyers a provoque aussi une certaine désaffection
des gens qui fréquentent moins cette structure qui propose
en 2005 :
100 000 documents en tout genre.
- 53 000 livres pour adultes
- 17 000 livres pour enfants
- 12 000 vidéos (dont 1000 sur DVD)
- 14 000 disques
- 200 titres de revues.
-