Béthune Charost est un des grands
personnages du Berry, même si son action au XVIII e siècle
est très méconnue. On retient de lui un monument
situé dans le jardin de l'Archevêché, et
représentant un obélisque.
Pourtant, le Berry lui doit beaucoup.
Son
père étant Capitaine du Roi, c'est à Versailles
que va naître le 1° juillet 1738, le petit Armand-Joseph,
il descend en droite ligne de l'illustre famille de Sully.
Il choisit la carrière des armes
et devient colonel de cavalerie sous le Roi Louis XV. C'est en
1764 qu'il vint en Berry, à Charost, devenu son Duché-Pairie.
Plus tard, il siège à l'Assemblée Provinciale
du Berry, et c'est alors qu'il s'intéresse à l'agriculture.
La culture étant très négligée en
Berry, il va y introduire la culture du lin, du colza, de la
garance et même du tabac. Par la suite, après avoir
montré les avantages des prairies artificielles, il se
lance dans l'élevage.
Il s'intéresse à l'élevage des porcs,
comme à l'utilisation rationnelle des abeilles. Mais c'est
dans le mouton qu'il montre toute sa valeur. Il pratique des
croisements de races très avantageux, et fait venir des
moutons espagnols.
Sur le plan industriel, Béthune Charost établit
une filature à Meillant, et rédige un mémoire
sur les routes et voies navigables du Berry.
Il sera considéré en Berry, comme "un bienfaiteur
de l'humanité". Il traverse la Révolution
de 1789 avec difficulté, ce noble qui n'a jamais émigré,
est emprisonné, son fils exécuté, et lui-même
ne doit sa liberté qu'à la pression des communes
de son ancien Duché.
A la fin de sa vie, il va créer une société
d'agriculture. Il meurt de la variole en 1800. Cette phrase datant
de mars 1789 montre ce personnage de bien belle manière:
" Je regarde
comme un devoir essentiel des Seigneurs de secourir les pauvres
de leurs terres. ...Nous vous disons aujourd'hui, nous sommes
tous frères".
Tout un symbole ! Il est peu connu en Berry, alors qu'on lui
doit tant.
L'OBELISQUE
DE BETHUNE CHAROST
C'est
le 18 pluviose de l'an 9, c'est à dire un an après
sa mort que les berruyers proposent aux autorités locales
d'édifier un grand monument à la mémoire
d'un des grands hommes du Berry, Armand Joseph de Béthune,
comte de Charost.
Comme souvent lorsque l'on veut honorer un enfant du pays, en
Berry comme ailleurs, on décide de procéder par
une vaste souscription. A la préfecture, l'Assemblée
Générale des souscripteurs se réunit avec
à la tête du comité d'exécution, le
Maire Callande-Clamecy. Le pays, à ce moment est à
peine sorti de la tourmente de la Révolution, il y a donc
beaucoup d'idées, mais peu d'argent dans les caisses,
et pourtant le premier projet peut être qualifié
de grandiose.
Il est prévu de réaliser
trois parties, demi-circulaires, au centre du jardin de l'archevêché,
avec un premier groupe composé de trois statues, celle
du milieu devant représenter le citoyen Béthune-Charost.
Il est entouré d'un noble vieillard à droite et,
à ses pieds, de jeunes enfants.
Plus en retrait, une statue symbolisant "la navigation",
elle est appuyée sur un trident en reconnaissance du projet
relatif au canal du Centre, qui deviendra celui du Berry ou "de"
Berry.
La seconde partie, c'est une jeune femme éplorée,
elle est triste, elle représente le Cher qui pleure....
Quant à la troisième et dernière partie
de ce monument, c'est à nouveau une statue de Béthune-Charost
qui semble dire "de faire attention aux vertus sociales",
il est alors sévère mais majestueux.
Ce magnifique projet aurait pu devenir
une oeuvre monumentale....mais le résultat ne sera pas
à la hauteur des ambitions des berrichons. Rien de la
description précédente ne sera exécuté,
il y avait de l'argent nulle part.
Ce n'est que 40 ans après l'élaboration
de ces plans, que la Ville de Bourges va substituer à
ce projet resté dans les cartons, ce médiocre obélisque
que l'on voit encore aujourd'hui. Il ne vient pas d'Egypte, il
est en pierre, avec une simple plaque rappelant les mérites
de Béthune-Charost.